#13 - hide away (milo)

Deux semaines. Deux semaines que Beth vadrouillait entre l'appartement et Lys et la maison de Zak, accompagnée d'Ivy. Deux semaines à trimbaler sa maison sur son dos, alors qu'une maison, elle en avait une. Elle était venue dormir vite fait au treize, un soir où elle était allée rejoindre Azriel au Hendrix, il avait insisté pour la raccompagner à la maison, mais depuis elle n'y avait pas remis les pieds. Du moins, jusqu'à cette après-midi-là. Entre ses nuits chez Lys et celles chez Zak, Beth et Ivy commençaient à manquer de vêtements et de petits trucs de leur quotidien. La brune s'était donc dit que de passer en après-midi, alors que les garçons seraient au boulot, serait la meilleure façon d'éviter de croiser Milo. Éviter de croiser Milo, jamais elle aurait cru un jour se rendre là. Si la traductrice cherchait tant à éviter son meilleur ami, c'était surtout pour éviter que les disputes ne reprennent, que son coeur se déchire à nouveau. Alors qu'au fond, il lui manquait terriblement. Arrivée au treize, Beth posa Ivy dans le salon où la petite fut ravie de retrouver ses jouets laissés dans le panier près du sofa. « Maman fait vite », lui dit-elle en embrassant la cime de sa tête. Deux ou trois nouveaux ensembles, des couches pour la petite, des jouets, c'était tout de dont elle avait besoin. Elle commença donc à remplir son sac, sans entendre la porte d'entrée qui s'était ouverte. La seule chose qui déconcentra la jeune maman de sa fouille avait été les rires de sa fille. Intriguée, Beth s'avança dans le séjour pour découvrir Milo assis au sol devant une Ivy tout sourire. « On passait vite fait... », se justifia-t-elle devant son meilleur ami. « J'avais besoin de deux trois trucs pour Ivy... »

Cela faisait deux semaines que Beth et Ivy avait pris la fuite de l’appartement. Tu étais responsable de tout ça, et tu t’en voulais énormément. Ta meilleure amie te manquait, elle ne t’avait jamais autant manqué que ces derniers jours. Après tout, tu n’avais jamais été séparé d’elle aussi longtemps, et c’était une torture. Elle était ta conscience, ton bon sens et ton cerveau parfois. Tu étais partie faire une séance photo pour un magasine du coin. Ca faisait longtemps que tu n’avais pas sorti ton appareil mais il fallait bien payer le loyer et avoir un salaire. Alors avec ça, tu en avais au moins pour deux semaines, vu le cachet que tu avais reçu à la fin de cette séance. Tu avais pris ton temps pour rentrer à l’appartement, le cerveau vide mais bien plus en forme que ces derniers jours. Tu faisais une pause, pour toi, pour ta tête et ta bonne santé. Depuis quelques jours, tu avais repris des couleurs mais pas énormément de poids, parce que manger devenait une épreuve. Lorsque tu entrais à l’appartement, tu entendais des gazouillis dans le salon. Le sourire arriva tout de suite sur ton visage, sachant que c’était Ivy qui faisait ces bruits-là. Tu te précipitais pour la voir, elle avait ce grand sourire sur son visage en te voyant, tout comme toi. Elle aussi elle t’avait manqué. Alors tu jouais doucement avec elle, jusqu’à ce que la mère débarque dans le salon. « Te justifies pas, c’est aussi ton appartement » dis-tu en effaçant légèrement ce sourire sur ton visage. Mais elle était là, devant toi. T’avais merdé, lorsque tu t’étais fâché avec elle, il y a quelques jours. « Beth… est-ce qu’on peut parler, s’il te plait ? » demandas-tu en portant un regard sur elle, un peu triste parce que tu t’attendais à une réponse négative de sa part.

