that’s not what i expected (terrence)

Dans l'optique de retrouver une vie normale, stable financièrement et qui te permette de suivre tes études sereinement, tu as commencé à postuler à divers endroits pour trouver un job d'étudiant. Tu as eu quelques refus, la plupart du temps parce que l'annonce était périmée mais par chance, tu as reçu une proposition d'entretien d'embauche. Tu t'attendais à quelque chose d'assez classique, deux personnes assises autour d'un bureau, l'employeur te posant des questions et basta. Mais tu te trompais et largement. Monsieur Kelly, le propriétaire d'une boutique de surf, t'a donné rendez-vous à la plage, celle de Grays Bay, probablement pas très loin de sa propre boutique. Il t'a également demandé d'apporter une planche de surf et ne possédant pas la tienne, tu as demandé à Allen, une nouvelle connaissance, de t'en prêter une. Tu ne sais pas vraiment si elle est adaptée à ta taille - et s'il faut une planche adaptée tout court - mais au moins, tu en as une. Malheureusement, tu es bien incapable de t'en servir alors si l'entretien est basé exclusivement là-dessus, tu es foutue. Mais n'ayant pas pour habitude de baisser les bras si vite, tu décides de te rendre quand même à l'entretien, peu sereine malgré tout. Arrivée sur la plage, tu repères un homme d'une trentaine d'années avec une planche plantée dans le sol à ses côtés. « Monsieur Kelly ? » Demandes-tu en t'approchant, un léger sourire aux lèvres. « Je suis Noa, je pense qu'on a rendez-vous pour un entretien d'embauche. » Ajoutes-tu en lui tendant la main en signe de présentation.

Il lui avait fallu du temps pour se rendre à l’évidence et pour accepter cette évidence mais Terrence avait besoin d’aide à la boutique. Depuis plusieurs mois, depuis sa dernière opération finalement, qui datait de la fin d’année précédente, il avait du mal à s’en sortir seul, les cartons restaient des semaines dans son arrière-boutique à attendre d’être rangés en rayons, il avait abandonné les cours de surf parce qu’il ne s’en sentait plus capable et qu’il n’arrivait pas à se dégager de créneaux. Et puis sa petite boutique des débuts avait pris bien plus d’empleur qu’il l’avait espéré, à présent il avait une vraie clientèle, dont certains surfeurs assez réputés dans la région, qu’il fallait satisfaire et ça prenait du temps, il était sponsor pour quelques-uns, bref, sa bicoque sur la plage était un véritable commerce florissant et il avait besoin d’aide. Comme Terrence n’était pas un pro de l’informatique, il avait fait ça à l’ancienne, il avait déposé des annonces aux quatre coins de la ville et il en avait parlé à ses contacts. Il avait eu pas mal de touches, dont des passionnés de surf qui le connaissaient et qui pensaient que bosser pour lui ce serait surtout s’en griller une sur la plage en discutant avec ses paires toute la journée. Mais il voulait quelqu’un de sérieux, s’il se premettait de se faire des pauses clope, voir même bière, dans la journée, avec ses connaissances, peu savaient qu’il était au magasin à l’aube voir même avant et qu’il y restait bien au-delà des horaires d’ouverture le soir, pour sa comptabilité, gérer son stock, le ménage, le rangement, toutes les tâches auxquelles personnes ne pensait en entrant ici. Il avait vu la candidature de Noa, une jeune femme qui, elle avait été honnête, n’y connaissait pas grand-chose au surf et avait besoin d’un job étudiant. Qu’à cela ne tienne, il n’était pas contre les débutants, au contraire, il les voyait comme des personnes plus malléables, qu’il pouvait gérer plus facilement et former à l’image de sa boutique. Il l’avait convoqué pour un entretient, mais une fois encore, pas question de s’asseoir autour d’une table avec des échanges de regards froids et craintifs. Il était nul pour les entretiens alors il allait faire à sa manière. Le rendez-vous était pris en fin de journée sur la plage avec un surf, de quoi décontenancer la jeune femme et ça lui allait parfaitement ! Il tirait sur sa cigarette en haut des escaliers de sa boutique quand il la vit arriver, elle se dirigea naturellement vers le seul homme avec un surf qu’elle voyait sur le sable, Ben, un ami à lui. Celui-ci se mit à rire quand elle se présenta à lui en pensant avoir affaire à son futur patron et Terrence sourit également dans sa barbe, content de son effet. Kelly n’avait pas encore le droit de remonter sur une planche, pourtant c’était intéressant de voir si Noa aurait le courage de venir équipée et comment elle tenait son matériel. Le courage elle l’avait eu, le surf elle le tenait mal, il était trop grand pour elle et elle le traînait avec peine sur le sable, menaçant de rayer toute la planche avec les grains de sable. Terrence se leva alors et, de sa démarche claudicante, il se dirigea vers Noa et Ben. Bonsoir Noa ! Je suis Terrence et voici mon ami Ben. Si tu as envie de prendre un petit bain avec lui n’hésite pas, l’entretient peut attendre quelques minutes. Il avait pris le ton le plus avenant possible, sachant qu’il était plutôt du genre bougon mais heureusement pour elle, ce soir il était de bonne humeur.

