Rapides et dangereux [ft. Leo]

Un feu rouge. Je tente d'intimider la personne à mes côtés en faisant crier le moteur de ma petite Fiat 500. La vraie, pas ces fiottes qui vendent maintenant et qui ne ressemblent à rien. J'lance parfois des regards sur le côté en essayant de voir la tronche de l'autre conducteur mais la détecte que très rapidement, les vitres étant légèrement foncées. Bien. Le feu vert débloque, j'appuie directement sur le champignon. J'suis juste décidé à faire une course avec la voiture à côté de moi en espérant que cette dernière se prête au jeu. Des fucks bien entendu adressés en sa personne, faut bien mettre un peu de piquant dans cette affaire non? On roule comme des tarés, tentant une manœuvre en tournant mon volant pour me rapprocher de l'autre tocard mais foire pleinement, n'ayant pas ralenti assez ce qui fait que j'ai enfoncer l'arrière de la voiture en bord de route. J'm'arrête donc. J'me vois pas continuer alors que ma bagnole est amochée. J'klaxonne comme un malade, sors de la voiture et me mets à gueuler comme un bon français. "Oh connard! En freinant tu voulais nous tuer ou quoi? C'est un jeu ! J'suis pas flic, j'suis pas là pour te souiller et t'embarquer donc arrête tes conneries quoi !" J'm'approche à grands pas de la portière du conducteur en toquant comme un dégénéré sur la vitre. "Allez sors de ta caisse si t'es un homme, enfoiré va! On va régler nos comptes par la force des poings! " J'shoote dans la roue mais me fais mal plus qu'autre chose, serrant les dents pour faire genre que je n'ai pas senti la douleur.

Léo, au volant de son coupé sport rutilant, cette voiture qu'il sortait quand il était seul, sans son fils, celle qu'il avait acheté un jour sur un coup de tête après qu'un pote lui ait dit que ça pouvait impressionner les filles alors qu'en règle générale il se foutait totalement des voitures. Allure sportive, coupe arrondie, vitres teintées, intérieur cuir, elle était belle, il ne fallait pas le nier, mais elle était surtout bien plus pratique, en ville, que son 4x4 qui prenait un peu trop de place, celui-ci il l'avait acheté quand il avait compris qu'un gamin, avec tout l'équipement, ça ne tiendrait pas dans sa voiture de célibataire. Bref, il était donc à un feu rouge, se dirigeant vers la rocade pour joindre la zone commerciale un peu à l'extérieur de Bowen, quand il remarqua une petite Fiat 500 d'époque, il hésita un instant, pourtant il n'en connaissait qu'une comme ça par ici, il n'y avait qu'un fou pour avoir importé sa vieille voiture de collection à l'autre bout du monde et un coup d’œil à l'intérieur lui confirma que c'était bien Louis, le grand Le Roy en sortie. Et en grande forme, il faisait déjà fumer le moteur de sa pauvre automobile. Léo connaissait bien le garçon, il n'avait peur de rien et visiblement il était d'humeur joueuse, est-ce qu'il l'avait reconnu, pas sûr, mais s'il voulait jouer, il avait trouvé un adversaire. Une course poursuite bon enfant s'amorça donc, enfin bon enfant... pour Emerson, parce que son cousin n'avait à priori pas envie de la jouer franc jeu, fucks et grimaces en tout genre, ça fusait dans l'italienne ! Léo ne s'abaissait pas à ça, de toute façon il ne pouvait pas le voir à cause de ses vitres fumées, autant économiser ses gestes. Finalement on remarqua vite que la petite voiture ne faisait pas le poids face à celle plus sportive de l'australien et au moment où l'autre voulu se rapprocher d'un peu trop près, Léo freina, forçant Louis à terminer dans le décor et abîmant légèrement la carrosserie des deux véhicules dans la foulée, merde, il n'allait pas être content. Ils s'arrêtèrent tous deux, Louis descendit, l'air furax. Il l'entendait déjà gueuler à l'extérieur et ça le fit rire, jusqu'à ce qu'il toque à la fenêtre, l'insultant au passage. Il baissa sa vitre et descendit ses lunettes de soleil sur son nez. Et en français ça donne quoi, monsieur Le Roy ? C'est toi l'enfoiré ! Tu croyais vraiment faire le poids avec ta petit fiotte ? C'est un jouet, pas une voiture ! Contrairement à celui de Louis, son ton à lui était bien plus amusé, loin d'être agressif, mais pour sa défense, Léo savait avec qui il jouait, lui !

