buying drugs should not be illegal (Edd)

Assise sur un banc dans le jardin botanique, Jamie attendait patiemment sont rendez-vous de la soirée, profitant de la fraicheur du début de soirée. Il y a quelques semaines, au détour d’un couloir du tribunal, Jamie avait vu une personne qu’elle connaissait menottée en attente du jugement. L’avocate ne le connaissait pas personnellement mais il était son dealer, celui qui lui vendait quelques grammes de cannabis. Jamie n’est pas une droguée, dépendante de cette herbe. Non, elle fume de temps en temps, comme une personne qui boit de temps un temps un verre de vin. Il n’y a pas d’excès, ce n’est pas tous les jours. Parfois elle en fume plusieurs dans le week-end, parfois après une très longue journée. Souvent, elle se prépare un bain chaud, roule son joint avant de se mettre nue dans l’eau chaud le mégot à sa bouche. Jamie est pour la légalisation mais connaît les risques et les sanctions. Bien qu’elle trouve cela idiot de pénaliser autant, elle n’est pas au-dessus des lois, et si elle se fait choper, cela pourrait avoir des conséquences assez dramatiques sur sa carrière. C’est pour cette raison, qu’elle attend sur ce banc, au milieu du jardin botanique à la vue de tous. Tout le monde peut la voir mais en même temps cela paraît naturel. Elle attend son nouveau dealer, enfin s’ils le courant passe bien. Une de ses connaissances lui avait passée son contact et Jamie n’avait pas hésité à l’appeler. C’était donc lui qu’elle attendait. Un peu parano, elle essayait de passer pour la fille nonchalante, avec un livre qu’elle ne lit pas vraiment. Mais elle ne peut s’empêcher de regarder à droite ou à gauche, vérifier qu’il n’y ait pas de policiers et essayer de reconnaître la personne qu’elle attend. Surement à cause des livres qu’elle a lu ou des films qu’elle a vu, Jamie s’attend à voir un homme grand, avec des tatouages, le stéréotype même du dealer. C’est peut-être pour cette raison qu’elle ne remarque pas le jeune homme qui s’approchait d’elle.

Edd attendait devant la caisse, qu’on veuille bien qu’on s’occupe de lui. Il allait finir par être en retard. Il allait faire mauvaise impression, dès la première rencontre. Nouvelle cliente, ça se soigner. Il n’en avait pas spécialement besoin, sa petite affaire tournait plutôt bien. On en a jamais de trop… Le numéro l’avait interpellé et il y répondit encore avec la voix ensommeillée. Dure nuit, si on peut dire. Il avait besoin de s'hydrater bouche. Pas besoin d’imaginer, ce qui à bien pu faire de cette nuit. Enfin, c’était à lui, il commanda un grand macchiato avant d’aller à son rendez-vous. Le jardin botanique. Il n’était pas calé fleur, et il avait une inversion aux pollens, et tout arbres, arbustes un peu bizarre. En soi, ce n’était qu’un lieu comme un autre. Il ne venait pas les mains dans les poches, à siffler la vie était belle. Mais il se demandait tout de même pourquoi, le jardin botanique. À cette heure-ci, le monde n’était pas encore au bon fixe, quelques personnes qui devaient profiter du silence des lieux, certainement. Il avait presque envie de lever les yeux au ciel, la retenue. Il ne savait pas qui l’attendait, et c’est un peu compliqué, qui avait passé commande. Il savait au moins que c’était une jeune femme, le rendez-vous était convenu près d’un banc deuxième indice. Son regard s’aventurait autour de lui, café à la bouche, scannant son environnement. Il fut attiré effectivement par une jeune femme… Anxieuse à bien y regarder. Super, elle mettrait une cible sur sa tête, de coupable, il n’y avait pas mieux. Et pourtant, il avait ce sentiment tenace de ne pas se trompait… Il s’approcha, décontracter. La nuance était notable. « Je peux… ? » Il jeta un coup d’œil sur la jeune femme, de haute en bas, oui sans la moindre discrétion, elle paraissait un peu sage et sainte nitouche pour toucher à ça… « Tu n’es pas discrète, tu transpires la peur ! On te colle directe une étiquette suspecte sur le front » Il l’a taquiné un peu, mais sa réaction l’intéressait beaucoup. Il ne se gênait pas non plus pour la tutoyer, il le faisait le plus souvent avec tous ces clients, qui d'ordinaire n'étaient pas si loin de son âge.

