#13 (beth) - all you need is love

Tu le disais enfin à haute voix, enfin plutôt par écrit. Lorsque Beth t'avait avoué être tombé amoureuse, tu ne pouvais qu'être plus content pour elle. C'était merveilleux de la voir heureuse à ce point. Mais ça te faisait aussi réaliser que toi aussi, tu étais surement amoureux et que tu ne savais pas quoi faire à ce sujet. L'amour, ce grand sentiment d'amour, tu ne l'avais ressenti qu'une seule fois. Mais c'était dans un moment de ta vie un peu troublant. Tu étais constamment dans un autre monde, sous des substances illicites qui te faisaient planer. Alors tu ne savais plus vraiment ce que ce sentiment d'amour faisait, comment on le ressentait, comment on le vivait. Il se disait que l'amour pouvait nous faire faire des choses incroyable ; on pouvait commettre un meurtre sanglant pour la personne qu'on aime, on pouvait changer de style pour la personne qu'on aime, on pouvait accepter de faire des choses stupides pour la personne qu'on aime. Mais toi, tu avais oublié l'effet que ça faisait à l'instant t. Tu te souviens des sentiments que tu partageais avec Bella, mais tu savais plus comment ça avait commencé, ni comment tu le sentais à l'intérieur de toi, ou dans ta tête. Toutes ces pensées te faisaient gamberger, ta tête te faisait mal comme si on te frappait le cerveau avec un marteau. Réveilles-toi Milo ! Tu venais d'arriver devant ton appartement. Ta board à la main, tu ouvrais la porte et tu sentais la douce odeur des pancakes que ta meilleure amie était entrain de préparer pour te remonter le moral. « Tu sais que je t'aime ? » dis-tu en posant ton skate dans l'entrée. Tu arrivais dans la cuisine après avoir fermé la porte et tu allais vers l'anglaise pour lui embrasser la tempe en guise de bonjour.

« Et citron ! », lâcha Beth en voulant rattraper son bracelet favori dans sa chute, mais lorsqu'elle l'envoya plutôt directement dans le trou de l'évier, entendant un toquement, comme s'il avait frappé le fond de la tuyauterie. Et, évidemment, il fallait que tout ça, ça arrive quand elle était seule à l'appartement avec Ivy qui dormait. Elle tenta d'abord de ses doigts fins de récupérer le bijou, sans succès. Puis, elle commença à jouer avec les tuyaux sous l'évier, en suivant un tutoriel YouTube, sans grand succès. Fatiguée, mais surtout frustrée, elle avait laissé les morceaux de tuyaux sur le sol, envoyant des sms à son meilleur ami dans l'espoir d'avoir un peu d'aide pour reconstituer le puzzle sous l'évier et, aussi, pour récupérer son bracelet perdu. Mais au constat de cette conversation sms, le bracelet et l'évier en morceau prirent une place bien moins importante, laissant Milo et ses grands états d'âme être le centre de la discussion, Milo qu'elle n'avait jamais vu dans cet état. Il lui faudrait trente minutes pour arriver à la maison, ce qui était bien assez pour faire des pancakes remonte moral. Petit déjeuner, déjeuner, souper, il n'y avait pas d'heure pour les pancakes de Beth. Elle terminait la dernière cuisson, d'ailleurs, quand son colocataire entra dans l'appartement, la rejoignant dans la cuisine. « Je t'aime aussi », souffla-t-elle, le laissant venir à elle pour l'embrasser, comme un couple le ferait. « Je t'aimerai encore plus quand tu auras réparé mon dégât dans la salle de bain », fit-elle en se tournant vers lui, grimaçant devant son erreur monumentale. « Désolée à l'avance. » Elle lui sourit, mit la dernière pancake dans le plat de service et amena le tout sur la table, là où elle avait préparé des petits fruits à manger comme garniture, ou à côté. « Comme ça, t'es amoureux ? »

