integrity is telling myself the truth and honesty is telling the truth to other people (pippa)

La dernière fois qu'elle avait vu Pippa, sur la plage, elles avaient vite fait abordé l'idée de s'allier à nouveau dans le cadre d'un podcast où, cette fois, le thème serait le rapport à la maternité. Violet, défenderesse des femmes et de leur liberté, s'était proposé pour apporter son témoignage à celui de la blonde qui, elle, avait toute une histoire à partager. Si le podcast était sa manière de se libérer de ce poids, ce fardeau que la société mettait sur les épaules des femmes, Violet, elle, voulait apporter un peu de son grain de sel à la cause. Aucune femme ne devrait se sentir forcer de faire ce qui semble normal pour la société. Et le fait d'avoir un vagin ou une poitrine ne voulait pas assurément dire qu'il fallait devenir mère. Chaque femme vivait son rapport à la maternité comme bon elle le pensait, et si ce dernier équivalait zéro, c'était tout aussi bien. Seulement, depuis cette discussion sur la plage, les choses pour Violet avaient drastiquement changé. En elle, grandissait ce petit être miracle qu'elle n'avait pas désiré. Et contrairement à Pippa, l'histoire de ce bébé pas encore né, ne s'arrêtait pas ici. Elle lui devait des explications, après ce qu'elle avait dit à la blonde, elle lui devait de lui avouer la vérité, mais aussi, et surtout, elle avait besoin de son amie. Les deux filles avaient déjà prévu se retrouver à l'appartement de la blonde, en fin de journée, pour discuter des arrangements pour le podcast, les détails de dernière minute. Violet n'avait pas annulé, se disant que cette rencontre lui permettrait de se confier à son amie. Elle était donc arrivée chez la Polonaise avec deux boites repas contenant du Thaïlandais et un sourire sur son visage. Elle toqua à la porte et attendit la réponse de la blonde. « J'apporte du renfort », fit-elle en montrant le repas du soir et élargissant son sourire. « Comment tu vas ? »

Je pouvais parler de tout avec Violet, elle savait écouter, c’était là l’une de ses plus belles qualités. Je lui avais confié, quelques semaines plus tôt, ma prise de conscience quant à ma propre maternité, ou plus exactement mon absence de désir d’enfant. Cette illumination m’était venue juste après mon avortement, je m’étais simplement rendu compte que je n’étais pas fait pour avoir des enfants à moi. J’étais une super tata, du moins je m’efforçai de l’être avec Romy, la fille de ma soeur. J’adorais les enfants, en général, et eux m’aimaient bien aussi, mais je ne me sentais pas la fibre maternelle. C’était comme ça. Depuis que j’avais réalisé ça, je me sentais étrangement plus légère, comme si un poids avait été ôté de mes épaules. Le dire à voix haute, aussi, avait aidé dans le processus et Violet avait été une oreille bienveillante. Ca n’avait pas de prix. J’avais d’ailleurs évoqué avec elle l’idée d’un podcast qui parlerait de ce rapport à la maternité, qui différait selon les femmes, même si la société, le plus souvent, attendait d’elles qu’elles réveillent leur désir d’enfant à un moment où à un autre de leur vie, comme si c’était inné. Ca ne l’était pas. Du moins, ça n’était pas si binaire que ça. Les choses se précisaient, j’avais commencé à réfléchir concrètement aux différents enregistrement, prévoyant d’ores et déjà une liste d’invités, dont mon amie Violet. Aujourd’hui, d’ailleurs, je l’avais conviée à la maison pour qu’on puisse discuter un peu plus de tout ça, peaufiner les détails. Elle arriva les mains pleines, l’odeur qui se dégageait des sac qu'elle portait me donna l’eau à la bouche.
— Toi, tu sais exactement comment parler à mon coeur.
Je lâchai un petit rire amusé et vins étreindre mon amie.
— Ca va, et toi ? Toujours partante pour te confier à mon micro ?