A Perth, il était facile pour Jamie d’acheter de l’herbe. Après avoir passé plus de dix ans dans cette ville, elle avait agrandi son réseaux. Certains de ses anciens clients étaient également les premiers à lui en vendre. Tant que Jamie faisait bien son travail et qu’elle ne dépendait pas de cette chose, elle ne voyait pas où était le mal de fumer de temps en temps. Mais ici, à Bowen, elle devait tout recommencer. Retrouver des gens de confiance et un produit de qualité. Trouver des lieux de rendez-vous communs mais pas trop non plus. Enfin, c’était ce que Jamie avait toujours pensé. Maintenant qu’elle se trouvait dans ce jardin botanique, elle ne trouvait pas cette idée si génial. Il n’y avait pas encore beaucoup de monde. Mais l’avantage était que les policiers ne passaient jamais par ici. Et ça elle pouvait le savoir grâce à son travail. Depuis qu’elle était ici, jamais elle ne les avait vu ici. Jamais elle n’avait entendu parler d’une arrestation à cet endroit et les caméras de surveillance se trouvait à l’entrée mais pas à l’intérieur. Il fallait bien des avantages à ses semaines de travail colossales. Un livre à la main, elle attendait, Jamie, se moquant d’elle un peu intérieurement du stresse qui l’envahissait. Puis, au pire, même s’ils se faisaient arrêtés, elle était assez intelligente pour se sortir de cette situation. A plusieurs mètres d’elle, un enfant jouait avec ses parents, sautant de partout. Puis le cadre était plutôt beau avec tous ses arbres et fleurs. L’été australien commençait doucement à arriver et Jamie au moins pouvait profiter de la chaleur. Elle se retourna quand un jeune homme, à la tête d’ange lui demanda de s’installer. « Heu… oui. » Elle le regarde un peu curieusement mais un peu agacée aussi. Pourquoi il venait s’installer ici, à côté d’elle alors qu’ils y avaient des dizaines de banc disponible. Puis il commençait à parler et là tout s’éclairait pour Jamie. Un peu vexée dans son égo, elle se retournait vers lui. « Oui bah ça va, je ne fais ça tous les jours. » Bien au contraire. « Puis tu as quel âge ? » Non parce qu’il semblait jeune. Ça ne gênait pas Jamie d’enfreindre la loi de temps en temps, mais elle ne voulait pas non plus avoir des problèmes parce qu’il était mineur.

Tout le monde aurait pu croire que dealer était un monde de routine. Toujours les mêmes profils, toujours les mêmes personnes… Edd avait tout sorte de classe sociale dans son carnet, du père débordé par sa situation familiale, en passant par le petit bourge, fils à papa qui se croyait au-dessus de tout soupçon, ainsi que des personnes bien sous tout rapport, insoupçonnable. Cela le faisait sourire, ça confirmait ce qu’il pensait, tout le monde avait quelque chose à cacher. Et à partir de là, Edd rentrait en jeu. Il avait le pouvoir, l’emprise, ce petit reproche, ce regard qui en disait long, « je connais ton secret » . S'il aurait pu faire un certain chantage, il n’avait pas le plaisir à le faire, Le but étant de fidéliser la clientèle, et pourquoi pas ramener leurs amis. Il n’était pas avare pour faire son business. Ça n’allait durer qu’un temps, il se savait chanceux de passer entre les mailles des flics pour l’instant, mais ça n’allait pas durer. Un moment d’inattention et tous pouvait bousculer. Il n'en était pas là cependant, et il préférait oublier ce petit accro qu’il avait au-dessus de la tête, comme une épée de Damoclès. Les lieux, au moins qu’elle avait choisi, n’impliquait pas une surveillance constante. Et… Et bien, c’était la première fois, qu’il faisait son petit marché dans un jardin. Il a eu tous les lieux typiques. Il se mettait à l’aise, Edd n’étant pas du genre à attendre une quelconque approbation, il opta tout de suite, pour la décontraction. C’est-à-dire ? Les bras épalaient sur le dos du banc, fermant les yeux, pour profiter de la chaleur et des rayons de soleil, le tout, les jambes étendues devant lui. La copie totalement contradiction de la jeune femme à ces côtés, tendue. Touchée, clairement, il avait touché un point sensible. « Dommage, ça m’aurait fait du travail. Et puis… » Son regard se posa enfin sur elle, la détaillant. « C’est toujours agréable d’être au service des jeunes femmes » Appuyant ces paroles par un clin d’œil. À l’âge ? Le sujet toujours tabou. On ne lui donnait jamais le sien, un avantage. « Je suis majeur ça devrait te rassurer. » Donc elle ne risquait pas d’être accusé de détournement de mineur. « A moins que tu sois un flic, mais j’en doute, tu es trop… Crispé. Un informateur… Et bien, il aurait dû faire appelle à quelqu’un d’autres. Tu vas tout faire foirer. Qu’est-ce que tu fais à part vouloir de l’herbe. » Il penchait pour un truc de bureau, bien barbant.