A vrai dire, tu savais pas comment aborder la chose. Tu savais pas vraiment si tu étais amoureux, mais tu savais que tu avais des sentiments forts pour cette fille. Et il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait t'aider à y voir plus clair. Heureusement, elle t'avait envoyé un message et tu avais engrangé la conversation. Une fois arrivé à l'appartement, Beth était entrain de finir de faire cuire les pancakes et rien que l'odeur qui émanait de la cuisine, ça te décrochait un sourire. « Tu veux que j'aille voir maintenant ? » demandas-tu à ta meilleure amie. Elle avait démonté la plomberie de la salle de bain, et tu avais promis de l'aider à retrouver son bracelet qui était tombé dedans. Tu attrapais une canette de soda dans le frigo et tu en bus directement quelques gorgées. Oui, faire du skate c'est épuisant et c'est éprouvant. « Tu veux que j'te sorte un truc à boire ? » proposas-tu à ta colocataire alors qu'elle était entrain de poser les pancakes sur la table basse avec tout le festin qu'elle avait préparer avant que tu arrives. Qu'est-ce que tu ferait sans elle ? Pas grand chose, ça c'est certain... Et c'est là où elle posa la question qui fait mal. Tu arrivais dans le salon avec ta canette dans la main et tu te laissais tomber sur le canapé. « Je... j'sais pas en fait ! » commenças-tu à expliquer. « J'ai des sentiments super fort pour cette fille mais... je sais pas si c'est de l'amour, le vrai... » finis-tu en cachant ton visage, ne sachant pas trop comment expliquer ton ressenti. « Toi aussi, t'es amoureuse » dis-tu en laissant un oeil sortir d'entre tes mains qui cachaient ton visage. C'était totalement de la diversion, oui bien sûr.

« Non, non, t'inquiètes. À moins que le monstre de l'évier s'empare de mon bracelet pendant qu'on mange les pancakes », gloussa-t-elle en faisant mine d'avoir peur. « Puis, ça serait froid avant que tu aies terminé de tout rabouter, ça serait un véritable gâchis de gaspiller tous ces pancakes !! », ajouta-t-elle sur un ton tout aussi dramatique, on aurait pu jurer même entendre une trame sonore tirée directement d'un film de suspens. Puis, elle fit un large sourire à Milo, lui exposant qu'elle saurait attendre après avoir mangé pour récupérer son bien. De toute façon, il y avait plus important que le bracelet tombé dans l'évier, il y avait la confession de son meilleur ami concernant ses sentiments pour une fille qui était bien plus importante. Jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait même pas été mise au courant qu'une fille attirait le regard de Milo. Et pour être honnête, de lire qu'il pensait être amoureux avait fait un pincement au coeur de la brune. D'un côté, elle avait été un peu déçue de ne pas entendre parler de cette mystérieuse fille avant aujourd'hui, avant que le guitariste se rende compte de ses sentiments. D'un autre, elle avait aussi la trouille, la trouille de le perdre parce qu'une autre la remplacerait. C'était ridicule, infondé, mais ce moment, le moment où une fille prendrait un peu trop de place dans le coeur de Milo, elle l'avait toujours redouté. Et à présent que c'était fort probablement arrivé, elle n'allait pas si bien, la traductrice. Beth secoua la tête à la proposition de Milo, elle n'avait pas soif, ni même faim, pour être honnête. Cependant, elle adressa le choix de breuvage de son ami. « Un soda ? Vraiment ? Avec des pancakes ? Tu es biiiiiizarre, Milo », lâcha-t-elle en tirant la langue de dégoût. « Pas de doute, tu es vraiment amoureux, ça t'embrouilles le cerveau ! », gloussa-t-elle comme une demi-blague. Mais Milo tournait autour du sujet, incapable de réellement se lancer sur ses sentiments, détournant l'attention sur Beth, plutôt. L'Anglaise secoua la tête, s'asseyant à la table. « Oh non, Milo. On ne va pas parler de mon cas seulement parce que tu n'es pas prêt à ouvrir ton coeur », le prévint-elle. « Je comprends que tu ne veuilles pas en parler, on peut parler de ce que tu veux d'autre, mais pas de diversion sur mes sentiments à moi ! »

