#24 - watch me bring the fire and set the night alight (charlie)

Il est à peu près dix-neuf heures quand tu termines de donner son bain à Zoé et que tu la mets au lit. Comme toujours, tu restes à ses côtés jusqu'à ce qu'elle s'endorme, lui chantonnant parfois une mélodie qui la calme ou lui lisant une histoire qui l'apaise. C'est tout un rituel qui s'est mis en place entre vous, chacune prenant ses marques petit à petit. Ce nouveau rôle de maman est chronophage mais reste le plus beau job du monde, à tes yeux. Chaque matin, en te réveillant, tu sais pourquoi tu te lèves et pour qui, surtout. C'est un sentiment que tu ne pensais jamais connaitre depuis l'annonce de ta stérilité. Et même si tu sais que Zoé retournera probablement dans sa famille à un moment ou un autre, tu lui donnes tout l'amour que tu possèdes pour la rendre heureuse. La séparation sera rude mais autant éviter d'y penser pour l'instant, ce n'est pas pour tout de suite. Bref, une fois Zoé bien endormie, tu sors les quelques apéritifs que tu as préparés durant l'après-midi du frigo pour les placer sur la table basse du salon. A peine as-tu terminé que la sonnerie de l'entrée retentit. « Salut. » Dis-tu en souriant largement, accueillant Charlie en la prenant dans tes bras. « Tu es magnifique, comme toujours. » Charlie fait sans aucun doute partie des plus belles femmes de ton entourage. Lors de votre rencontre, tu as complètement craqué pour son physique mais aujourd'hui, il n'y a pas que son physique qui te plait. Au-delà de son apparence, c'est une belle personne et une bonne amie, surtout. Ce soir, vous avez prévu de vous faire un marathon Harry Potter en mangeant un apéro dinatoire. Et bien sûr, avec tout ça, un peu d'alcool, un peu de vin. Tu prends la direction du salon, suivie de la brune, l'invitant à s'installer dans le canapé, juste à côté de toi. Ton canapé est assez grand pour que vous preniez chacune votre espace mais bizarrement, vous vous asseyez à quelques centimètres à peine l'une de l'autre. « Ca me fait plaisir de passer cette soirée avec toi. J'ai préparé un peu de tout... J'me suis dit qu'on aurait faim durant ce marathon. » Expliques-tu en riant légèrement.

À peine avait-elle retiré le doigt de la sonnette de la porte d’entrée que la sublime Norvégienne venait lui ouvrir, et un sourire ravi éclaira le visage de Charlie. « Heeey ! » la salua-t-elle à son tour en se retrouvant dans les bras de la brune, profitant de cette étreinte chaleureuse et presque réconfortante. Ces dernières semaines, même si elle n’en montrait rien, la chirurgienne se sentait perdue, l’âme un peu effritée. Peut-être même seule. Elle était pourtant entourée en permanence, elle avait ses colocs d’amour, ses meilleurs amis un peu partout autour d’elle, à l’hôpital et en-dehors. Mais après Alma, après Fede, après ce qui semblait être des mois à faire l’autruche et tourner en rond, derrière cette façade solaire et dynamique, la jeune femme sentait qu’elle s’essoufflait. Et dans ce chaos intérieur qu’elle prenait soin d’ignorer et de mettre de côté, les discussions avec Freja constituaient une petite bulle d’air qu’elle respirait avec joie. Cette soirée en faisait partie aussi, tout comme cette étreinte. « C’est toi qui dis ça. » rétorqua la belle brunette en passant une main dans ses boucles, baissant légèrement la tête pour masquer la teinte rosée de ses joues. Maintenant que leur relation était plus basée sur de l’amitié que sur une nuit éphémère – aussi belle qu’eut été cette nuit –, Charlie ne ressentait plus ce mélange d’émotions un peu malaisantes et à la fois électrisantes quand elle croisait la sublime Norvégienne, mais ses compliments lui faisaient toujours le même effet. « Merci pour l’invit’, ça me fait trop plaisir. Zoé dort ? Je lui ai apporté un tout petit quelque chose. » commença-t-elle en suivant Freja au salon, sortant un petit sac en papier de son sac à main. C’était une veilleuse représentant un lama tout doux, aux yeux fermés, avec un petit tapis aux motifs mexicains sur son dos. C’était petit, une dizaine de centimètres de hauteur tout au plus, mais Charlie avait toujours aimé avoir une petite source de lumière la nuit, lorsqu’elle était enfant, pour la protéger des monstres. « Et pour toi, j’ai un plus gros quelque chose. » rit l’étudiante en sortant ensuite une bouteille de vin, mais pas n’importe lequel. Elle l’avait dégoté dans une épicerie fine un peu décalée, et en lisant l’étiquette, avait décidé que cela convenait parfaitement à son amie. « Envoûtant, surprenant et délicatement pimenté, pour accompagner vos plats les plus audacieux. » récita-t-elle en souriant, son regard espiègle plongé dans celui de la brune, alors qu’elle lui présentait le vin rouge au piment et au miel d’acacia, avec des touches de gingembre. « Et je m’excuse d’avance s’il est pas bon. » ajouta Charlie en riant. « À moi aussi ! Mon Dieu, mais j’suis dans un rêve, avec tout ça. » s’exclama-t-elle en constatant tout ce que Freja avait préparé. Charlie et la bouffe, c’était une grande histoire d’amour, c’était de notoriété publique.