Il était arrivé et Jamie aurait eu presque envie de rire. Elle qui s’était imaginée le dealeur des films. Elle s’était bien trompée.  Pourtant, à peine arrivé qu’il l’énervait déjà Jamie. Plutôt d’un calme habituel, il avait réussi à la déstabiliser en un clin d’œil. Sa remarque sur son comportement n’était pas la meilleure façon de l’aborder l’avocate. Elle qui avait l’habitude des livraisons à domicile ou à son bureau. A Bowen, elle se mettait en insécurité en s’exposant à la vue de tous dans ce jardin. Bon. Il n’y avait pas non plus des centaines de personne et l’absence de caméra dans un pays ultra-sécurisé était un endroit parfait. La scène vue de l’extérieur devait être assez drôle. Il y avait ce jeune homme à l’allure nonchalante et clairement à sa place sur ce banc. A ses côtés, une jeune femme habillée avec classe, légèrement tendue. Un mélange presque suspicieux. A sa réplique un peu trop condescendante, Jamie lui répondit. Non, la jeune femme ne sortait pas du bureau en plein milieu du travail habituellement pour aller chercher de quoi fumer. Il lui répondait. Une phrase assez banale en soit. Il avait besoin d’argent et de travail. La blonde ne jugeait pas les gens sur ce qu’ils faisaient pour vivre  et pour manger. Elle avait de la chance de faire quelque chose qu’elle adorait. Et peut-être que lui aussi adorait ça, le contact avec le client, mettre mal à l’aise les fumeurs et draguer les jeunes femmes à qui ils vendait de la drogue … Un sourcil surélevé, elle regarde son interlocuteur. « C’est comme ça que tu fais pour les fidéliser ? Les draguer ? » Disait-elle dans un rire. A son tour Jamie, le regarda. Il n’était pas mal. Peut-être un peu trop jeune. Et Jamie elle doutait sur son âge, parce que l’avocate ne souhaitait pas faire quelque chose d’illégal (et pourtant insignifiant) avec un mineur. Elle acquiesçait, oui elle était un peu plus rassurée. Mais il commençait un interrogatoire qui n’était pas vraiment au goût de la jeune femme. Elle ? Flic ? Elle rigolait même. Crispée, non mais il se prenait pour qui. Après cette longue phrase, Jamie le savait, elle n’allait pas l’aimer ce jeune homme. « J’ai horreur des flics. » Au moins c’était clair, elle n’en était pas un et certainement pas une informatrice. Puis elle ne voulait pas lui dire ce qu’elle faisait, si ça se trouve c’était lui l’informateur. Il pouvait très bien se faire passer pour un dealer pour essayer de trouver les consommateurs de cette petite drogue. « Au cas où tu l’aurais oublié. C’est moi qui ait l’argent, moi la cliente. Donc si tu veux rentrer chez toi avec quelques dollars en plus, me poser des questions sur mon activité n’est pas une bonne idée. » Peut-être qu’elle était un peu déstabilisée par ce jeune homme, mais la négociation était le travail de Jamie. L’intimidation aussi. Elle passait sa vie à négocier des contrats et des accords et à manipuler les gens et les jurés pour que ses clients aient les meilleurs deals.

