#5 Oh les filles, oh les filles ! [ft. Tahlia]

Un mois sans réelles nouvelles, j'avais simplement envoyé un message à Tahlia pour la revoir. Même si elle a ses antécédents de flics, c'est la seule personne qui faisait partie de l'autorité que j'appréciais. Elle ne sait rien à mon sujet que ce soit pour le meurtre de mon père vu que l'affaire a été close avec ma mère qui a pris ma place en taule ou même encore avec mes magouilles. J'ai beau être parfois un délinquant, je peux vivre ma vie comme bon me semble même si elle est dans les parages. Je lui avais aussi soufflé le fait qu'elle pouvait amener sa fille avec elle, cela ne me dérangeait pas. De toute façon si on a des conversations d'adultes, la petite ne comprendrait rien, c'est donc un avantage. Retour à mon appartement initial, je lui ouvre simplement pour la laisser passer, un petit rictus aux lèvres en la voyant. "Comment vas-tu très chère?" lui demandais-je en refermant derrière elle. "Je te sers quelque chose? Du soda, de la bière, de l'eau avec ou sans sirop, un truc plus fort peut-être?" je la zyeute quelques instants dans un léger silence avant de le briser. "T'as l'air fatiguée, t'es sûre que ça va? La gamine, c'est ça?" m'inquiétais-je.

En ce moment, entre les recherches de boulot, les recherches d'appartement, l'allaitement alors que Thaïs vivait actuellement chez Carter, Tahlia n'avait plus un moment pour elle. Et ce fut le message de Konstantin qui lui fit comprendre cela. Ils pouvaient passer des semaines et des semaines sans nouvelles, mais Tahlia prenait conscience qu'elle agissait de la sorte avec la majorité de son entourage. Alors, quand il lui proposa de passer chez lui, elle accepta, voulant s'octroyer une petite pause bien méritée. Elle aurait pu prendre Thaïs avec elle, le jeune homme ayant répété que cela ne le gênait pas, mais Tahlia l'avait laissé avec son père, puisqu'elle devait la récupérer en fin de journée. Arrivée devant la porte de l'appartement, la jeune femme esquissa un large sourire en voyant Konstantin apparaître. "Hey, ça va et toi ?" répondit-elle en entrant dans l'appartement. Elle le suivit dans le salon alors qu'il lui proposa de quoi boire. "Je t'aurais bien dit un truc plus fort, mais je vais me contenter d'un soda, s'il te plaît." dit-elle en riant. Son rire s'atténua au profit d'un regard surpris quand Konstantin prit le temps de l'observer, lui disant qu'elle avait l'air fatigué. "Tu es en train de me faire comprendre que j'ai une sale gueule ?" plaisanta-t-elle, avant de reprendre, plus sérieuse. "Mais c'est vrai, je suis un peu fatiguée en ce moment. Je ne peux même pas dire que c'est vis-à-vis de la petite, elle est chez son père. J'ai quelques petits soucis, mais ça va passer..." dit-elle pour le rassurer et afin de ne pas attirer l'attention sur ses problèmes. "Et toi ? Qu'est-ce que tu me racontes ?"

Un hochement de tête pour lui répondre avant de filer dans la cuisine et lui offrir un verre. "Comme tu le sens, ça peut s'arranger. Je dois bien avoir du whisky pour te faire un baby si besoin." Je lui souris en coin avant de disparaître pour récupérer une canette de coca et une bière qui étaient au frais et me ramène vers elle, lui demandant simplement comment ça se passe en soi vu la tronche qu'elle a. Je lui souris à sa remarque, le silence affirmant bien ses dires sans que je n'ai à le faire. "Parlons-en. T'as quoi comme souci en ce moment? On ne sait jamais si je peux venir en aide d'une quelconque manière." J'hausse les épaules puis lui tends finalement la canette. "A la tienne. Tu veux un verre peut-être? Une paille?" Je n'attends même pas sa réponse que je m'en vais chercher les deux options et les lui ramener si besoin. Une grande inspiration, je relâche tout. "Borf, pas grand chose. Boulot, dodo, Netflix et rien de plus tu sais. Une routine où il fait bon parfois de s'y plaire." lui répondis-je en venant me poser face à elle, tenant fermement ma bière des deux mains, ma chevalière venant tinter contre le verre. "Non mais ouais, en ce moment il ne se passe pas grand chose. Faudrait peut-être que je change un truc dans mon quotidien histoire de ne pas me dessécher. Pourquoi pas des cours de salsa ou de tango? Tu serais chaude toi?" Je relève mon regard sur elle, amusé. "Ou de la poterie qui sait?" ajoutais-je.