Tu ne peux pas t’empêcher de sourire du bout des lèvres en voyant les joues de Charlie rougir légèrement. Tu sais qu’elle n’est pas insensible à tes compliments même si aujourd’hui l’amitié a pris beaucoup plus de place, entre vous, que l’attirance. Te décalant pour la laisser entrer, tu hoches la tête à sa question à propos de Zoé. « Oui, je viens tout juste de la coucher, elle tombait de fatigue. » Expliques-tu avant d’ajouter tout de suite : « C’est super gentil mais tu n’étais pas obligée tu sais. » Souvent, tes amis ont des petites attentions pour Zoé qui lui font toujours énormément plaisir. Bien qu’encore plus à toi. Une fois au salon, tu t’installes dans le canapé, ouvrant le petit sac en papier apporté par la jeune femme. Tu souris en découvrant une petite veilleuse vraiment adorable et qui aidera, sans aucun doute, Zoé à mieux dormir la nuit. « Elle est vraiment magnifique, merci beaucoup Charlie. Je pense qu’elle va beaucoup l’apprécier car il lui arrive régulièrement de se réveiller en pleine nuit en pleurant. » Sûrement à cause de tout ce qu’elle a vécu jusqu’ici, au sein de sa famille. Charlie a vraiment tapé dans le mille, ce n’est pas pour rien qu’elle est interne en pédiatrie. « Envoûtant, surprenant et pimenté… c’est une description de toi, nan ? » Demandes-tu avec un sourire espiègle. Tu n’as jamais caché à la jeune femme qu’elle t’a envoûtée dés les premiers instants. Ce n’est pas pour rien que lors de votre première rencontre tu n’as pu t’empêcher de la regarder – pas du tout discrètement d’ailleurs. Mais tu ne regrettes pas de l’avoir fait car tu as adoré la nuit passée toutes les deux et toutes les autres soirées qui ont suivi, en tant qu’amies et plus amantes. Ton rire se joint au sien quand elle s’excuse d’avance si le vin est mauvais. « C’est ce qu’on va découvrir. Mais rien que pour son nom et pour son originalité, il mérite déjà d’avoir de bons points. » Rétorques-tu en déposant la bouteille sur la table basse, te levant pour aller chercher un tire-bouchons à la cuisine. « Vu ton estomac sur pattes, je me suis dit qu’il fallait que je prépare à manger pour cinq. » La taquines-tu en haussant un peu la voix pour qu’elle t’entende de l’autre pièce. Quelques secondes après, tu réapparais, tire-bouchons en mains et saisis la bouteille que tu places entre tes jambes une fois de retour sur le canapé. Habilement, tu fais sauter le bouchon et vous sers deux verres dont un que tu tends à la brune. « Roulement de tambours… » Dis-tu en riant avant de porter le verre de vin à tes lèvres, imitant Charlie.