Ouais j'crache mon venin y'a quoi? Le mec il est censé s'amuser et il fait quoi? Il décalque ma voiture comme ça? Donc ouais ok il a une voiture de course et c'est assez résistant mais on fait quoi maintenant? J'ai même pas pris d'assurance ici et j'sais même pas si c'est aussi avantageux qu'en France. J'toque sur sa portière, le mec semblant tout de même assez calme tout en me rétorquant. Il baisse ses lunettes, je me recule d'un coup, les mains sur mon visage comme si je faisais parti du tableau qui crie là. "MAIS QUOI! MAIS DAMN! MAIS MEC! MAIS MERDE!" En français ouais, il voulait que je parle la langue ben voilà. Je me rapproche. "Mais t'es sérieux?" Mon ton s'est tout de même adouci, j'parle à un de mes bros là. "T'es quand même en sacré enfoiré tu sais ça? Imagine tu nous aurais tué. Tu aurais eu ma mort sur la conscience mec! Mais bordel, sors de ta caisse là!" L'excitation de le revoir. En général c'est durant les soirées pas pendant un carnage. J'le serre dans mes bras, une bonne accolade après lui avoir tapé la bise. "Du coup, on fait quoi maintenant? On n'a pas l'air con. Les gens ils vont voir un accident et les deux chauffards en train de s'embrasser. Ils vont rien comprendre." J'me décale, mains sur les hanches. C'est juste pas possible. Mais est-ce que je suis étonné finalement? Naaaan. "En tout cas j'vois que tu t'es mis bien avec ta caisse. Dommage qu'il faut que tu la changes maintenant." Oui, j'dis ça par habitude. J'suis le premier à changer de choses dès lors où il y a un petit accro'. Sauf pour ma caisse, ça, ça va clairement me faire chier.

En temps normal Emerson était un conducteur relativement prudent, qui aimait la vitesse et avait une conduite peut-être un peu sèche mais pas sportive comme aujourd'hui, il n'était pas du genre à s'essayer à ce type de jeu avec d'autres, parce qu'il savait que souvent ça tournait mal. Pour preuve, la tête de Louis qui sortait de sa petite Fiat avait l'air de vouloir en découdre. Heureusement qu'il savait à qui il avait affaire et c'était avec un aplomb certain qu'il accueillait le français en baissant sa fenêtre. Il savoura sa surprise et son air dépité avec expressions et jurons bien de son cru. Toujours à en faire des tonnes, si j'avais voulu te tuer j'aurais fait ça plus discrètement. Heureusement que l'autre était à peine rancunier sinon c'aurait été la débâcle. Léo sortit de sa voiture en riant et se laissa enlacer par son cousin, d'ordinaire déjà plutôt démonstratif et tactile, on était au summum de l'affectif quand il s'agissait des Le Roy, il fallait dire qu'il adorait ce côté là de sa famille, bien moins conventionnel et froid que pouvait l'être le côté Emerson. Avec les français on savait rire, profiter de la vie et s'aimer sans que ce soit calculé ou forcé, il se souvenait des vacances passé chez ses cousins, c'était tellement rafraîchissant et différent qu'il n'avait jamais envie de rentrer en Australie. Depuis quand tu t'occupes du regard des gens toi ? Vaut mieux nous voir comme ça plutôt qu'en train de se foutre sur la gueule j'imagine ! Puis qui sait, on finira peut-être sur YouTube ! Non pas que ce fut ce qu'il recherchait. Il observa à son tour les deux véhicules, c'était surtout un peu de tôle rayée et légèrement gondolée. Pour lui, rien de bien méchant, même s'il n'y connaissait pas grand chose en automobile. T'en fais pas, j'ai été doux comme un agneau, c'est juste qu'on ressent tout deux fois plus dans ton pot de yaourt. Je connais un garagiste qui va les bichonner, elles en ressortiront comme neuves. Puis il se retourna vers Louis. On va se prendre une bière ou on continue à parler chiffons sur le bord de la route ?