Il n'était pas réellement le seul responsable. Beth était montée vite sur ses grands cheveux, elle avait surchauffé comme un Asus le faisait quand il buguait. Elle s'était énervée alors qu'en réalité, Milo, il n'avait rien fait. Pas encore. C'était la peur, cette frayeur qui prenait au ventre quand elle se mettait à penser qu'il pourrait se foutre en l'air, en un rien de temps. Peut-être qu'il l'aimait, Effy, peut-être qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, mais l'Anglaise était incapable de faire dépit des addictions de celle qu'elle ne connaissait pas, finalement, et qui pourraient ravager son meilleur ami, celui à qui elle tenait le plus à Bowen, hormis Ivy. Alors qu'elle avait fourni son sac et que le son de la voix de Milo vint lui sonner une alarme, Beth sorti de sa chambre, son ordinateur HP dans une main, le sac dans l'autre, rencontrant le regard de Milo. Malaisée, elle chercha à se justifier. Et elle sourit timidement quand son meilleur ami lui rappela qu'elle était autant chez elle que lui, chez lui. Elle s'avançait vers la porte d'entrée pour y poser son sac et son ordinateur et entreprit de récupérer Ivy pour laisser Milo à ses affaires, quand il lui fit remarquer d'une voix plus triste qu'il ne l'aurait sans doute voulu qu'une discussion d'imposait. « Oui... », décréta la brune en hochant la tête. « Laisse-moi une minute », lui demanda-t-elle en souriant faiblement. Beth jeta un coup d'oeil à Ivy, souhaitant qu'ils soient assez adultes pour éviter de s'envoyer des piques et de faire monter le ton devant la petite, avant de parcourir l'appartement vers la cuisine où elle récupérait une Apple bien rouge, l'angoisse qui faisait surement se creuser son estomac. Elle revint au salon avec la pomme, croqua dans cette dernière avant de pointer le sofa à son meilleur ami. « Acer-toi... Euh.. je veux dire assis-toi... » Pourquoi était-elle aussi nerveuse, tout à coup ? Pourquoi sentait-elle qu'ils se retrouveraient à nouveau dans la confrontation ? Elle n'avait pas envie de perdre Milo, encore moins pour une histoire de fille. C'était comme choisir entre un Dell ou un Lenovo, le choix était difficile.

HJ:

Cette dispute avec Beth te déchirait le coeur. Ne plus la voir à la maison quand tu rentrais de tes shooting ou de tes répétitions avec les garçons, ça te fendait le coeur. Depuis, tu sentais comme si ton coeur était vide, comme s’il manquait quelque chose à ta vie. Ce qu’il manquait, c’était elle. Ta meilleure amie, celle qui t’avait soutenu pendant ces longs mois de combat contre la drogue. Elle était arrivé dans ta vie comme un ange gardien, elle t’avait aidé, elle t’avait surveillé et elle avait donné tout pour toi. Même en étant fâché, tu donnerai ta vie pour elle. Tu donnerais ton coeur et ton âme pour qu’elle revienne près de toi. Alors lorsque tu avais vu Ivy dans son berceau dans le salon, ton visage s’illuminait. Beth était là. Pour combien de temps ? Tu ne savais pas, mais au moins elle était là. Tu lui demandas alors s’il n’était pas temps pour vous de vous parler, de communiquer. Faiblement, elle acquiesça. Tu continuais de jouer avec la petite en attendant qu’elle revienne. « Je ne bouge pas » dis-tu en posant ton regard sur la petite qui semblait très heureuse de te retrouver. Ca te faisait du baume au coeur de voir cette petite bouille d’ange que tu n’avais pas vu depuis plusieurs jours. Tu t’étais même retrouvé à te réveiller en pleine nuit, de temps en temps, pensant qu’elle était encore là et qu’elle pleurait. C’était dans ta tête, tout ça. L’anglaise te retrouva dans le salon avec une pomme à la main et s’assit dans le canapé en te proposant de te joindre à elle. C’était limite mignon, la façon dont elle était mal à l’aise. Tu pris place près d’elle en la regardant dans les yeux. « Je… j’peux plus être fâché avec toi » commenças-tu à dire, soufflant nerveusement. Tu pris une grande inspiration avant de reprendre. « Je suis désolé si j’ai été méchant, je ne voulais pas l’être. Je suis désolé de ce que j’ai pu dire ou faire de mauvais. Je sais que c’est égoïste, mais j’ai besoin de toi, Beth » avouas-tu à la jeune femme, toujours ton regard planté dans le sien.

