Gangster paradise [ft. CJ]

La grille se referme, laissant apparaître un plan sur deux hommes dangereux. Ce qu'ils avaient fait? Vous ne voulez pas le savoir. Bon ok, je vous dis. Alors l'un a dit que ce serait une bonne idée de redécorer la salle des fêtes avec du papier toilette et des sprays de peinture. L'autre a dit que non, c'était encore plus stupide mais le premier n'a pas voulu l'entendre. Il a mouillé davantage le pq pour en faire des boulettes, se bagarrant avec son compagnon par la même occasion en lui en balançant dessus jusqu'à ce que quelqu'un prévienne les flics pour qu'on les arrête. Ils sont donc en garde à vue et aujourd'hui nous allons parler de leur histoire. De notre histoire. "J't'avais dit que ce n'était pas une bonne idée." J'me fous clairement de sa gueule vue que c'était la mienne et que BIEN EVIDEMMENT que c'était une idée de dingue! "Avoue quand même qu'on s'est bien marrés allez oh!" que je continue en français, les australiens ne pipant pas un mot. "On aurait dû faire des boules puantes je pense, ça aurait été sensas' !" Je le regarde en coin. "Par contre, je ne peux pas cracher sur la tortue que tu as graphé. Tu voudrais pas refaire la déco de ma chambre par hasard?" Je m'adosse au mur, une jambe par-dessus l'autre pour me mettre à l'aise. Je ne sais pas quand on va sortir donc autant se la jouer cool, non? "Chap' pour demander à boire par contre." que je lance en faisant rapidement un triangle sur le haut de ma tête à l'aide de mes mains.

Tu ne sais pas pourquoi tu l'avais suivi, son idée ne te plaisait pas alors pourquoi l'avais-tu suivi ? Tu voulais l'avoir à l’œil, veiller à ce que ça ne dégénère pas. Forcement, à force de le voir faire, tu t'étais dis que si tu l'aidais, ça irait plus vite. Tu t'étais même donné à cœur joie vu l'oeuvre que tu avais laissé sur place. Mais du coup à force de traîner, la police n'a pas tardé à être prévenue et ce qui devait se produire, se produis. « Et quand on finira en combinaison orange tu sais ce qu'on dira de moi ? T'as l'air de la chienne à Jacques ! » dis-tu en haussant d'un ton la voix. Tu avais même fini par parler en québécois, signe que tu étais vraiment confus. Il fallait que tu essayes de rationaliser la situation, pour ça, tu avais besoin de faire des pas, et de tourner en boucle puisque tu faisais des séries de deux pas. Pendant que tu t'agitais dans ton coin, tu écoutais d'une oreille ce que disais ton comparse. Tu t'arrêtais après deux pas.  « J'admets, c'était plutôt amusant ! Et pour la déco, on pourra voir ça quand on sortira d'ici. » Tu insistais légèrement sur la fin de ta phrase pour marquer ton propos parce que tout ça n'allait pas se terminer de sitôt. Et pendant qu'il prenait place tranquillement, toi, tu repris ton comptage de pas et ta petite boucle jusqu'à sa nouvelle demande. Tu le regardais avec ses mains au-dessus de sa tête, c'était peut-être un sacré farceur, mais c'était aussi un mec génial, tu le savais après toutes les fois où vous vous étiez retrouvés. C'était simplement jamais allé aussi loin. « Tu crois vraiment que c'est le moment ? » Quitte à demander de quelque chose, il faudrait peut-être essayé de passer un coup de fil à quelqu'un qui pourrait venir vous donner un coup de main si jamais.

Je roule des yeux. "Oh t'es si drama queen ! Y'a pas la place pour deux, j'suis désolé j'te disqualifie." Je souffle, tente tout de même de positiver en me marrant. "Mais oui on va sortir d'ici et dans le pire des cas on aura juste à nettoyer nos conneries. J'connais comme ça s'passe t'en fais pas." Enfin pas vraiment mais si les australiens sont aussi gentils que les canadiens ça devrait le faire non? J'tente tout de même de détendre l'atmosphère, CJ reprend un peu son sérieux. J'le regarde, une sorte de poker face sur ma trogne puis me lève jusqu'à courir aux barreaux. "Bonjour, j'aimerais parler à quelqu'un s'il vous plait." J'fais ce que je peux. "La ferme le français." Une bouche grande ouverte. Putain comment il sait ça lui? J'suis outré. "Non mais sérieux. Comment ça va se passer pour nous? Si vous voulez on peut tout retirer, faire une décoration encore mille fois meilleure et on passera une journée entièrement nu dans la rue pour que les gens puissent se montrer méchant avec nous. Enfin, j'sais pas." L'un d'eux se ramène et s'accoude sur le mur à côté. J'me décolle. Lui il n'a pas peur ça se voit. Imaginez que je sois réellement méchant et que je l'étrangle à travers les barreaux. Il n'y a pas pensé à ça! "Vous êtes là encore pour 22h. On attend simplement une réponse du maire par rapport à vos conneries. Seul lui considérera si vous êtes aptes à sortir ou si vous êtes trop dangereux et que vous serez obligés d'aller en taule." J'souffle. "Non mais abusé quoi! On n'a pas fait un acte terroriste à ce que je sache! C'est que de la peinture c'est bon! Enfin, CJ aide moi quoi, dis lui toi!" J'commence à m chauffer, me tournant en sa direction en espérant y voir une quelconque réaction de sa part.

