one drink to be over him (charlie)

« Charliiiiiiiiiiiiiiiiiiiie », se plaignait Beth en trainant les pieds dans son appartement, ses talons qui claquaient au sol réveillant très certainement ses voisins du dessous. « Je me sens comme un saucisson dans cette robe ! » Pour le coup, la brune portait une robe plutôt ajustée à son corps d'un bleu nuit qui faisait très certainement ressortir le jaune de ses iris. Elle qui avait du mal à accepter son corps après l'accouchement, malgré les compliments rassurants de son petit ami, n'était carrément pas dans sa zone de confort habituelle. « Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté ? », demandait-elle en riant à son amie avant de se tourner vers sa petite qui dormait dans les bras de Azriel. Elle posa un doux baiser sur le front d'Ivy. « Tu m'appelles au moindre souci, d'accord ? Je rentrerai en urgence s'il le faut. » Mais elle savait bien que ça ne servait à rien de mettre en garde son colocataire, il ne le ferait pas. Il gèrerait comme il savait si bien le faire, laissant la belle brune s'amuser toute la soirée parce qu'au fond, elle en avait besoin, elle qui se relayait toujours à son unique rôle de jeune maman. Dehors, alors qu'elles s'étaient finalement dirigées vers la sortie, Beth se retourna vers Charlie. « Alors, tu m'amènes où ? »

Depuis ma conversation nocturne avec Konstantin, j'ai pris conscience de certaines choses. Premièrement, je ne peux plus me mentir à moi-même : je me suis un peu trop attachée à Liam. Deuxièmement, je ne dois plus le laisser envahir mes pensées. Je ne dis pas que je vais tout faire pour l'oublier jusqu'à me mettre sans dessus dessous. La meilleure solution selon moi, c'est de me changer les idées. Sortir, prendre soin de moi, voir mes amies.

Beth se plaint. C'est le moment d'intervenir. Je suis prête à parier qu'elle n'a pas dû avoir énormément l'occasion de sortir en boite depuis son accouchement. Devenir mère est un gros changement dans la vie d'une femme. Je soupire avec exagération. Alors tu es le saucisson le plus canon que je n'ai jamais vu! Je suis prête à parier que la majorité des femmes ayant accouché rêveraient d'avoir son corps. Moi-même j'en rêverais. À côté d'elle je ne fais pas le poids. Ma robe d'un vert émeraude n'a rien d'extraordinaire, simplement ceintrée aux fines bretelles. Beth, elle, est radieuse. En dehors d'être une belle fille, elle est aussi une bonne personne. Il y a bien longtemps que nous avons pas été en soirée. Parce que nous ne sommes pas sorties depuis environ un siècle. Je peux comprendre que laisser son bébé n'est pas facile. Mais elle ne doit pas se sentir coupable. Ivy va bientôt rejoindre le pays des rêves. Elle est dans les bras de son colocataire, qui a la gentilesse de bien vouloir la garder ce soir. Au revoir petit cœur. Ne t'inquiètes pas, je vais bien m'occuper de ta maman. Nous nous dirigeons vers ma voiture. Enfin, celle de mon frère car la mienne se repose au garage. En route mauvaise troupe! Je mets le contact et laisse la voiture un peu chauffer. Sur le... dancefloor! dis-je d'une voix chantante en secouant les épaules. J'éclate de rire, puis reprend mon sérieux. Tu as besoin de sortir, j'ai besoin de sortir. On va boire quelques verres, danser, profiter du moment présent. Moi je le trouve génial ce plan.