Tu n'en es pas à ton premier entretien d'embauche et pourtant, celui-ci t'inquiète plus que les autres. Sans doute parce qu'on sort de l'entretien traditionnel et qu'il te pousse à sortir de tes sentiers battus, de ce que tu connais. Une chance que tu n'aies pas peur de te relever les manches et du ridicule. Parce qu'à cet instant précis, tu dois l'être, ridicule. Avec ta planche bien trop grande pour toi et ta façon de la tenir sans doute inappropriée, tu dois paraître bien bête, vu de l'extérieur. Mais au moins tu es là, prête à apprendre, n'est-ce pas le plus important ? Voyant un homme d'une trentaine d'années avec une planche de surf, tu supposes qu'il s'agit de ton potentiel futur patron alors tu te présentes à lui, sans te demander une seule seconde s'il s'agit de la bonne personne. Malheureusement pour toi, ce n'est pas le cas. L'homme en question part dans un rire qui te laisse à la fois perplexe et amusée, ce qui est plutôt paradoxal. « Oh bonsoir. Désolée je pensais que c'était vous... » Dis-tu un peu gênée mais sans perdre ton assurance malgré tout. « J'avoue que je n'ai jamais surfé, je pense que ça doit se voir... Tu ris avant de reprendre plus sérieusement : Mais si ça ne vous dérange pas je serais ravie de connaitre au moins les bases. Ou alors si Ben a un peu de temps à m'accorder après, on peut faire ça après l'entretien ? C'est comme vous préférez. » Réponds-tu en regardant les deux hommes à tour de rôle. Tu n'y connais pas grand chose en surf alors tu ne sais même pas si tu pourras monter sur ta planche directement ou si tu devras apprendre quelques bases à même le sable. Si c'est trop long en tout cas, tu t'arrêteras pour éviter de faire attendre plus longtemps Terrence qui t'accorde déjà un peu de son temps. Tu es là pour l'aider après tout, pas pour prendre des cours de surf. Même si, dans le fond, les deux sont sûrement liés. Pour bosser ici il faut probablement avoir un certain vocabulaire et des bases que tu n'as pas. Néanmoins, tu as déjà fait quelques recherches sur internet dans l'espoir de te documenter. Mais tu fais partie de ceux qui pensent que l'apprentissage sur le terrain est bien plus bénéfique que la théorie. Quoi qu'il en soit, tu laisses le loisir à Terrence de décider de la suite de votre entretien. C'est lui le boss après tout.