La particularité chez Edd, c’est qu’on ne s’attendait jamais à voir, un jeune homme, maigre, à l’aspect soit disant innocent. Il n’était pas ce cliché, stéréotypé du mec dangereux, l’œil mauvais, menaçant… Il était tout le contraire, l’image parfaite, qui ne fallait pas se fier aux apparences. Il en jouait beaucoup, minimisant souvent ces attentions, le prenant loin de là au sérieux. Petit dealer, qui se voulait grand, un de ces jeunes qui voulait se faire une place dans un monde de grand. Sauf, qu’Edd était loin d’être novice. Des années, le poursuivaient. Ils avaient toujours la même expression, un sourire d’abord, tenter de l’amadouer, et ensuite vouloir le tromper par diverses excuses. Il devait bien l’avouer, ils avaient de l’imagination. Et le sourire de la jeune femme, sa surprise,, ne lui avait pas échapper. Il aurait pu se vexer, mais il était plutôt amusé, il attendait impatiemment la suite. Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ? Qu’il ferait mieux d’aller jouer dans les bacs à sable ? En tout cas, elle n’était pas sereine. Elle n’avait pas à l’être… Elle n’était pas son client le plus importante, il ne risquait rien et elle non plus. Au pire des cas, comme il le faisait d’habitude, il inventerait une parfaite excuse, mélanger avec un peu de manipulation. Il s’installa beaucoup plus détendu, ce qui devait être surprenant, quand on pensait, qu’une transaction se faisait en cet instant même. Il fallait un peu équilibrer les choses, sur le front de sa voisine, on pouvait voir direct marquer "coupable". Il osa poser un regard, amusé à sa voisine. Tiens elle avait de la voix. « C’est toujours plus agréable que de tirer la tronche comme tu le fais... » Dit-il en s’empêchant de rire. « Et non… Je n’ai pas besoin de ça. Arrête d’avoir cette expression de coupable et je n’aurais pas besoin d’essayer de donner le change pour ne pas paraître suspect » Lui faisant un clin d’œil. Si elle prenait quelque chose de plus… fort. Il n’ose pas imaginer dans quel état, elle serait. Peut-être en PLS, Remplit de doute ? Il était encore tombé sur une personne qui ne savait pas ce qu’elle voulait. C’était bien sa chance. Au moins, ils étaient d’accord sur un point. Enfin, ils avaient au moins un point commun. Qui le faisait rire, c’était loin d’être gagné. Il n’était pas là pour gagner sa confiance en même temps. Elle n’était pas loin, ce besoin de toujours devoir argumenter pour essayer de le manipuler. Ils essayaient tous de marchander. Elle n’était pas la première sauf que… Elle était coincée. Il le savait, étant le seul dans les environs sur le marché. Un claquement de langue contre son palet, un souffle ennuyait traversé ces lèvres. « Vous êtes bien tous pareil... » Une constatation qui commençait à l’ennuyer. «  Tu sembles oublier que ce n’est pas moi qui ai besoin… » Il regarda son téléphone qui commençait à sonner, signe d’un besoin en consommable. « J’aime bien savoir à qui j’ai affaire. Tu dois bien te douter des risques... Tu as peut-être un autre contact, sache que… Je livre au pied levé dès qu’il y a besoin. Que dans les environs… Je te défie de trouver quelqu’un. Et peut-être que tu es un plus pour renflouer mes poches, mais tu es loin d’être importante.. » Il se leva sans perdre son sourire, faisant face à la jeune femme. « Va te fournir ailleurs, bon courage ! dommage si tu n’aurais pas essayé de marchander et de m’intimider, j’aurais été enchanté de conclure avec toi. Je crois que tu m’as sous-estimé… Je suis loin d’être un novice pour info, faut se méfier des apparence » Dit-il d’un ton calme, surprenant. Prêt à partir, si elle jouait à ce jeu. Ce qu’elle n’avait pas vraiment besoin. Il préférait perdre un peu, que d’être pris de haut. Ego personnel

Parfaite petite Jamie. Toujours propre sur elle, toujours bienveillante, toujours gentilles, parfois elle en avait marre. L’avocate suivait les règles sauf quand elle estimait que la règle était inutile. Et c’était le cas aujourd’hui. Jamais Jamie n’avait compris pourquoi la consommation de cannabis était interdite, il n’y avait rien de dangereux et la légalité permettait un meilleur contrôle des trafics plus importants. Au sein des avocats, elle était connue pour sa position sur cette question. Mais elle devait être irréprochable, parce qu’elle pouvait perdre son droit d’exercer si elle faisait quelque chose de pénalement condamnable. Alors oui, elle était stressée et ça se voyait sur son visage. Puis l’enfant dealer ne l’aidait pas, relevant son état de stress et le critiquant. Il essayait de la faire parler et de la détendre. Mais la pseudo-drague n’était pas au goût de la blonde, loin de là. Jamie était plus