Tu riais face à sa réponse. Elle avait raison, son bracelet n'allait pas s'envoler, il était coincé dans la plomberie et tu réussirai à le trouver plus tard. « C'est pas faux, j'ai une faim de loup en plus ! » dis-tu en te léchant les lèvres, prêt à manger la pile de pancakes que Beth venait de préparer. Ces derniers jours, tu n'avais pas beaucoup mangé, comme tu n'avais pas beaucoup dormi. Tu tournais à la caféine et à la cigarette. C'était d'ailleurs pas très beau à voir. Tu avalais canette de soda d'un seul coup, la soif était aussi énormément présente et on connait ta passion pour le Coca. Ta meilleure amie te fit une réflexion sur ton choix de boisson. « Arrêteeeee ! C'est soit ça, soit du café et j'pense qu'il est un peu tard pour prendre un café » dis-tu en hochant la tête comme pour te justifier. Bon, tu partais t'assoir près de l'anglaise pour commencer à grignoter ce qu'elle t'avait préparé. Mais avant, petite photo pour prouver au monde entier que tu avais la meilleur des colocataire et la meilleure des amies. Elle était toujours là quoi qu'il arrive, toujours là à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Et surtout, elle arrivait à gérer tes humeurs et ça, dieu sait que c'est pas très facile. « Je sais pas quoi dire en fait... » dis-tu en soufflant. Ouais, t'avais essayé de faire diversion en parlant de ses sentiments à elle, envers Zak. Parce qu'il faut dire que si tu avais avoué à l'anglaise que tu étais amoureux, c'est parce qu'elle avait commencé par te dire qu'elle l'était elle aussi. « Je pense toujours à elle, depuis longtemps... En fait, je crois que j'ai toujours eu des sentiments pour elle. Mais on avait une relation spéciale avant que je rentre en cure, et depuis ça s'est terminé... » dis-tu en baissant les yeux. Tu te servais un pancake dans ton assiette avec quelques fruits parce que tu avais vraiment faim. Et les confessions, ça donnait faim. Non, t'avais juste tout le temps faim. « Beth, j'suis perdu, j'sais pas quoi faire... » finis-tu par dire avant de prendre une bouchée de ton pancake.

Il avait effectivement l'air affamé, Milo, se léchant les lèvres pour témoigner de son impatience de goûter aux fameuses pancakes de la reine des pancakes, titre qu'on lui avait décerné le jour de son anniversaire et qui, depuis cette soirée-là, ne cessait de ressortir dans les conversations. « Ça tombe bien, j'en ai fait pour une armée », affirma-t-elle en brandissant sa spatule de cuisine comme pour se donner de la prestance, se disant, aussi, que s'il leur en restait, elle les mettrait au frais pour que Azriel aussi puisse profiter de ces délices. Délices qui n'étaient pas si bon avec tout type de boisson, fit remarquer Beth quand Milo se sortit une canette de soda du frigo. Il affirma que c'était ça ou du café, mais que la seconde option était plutôt risquée. « Ça dépend, tu veux aller te coucher maintenant ? », demanda-t-elle en riant. « Avex Ivy qui fait des siennes depuis deux nuits, je risque pas de dormir », continua Beth en secouant la tête. « Un café, ça serait bien, oui ! » Ils s'installèrent à table, Milo immortalisa leur moment par une photo qu'il posta rapidement sur les réseaux sociaux, encore une tactique de diversion, repoussant les secondes avant de devoir parler avec son coeur. Il soupira ne pas savoir par où commencer. Il finit par s'ouvrir un peu, entre deux ou trois fruits posés dans son assiette, alors que Beth, elle, inondait sa pancake d'un coulis de sirop d'érable. « Tu ne m'en as jamais parlé... », souffla Beth, apprenant alors que cette mystérieuse fille à qui il pensait tout le temps, il la connaissait depuis des lustres et, au fond, il n'avait jamais cessé de l'avoir dans la tête.

