Just tonight I will stay and we'll throw it all away |ft Viktor

Franchement, il se rappelait pourquoi ils se tapaient sur le système la moitié du temps, il se rappelait qu’elle était pète-couilles à vous en faire crever les pandas, mais bordel il était content qu’elle se ramène ce soir. Et là, à se prélasser dans la piscine, il avait déjà un sourire des plus satisfaits qui flottait sur son visage un brin insolent. Fallait pas s’mentir, Ashlee lui avait sans doute manqué, même s’il avait eu d’innombrables autres personnes pour satisfaire ses envies de séduction et de moments charnels. C’était pas comme s’il pensait tous les jours à elle non plus, Viktor était facile à distraire et rapide pour passer à autre chose. Mais avec la rouquine, on ne passait jamais vraiment à autre chose. Ça faisait bien des années maintenant, qu’ils jouaient à ce jeu de gamins stupides, à se tourner autour, se sauter dessus puis se cracher à la gueule, pour se retrouver dans les mêmes draps deux mois plus tard. Parfois, c’était vraiment cool, ils restaient ensemble un moment à jouer au couple parfait. Et puis bam, une infidélité par-ci, un coup rapide par-là, et c’était reparti pour un tour, ou bien ça terminait simplement en se ghostant pendant des semaines. Dans ce cas-ci, des mois. Et encore une fois, sans aucune surprise, ils étaient de retour. Back on track. Quelle bande d’imbéciles tout de même. Et sans surprise, Ash’ était rentrée dans la villa comme si elle était la maîtresse des lieux, comme à son habitude. Il aurait pu aller s’isoler dans un temple de moines tibétains qu’elle aurait fait la même entrée. « Tant qu’à faire, tu peux m’en apporter un ! » cria-t-il de la piscine, rigolant intérieurement, alors qu’elle proférait des menaces dans le vide. La porte fenêtre du salon était entrouverte, et il lui fit signe du fin fond de la piscine où il était confortablement calé sur les marches, adossé au bord. Non mais parce qu’il ne lui aurait pas offert la satisfaction de venir l’accueillir. En revanche, il avait bien envie qu’elle le rejoigne. Et avec ce verre de whisky, s’il vous plaît.

Alors qu’elle le rejoignait avec un verre de Jack pour chacun d’eux, il la suivit du regard, un sourcil haussé en signe d’appréciation. Il aimait ce qu’il voyait. Et il était agréablement surpris qu’elle lui ait quand même servi son verre. Il aimait bien trop jouer au petit con qui ne se sent plus, et claque des doigts pour se faire servir comme un prince, que pour arrêter ce genre de remarques, mais il était tout aussi prêt à recevoir le verre en pleine gueule. Au fond, c’était une image, un rôle, des réflexions semi-humoristiques. Mais il fallait quand même avouer qu’il aimait qu’on s’occupe de lui. Surtout venant d’Ashlee. Il savait cependant qu’il n’était pas à l’abri d’un retour de flamme. « T’es simplement jalouse de pas avoir la même chez toi, et de devoir te contenter de la piscine publique. » rétorqua Viktor avec un haussement d’épaules. Ouais, là il poussait clairement le bouchon. On aurait dû l’appeler Maurice. C’était juste une pique de plus entre eux, destinée à la faire enrager et à lui tirer une répartie cinglante. Ça l’amusait plus que ça ne le touchait, ce jeu durait entre eux depuis qu’ils se connaissaient. Parce que si Vik’ possédait le luxe de cette piscine, et la villa qui allait avec, c’était uniquement grâce à la générosité de sa colocataire, lui n’aurait pas pu se permettre un tel endroit à un prix honnête. Mads lui faisait payer un loyer ridicule comparé au logement qu’elle offrait, et encore, elle aurait été prête à le laisser vivre ici gratuitement. « Thanks, beautiful. » lui dit-il quand même en prenant un des verres qu’elle avait posés. La gratitude était sincère, mais impossible d’effacer cet insupportable sourire satisfait de ses lèvres. Il ne s’empêcha pas, et ne s’en cacha pas non plus, de détailler les courbes de son corps alors qu’elle retirait ses vêtements pour venir se glisser dans l’eau à ses côtés. Il savait qu’elle était à l’affût de son regard brûlant, de la lueur de vif intérêt qui allumait ses iris clairs. « Personne n’est coincé, avec moi. » répliqua le blond, regard provocateur et sourire en coin arrogant. Encore une fois, c’était tout spécialement pour la piquer, pour provoquer ce feu intérieur qu’elle avait qui ne demandait qu’à se déchaîner, et carboniser les idiots dans son genre. « Alors, à nos retrouvailles ? » poursuivit-il sans transition avec une désinvolture à vous exaspérer au plus haut point, levant son verre pour trinquer avec la belle rouquine.

