when it gets dark, I will know no fear (maximilien)

Elmo n’avait jamais été quelqu’un de très sérieux ou responsable. La situation s’était d’ailleurs grandement détériorée depuis quatre ans, soit au moment où il avait décidé de déménager à Bowen pour ses études. Loin de ses parents, loin de la maison familiale, loin de la surveillance continuelle. À distance, ses géniteurs ne pouvaient pas faire grand-chose pour le garder sur le droit chemin. De toute façon, Elmo ne leur montrait que le beau côté de sa nouvelle vie australienne. En visioconférence, en FaceTime, il se montrait sous ses meilleurs angles et, dès que la caméra se remettait à off, il reprenait ses conneries là où il les avait laissées. Ses parents n’étaient même pas au courant qu’il avait lâché l’université, même pas pour se consacrer à quoi que ce soit de particulier, juste pour se consacrer à rien. Il répétait encore et toujours avec la Monkey Squad, groupe de musique de potes pour lequel il était batteur. Il bossait encore au salaire minimum + pourboire à un petit café local, comme barista. Il passait encore des heures et des heures devant des jeux vidéo. Et, la nuit venue, il passait son temps soit à la coloc’ avec ses amis, soit avec Bella à se pratiquer à faire des enfants qui n’étaient pour le moment pas dans les plans, soit avec Max à se retrouver dans des endroits ou dans des situations que ses parents n’approuveraient pas, mais alors pas du tout. C’est surtout la partie Maximilien qu’Elmo enlevait la plupart du temps de ses récits. Tout le temps, en fait. Ses parents ne savaient même pas que Max existait et, selon l’italien, cela ne dérangeait pas trop son ami et ce, même s’ils se connaissaient depuis quatre ans. Ce n’était pas son genre de vouloir faire bonne impression auprès des parents de ses amis alors, s’il pouvait ne pas avoir à faire impression du tout, c’était tant mieux. Ce soir, Elmo rejoignait Max à un endroit louche parce que le jeune homme avait dégoté l’emplacement d’une rave qui avait lieu au quartier industriel de Bowen. L’italien, lui, n’avait aucune idée de l’endroit où son pote l’emmenait, mais il lui faisait aveuglément confiance – ce qu’il aurait sans doute dû apprendre à ne pas faire, depuis le temps. Elmo arriva donc dans la partie mal-aimée de Bowen, où des usines à moitié abandonnées s’érigeaient encore, colorées de graffiti des artistes underground locaux. Max était là. « Yooo, bro’, t’es certain qu’on s’est pas débarrassé de toi en te donnant de fausses infos ? Y’a personne et y’a pas d’bruit, limite c’est flippant. » Lâcha-t-il en regardant autour de lui. Fils de bonne famille, Elmo avait toujours ce petit stress quand il suivait Max dans ses conneries, mais c’était le good kind, celui qui le faisait sentir vivant.

Peu habitué à ce genre de soirée se déroulant dans des lieux incongrus, lui étant plutôt un client coutumier des traditionnels Hendrix, Elm Street et compagnie, Elmo regardait Max d’un air dubitatif. Il avait la certitude que son ami s’était fait mener en bateau, sauf qu’au lieu d’accoster dans un port il s’était retrouvé entouré d’usines désaffectées. Lui aussi observait le blond sous l’éclairage des lampadaires dont certains peinaient à demeurer allumés, clignotant pour donner des allures plus gores encore au contexte. Les ombres se profilaient sur le visage de Maximilien, le creux de ses yeux, le pourtour de son nez, le dessous de sa lèvre inférieure. Elmo se demanda si la lumière lui dessinait des ombres, à lui aussi. Il avait longuement baigné dans le soleil mais désormais, l’italien se découvrait un amour plus profond pour la nuit. Il avait toujours aimé s’endormir aux petites heures du matin mais encore une fois, il fallait que les premiers rayons du soleil viennent chatouiller son sommeil pour qu’il s’y laisse emporter. Ce n’était alors pas la nuit qu’il honorait mais le lever du jour. Depuis qu’il connaissait Max, il découvrait réellement ce qu’était ce monde de minuit. Et il s’y plaisait, de plus en plus. Son ami lui rappela alors que le but de ces soirées étaient de passer inaperçues aux oreilles des flics et des gens intolérants. « J’sais, j’suis pas con. » Se défendit Elmo. « C’est quand même fucking creepy. » Ajouta-t-il quand même, la mine un peu boudeuse, les mains plongées dans les poches de son short. Max semblait s’amuser de cette crainte chez l’italien, qui bomba alors le torse comme pour se donner de la contenance, de l’assurance. « Bon, on va perdre notre temps encore longtemps ou on y va ? » S’impatienta-t-il faussement. Max ouvrit la marche vers l’une des usines qui paraissait comme une géante impératrice de béton maintenant qu’ils se trouvaient à ses pieds. Un sourire égaya le visage du jeune homme lorsque le blond ouvrit la porte et que le hard bass devint bien plus qu’un simple écho à peine distinguable, mais bien un tsunami de vibrations qui affolaient son cœur dont les battements se confondaient à la basse. « Y’a tellement de monde ! C’est dingue ! » Cria Elmo, persuadé malgré tout que ses lèvres bougeaient mais qu’aucun son ne pouvait percer celui de la musique. Max et lui allaient devoir communiquer par gestes et par lecture approximative du mouvement des lèvres. Ou ne pas communiquer du tout et juste … enjoy.