Le saucisson le plus canon qu'elle n'ait jamais vu, rien de moins. Beth s'esclaffait devant cette affirmation dont elle doutait. « M'ouais », fit-elle en se regardant le corps de haut. Elle, elle savait ce qu'elle cachait sous cette robe. Si son corps avait retrouvé une taille qui faisait bien rêver des filles, sa peau, elle, avait été marquée par les périples de sa grossesse. Vergetures, petits sillons sur sa chair qui n'était plus jeune et frivole. Beth se demandait même comment Zak pouvait admirer sa peau nue comme il le faisait, alors que pour elle, elle n'avait plus rien de séduisant. À présent, elle se sentait plutôt comme une machine à câlins et réconfort pour la petite Ivy qui, pour ce soir, restait à la maison avec tonton Azriel. « Depuis des siècles, oui », se moqua-t-elle avant de montrer ses rides causées par la parentalité. « Depuis que je suis maman, tu veux dire. » Elle n'avait jamais été une grande sorteuse, de toute façon. Mais depuis Ivy, Beth l'était encore moins. Elle qui croyait que maternité rimait avec absence de soirée. Charlie était sur le point le lui prouver le contraire. Et tant mieux. C'était sans doute ce qu'elles avaient besoin toutes les deux, au fond, de sortir, de danser, de tout oublier, l'instant d'une soirée. Elles sortirent donc, pas sans offrir un doux baiser et à Ivy et à Azriel et sur le pas de la porte, juste avant d'entrer dans la voiture de la brune qui s'extasiait déjà, Beth se montrait curieuse. Charlie bougeait les épaules, se dandinait déjà, alors que Beth, elle, serrait le ventre pour éviter que le reste de sa grossesse ne paraisse dans cette position assise. « Si tu danses comme ça, tu vas attirer tous les garçons vers toi », plaisanta la brune avant de retrouver plus de sérieux. « Tu vas me parler, aussi, ou tu veux seulement boire pour oublier ? » Elle aurait pu prévenir Charlie que dans sa situation, boire pour oublier serait simple. Une consommation et l'effet de l'alcool se ferait sans doute ressentir et elle danserait sur les tables de la boite de nuit en oubliant, l'instant d'une soirée, son rôle de maman.

Avec toutes ces pensées qui se bousculent dans ma tête, je n'envisageais pas de flirter avec un garçon ce soir. Oui sauf que, toutes les lumières seront sur toi! dis-je tout sourire, avec une évidence frappante. Beth est de loin le genre de femme que beaucoup d'hommes envient. Un visage de poupée et un air d'ange. De toute façon, moi, celui que je veux ne sera pas présent. Voiture chauffée, j'enclenche la première vitesse.

Si je compte boire pour oublier? Pas trop dans les plans. Non ça, j'ai assez donné. Je ne vais pas me mettre mal pour oublier. Cette fois, mon sourire est ironique. Je repense à la nuit dernière. On peut dire que je me suis bien amusée, malgré tout. Sauf la partie où je ne me souviens pas ce que je faisais dans les escaliers. Finalement ça ne s'est pas si mal terminé. Ariel ne m'a pas entendu et Konstantin m'a remise d'aplomb. Je crois que je suis en train de cacher beaucoup de choses à mon frère, en ce moment. Il est la seule personne avec qui je ne me suis pas confiée. Et là, je n'ai pas tellement envie de gâcher ma soirée avec Beth en parlant de mes peines de cœur. Mais, ne t'inquiètes pas. Je ne veux pas plomber l'ambiance. On va s'amuser, danser, boire ou ne pas boire, ce que tu veux. C'est ta soirée! Je suppose qu'on doit avoir envie de profiter à fond quand les sorties se font rares, en tant que maman.

Beth secouait la tête. Charlie était magnifique, comment ne pouvait-elle pas le voir ? Surement pour les mêmes raisons qui poussaient Beth à ne pas se rendre compte de sa propre beauté à elle. Mais étrangement, venant des autres, c'était encore plus dérangeant. Elle étouffa un rire gêné. « Dis pas n'importe quoi, tu es sublime », lui confia-t-elle avant de vite se reprendre. « Et je ne cois pas que Zak serait très heureux de savoir que des hommes tournent autour de moi ce soir. » En tout cas, elle, elle ne serait pas heureuse de savoir que des femmes tournaient autour de lui ce soir. Ni aucun autre soir. La voiture se mis en marche, suivant leur conversation de près, défilant dans la ville jusqu'à leur destination. « Te mettre mal ? », demanda Beth avec de grands yeux peinés sur son amie. « Tu veux me parler ? », proposa-t-elle avant de se raviser. « Enfant, quand tu voudras. Plus tard même, si le coeur n'y est pas pour le moment. » Ça, c'était ce qu'elle savait faire de mieux, Beth. Écouter et consoler. Danser, boire, se comporter comme une femme de son âge, ça, elle ne savait plus faire. Charlie pourrait lui montrer. « C'est ta soirée, surtout. » La brune afficha un large sourire et quand la voiture s'immobilisa, elle se retourna vers son amie. « Y'a pas de drogues au moins ici, hein ? »

