| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| middle of somewhere (rosemary) | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: middle of somewhere (rosemary) Jeu 5 Nov 2020 - 14:54 | |
| ce sont ces cheveux fins et noirs, d'une intensité étrange, qui ont retenus ton attention. coupés en carré, sans reflets visibles de ta place, et bougeant avec délicatesse pour caresser sa nuque à chaque fois qu'elle bougeait un peu la tête. le regard fixé sur elle, pour ne pas louper le moment fatidique où son visage apparaîtra, et où l'horreur d'une rencontre hasardeuse ressurgira de plein fouet. n'écoutant même plus la personne qui avait pris la parole, osant s'avancer au pupitre qui régnait sur la pièce, et racontant son histoire, son récis, et son tourment. tu n'avais pas encore pris la parole dans ce groupe de soutien aux personnes atteintes de dépression, ayant déjà eu tout le mal du monde à oser y aller, ne serait-ce que pour t'asseoir sur une des nombreuses chaises. c'était un aveu. un aveu que ça n'allait pas, que tu avais laissé un souci devenir un tout, devenir ta vie. mais comprenant bien qu'au bout de temps d'années d'efforts quasi surhumain, et une folie passagère d'il y a quelques jours seulement, si tu ne prenais pas le dessus sur elle, sur la maladie, il n'y aurait plus d'issues pour toi. pas envie de voir le "trop tard" se produire et prendre le contrôle de ta vie, de la liberté qu'il te reste encore un peu.
ce soir faisait plus mal que les autres soirs. et ce soir en particulier, tu ne voulais pas être vu. ayant hésité à quitter la pièce en découvrant la présence de la babysitter que tu avais menacé au couteau -dans un acte désespéré de trouver des réponses, et ton identité avec- et le fait certain que si elle te voyait, les choses pouvaient que mal tourner, tu avais finalement fait le choix de te taire et de ne plus bouger, pour ne pas attirer l'attention. quand viendra la fin de cette séance, tu t'éclipseras en premier, sachant que ta silhouette plutôt commune ne devrait pas sauter à l'oeil de la jeune femme. c'était ça le plan. mais ensuite ? tu venais de t'installer à bowen, de trouver un emploi, la présence rassurante de ta cousine et de son fils, et maintenant aussi la possibilité de laisser le passé dans le passé et d'ouvrir les yeux sur ton avenir. faudrait-il balayer tout ces bienfaits du revers de la main ? faudrait-il dire adieu au peu d'espoir qui rejaillirait bientôt en toi ?
la réunion se terminait. elle avait était interminable, et d'une rapidité folle à la fois. ne décollant pas de ton siège, tes yeux se dirigèrent vers la place qu'occupait cette inconnue que tu craignais tant, et ton coeur manqua un battement en ne la voyant plus. éclipsée de son siège, tu sautais presque du tien. tu ne l'avais pas vu partir. regardant tout autour de toi, tu marchas d'un pas plus que rapide vers la porte, et là tu la vis. seule, dans le couloir, en marche pour quitter le bâtiment. "attendez !" tu criais, dans un désespoir à faire frémir les vivants. et tu courais, pour la rejoindre, pour arriver à sa hauteur, pour pouvoir lui dire quelques mots.