L'idée de faire à nouveau partie du podcast de Pippa plaisait à Violet. Elle avait adoré sa première expérience, laissant la voix à des femmes de caractère qui occupaient des fonctions professionnelles souvent occupées par des hommes, ne se laissant pas marcher sur les pieds, réalisant leurs rêves, vivant de leurs passions sans frisson dans le dos, sans froid dans les yeux. Son côté féministe, femme forte, indépendante, avait adoré partager son expérience, son parcours, ses réussites et ses échecs avec d'autres femmes qui avaient les mêmes ambitions qu'elles ou, seulement, le besoin d'entendre une femme leur rappeler qu'elles pouvaient tout accomplir. L'idée de répéter l'expérience, mais cette fois sur un sujet encore bien plus délicat que la carrière professionnelle des femmes, mais plutôt la maternité et la pression de devenir mère dans la société actuelle, lui donnait plus que des ailes. Mais à présent que la vie avait décidé autrement pour elle, sans vraiment l'en avoir averti, et qu'elle portait en elle la vie, Violet ne se sentait pas transparente de partager son opinion et de laisser Bowen tout entier découvrir, quelques mois plus tard, qu'elle ferait naître la vie. Ce n'était pas honnête, ce n'était pas intègre, ça allait contre les convictions qu'elle tentait de démontrer dans son discours pro liberté et épanouissement par autre part que la maternité. Repas en main, elle s'était donc rendue chez Pippa. « Toujours », gloussa la brune alors que son amie l'étreignait déjà. « Ça va », décréta-t-elle en se séparant d'elle, prenant une minute de pause pour répondre à sa seconde question. Violet en profita pour entrer dans l'appartement, laissant Pippa refermer la porte derrière elle. « Évidemment, parler aux femmes ça me plait bien plus que ce que je ne l'aurais cru. » La première fois, elle avait eu peur de ne pas être à sa place et, finalement, elle s'était vite bien sentie devant un micro. « Tu as recueilli d'autres témoignages ? », demanda la commerçante, curieuse, mais aussi tentant de tâter le terrain à savoir si son annulation, ou le changement de son discours, ne seraient pas catastrophiques pour l'épisode de Pippa.

Je m’amusais vraiment dans la création de ces podcasts, mieux que ça même, j’y trouvais une source d’épanouissement incroyable. Recueillir les témoignages, rencontrer tout un tas de personnes formidables, aux profils différents, dans diverses pays, c’était nourrissant, à la fois pour l’âme et pour le coeur. J’adorais écrire aussi, bien sûr. C’était mon premier métier, de toute façon. J’étais autrice avant d’être créatrice de podcasts, mais ces deux activités, bien que complémentaires, m’apportaient toutes deux des choses différentes. J’avais la sensation d’être complète et je savais que ce sentiment là, ce constat, était précieux. Rares étaient ceux qui en arrivaient là, et encore moins à mon âge. Je n’avais que trente ans, et déjà l’impression d’avoir parcouru un long chemin, un chemin dès plus épanouissant. Cette nouvelle série de podcast que j’avais en tête était venue à la suite d’une discussion avec Violet, lorsque j’avais verbalisé le fait que je ne souhaitais pas avoir d’enfant. Ce podcast, comme tout ceux que j’avais réalisé jusque là, je souhaitais qu’il donne la voix aux femmes, quelles qu’elles soient, quels que soient leur envie, leur choix de vie, je souhaitais qu’il ait un écho le plus large possible. La thématique ? La maternité, ou dans certains cas, comme le mien, le choix de ne pas devenir mère, au contraire. L’idée était de laisser la voix à toutes celles qui souhaitaient s’exprimer sur le sujet, sans tabous ni jugement, qu’on veuille ou pas des enfants. Violet avait été l’une des premières à accepter de me livrer son témoignage, et pour cause, elle avait été au premier loge lorsque l’idée avait émmerger dans mon cerveau.
— Deux, oui, répondis-je lorsque mon amie me demanda si j’avais déjà recueillis quelques histoires. la mienne y comprit. Avec toi, ça fera trois, et je compte proposer à ma soeur ainée de venir donner son opinion sur le sujet. Etant donné qu’elle est déjà maman, je pense qu’elle pourrait avoir à dire beaucoup de chose.
J’invitai Violet à me suivre au salon, où nous nous installâmes.
— Tu veux boire quelque chose ?proposai-je J’ai du jus de mangue, de la bière surement et…euh…de l’eau.