Heureusement qu'elle avait fait toute une fournée de ces délicieuses douceurs, parce que la nuit promettait d'être longue vu le nombre de choses qui te tracassait. « Ne penses même pas que j'vais en laisser à Az, il avait qu'à pas aller dormir chez Sasha » dis-tu en hochant la tête. Les absents ont toujours tord, pas vrai ? Alors tu t'armais de ton soda et tu écoutais la requête de ton amie. Elle voulait un café. Donc, tu lançais la machine pour lui préparer. « Oh non, et j'en ai déjà bu assez des cafés, crois moi » dis-tu en riant. « J'vais faire la teuf avec Ivy ce soir » ajoutas-tu en lui faisant un clin d'oeil. En même temps, quand tu étais à l'hôpital, tu étais constamment sur la machine à café, tout ça parce qu'elle était à côté de la chambre. Forcément, ça facilite les choses il faut dire. Puis vint le temps des révélations. Une fois que tu étais assis, que tu avais apporté son café à l'anglaise et que tu t'étais servi, tu commençais à bégayer à propos de tes sentiments. La seule chose qui décevait Beth, c'est que tu ne lui en ai pas parlé plus tôt. « Oh si, tu sais qui est cette fille, je t'en ai déjà parlé » répondis-tu, le regard rivé vers ton assiette. Tu savais que du moment où tu dirais son nom, ta meilleure amie ne cautionnerai surement pas une relation avec cette autre anglaise qui faisait parti de ta vie depuis ton arrivée à Bowen. En effet, elle t'avait aidé à surmonter les épreuves de cette séparation avec la dite demoiselle et ça t'avait énormément aidé. « Beth... la fille que j'vais voir tous les jours à l'hôpital, la fille dont je crois être amoureux... c'est Effy » finis-tu par dire en fermant les yeux. T'avais l'impression que si tes yeux étaient fermés, tu n'avais pas vraiment dit son prénom. « Je sais qu'elle a pas forcément une bonne influence sur moi mais... mais je sais pas pourquoi c'est comme ça putain ! » ajoutas-tu en insistant sur le dernier mot que tu prononçais dans ta langue natal. Toutes ces émotions te faisaient perdre pieds. Et maintenant, la chose qui te faisait le plus peur, c'est la réaction qu'allait avoir ta colocataire.

« Égoïste ! », l'accusa-t-elle en riant quand Milo lu dans les pensées de la brune et lui mentionna qu'il n'en laisserait pas une pour Azriel, supposant que les absents étaient toujours perdants. « Tu n'arriveras jamais à manger tout ça », fit Beth en secoua la tête, désespérée, encore plus sachant qu'en lui lançant ça comme un défi, il serait tentant de lui prouver le contraire. « Ne t'avise surtout pas de faire le fier et d'essayer de tout manger, Milo. J'ai horreur du vomi, je ne nettoie pas tes restes ! », finit-elle par le prévenir au cas où une idée folle lui passerait par la tête. « Merci pour le café », souffla alors Beth, en remarquant que son ami avait lancé la machine, écoutant qu'elle, elle en aurait besoin pour survivre à une prochaine nuit mouvementée. « Je ne te laisse pas même une heure avant que tu craques », le prévint-elle. Même Beth qui avait maintenant l'habitude de la petite Ivy avait eu du mal à passer les dernières nuits sans vouloir pleurer de désespoirs. Cette conversation était légère, mais elle n'était pas la principale qu'ils devaient avoir tous les deux. La raison pour laquelle Beth avait fait des pancakes aussi tard ce soir, ce n'était pas pour le plaisir, c'était pour remonter le moral de son meilleur copain qui tirait une tête d'enterrement quand elle lui avait demandé de lui parler de ses sentiments amoureux. L'amour, n'était-ce pas supposé rendre heureux ? Parce que Milo, là, il avait l'air de tout, sauf heureux. Beth redoutait le reste de ses confidences, comprenant que ce serait compliqué. Et quand il lui dit qu'elle était bien au courant de l'existence de cette fille, Beth fronça les sourcils. « Ton ex ? La belle Costaricaine aux longs cheveux ébène ? », demanda-t-elle, ne supposant pas que la fille dont il parlait pouvait être d'une toxicité aussi grande que Effy. Mais elle avait tort. Et quand il parla de l'hôpital, son coeur se mit à battre la chamade. Non... Pas Effy... Et soudain, la conversation avec Azriel concernant son couple et l'opinion de l'Anglaise sur sa relation avec Lys resurgit dans son esprit. Se mettait-elle le nez dans trop de choses qui ne la regardaient pas ? Serait-il une meilleure option de taire ce qu'elle ressentait pour éviter de blesser Milo ou de le troubler, comme elle avait pu le faire avec Azriel ? Beth se contenta donc de hocher la tête docilement, regardant sa propre assiette, incapable de lever les yeux. Elle était inquiète et blessée, morte de trouille, même. « Je vois... », souffla-t-elle. Avec Effy dans sa tête, Milo finirait par réellement oublier Beth. Il appartenait au monde de celle qui faisait chavirer son coeur, pas de celui de la traductrice.