Il avait cet humour un peu particulier, Terrence, qui ne faisait pas rire tout le monde, on avait souvent du mal à voir s'il était sérieux ou non et ça avait de quoi décontenancer. Et c'était un peu le but, il fallait bien l'avouer, avec la jeune femme, il voulait la déstabiliser pour voir si elle avait du répondant. Parce qu'elle devrait en avoir, avec un homme tel que lui s'ils venaient à travailler ensemble, il le savait bien. Avec lui et avec la plupart de ses clients, ceux qui faisaient parti du cercle fermé des surfeurs, professionnels ou non, mais au moins de ceux qui prenaient ce sport au sérieux et pas comme un simple loisir, parce qu'ils étaient nombreux à fréquenter la boutique et ils avaient besoin de personnes qui répondrait à leurs attentes sans hésiter. Il les rejoignit, elle et son ami, sur le rivage et ne chercha pas à pousser plus loin le malaise, bien que Noa ne semblait pas si mal à l'aise que ça face aux deux hommes. Oui, ça se voit, mais je n'ai pas besoin d'une professionnel pour mettre des produits en rayon ou pour conseiller les clients. Qu'elle se rassure, il le lui avait déjà dit et il réitérait, il n'avait rien contre le fait qu'elle soit novice. Et si d'aventure ça réveillait une éventuelle passion chez elle, il serait ravi de lui apprendre les bases, mais elle n'avait pas été convoquée pour ça. Kelly fixa l'horizon d'un air dubitatif. Un orage se prépare, il sera là d'ici une demi-heure grand max et il en vaudra mieux pas être dans l'eau à ce moment-là. J'ai encore ma caisse de la journée à faire, je vous laisse barboter quelques minutes et on commencera après. Il hocha la tête d'un air entendu à l'attention du-dit Ben. Puis sourit à Noa. Tu n'auras qu'à me rejoindre au magasin pour te mettre à l'abri. Et il remonta sur la plage puis dans sa boutique où il fut accueilli par Stan, son chien, qui lui fit la fête. Une bonne trentaine de minutes plus tard les premiers coups de tonnerre se firent entendre, il n'avait pas menti, il connaissait par cœur la météo parfois capricieuse de cette saison. Et il entendit rapidement après qu'on frappait à la porte. Entre Noa, laisse le surf à l'entrée ! Alors, l'eau était bonne ? Il mis en marche la bouilloire pour leur préparer une boisson chaude, la pauvre avait les cheveux trempés, elle ne devait pas avoir bien chaud.

Quelque chose te dit que tu ne risques pas d'oublier cet entretien d'aussi tôt. Il avait déjà une saveur particulière, rien qu'en te poussant à amener une planche de surf mais tu vois sans difficultés que ce n'est pas la seule chose qui risque de t'étonner. Le gérant de la boutique semble vouloir sortir des sentiers battus avec cet entretien et qui plus est, tu vois bien qu'il est différent des employeurs que tu as pu avoir par le passé. « C'est vrai même si j'ai l'intention de me documenter bien comme il faut pour conseiller aux mieux les futurs clients. » Dans le cas où tu es prise, bien sûr. Mais tu veux que Terrence voit que tu as de la volonté et que tu es prête à apprendre. C'est pour cette raison que tu lui proposes de faire un tour dans l'eau, après votre entretien, pour apprendre les bases. Malheureusement, quand le gérant de la boutique aborde la météo, tu es forcée de constater, toi aussi, que le temps ne se prête pas vraiment à une baignade en mer. Enfin, maintenant si mais dans une demi-heure tout au plus, un orage risque bien de s'abattre. « Oh oui, j'adorerais ! » Dis-tu avec un sourire sincère aux lèvres. L'ami de Terrence, Ben, hoche la tête puis prends la direction de l'eau. Tu le suis, peu sûre de toi mais excitée à l'idée de faire du surf pour la première fois. Finalement, tu n'as pas beaucoup mis les pieds dans l'eau, tu as d'abord eu des explications à même le sable pour éviter d'éventuels accidents. Et ce n'est qu'après un quart d'heure environ que tu as rejoint la mer avec Ben. Tenir debout sur une planche s'avère bien plus compliqué que prévu mais avec les conseils du surfeur, tu y parviens plus rapidement que tu l'avais imaginé. C'est donc ravie que tu sors de l'eau après trente minutes même si tu es trempée de la tête aux pieds. « Désolée, j'espère que je ne vais pas mouiller toute votre boutique. » Dis-tu en entrant, après avoir déposé ta planche à l'extérieur, avant d'entendre la question du gérant. « Délicieuse. Ben est vraiment de bons conseils même si ce n'est pas demain que je deviendrai surfeuse professionnelle. » Plaisantes-tu en t'approchant de Terrence, attendant ses instructions pour la suite de votre entretien.

