smile is the key ⤅ tobias

smile is the key

C’était à l’entrée d’une sorte de bar un peu déjanté que la jeune interne en chirurgie se retrouvait, un verre à la main, à discuter avec concentration avec une inconnue rencontrée à peine trente minutes plus tôt. Elle était sortie faire la fête en ville, comme souvent, avec des potes, et de fil en aiguille, s’était retrouvée entraînée de bar en bar de plus en plus loin de leur point de départ, avec de moins en moins de gens qu’elle connaissait, laissant son enthousiasme naturel et sa sociabilité à toute épreuve lui faire vivre une soirée imprévue. Comme bien souvent aussi, d’ailleurs. Et toute cette aventure avait donné lieu à ce qu’elle s’essaie désormais aux langues étrangères avec une personne qu’elle connaissait à peine. Elles avaient discuté pendant longtemps, temps d’ailleurs durant lequel Charlie n’avait absolument pas remarqué qu’elle avait face à elle une drag queen transsexuelle. Et si elle l’avait su, elle en aurait eu la mâchoire décrochée, tellement elle ne l’aurait pas deviné. Elle aurait sûrement été admirative aussi, et peut-être même secrètement un peu jalouse, de voir des personnes capables d’assumer leur identité de façon aussi sincère et belle. Parce qu’elle, elle galérait déjà à se donner ouvertement l’étiquette de bisexuelle. Problématique, quand on éprouvait des sentiments pour une fille et qu’on faisait des conneries pour fuir cette réalité et se persuader vainement qu’on ne ressentait rien de plus qu’une bonne amitié. En attendant, Charlie s’essayait depuis une dizaine de minute au swahili avec son interlocutrice, qui lui avait parlé de ses origines burundaises. « Una miaka mingapi ? » répéta-t-elle avec le plus de précision possible, avant de sourire avec satisfaction quand la jeune femme face à elle lui répondit dans sa langue natale, avant de la féliciter en anglais pour la justesse de sa prononciation. Qui l’eut cru. Peut-être qu’elle pourrait aller travailler au Burundi, un de ces jours, ou dans un autre pays du continent africain où l’on parlait le swahili. Bon, d'accord, là elle lui avait juste demandé son âge, et elle aurait sans doute oublié la phrase demain, surtout avec l'alcool dans son système. Elle trinqua avec sa nouvelle amie du jour avant de prendre une gorgée de son verre, enthousiasmée par l’ambiance festive de l’endroit et les tenues grandioses portées par quasiment toutes les personnes présentes. Elle ne savait pas trop où elle était tombée, mais cet endroit lui plaisait.

smile is the key

Le lieu était animé comme chaque soir, un bon nombre de personne, qui avait juste en tête de s'amuser. La simple régle, pas de différence, pas de question. Le dicton venait comme vous êtes, n 'était que plus vrai ici. Rien que ça, Tobias enfin Thais se sentait comme chez lui/elle. Ce soir, c'était elle, comme bien souvent. D'ailleurs, on le connaissait sous cette forme féminin, exubérante, pas le moins discréte . Cette femme qui n'a pas la langue dans sa poche, et qui n'a pas froid aux yeux. Dans une certaine mesure, bien sûr. Sous ces tâlons ailuilles qui dominait l'ensemble, dans un robe ongue qui dessinait sa silhouette longiligne, elle était remarquable. Elle aimait cela, les regards posaient, la tentation, la curiosité. Tout le contraire de Tobias, aux mœurs discrètes, qui cherchait à se faire oublier. Éveiller un peu trop la curiosité cependant, surtout, envers un. Monnaie courante, nonpas trop. Derrière le costume, bien souvent ou n'oublier pas que c'était un homme qui se cachait derrière. Du faux, rien que faux, de la poudre aux yeux. Une main venait entourer sa taille, s'approchant d'un peu trop près à son goût. «  Mon grand touche pas à ça ! » La voix était tout autant assuré, quelle était sous l’intonation de la méfiance, de la prévention. Mais l'homme semblait sourd, insensible. Si il ne tenait pas tant que ça à la vie... Parce qu'il ne semblait pas comprendre l'avertissement. Ces mains, un peu trop baladeuses. Quelle est la façon intelligente de répondre... ? Il n'y avait pas trente-six solutions, enfin dans la tête de Tobias. La clé de bras, Si Tobias assumait complètement ce qu'il faisait, il ne se considérait pas non plus, comme une vieille marchandise qu'on pouvait tripoter. Bien l'ego en avait pris un coup, bien sûr, quad on n'a un ego surdimensionné comme celui qu'il avait en face. Venait les paroles de trop, c'était mal connaître Tobias, ou là, à la rigueur Thais qui ne se gênait pas à envoyer sa chaussure à talon aiguille au fuyard. Atterrissant sur une table parmi les verres. Mince ! Les frais allaient être pour lui ! Il s'avança à la table des jeunes femmes, reprenant son dû. « Tu me dois une paire de talons aiguille !  » Sa voix s'adressait haut et fort, face à un courant d'air, avant de poter son attention sur la table. « Je suis désolé, je vous dois un verre ! » Un sourire sur les lèvres, désolé. Et beaucoup plus calme.

