Après l'alcool, le thé ou le café (Flynn)

Je me souviens de ce jour où j’ai reçu un message d’une inconnue. Bien heureusement, le message été assez explicite pour que je sache rapidement de qui il s’agit. Je me souviens plutôt vaguement de cette nuit avec elle, mais j’ai la certitude de m’être sentie plus que bien et aimé. Depuis cette nuit-là, je n’ai pas pu la contacter, car je lui ai laissé mon numéro lui donnant pour mission de me rappeler si jamais elle avait besoin de son moussaillon. Je m’étais sentie libre, et aimé durant une soirée et je voulais que ça recommence. Cependant, une année à passé et j’ai fait une croix sur l’espoir de la revoir un jour. Tant pis, et j’ai donc tenté de retrouver cette sensation de bien-être qu’elle m’a fait connaître, en vain aussi... C’est dans ce genre de moment que j’ai réalisé que mes comportements et mes choix m’ont juste poussé dans cette spirale de solitude dont j’ai des difficultés à en sortir malgré ma volonté. De mauvaises habitudes… Des mauvaises paroles maladroites alors qu’on tente d’être sympas… C’est comme si je ne me connaissais pas que je me redécouvrais et ça n’augure rien de bon… Ce message m’a donc au départ stressé, j’ai réfléchi à plusieurs réponses possibles avec la peur de merder encore une fois. Je me suis basé donc au départ sur tout ce dont je me souviens de notre nuit tout en étant sincère. Puis le reste, c’est fait tout seul. J’avoue avoir été surpris, voir choqué de savoir qu’elle était déjà maman. Je déteste les enfants pour tout dire… Et maintenant j’ai la crainte, voir la certitude qu’elle me détestera si elle apprend ça. Mais en même temps pourquoi aimer ce genre de chose ? Ça graille, ça crie, ça réclame… Et du coup, surtout ça ne pose que des problèmes ! Comme si on ne pouvait pas en avoir déjà assez comme ça ?! À croire que je suis totalement destiné à avoir aucune relation agréable et positive… Et s’il faut, cette fameuse Zelda que j’aime surnommer la sirène sorcière, finira-t-elle aussi par disparaître du jour au lendemain comme Bessie ? Mais ça ne va pas arriver sur toutes les rares personnes avec qui j’arrive à m’entendre… Si ? Je n’espère clairement pas.

Comme la plupart de mes rendez-vous, je suis arrivé avec un peu d’avance histoire de tâter le terrain et surtout m’assurer de ne pas faire attendre. J’étais un peu lorsque je suis en rendez-vous avec un client, mais le simple fait d’être dans un Starbuck’s me rappelle que ce rendez-vous n’a rien de professionnel. C’était… Étrange comme sensation, ça me rend nerveux, mais par habitude de mon métier je ne laisse rien paraître et mon costume m’aide a garder une certaine assurance. Certaines personnes pourraient trouver ça bizarre de porter un costume lors d’un rendez-vous amical et retrouvaille. Mais m’habiller de manière décontractée est une chose que je n’en sais clairement pas faire, très certainement à cause du fait que ma vie se résumait souvent à mon travail qui a toujours exigé de porter une tenue classe et irréprochable. J’étais devant le bâtiment guettant la foule jusqu’à ce que je la voie arriver. Elle est comme dans mes souvenirs, ravissante, souriante… Dommage qu’elle soit mère. Enfin, ce n'est que des retrouvailles pour mieux se connaître, je pars du principe que ce que nous avons vécu lors de notre première rencontre ne se renouvellera pas. Ça peut que mal tourner, et on était ivre, là, nous allons rester sobre et adulte. Faudra que je m’attende à ce que ça se passe mal, me voir sobre n’est sans doute pas la meilleure chose à faire… Mais être constamment ivre pour paraître être quelqu’un de sympas, c’est encore moins une bonne idée. Je m’approche donc d’elle et m’apprête à tendre la main pour la saluer, mais son premier commentaire me prend au dépourvu. Pirate incroyablement sexy, je ne m’y attendais clairement pas et je pense n’avoir jamais eu l’occasion de recevoir ce genre de compliment en toute sobriété. Je ris alors sur le coup, partagé entre plusieurs sentiments que j’ai ressentis plutôt rarement. Cette femme n’est clairement pas humaine, ce n’était donc pas l’alcool qui a fait d’elle une capitaine sirène/sorcière… C’est juste, son caractère à elle, ce qu’elle est. Mais est-ce que mon comportement en état d’ivresse serait elle aussi une partie de moi, je ne connaissais pas ? Bon, ce n’est pas le moment de réfléchir à tout ça, mais Zelda sera définitivement une personne qui me fait réfléchir… Et ces retrouvailles me feront voir si c’est une bonne chose ou pas. Je réponds alors sans vraiment réfléchir.