Une bouche grande ouverte, une main sur le torse. Ouais j'suis choqué ouais. Il m'faut pas grand chose et alors? Savoir que possiblement mon cousin serait capable de me buter, j'vous jure que ça fout un coup. "Pas trop quand même, faut qu'on parle de mon cadavre sur la première page des journaux donc discrètement mais d'une manière spectaculaire." J'hausse les sourcils. J'suis complètement sérieux dans mes propos et il me connait assez bien pour le savoir. Une poker face lorsqu'il me dit qu'on finirait potentiellement sur YouTube. "J'en doute très cher mais c'est bien d'espérer je pense." J'hausse les épaules. Le regard des gens m'intéresse peu mais ce n'est pas commun que des gens qui se rentrent dedans se tapent la discut' comme si de rien n'était. Après, j'ai envie de dire, depuis quand j'ai une vie banale? "Je préfère ça ouais puis c'est pas un yaourt ! C'est la voiture de l'amour cette caisse ! C'est ma Christine amoureuse !" Ouais, j'continue de le gronder alors qu'il tente de reprendre les choses en main. Je me tourne vers ma caisse, la regarde tristement puis reviens vers Léo. "Je... Ouais ok mais t'as pas un truc pour la ramener intacte? J'suis même pas sûre qu'elle daigne ronronner maintenant avec tes conneries." Toujours mettre la faute sur les autres, c'est important. "Mais ouais ok, une bière. Tu me dois bien ça." Je lui adresse un sourire taquin, repartant en direction de ma fiat que je parviens finalement à faire démarrer. Je passe la tête par-dessus bord. "Je te suis pour le garagiste et après on va au bar le plus proche." Un signe de main pour lui dire d'avancer. Quelques minutes plus tard, je me trouve nez à nez avec le garagiste. "Je veux qu'elle soit flambant neuve ! Si possible aussi tant qu'à faire de mettre une radio avec bluetooth et prise jack et aussi des sièges chauffants mais je veux la même couleur, qu'elle ait un semblant d'origine !" lui dis-je en faisant presque les gros yeux. "Dans deux semaines? Et vous avez une voiture à me prêter en attendant?" Il m'amène dans leur entrepôt, me montrant tous les modèles qu'ils ont. "Je... Ok je veux bien la Mercedes-Benz de Sin City là-bas s'il vous plait." Je remplis les papiers qu'il faut le temps qu'il me sorte les clefs, ne comprenant même pas pourquoi je ne revends pas ce vieux "taco". Je prends une grande respiration et commence à l'embrouiller en lui expliquant la valeur que cette caisse a pour moi, le gars mettant ses mains devant moi en me disant de me calmer. "Bon ben voilà, j'ai une caisse de tueur à gages maintenant." confiais-je à Léo avant de le suivre en terrasse. "Bonjour oui, une girafe s'il vous plait." Le type reste perplexe. "Ben quoi? Vous ne savez pas ce que c'est une girafe ici?" Je porte mon attention sur Léo. "Vous avez un équivalent ou pas, vous?" lui demandais-je.