La conversation, ainsi que l’apprentissage du swahili, se vit écourtée par une chaussure dotée d’un talon aiguille extrêmement haut atterrissant au milieu des verres, en renversant une partie sur le chemisier de Charlie. Elle lâcha un cri de surprise, plus parce que c’était froid, le cocktail étant fait plus de glaçons que d’alcool. « Damn it ! » s’écria-t-elle avec un brusque mouvement de recul. Une voix s’éleva, et le temps qu’elle cherche à comprendre la situation qui venait de se dérouler devant elles, une jeune femme à la stature aussi élégante que sa tenue était extravagante et extraordinaire leur proposa de leur payer un verre en guise de réparation. Sur le coup, Charlie resta interdite un instant, prenant conscience qu’elle ne parvenait pas à savoir avec certitude si la personne face à elle était une femme ou un homme. Peut-être les deux ? L’endroit semblait accueillir bon nombre de personnes dont le sexe ne semblait pas avoir la moindre importance. Si elle ne connaissait absolument pas ce monde, maintenant qu’elle y posait quelques secondes de réflexion, la jeune fille décida qu’elle aimait cette ambiance et cette liberté d’expression corporelle et identitaire. « Ah ben ce serait cool oui ! Parce que je suis pas sûre que mon chemisier va survivre à ce carnage… » s’exclama la brunette en se tournant vers la jeune femme, son expression plus amusée qu’outrée. Les accidents de soirée, ça arrivait, souvent même, et elle n’en était pas à son premier vêtement potentiellement perdu à tout jamais. Mais bon, c’était qu’un cocktail, pas de la sauce tomate, elle pouvait toujours entrevoir l’espoir de faire disparaître la tâche à la lessive. « Ce sera un Long Island pour moi. » fit-elle en mimant un air de diva, son menton venant s’appuyer sur la paume de sa main. Malgré l’incident, elle n’avait pas perdu un gramme de bonne humeur et son ton était jovial, ses iris bleu iceberg pétillant de malice.

Le culot des gens... Son geste était mal maîtriser, depuis quand il ne savait pas visé ? Il lui aurait décroché dans la tête, dans ces meilleurs jours. La, peut-être pas, il n'avait pas envie de lui planter un talon aiguille dans la tête, la tenue orange ne lui allait pas au teint et il n'aimait pas les oranges... Il était vraiment confondu toutefois, d'avoir embraqué dans cette histoire, une table, qui n'avait rien demander à part passer du bon temps. À leur place, Tobias n'aurait peut-être pas réagi aussi bien à a situation. En fait, non, il ne le savait même pas. Ce qu'il savait au moins, c'est qu'il n'était pas tombé sur une table entourait de montagne de muscles. Ouai, question ennuies, c'était plutôt son genre. « Je suis vraiment désolé. Pour votre chemisier.... Je vais le prendre en charge. D'ailleurs, il est très sympa sur vous ! C'est la moindre des choses, pour me faire pardonner. » Au moins, elles n'avaient pas l'air de le prendre heureusement pour elle/lui. Il claqua des doigts, certainement comme son interlocutrice, en jouant un peu les divas, ça c'était le côté Thais. Mais l'effet n'était pas le même, la réponse était silencieux. Sa langue venait claquer son palet, amusé. «  Il faut tout faire soi-même, je n'ai pas encore les avantages qui vont avec l'option de la demoiselle en détresse... » Et il ne l'aura jamais, il avait horreur de ça. Il prit la commande de l'autre femme qui l'accompagnait avant de partir au bar. L'équilibre déstabiliser. Et c'est seulement arriver à destination qui jugeait pour le bien de tous, d'enlever la chaussure qui lui restait. Ça pouvait être bien pire qu'une chaussure... Verres en mains, dans un geste de torsion à chaque fois qu'il croisait quelqu'un. Le défi était de taille. Les verres arrivaient sans encombre et un soupir libérateur, franchissait ces lèvres. « Excusez-moi... On fait échange je reprends ça pour le bien de tous... Et je pense que vous en avait pas besoin... ça fait tâche » Entre deux doigts, la chaussure lévitait pour finir sa course, au sol, avec dégoût. «  Et après avoir fait les présentation avec mon talon aiguille, je m'appelle Thais... Je vous assure tout ça n'était pas un plan drague... » Les gestes venaient avec la parole. Thais était très gestuelle.

Charlie avait lancé ça sur le ton de l’humour, surtout, dramatisant la situation sans se départir de son sourire, et elle fut surprise que son interlocutrice propose sincèrement de s’occuper du chemisier. Elle lui glissa d’ailleurs un compliment en prime, et la brunette fut touchée par tant de gentillesse et de prévenance. « Oh mais non non, c’est pas la peine, je vous assure, c’est franchement pas grave ! Vous embêtez pas. » protesta la jeune interne. C’était pas la première fois qu’elle subissait un accident de soirée, et généralement, ce type d’accidents étaient provoqués par elle-même, quand elle avait un gramme de trop dans le sang. Elle n’allait certainement pas laisser quelqu’un s’embêter pour récupérer son chemisier alors qu’elle était la première à malmener ses vêtements quand elle avait bu. La jeune fille ne sut pas trop comment prendre la phrase suivante de la personne face à elle, mais cette dernière disparut pour aller chercher leur commande, et la brune échangea un regard surpris avec la personne assise à côté d’elle. Finalement, la jeune femme revint à leur table, leurs consommations en main, et Charlie s’empara de la chaussure à talon pour la rendre à sa propriétaire, qui l’échangea contre leurs verres. « Ouah, merci beaucoup ! » lança Charlie, le regard brillant, amusée par l’attitude de son interlocutrice, riant quand elle se présenta après son talon aiguille. « Enchantée, Thais ! Je vous crois sur parole. Moi, c’est Charlie ! » répondit la brune en se présentant à son tour, tout sourire devant l’humour de la jeune femme, et elle l’invita d’un regard à s’asseoir à la table. Finalement, c’était donc bien une femme, à en croire les présentations. Ou une personne qui se revendiquait femme, si Charlie saisissait bien tout le contexte. Elle aurait aimé poser la question, mais ça ne se faisait clairement pas. En réalité, elle était impressionnée, très intriguée, et presque intimidée, en fait. Elle avait envie d’en savoir plus et de comprendre, mais elle ne voulait pas paraître pour une ignorante ou pire, heurter quelqu’un. À la place, elle prit une gorgée de son Long Island, la paille entre les lèvres.

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Tobias/Thais, même si c’était la même personne sous le déguisement, avait des principes. Dépasser peut-être, est-ce que ça allait si surprenant ? Il se posait la question face à la répartie de son interlocutrice. Elle avait l’air joyeux que ça en était communicatif, c’était plus facile d’aller vers des gens positifs et que grincheux en puissance. Il n’insista pas cependant même si ça quelque part, ça le déranger de la laisser comme ça. Il trouvera bien un autre moyen pour se faire pardonner, de sa maladresse. Un verre lui semblait être le meilleur compromis, sans dégât, ça serait encore mieux. Comme s'il avait besoin de talon aiguille avec ces un mètre quatre-vingt-dix. Mais une dame sans talon… Il fallait bien ça pour affiner sa taille masculine, un peu trop prononcer. Imaginer assez bien sa première fois, sur des échasses. C’était à se demander de quel côté, allait-il tomber ? Et le nombre incalculable ou ces pieds ressemblaient plus à des choux-fleurs, et les bleus qui parsemait son corps de bleus, pour avoir fait un slalome digne d’un karting entre les tables. Mais il a su très jeune, ce qui voulait fait. Peu commun, décaler, et pourtant un choix toujours assumé. La commande arrivait sans encombre, il remercia Charlie pour l’invitation, avec ce sourire qui ne le quittait pas. « Enchanté Charlie alors ! ». Il avait commencé assez à se fasciner pour ce spectacle, l’amusement, sans la moindre retenue. C’était de la rêverie dans un monde un peu trop brutale. «  En fait, c’est Tobias, mais dans ce club … On me connaît surtout Sous Thais. » Des personnes n’avaient pas la même patience, pour lui poser des questions. Mais quelques personnes avaient beaucoup plus de réserve, surtout les femmes étrangement. Ces mots étaient sortie avec un certain amusement, tout en prenant une gorgée de sa boisson. «  Mais qu’est-ce que vous fait ici, à part vous amusez, je pense que toutes personnes ici ? Je veux dire qu’on croise surtout des personnes qui n’assument pas le côté de sa sexualité, ou ceux qu’ils veulent d’autres sensations... » Parce que la plupart ici, ne finissaient pas la soirée seule et il y avait une certaine curiosité. Lui faisait peut-être partie des seuls personne, la seule personne à ne pas s’être posé de question sur sa sexualité. Son boulot éveillait beaucoup de curiosité et il en voyait chez Charlie, ça l’amuser un peu. Il s’imaginait les questions qu’elle devait se poser. Celles qui entendaient souvent. «  Pour ma part, je n’ai pas de problème identitaire. Je suis là parce que j’aime le spectacle et peut-être amuser…. Et bavarder... » La preuve, il se voulait détendu, mais peut-être que c’était trop… C'était plus facile de parler de soi-même pour lâcher une certaine crainte en face...