Tu verras quand on sera sur place! Et que tous les projecteurs seront sur elle. Sa beauté en parait presque surnaturelle. Un visage fin, la peau lisse, une bouche pulpeuse. Zak est le plus chanceux des hommes. J'ai ce sourire incrédule sur mon visage, secouant frénétiquement ma tête de gauche à droite. Je ne lui dirais rien. Je suis une tombe. Je fais mine de zipper ma bouche. De toute façon Beth, c'est le genre de fille droite, qui fait profil bas, au premier abord timide mais qui a besoin de connaître la personne pour se sentir à l'aise. Totalement mon opposé. J'aurais aimé ne pas penser à Liam car en parler m'est également douloureux. Bien sûr j'ai envie de me confier à Beth, peut-être que cela arrivera un peu plus tard dans la soirée.

Point d'arrivée, je me dirige vers le parking de la boîte de nuit. Agh je déteste me garer avec une voiture qui n'est pas la mienne. Je suis obligée de recommencer la manœuvre au moins trois fois. Ariel me tuerait si je la raye. Enfin garée, je referme les rétros et déverrouille les portes. De la drogue? Cette fille va me faire mourir de rire. Du calme inspecteur, on n'est pas là pour ça! Je me mets à éclater de rire. Jamais je ne l'emmènerais dans ce genre d'endroit. Ça fait combien de temps exactement que tu n'es pas venue en boite de nuit? l'interroge en prenant mon petit sac en velours dans le coffre.

Elle n'en était pas aussi convaincue, Beth, qu'elle le verrait sur place. En même temps, elle n'arrivait jamais à déceler quand les hommes s'intéressaient à elle. Elle avait si peu confiance en elle qu'elle ne le remarquait pas. Il n'y avait qu'à voir sa relation avec Zak pour le comprendre, lui qui avait longtemps vu l'Anglaise dans sa soupe mais elle qui n'y voyait que de l'amitié. Concernant Jackson, c'était un peu la même histoire. Jamais elle n'avait pu se douter qu'elle l'avait marqué le soir du Nouvel An, jamais elle n'avait pu s'imaginer qu'il pensait à elle autrement. Il y avait un peu de sa grossesse et de son nouveau rôle de maman dans cet aveuglement, mais pas que, elle avait toujours été comme ça, mauvaise avec les hommes. Ce n'était pas pour rien qu'elle n'avait eu que très peu de relations. Beth ne répondit rien, laissant Charlie la charrier sur sa beauté, opinion à laquelle elle n'adhérait pas. Mais on disait que la beauté est dans l'oeil de celui que la regarde, et Charlie avait son opinion. Beth éclate de rire quand Charlie fait mine de garder cette soirée dans sa tombe. Zak n'a rien à craindre, il n'y a que lui dans la tête de la traductrice. Et jamais elle ne serait en mesure de commettre l'irréparable. De toute façon, rappelons-le, elle serait incapable de voir qu'un mec la drague. Arrivées à destination, les deux filles sortirent du véhicule. Charlie se dirigeait vers le coffre pour sortir son sac alors que Beth, elle, replaçait sa robe dont elle regrettait le choix tant elle était ajustée, elle avait tendance à remonter et livrer une vue presque scandaleuse sur ses fesses. Et à ce moment, elle osa demander dans quel genre de soirée son amie la trainait. Comble pour Beth, Charlie éclatait de rire. Beth, incrédule, avait honte. « Euh... » Depuis combien de temps n'était-elle pas sortie en boite de nuit ? « Au moins plus d'un an... » Avant l'arrivée d'Ivy, avant la grossesse même. « Je suis sortie pour le Nouvel An, mais ça n'avait vraiment rien à voir avec cette soirée. Et de toute façon, j'étais enceinte. » Ça n'avait tout de même pas empêché Jackson et Fede de craquer pour elle, rappelons-le. « Ça va, je suis pas trop out pour sortir avec toi ? T'as pas honte de te montrer avec une fille comme moi ? » C'était sur le ton de l'humour, Beth souriait, mais il y avait tout de même une partie de vérité dans ses propos.