Heureusement que Louis n'était pas trop rancunier sinon son cousin aurait passé un sale quart d'heure ! Mais Léo n'était pas fou, il savait bien qu'il entendrait parler de cette histoire durant un certain temps, avec renfort de détails plus ou moins exacts, exagération, etc... mais qu'importe, ça faisait partie du jeu, il connaissait Le Roy, il l'aimait aussi un peu pour ça. Il grimaça. Arf, moi qui pensait pouvoirs cacher le cadavre et les preuves, que ça ressorte genre dans dix ans, "un grand mystère à Bowen, qui a tué Le Roy ?" Non, sûrement que non, ils ne finiraient pas sur YouTube et c'était tant mieux, si Louis aimait la lumière, Léo vivait dans l'ombre, artiste solitaire, dont le travail circulait à travers le monde entier, ses photos sur divers sites spécialisés, dans les plus grands magasines, mais il utilisait un pseudo et peu étaient finalement au courant du succès de son art. Il ne s'en ventait pas plus que ça, il aimait cet anonymat du grand public mais d'être reconnu par ses paires, c'était le principal. Christine ! Il roula des yeux, il avait oublié ce doux prénom que le français donnait à sa voiture, lui ne s'embêtait pas à nommer quoi que ce soit de matériel. Le pronostic vital de Chrichri n'est pas engagé, vas. Il ne connaîtrait sûrement jamais ça, de tomber amoureux d'une voiture, surtout d'une épave pareil, même ses appareil photos, qu'il chérissait pourtant pour certains, n'avaient pas droit à cet égare. Chacun retournant dans son véhicule, ils se dirigèrent vers le garage que Léo connaissait, un indépendant qui aimait passionnément son métier et surtout les vieilles voitures. Quand il le vit arriver il l'accueillit avec un grand sourire et Emerson lui fit part de la situation, que l'autre trouva peu banale mais soit. Il inspecta les deux bolides, celui de Léo n'était pas tant abîmé que ça, il faudrait redresser un peu de taule et repeindre l'aile avant, rien de bien méchant selon lui. La Fiat de Louis demanderait un peu plus de travail mais rien d'impossible. Vous plaisantez j'imagine ? Si vous voulez ce genre d'option échangez avec le coupé d'Emerson ce sera plus simple. Ce serait un sacrilège de faire tous ces changements sur une perle pareille. Le photographe riait dans sa barbe. Allez, tu peux bien lui mettre un autoradio digne de ce nom, il ne capte que les vieilles stations françaises. C'est moi qui offre, j'lui dois bien ça. Ils finirent les négociations avec le garagiste, Louis choisit son nouveau bolide pour deux semaines, ça allait lui changer de son pot de yaourt. Léo prendrait son 4x4 en attendant que celle-là soit réparée, Le Roy allait bien le raccompagner. Tu pourras enfin avoir l'air sérieux auprès des femmes, c'est le point positif. Même si les amortisseurs ont bien vécu. Il en avait mal au fesses le peu de temps que le trajet avec duré. Mais là ils s'installaient à la terrasse d'un bar, pas le plus sympa, on était un peu loin de la plage, mais c'était le plus pratique dans leur situation. Louis passa commande auprès du serveur qui resta un peu comme un con sans comprendre. Léo rit, son accent, ses manières, c'était définitivement drôle de le voir à Bowen. On va vous prendre deux peintes bien fraîches s'il vous plait. Puis quand le serveur repartit il sourit. Tu te souviens de cette girafe qui s'était cassé la figure sur la table d'à côté une fois ?! La honte, heureusement que c'était un groupe de filles pas trop précieuses ni trop farouches, remarque on a bien ri ce jour là.

Un pincement au coeur, je tente tant bien que mal de récupérer ma caisse cabossée, ma petite Christine qui a été écorchée à cause d'un bougre un peu trop bourrin. Léo tente cependant de négocier les choses et c'est avec une larme à l'oeil que je quitte le garage, accompagné de ce bolide qui pourrait me faire passer pour un voyou. Quelques minutes plus tard, une bière pour mieux oublier. J'essaie de me faire comprendre mais mon cousin reprend une fois de plus la chose pour que ce serveur s’exécute et fasse son boulot. Léo se rapproche, conte un événement passé. Je souris en hochant la tête. "Bien sûr que je m'en souviens. Je me rappelle même qu'une avait tenté de te faire de la drague. Comme si se faire gicler de la sorte l'avait excité." Je me marre, cet homme avec cette belle gueule, il n'était pas rare de voir des guêpes tourner autour. "Imagine si elles avaient été précieuses comme tu dis. Je crois que de mon côté, j'aurais juste tout fait pour les saouler d'avantage." Je me marre, jetant un regard sur le côté en voyant quelques bandes d'amis commencer à se mettre une mine. Un coup de menton dans leur direction. "Et tu te rappelles tous les défis qu'on faisait dans les bars? Combien de fois on s'est fait jetés déjà? Trois, quatre? Plus peut-être?" Je souris encore plus. "Pour combien tu prends une bouteille de vin rouge et tu trébuches devant le bidochon là-bas avec sa chemise blanche à fleurs?" Un jeu typique que je lui avais appris, le "Pour combien", espérant bien évidement que nous tomberons sur le même chiffre pour qu'il se prenne la honte. Mais je ne suis jamais à l'abri d'un reverse de toute façon.