Si Noa comptait se documenter sur le surf et les différents produits qu'on vendait dans la boutique de Terrence, il n'était pas contre, loin de là, mais il avait dans l'idée de lui montrer de toute façon. Parce que ce qu'il vendait c'était des choses qu'il aimait, des marques de qualité, des coups de cœur, des outils vraiment utiles pour les surfeurs amateurs ou plus confirmés. Mis à part les maillots de bain type bikini avec lesquels il n'était pas le plus à l'aise, mais il fallait bien en vendre, il tenait un magasin sur la plage, heureusement il avait réussi à éviter les babioles souvenir qu'on trouvait un peu n'importe ou, vendre oui, mais pas n'importe quoi, il voulait faire son business honnêtement sans vendre son âme au diable, il l'avait déjà fait par le passé en d'autres circonstances, à présent il vendait ce qu'il aimait et rien d'autre. Et puis il fallait avouer que même pour les bikinis, ce n'était jamais désagréable de voir les filles défiler entre ses rayonnages, même si ça arrivait rarement. Bref, revenons à Noa, c'était un peu étrange, en la voyant ce n'était pas tellement un entretient d'embauche finalement, quand il la voyait il se disait qu'elle irait parfaitement dans la boutique. Elle était jeune, visiblement motivée, elle semblait ne pas avoir peur, la preuve, elle tenait fièrement son surf sous son bras, quelque part elle lui faisait penser à Lena et il y avait donc un peu d'affect qui prenait le dessus. C'est pourquoi rien ne pressait, ils pourraient bien discuter plus tard. Peut-être qu'il se trompait totalement et que la jeune femme ne ferait pas l'affaire, mais de toute façon ce n'était pas en parlant une heure autour d'une table avec elle qu'il pourrait pleinement s'en rendre compte. Alors autant la laisser s'amuser un peu et ils discuteraient ensuite. Il la confia à Ben, certain qu'elle passerait un bon moment dans l'eau, il était très bon professeur, quant à lui, il retourna à sa compta, enviant presque les deux qui se jetaient à l'eau. Lorsque Noa entra dans le magasin on entendait le tonnerre gronder, il n'était pas bien loin, l'orage approchait. Elle s'excusait d'arriver trempée et il eut un petit rire amusé. Ce parquet en a vu d'autre, la plupart des clients ne se posent pas la question quand ils sortent de l'eau, les pieds pleins de sable et les cheveux dégoulinants. D'ailleurs ça fait aussi partie du job, il faut nettoyer la boutique tous les soirs et souvent redonner un petit coup le lendemain matin, le sable c'est un fléau. Allez viens, entre. Il se préparait déjà son mug de café en écoutant le récit de Noa, souriant quand elle dit qu'elle ne deviendrait pas professionnelle d'ici peu. Ca tombe bien, ça ne fait pas partie du job. Tu veux un café, un thé ? Tant que l'eau était chaude, autant en profiter. Puis il s'approcha d'elle. Bon, alors Noa Blackwell qui ne connait rien au surf, pourquoi tu as postulé pour le poste ? Qu'est ce qui t'intéresse dans ce job ? Rappelons-nous qu'il était nul pour les entretiens, mais ces questions lui semblaient importantes.