stressée à cause de cet inconnu que des flics, puisqu’il était très rare qu’ils viennent ici. Elle se retourna vers lui, haussa un sourcil mécontente de sa petite réflexion. Elle ne l’aimait pas, ça non. Il n’était pas agréable, il n’était pas gentil, il n’était pas aimable et Jamie se disait que tout le monde n’avait pas la fibre commercial. « Je n’ai pas une tête de coupable. » Il lui fit un clin d’œil et Jamie lui souriait, essayant de se montrer moins hostile. Sauf que le bouclé commençait à être beaucoup trop curieux sur la vie de Jamie. Et l’avocate n’aimait pas ça. Après tout qu’est-ce qu’il en avait à faire. Si elle était de la police, il y a bien longtemps qu’elle l’aurait arrêtée et fouillée. Alors qu’est-ce que ça pouvait changer qu’elle soit avocate, professeur, vendeuse ou autre. Alors elle lui fit comprendre qu’elle ne dira rien, peut-être pas de la bonne manière cependant. Le bouclé s’énervait, agacé par le comportement de la blonde. Il l’avait touché dans son égo, à son tour d’être touché. Jamie souriait amusée, il était là d’être un maître dans la négociation. Elle allait lui répondre qu’elle pourrait trouver ailleurs. Sauf qu’il la devançait lui affirmant qu’il était le seul sur le marché. Cela étonnait un peu la blonde. Alors elle ne disait plus rien, le laissant terminer sa tirade et il n’y allait pas gentiment mais il restait calme. Ses mots étaient plus là pour claquer et faire culpabiliser Jamie plutôt que pour la blessée. Il se leva, grand il était assez impressionnant alors que Jamie elle restait assise. Il avait terminé, prêt à partir. « Si je parlais comme ça à mes clients, j’aurai mis la clé sous la porte depuis longtemps. » Elle le regarda. Au final, cette longue tirade avait animé Jamie, il avait réussi à détendre la blonde en lançant les hostilités parce que Jamie adorait argumenter et négocier. Et dans ce jeu-là, il allait perdre. « Je ne t’ai pas intimider. Mais si tu veux je peux le faire et directement aller voir la police après cette entrevue. » Elle le fixait, histoire de lui montrer qu’elle ne mentait pas. Mais elle ne le fera pas Jamie, parce qu’elle lui avait dit qu’elle n’aimait pas le police. « Puis ce serait bête de se mettre à dos la rare avocate du pays qui défend véritablement les dealers. » Les autres le faisaient aussi, mais avec moins de hargne qu’elle, parce que la plupart trouvait la pénalisation justifiée et nécessaire. Elle se leva enfin. « Parce qu’un jour tu vas te faire choper. On se fait toujours choper. Et ce jour-là, tu auras besoin de quelqu’un de bon et qui ne va pas faire une défense médiocre. » De sa petite taille, elle le regardait. Il l’avait cru naïve et apeurée, Jamie lui montrait à présent un visage professionnel et déterminé.

Appuyer là ou ça faisait mal, toucher un point sensible, moqueur… Tous ces points caractérisaient Edd, et il le faisait avec délectation, il était détestable. Au regard des gens, il s’en fichait bien. Il n’était pas là pour apprécier, ni même aimer. Il avait été rodé, façonner depuis des années. Il en avait vu, peut-être un peu trop… Il ne revendiquait rien, cependant. Bien souvent, il était cet animal qui sentait la peur. Il en jouait. Après tout, tout le monde avait peur de quelque chose. C’était drôle, de les voir stresser, pour quelques petits grammes. Oui, c’était à leur détends. Conscient, que peut-être un jour, le retour ne le mettait pas dans les meilleures conditions. Et que ce jour, ça serait peut-être lui, qui se retrouverait devant ces fameux flics. Il l’avait déjà été, mais jusqu’à présent rien ne l’avait encore vraiment incriminé. Étrangement, il avait réussi à s’en sortir. En tout cas, il avait un certain effet, sur sa "Cliente ", si, bien sûr, il pouvait l’appeler ainsi. Mélange entre agacement, et colère, ce n’était pas si compliqué, à avoir. Un rire dessinait son visage, elle essayait de se persuader. « Si tu le dis, c’est fou, comme les gens ont besoin de se réconforter, quand ils sont dans l’illégalité... » Cette phrase, il la prononçait sans vraiment la regarder. Ce dernier était surtout posé sur les gens, qui vivaient leurs vies, sans se préoccuper de ce que faisaient les autres. On les jugeait beaucoup sur leurs côtés individualistes. Mais Edd n’a jamais autant aimé cet aspect prédominant, des gens. Lui espérait secrètement que ça reste ainsi. Ce n’était pas qu’une question, via ces affaires. Elle restait silencieuse, à ces questions. Trop personnelle ? Ou avait-elle quelque chose à cacher ? Le plus souvent, la deuxième proposition, s’accordait mieux. Pas grave, finalement, il l’aurait bien sa réponse à sa question, d’une manière ou d’une autre. En baisant la garde, ou