Sur place ou à emporter ? + Vega

Il était bien trop tard, en ce moment Terrence avait des horaires impossibles avec la saison qui s'annonçait. Et quand il n'était pas à la boutique il parcourait la ville avec des agents immobiliers pour trouver le logement qui lui conviendrait, un lieu atypique, à l'image de sa caravane et de sa vie un peu hors norme, mais qui pourrait les accueillir lui, Violet et leur futur bébé, ainsi que deux chiens. Parce qu'il n'y avait plus que lui dans le tableau maintenant, ils allaient former une famille et il comptait essayer de faire les choses convenablement, même s'il n'avait pas envie d'entrer dans une case. Alors il donnait du fil à retordre aux professionnels de l'immobilier mais il s'en foutait pas mal, il ne voulait pas de la maison lambda de monsieur tout le monde. Bref, ce soir-là, après avoir visité trois biens qui ne l'avaient pas du tout convaincus, il allait rentrer chez lui et se faire un truc rapide à manger, sans grande conviction, quand il passant devant le Shake Shake. L'odeur caractéristique des fast-food lui chatouilla les narines, parce qu'il était mort de faim, pourtant il n'en mangeait quasiment jamais, préférant un régime alimentaire plus sain. Mais ce soir il hésita, une seconde, deux... puis il poussa la porte du restaurant. A cette heure-là il n'y avait pas grand monde, tant mieux. Il commanda un menu au comptoir puis s'installa sur une petite table un peu au fond pour avaler son hamburger tranquille. Au bout de quelques minutes il remarqua cette fille qui nettoyait les tables, il lui fallu quelques minutes pour la resituer et quand elle s'approcha et à force qu'il la fixe peut-être, elle posa son regard sur lui. Salut ! Il hésita encore un peu avant de se lancer. Ta mère a aimé le savon ? Pas commun comme entrée en matière mais il ne savait pas bien comment l'aborder, cette gamine avec qui il avait parlé cadeaux de Noël en décembre dernier sur le marché de la grande place. Et puis peut-être qu'elle ne se rappellerait pas du tout de lui, auquel cas il ferait chou blanc et continuerait son repas en solitaire.

Retourner les steaks un à un, empiler les burgers, voilà ce à quoi je passe des heures plusieurs soirs par semaine, pour payer des études qui ne me plaisent pas. En un an je n’ai pas avancé d’un pouce, ma vie est passé de certitudes en incertitudes. Tout s’est effondré petit à petit. J’avais tout, des études qui, je le pensais, m’ouvriraient les portes vers lesquelles je pensais vouloir m’engouffrer, des amis avec qui tout allait pour le mieux. Et à présent, je me retrouve au milieu d’embrouilles, d’engueulades et je ne peux pas me réfugier dans un futur moins sombre car je ne sas pas ce que j’aimerais faire de ma vie. En attendant de sortir du brouillard, je continue à bosser au Shake Shack car je n’ai pas envie, en plus d’avoir des études qui me plaisent pas, devoir les rembourser pendant trop d’années. Un peu perdue dans mes pensées, faisant les gestes machinalement, je n’entends pas tout de suite la manageuse me demander d’aller nettoyer les tables en salle. C’est un moment creux dans la soirée alors il y a moins besoin de monde en cuisine. Parfois ça m’arrive de devoir faire autre chose que les burgers mais en général je reste en cuisine. Je remise donc mon tablier plein de tâches pour laisser apparaître une tenue de serveuse conventionnelle. J’attrape un chiffon et du produit puis je me dirige vers la salle, peu animée. Je commence à nettoyer une table, puis une deuxième quand un type m’interpelle. Au début je ne réponds pas, faisant semblant d’être absorbée dans ma tâche. J’ai autre chose à faire que de répondre à un mec qui décide de draguer la serveuse d’un fast-food. Mais il enchaîne rapidement avec une phrase qui me fait lever la tête. Je le reconnais, même si on ne s’est vu qu’une fois. Il avait l’air aussi perdu que moi sur le marché de noël l’année dernière. On s’était mutuellement demandé conseil sur les cadeaux que nous pourrions offrir alors que j’hésitais à acheter un savon à ma mère. Ce que j’ai fait finalement. Tout en continuant d’essuyer la table voisine je lui réponds « Bonjour. Oui elle a bien aimé, elle en avait presque plus donc ça lui a évité un trajet en ville ! » J’ai un sourire aux lèvres en pensant à ma mère et à sa petite famille qui ne se déplace en ville que lorsqu’ils en ont vraiment besoin. « Et toi, ça s’est bien passé finalement, pas de cadeaux qui finissent revendus le lendemain ? » Je lui demande en riant.