« Non, je pense à lui. C'est pas bon pour lui les pancakes, tu vois j'suis un bon copain » dis-tu en hochant la tête comme pour te justifier. Bon ok, t'en laisserai surement un peu à ton meilleur ami mais c'est juste parce que ton estomac risquerai d'exploser. Mais tu avais quand même vachement faim. Tu allais contredire Beth sur le fait que tu pouvais tout manger mais tu n'eu le temps de rien dire qu'elle rétorqua directement que tu ne devais pas faire le coq. « Ok, ok, j'mangerai pas tout » dis-tu en baissant les yeux, comme un enfant qui avait fait une bêtise ou qui allait faire une connerie. Lorsqu'elle te défia pour passer plus d'une heure avec Ivy pendant ces crises de nuit qu'elle avait en ce moment, tu lui fis un clin d'oeil. « J'ai déjà passé une nuit avec ce petit monstre, j'peux survivre si c'est pour te laisser une nuit tranquille » dis-tu en lui souriant. C'est vrai que ta meilleure amie était aussi très fatiguée, ça se voyait et elle méritait bien une bonne nuit de sommeil. Alors tu pouvais bien lui proposer ça. Les révélations étaient entrain de se faire, tu commençais à déballer ce que tu avais sur le coeur, ce que tu avais coincé en toi depuis quelques semaines maintenant. Tu y pensais, sans cesse. Entre deux bouchées de pancakes, tu portais ton regard vers l'anglaise en lui souriant timidement. « Non, pas Bella, elle est beaucoup trop bien pour moi » dis-tu après avoir avalé ton morceau. « Et puis elle sort avec un de mes meilleurs potes » ajoutas-tu en revenant vers ton assiette. C'est vrai, elle est trop bien pour toi et puis il y a Elmo dans l'histoire. Il y avait déjà eu assez de rebondissements dans ce triangle amoureux, tu ne voulais pas en rajouter une couche. Tu soupirais et tu posais finalement l'assiette sur la table basse, et tu rabattais tes genoux contre ta poitrine. « Je sais ce que tu penses d'elle, je sais que c'est pas forcément le bon choix pour moi. Mais elle est dans ma tête, elle l'a jamais quitté... » dis-tu, la voix brisée. Tu savais qu'elle se comparerait avec elle, mais Beth ne devait pas le faire parce que tu l'aimais inconditionnellement. « Je sais à quoi tu penses et non, Beth, elle ne prendra jamais la place que tu as dans mon coeur » lui dis-tu pour la rassurer, en plongeant tes yeux dans les siens, voulant être compris.

Beth hochait la tête, mais son visage démontrait bien qu'elle ne croyait pas un mot de ce que Milo lui racontait. « Ouais, c'est ça », fit-elle avant d'ajouter : « Alors, si ce n'est pas bon pour lui, ça ne l'est pas non plus pour toi ! » Elle rit un bon coup, d'avança vers lui en tapotant légèrement son ventre, faisant mine qu'il prenait du poids depuis que la belle Anglaise avait emménagé avec lui. « Ça te fera du bien de ne pas tout manger », ajouta-t-elle dans un clin d'oeil. C'était faux, complètement faux. Milo n'avait pas un gramme en trop, son corps était bien découpé et Beth avait matière à parler, elle l'avait vu, sans t-shirt, des centaines de fois, si ce n'était pas plus, même. Et la vue n'était, disons-le, pas désagréable à regarder. « Oui, t'as passé une nuit avec elle, dans sa bonne période », réfuta la jeune maman alors que le guitariste s'indignait d'être en mesure de s'occuper d'Ivy. Il le serait, en mesure, Beth n'avait aucun doute, elle lui confiait Ivy avec la plus aveugle des confiances. Là n'était pas la question. Elle ne voulait pas lui infliger ça, Ivy avait de dures nuits ces derniers temps. Sans doute la première petite dent qui voulait percer ou encore une épisode de colique. « Je suis fatiguée, mais avec ce café tout ira mieux. » Beth s'était levée pour récupérer la tasse et y ajouter un peu de lait et de sucre avant de revenir près de Milo et de lui sortir les vers du nez. « Arrête ça Milo », le gronda-t-elle. « Tu mérites ce qu'il y a de mieux. Et si cette Bella ne l'a pas vu, c'est tant pis pour elle. » Beth voyait Milo dans sa soupe. Il était difficile d'être plus parfait que lui à ses yeux. Il méritait toutes les filles. « Je ne pense rien du tout, tu te trompes. » Bon, d'accord, elle pensait à ça, à tout ça. Et même pire. Mais c'était trop difficile de l'admettre. « Mais c'est vrai, je ne comprends pas trop pourquoi tu t'accroches à elle... Elle ne t'a pas assez détruit par le passé ? » Là, c'était la peur qui parlait.