En nous dirigeant vers la boite de nuit, je m'arrête brusquement et reste droite comme un i. Tu te mets trop la pression ou c'est moi qui te mets trop de pression? Je m'en excuse. dis-je avec joie, avant de la prendre par la taille. Alors que nous avançons j'ai cette pensée que, même les femmes les plus belles peuvent manquer de confiance en elle. Par chance ou plutôt parce que nous sommes arrivées tôt, il n'y a pas foule. Le vigile nous laisse rapidement passer. Je propose qu'on aille boire un verre avant de te voir bouger sur le dancefloor! Mon enthousiasme rebondit. L'hôtesse des vestiaires m'adresse un sourire amusé. Quand nous rentrons dans la première salle, je remarque que la musique n'est pas encore très forte - ce qui va nous permettre de pouvoir discuter encore un peu. Au bar le serveur est assez mignon mais ayant la réputation d'un gros baratineur, je prends un ton glacial. Je vais prendre une vodkapple. Basique, simple. Je me retourne vers Beth, beaucoup plus souriante. Tu veux boire quoi?

À vrai dire, c'était sans doute un peu des deux. Mais ça, Beth le gardait pour elle. Parce qu'en réalité, elle devait se compter chanceuse d'avoir une copine qui la tirait de force pour s'amuser un peu. Sans Charlie, sans Lys, sans Zak, jamais elle ne penserait à s'amuser, Beth. Elle ne ferait que vivre pour son rôle de mère. Et bien qu'elle vivait Ivy, respirait Ivy, pensait Ivy, parfois, il fallait qu'elle s'attribue un peu de l'importance. « C'est moi, je crois que je ne sais plus comment ça marche.. Sortir, avoir du plaisir et tout ça. » C'était tellement plus son quotidien que c'était comme si elle l'avait oublié... Et pourtant, Beth n'avait que 26 ans, elle était en plein dans l'âge où on s'amusait, où on faisait des conneries et où on le regrettait le lendemain. Seulement, pour la brune, elle ne pouvait plus se permettre ce genre de choses. Elle se devait de maintenir un certain équilibre pour sa fille. Charlie proposa de prendre un verre d'abord, histoire, sans doute, de se réchauffer avant de tâter la piste de danse. Ça lui allait, à la traductrice, qui suivit son amie jusqu'au bar où elle commanda un cocktail qu'elle ne connaissait pas. Beth éclata de rire. « Je suis définitivement trop out pour sortir avec toi », décréta-t-elle avec humour avant de hausser les épaules. « Euh... Un gin tonic ? » Son ton était incertain, comme s'il y avait une mauvaise réponse à la question de la pâtissière.

Charlie, freine-toi un petit peu. Ma petite voix intérieure m'alerte. J'y vais peut-être trop fort. Beth n'a pas l'habitude de sortir en boîte tous les week-ends, quoi de plus normal quand on est une mère. Mon but n'est pas de la soûler ivre morte à la fin de la soirée. Je cherche juste à ce qu'elle s'amuse et qu'elle laisse sa casquette maman à la maison. Objection votre honneur, je corrige mes propos. Tu es une jeune maman, et tu es aussi une jolie jeune femme. Tu as le droit de t'amuser, danser, prendre soin de toi. Tiens oui, on devrait se faire un spa la prochaine fois. Non, non, tu feras un spa. Je garderais Ivy, d'accord? après réflexion, je me demande si je n'aurais pas dû lui proposer ça à la place.