Ce n’était pas tellement son genre, à Terrence, d’aborder les gens de cette façon, il n’aimait pas forcément entamer des conversations juste pour faire du blabla, il était plutôt de ceux qui économisent leurs paroles. Mais ce n’était pas non plus son genre de venir manger un burger au fast-food du coin alors finalement, autant continuer. Il ne comptait pas draguer la petite serveuse, ce serait déplacé et ça non plus il ne le faisait pas, d’ailleurs s’il n’avait pas reconnu cette fille il ne lui aurait sûrement pas adressé un mot. Mais en fin de compte il était tard, il n’avait pas tellement le moral, il fallait bien l’avouer, cette histoire de recherche immobilière qui n’aboutissait pas ça le bouffait un peu, sûrement parce qu’il avait de trop grandes exigences et pas un budget extensible, c’était toujours là le problème. C’était un comble pour un mec qui avait passé quasiment dix ans dans les quatre murs d’une caravane et qui, s’il n’y avait pas eu cette histoire de bébé, se serait bien vu y finir ses jours sans soucis. Bref, il avait besoin de se changer les idées et le fait de voir une tête plus ou moins connue lui fit presque du bien. Hmm ouais je vois, le côté pratique quoi. On ne pouvait pas dire que ce cadeau avait eu l’effet waouh ou coup de cœur, en même temps on parlait là d’un simple pain de savon, rien de fou, enfin de l’avis de Terrence. Il esquissa un rictus qui s’apparentait chez lui à un sourire. Pas que je sache… mais je préfère ne pas savoir en fait ! Lui il offrait, après l’autre disposait ! Même si, quelque part, ça l’embêterait un peu de savoir que son cadeau ne plairait pas alors il préférait rester dans l’ignorance. Tu bosses ici donc ? J’te croyais encore étudiante. Evidemment l’un n’empêchait pas l’autre, mais sur le coup il n’y pensait pas.

Je continuais à nettoyer la table voisine même si je ne me pressais pas spécialement pour finir. Même si je ne le connaissais pas beaucoup et que nous avions seulement échangés une fois, j’étais intéressée par son noël et comment ses cadeaux avaient été reçus. C’est marrant que l’on se retrouve presque un an plus tard, ça aurait été encore plus drôle si nous nous étions revus au marché de noël même si je ne pense pas qu’il y en aura cette année. Je sais que le cadeau que j’ai offert à ma mère n’est pas le meilleur du monde mais au moins comme il dit, c’est le côté pratique et clairement il ne lui en faut pas plus. Ma mère n’utilise que des choses pratiques, pas de superflu. Si tout le monde était comme elle la société de consommation s’effondrerait en un rien de temps. De son côté, ses cadeaux n’ont pas été revendus. Enfin peut-être qu’il l’ignore juste car en général les gens ne le disent pas lorsqu’ils font ce genre de choses. Certaines familles très honnêtes se le disent peut-être mais ça doit rester une minorité. En tout cas je sais que certaines personnes de ma famille ne sont pas très penchées sur la vérité alors il est certain qu’elles ne le diraient pas. Comme une formalité il me demanda si je travaillais ici, le fait que je nettoie la table voisine en uniforme laisse peu de place au doute. « Je suis aussi étudiante, je bosse ici pour payer mes études. » Études que je n’apprécie pas par ailleurs mais bon je ne vais pas étaler ma vie à chaque personne que je croise sinon on n’a pas fini. Enfin peut-être qu’il pourrait m’aider là-dessus comme il m’a aidé pour mes cadeaux de noël. « Tu fais quoi toi ? » Je lui demande car au final je ne lui avais pas demandé la dernière fois, nous nous étions surtout concentrés sur les cadeaux.