tout simplement, par colère, parce qu’il l’aura une fois de plus, taper sur le système. En tout cas, il était face à une jeune femme, malgré sa peur, qui n’avait pas froid aux yeux. Finalement, c’était ça le plus intéressant. « Hum… Ouai, mais tu n’es pas moi, et… Je suis sur que tu n’aurais pas aimé qu’au premier abord on te sous-estime. » Il avait bien vu, que son âge, sans même avoir parlé, avait été un problème pour elle. Ah voilà qu’arrive les menaces. Il accompagna sa main, dans la direction du chemin qui se trouvait juste devant leurs yeux. « Vas-y je t’en prie ! » Une avocate, tout s’expliquer finalement, elle avait aussi gros à perdre que lui. D’ailleurs, son sourire s’élargissait, à mesure qu’il comprenait l’enjeu. « Je suis sûr qu’ils seront ravis de t’écouter. Et surtout, d’entendre tes explications, de ta présence, sans explication, car rien ne te permet d’enquêter.. » Il n’était pas dupe. Elle n’avait pas autant de pouvoir. Enquêter ? Ça ne passerait pas. « Si moi, je serais dans la merde, je ne serais pas le seul... » Il n’était pas le moins du monde, impressionné. « C’est moi ou tu es en train de me proposer un deal ? » Il avait presque envie de rire. Oui, il se fera choper un jour, c’est même certain. Mais ce n’est pas ce qui lui faisait peur. C’était la vie, il connaissait les risques. « Et tu essaies de me faire peur en plus... ça ne marche pas, Je sais les risques, ça arrivera un jour... » Il avait presque du respect, si tout marcher….

Il n’y avait pas plus vrai que la phrase que venait de sortir le petit brun. Elle en voyait presque tous les jours des personnes dans l’illégalité et très peu assumaient leur action. Un peu comme Jamie à ce moment-là. Elle le savait qu’elle ne faisait pas quelque chose de légal mais au fond d’elle elle estimait que ce n’était pas grave. L’avocate faisait partie de ces personnes qui militaient pour la légalisation du cannabis, elle y voyait une tonne de bonne raison de le faire. La blonde avait toujours respecté les règles qui pour elle avaient un sens. Elle était loin d’être la citoyenne la plus irréprochable. Evidemment qu’elle avait eu un jugement sur cette personne. Ce n’était pas forcément négatif, enfin au départ ça ne l’était pas. Mais il s’était montré insolent et peu agréable. Il était loin d’être un bon commerçant, et comme il lui disait, il n’avait pas besoin d’elle. Enfin c’était ce qu’il pensait. Oui elle l’avait jugé sur son physique parce que Jamie s’était imaginé un mec cochant toutes les cases du cliché de dealeur. Alors non, elle ne s’était pas attendu à ce jeune homme au visage d’ange et aux cheveux doux. Sa remarque sur son âge était avant tout un étonnement qu’un jugement. Par contre, elle n’appréciait pas sa remarque, comme s’il avait le monopole de l’injustice. « Non je n’aurai pas aimé, mais c’est ce qui arrive tous les jours quand mes clients voient une femme blonde dans la trentaine. Alors je t’en supplie ne viens pas m’expliquer ce qu’on peut ressentir quand les gens te sous-estimes. » Jamie le savait. Lui il ressemblait juste à un ado. Jamie on la sous-estimait parce que c’était une femme. Au final, elle n’avait plus envie d’acheter chez lui. Elle trouverait bien quelqu’un d’autre après tout. Même s’il disait le contraire, il n’était sûrement pas le seul dealer de la ville. Il ne comprenait ce qu’elle disait. Bien sûr que non elle n’allait pas le dénoncer, comme elle lui avait dit, elle n’aimait pas les flics. Il s’était juste renfermé sur lui. « Non mais tu confonds vraiment tout … » Disait-elle en soupirant. Sur le coup elle ne ressemblait plus du tout à une délinquante mais à quelqu’un de vraiment blasée. Il ne serait pas seul dans la merde, mais elle s’en sortirait surement avec un rappel à la loi, alors que lui il aurait plus parce qu’il dealait. Evidemment qu’elle proposait un marché, c’était son domaine de compétence et elle était très douée en négociation. Elle lui fit presque un petit sourire de première de la classe mais elle se retenait, il n’avait pas l’air très enclin à ce genre de geste. De toute façon, Jamie n’avait plus envie d’être là, face à une personne bornée, violente dans ses mots et têtue. Alors la blonde se levait du banc. « Bon écoute, j’crois qu’on va s’arrêter là. » Tant pis pour le petit joint du soir. « Je ne comptais pas te menacer, ok. Je disais juste que c’était un échange de bon procédé. Je ne suis pas la connasse que tu crois. » Elle s’énervait un peu. « Bonne journée, et je souhaite courage à tes prochains clients. » Disait-elle presque en riant. C’était un peu une demi-heure de gâchée, mais au moins elle pouvait le rayer de sa liste de ses potentiels dealers.

