After all this time (Alba)

Ils avaient changé chacun de leur côté mais elle voulait tout connaître de ce nouveau Livio. Alba fronçait les sourcils à sa phrase mystérieuse. Depuis quand il faisait autant de mystère ? Pouvait se demander Alba. « Comment ça d’une pierre deux coups ? » Elle était loin d’imaginer que dans quelques mois, Livio allait devenir papa. Il allait être un super papa. Quand elle voyait à quel point la paternité avait pu changer Léo, elle n’avait aucun doute que Livio serait parfait. Mais pour le moment, elle ignorait tout. C’était de Jonah dont ils parlaient parce qu’Alba n’avait pas attendu pour lui dire qu’un petit homme blond avait détrôné tous les hommes de sa vie pour prendre la place principale. Il avait déjà son petit caractère et peut-être que Léo et elle étaient les deux à ne pas se faire avoir par son minois si adorable. « Pas du tout ! Il est même très doué pour avoir ce qu’il veut. » Disait-elle en riant. Elle allait le remarquer après son séjour à l’hôpital où chacun de ses proches allaient offrir un cadeau au petit coquin. Evidemment qu’elle adorait présenter Livio à Jon. Elle le voyait déjà son petit monstre poser des tonnes de question sur l’Italie. Comme ses parents il avait l’âme du voyageur même s’ils n’étaient pas encore sorti de l’Australie. Elle pouffait légèrement de rire. L’Australie était un très beau pays, mais l’Italie avait été une belle surprise. « Non l’Italie c’est bien mieux. » Disait-elle avec un clin d’œil. Elle prit une gorgée de sa boisson pendant qu’Alba questionnait Livio sur ses vêtements. Elle ignorait qu’il avait cette fibre artistique, pourtant ils avaient des semaines pour discuter et se rencontrer. « C’est vrai ? » Demandait-elle. Si elle avait le droit de se servir, elle n’allait pas dire non. « Pourquoi tu as décidé de faire des vêtements ? » Il était doué en plus. Même si la robe n’était pas resté longtemps sur Freja, elle avait eu le temps de l’observer. En parlant de la norvégienne, Livio voulait connaître de leur rencontre. Alba ne se cachait alors avec naturel, elle lui expliquait que sa rencontre avec Freja était peu original. « Oui ! » Répondait-elle en souriant. « Comme il y a eu un truc entre elle et toi, en Italie. » Le regardait-elle faussement outrée. « Je pensais avoir été particulière. » Disait-elle en riant. Alba n’était pas à ce point narcissique.

Livio esquissa un léger sourire quand sa phrase mystère attisa la curiosité de la blonde. « Disons que le jour où tu la rencontreras, elle ne sera pas toute seule. » Lui aussi allait avoir le doux statut de parent. Quand il voyait les sourires et les yeux remplis de bonheur d'Alba, quand elle parlait de son fils, Livio avait hâte de vivre cette expérience. Le fils de la blonde semblait être un vrai boute-en-train qui dévorait le monde avec curiosité. Pas étonnant quand on voyait sa mère. L'italien se mit à rire quand elle lui avoua que le petit garçon était très fort pour obtenir ce qu'il voulait. « Aussi déterminé que sa mère ! » dit Livio, taquin. Il avait hâte de le rencontrer. Il se voyait déjà répondre à ses questions sur son pays, lui montrer sur la carte d'où il venait. Il regarda Alba d'un air surpris quand elle lui avoua que l'Italie était bien mieux que l'Australie. « Tu dis ça pour éviter une dispute diplomatique ou tu le penses vraiment ? » répondit-il en riant. « Mais bon, puisque tu le dis, l'Italie surpasse l'Australie rien qu'avec sa gastronomie. Et il n'y a pas toutes ces bêtes terribles. » ajouta-t-il, toujours en riant. Et pourtant, c'était dans le pays des bêtes terribles qu'il s'était installé et qu'il ramenait peu à peu toute sa vie. Il ne savait pas si, un jour, il retournerait en Italie avec Aura. Parfois, il avait le mal du pays. Puis il faisait la liste de tout ce qui le rattachait ici et cela lui remettait du baume au cœur. Même sa marque prenait peu à peu sa place ici. Alba, d'ailleurs, semblait interessée par le sujet. Il était même partant pour lui laisser libre-accès à la collection, comme il l'avait fait pour Freja. Il haussa les épaules quand elle lui demanda pourquoi s'être dirigé vers des vêtements. « Parce que c'est sûrement le seul domaine où je m'en sors un peu. » répondit-il en riant. « Je veux dire, je ne suis pas du tout manuel. Rester H24 dans un bureau, ce n'est pas mon truc. Et j'avais envie d'un domaine où l'on pouvait fédérer les gens. » La mode, aussi décriée pouvait-elle être, fédérait les gens. Il fallait voir le nombre de personnes qui pouvaient travailler sur un projet. C'était ça qu'il aimait dans son métier. Il avait eu de belles rencontres et de beaux partenariats. Freja en faisait partie. Elle