Nous rentrons dans la boite et je suggère qu'on aille commander un verre. Je prends une vodkapple. Vodka et jus de pomme, un classique. Simple, basique, tout moi. Je crois que Beth n'a aucune idée de quelle cocktail il s'agit. Elle commande un gin tonic. Je frissonne. Je n'aime pas l'eau pétillante et ce mélange acidulé ne m'a jamais attiré. Je perçois une appréhension sur son visage. Mon sourire s'élargit. Il n'y a pas de mauvaise réponse, promis. dis-je en lisant dans ses pensées. Qu'elle ne se sente pas obligée à boire un verre avec alcool. Le serveur nous sert, j'exécute un paiement sans contact et nous nous installons à une table. Je reprends, avec douceur Tu sais, on n'est pas obligée de rester très longtemps. Ceci n'est pas un kidnapping. Tout ce que je veux, c'est qu'elle passe un bon moment.

Charlie avait le même discours que la majorité de l'entourage de Beth. Jeune maman ne signifiait pas arrêter de vivre. Elle devait prendre soin d'elle, sortir pour décompresser. Moins souvent, certes, parce que ses priorités étaient différentes aujourd'hui qu'avant. Mais tout de même. Le discours de Charlie fit rire la brune. « Vous semblez tous penser comme ça », lui confiait-elle. Zak, Lys, Azriel, Milo, ils pensaient tous que Beth se voilaient trop souvent derrière son rôle de maman et pas assez derrière celui de jeune femme. Mais quand son amie lui proposa de garder Ivy alors que sa maman passerait une journée au spa, Beth secoua la tête. « Non, non non. Tu ne vas tout de même pas garder ma fille pendant que moi je me détends. » Pour elle, ça en était presque qu'inconcevable. « On ira ensemble... Sans doute que Zak pourra garder Ivy pour la journée. » Ça serait la première fois qu'elle lui demanderait un service de la sorte. Jusqu'à maintenant, dans leur relation, elle ne l'avait pas autant inclus dans la vie d'Ivy. Il ne fallait pas croire que Zak ne faisait pas partie de la vie de sa fille, bien au contraire, mais jamais elle ne lui avait demandé de la garder. C'était aussi sans doute parce que toutes les fois où elle avait eu besoin d'une gardienne pour la petite, c'était pour passer du temps avec lui. Mais il fallait bien un début tout, non ? Dans la boite de nuit, la musique retentissait déjà fortement, laissant un bourdonnement dans les oreilles de la traductrice auquel elle n'était pas habituée. Ça et commander au bar. « Merci », dit-elle quand la brune effectue le paiement. Mais quand celle-ci reprend la discussion en supposant qu'elles n'étaient pas obligées de rester longtemps, Beth secoua à nouveau la tête. « Non non non ! On est venue pour danser, on ne va pas partir après un verre. Je n’ai pas mis cette robe et fait mes cheveux pour rester qu'une heure !! » Elle souriait à son amie, mais, surtout, sortir lui ferait aussi un peu de bien.

Nous pensons tous comme ça c'est qu'on a tous raison je pense intérieurement, un sourire compatissant. Il est normal pour une mère de n'avoir d'yeux que pour son enfant, quitte à s'oublier et ne pas prendre soin d'elle. Mais Beth peut compter sur bon nombre d'amis pour l'encourager à relayer et souffler un peu. J'envisage une séance spa pour ma Beth, qui refuse d'y aller seule. On ira ensemble, alors. Entre filles, c'est encore mieux. Se faire bichonner, papoter, se détendre... Je ne manquerais pas d'organiser ça pour la prochaine fois.

Ivy doit être dans les bras de morphée, mais si sa maman s'ennuie, on partira. C'est comme tu veux. Tu n'as qu'a me dire. Je préfère m'en assurer. Depuis qu'elle est mère, Beth n'a plus le même rythme de vie. Je ne m'attends pas à ce qu'on rentre à quatre heures du matin.