mais lesquels ? |
| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Ven 6 Nov 2020 - 17:48 | |
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Cet endroit puait la tristesse, voilà ce que se répétait Rosemary tandis que les fantômes, un à un, s’avançaient à l’avant de la scène pour leur cracher leur mal de vivre à la figure. Une pièce de théâtre longuement réfléchie et répétée, songeait-elle non sans sarcasme. Autour d’elle, un cortège de visages gris et de sourires bleus. Pas de couleurs chaudes pour eux, les laissés-de-côté, les bras cassés de la société. Elle aurait dû se sentir à sa place parmi eux, mais au contraire, elle sentait qu’une partie d’elle-même s’effaçait peu à peu à leur contact, la partie qui s’accrochait encore et contre tout espoir à la vie. Prostrée sur elle-même comme un animal blessé, la jeune femme serra les bras dans le fol espoir de se protéger et peut-être d’oublier les mots qui coulaient des bouches funèbres à la manière d’un torrent sans répit. Les secondes s’égrainèrent, terribles et pesantes à la fois. La réunion s’acheva dans un concerto de soupirs et de chaises qui grincèrent sur le plancher. Aussitôt, Rosemary imita ses semblables; elle prit la fuite. La tête basse, si basse que ses cheveux noirs, presque bleutés sous la lumière artificielle, masquaient son visage de poupée vivante, elle se faufila parmi les silhouettes entassées en direction de la sortie. Encore une soirée gâchée à écouter les palabres des uns et des autres. Peut-être que ça en aidait certains, mais pas elle. Pas Rosemary. Jamais Rosemary. Elle se sentait coincée dans un cul-de-sac sans issue aucune, condamnée à répéter les mêmes gestes encore et encore jusqu’à ce que son corps s’écroule sous l’effort. Une mécanique déréglée que nulle main ne pourrait réparer. Un sourire funeste apparut sur ses lèvres pâles et exsangues à ces pensées.
C’est alors qu’une voix rauque et jupitérienne l’interpella. Attendez. Alors elle attendit, petit soldat soumis qu’elle était. Dans son angle mort, l’inconnu s’avançait. Quand il apparut enfin devant elle, elle ne put retenir un mouvement de recul. Ses yeux sombres croisèrent les siens dans l’attente d’un coup qui ne vint jamais. Elle n’avait pas oublié ce visage, encore moins ce fameux soir. Elle avait agi de la façon qui lui paraissait la plus juste : elle avait appelé la police sitôt libérée du joug de ce fou. Mais en vérité, était-il plus fou qu’elle ne l’était, elle? Elle ne pouvait nier qu’à plusieurs reprises elle avait fantasmé de commettre un acte désespéré et irréparable de ce genre, juste pour se prouver à elle-même qu’elle était capable de ressentir autre chose que ce vide existentiel qui la rongeait lentement mais sûrement. Une fois le choc passé, elle soutint sans fléchir le regard de l’homme devant elle, bien que ses mains, traîtres, continuèrent de trembler. À tout moment, il pouvait plonger la main dans sa poche et la menacer de son arme à nouveau. Devant tous ces témoins? Peut-être pas. Mais à cet instant précis, la rationalité s’était effacée du cerveau de Rosemary. « Vous… Que faites-vous ici? Vous me suivez? » Elle réalisa toute la stupidité de ses questions au moment où elles franchirent ses lèvres; de toute évidence, tout comme elle, il avait dû assister à la réunion du groupe de soutien. Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres. « Qu’est-ce que vous me voulez? » Car enfin, il devait avoir une bonne raison de l’aborder comme ça.
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| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Jeu 19 Nov 2020 - 17:20 | |
| pendant l'intégralité de la réunion, tu t'étais demandé ce que tu allais lui dire, à cette silhouette inconnue qui n'était pas encore une personne à tes yeux, mais qu'un dommage collatéral d'un moment de colère ou de folie. elle avait été la victime étrangère d'un moment où tu étais déchaîné. tous tes sentiments exacerbés, la raison avait fui et tu t'étais retrouvée à la braquer d'un couteau, dans le délire de pouvoir toucher la propriétaire de la maison, la démone qui avait appuyé sur la gâchettes de ton malheur. cette jeune femme, dont tu te souvenais à peine de la réaction sous le coup de l'émotion, te paraissait plus frêle et fragile que jamais. alors les mots que tu avais pensé lui dire, ne venaient pas. tout était à nouveau chamboulé. tu compris bien vite qu'une nouvelle fois, tu lui faisais peur, même sans la menacer d'une quelconque arme. ta présence suffisait. elle recula d'un pas, et soutint ton regard, et tu ne savais pas bien si tu y distinguais de la fureur, de la peur, ou de la rébellion. comme si