C'était presque comme une séparation amoureuse, comme une famille qui se déchirait, une maman qui prenait bébé sous son bras, bagages sous l'autre, comme si le père de famille venait de commettre l'adultère. Et peut-être que c'était exagéré pour plusieurs, peut-être qu'on n’arrivait pas à comprendre les réactions de la brune. Et pourtant, pour elle, tout était tellement justifié. La relation entre Milo et Beth, bien qu'amicale, était particulière, personne ne pouvait réellement la comprendre. Elle s'inscrivait dans le temps comme une relation intime, bourrée de petites ambigüités pour les âmes externes qui y voyaient bien plus que de l'amitié. Oui, il y avait plus que de l'amitié. Il y avait une profonde affection qui ne pouvait entrer dans aucune catégorie. Ce n'était ni de l'amour, ni de l'amitié à l'état pur, ni un lien fraternel, ni familial, c'était tout ça à la fois. Et tout perdre, du jour au lendemain, pour une histoire de supposition, c'était douloureux. Alors que Milo s'introduisait dans leur appartement, Beth, elle, prévoyait s'enfuir comme une voleuse, mais le photographe lui quémanda une discussion à laquelle la brune ne put dire non. Elle aussi, elle en avait marre de ce froid indécent entre eux. Armée d'une pomme pour combler sa faim, elle proposa à son amie de prendre place sur le canapé. « Tu n'as pas été méchant », admit-elle en soupirant. « Tu as exprimé ce que tu désirais dans ta vie.. » À l'occurrence, Effy. « Je ne suis pas d'accord, mais ce n'est pas ma vie... Tu fais tes choix... »

Te savoir dans le flou dans ta relation avec Beth, ça te rongeait de l’intérieur. C’était encore pire qu’une séparation amoureuse, encore pire qu’une embrouille avec ta famille. Tu savais pas vraiment comment appréhender la situation. Elle était devenu beaucoup trop importante dans ta vie pour que tu ne lui parles plus du tout, et que vous soyez loin l’un de l’autre. La belle anglaise avait été là dans les moments durs comme dans les bon moments. Lorsque tes yeux s’étaient posés sur la petite fille de ta meilleure amie, ton sourire s’était illuminé alors que depuis de jours il s’était éteint. C’était comme un renouveau, comme une chance de repartir du bon pieds et de faire les choses bien. Lorsque la brune était revenu dans le salon, tu lui avais demandé d’avoir une discussion. Ca serait peut-être dur, mais tu en avais besoin. « Je sais que t’es pas d’accord mais j’y peux rien, je contrôle pas mes sentiments, Beth… » avouas-tu à la jeune femme en baissant les yeux. Tu savais très bien qu’elle ne cautionnait pas ta relation avec Effy mais pourtant c’était ainsi. Et tu n’étais même pas avec elle, tu ne serai surement jamais avec elle tellement votre relation est compliquée. « J’ai besoin de toi, reviens à la maison » avouas-tu pour commencer, en remontant tes yeux vers les siens. Tu pris une grande inspiration avant de continuer. « Tu peux pas rester indéfiniment chez Lys, et être loin de chez toi. Si c’est juste à cause de moi, je m’en vais et je vous laisse avec Ivy et Azriel et j’irai autre part » proposas-tu à la jeune femme, le coeur serré. Le 13 c’était ton chez toi depuis ton arrivé à Bowen, avec Azriel et vous étiez les deux seuls à être resté aussi longtemps dans cet appartement.