Violet redoutait la discussion avec son amie. Non pas qu'elle avait peur de la réaction de Pippa, la blonde était une personne ouverte d'esprit et assez respectueuse des autres pour les faire sentir à l'aise et compris. Ce n'était pas ce qu'elle redoutait, bien au contraire. Ce qui lui faisait peur, c'était que sa décision de garder cet enfant soit remise en doute par les paroles qu'elle avait préalablement livrées à l'autrice et qu'elle décide de ne plus vouloir la compter dans le nombre de femmes qui témoigneraient leur histoire de peur que ces femmes ne croient plus un mot du discours de la commerçante. Elle affirmait que la vie était belle sans besoin maternel, qu'elle avait fait le choix de l'amour avant celui de concevoir et voilà que tout son témoignage ne prenait aucun sens, elle qui brisait toutes ses paroles en portant l'enfant de Terrence. Elle ne l'avait pas prédit, elle ne l'avait pas calculé, c'était arrivé comme ça, eux qui croyaient qu'ils étaient de toute façon à l'abri, Terrence ne pouvait plus concevoir... Mais c'était arrivé. Et c'était là. Après une discussion houleuse avec son copain, ils avaient décidé de le garder, d'accepter le cadeau miraculeux que la vie leur donnait. Rapidement, Violet s'était intéressée à Pippa, à ce podcast qu'elle devrait sans doute bientôt se désister, pour dévier l'attention ailleurs que sur elle. « Bonne idée, Charlize est aussi une bonne voix pour celles qui vivent la maternité seules », se contenta-t-elle de lâcher, espérant qu'elle ne lui en veuille pas de ne plus représenter les femmes qui ne pourraient la vivre, la maternité.

Pippa mena le pas vers le salon où elle prit place sur le sofa. Violet l'imita, s'asseyant tout près d'elle, croisant les jambes en tailleur, se mettant à son aise comme elle l'avait toujours été avec la blonde. Et elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi elle était mal de lui annoncer qu'au final elle ne pourrait avoir le même discours lors de son podcast. Sans doute qu'une partie d'elle ne réalisait pas encore qu'elle l'était, enceinte. La blonde lui offrit de boire quelque chose. Du jus, de la bière, Violet secoua la tête. « De l'eau, c'est parfait », fit-elle en souriant. Tout ce qui était sucré lui donnait mal au coeur et, évidemment, elle ne pouvait consommer d'alcool. « De toute façon, j'crois pas avoir le droit de boire de l'alcool dans ma condition.... », lassa-t-elle planer.

Il y avait tant de chose à dire sur la maternité. Tant de point de vue différent, tant d’expérience. Rien que si on prenait ma soeur et moi, nous avions des choses différentes à partager sur le sujet et c’était ça qui m’intéressait, qui animait mon désir de réaliser cette série de podcast. Violet par sa propre vision des choses, par son vécu apportait une nouvelle pierre à l’édifice que j’étais en train de construire. J’étais heureuse qu’elle ait accepté de me prêter sa voix pour, peut-être, éveillé quelques consciences. Mon but était de recueillir le plus de témoignage possible, pour que mon podcast soit le plus éclectique possible, et pour cette raison, je mentionnai ma soeur, Charlize, à Violet qui valida cette idée.
— Oui, et puis la thématique de la maternité la touche beaucoup. Je crois que ce serait intéressant d’avoir son point de vue.
Je souris, pris une inspiration.
— Ce serait aussi sans doute beaucoup d’émotions pour elle et moi, mais c’est aussi pour ça que je fais ces podcasts. Je veux que l’émotion qu’on ressent dans une discussion transparaisse et je suis sûre que ce sera le cas pour ton passage aussi.
Chaque histoire était différente bien sûr, chaque histoire apportait quelque chose, touchait différentes personnes. Moi-même j’étais touchée par les expériences de mon amie, j’étais sûr qu’elles trouveraient échos chez d’autres personnes aussi. Pour nous mettre à l’aise avant de démarrer l’enregistrement, je lui proposai à boire et sa remarque attira mon attention. Je me stoppai, la regardai un court instant, avant qu’un sourire ne se dessine sur mon visage.
— Hein…t’es en train de me dire que…
Mon sourire redoubla et mon regard passa de son visage à son ventre. Une bouffée de bonheur m’envahissant toute entière, j’avançai vers elle pour la prendre dans mes bras.
— C’est merveilleux ! m’exclamai, en la serrant contre moi, je suis si heureuse pour toi, Vee ! Tu le sais de depuis quand ?