Tu plaisantais toujours sur le fait que tu pouvais tout manger et tu ne serais jamais malade après ça. En même temps, en ce moment, t'aurais pu avaler deux fournée de pancakes tellement tu ne mangeais plus. T'avais même perdu du poids, alors t'aurais tout fait pour récupérer un peu de graisse. « Arrête, j'ai la peau sur les os » dis-tu en te tapotant le ventre à ton tour. « Oui, mais j'ai faim » dis-tu en faisant tes yeux de chiens battus. C'était un peu la détente avant de dévoiler ce que tu avais vraiment sur le coeur. Beth était la seule personne avec qui tu pouvais en parler, la seule à qui tu pouvais te confier ce sujet. Les garçons n'auraient surement pas compris ou même trop compris et t'aurais pas eu d'avis objectif sur la situation. « Si tu as besoin, tu sais que j'peux la garder. Même dans une mauvaise période » proposas-tu à ta meilleure amie en lui souriant. C'était sérieux et sincère. Mais c'était surtout un moyen d'éviter de commencer les confessions. Tu apportais à la belle anglaise son café, et tu t'installais sur le canapé près d'elle. Vous commenciez alors à parler de Bella, et tu avouas à la jeune femme qu'elle méritait beaucoup mieux que toi. « J'ai été une horreur avec elle, tu te rends pas compte. Elle voulait que j'arrête la drogue, et j'me suis dis qu'elle avait tord » dis-tu en haussant les épaules. « C'est plutôt moi qui ai eu ce que je méritais » avouas-tu en pouffant légèrement. Mais tu avouais à Beth que la fille dont tu parlais, c'était une autre anglaise, Effy. Tu lui dis enfin ce que tu avais sur le coeur et c'était pas vraiment facile à dire. Tout recroquevillé contre toi-même, tu te lançais dans des explications. « Si, on s'est détruit mutuellement, on s'est déchiré même... Mais j'ai toujours eu des sentiments pour elle, enfin je crois. Même si on se querelle, si on se fâche, j'ai toujours envie d'être prêt d'elle » dis-tu presque dans un murmure. « Je sais, c'est pas ce qu'il y a de mieux... » avouas-tu en baissant le regard vers tes genoux.

Il était vrai que Milo avait le visage long, signe qu'il avait commencé à perdre un peu de poids. Mais le but de l'intervention de la brune était plutôt de se moquer gentiment de lui et non de pointer ses problèmes qui visiblement pesaient si lourd qu'ils affectaient son état physique plus qu'il ne le fallait. Milo n'était pas souvent à la maison. Il rentrait tard, parfois ne rentrait pas. Il passait jours et nuits, quand il ne bossait pas, au chevet de cette amie qui vivait une mauvaise passer et qui avait été admise aux soins de l'hôpital. La raison, Beth ne la connaissait pas, pas encore. Milo était demeuré secret sur cette partie de sa vie, ce qui était plutôt inusuel venant de lui. Entre eux, ils de disaient tout, mais les murs commençaient à s'ériger et la distance à s'installer. Ils changeaient. « Mange tout ce que tu veux », souffla l'Anglaise avec la plus douce des voix, touillant son café après y avoir mis du lait et du sucre. « Je sais », confirma Beth lorsque Milo se proposa pour garder. Mais elle n'abuserait quand même pas de sa bienveillance. Si elle avait choisi de garder Ivy, alors que d'autres options se portaient à elle dans le cas contraire, ce n'était pas pour la faire garder tous les jours. Évidemment, sa situation était particulière, elle n'avait jamais de répit, mais c'était ça, aussi, le risque. Beth lança donc la discussion plus profonde, voyant bien que Milo n'était pas dans son assiette, mais évitait de lui-même la fatidique conversation. Et si Beth ne la mettait pas sur la table d'elle-même, Milo aurait pu jouer à l'autruche longtemps. Il jurait qu'il ne méritait pas son ex, que la brune ne connaissait pas du tout, mais qu'elle avait pu voir sur quelques clichés, notamment certains que le guitariste avait pris lui même avec sa caméra, d'autres postés sur les réseaux. Beth chercha la main de Milo alors qu'il avait recroquevillé son corps sur lui même. « Je suis certaine qu'elle comprend, aujourd'hui », fit-elle en cherchant son regard pour lui donner un peu de courage à s'ouvrir davantage. Mais ses prochains aveux eurent l'effet d'un coup de poignard dans le coeur de la traductrice, elle lâcha doucement la main de son meilleur ami, se refermant à son tour comme une huitre. « Je ne sais pas moi non plus », souffla Beth dans un murmure. Ses mots allaient dépasser sa pensée, son côté protecteur trop aiguisé, il valait mieux ne rien dire. « Si tu sens que c'est ce que tu veux... » Mais, elle, elle doutait que c'était la bonne chose à faire. Milo était encore fragile, elle avait toujours le souvenir de sa rechute en tête, et ça risquerait d'arriver à nouveau à force de traîner avec ce genre de fréquentation.