"Mais pas sûre que mon propre baby apprécierait ensuite." dit-elle en riant. Elle n'avait pas bu une goutte d'alcool depuis la naissance de Thaïs. Et Tahlia était plutôt du genre à avoir toujours un verre en main, en soirée. Alors, appréciez l'effort. Très vite, Konstantin évoqua sa petite mine. Même si Tahlia tentait de dissimuler tous ses problèmes, elle savait que cela se voyait sur ses traits tirés. Alors quand elle parla de sa sale gueule, le silence du brun fut flagrant. "Normalement, c'était là que tu devais flatter mon ego en disant à quel point je suis resplendissante, malgré tout. Décidément, vous les hommes, vous ne comprenez rien aux femmes..." dit-elle en lâchant un rire. Un rire qui n'était toutefois pas aussi joyeux que d'habitude. Et le jeune homme tenta d'en savoir plus. "C'est un tout. Je dois chercher un nouvel appart', un nouveau boulot. Et je ne pensais pas que c'était aussi stressant d'être mère." Mère célibataire, surtout. C'était là qu'elle se rendait compte à quel point son célibat commençait à être pesant. Elle haussa les épaules puis le remercia quand il lui donna la canette de coca, qu'elle versa dans le verre qu'il venait d'amener. Puis, ce fut à son tour d'évoquer son programme. "Eh ben... nous avons des vies palpitantes." dit-elle, un peu moqueuse. Le jeune homme sembla s'en rendre compte, puisqu'il annonça lui-même qu'il allait devoir changer quelque chose. Salsa ? Tango ? Poterie ? "Ah non, pas de poterie." dit-elle en riant. "Sauf si tu veux faire un remake de Ghost. Par contre, la salsa ou le tango, ça peut être sympa ! Mais il te faut une partenaire. Et... chance pour toi, j'ai le rythme dans la peau." Faux, archi-faux. Mais c'était bon de lui faire croire. Elle posa un bref regard sur sa main quand elle entendit quelque chose tinter contre le verre et vit une chevalière qu'elle n'avait jamais vu à son doigt. Un truc de qualité, en plus ! "Elle est sympa, ta bague ! ça fait longtemps que tu l'as ?"