« Ça vous rapprochera, je pense, même », confiait la commerçante avec un sourire. Violet ne connaissait pas très bien l'histoire de Charlize. Elle la connaissait au travers de ce que Pippa lui avait raconté. Cette amoureuse qui avait dû choisir, difficilement, entre continuer d'espérer la vie de son mari ou de se conformer à sa volonté de le laisser s'éteindre. Cette amoureuse et maman maintenant seule pour affronter le monde. Évidemment que leur échange serait touchant. Mais c'était là toute la beauté de la chose. Le vrai, le réel, le cru, même, qui parfois faisait ressortir des émotions. Elles en auraient, des choses à dire, toutes les deux. Et Violet écouterait cet épisode du podcast avec plaisir, la larme sans doute à l'oeil en entendant les mots de la soeur de son amie. Et d'une côté, cela soulageait la brune de savoir que sa participation en moins ne mettrait pas Pippa dans une position délicate, elle avait d'autres femmes pour prendre la parole à sa place. Oui, Violet était toujours convaincue qu'elle n'avait plus rien à raconter dans cette série de podcast alors que sa vie prenait un tout nouveau tournant.

Pippa offrit de la bière pour démarrer leur échange. Violet se sentit bête de refuser sans expliquer les raison pour lesquelles elle ne pouvait pas, comme s'il fallait se justifier. Mais, d'une part, elle avait aussi insisté pour passer chez la blonde pour lui annoncer le changement de plan qui lui était tombé dessus, sans qu'elle l'ait demandé. Et il ne fallu pas plus de temps à son amie pour comprendre. Pippa vint entourer Violet de ses bras réconfortants, elle qui devait sans doute avoir l'air ébranlée de l'annonce qu'elle devait lui faire. Cela remettait en doute tout ce qu'elle lui avait confié sur sa vision de la maternité. « Quelques semaines.. », soufflait-elle en reprenant une distance pour discuter. « On ne pensait pas que c'était possible. On ne s'est même pas inquiété lorsqu'on a réalisé que nous n'avions pas utilisé de protection... Et puis c'est arrivé. » Un petit miracle qui n'arriverait sans doute plus jamais, c'était le moment de l'accepter parce que cette opportunité ne leur tomberait plus dessus. « Ça change nos plans... Je n'ai plus grand chose à apporter à ton podcast, de cette façon... »

La nouvelle que m’apprit mon amie Violet me combla de joie. La jeune femme attendait un bébé, alors qu’elle pensait ne jamais pouvoir en avoir avec son compagnon actuelle. Une surprise de la vie, autrement dit. J’étais si heureuse pour elle.
— C’est…Violet, c’est super ! Et…on s’en fiche du podcast. Et puis, si tu veux toujours le faire, on trouvera un axe différent, ne t’inquiète pas. Mais…
Je poussai un petit cri de joie puis vins prendre mon amie dans mes bras.
— Je suis siiiiiii contente, déclarai-je en me détâchant d’elle pour l’embrasser chaleureusement sur la joue.
J’étais émue pour elle, car si pour moi, le sujet de la maternité était très loin de mes préoccupation, pour Violet, en revanche, c’était quelque chose d’important. Elle s’était résignée jusqu’à présent, car elle avait été persuadée jusque là qu’elle ne pourrait pas avoir d’enfant avec Terrence, mais elle n’avait jamais rejeté l’idée d’être mère si la vie le lui permettait, contrairement à moi chez qui la fibre maternelle ne s’était jamais réveillée.
— Viens, au salon, je nous fais un thé !
Je m’éclipsai un court instant à la cuisine pour mettre la bouilloire en route puis rejoignis mon ami. Je m’assis sur l’accoudoir d’un fauteuil puis souris à Violet.
— Comment tu te sens ?

Violet arrivait angoissée. Parce que sa vision de la famille avait quelque peu changée, à présent, et qu'elle ne se conformait plus dans l'étiquette qu'elle s'était donné quelques semaines plus tôt, se confiant à Pippa sur ce que la vie avait comme sens pour elle et la place qu'un enfant pourrait prendre. Elle avait l'impression d'être girouette, enceinte à présent, alors qu'elle avait juré haut et fort qu'elle n'avait jamais eu besoin de ça pour être bien et qu'elle s'était fait à l'idée que son avenir ne soit constitué que de Terrence et leur amour pour le surf. Belle illusion, elle était maintenant futur maman, un bébé grandissant dans son ventre, et elle devait faire marche arrière d'un projet qui lui tenait pourtant fermement à coeur.