Une nouvelle fois ils échangeaient surtout des banalités, en même temps ils ne se connaissaient pas et peut-être n'avaient-ils rien en commun, à commencer par leur âge, mais Terrence percevait une douceur dans cette fille et quelque chose qui l'attrait pour lui parler sans qu'il comprenne trop pourquoi, ni qu'il cherche à s'avoir en vérité. Et puis les banalités ça lui allait très bien, c'était simple, sans prise de tête, parfait pour un soir où il en avait plein la tête et aucune envie de réfléchir ou de philosopher. Il se souvenait de ses petits boulots quand il était gamin, il allait aider dans une fabrique de surfs quand on faisait encore artisanalement dans un vieux hangar en dehors de la ville, il prenait son vélo tous les matins avant l'aurore et il se plaisait dans cet atelier qui sentait la cire et l'huile. Ca payait mal mais il s'en foutait parce qu'il vivait un bout de sa passion et à la fin de l'été il était reparti avec la plus belle planche qu'il eut jamais possédé, faite de ses mains, elle trônait aujourd'hui au dessus de la caisse dans sa boutique. Se dessina un bout de sourire sur son visage fatigué alors qu'il repensait à cette époque oubliée. C'est pas un job facile. Tu te coltines des vieux cons qui te tiennent le crachoir à presque vingt-trois heure. Nouveau sourire railleur, contre lui-même. Tu fais quoi comme études ? Il n'était pas certain qu'elle ait envie ou même le droit de lui parler mais elle s'approcha un peu, peut-être juste par politesse, pour lui poser la question en retour. J'ai un magasin de surf sur Gray's Bay. Il en était fier de sa bicoque, si fier du chemin parcouru depuis quelques années. Je cherche un appart, ou une maison, dans le coin, t'aurais pas entendu parler de quelque chose par hasard ? Dans le doute, qui ne tente rien n'a rien.

Je lui dis sans trop de détails ce que je fais et sa réponse sur mon boulot me fait rire. C’est vrai que ce n’est pas le job le plus fun du monde. Heureusement, étant la plupart du temps en cuisine je n’ai pas trop affaire aux vieux cons. C’est pas plus mal d’ailleurs car j’aurais du mal à agir avec diplomatie. Je suis plutôt du genre à dire ce que je pense et à gueuler, ce n’est pas vraiment compatible avec le fait de servir les gens en affichant un jolie sourire en tout circonstance. Je pense que je ne suis pas vraiment faite pour faire un métier où traiter avec des cons est courant, surtout s’il faut rester courtois avec eux au risque de se faire engueuler. « Les gens qui débarquent à la fermeture sont les pires ! » Je lui réponds en soufflant. Un type un peu chiant ça va, mais un type chiant alors que tout est déjà remballé et qui insiste pour avoir son menu, c’est pire. Souvent le manager est appelé pour calmer les choses et faire comprendre que non, on ne va pas relancer la cuisine pour lui. Terrence se renseigne sur mes études, étant restée volontairement très vague dessus. « Les sciences politiques mais je vais arrêter à la fin du mois. J’ai déjà perdue deux ans alors je n’ai pas envie de perdre plus. » J’avais pris ma décision il y a peu. Je ne sais pas ce que je veux faire à la place mais ces études sont un gouffre financier pour rien alors autant arrêter. Je hausse les épaules avant qu’il ne me dise ce que lui fait dans la vie. Je hoche la tête à sa réponse. Ici le surf est une véritable religion. Je ne m’y suis jamais vraiment intéressée, je ne viens pas vraiment d’endroits où le surf est très répandu. Il ajoute ensuite qu’il cherche un logement à Bowen et me demande si je n’ai pas des infos pour l’aider. « Pas vraiment...à mon avis tu as vite fait le tour des trucs à vendre par ici. » Bowen est une petite ville alors une fois le tour fait, il faut attendre de nouvelles offres car il n’y en a pas une infinité. « Tu veux un truc plus grand que chez toi...ou plus petit ? » Je ne sais pas où il vit et je ne connais pas suffisamment sa vie pour savoir s’il compte emménager avec du monde ou au contraire, être seul.