« Bonjour, capitaine sirène et sorcière, heureux de savoir que mon physique continue de vous plaire. »

Ma fin de phrase se déforme par un second petit rire. C’était vraiment inattendue, je suis un peu déstabilisé, mais ça devrait aller. C’est flatteur après tout, ce n’est pas comme si c’était une insulte comme pas mal d’autre personne fait. Apprécions donc ce moment, parce que je ne sais pas combien de temps, il va durer.

« En toute honnêteté, je pensais qu’on ne se reverrait plus… Mais je suis bien heureux de m’être complètement trompé sur mon jugement. »

Je lui montre un sourire sincère et lui présente donc la porte du Starbuck’s me sentant joueur… Aller savoir pourquoi… Cette femme me change de tout au point, un sortilège sans doute qui me pousse à me sentir… Mieux, différent. En tout cas, je m’amuse intérieurement de penser qu’il s’agit de sorcellerie. C’est amusant enfin de compte de ne pas toujours être terre-à-terre.

« Honneur au capitaine pour voguer ensemble vers le nouvel horizon que pourra nous offrir le Starbuck’s. »

Je la laisse passer devant moi et nous entrons dans le lieu et commence à regarder autour de moi. Je ne me suis jamais vraiment attardé sur ce genre d’endroit… Habituellement, c’était toujours ma secrétaire ou un employé qui m’emmenais mon café… Ça fait bizarre.

Est-ce que tout va bien se passer ? C'est la question que je me pose régulièrement depuis que nous nous sommes pris rendez-vous. C'est dingue tout de même la confiance que l'on peut avoir à travers un téléphone, mais qu'une fois dans les réalités notre optique de la situation change. Nous ne sommes pas dans un bar, nous n'allons pas nous bourrer la gueule pour potentiellement connaître une seconde douce nuit dans le même lit. Non, elle est ici pour me connaître... Et je n'ai aucune certitude que ça soit une bonne chose. Les seules personnes qui ont daigné m'aimer on disparu de ma vie. Et je constate avec un poids énorme sur mes épaules que la solitude est en réalité ma seule compagnie. Au mieux, j'ai des connaissances, au pire, j'ai un grand nombre d'ennemis... Et j'ai cette crainte que la connaissance en face de moi, devienne une des leurs simplement parce que je suis ce que je suis réellement. Et je suis loin, très loin d'être ce pirate qu'elle s'imagine, non ça, c'est seulement un personnage qu'elle a mis elle-même au monde quand j'étais soûl. Et j’entretiens ce personnage dans l'espoir puéril que cette rencontre sobre se passe bien. Heureusement, sa présence et manière d'être me poussent à ce comportement.

Je n'ajoute rien de plus sur ses excuses concernant son franc parlé. Ce n'était pas vraiment un défaut en soit. Juste que parfois ça peu se retourner contre elle, heureusement aujourd'hui ce n'est pas le cas, car c'est un compliment. Mais peu de personne avec un franc parlé négatif, qui souligne des défauts ou alors des ressenties... Et je me vois très mal lui en faire la réflexion, je ne suis pas son avocat et encore moins son père. C'est une adulte et donc a elle de juger et de constater les conséquences de son comportement. Je continue à l'écouter avec un petit sourire lorsqu'elle m'annonce la raison de son message malgré qu'elle ait partagé les mêmes sentiments que moi au départ. La nervosité repointe le bout de son nez quand elle évoque vouloir me connaître et je me retiens de lui répondre mon éternelle « Vous êtes bien une des seules ». Ce moment fatidique allait très bientôt arriver... Inutile d'en rajouter une couche. Je me prends donc un café essayant pendant l'attente de me souvenir de cette soirée arrosé avant finir chez elle. Mais seuls les moments torrides me reviennent... Je m'installe dans un endroit avec elle plaisant car isolé pinçant les lèvres sur l'orthographe de mon prénom. Les joies des Starbuck's... Heureusement, je m'y attendais. Tout comme je m'attendais à confronter très tôt la question que je redoute le plus : ce que je fais dans la vie. Je bois une gorgé de mon café avant de prendre la parole, me forçant à rire pour tenter de me détendre.

« Oh, et bien ma réponse à cette question risque d'être courte... »

Je ris nerveusement.

« Je suis avocat... »

Je n'arrive pas à lui dire de suite la spécialité, j'inspire un grand coup pour me donner du courage et termine ma phrase.

« Avocat criminaliste... Un métier qui... Ne me donne pas tant d'occasions pour faire d'autres activités et se faire des amis. »

Je bois une gorgé de café.

« En dehors de mon travail, j'aime beaucoup jouer du piano... »

J'omets mes errances dans les bars pour noyer ma solitude et honte. Pas très flatteur ni intéressant.

« Et vous Zelda la sirène ? Que faites-vous dans la vie ? »

J'ajoute d'un ton blagueur.

« J'ose espérer que vous aurez plus à dire que moi ! Je m'en excuse encore d'ailleurs. »

Je la regarde prêt à l'écouter.