Tu avais surement besoin de Beth plus que jamais dans ce moment là. Perdu, tourmenté, et tu te sentais seul au monde. La seule personne qui pouvait t'aider à remonter la pente c'était elle, comme elle l'avait fait lorsque tu vais croisé son chemin dans cet hôpital. Les conversations légères se terminaient sous peu, et tu savais que ça allait être le moment de tout balancer sur le tapis, qu'il fallait que tu expliques à la jeune anglaise pourquoi tu étais si distant, si froid et surtout si absent. Vous commenciez par parler de Bella, celle que tu vais lâchement abandonné en pensant que la drogue valait mieux qu'une femme. Tu t'étais rendu compte que trop tard qu'elle était bien plus important qu'un rail de cocaïne ou qu'un cachet de mdma. « J'espère qu'elle le sait, parce que je me sens encore trop con à cause de ça » dis-tu simplement, en entourant tes jambes de tes bras. C'était un de tes gros regrets, d'avoir lâcher cette belle costaricaine aux cheveux d'ébène. Beth tenait ta main fermement, comme par te montrer qu'elle était certaine que Bella comprenait, tout comme elle comprenait ton évolution. Mais brusquement, cette dernière lâcha ta main et tu baissais les yeux. Tu savais que ce que tu avais à dire ne lui plairait pas, et il n'y avait pas de demi-mesure pour annoncer ce genre de chose. Effy et toi vous aviez un passif très destructeur, mais tu ressentais quand même de sentiments très forts pour elle, qui ne s'effaçaient pas avec le temps. « Je veux pas retomber dans ce cercle vicieux, Beth. J'ai tellement galéré pour en sortir que je veux plus que ça m'arrive » avouas-tu en posant ton regard vers elle. Tu voulais qu'elle comprenne que c'était de l'histoire ancienne pour toi, et que cela ne comptait plus, cette drogue. « C'est pas ce qu'il y a de mieux pour moi. A moins qu'elle aille mieux, mais même si je me donne corps et âmes pour ça, je sais pas si ça marchera un jour... » dis-tu en relâchant tes jambes et en prenant ta tête dans tes mains.