Cependant, non pas qu'elle s'était attendue à avoir une Pippa condescendante face à elle, ce n'était pas le genre de son amie de bas, la blonde était nettement plus enjouée que ce qu'elle aurait cru. Et c'était comme si un poids venait de se libérer de ses épaules. Le podcast était le dernier de ses soucis. « Non, non, je me sens lâcheuse tout à coup », confia Violet en regardant son ventre qui ne paraissait qu'un tout petit peu. Mais la vague de chaleur de Pippa qui venait l'envahir effaçait tout, momentanément. Sa bise, d'ailleurs, lui fit l'effet d'une brise rafraîchissante. « Merci », murmura la brune avant de la suivre jusqu'au canapé. Et à la question de son amie, Violet prit quelques secondes avant de répondre. C'était complexe. Il lui fallait remettre ses idées en ordre. « Je me sens... », hésita la brune. « Je peine à réaliser, encore... Je pensais que c'était impossible.. Il était stérile.. »

Les visions des personnes pouvaient changer, c’était bien normal. Et c’était aussi ce qui faisait la beauté humaine, cette faculté à se remettre en question, à réévaluer les perspectives, à évoluer sans cesse. C’était ce qui faisait la vie, à mon sens. Ce qui, en tout cas, lui donnait son sel, cette idée que nous étions toujours dans la capacité de changer les choses et les esprits.
Violet avait dû changer de perspectives, justement, et je voyais bien que c’était un vrai chamboulement pour elle. Elle était embêtée, d’abord, vis à vis de moi et du podcast, mais je voulais lui faire comprendre que cela devait être le cadet de ses soucis. Ce n’était absolument pas grave. Nous n’étions pas forcées de le tourner de la même manière, ni même de le tourner du tout. Je comprenais tout à fait que Violet trouve ses priorités ailleurs, ou qu’elle ait besoin de recentrer son opinion. Je lui proposais donc un thé, histoire que nous papotions, d’abord, toutes les deux, avant d’envisager quoique ce soit. Elle me fit par de ses doutes et de sa surprise d’être finalement enceinte. Je l’écoutai, hochant la tête.
— Oui, j’imagine que c’est complètement inattendu. Et qu’en dit-il, lui ? J’imagine que vous êtes heureux !

Violet s'installait dans le canapé de Pippa. À cette heure-là, les sentiments de Violet étaient contradictoires. Cette grossesse était sa seule chance d'être un jour réellement mère. Il y avait Lena, la fille de Terrence, avec qui elle entretenait une relation de grande et petite soeurs, mais ça ne remplaçait pas le sentiment d'avoir son propre enfant. Un enfant surprise, certes, mais né d'un amour pur. Ça n'était pas toujours facile avec Terrence, tous les deux mettaient beaucoup d'eau dans leur vin au vue de leurs personnalités fortes tous les deux. Mais il devait être stérile. Et Violet s'était faite à l'idée que leur vie ne serait pas la traditionnelle famille papa, maman, chien chien et bébé avec une maison au bord de l'eau. Qu'en disait-il? « C'est compliqué.. », avouait-elle avant de prendre une gorgée de thé. « On est heureux. Mais il y a tout un tas de choses que l'on a pas abordé, Terrence et moi. » Elle souriait faiblement. « Terrence n'est pas du genre couple traditionnel, il vit dans une caravane en bord de mer, tu vois le genre ? », gloussait la brune. « Il a besoin de liberté, de solitude et.. Je sais pas, quelque part j'ai peur qu'il se sente oppressé dans cette addition à sa vie.. Tu vois ? »

L’arrivée d’un enfant était un chamboulement, et dans le discours de mon amie, j’entendais le doutes qui venait s’ajouter au bonheur qu’elle avait visiblement d’attendre ce petit. Violet m’avait toujours dis avoir renoncé à son désir d’enfant par amour pour Terrence qui, en plus de ne pas en vouloir, était supposément stérile. En l’occurence, nous avions la confirmation que son petit ami était parfaitement en mesure de concevoir. Quand à la première question, Violet me révéla qu’elle était surtout inquiète de restreindre le besoin de liberté du beau Terrence. Je pinçai les lèvres.
— Je comprends.
Je comprenais oui, que trop bien même. J’éprouvai ce même besoin de liberté, ce principe de vie qui me persuadait que le couple n’était pas quelque chose pour moi, du moins pas le couple à la manière dont la plupart des gens le concevaient.
— Je pense que vous devez en discuter. Il t’aime et il aimera cet enfant, j’en suis persuadée. Maintenant…évidemment, ça sera un chambardement. Même pour ceux qui vivent de manière traditionnelle, ça l’est. Le tout c’est que votre bébé recoive tout l’amour que vous êtes capable de lui donner.