C’est vrai qu’avoir une boutique sur la plage et donc à proximité de la mer, ne doit pas être évident niveau nettoyage. Tu imagines sans difficultés qu’il faille la nettoyer assez régulièrement surtout qu’apparemment, les clients ne font pas autant attention que toi à mettre de l’eau et du sable partout. Mais c’est ça aussi qui est chouette, de pouvoir entrer et sortir comme on veut avant d’aller piquer une tête un peu plus loin. C’est ce qui rend la boutique conviviale. Tu es déjà entrée dans celle-ci une fois, il y a quelques temps, pour acheter du matériel de plongée avec un ami. Autant dire que vous ne l’avez pas beaucoup utilisé, piètres plongeurs que vous étiez. Mais tu as tout de suite senti la chaleur des lieux et c’est ce qui t’a poussé, aussi, à postuler. Voulant prendre part à cette convivialité. « C’est l’un des inconvénients à avoir une boutique sur la plage j’imagine. Heureusement, il existe des tas d’avantages pour contrebalancer. » Dis-tu avec un léger sourire aux lèvres avant de répondre à la proposition de Terrence : « Un thé ce sera parfait. Merci. » Tu ris quand il t’appelle par ton nom complet et ajoute qui ne connaît rien au surf parce que ça représente plutôt bien qui tu es. Enfin, heureusement pour toi, ta personne ne se résume pas qu’à ça. « Pour commencer j’ai repris des études d’arts donc j’avais besoin d’un petit boulot pour payer mon loyer, me nourriture, etc. » Néanmoins, tu es bien consciente que ce ne sera pas suffisant et heureusement que ton père est là pour t’aider. « J’ai postulé pour votre boutique parce que j’ai toujours trouvé le surf assez impressionnant. A mes yeux, c’est une forme d’arts de pouvoir contrôler les vagues ou du moins de jouer avec elle. Qui plus est j’avais envie d’un travail dans lequel je pourrais apprendre des choses, me challenger. » Expliques-tu en détournant quelques secondes le regard pour balayer la boutique des yeux. « Pour tout vous dire, je n’ai mis les pieds qu’une seule et unique fois ici. Enfin, à présent ça fait deux. Mais la seule fois où je suis venue, j’ai senti une vague chaleureuse m’envelopper. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. » Dis-tu en riant légèrement. Tu espères que Terrence va comprendre où tu désires en venir et ne te prendra pas pour une folle avec ces explications sans queue ni tête.

Terrence avait parlé de fléau concernant le sable mais en vérité il adorait le désordre que ces petits grains mettaient dans son magasin, leur odeur si caractéristique des chaudes journées de Bowen et des traces laissées par les gouttes d'eau salée qui avaient patiné les lattes en bois de son sol. Ca faisait tout son charme. Il était pourtant maniaque, d'une certaine façon, refusant le désordre, la poussière sur les étagères il voulait de la propreté jusque dans son arrière-boutique, là où les clients ne mettaient pas les pieds. Mais le sable sous les pieds ça faisait l'identité du lieu, son authenticité. Oui, ce n'est qu'un détail. Puis je ne me voyais pas ouvrir un magasin qui n'aurait pas les pieds dans l'eau, ça n'aurait eu aucun sens. On sentait bien que Terrence savait parfaitement ce qu'il voulait pour cette boutique. Il se retourna pour faire chauffer de l'eau, ils prendraient un thé tous les deux, ça la réchaufferait et puis avec la tempête qui s'annonçait ce serait de circonstance. Il faisait tout ce qu'il pouvait pour mettre Noa à l'aise, ayant horreur des rencontres formelles. Il haussa un sourcil. Des études d'art, rien que ça ! Quel genre d'art ? Il était plus curieux pour lui-même, ça n'avait pas grande importance pour le job évidemment. Et avec ce genre d'études, l'implication que ça demande, tu penses avoir du temps pour venir régulièrement ? Même en période de rush, en haute saison ? C'était ça, finalement, le plus important, il n'était pas contre une étudiante, au contraire, mais il fallait qu'elle soit impliquée, ce n'était pas juste un gagne pain. Il était évident pour Kelly qu'elle avait bien bossé son sujet, pour un passionné de surf elle jouait sur la corde sensible en comparant ce sport à une forme d'art. Il ne pouvait pas la contredire, mais il restait tout de même prudent. Ca s'apparente plus à un job de vendeuse qu'à celui de surfeuse, j'veux dire, tu ne verras pas les vagues très souvent. Pourtant s'il la sentait motivée et intéressée il n'était pas contre l'emmener avec lui voir des compétitions et lui expliquer comment fonctionnait la discipline. Plus elle parlait plus elle le convainquait, elle semblait sensible comme gamine et il était touché qu'elle se soit sentie bien chez lui, parce qu'on ne disait pas toujours ça, avec son caractère bourru on disait parfois de lui qu'il mettait trop de distance entre lui en ses clients. Tu pourrais commencer quand ?