lui avait offert une belle opportunité à Brisbane et il s'était énormément amusé à monter cet événement avec elle. Freja, d'ailleurs, qui connaissait Alba. Voulant en savoir plus sur leur relation, Alba le prit de court en lui balançant également la relation que l'italien avait eu avec Freja. Il éclata de rire. « Oui, bon, un point pour toi. Mais tu comprends, il me tenait à cœur de montrer à quel point l'Italie était un pays très accueillant. » Il esquissa un sourire, reprenant ensuite : « Ce que j'ai vécu avec Freja, c'était une belle parenthèse. Mais avec toi, c'était plus sincère. Je n'étais pas encore tombé dans l'engrenage de la télé. C'était plus... naturel. » Quand elle l'avait connu, Livio était la chenille qui devenait papillon. Il avait encore sa naïveté de l'adolescent qui passait l'âge adulte. « Mais promis, je n'ai pas eu d'autres aventures avec des touristes » dit-il en riant, sa phrase sentant le mensonge à plein nez. « Il faut le faire quand même. Vous rencontrer toutes les deux ici, à Bowen, alors que je vous ai connus à l'autre bout du monde. » Prenant une gorgée de sa boisson, il termina : « En tout cas, Freja est une belle personne. Prenez soin l'une de l'autre. »

Il faisait beaucoup trop de mystère Livio et il était taquin. Elle avait le souvenirs d’un jeune homme drôle mais timide et réservé face à l’avenir. Là il était souriant et solaire. Il était amoureux. C’était à ce moment-là qu’elle comprit. « Oh mais … » Disait-elle les yeux surpris et la bouche ouverte. « Attend .. tu es en train me dire qu’elle est enceinte ? » Demandait Alba, même si elle n’était pas sûr d’elle. Si c’était le cas c’était une très bonne nouvelle. Jon avait changé considérablement la vie de la maman, mais pour rien au monde elle retournait à son passé. Chaque jour était une nouvelle aventure avec ce petit bouclé au sourire ravageur et aux yeux charmeurs. « Tout à fait ! » Répondait-elle fièrement tout en riant. Puis il était aussi curieux que ses parents. Ça n’étonnerait pas Alba si un jour Jon suit les traces de ses parents et s’en va pour découvrir le monde. Du haut de ses quatre ans, il était toujours à l’affût des moindres renseignements sur les différents pays. S’il rencontrait Livio, elle le voyait déjà poser tout un tas de question à l’italien. Surtout qu’Alba vendait très bien l’Italie. « Non je le pense vraiment. » Disait-elle en riant. Elle en avait vu des pays et l’Italie avait une saveur spéciale. Peut-être parce qu’elle avait été avec Livio, mais elle se souvenait des couleurs. Pour elle c’était un pays coloré et chantant. « Ah non mais au niveau gastronomique, il n’y a pas de photo. Mais bon vous avez les français à côté alors je ne sais pas ce qui est pire entre eux ou les bêtes sauvages. » Elle riait. Evidemment qu’elle entretenait tous les stéréotypes sur la France. Pourtant, elle en connaissait des français. Léo avait des origines française, comme Charlie mais Alba ne pouvait s’empêcher de continuer à trouver les habitants de l’hexagone arrogants. A présent, elle voulait tout savoir sur Livio. Il avait certes la même tête qu’avant mais on voyait sur son visage la maturité et surtout une expérience. Il était devenu le papillon italien. Le sujet de sa marque de vêtement arrivait forcément, et elle était fière de lui et de son travail. Surtout que les pièces présentées étaient extraordinaires, du moins celle qu’avaient pu voir Alba. « Je suis sûr que tu es très doué. Franchement, tu as dû travaillé comme un dingue. » Elle lui souriait avant de prendre une gorgée de son verre. Parler de sa marque c’était aussi rappeler à Alba qu’il connaissait Freja. C’était en suivant la norvégienne à Brisbane qu’elle avait su que Livio habitait ici. Le hasard faisait bien les choses, et Alba se permettait une petite remarque. « En même temps si c’est toi qui fait visiter le pays, ça ne peut-être qu’accueillant. » Elle ne le draguait pas, c’était un fait. Sans Livio peut-être qu’elle aurait moins aimé le pays des pâtes. « Je rigolais ! Mais tu sais à l’époque t’étais déjà très bien. » Disait-elle avec honnêteté. Peut-être qu’elle ne l’aurait pas aimé le Livio de la télé si elle l’avait rencontré à l’époque. Alba restait une femme simple qui aimait plus le naturel que le superficiel. « Mais bien sûr, je te crois. » Elle ne pouvait s’empêcher de rire. Mais ce qu’elle savait c’était qu’il ne l’avait pas oublié comme elle ne l’avait pas oublié. « Je sais. Elle est fantastique, je vais essayer de prendre soin d’elle. » Promettait-elle à Livio. Les choses n’allaient pas toujours être faciles entre elles, mais Alba aurait toujours une grande considération pour la norvégienne.