Tu faisais toujours les cent pas pendant que lui se la coulait douce. Comme s'il n'avait pas réalisé l'importance de la situation. Tu ne savais pas, il jouait bien à l'idiot mais il était loin d'en être un. Tu le connaissais assez bien pour l'affirmer. « J'espère bien pour toi ! » Tu le regardais à nouveau faire son numéro. Il aimait bien qu'on le regarder, attirer l'attention sur lui mais c'est aussi pour ça que tu passais du temps avec lui. Il avait un bon contact avec les autres en général, ce qui permettait d'ouvrir certaines portes. « Tu ne devrais pas donner ce genre d'idées un jour tu vas finir par avoir des bibittes ! » Ton accent reprenait le dessus, ton vocabulaire aussi. Mais marcher, même si tu tournais en rond plus qu'autre chose, t'aidais à prendre du recul sur la situation. Avec Louis tu avais l'impression que tu allais toujours te mettre un bras dans le tordeur mais au fond n'était-ce pas ce que tu cherchais ? Avoir le frisson, prendre tes jambes à ton coup et avoir une peur bleue, ne pas savoir si ça va passer ce coup-ci. Si vous aviez été moins gourmand et que vous aviez laissé votre chef-d'oeuvre plus tôt, vous ne seriez probablement pas derrière les barreaux. Mais ça tu ne voulais pas le dire parce que ça l'encouragerait et il serait fier de lui. Tu finissais par t'asseoir tandis que lui s'échiner à faire venir quelqu'un pour essayer de marchander. « Le Maire de la ville est un gars sympathique, il est toujours là pour les grosses soirées de la ville, il sera sympa si on se tient bien jusque là et on n'échappera pas à la corvée de nettoyage. » Personne n'avait été mis en cellule pour une simple dégradation publique. Étrangement la ville n'était pas si sale, tu avais connu pire. Tu essayais d'être la voix de la raison, à mesure que tu y pensais, tu ne voyais plus le CJ d'il y a une heure. Celui qui était intrépide et qui ne semblait pas avoir peur du danger. Mais le danger était assez réel maintenant.  « Louis, je crois que je me ramolli, mais faudrait vraiment qu'on sorte d'ici.  » Faire des petites conneries, ouais, aucun problème mais avoir un casier judiciaire, ça te faisait d'un coup moins plaisir.

Coincé ici pour pas grand chose. Je vous jure que j'essaie de faire au mieux pour qu'on dégage de là mais les flics ne semblent pas aussi coopératifs. Pourtant CJ aussi tente de leur faire comprendre mais ils n'en font qu'à leur tête ces cons. "Ne t'en fais pas, on sera sorti avant leur 22h je ne sais quoi là." J'essaie de le rassurer mais bon. En soi, je ne sais même pas comment faire pour nous sortir de cette situation et je suppose que si je... "J'ai du fric à revendre, je peux peut-être payer notre sortie ou je ne sais quoi? Comment ça marche au juste?" Je m'adresse aux poulets évidemment, en espérant qu'ils ne mettent pas ça sur le dos d'une corruption. L'un d'eux se ramène, je m'avance à mon tour et m'agrippe aux barreaux mais cet abruti sort sa matraque pour que je la lâche. "Non mais ça va pas la tête? Comment j'vais m'branler maintenant? Fais chier quoi." Un poing serré en leur direction, j'peux rien faire de plus que de les viser de toute façon. Je recule, retourne à ma place et soupire. "Bon, je suppose qu'attendre c'est bien aussi non? T'avais prévu quoi ce soir toi?" lui demandais-je tout en m'allongeant, passant ma main sur mes phalanges meurtries. "De mon côté j'avais une émission radio mais je crois que ça va être annulé et j'peux même pas prévenir. Bordel. Ca m'énerve ces contre temps là." râlais-je alors que tout est de ma faute mais c'est plus facile comme ça.