ça ce geste banale, elle te confrontait à son tour. ne tenant plus le coup, tu reculas à ton tour, et baissas le regard le temps d'un instant, le temps de reprendre tes esprits. "non non, j'étais aussi à la réunion." ce n'est pas ici que tu avais imaginé la retrouver. tu n'étais même jamais allé jusqu'à cette pensée, comme si bowen était assez grand pour que les mondes ne se confrontent pas. grossière erreur. mais tu avais d'autres choses à réparer, à remettre en ordre, que ce genre de détails. regardant une nouvelle fois au-dessus de ton épaule - pour ne pas être dérangé, pour ne pas avoir à confier à un autre être vivant ton acte affreux- tes yeux se penchèrent à nouveau sur la jeune femme. elle semblait bien jeune. trop jeune pour être ici -toi, tu n'avais connu le malheur, le vrai, que tard dans ta vie, et tu ne comprenais pas encore qu'on pouvait le vivre à tout moment- et trop jeune pour avoir assisté à ta pathétique scène de thriller du dimanche. "je ne m'attendais pas à vous revoir. je n'y avais pas réfléchi, pour être honnête. mais je ne pouvais pas vous laisser partir après vous avoir revu." tu choisissais mal tes mots. la laisser partir, pour en faire une prisonnière, une seconde fois ? toi qui avais eu une maîtrise de toi-même et du langage incroyable il y a quelques années, tu comprenais que même ça, tu ne l'avais plus. "je suis désolé que vous ayez été témoin de ce moment." tu lâches finalement, comme un aveu qui ne demandait qu'à sortir. pas méchant pour un sou, tu lui avais pourtant montré l'inverse, et il était temps de réparer cette erreur. de tenter, tout du moins. |
| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Ven 20 Nov 2020 - 2:47 | |
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Elle essayait de se calmer. Elle essayait vraiment. L’exercice de respiration que son psychologue lui avait appris voilà des mois se révélait plus utile qu’elle ne l’avait cru de prime abord. Elle ne le quittait pas du regard, ce drôle de zigoto. Oubliés, les vieux fantômes en train de quitter le bâtiment gris. Oubliée, sa soirée gâchée à écouter les uns et les autres avec une politesse feinte. Tout ce qui comptait, c’était cet homme sorti de nulle part qui semblait la traquer où qu’elle aille, tel un Nazgûl à la poursuite d’un Hobbit. Il la hantait. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Soit, il avait lui aussi assisté à la réunion. Fort bien. Tout de même, ça demeurait une sacrée coïncidence. Comme si le destin, si tant est qu’on accepte l’existence d’une telle entité, les forçait l’un vers l’autre dans un dessein encore nébuleux. Elle hocha la tête, encore méfiante. Elle était persuadée qu’il n’avait pas pris la parole devant le groupe ce soir, autrement elle l’aurait tout de suite reconnu. Comme elle, il était resté dans l’ombre. Muet, mais à l’écoute. En proie à une souffrance que nul mot ne saurait réellement exprimer. Si ça se trouvait, elle avait plus de points en commun avec l’homme au couteau qu’elle ne le pensait. Son rythme cardiaque revint peu à peu à la normale alors qu’il reculait à son tour. Il ne cherchait pas à entrer dans son espace vital ou à l’attaquer de sitôt. Peut-être avait-elle sauté trop vite aux conclusions? Mais comment aurait-elle pu faire autrement, après ce qui s’était passé l’autre soir? Elle ne pouvait oublier ni son regard possédé, ni l’arme dans sa main crispée. Il était dangereux. Et ce n’étaient pas ses nouvelles paroles qui allaient la faire changer d’avis. Elle comprenait le sens de ses mots, mais elle ne pouvait nier que leur emploi était plus que maladroit. Les excuses qui suivirent la laissèrent quelque peu dubitative. Ce n’était pas qu’elle ne le croyait pas. Elle ne comprenait tout simplement pas comment on pouvait en venir à menacer d’un couteau trois personnes innocentes. Enfin, deux personnes au moins. Elle ne pouvait pas certifier de l’innocence de Freja; elle ne la connaissait pas assez pour ça. Mais Rosemary et l’enfant n’avaient certainement rien à voir avec leur affaire. Les sourcils froncés, elle se croisa les bras. « La police vous a laissé en liberté après ce... moment, comme vous dites? » demanda-t-elle à brûle-pourpoint, non sans incrédulité. Elle enchaîna, poussée par sa curiosité : « Et pourquoi avez-vous fait cela? Vous avez menacé un enfant, monsieur. Ça ne me regarde peut-être pas, je le sais, mais vous m’avez impliquée dans cette histoire sans que je le veuille. Je ne comprends pas. Et je veux comprendre. » Comprendre ce qui se passait. Comme si ce faisant, son léger traumatisme serait guéri par elle ne savait quel miracle divin. Que de vaines affabulations.