Il jouait sur les mots et les allusions, Livio. Sa future paternité était une farandole d'émotions. C'était inattendu, mais dès l'instant où il avait vu ce petit mot inscrit sur le test de grossesse d'Aura (et une fois le choc passé), il avait l'impression qu'on mettait la pièce manquante au puzzle de sa vie. Il se sentait complet. Alors quand Alba trouva la source du mystère, les lèvres de Livio s'élargirent. « Oui, c'est ce que je suis en train de te dire. » On voyait l'émotion transparaître dans ses yeux si bleus. « Je vais être papa. C'est tout récent, mais il est là. » Et il était tellement fier de l'annoncer. Finalement, cette fierté se retrouvait aussi dans le regard d'Alba quand elle parlait de son fils, de sa curiosité et de ses envies de voyage. Les chiens ne font pas des chats, dit-on. Alba semblait prête à assouvir la soif de curiosité de son rejeton, de lui parler de ses voyages, des cultures rencontrées... et de son amour pour l'Italie. Livio rit quand elle lui assura qu'elle disait la vérité à ce propos. L'Italie était bien devant l'Australie sur la gastronomie. Mais il manqua de s'étouffer de rire quand elle parla des français, qui valaient presque les bêtes sauvages de l'Australie. « Depuis que la Coupe du monde 2006 leur est passée sous le nez, ils sont terribles ! » en rajouta-t-il une couche. Il y avait une petite guéguerre France/Italie bon enfant. Livio, il les aimait bien, les Français, malgré leur côté arrogant. Après tout, toute nationalité avait son cliché. L'italien c'était le machiste grande gueule coureur de jupons, par exemple. L'Australien, c'était le surfeur blond qui vivait avec sa planche H24. Tout le monde avait son lot de clichés et c'était toujours amusant de provoquer avec cela. Alba s'intéressa ensuite à sa marque de vêtements. Livio esquissa un sourire face à ses mots, hochant la tête : « Disons que la télé a offert pas mal de visibilité, mais ouais, j'ai bossé comme un dingue pour monter cette marque. Maintenant, j'ai un magasin à Florence. Les efforts payent petit à petit. » Mais il ne savait pas encore que 2021 allait être terrible pour lui et pour sa marque. Pour l'instant, il était sur son nuage, heureux de tout ce qui se profilait dans sa vie. Il était heureux de sa vie personnelle, sentimentale, professionnelle. Il était heureux d'être à Bowen et de croiser tous ces visages connus, comme Alba ou Freja. Alba et Freja qui se connaissaient aussi. Il se mit à rire quand elle évoqua l'accueil qu'il avait donné en Italie. « Tu me connais, je suis perfectionniste. Il était important de t'offrir un accueil personnalisé. » Personnalisé comme il avait offert à Freja, en réalité. Mais Alba avait connu le Livio plus timide, plus naïf même. Il haussa les épaules quand Alba lui affirma qu'il était déjà bien à l'époque.  « Tu parles, j'étais un minot qui découvrait tout juste la vie et qui n'avait pas encore de caractère ! » Il avait gagné en répartie, en force de caractère. Il était devenu un homme, tout simplement. Il afficha un sourire attendri quand elle parla de Freja. « Tu tiens à elle, non ? » ça se voyait comme le nez au milieu de la figure... 