Leur relation était particulière. Dès qu'elle était tombée sur lui dans les couloirs de l'hôpital, elle était tombée sous son charme. C'est sans doute son sourire qui avait fait tout le travail, ces petites fossettes qui se creusaient sur les joues du guitariste et ses commissures qui s'étiraient pour la faire craquer. Elle aurait sans doute pu en tomber amoureuse, si à ce moment-là, elle n'avait pas eu Rafael en tête. C'était peut-être même leur destin, dans une autre vie. Mais pas dans la leur, pas dans celle-là. Entre eux, il y avait tellement plus que ça. Et c'était bien ce qui était dangereux. C'est qu'elle l'aimait plus que l'amour, elle l'aimait comme sa propre vie, elle aurait pu tout lui donner, tout lui offrir, décrocher la lune s'il avait fallu pour lui faire plaisir. Et, évidemment, elle ne voulait que son bien. Seulement, au travers de ses aveux, il était difficile de voir le bien de Milo quand il se replongeait dans une période de sa vie qui était douloureuse. La drogue, c'était ce qui l'avait amené à rencontrer Beth. Sans cette overdose, jamais ils n'auraient été mis sur le même chemin. Seulement, Beth lui avait fait une promesse, celle de ne jamais le laisser retomber dans ces travers. Parce qu'à présent, elle craignait de le perdre à tout jamais. Sa prochaine rechute pourrait être fatale. « Elle le sait, comme moi je le sais », le rassura-t-elle avec un sourire. Sourire qu'elle perdit quand il se mit à parler de cette Effy dont le nom lui donnait des frissons de frayeurs. Ce n'était pas Effy, en soi, qu'elle n'aimait pas, mais plutôt le fait qu'il puisse tomber pour une personne qui lui avait fait tant de mal et qui lui en ferait sans doute encore, encore et encore. Et ce jusqu'à leur fin brutale. Milo tentait de rassurer son amie, mais il n'y avait rien à faire. Elle se souvenait trop bien de cette après-midi où il avait presque succombé, ayant subtilisé un sachet de cocaïne à un de ses amis. Il avait fini par le vider dans les toilettes, certes, mais ça avait été de justesse. Et ça avait aussi été la preuve qu'il était beaucoup trop fragile pour trainer avec une fille comme celle dont il était amoureux, qu'il risquerait de craquer à tout moment. Et, au fond, c'était peut-être ce qu'il voulait. Il lui assurait le contraire, mais ses actions ne concordaient pas avec ses paroles. « Et tu penses que trainer avec elle va t'aider ? » Cette question était sortie toute seule, c'était la première prise d'opinion qu'elle lui offrait, elle qui mordait sa langue pour ne pas lui faire part de ce qu'elle pensait au fond d'elle parce qu'au fond, elle ne le possédait pas. Il n'était pas un immeuble à acquêter. Et pourtant, elle agissait comme une petite-amie jalouse découvrant qu'on l'avait trompé. « Alors quoi ? », demanda Beth, lasse.

Tes genoux contre ton torse, tes bras embrassant ces derniers, tu étais totalement perdu et tu ne savais pas quoi faire de ta vie sentimentale. Beth pouvait surement répondre à tes questions, étant ta meilleure amie, ta soeur de coeur, ton double au féminin. Mais tu savais aussi qu'elle n'aurait pas forcément un avis positif sur ce que tu avais à lui dire. Effy n'était pas la meilleure amie de Beth, non loin de là. Surtout qu'elle serait surement capable de te faire reprendre la drogue, elle serait capable de te faire faire n'importe quoi. Enfin, tes sentiments te feraient faire n'importe quoi. Beth connaissait ton passé, elle savait de quoi tu étais capable. Et elle pensait peut-être trop à ça d'ailleurs. Tu luttais contre tes addictions, encore et toujours depuis presque un an. Il y a quelques temps, tu avais failli retomber là dedans, en trouvant un sachet caché dans la cuisine. Heureusement que tes deux meilleurs amis étaient là et t'ont fait ouvrir les yeux là dessus. Tu avais été si con lorsque tu étais sous les influences de la drogue, et tout le monde en avait pâti. Maintenant, tu ne voulais plus être comme ça, parce que tu avais peur de perdre tout ton entourage comme tu avais perdu Bella, à l'époque. Ta colocataire te demanda ensuite si trainer avec la britannique t'aiderai dans ta lutte contre tes addictions. « Je sais pas, bordel ! J'en sais rien ! » dis-tu en haussant un peu le ton de ta voix. Tu te levais brusquement et tu faisais les cent pas autour de la table basse dans le salon. Tu te demandais au son de sa voix, si Beth n'était pas un tantinet jalouse par rapport à tes propos sur ton amie hospitalisée. « Alors j'en sais rien ! » te dis-tu à toi-même en prenant ton visage entre tes mains, sans trop savoir quoi faire. Tu t'arrêtais de marcher et tu te reposais sur le canapé. « Tu sais quoi ? On va arrêter de parler de ça, avant que je m'effondre en larme comme un gamin » dis-tu en lançant un petit rire sarcastique.