Il sourit franchement à la réflexion de Vega, elle ne s'était probablement pas rendu compte que le vieux con, en l'occurrence, c'était lui le vieux con dont il parlait. Mais il aimait son franc parlé, ne supportant pas l'hypocrisie ou les belles paroles qui dissimulaient ce que les gens pensaient vraiment. Cette fille était brut, comme lui, ils ne pouvaient que s'entendre. C'est ce que je crois aussi. Qu'il affirma en hochant la tête, sourcil froncé, sourire toujours amusé, avant d'avaler une ou deux frites déjà froides. Les études c'est surfait si tu veux mon avis. Moi je suis allé à l'école de la vie et c'est souvent bien plus instructif. Allez, vas-y, dis lui carrément de cramer la vie par les deux bouts pendent que t'y es ! Ce n'était pas comme si Terrence était un exemple en la matière. Certes il n'avait pas fait d'études, certes il avait aujourd'hui un commerce qui fonctionnait plus que correctement mais il passait évidemment la case armée, prison, trafic illicite, tout le joli tableau quoi. Enfin de toute façon, même s'il avait bien tourné dès le départ, il n'aurait jamais réussi à rester les fesses sur un banc d'école, ce n'était pas pour lui. Et puis sans trop savoir pourquoi il passait du coq à l'âne en lui faisant part de sa recherche de logement. La jeune femme se sentit plutôt concerné, c'était sympa de sa part. Ouais, j'en ai bien l'impression, puis ce qu'il y a à vendre ce n'est pas ce qu'on voit de mieux. Peut-être qu'il n'était tout simplement pas fait pour la vie en pavillon classique, avec la jolie palissade et les volets bleus, comme la maison de ses parents. Et néanmoins il fallait qu'il change pour pouvoir accueillir sa nouvelle vie de famille. On pourra difficilement faire plus petit, j'ai une caravane en bordure de plage, la vue est à couper le souffle et le bruit des vagues pour s'endormir, je ne connais pas mieux. Mais j'vais avoir un gamin, une gamine même, dans quelques mois, elle mérite mieux que de dormir entre la cuisine et la salle d'eau. Il sourit, presque rêveur, il n'en revenait toujours pas de se dire que d'ici quelques mois il serait père à nouveau.

Je me demande toujours comment font les gens pour trouver un boulot qu’ils aiment, qui les passionne. Peut-être que ça les passionne pas justement. Je ne pense pas qu’Elmo veuille faire serveur de café toute sa vie pourtant il a l’air de s’en contenter pour le moment. Je n’ai pas envie de faire un petit boulot et de voir plus tard ce que je pourrais faire, attendre que le temps passe. J’ai toujours voulu faire quelque chose qui aide les autres, qui fasse changer les choses mais sans vraiment trouver quoi. Au final j’aurais peut-être dû me diriger vers le droit plutôt que vers les sciences politiques. Surtout que beaucoup de personnes qui entrent en politique ont fait du droit avant donc ce n’est pas incompatible. Il faudrait que j’y réfléchisse mais je pense que je suis un peu trop honnête pour devenir avocate. Terrence ne m’aide pas beaucoup puisqu’il me dit que les études ce n’est pas aussi bien que d’apprendre par soi-même. Il a peut-être raison, je ne devrais pas reprendre d’études et juste trouver un boulot où je peux monter en compétence en pratiquant. « Tu as appris quoi à l’école de la vie ? » Je lui demande alors. Il me parle ensuite de son projet d’acheter une maison mais qu’il n’y a rien qui lui convient. Comme je ne sais pas où il habite actuellement, je lui demande s’il cherche plus grand ou plus petit. Il me révèle qu’il habite actuellement dans une caravane avec une superbe vue sur la plage et l’océan. Il n’a pas l’air de vraiment vouloir bouger mais il va avoir un enfant et la caravane ne semble plus vraiment adaptée à sa future vie de papa. « Félicitations, enfin j’imagine. » Je lui dis en riant. « Mais si tu n’as pas envie de bouger de ton coin tu peux toujours faire une petite maison à la place de ta caravane. J’ai vu des maisons en container qui ont l’air de se construire rapidement. Comme ça tu pourrais avoir ta vue et une maison comme tu veux. » Je lui réponds alors même si je ne suis pas du tout une experte en immobilier.