L’illégalité, il y était plongé depuis un moment déjà. L’avenir là-dedans ? Sérieusement, il savait comment tout ça allait se finir. Rare était la fois, ou ça se finissait bien. Mais la vraie question, était surtout est-ce qu’il voulait que tout ça se finisse sur un happy end ? En y repensant, Edd avait toujours voué une admiration, devant ces films d’aventures, ou le méchant détestable avait son importance. Ou on ne voyait que sa chute, dans une attente insoutenable, alors que lui… Lui ne voyait que ce moment de gloire. Qui marquaient les esprits, on parlait de lui, ce qui prouvait son importance. Cela lui avait toujours arraché un sourire, ce sourire remplie de fierté. Quand on a cinq ans, on n’y accorde pas d’importance, ce n’est qu’un enfant. L’adolescence, ça pose un problème. Dérangeant. Qu’elle commençait à s’énerver et sortir les griffes. Toutefois, ce qu’elle ne comprenait pas… Qu’il se délectait de sa réaction. Si il avait eu besoin d’une leçon de vie, il aurait certainement rentré dans ce genre de cabinet, avec un canapé blanc, pour raconter sa vie, à un inconnu qui en avait certainement rien à foutre de ces gestes et de ces histoires, ne voyant qu’en face de lui, le signe de l’argent. « Ah non, qu’est-ce qu’on pense des blonde trentenaire ? Qu’elles n’ont rien dans la tête ? » Arquant légèrement les sourcils, il jouait en jeu dangereux. Un jeu parmi tant d’autres. Provocateur, effrontée, il aimait voir la colère se propageait, en être la cause. C’était si, gratifiant. Foutu pour foutu, instinctivement, il savait dés le départ, que le marché n’allait pas se conclure. Une de perdue… ça ne l’inquiéter pas trop. Il n’allait pas faire la joie de son supérieur. Et quand il racontera ce qu’il s’est passé, il le sermonnerait encore sur son côté à aimer l’affrontement. Que parfois, il serait bien qu’il se la ferme, de s’écraser. Certainement, des paroles ne seront prononcer durant quelques jours, jusqu’à ce qu'Edd fasse une nouvelle fois ces preuves, ramenant en conséquence l’argent de son marché. Et qu’il soit revalorisé, une machine bien rodée, c’était le deal, jusqu’à la prochaine fois. « Tu as raison, c’était mal parti dés le départ de toute façon... » Il aurait pu être amusé, sur ces dernières paroles. Sur l’image qu’elle pensait donner. « Donc ça tellement d’importance que ça, l’image que tu donnes aux autres » Intéressant, il aurait certainement accordait un peu plus de temps à cette dernière partie, mais il préférait sourire. « Je ne pense pas à connasse, mais si tu le dis… Je pense plutôt à "détend toi", tu es beaucoup trop coincé, dans les règles. » Elle avait au premier plan, déjà sortie l’artillerie de l’avocate. Sérieusement, et après c’est lui le problème ? Il commençait déjà à partir, sans cacher qu’il était amusé, par cette petite entrevue. « Bonne journée à toi...Et bon courage pour ta petite recherche… Tu vas en avoir besoin crois moi ! Les gens peu respectable sont rares... » Criant presque, il y avait plus d’importance à rester discret. Levant la main, dans un salut théâtrale.