« Ce sont tes choix », répéta Beth en soupirant. Elle ne s'imposerait plus entre lui et elle. S'il voulait tout risquer, qu'il risque. Mais c'était sans Beth. Elle avait trop eu peur. Et elle n'était pas prête à revivre cette émotion qui la grugeait. Milo et elle, ils s'étaient rencontrés à l'hôpital alors qu'il était à son plus bas. Et elle lui avait promis de toujours l'aider, de toujours le soutenir. Cependant, s'il faisait délibérément le choix de se jeter dans les bras du diable et qu'il n'écoutait pas sa meilleure amie quand elle lui disait que c'était risqué, Beth ne pouvait rien faire de plus. Et le voir se détruire pour une fille, ça, c'était hors de ses capacités. Elle n'en aurait pas la force. Ni le courage. Il valait mieux s'éloigner plutôt que de se déchirer. Elle ne cautionnait pas cette relation, mais elle ne l'empêcherait pas de la vivre si tel était son désir. C'était ainsi. Et il fallait seulement accepter qu'à partir de maintenant, plus rien ne serait pareil entre eux.

Il avait besoin d'elle, à la maison. Elle aurait eu envie de répondre qu'elle avait besoin de lui, dans sa vie, mais qu'avec cette ombre laissée par la fille qui le mènerait vers l'enfer, c'était faux. La vérité, c'est qu'il avait plus besoin d'Effy que d'elle. Et ce n'était pas plus mal, Beth avait Zak, Milo avait le droit de se retrouver dans une relation amoureuse, même si celle-ci n'était pas cautionnée par sa meilleure amie. Le guitariste levait les yeux vers la brune alors qu'elle, elle les baissait, incapable de le regarder. Cette dispute, cette situation, lui brisait le coeur, lui faisait tellement mal qu'elle aurait eu envie de s'effondrer à l'instant. Elle n'avait plus faim. Beth posa la pomme sur la table basse et jeta un oeil à Ivy qui gazouillait toute seule au sol. « Non », capitula-t-elle alors qu'il proposait de quitter l'appartement. « Le treize, c'est chez toi. C'est à moi de partir. » Elle trouverait un petit appartement, quitte à le prendre dans un coin de la ville qui coûtait moins cher pour être en mesure de payer le loyer toute seule. C'était à elle de quitter le treize. D'abord, c'était la dernière arrivée. Puis, c'était elle qui avait un problème avec les fréquentations de Milo. Beth se leva pour regagner le sol et chatouiller le ventre d'Ivy.

Tes choix. Quand tu entendais ça, tu entendais un reproche. Mais tu ne pouvais pas contrôler ce que tu ressentais pour quelqu’un. C’était trop délicat. Mais tu ne pouvais pas te permettre de perdre ta meilleure amie non plus. Non, ta soeur de coeur. C’est comme ça que tu voyais Beth et il était hors de question qu’elle sorte de ta vie à cause de tex choix sentimentaux, tu te refusais. Tu aurais préféré tomber amoureux de quelqu’un de sain, et en bonne santé, quelqu’un qui n’a pas de problèmes d’addiction comme tu avais pu en avoir toi aussi. Mais ce n’était pas ainsi qu’avaient été faites les choses. Tu étais si tourmenté, sans trop quoi dire ni comment formuler tes mots. Mais tu voulais lui crier que tu avais besoin d’elle, que sans elle tu n’étais rien, que tu n’avais pas envie de continuer sans elle. Mais tu te demandais si elle l’entendrait ainsi. C’était ton pilier, ton roc, ton âme soeur. Tu lui proposas bêtement de quitter l’appartement, pour qu’elle reste avec sa fille et avec Azriel tranquille sans to bien que ces mots t’arrachaient le coeur. « Ce n’est pas à moi » dis-tu à la jeune femme instinctivement. Ce n’est pas parce que tu avais vécu plus longtemps qu’elle au treize que tu voulais t’approprier cet appartement. « Beth, je veux pas me déchirer avec toi. J’veux pas qu’on s’oublie toi et moi. Quand je dis que j’ai besoin de toi dans ma vie, je le pense » finis-tu par dire en l’implorant des yeux. Tes paroles étaient vraies et sincères. « Mais tu n’as peut-être plus besoin de moi » dis-tu dans un murmure en la voyant s’agenouiller vers la petite fille dans son landau. Elle avait un petit ami génial, une petite fille merveilleuse, qu’est-ce que tu pouvais lui apporter de plus ?