Il est vrai que Terrence n’aurait pas pu choisir meilleur lieu que celui-ci. Sa boutique est authentique et offre une proximité avec la plage que doivent adorer les clients. Toi-même, tu sens déjà que ça te plairait de travailler ici, à proximité de l’eau, des vagues et de l’air apaisant de la plage. « En effet. » Réponds-tu simplement avec un léger sourire. Tu n’es pas la plus démonstrative des femmes mais tu as l’impression que votre entretien se déroule bien, que tu es assez à l’aise avec les questions du gérant de la boutique et que tu as potentiellement une chance d’être prise. Tu l’espères, en tout cas. Mais tu ne dois pas être la seule à postuler pour le poste malheureusement. « Pour l’instant je ne suis qu’en deuxième année donc on est encore sur des cours assez généraux. Mais j’ai une passion pour le dessin et la peinture. J’aimerais avancer dans ce sens à l’avenir. » Et tu as une passion pour l’art de rue, également, mais tu n’es pas certaine que ce sont des choses qui se disent lors d’un entretien. D’autant plus que tu joues avec l’illégalité en taguant en rue alors autant éviter d’en dire davantage. « Je suis assez organisée… Ce qui fait que je n’attends pas les périodes de rush pour bosser sur mes cours. L’année, mes horaires sont assez légers donc je pourrai être disponible autant que vous aurez besoin de moi. Et pour les périodes de rush, étant donné que je prends de l’avance, elles ne me semblent pas beaucoup plus lourdes qu’à d’autres moments. » Expliques-tu le plus sincèrement possible. Tu n’affirmes pas cela pour lui faire plaisir, c’est la vérité. Tu as un planning auquel tu te tiens et qui te permet de ne pas te retrouver surchargée de travail. Tu hoches doucement la tête lorsque le commerçant affirme que ton job s’apparentera davantage à de la vente qu’à du surf à proprement parler. La vente ne te fait pas peur étant donné que tu as bossé chez une fleuriste précédemment mais il est vrai que tu aimerais en apprendre davantage sur le surf et ses pratiques. « Pour ce qui est de la vente, j’ai travaillé chez une fleuriste auparavant alors j’ai déjà quelques bases, je pense. Même si on ne parle pas du tout des mêmes produits. » Réponds-tu en souriant. En effet, les fleurs et les planches de surf, cela n’a vraiment rien avoir. Entendant la dernière question de Terrence, tu tentes de ne pas crier victoire trop vite même si cela te semble plutôt positif. S’il n’était pas intéressé par ta candidature, il ne t’aurait pas posé cette question, pas vrai ? « Aussi vite que vous le voudrez. » Réponds-tu sans hésitation. Tu as bien quelques questions, toi aussi, mais tu désires d’abord voir où tout ça vous mène, si le poste te revient ou non.