Il était vraiment con avec ses réflexions, il le savait, et le pire dans l'histoire, c'était qu'il s'en satisfaisait, arborant un petit sourire en coin suffisant. N'importe qui aurait eu envie de lui en coller une pour effacer ce sourire. Il n'en avait rien à foutre, tant qu'Ash' faisait partie de ses gens. Rien que voir son air dédaigneux embellissait sa journée, et il aurait même kiffé qu'elle envoie son poing dans la figure. Maso ? Non. C'était tout simplement que leur relation avait toujours fonctionné ainsi. Et autant ils se tapaient sur le système, autant ils éprouvaient une attirance l'un pour l'autre que le temps ne parvenait pas à effacer, un feu ardent que rien ne parvenait à éteindre, ni les coups bas, ni les tromperies, ni les mois sans nouvelles. Ça faisait partie du jeu, ça faisait partie de leur système. Parvenir à faire sortir Ash' de ses gonds lui donnait envie de lui sauter dessus. Son corps sublime et son air farouche y étaient sans doute aussi pour quelque chose. « Si elles se font masser régulièrement, ça les raffermit. » rétorqua Viktor avec un regard en coin qui en disait long sur comment il était content de sa blague, qui n'était d'ailleurs qu'à moitié une blague. Il ne disait pas non à des mains expertes à cet endroit de son corps. Et si ça lui permettait de ne pas avoir la peau tirée comme l'avançait la rouquine... Il but une gorgée de son verre après avoir trinqué avec la jeune femme, qui affichait cet air désinvolte en un brun rebelle qui était le sien. Cet air qui avait le don de faire tourner la tête au tatoué et d'enflammer chaque centimètre carré de son épiderme. Il lui aurait bien sauté dessus tout de suite, mais c'était plus intéressant de prendre leur temps, et d'éventuellement parvenir à faire piquer une crise à la belle rousse. « C'est vrai que je devrais vendre mon corps, ça c'est une idée, ça marcherait du tonnerre. » releva-t-il simplement avant une autre gorgée d'alcool. « C'est la villa de Mads, tu sais, ma colocataire que t'as fait fuir. Sa maison est aussi belle qu'elle. » Là, il cherchait, mais alors vraiment très loin. Et toujours ce sourire suffisant et amusé qu'on ne pouvait lui décoller des lèvres. Il était bien conscient qu'il abusait totalement et qu'il poussait Ash' jusqu'aux toutes dernières frontières de sa patience. C'était le but. Et ça le faisait marrer. « Allez, arrête de faire la gueule. Tu peux venir profiter de l'endroit toute les semaines, grâce à l'immense privilège que tu as de me connaître ! » lança-t-il d'une voix qui appelait à la conciliation - en surface, en tout cas - après avoir déposé son verre, se lançant dans l'eau pour barboter à quelques mètres, toujours face à la jeune fille, son regard provocateur lui demandant de venir le rejoindre.

