#198 - home sweet home (yasmine)

La journée avait été rude, tu venais tout juste de sortir de tes cours. Tu avais enfourché ton vélo pour traversé la ville et rentrer à la maison. Depuis que tu avais rencontré Eve sur son bateau, tu étais comme obsédé par cette fille et tu ne pensais qu’à elle. Mais vu que tu n’avais jamais rencontré une fille avant, enfin que tu n’avais jamais seule béguin pour une fille, tu ne savais pas comment t’y prendre. T’en aurais bien parlé à Sybille, mais c’est délicat là aussi. Tu la considérais comme une grande soeur, presque comme ta maman adoptive. Elle avait fait tellement de chose pour toi, elle t’avait accueilli dans sa maison à bras ouvert et elle t’avait appris par mal de chose aussi. C’était devenu avec le temps quelqu’un de très important. Mais parler des filles avec elle, c’était plus délicat. Lorsque tu étais arrivé devant l’immeuble, tu avais rangé ton vélo dans le garage avant de monter les escaliers pour arriver à l’appartement. Une fois à l’intérieur, tu posais ton sac dans l’entrée. « Sybille ? Yasmine ? Y’a quelqu’un ? » hurlas-tu dans l’entrée tout en enlevant tes chaussures. Avec le temps, tu étais devenu beaucoup moins timide avec elles deux, et tu les considérais comme ta vraie famille, celle que tu aurais du avoir dès le départ et pas ta folle de mère. Pas de réponses ? Du moins tu n’avais pas entendu. Tant pis. Tu allais dans la cuisine pour manger quelque chose. Tu ouvrais les placards dans l’idée de te trouver du beurre de cacahuète et de quoi te faire un sandwich. Une fois tes provisions faites, tu te tournais pour t’installer sur la table de la cuisine et c’est là où tu voyais Yasmine dans l’encadrement de la porte, ce qui te fit lâcher ton pain de mie. « Faut pas faire peur aux gens comme ça, tu sais ? » dis-tu en lâchant un léger rire nerveux. Tu récupérais ton pain de mis et tu te posais sur la table. Peut-être qu’elle se joindrait à toi pour un petit encas.

Comme tous les jours, Yasmine se retrouve seule dans l'appartement qu'elle partage avec sa fiancée, Sybille, mais aussi avec le neveu de cette dernière, Riley. Yasmine s'entend parfaitement bien avec Riley, elle est un peu la "tata cool" envers ce dernier. Non pas que Sybille soit la tante casse-pied mais disons que la métisse se prend encore bien moins la tête que sa fiancée. Enfin, ça, c'est en apparence. Yasmine ne supporte que très mal de ne rapporter suffisamment d'argent pour subvenir aux besoins du couple. Ça fait des mois que la jeune femme n'a pas écrit une ligne. Tous les jours, lorsqu'elle se lève, elle vient se poser derrière son ordinateur portable et tente d'écrire. Des mots s'affichent sur l'écran et puis, soudainement, Yasmine vient tous les effacer. Elle n'arrive plus à écrire. Les mots qui s'alignent à la suite des uns des autres n'ont aucun sens. Même pour la peinture, la métisse n'est pas vraiment optimisme. Allongée sur le lit, la jeune femme s'est autorisée une sieste. Non pas qu'elle manque de sommeil. Yasmine n'entend pas que quelqu'un rentre dans l'appartement. Dans l'entrée, après s'être réveillée de sa sieste et la tête encore un peu dans le brouillard, elle découvre des chaussures. Elles n'étaient pas là tout à l'heure et ce ne sont pas les chaussures de sa fiancée. C'est dans la cuisine qu'elle retrouve Riley, visiblement surpris de la voir. "Quoi ? Je fais si peur que ça ? Je savais que j'aurais dû me maquiller ce matin !" Yasmine ne se maquille pas à outrance, elle se met simplement en valeur. Pas pour les autres, mais pour elle. Pour se sentir bien dans sa peau et puis, aussi, pour toujours plaire à sa bien-aimée. "T'as passé une bonne journée ?" Vient-elle demander en venant se servir une grande tasse de café et s'assoir en face du jeune homme.

Après les cours, tu ne t'étais pas fait prié et tu avais filé directement à l'appartement. D'habitude, tu trainais un peu, dans l'idée de croiser Bella, ta meilleure amie ou bien de voir Abby qui trainait à la bibliothèque souvent. Mais cette fois tu avais décidé de rentrer et vite. Premièrement, parce que la journée avait été longue et deuxièmement, parce que tu avais une faim de loup. Une fois arrivé sur place, tu étais parti dans la cuisine pour te faire un sandwich. Personne ne semblait être dans les parages, ni ta tante, ni sa fiancée. Une fois dans la cuisine, tu attrapais tout ce qu'il te fallait pour faire ton encas. Mais lorsque tu te retournais, Yasmine était dans l'encadrement de la porte entrain de te regarder. « Non, non j'ai pas dis ça ! J'croyais que j'étais tout seul, c'est tout » dis-tu en riant légèrement. La vie avec Sybille et Yasmine était devenu tellement plus facile. Même si cela ne faisait qu'un an que tu étais là, c'était le pur bonheur et tu te sentais enfin chez toi, dans un foyer qui te correspondait bien. Elles n'étaient pas chiantes, et te laissaient une grande liberté. Tu allais t'assoir sur le bar pour faire ton sandwich et la marocaine vint s'assoir en face de toi avec une tasse de café. « J'ai eu pas mal de cours mais ça va, c'était cool » répondis-tu en souriant, en étalant le beurre de cacahuètes sur ta tartine. Une fois ton sandwich terminé, tu le portais à tes lèvres pour en prendre une gorgée. Puis tu réfléchissais un peu et tu avais bien quelque chose à lui demander, à l'écrivaine. « Dis, j'peux te demander quelque chose ? » demandas-tu alors en avalant la bouchée de ton sandwich. « Que ça reste entre nous, aussi » ajoutas-tu en mimant un sourire. Non pas que tu ne voulais pas que Sybille le sache, mais elle avait plus ce rôle de maman que la femme qui était en face de toi, qui avait plus celui de la tata cool à qui tu dis tout et n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi.