Elle ne voulait pas, pourtant, que cela sonne comme un reproche. C'était plus fort qu'elle. Et la peur venait teinté la discussion, lui donnant des couleurs négatives qui, pourtant, entre eux n'avaient jamais existé. Pourquoi avaient-ils du mal à se dire les choses comme elles l'étaient? Il n'y avait jamais eu de tabou entre eux, jamais de mots retenus. C'était comme si à présent, ils n'arrivaient plus à se comporter comme les meilleurs amis qu'ils avaient toujours été. Où était passé la simplicité? Où était passé leur facilité à se comprendre. À cet instant, Beth n'arrivait même pas à se comprendre elle-même.

Elle affirmait que le treize, c'était chez lui. Chez eux, à Azriel et Milo. Qu'elle, elle n'était que passagère. Qu'elle était la dernière arrivée et donc, inévitablement, la première à y repartir. « Pas plus qu'à moi », répondit la brune en soupirant. Et c'était elle qui avait un problème avec les fréquentations de Milo. Elle seule. Azriel, lui, il n'en avait que faire. Non pas qu'il ne tenait pas à son ami, mais il avait cette facilité à donner la chance au coureur. Beth, elle, était plus craintive. Et, surtout, elle connaissait les failles de Milo, elle les avait vu, il lui avait raconté cette overdose, cette erreur de trop. Et qui l'avait initiée. Effy, elle était aux premières loges des horreurs. Rien pour aider Beth à se sentir en confiance.

C'était trop dur d'être là, près de lui, mais de se sentir si loin. Pour apaiser son coeur, l'Anglaise s'était agenouillée au sol, près de Ivy, lui chatouillant le ventre, cherchant la chaleur de sa fille pour effacer le froid dans la pièce. Elle lui donnait de la force et venait apposer un sourire contre son visage. Sourire qu'elle perdit en entendant la dernière réplique de son meilleur ami. « C'est faux », fit-elle en tournant le visage vers lui. « J'ai toujours autant besoin de toi. C'est bien ça, le problème », fit-elle dans un murmure, contrôlant l'émotion dans sa voix. « Mais si je te laisse te rapprocher d'elle, j'ai bien peur que tu ne puisses plus l'être, dans ma vie. J'ai peur qu'elle t'entraines loin de nous... » Ses peurs étaient sans doute infondées, elles sortaient probablement de nulle part. « J'ai juste pas envie de te perdre... J'veux pas que tu retournes en cure, à l'hôpital ou, pire, que tu nous repousses comme t'as repoussé ton ex, Bella. Je ne pourrai pas vivre ça... Comprends-moi »