Ce n'était vraiment pas malin de la part de Terrence de raconter tout ça à Vega, elle qui semblait déjà assez paumée dans son choix de vie professionnelle, il venait lui donner des leçons en évoquant l'école de la vie, quelle connerie, surtout quand on savait qu'il avait fallu qu'il tombe si bas, plusieurs fois, pour apprendre quelque chose. Aujourd'hui évidemment c'était facile de fanfaronner, il avait un job de rêve, selon lui, il était passionné, il s'épanouissait, mais ça n'avait pas toujours été le cas et finalement ça ne faisait pas si longtemps que ça qu'il pouvait se dire satisfait de sa situation. Il réfléchit alors pour ne pas lui dire n'importe quoi, visiblement elle avait besoin de réponses. Il attrapa une frite froide qu'il fixa comme si celle-ci détenait le sens de la vie, puis il regarda la jeune femme. J'ai appris qu'on avait le droit de se planter plusieurs fois et de se relever quand même. Qu'il n'y avait pas un chemin tout tracé et qu'il faut toujours suivre son instinct, croire en ses rêves en quelque sorte. C'est sûrement hyper cliché et venant d'un vieux singe comme moi à ta place je me méfierais, mais ça a son fond de vérité. Qui il était, lui, Terrence, ex taulard, pour lui faire des leçons de vie ? Il ne se sentait tellement pas légitime. Sur un ton moins dramatique, ils parlèrent de son changement de situation, elle semble vraiment intéressée, c'est sympa de sa part, elle pourrait ne rien en avoir à faire, de fil en aiguille il lui parle de ce futur enfant, c'est simple de parler à cette gamine, il se prend au jeu. Merci, j'imagine. Petit sourire en coin, lui-même était le premier paumé dans cette folle histoire. Son idée était bonne, à Vega, ça lui plaisait bien de vivre dans un container, ça lui donnait des idées de voyages sans bouger de chez lui, parfaitement son style, mais la réalité était toute autre. J'suis pas sur que la future maman soit vraiment fan de l'idée, mais merci ! En vrai il n'en savait rien, ils n'en avaient jamais parlé avec Violet, à tel point qu'elle ne savait même pas encore qu'il recherchait une maison.

J’ai l’impression de parler de mes problèmes à chaque personne que je rencontre. C’est sans doute pas qu’une impression quand j’y réfléchis à présent. Je plombe l’ambiance avec mes questionnements sur le sens de la vie et je me mine toute seule le moral à force d’y penser. J’aimerais bien être comme tous ces gens qui se laissent porter et qui attendent de voir où la vie les mènera. Je ne peux pas être comme ça. Depuis des années j’avais un plan de carrière construit jusqu’à ce que tout s’écroule lorsque je me suis rendue compte qu’en fait, ça ne me convenait pas. Je n’avais jamais réfléchi à un plan b et je me rends compte à présent que ce n’est pas si simple que ça à trouver. Terrence m’explique qu’on a le droit de se tromper et qu’il faut croire en ses rêves. C’est vrai que c’est un peu cliché mais je me dis qu’il y a une part de vérité là-dedans. Il a vécu plus de choses que moi je pense alors il est sans doute mieux placer pour me dire à quoi ressemble la vie. J’ai connu des expériences pas franchement positives mais c’était il y a des années maintenant et depuis j’essaie de les laisser derrière moi. « C’est vrai que c’est un peu vague mais j’garde quand même ça dans un coin d’ma tête ! » je lui réponds avant qu’il ne me parle de ses projets de déménagement et maison. Je ne suis pas une experte en immobilier mais j’essaie tout de même de l’aider parce qu’il a l’air aussi paumé que moi sur mon avenir. Je lui parle des maisons en contrainer que j’ai vu une fois quand je m’étais perdue sur internet. Je me dis que ça peut être un bon compromis entre une vraie maison et une caravane. Il me répond qu’il n’est pas sûr que ça plairait à la future mère de leur enfant, qui j’imagine va vivre avec lui. « Tu peux toujours lui en parler si l’idée te dit. Mais bon si tu te retrouves dans une maison de banlieue et que ça te plaît pas, ça sera pareil. Faut trouver un truc qui vous aille à tous les deux. » Et me voilà experte en conseils conjugaux maintenant !