Les journées de Yasmine se ressemblent quasiment toutes. C'est toujours la même chose. Sybille part travailler, Riley se rend à l'université et elle, Yasmine reste à l'appartement. Elle fait le ménage, les courses. Elle prépare les repas pour sa fiancée et le neveu de celle-ci. Elle lit, elle peint. Yasmine ne manque jamais d'idées afin de s'occuper mais avoir un métier, ça lui manque. C'est surtout de rencontrer d'autres personnes qui lui manque. Parfois, elle vient rendre visite à certains de ses amis. Yasmine n'a jamais été faite pour travailler enfermer dans un bureau. Or, elle n'a jamais réellement su quoi faire de sa vie. Son plus gros problème c'est qu'elle commence tout et ne finit rien. Elle se disperse, laissant tout en plan à un moment donné. Yasmine ne s'attendait pas à voir Riley rentrer si tôt chez eux. En général, le garçon trainait toujours un peu en ville avec ces amis avant de revenir chez sa tante et la jeune métisse. Il se trouve dans la cuisine en train de se préparer de quoi grignoter, la jeune femme débarque lui faisant peur. "Ne t'en fais pas, je te taquine !" Yasmine ne veut pas avoir le mauvais rôle avec le garçon, non pas qu'elle le laissera à Sybille non plus. Mais la jeune femme souhaite être la "tata copine", celle à qui le garçon peut se confier. Sur tout, le meilleur comme le pire. "ça se passe bien la fac ? J'espère que tu as de bonnes notes !" Dit-elle sur une note humoristique. Yasmine ne veut pas être la tata chiante, elle adore plaisanter et n'est jamais la dernière à faire des blagues. Bien souvent, ces blagues ne sont pas au goût du destinataire. Tant pis, ça aurait au moins fait rire Yasmine. Cette dernière vient se servir un grand verre d'eau et un cookie fraichement confectionné de ses propres mains un peu plus tôt dans la journée. Assis sur le rebord de l'évier, jambes croisées, elle écoute le garçon qui a, apparemment, quelque chose à lui demander. "Bien sûr que tu peux ! Je te l'ai déjà dit à maintes reprises !" Dit-elle ayant l'impression de se répéter. Elle n'en parlera même pas à Sybille, s'il souhaite que sa tante soit au courant, il le lui dira de lui-même. Mais ce n'est pas à elle d'avertir sa bien-aimée. "Je t'écoute ! Je suis toute ouïe !"

Une fois dans la cuisine, tu étais prêt à tout pour te faire le sandwich de ta vie. En même temps, le restaurant universitaire ne servait pas les meilleurs plats de la ville et tu ne mangeais que rarement. Ta tante te le faisait souvent remarqué d’ailleurs, parce que tu étais très maigrichon. Mais c’était aussi à cause des années passées, ton métabolisme n’allait pas changé aussi facilement. Alors que tu tartinais ton beurre de cacahuète, Yasmine te surpris dans la cuisine. C’était vraiment la tata cool qui ne relevait jamais une bêtise. Non pas que Sybille n’était pas facile à vivre mais elle s’immisçait un peu plus dans ta vie, et c’était tout à fait normal. Avant de prendre la première bouchée de ton sandwich, la marocaine te demandait alors si tu avais des bonnes notes en classe. « J’ai les meilleures notes de ma classe ! » dis-tu en croquant dans le pain de mie. C’était vrai, il n’y avait pas plus passionné que toi, tu aimais tellement tes matières que tu étais investis à 1000% dedans. Il n’y avait pas beaucoup d’étudiant aussi passionné que toi, il faut dire. Tu continuais de manger et tu parlais un peu plus intimement à ta tante. Tu avais des conseils à demander mais tu ne savais pas vraiment à qui t’adresser pour le coup. « Je t’avoue que je sais pas par quoi commencer » dis-tu en riant légèrement avant de boire le verre de soda que tu t’étais servi en même temps que tu faisais le sandwich. Après avoir avalé ta gorgée, tu posais le verre et tu baissais les yeux. « J’ai… j’ai rencontré une fille il y a pas longtemps et… et je sais pas comment m’y prendre » dis-tu en relevant le regard vers la jeune femme. « J’ai jamais eu de petite amie alors je sais pas quoi faire » dis-tu en te pinçant la lèvre.