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| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Sam 21 Nov 2020 - 23:03 | |
| est-ce que c'était véritablement une bonne idée de l'arrêter, et de lui parler ? est-ce que ce désir ardant de te réparer aux yeux d'une inconnue, valait le coup ? dans le doute, comme toujours, ton existence n'était fait que de ça. cela faisait des années que ton envie la plus profonde était que le monde sache que tu n'étais pas un mauvais type, qu'ils savent tous autant qu'ils ont, que tu n'avais fait de mal, du moins jamais celui dont on t'accuse. t'as été orgueilleux, vicieux, et trompeur, mais jamais malveillant. tu as pourtant l'impression que t'as cette étiquette collée sur le front, et que même en grattant de toutes tes forces, elle ne s'en ira pas. c'est donc ce besoin qui t'a amené à ne pas t'enfuir de la réunion, et à la rattraper avant qu'elle disparaisse pour de bon. mais maintenant, tu doutais de ce choix. pour elle, tu seras toujours le type fou qui l'a menacée d'une arme, elle et un enfant. pour elle, tu seras toujours fautif et malveillant, comment pourrait-il en être autrement ? tu ne te voyais pas ainsi, mais c'est pourtant bien ce que le miroir te reflétait. courant tellement derrière le désir d'être un bon type, t'avais fini par renverser la bascule, et te retrouver de l'autre côté. et après ça, comment tu pouvais redevenir celui que tu croyais être ? "je ... je suis parti avant qu'elle arrive, et freja a réglé le reste." c'est du moins ce que tu crois, sinon tu ne marcherais pas en liberté aujourd'hui. la gêne s'emparait de toi, aussi vivifiante que la honte, alors que l'inconnue à la chevelure noire t'énonçait tes crimes. pour elle le verdict était clair : tu étais coupable. et elle ne comprenait sûrement pas comment tu pouvais te matérialiser devant elle comme si rien ne s'était passé. à vrai dire, tu ne comprenais pas non plus. "je ne vous aurais rien fait, ni à vous, ni à l'enfant, jamais." mais elle ne te croira pas. ta parole n'a aucune valeur, aucune consistance. tu enchaînes directement, préférant en terminer au plus vite, bien que tu sois le déclencheur de la situation. "freja et moi on se connait depuis des années. un jour ... un drame est arrivé. un drame auquel je n'ai jamais eu de réponse, et à cause duquel ma vie s'est effondrée." tu ne rentres pas dans les détails, à quoi bon ? de plus, tu n'as pas envie d'incriminer freja pour ses erreurs passées, tu n'es pas là pour ça. plus là, en tout cas. "je ne pensais jamais la revoir et quand j'ai su qu'elle était ici ... je n'ai pas su comment l'aborder. je voulais lui faire peur oui, mais du mal, jamais." tu hausses les épaules. tu t'es une nouvelle fois embarqué dans une situation trop grande pour toi, et qui maintenant te dépasse. tu n'as pas envie de continuer cet étalage. déposant tes deux mains froides sur ton visage, tu pousses un souffle de désespoir avant de tout relâcher et regarder la jeune femme. "je sais que vous n'allez pas comprendre, et c'est normal, moi-même je ne comprends pas pourquoi j'ai fait ça." une fois que freja est arrivée, tu as compris l'erreur gravissime que tu venais de commettre. et tu le comprenais une fois encore, à présent. |
| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Mar 24 Nov 2020 - 3:35 | |
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Elle arqua un sourcil, les bras toujours croisés contre sa poitrine. En toute honnêteté, ça l’étonnait à peine que ce type ait pris la fuite avant l’arrivée de la police, peut-être parce que la première fois qu’elle l’avait vu, il l’avait menacée d’un couteau. Ça n’augurait rien de bon, quelles que fussent les raisons qui le poussèrent à poser un tel geste. Car enfin, s’il était réellement innocent, pourquoi prendre la fuite comme un voleur? Ne valait-il pas mieux tenter de s’expliquer avec les autorités compétentes? Quoi qu’il en soit, sa présence ce soir prouvait que Freja n’avait rien intenté contre lui. Si son employeuse se sentait assez en sécurité pour laisser cet homme vagabonder en liberté, la jeune femme supposait que ça devrait la satisfaire. Et pourtant… « Contente de vous l’entendre dire, » répondit-elle, mi-figue mi-raisin. Mais elle devait admettre qu’au bout du compte, il y avait eu plus de peur que de mal pour l’enfant et elle. Même pour Freja. Personne n’avait été blessé. C’était un fait. Tout de même, Rosemary n’arrivait pas à lui faire confiance, à ce drôle d’oiseau. Elle doutait d’ailleurs que ça puisse changer dans un avenir proche. Enfin, l’homme lui raconta son histoire avec peu de mots, mais beaucoup de souffrance. Il avait gardé le silence lors de la réunion, et voilà qu’il se confiait librement à elle, à sa demande qui plus est. L’opinion d’une simple baby-sitter lui importait donc à ce point? Une fois qu’il eut terminé, le silence revint dans le couloir qui menait à la sortie du bâtiment. Elle se frotta le front, grimaça un peu. Qu’était-elle censée répondre à cela? Mais elle avait demandé une explication et elle l’avait eue. « Non, c’est vrai, je ne comprends pas davantage. Ça m’a l’air très compliqué, comme situation. Mais je vous remercie de votre franchise. Je sens que vous m’avez raconté la vérité. » Elle n’aurait su lui dire pourquoi. Peut-être parce que cette histoire était par trop abracadabrante pour songer à lui accoler une explication inventée de toutes pièces. Peut-être aussi parce que le regard de cet homme ressemblait au sien, orageux et naufragé. Peut-être même un peu de tout ça. « En tout cas, vous avez réussi à me faire peur, à moi. » Un rire nerveux s’échappa de sa gorge, de nouveau. « Vous seriez capable de… recommencer? » Elle ne jugea pas nécessaire de préciser à quoi elle faisait référence.