Son regard pétillant de bonheur et son sourire un peu idiot trahissait Livio. Il était si heureux et si fier d’annoncer sa future paternité à Alba. Il était loin du Livio de dix-neuf ans. En face d’elle se trouvait un homme mature, prêt à assumer toutes les responsabilités de cette nouvelle. « C’est une super nouvelle. » Et Alba était si heureuse pour lui. « Je suis si contente et si fière de toi Livio. Tu vas voir, c’est une des meilleures expériences de vie. » Enfin, pour elle ça l’avait été. Elle espérait que pour Léo ça l’était aussi, mais ç’avait l’air. Elle imaginait un mini-Manzoni. Ça donnait envie à Alba d’aller stalker un peu les réseaux pour savoir qui était la maman et quelle femme rendait aussi heureuse le bel italien. Il était celui qui lui avait fait aimé l’Italie. Guide de qualité et amant d’exception, Alba gardait une image de l’Italie presque intacte. Et elle rêvait d’y retourner, peut-être avec Jon. Son petit blond voulait à l’instar de ses parents découvrir le monde qui l’entourait. La voyageuse rappelait à Livio à quel point l’Italie c’était merveilleux et elle comparait même avec la France. Par contre, elle ne comprit rien à ce que lui racontait Livio. Déjà, Alba connaissait à peine les résultats nationaux des sports australiens. Ça lui arrivait d’aller voir des match de base-ball ou des compétitions de surf. Mais lui parler de football et du résultat d’une coupe du monde c’était trop irréaliste. « Mais de quoi tu parles ? » Disait-elle en explosant de rire. Puis c’était une coupe du monde de quoi ? C’était peut-être logique pour l’italien, mais en Australie le football n’était pas si populaire. Et après ce petit moment sportif, Alba questionnait Livio sur sa marque. Elle qui avait eu l’occasion de déshabiller Freja d’une de ses créations, elle voulait en savoir un peu plus. « Et tu as eu l’idée comment ? » Elle ignorait que Livio était un passionné de vêtement, après tout quand elle l’avait rencontré il n’avait pas encore déployé ses ailes. Elle riait à sa petite phrase. Il savait séduire Livio et surtout il savait se mettre en avant. « Et quel accueil ! » Répondait-elle. Alba n’était pas timide et ne comptait pas oublier ce qu’elle avait vécu avec l’italien. C’était il y a des années mais ça l’avait marqué d’une certaine manière. « Tu es bien dur avec toi ! Tu ne m’aurais pas plu si tu étais ce que tu décris. » Il était loin de ne pas avoir de caractère, il avait juste pas le même. Livio était fougueux à l’époque comme s’il avait quelque chose à prouver. Au début, il jouait les italiens et c’est quelques jours plus tard après qu’ils aient passé du temps ensemble qu’i lavait montré une facette plus douce et tendre de Livio. Evidemment, ils parlaient de Freja puisque sans elle, ils ignoreraient encore le présence de l’autre à Bowen. Il la connaissait Alba même après toutes ces années. « Evidemment que je tiens à elle. » Répondait-elle en souriant. La norvégienne avait réussi à conquérir le cœur de la blonde.

C'était avec émotion qu'il confia sa future paternité. Livio avait toujours voulu avoir des enfants. Mais ses relations sans lendemain, ses échecs amoureux lui avaient laissé croire que ce n'était peut-être pas pour lui. Qu'il serait incapable de se poser, d'aimer tellement une femme qu'il se verrait faire sa vie avec elle. Et puis Aura était arrivée. Enfin... Aura avait toujours été là, mais il avait fallu quelques années – et de la maturité – pour qu'ils apprennent à s'aimer. « Merci. » dit-il avec un sourire. « ça va être une sacrée expérience, surtout. » Bien sûr, il avait peur, mais son empressement dépassait tout. Il avait hâte de tenir son bébé dans ses bras et de comprendre pourquoi les parents avaient les yeux si pétillants. Comme Alba. Alba et son fils si curieux. Plaisantant sur la culture italienne et sur la relation Italie/France, Livio ne put s'empêcher de parler football, ce sport si peu apprécié en Australie. Il éclata de rire à la question d'Alba. « Ah vous les Australiens, vous ne comprenez rien au plus beau sport de ce monde. Par curiosité, tu iras sur Youtube et tu marqueras Zidane 2006 Italie. Tu comprendras mieux. » Mais très vite, le sujet devint plus sérieux en évoquant la marque de Livio. A sa nouvelle question, le jeune homme se fit songeur. « Je ne sais pas d'où ça m'est venu en fait. Quand j'étais plus jeune, je n'étais absolument pas porté sur les vêtements etc. C'est quand j'ai amorcé mon changement physique que j'ai remarqué que j'aimais ça. Et ça me correspond bien, finalement. » Il avait du style, Livio. Et il avait de la gueule. Il avait déjà été l'égérie de marques en Italie et avait eu tout plein de colis remplis de vêtements. C'était son truc, oui. Un truc qu'il ne laissait pas voir quand elle l'avait rencontré en Italie, qu'il n'était qu'un minot. 19 ans pour un garçon, c'était tout juste la sortie de l'adolescence. Il n'avait pas la maturité d'aujourd'hui. Mais il était fougueux et plein d'idéaux. « T'étais juste aveuglée par mon charme, c'est tout ! » s'exclama-t-il, malicieux. « Mais vraiment, j'étais tellement intimidé par toi. J'étais tout jeune, quoi. » Et Alba était si belle. Il avait été fier qu'elle pose ses yeux sur lui, ça avait énormément valorisé sa confiance en soi. Mais aujourd'hui le dévolu d'Alba se jetait sur une autre bombe de Bowen. Freja. Freja à qui elle tenait. Livio esquissa un sourire face à la confidence de la blonde. « Alors, allez loin toutes les deux. » dit-il avec douceur. Et la soirée fut toute aussi douce, bercée par les confidences, les rires et  la nostalgie.