Après avoir commandé nos verres, nous nous installons à une table proche de la piste. Avec mes yeux malicieux, je lève mon verre et trinque avec le sien. Tiens, je vais te montrer avec qui j'ai matché sur l'appli BowenTie Je me décale plus près d'elle et m'adosse au fauteuil. J'ouvre l'application et lui fait défiler les photos de profils. Mon cœur fait un bond. Je tombe en premier sur Liam. Je descends rapidement et passe directement sur la photo de Woody. Il y a lui, j'apprends encore à le connaitre Je descends plus bas et tombe sur la photo d'Ethan, un mec ultra tatoué. Lui, il est vraiment sympa. Sans prise de tête. Mais y'a pas d'ambiguité. Je descend à la photo d'Edd. Lui, il me fait rire. On ne s'est pas encore vu. Je descends à la photo de Théo. Lui, très mignon aussi. Mais bon il est jeune papa et je pense qu'il n'est pas dans l'esprit de séduction. Ou je dois juste pas lui plaire. dis-je dans un rire. Puis je me rends compte que je mets toute la volonté du monde pour ne plus penser à Liam. Pathétique.

Ils avaient sans doute tous raison, oui. Mais pour une maman comme Beth, c'était difficile de l'avouer. Elle commençait à le ressentir, cependant, qu'il lui fallait retrouver son identité de femme. Être maman célibataire, ça amenait aussi son lot de défi. Si en temps que couple, parfois, on se sentait plus parents que amoureux, pour Beth, elle devait jongler entre ses différentes casquettes. Elle avait d'abord celle de maman qui, avouons-le, elle portait assez bien. Mais elle avait aussi celle d'amie, qu'elle tentait de porter aussi bien, mais qui était parfois de travers, floutée par l'autre rôle. Elle se devait aussi de porter le rôle d'amoureuse, c'était sans doute le chapeau qui lui allait le plus mal, non pas parce qu'elle n'aimait pas Zak, elle l'aimait à en mourir, mais parce qu'elle avait si peu de temps. Zak n'avait pas d'enfants et Beth n'était même pas certaine qu'il en voudrait un jour. Elle se sentait comme si elle imposait son mode familial dans la vie de Zak alors qu'en réalité il n'avait jamais demandé à avoir un enfant aussi près. Enfin, pour l'instant, elle tentait de ne pas y penser. Charlie et elles étaient en boite pour avoir du plaisir et c'est ce que la brune tenterait de faire, sans trop penser à sa Ivy qui dormait sans doute déjà, oui, et qui ne se réveillerait que demain matin. Puis, au fond, elle était certaine qu'au petit matin, Azriel ou Milo se proposerait pour faire manger Ivy pour donner un moment de répit à la jeune maman. Charlie entreprit de montrer à son amie ses matchs sur l'appli de rencontre de la ville, ce qui intéressa la traductrice. Charlie fit défiler les photos, expliquant son ressenti pour chacun. À certains moments, Beth lâchait des : « Il est pas mal ! » ou alors des « Oula, canon », mais une question brûlait ses lèvres. Elle s'intéressa tout de même, d'abord, à la dernière réflexion de son amie, avant de lui poser sa question. « N'importe quoi, tu dois évidemment lui plaire. Regarde-toi un peu ! Mais, tu sais, je pense que je peux comprendre l'état dans lequel il est. C'est difficile de draguer et d'être parent.. » Elle parlait en connaissance de cause, évidemment. « Et le premier ? », demanda Beth, question qui l'avait intriguée dès le départ. « Celui dont tu as passé le profil sans même me parler de lui ? Il est genre recalé ? », gloussa Beth. Peut-être que le courant ne passait pas entre eux, tout simplement, et que ça ne valait pas le coup d'en parler. Mais avec elle, Charlie pouvait tout dire.

En attendant de nous échapper sur la piste de danse, je lance le défilé des hommes avec qui je discute virtuellement sur l'application BowenBowTie. Chacun a le droit a un petit commentaire, sauf Liam, qui en réalité occupe toutes mes pensées.