Léo aurait toujours du mal à comprendre l'attachement de son cousin pour cette voiture. Pour l'australien, ce n'était qu'un tas de ferraille, comme tous les véhicules en soi. Il se moquait bien de ce dans quoi il roulait, il avait son gros 4x4 pour se sécuriser lorsqu'il avait son fils avec lui et puis son petit bolide pour frimer parce que ça lui avait pris comme ça, sur un coup de tête, mais franchement, si l'un ou l'autre devait rendre l'âme, il ne la pleurerait pas, il n'était pas du tout passionné par les voitures, c'était peut-être là que les choses différaient entre Louis et lui. En vrai, on pouvait le croire matérialise, mais il ne l'était pas, il pouvait bien tout lâcher un jour de folie, tout plaquer pour prendre un sac à dos et aller faire le tour du monde. Une maison ça se rachetait, une télévision, un téléphone, tout, tout pouvait s'acheter, du moins dans le monde de cet homme qui ne comptait jamais. Seuls ses appareil photos avaient une valeur à ses yeux, même s'il les changeait régulièrement pour avoir toujours plus performant, ceci dit il avait toujours gardé son tout premier, ce canon d'un autre âge avec lequel il avait fait ses armes, c'était probablement la seule chose dans tout ce qu'il possédait qui avait une valeur sentimentale. Mais il ne s'amusait pas à faire n'importe quoi avec... pas comme Louis qui tentait de se la jouer Fast and Furious dans les rues de Bowen avec sa mini crotte. Bref, une bière et ils passaient à autre chose, ils se rappelaient des bons souvenirs, de ceux où les choses auraient pu mal tourner et puis finalement tout avait bien fini. Ah oui c'est vrai, une vraie teigne en plus, je n'arrivais pas à m'en débarrasser. Quand il était avec des potes et qu'il s'amusait bien, Léo n'avait pas forcément toujours envie de finir avec une fille au bras. C'était le bon vieux temps tout ça, enfin Emerson ne voulait pas penser comme ça parce qu'il ne se sentait pas si vieux que ça. Mais ça remontait à un moment les soirées dans les bars parisiens à se saouler, à présent quand il rendait visite à sa famille française c'était pour se faire des dîners plus sérieux, avec enfants souvent, à déguster du vin de qualité. Pas le même standing, certes, mais il regrettait presque les tournées des troquets. Heureusement que ça n'avait pas tant changé avec Louis, il retrouvait ses années folles ! Je dirais au moins quatre oui. Enfin heureusement que je ne venais que quelques semaines par ans sinon on ne les compterait plus ! Il écouta la proposition de son cousin avec intérêt puis pouffa de rire. T'es intenable. Il réfléchit une seconde en regardant le fameux gars à sa chemise blanche mais il savait déjà qu'il allait relever le défi, le tout était de connaître la somme en jeu. Leur meilleure bouteille de whisky, voilà mon prix. Il se levait déjà. J'vais prendre une bonne bouteille quand même, je ne compte pas tout renverser sur sa belle chemise, ce serait gâcher ! Puis il se dirigea vers le bar, demanda une bouteille de vin bien rouge qui tâche, le serveur zieuta leurs bières à peine entamée. Léo confirma que c'était pour consommer sur place, alors le jeune homme la lui ouvrit et lui tendit deux verres. Puis il se retourna dans une grande et belle enjambée, fit mine de se tordre la cheville et trébucha sur l'homme à la chemise à fleurs qui lisait distraitement un journal. L'autre sursauta, écarta les bras pour regarder les dégâts, Léo dû se retenir pour ne pas éclater de rire devant son air ahuri. Excusez-moi, vraiment, je suis maladroit. L'homme devint aussi rouge que sa chemise. Dégagez tout de suite de mon établissement ! Il se leva de son tabouret, debout il en imposait un peu et Emerson réalisa qu'il avait affaire au patron du bar, c'était bien joué ça... Je suis navré, c'est un malheureux accident ! Ecoutez, pour me faire pardonner... il tata les poches de son jean puis releva la tête, faussement penaud. Pour me faire pardonner mon cousin assis là-bas va vous acheter l'une de vos meilleures bouteilles. Sans rancune ? Puis il s'éclipsa sans attendre de répondre, remarquant Louis qui n'avait rien manqué du spectacle. Alors, j'suis bon comédien ?