Je secoue la tête doucement de gauche à droite. "Il est vrai. Bon ben un soda du coup." concluais-je en lui apportant le tout. "Navré. Attends, je recommence." Un raclement de gorge. "Wow, tu es tellement splendide ma chérie, on ne dirait pas que tu dois subir tout ça! Tu es tellement forte!" Je me marre, des yeux rieurs et taquins sur la trogne. En soi, c'est bel et bien une femme forte, je le sais très bien depuis le temps que je la connais mais si ça lui fait plaisir d'entendre des choses qui sont évidentes... Qu'il en soit ainsi mais je préfère dire les choses telles qu'elles sont, quitte à ce que ça blesse. Ce n'est pas pour rien que je lui demande ce qui se passe vraiment dans sa vie. "Ok. Pour l'appart', considère ça comme réglé. J'vis avec Ariel en coloc' donc je pourrais te laisser celui-ci si tu veux." Une simple proposition même si au ton de ma voix, elle peut comprendre que je ne lui laisse pas vraiment le choix. "Tu pourras y rester autant de temps que tu veux, jusqu'à ce que tu en aies marre et que tu préfères aller ailleurs." J'hausse les épaules. "Pour ce qui est du reste... Tu veux trouver dans quoi?" lui demandais-je avant qu'elle ne me retourne plus ou moins la question vis-à-vis de mon quotidien. "Ouais nan, la poterie une mauvaise idée ouais. En plus ça colle aux doigts, j'aime pas ça." Je souffle du nez. "On a qu'à s'entraîner à deux alors si tu es vraiment pour, j'suis clairement un manche à balai ou les danses que je fais, on a tendance à dire que je fais du n'importe quoi mais ça passe en général car "c'est pas grave, faut pas lui en vouloir, il est russe". A croire qu'on est tous des attardés." Je soupire, attrapant ma bière pour en boire quelques gorgées, la chevalière sonnant contre le verre. Je pose mon regard sur le bijou en question avant de relever ma trogne sur la sienne. "Arf, je ne sais pas, quelques semaines je dirais. J'avais envie de la sortir un peu. Elle est plutôt pas mal hum?" Je lui souris, étant plutôt content de ma trouvaille.

Il était fort, Konstantin, très fort. Il arrivait à faire rire Tahlia, à lui faire brièvement oublier les soucis qu'elle avait dans son quotidien. Alors qu'elle le taquinait en disant qu'il aurait pu flatter son ego, le beau brun se reprit, en la flattant bien comme il le fallait. Un peu trop, même. Tahlia rétorqua, taquine : "Oh, il n'en fallait pas autant. Tu aurais pu t'arrêter après ce ma chérie. ça me convenait très bien." Jamais contente, celle-là. Non mais en réalité, même si c'était dit sur le ton de l'humour, cela faisait beaucoup de bien à Tahlia. Elle n'en donnait pas l'air, mais elle était le genre de femme à se sous-estimer énormément. Encore plus dans un tel moment où tout partait en cacahuète. Konstantin semblait prêt à dégainer des solutions aux problèmes de la brune, ce qui la toucha énormément. "Ton propriétaire va croire que tu sous-loues l'appartement et ça va te poser des soucis." Et ça, elle ne le voulait pas. "T'inquiètes, je ne suis pas à la rue." Elle, elle était chez ses parents. Et Thaïs était chez son père, ce qui était rassurant pour elle. Et quand il lui demanda ce qu'elle cherchait comme boulot, elle lâcha un rire dépité : "Tout. Hormis que je ne veux plus jamais travailler dans un club de strip-tease !" Cet épisode était bien folklorique. "J'ai envoyé des CV. Il faut que j'attende les retours." Elle posa ses yeux verts sur le jeune homme et esquissa un sourire : "Mais merci." C'était bon de se sentir entourée, évidemment. Et alors qu'elle lui retourna la question sur ce qu'il se passait dans sa vie, ce fut au tour de Tahlia de chercher des solutions pour rendre son quotidien plus passionnant. Elle était même prête à venir danser avec lui ! Elle sourit, amusée, quand il lui avoua danser comme un manche à balai, avant de vite froncer les sourcils quand il sortit l'excuse du il est russe. "C'est quoi ce rapprochement tout pourri ? Je veux dire, il y a quand même eu tout un tas de danseurs et ballerines russes qui ont percé !" Elle secoua la tête, quelque peu dépitée. "Mais ouais, je suis franchement partante pour que l'on s'entraîne ensemble." ça ne lui fera vraiment pas de mal. Alors qu'elle but une gorgée de son soda, son regard fut vite attiré par l'énorme chevalière au doigt de Konstantin. Elle ne l'avait jamais vu avec. C'était tout nouveau, disait-il. "Ah oui ? C'est un bijou de famille ? ça coûte une blinde, ce truc !" dit-elle en regardant le bijou. Et elle savait qu'il était tout autant sur la paille qu'elle... Sans compter qu'elle avait déjà vu ce bijou quelque part. Mais où ? Là était toute la question...