Bien entendu, Beth est la mieux placée pour me parler de Théo, qui est jeune papa. Parfois lors des échanges, on se rend compte que le feeling ne passe pas et j'émets la supposition de ne pas lui plaire. Supposition qu'elle réfute aussitôt. Je me mets à rire. Beth n'est pas objective du tout, j'ai envie de l'enlacer tellement qu'elle est adorable. Et je comprends ce qu'elle veut dire, difficile de rentrer dans un jeu de séduction quand sa vie tourne autour de son enfant. Je te raconterai si la situation évolue, et bien sûr je sais que je peux me tourner vers toi pour demander conseil. Car j'imagine que ce n'est pas évident de trouver sa place dans ces circonstances.

Rien n'échappe à Beth. Liam n'est pas passé inaperçu car il est seul dont je n'ai pas parlé. J'ai besoin d'une fraction de seconde pour faire un choix. J'évite, je n'évite pas? Il est genre beau parleur, qui draguent tout ce qui bougent, avec aucun principe dis-je d'un air faussement détaché, évitant très soigneusement le regard de Beth. Puis, je roule des yeux. Ce sujet était inévitable, il flotte dans ma tête depuis bien trop longtemps. J'ai besoin d'alléger mes pensées. Bon, ok... On se voit de temps en temps. Il me plaît vraiment, beaucoup, beaucoup! Je le connais à peine. Des fois je me dis, c'est juste physique. Que c'est une attirance charnelle, rien d'autre. Puis je rentre à la maison et c'est l'effet tornade. Je ne fais que penser à lui. Je prends un des flyers sur la table et me mets à le tripoter nerveusement. Qui sait ce qu'il fait lui, maintenant? Sûrement avec avec une autre. Alors que moi je suis là, à parler de lui.

Elle n'était effectivement sans doute pas objective, cette forte amitié qui grandissait entre les deux brunes justifiait la prise d'opinion de l'Anglaise. Mais, d'un autre côté, ce qu'elle lui confiait n'était pas faux, c'était aussi un peu de sa propre réalité à elle. Être parent et séducteur, ce n'était pas forcément deux rôles qui se remplissaient bien simultanément. Encore moins si, comme elle, cet homme au regard de braise avait son enfant avec lui à tout moment. Rafael voulait être présent pour Ivy, mais autant Beth savait qu'il aimait sa fille, autant leur réalité ne leur permettait pas ce genre de choses. Toujours en déplacement professionnel, toujours occupé, ce à quoi il servait, c'était surtout de s'assurer que la petite ne manque ni de couches ni de lait. Et, plus elle grandissait, les moments où il se proposait pour la garder pour la nuit, ou même seulement un après-midi, étaient devenus rares. Elle était donc maman à temps plein, pas la peine de mentionner comment c'était difficile de trouver un moment de pause pour devenir Beth l'amoureuse. Et même quand elle l'était, toutes ses pensées se voyaient se diviser entre profiter de l'instant présent avec Zak et ce que pouvait bien faire sa petite à la maison avec ses tontons. « Toujours », lâcha Beth quand la brune lui dit qu'elle pourrait se tourner vers elle pour des conseils. Mais bien vite, elles arrêtèrent de parler de ce jeune papa pour se concentrer sur le seul des hommes de la liste à ne pas avoir eu sa description personnelle. Beth osa demander ce qui advenait du premier en tête de liste, l'attitude de Charlie se transforma. Merde, elle avait touché une corde sensible, bien évidemment, un rendez-vous qui s'était mal passé, peut-être. Ou, alors, plusieurs rendez-vous merveilleux gâchés par la découverte d'une autre femme dans le décor ? Beth hochait la tête, comprenant exactement comment Charlie pouvait se sentir, elle qui en avait fréquenté un, un beau parleur. « Ce sont les pires », acquiesça-t-elle en récupérant son verre de Gin pour le porter à ses lèvres. Elle pensait qu'elles avaient vécu une chose similaire, seulement, Charlie lui confia la vérité sans attendre. Merde, au fond, c'est qu'elle l'aimait bien, ce type. « Charlie ! », lâcha Beth d'une petite voix trop aigüe. « T'as l'impression qu'il se moque de toi ? », tenta la brune de comprendre. Comment avait-elle pu passer de ce mec est une ordure à ce mec me plait en un rien de temps ?