On ne pouvait pas vraiment appeler ça un entretient d'embauche, à les regarder tous les deux on aurait pu croire qu'ils discutaient simplement et c'était ce qui plaisait à Terrence. Le courant passait bien avec cette fille et au fond c'était ça le plus important. Il avait besoin de quelqu'un avec qui les choses se passeraient bien, de motivé et de bosseur, visiblement il avait trouvé la bonne personne en Noa. Elle n'était pas la première qu'il voyait, bosser dans un magasin de surf ça en motivait plus d'un, mais à chaque fois il y avait quelque chose qui n'allait pas. Avec elle tout semblait s'accorder. Il sourit un peu alors qu'elle lui parlait de peinture. C'est drôle, y'a ce grand mur vide et nu derrière toi, si un jour ça t'inspire tu pourras y faire quelque chose. Comme ça j'aurais une idée de ce que tu vaux en dessin ! Et l'affaire était presque conclue finalement, aussi simplement que ça. Evidemment il leur faudrait parler rémunération, horaires, contrat, mais tout ça viendrait après, ça ne faisait pas de doute pour le commerçant, il demanderait à son comptable de lui faire les papiers du contrat, ce n'était qu'une formalité, de toute façon il payait bien, ce n'était pas un problème. Et pour les horaires, visiblement elle ferait au mieux et lui était arrangeant, bien conscient que les études de Noa passaient avant tout. De toute façon quand tu auras besoin de t'absenter pour les examens ou autre tu n'auras qu'à me le dire, si je le sais à l'avance je m'adapterai. J'ai bien travaillé seul durant quelques années, ça ne sera pas un problème. Le fait qu'elle ait travaillé dans un autre commerce par le passé jouait encore en sa faveur, elle savait ce que c'était que d'accueillir les clients au moins. Et puis les fleuristes avaient également leurs périodes de rush, alors si elle avait su gérer dans ce domaine elle saurait le faire chez Terrence. Non, ce n'est pas la même chose mais ça aide toujours, c'est vrai. Sa réponse, aussi spontanée qu'enthousiaste le fit sourire à nouveau, elle avait compris qu'il la prenait et lui il était vraiment content d'avoir enfin trouvé quelqu'un de bien. Laisse-moi le temps de faire les choses en règles avec mon comptable et on peut se dire la semaine prochaine ou la suivante. Tu veux venir faire une journée d'essai ? Histoire de voir si tu es à l'aise, autant pour toi que pour moi. Parce que discuter c'était bien, mais la mettre dans les conditions c'était la meilleure façon de voir si elle se plaisait dans ce job et si elle conviendrait au commerçant. Tu as des questions ? Elle avait peut-être des conditions ou des interrogations, c'était le moment d'en discuter. Mais il sentait que tout irait bien et pour ça Terrence avait du nez.

Ce grand mur vide ? Ton regard s'illumine alors que tu te retournes pour observer le mur en question. Des idées viennent déjà parsemer ton esprit et tu es persuadée qu'en discutant avec Terrence, vous pourrez tomber d'accord sur quelque chose qui sublimera davantage la boutique. « Si un jour ça m'inspire... L'inspiration est déjà là. » Dis-tu en riant, impatiente de mettre en pratique cette nouvelle idée. Tu pourrais même préparer quelques croquis à la maison et les lui proposer la prochaine fois que vous vous verrez. Ce jour-là, tu espères que tu seras considérée comme son employée mais ça semble être en bonne voie. Le courant passe plutôt bien entre vous deux et c'est important pour avoir de bonnes relations de travail. « C'est gentil, merci. On a les dates d'examens bien à l'avance donc je vous préviendrai assez tôt pour que vous puissiez vous organiser. » Assures-tu. Comme tu lui as dit, tu es quelqu'un d'organisé donc tu n'auras pas de mal à assumer ton horaire et à bosser pour tes examens à côté. Mais Terrence semble assez arrangeant alors il ne fait nul doute que vous trouverez de quoi vous convenir tous les deux. Finalement, tu expliques au gérant de la boutique que tu as travaillé avec une fleuriste pendant quelques mois, ce qui t'a permis d'avoir un premier pied dans la vente. Bien que ce soit assez différent du surf, il y a des bases qui ne changent pas. Tu hoches la tête aux dires de Terrence, lorsqu'il te demande un peu de temps pour faire les choses en règles. Pour ce qui est d'une journée d'essai, tu es bien évidemment partante. « Oui, bien sûr. On peut dire vendredi prochain pour la journée d'essai ? » Demandes-tu avant que vous ne conveniez officiellement de la date. Des questions, tu en as deux-trois oui mais tout semble déjà bien établi et clair. Tu poses donc au gérant les questions qu'il te reste, avant de quitter l'établissement, assez sereine. Travailler ici serait un vrai bonheur, ça ne fait aucun doute.

Comme convenu, j'ai clôturé le sujet