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| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Dim 6 Déc 2020 - 21:17 | |
| est-ce qu'il existait réellement les bons mots ? ceux qui rassureraient cette inconnue, que tu avais effrayé plus que tu n'aurais dû ? dommage collatéral d'une situation qui vous dépassait tous les deux, tu avais ce sentiment étrange -mais bien réel, bien concret, contrairement à d'autres sentiments que tu pouvais ressentir- que tu devais te racheter auprès d'elle. elle n'avait jamais été qu'un pion dans ton plan. plan bancal, plan qui n'en n'était pas vraiment un. mais désormais, alors que tu l'avais recroisais au pire endroit possible, elle prenait apparence humaine et devenais quelqu'un. pas juste la babysitter qui était là au mauvais endroit, au mauvais moment, elle devenait aussi la jeune femme que tu avais menacé et qui ne pouvait en être que traumatisée. comment ne pas ? "c'est compliqué oui. ça le sera sûrement toujours, mais ça l'est un peu moins maintenant." tes propos n'ont pas de sens. encore une fois. tu lui réponds, mais c'est plutôt à toi même que tu dis tout ça. jamais la situation initiale entre freja et toi pourra s'effacer, et tu ne te sens pas encore apaisé par celle-ci, mais tu sais pourtant que dans quelques temps ça sera le cas. tu as pu entendre la vérité, en être certain, et c'est la meilleure des résolutions pour avancer. bientôt. pas encore, mais bientôt. là, tu étais encore trop fébrile face à ton acte, face à tes propres démons. et le pire étant que tu ne peux en parler à personne. trop honteux qu'alba puisse l'apprendre, tu devras rester seul avec eux, en attendant qu'ils se calment. ou presque. maintenant qu'elle est là, elle, comme une apparition inattendue, tu peux enfin communiquer à sujet, expier tes péchés. trop honteux pour réagir quand elle te dit qu'elle a eu peur, tu te contentes de remuer les lèvres en t'excusant. aucun son ne sort, tu n'as plus la force de dire ces mots à haute voix. "non." réponse immédiate, instinctive. tu hoches la tête négativement en même temps, comme pour appuyer ton propos. "jamais." tu reprends aussitôt, avant de continuer, pour vouloir la persuader, et encore une fois, te persuader en même temps. "je sais que c'était une erreur, et je ne veux plus jamais faire face à ce sentiment, celui d'avoir fait peur à quelqu'un. votre regard ... je ne veux plus jamais qu'on me regarde ainsi." tu ne peux pas lui en vouloir, d'avoir dans ses yeux de la peur, mais tu ne veux pas que ça en devienne une habitude. comment vivre avec soi-même quand les autres nous prennent pour un monstre ? tu as déjà connu ça une fois -maintenant deux- et tu veux passer outre ces regards. "je vais travailler sur moi-même, encore plus. je sais que ça ira, maintenant. j'espère que vous me croyez." même si tu comprendrais que non.
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| | | Invité | Sujet: Re: middle of somewhere (rosemary) Lun 7 Déc 2020 - 23:07 | |
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Elle ne put qu’hausser les épaules à sa remarque. Comment ça, ça l’était un peu moins maintenant? Maintenant qu’il lui avait offert sa version des faits, qu’il l’avait invitée dans les coulisses du drame qui s’était produit sous le toit de Freja? Rosemary n’était plus si certaine de vouloir comprendre, peut-être parce que justement, il n’y avait rien à y comprendre. Ce type avait agi impulsivement, ses émotions comme unique moteur de ses gestes; prétendre le contraire relèverait de la bêtise. N’empêche qu’il demeurait un mystère pour elle. Un puzzle aux pièces manquantes, peut-être égarées à tout jamais. Un peu comme elle, au fond. S’il participait aux réunions hebdomadaires des déprimés de Bowen, il s’efforçait de remonter la pente, que ce soit de son plein gré ou pour faire plaisir à un proche. Ses raisons importaient peu, au final. Comme elle, il oscillait entre la vie et la mort, sans trop savoir ce qu’il désirait réellement ou ce qui lui ferait le moins mal. Qui sait, leur dilemme existentiel leur permettrait peut-être de passer outre leur première rencontre. Car il serait vain, pour lui comme pour elle, de nier la vérité et prétendre que rien ne s’était passé ce soir-là. Il leur faudrait faire la paix sur ce triste événement, puis aller de l’avant. Rosemary hocha la tête. Elle avait envie de le croire, même si elle demeurait sur ses gardes. « Freja a dû faire quelque chose d’horrible pour que vous décidiez d’agir de la sorte. » Ce n’était pas une question. Elle n’avait aucune idée de ce qui avait pu se produire, mais ce devait être grave. « Puisque vous avez assisté à la rencontre de ce soir, j’en déduis que vous me dites la vérité. Merci pour vos mots. » Elle marqua une pause, hésita quelques secondes. « Cependant, travailler sur soi, comme vous dites, c’est… eh bien, difficile, n’est-ce pas? Pour être franche avec vous, parfois, je ne sais pas si ça en vaut la peine. Sans vouloir vous décourager. » Ses yeux fuligineux cherchèrent les siens, élégiaques et amers.
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