Ces mois passé loin de Beth avaient été comme une torture. Et la voir maintenant, en chair et en os, c’était comme une grande bouffée d’air frais que tu prenais en pleine gueule et surtout dont tu avais besoin. Elle t’avait manqué, vraiment, sincèrement et profondément. Et tu ne lui laisserait pas passer la porte de l’appartement sans être expliqué avec elle encore une fois. Sans lui avoir prouvé que tu avais besoin d’elle dans ta vie. Tu ne voulais pas qu’elle parte. Le treize était vide sans elle. Elle n’était plus là pour apporter cette touche de bonne humeur, cette éclat de vie dans l’appartement. Non pas que tu n’aimais pas la vie avec Azriel, ton meilleur ami, mais tu aimais davantage lorsque Beth était dans le coin. Toujours là pour regarder un film, discuter de la vie, jouer avec Ivy. C’était ça dont tu avais besoin dans ta vie, ça que tu voulais. Tu lui dis que tu avais besoin d’elle, que tu ne voulais pas te déchirer avec elle. Mais avait-elle encore besoin de toi ? Elle avait un petit ami qui semblait la combler, une petite fille adorable qui remplissait sa vie de bonheur. L’anglaise n’avait peut-être plus besoin de Milo, le mec qu’elle a rencontré à l’hôpital pendant sa cure de désintoxication. Ce mec instable qui ne sait pas ce qu’il veut dans la vie. Lorsqu’elle t’avoua avoir encore besoin de toi, tu soufflais de soulagement. Il faut avouer que tu avais peur qu’elle devienne une étrangère et qu’elle t’avoue être bien loin de toi. « Beth, personne n’est capable de faire ça. Personne ne peut m’entrainer loin de toi. Je ne laisserai personne faire ça » dis-tu en fronçant les sourcils. Effy ne ferait jamais ça, elle ne vous séparerait jamais. Il en était hors de question. Beth était comme une soeur pour toi, elle faisait simplement partie de toi. « Je comprends tes peurs, vraiment, mais j’ai changé depuis Bella. Je suis revenu vers elle, j’me suis excusé de mon comportement d’idiot fini » avouas-tu d’une voix un peu plus cassée, triste. « J’ai besoin de toi pour me tenir sur le droit chemin, c’est toi qui m’a le plus aidé pendant ma cure et après. Beth j’t’en supplie, restes ici » ajoutas-tu d’un air encore plus triste. Comment tu pouvais lui expliquer que c’était grâce à elle que tu t’en étais sortie, grâce à elle que tu avais tenu bon pendant ces mois de tentation après la cure ? Il fallait qu’elle le sache.

Ne plus être au 13, c'était être à des années lumières de la réalité. C'était de planer dans un entre deux mondes qui n'était pas agréable. Et bien que Beth savait au fond qu'un jour il lui faudrait voler de ses propres ailes, se trouver un appartement pour Ivy et elle ou, même, une maison, que peut-être un jour un homme voudrait passer toute sa vie avec elle, elle n'en était pas prête à l'instant, au moment où Milo et elle se déchiraient. Oui, elle disait qu'elle le devait, partir. Oui, elle cherchait à fuir. Mais elle n'en avait pas envie. Elle aurait voulu figer le temps, rester dans cet espace temporel pour toute leur vie, ne plus jamais laisser les minutes passées. Et elle comprenait, l'anglaise, que c'était à elle de partir, pour laisser Milo vivre son bonheur qu'elle lui coupait de par ses réactions d'excès. Un jour, elle ouvrirait son coeur, bien loin de se douter que ce jour viendrait aussi rapidement, qu'il serait aujourd'hui. Ouvrir son coeur, c'est ce qu'elle finit par faire, lui livrant dans son discours toutes ses craintes et toutes ses peurs. La peur d'être abandonnée, la peur que de le laisser se rapprocher d'Effy c'était aussi d'accepter de le perdre pour toujours. La peur qu'elle le retienne trop près de ses anciens travers pour qu'il sache se contrôler. Néanmoins, les mots de Milo étaient rassurants. Et Beth se surpris même à sourire au travers des larmes qui coulaient sur ses joues, malgré les gazouillements de Beth et les chatouilles qu'elle lui faisait au ventre. « Mais si j'arrivais plus à t'aider. Si c'était trop fort... » Effy représentait tellement la tentation, dans la tête de la brune, qu'elle voyait mal comment elle arriverait à le garder sur le droit chemin. L'anglaise soupira, baissant les yeux vers le sol. « Je reste... Je ne vais nul part... », murmurait-elle.