Viktor haussa les épaules avec un petit roulement d’yeux, sourire en coin animant toujours ses traits enjoués. « T’en sais rien, peut-être qu’elle rend mes nuits divertissantes. » rétorqua le garçon quand Ash’ affirma que sa colocataire était emmerdante. Il pouvait sentir une pointe de jalousie dans son discours et ça le satisfaisait au plus haut point, attisant l’envie de continuer à titiller ses nerfs. À défaut de titiller autre chose, pour l’instant. Mais le self-control de la rousse lui donnait envie de la pousser à bout, elle qui d’habitude vrillait pour moins que ça. Il allait finir par s’en prendre une, ou perdre ses bijoux de famille, mais ça en vaudrait limite la peine. Le pire, c’était qu’il disait n’importe quoi et Ashlee était trop facilement inflammable pour s’en rendre compte. Jamais Madelaine n’aurait accepté de passer une nuit endiablée avec lui, pas dans ce sens-là, du moins. Ils étaient colocataires et si Viktor ne niait pas qu’elle était attirante, et passait son temps à l’emmerder avec des phrases lourdes et beauf, il savait aussi bien qu’elle que leur relation n’était pas de cette nature et ne prendrait probablement jamais ce tournant. « Mads, elle accepterait. » Nouveau haussement d’épaules, alors qu’il se préparait mentalement à se manger une gifle. Fallait quand même qu’il dose la pression, parce qu’elle allait finir par partir s’il poussait le jeu trop loin, juste pour le plaisir de se venger en le laissant sur sa faim, tout seul comme un con de sa piscine olympique. Et il l’aurait bien mérité. Mais ils avaient toujours aimé jouer avec leurs limites et se pousser dans leurs derniers retranchements. C’était ce qui rendait le jeu si digne d’intérêt. Une relation moins explosive n’aurait sans doute pas tenu la longueur, avec eux deux. « J’aurai droit à un plan à trois ? » fit-il en haussant les sourcils, une lueur d’intérêt bien trop exaspérante s’allumant dans ses yeux clairs. Il lui semblait que les yeux d’Ashlee s’étaient transformés en mitraillettes, prêtes à le réduire en bouillie dans les prochaines secondes. Il finit par éclater de rire, avant de secouer la tête, incapable de garder la face plus longtemps même si c’était beaucoup trop satisfaisant. Putain, rien que ça suffirait à lui faire prendre son pied. « P’tain, j’déconne Ash’, descends de ton poney et ris un coup. » fit-il en nageant vers la belle rousse pour réduire la distance qu’elle maintenait entre eux, sans répondre à sa question uniquement formulée par sa possessivité. Il ne la blâmait pas, il l’était tout autant qu’elle-même s’il se donnait ce rôle de connard sans cœur. Et elle savait en jouer aussi bien que lui. « Mais est-ce que ton Prince Charmant a une piscine aussi stylée que la mienne ? » releva-t-il en lui adressant son habituel regard suffisant. Il savait qu’Ash’ avait autant de plans que lui, qu’elle mente sur ce coup-là ou pas. C’était une bombe cette meuf, fallait pas s’mentir. « Il sera même pas capable de t’faire la moitié de c’que j’te ferai cette nuit. » souffla-t-il en s’approchant dangereusement d’elle. « J’te laissera pas r’partir de toute façon. » ajouta-t-il avec un haussement d’épaules détaché, parce que quand même, il comptait bien l’avoir pour lui un certain temps. Même s’il était impossible de garder une femme comme Ash’ pour soi bien longtemps.

Autant il adorait l'emmerder et voir ses traits prendre un air dédaigneux et contrarié, autant il y avait un temps pour tout, et il décida que c'était le moment de baisser les armes. Il savait être pète-couilles, comme elle le disait, le meilleur pète-couilles de l'univers, même, tout spécialement pour elle. Parce que ouais, Ash' elle était spéciale, à ses yeux. Et même s'il prenait plaisir à montrer tout le contraire et à lui faire piquer des crises, il aimait être avec elle. Ils avaient traversé des disputes enflammées, des coups bas, des mensonges et des tromperies, mais ils avaient leur lot de beaux moments, et la féroce rouquine faisait partie de son quotidien, par intermittence peut-être, mais elle faisait partie de sa vie, depuis longtemps. Et il ne voyait pas les choses autrement. Sûrement que dans quinze ans, ils en seraient encore rendus à se chercher, se battre et se retrouver, en gros célibataires endurcis incapables de faire les choses bien. S'ils pouvaient se hanter jusque dans leurs tombes, ce serait génial. Juste pour le plaisir d'entendre ses réparties cinglantes, qui l'amusaient beaucoup. « J'préfère que tu me qualifies d'étalon, c'est plus approprié. Mais j'veux bien continuer à être le tien. » sourit-il, narquois et provocateur, se rapprochant de la belle rousse. Joueur. Il avait envie d'avoir ce qu'il voulait. Et même si elle se délectait de le repousser, elle était venue parce qu'elle avait envie d'avoir quelque chose aussi. La voir enfin rendre les armes lui arracha une expression de satisfaction, de un parce qu'il avait le sentiment d'avoir gagné, mais aussi parce qu'il y avait une chose qu'il aimait encore plus faire avec elle que de se balancer des piques. Et la suite semblait prendre cette direction. Sentir ses mains agripper sa nuque suffit à lui arracher un frisson de contentement, déjà ses mains à lui se posaient sur les hanches de la jeune femme, entourant son corps parfait de ses bras pour amener leurs peaux à se rencontrer. À se retrouver, plutôt. « Okay, boss. J'me tais. Promis. » souffla-t-il, son regard océan se plongeant dans celui d'Ashlee, toujours ce sourire insolent et un brin énervant au coin des lèvres. Mais il était de bonne foi et il acceptait sincèrement de la fermer si c'était ce qu'elle lui ordonnait. Il aimait la rendre dingue, certes, mais il aimait tout autant arrêter de jouer au con deux secondes et se montrer plus docile. Si ça pouvait la satisfaire. Tout pour ce corps de rêve et ce regard qui embrasait le monde. Qui l'embrasait lui, plus qu'il ne voulait l'admettre. Vik' donnait l'illusion de se contrôler et de jouer avec elle, mais elle avait tout autant d'emprise sur lui et en cet instant, il avait envie de caresser chaque partie de son corps et chaque parcelle de sa chair.