Beth était ton oxygène, loin d’elle, tu avais eu du mal à dormir et même à vivre. Effy avait pris une grande place dans ta vie et dans ton coeur, c’était indéniable, mais Beth était toujours quelque part, à sa place. Tu avais besoin d’elle pour garder les pieds sur terre, tu avais besoin d’elle pour ne pas flancher à nouveau et ne pas perdre les pieds sur Terre. Lorsqu’elle avait déménagé pour aller chez Lys, tu avais senti ton coeur se craqueler. Tu savais que c’était ta faute, tu avais fait de ton mieux pour aller de l’avant en vain. C’était elle qui te remettait sur le droit chemin, toujours. Tu lui avais fait par de tes craintes, de tes peurs. Et là, tu lui avouais que tu avais besoin d’elle plus que tout. Tu fis un rapide pas vers elle, et tu avais attrapé ses mains. « Tant que tu es près de moi, ça m’aide, ça m’apaise. Quand t’es là je sais pourquoi je me bats, je sais pourquoi je consomme plus. Beth, sans toi, je sais pas ce qu’il adviendra de moi et de ma sobriété » avouas-tu avec la voix toujours aussi brisée. C’était vrai, chaque mot était sincère, tu avais besoin d’elle pour rester sur le droit chemin et tu voulais qu’elle le comprenne. C’était très égoïste de dire ça, surement, mais c’était la vérité. Lorsqu’elle avouait dans un murmure qu’elle allait rester, tu te sentais soulagé, on t’enlevait une épine coincée dans ton coeur. Tu la pris dans tes bras et des larmes de soulagement vienne sans crier garde. « Merci, merci, merci » dis-tu sans t’arrêter, tellement tu étais soulagé.

« Mais je ne le ressens pas. » Ce que l'Anglaise ressentait, c'était la peur. La crainte trop forte que ce qu'elle représentait pour Milo ne soit pas suffisant pour le garder loin de ses anciens démons. Il avait succombé, deux fois, à cette drogue. Avait presque failli quelques mois précédemment, et si tout recommençait, qu'est-ce qui leur garantissait que Beth serait réellement son phare, sa raison de résister ? « T'as même pas voulu de moi quand t'as failli craquer à nouveau, y'a quelques mois », lui rappelait-elle. C'était de Niels qu'il avait eu besoin. C'était lui qui avait été sa force. Et avec émotion, elle osait se confier sur ses réactions qui étaient, vu de l'extérieur, exagérée. « J'pourrai pas vivre avec une nouvelle perte, j'pourrai pas vivre si tu m'abandonnes toi aussi. » Parce qu'elle s'était fait abandonné trop souvent et de façon trop douloureuse pour se permettre de le revivre à nouveau, encore plus de la part de Milo. Mais elle revenait sur ses positions, succombant aux supplices de son meilleur ami. Ses bras étaient venus entourer Beth, leurs larmes se mélangeaient presque alors qu'ils craquaient tous les deux. « Me fait pas ça, Milo. Fais pas ça à Ivy... »

« C’est pourtant la vérité » dis-tu dans un souffle. Beth était ta meilleure amie, ton âme soeur. Sans elle, la vie était compliquée, tu l’avais remarqué ces dernières semaines lorsqu’elle n’était pas là et que vous n’aviez pas parlé. Tu grimaçais quand elle parlait de ta rechute il y'a quelques mois. « Ne dis pas ça, je t’ai envoyé un message ce jour là » dis-tu à la jeune femme. C’est Niels qui avait déboulé parce que la blonde travaillait et tu ne lui en voulais pas, il n’y avait pas que toi dans sa vie. « Et j’avais peur de ta réaction de me voir ainsi » avouas-tu simplement. Tu étais désemparé ce jour là, livide et perdu. Ça avait été une horreur de vivre ce moment et tu avais eu peur de la réaction des gens. Niels t’avais sauvé, en jetant la drogue et en faisant attention à ce qu’il n’en reste plus dans toutes tes cachettes secrètes. « Je t’abandonnerai jamais » dis-tu à la jeune femme. Rechute ou pas, tu ne pourrai pas vivre sans elle. Beth était ton oxygène, ta raison de vivre. Tu avais pris la jeune femme dans tes bras, les larmes aux yeux. Bordel que ça faisait du bien de la sentir contre toi. « Je ferai tout pour ne pas succomber, j’te le promet » dis-tu avec la voix cassé, les larmes l’emportant sur la raison. Si seulement tu pouvais prédire l’avenir et ce qui allait se passer ensuite…

hj: