+ et construire un empire juste pour ton sourire. (emrys)

•• « Euh… non non, pas du tout. » Elle ne dit rien. Elle aussi, elle aurait nié. Mais elle n'est pas dupe, et puis au fond, qu'est-ce que ça peut lui faire, à elle ? Elle ne veut pas une carte détaillée de son emploi du temps aussi, en cas ? Bah, pourquoi pas... Elle entre dans son appartement. Ça n'est pas super sympa de le critiquer et sur son t-shirt tâché ou sur l'état de son appart', elle en est consciente, mais elle fait ce qu'elle peut pour paraître normale. Et c'est ce qu'une Pandore normale aurait dit à un mec tout autre, non ? Bon ok, c'est peut-être justement là que ça coince : avec lui, elle n'est ni normale, et lui, c'est encore moins un mec tout autre. Alors qu'elle lui relate brièvement l'objet de sa visite, elle quête sa réaction. Au fond, il s'en fout peut-être que ça ne soit que son colocataire.. « ton coloc’… ? Perry …. » Ou peut-être pas, en fait. Elle a tourné la tête vers lui, l'observant curieusement. Sa phrase est pourtant claire, non ? « Ah oui, Perry ! Ton colocataire oui… » Elle le fixe toujours de ses grands yeux bleus. Soit il le fait exprès (et se fout d'elle par la même occasion) soit il ne pensait pas que c'était son coloc', ou soit elle a bafouillé pendant qu'elle parlait ce qui fait qu'il a simplement peut-être mal compris. « Faut bien que quelqu'un soit là le soir quand y a de l'orage. » Bon ok, arrêt sur image. À cet instant précis, deux choses dans sa tête : elle ignore vraiment pourquoi elle a sorti ça en sorte "d'excuse" d'avoir un colocataire. Et également, elle a envie de prendre une corde et de se pendre là, tout de suite. Que va-t-il penser d'elle ? Salut j'ai vingt-quatre ans mais j'ai peur de l'orage, youhou, ça vole haut dis donc. Un brin nerveuse (et ça peut se voir à ses mains qu'elle tortille l'une dans l'autre), elle détourne le regard, priant pour qu'il ne la charrie pas sur sa bourde précédente. Non mais quelle idée de parler avant de réfléchir aussi...

Elle se maudit. Son masque se craquelle déjà et elle se rend vraiment compte que venir ici est une erreur et un risque immense. C'est bien trop dur pour elle de rester naturelle, elle va enchaîner gaffe sur gaffe. « Je te sers un café ? » Elle sursaute presque, sortant de ses pensées ruminantes. Elle le regarde comme si elle se rappelait qu'elle était chez lui. Bonjour le je te fixe pendant vingt secondes sans bouger, bravo Pandore, allez on enchaîne. « Euh... ouais. Ouais, avec plaisir. Avec un peu de lait et un sucre, s'il te plait, Sawyer. » répond-elle poliment (étrange...), ne le suivant pas dans la cuisine, se contentant de se mettre de dos et une fois qu'il disparait, de se prendre la tête entre les mains. Bon cocotte, stooop, ou tu t'en vas ok ? Elle ferait peut-être mieux de s'en aller directement, oui, en effet. Mais pourtant, elle retire sa veste, et la dépose, avec son sac, sur le dossier du canapé, ne se gênant pas pour étudier brièvement les lieux du regard. C'est là qu'elle tombe sur une photo d'Emrys avec une jeune fille blonde. Il ne lui a jamais parlé d'une colocataire, si...? Elle sent son estomac se nouer et sa vision des choses s'obscurcir d'un seul coup. Figée sur le cliché, elle ne prête plus aucune attention à l'endroit où elle est, ni de savoir si Emrys (en plus elle l'a appelé Sawyer, c'est vraiment une erreur sur pattes cette fille) revient ou non dans la pièce.

•• Elle le voit sourire. Pour dire vrai, elle ne peut que le voir puisqu'elle n'a pas lâché son visage des yeux, après les avoir détourné suite à sa petite "révélation". « L’orage, hein ? » Elle ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire même si ses yeux le fixent sévèrement. Elle ne répond rien, étouffant simplement un rire muet en secouant la tête, se focalisant donc tandis qu'il part... sur cette photo. Dessus, il a l'air heureux, ils sourient tous les deux, et elle, ça lui donne tout sauf envie de sourire. Elle ne l'entend même pas revenir, ni ne voit sa main tendre une tasse vers elle, absorbée par ses pensées et son décryptage de la photo. Merde, c'est ici. Elle reconnait le pan de mur là, et la disposition vague des meubles. Donc il ne vit pas seul ici. Mais qu'est-ce que je fous là ? « Ma coloc’ à moi. C’était le jour où on a rénové ce petit coin de l’appart… m’enfin ca rends bien sans la paperasse dessus quoi… » Elle sursaute presque. Elle s'est arrêtée au mot coloc' et le dévisage lentement de ses prunelles bleutées. Sans qu'elle ne puisse vraiment le contrôler, une vague de soulagement s'abat sur elle. Ça la fait même sourire. Elle attrape alors sa tasse, jetant un dernier regard presque victorieux à la photo. « Merci. » pour le café, quoi. Elle tourne lentement la cuillère dedans, mais le silence n'a pas le temps de s'installer que le jeune futur journaliste le brise de nouveau. « Tu es en colocation depuis longtemps ? » Ça lui fait bizarre, à la petite française. Ben ouais, on dirait qu'ils cherchent à se connaître maintenant qu'ils ne se voient quasiment plus... alors qu'ils ont bossé ensemble pendant des semaines. Tu parles ! Elle était bien trop occupée à le malmener pour chercher à le connaître. Le pauvre. « Assez de temps pour que Perry se trimballe quasiment à poil dans la maison. On est quatre en fait. Ouais, j'sais, je t'avais dis que j'étais pas très sociable, mais je vis avec trois autres personnes... Perry, sa soeur adoptive, Dasha, et moi. » Il s'en fiche certainement, elle ne sait même pas pourquoi elle lui raconte tout ça. Les papiers ? Elle les a déjà oublié.

Décidant de faire un peu comme chez elle, elle s'assoit sur le canapé simplement, buvant une gorgée de son café. « Et toi ? » demande-t-elle en désignant la photo d'un geste de la tête, consciente pourtant de n'avoir pas vraiment répondu à la sienne, de question. Elle croise ses jambes, trouvant que l'attente de sa réponse est une parfaite excuse pour observer son visage qui semble si enfantin, si angélique, si doux.

•• Elle remarque son petit geste prévoyant si jamais elle vient à tomber, quand elle sursaute. Elle voudrait trouver ça stupide; elle trouve ça attentionné. Elle observe son sourire alors qu'elle lui parle de ses colocataires – parce que oui, elle est loin de vivre seule ! « C’est ce que j’ai pu observer. » Elle esquisse à son tour un petit sourire. Elle aurait aimé être là pour voir cette scène mythique d'un Emrys surprit découvrant derrière la porte un mec à moitié à poil, pas réveillé, en train de bouffer des céréales, alors qu'il s'attendait certainement à y trouver son ancienne patronne. Y a de quoi être déboussolé, c'est certain ! Mais bon, Perry, c'est Perry. Elle l'a déjà vu en boxer oui, ils dorment souvent ensemble (surtout lorsqu'il y a de l'orage), en toute amitié, ils se sont déjà embrassés, alors... Installée sur son canapé, elle l'observe et lui retourne la question, prenant de nouveau une gorgée de son café. « Depuis seulement quelques mois. Luan est sympa, mais elle est plus stricte. Elle ne me laisserait pas faire comme Perry quoi. » Encore une fois, c'est inconsciemment que la française sourit. Ça veut dire qu'ici, il ne se promène pas en caleçon. Ça veut donc dire que ça colocataire ne l'a donc peut-être jamais vu si peu habillé. Et ouais, ça la réjouit, parce que dans le cas contraire – si nous inversions les rôles deux secondes – elle crèverait de jalousie, la petite Pandore. Elle retient d'ailleurs le nom (Luan) et se dit qu'elle fera quelques recherches en rentrant à son bureau. Non, non, elle n'est pas folle je vous assure, tout va bien (ou presque) dans sa petite tête. « Dommage, t'aurais vécu avec nous, ça aurait été différent. » Elle se rend compte un peu tard qu'on dirait limite une invitation. Une fausse invitation, car il n'y a plus de chambre de libre, et même... vivre avec un Emrys dans la chambre d'à côté aurait été une vraie torture mentale. Et physique. « Tu fais quoi ce soir ? » Elle se fige. À croire qu'elle ne se contrôle plus tout à fait, les mots sortent sans même qu'elle les ai retenu. Elle se mord la lèvre avec rage, avant de sourire simplement en ajoutant (un peu trop vite peut-être ?) : « Non parce que, pour un article, je dois aller étudier le quartier nord de Bowen de nuit, et... et en deux ans, j'y suis jamais vraiment allée, et j'me disais que peut-être tu connaîtrais... » Heureusement qu'elle sait bien mentir. Non parce que sinon là, avec son "tu fais quoi ce soir ?" elle était bonne pour partir vraiment se pendre en sortant de chez lui, déjà qu'elle tente de ne pas se mettre à rougir comme une gamine...

+ « Je n’en doute pas une seule seconde » Tant mieux. Autant qu'il n'en doute pas, mais Pandore est surtout rassurée de ne pas le voir se poser trop de questions. Du moins tant qu'il les garde pour lui, ça l'arrange. Puis vient la soudaine proposition. Il devrait exister un filtre à paroles dans le cerveau de la Parisienne. « Tu sais, je… Je ne suis là que depuis quelques mois… » Elle a cessé de le regarder. Pourquoi aurait-il accepté, hein ? Elle ne cherche même pas à voiler la déception qui l'envahit à ce moment-là ; son café lui semble soudain terriblement amer. Il prendra son soupir pour ce qu'il veut : de la déception, de l'agacement, du dépit, peu importe. Elle regarde son café onduler légèrement. Est-ce ses mains qui tremblent qui le fait vaciller ainsi dans sa tasse ? Dieu qu'elle s'égare vite aujourd'hui. « Mais je crois que tu m’y as envoyé une fois pour cette histoire de vieux et de leur grève de la faim… » Elle tourne la tête vers lui, cherchant son regard chocolat. Cela veut-il dire qu'il va l'accompagner ? Elle ne se souvient même pas de ça, peut-être invente-t-il. Comme elle. Elle connait très bien tout Bowen, en deux ans, elle a eu le temps de le visiter en long, en large, et en travers. Elle n'a rien le temps de répondre qu'il enchaîne. « Au pire Sawyer a plus d’un tour dans son sac. Je dois avoir le plan du quartier mais… » Cette fois, elle sourit. Donc il accepte. La française pose un regard amusé sur ledit bureau et étouffe un léger rire. « On s'en passera, au pire on se perdra ensemble. » Elle lui fait un clin d'oeil, reprenant une gorgée de son café. Il est bien meilleur, à présent. En plus, il a mentionné le nom par lequel elle l'appelle, elle. Et elle sait qu'elle est une des seules à l'utiliser. Sawyer. Et elle est également plus assurée. « pourquoi tu dois y aller cette nuit ? » Ou peut-être pas en fait. Réfléchis, réfléchis, réfléchis... Elle sait pertinemment que ce long mensonge de reportage improvisé va la trahir à un moment où à un autre mais tant que son plan de passer un peu de temps avec son ancien stagiaire marche alors elle est prête à accepter n'importe quel prix. Enfin, elle dit ça maintenant... Et puis l'improvisation, ça la connait. Petite comédienne. « Euh, eh bien, c'est sur la sécurité de Bowen, la sécurité une fois la nuit tombée, donc je dois écrire voire filmer quelques trucs la nuit, tu vois, sinon ça ne ferait pas crédible. » Elle esquisse un nouveau sourire, comme si c'était évident. Ce qui ne l'est pas, bien entendu, puisqu'il aura beau chercher, il ne trouvera nulle trace de ce projet de reportage. Parce que celui-ci n'existe pas, bien entendu. Mais ça, il n'est pas obligé de le savoir. Elle finit son café, se penche pour le déposer sur la table et se rassoit (notons quand même qu'elle en profite pour gagner quelques centimètres plus près de lui) en posant ses yeux de nouveau sur lui. Elle veut être sûre. « Donc c'est d'accord ? Tu accompagnerais une pauvre jeune femme sans défense dans un coin reculé en pleine nuit ? » demande-t-elle d'une voix adoucie mais toujours un brin amusée.

† Elle ignore toute la culpabilité que cause ses propres réactions chez le jeune homme. Elle ignore tout ça et en réalité, elle ne l'imagine pas une seule fois. Il manque de s'étouffer avec une gorgée de café et Pandore voile un sourire, ne pouvant cette fois s'empêcher de penser que c'est bel et bien à cause de ses remarques. « Je ne me perds jamais. » Elle pose un regard plein de curiosité sur lui. S'il a le sens de l'orientation, tant mieux, car ce n'est pas vraiment le point fort de la journaliste. « … du moins jamais très longtemps. » Elle hoche la tête simplement. Elle faillit sortir un Je te fais confiance mais pour une fois, dieu merci, son cerveau fait barrage. Son explication inventée concernant le reportage ne semble pas éveiller de doutes chez Emrys; tant mieux. Assis si près de lui, elle tâche de se concentrer sur autre chose que sa présence si proche. Elle n'a pas tellement l'habitude de le côtoyer vraiment, elle s'est toujours débarrassée de cette idée de l'effleurer, de le toucher, de le frôler, en l'envoyant travailler loin d'elle. Elle se rend alors compte que tout ça, c'était pour l'éloigner d'elle. Le garder à portée de mains en le gardant stagiaire... mais contrôlant la distance entre eux en lui ordonnant toujours d'aller effectuer des tâches aux quatre coins de la ville. Donc c'est pour ça ? Bordel, donc j'suis vraiment si manipulatrice... ? C'est dur pour elle d'y songer, et l'idée la répugne. Elle l'observe. Il semble réfléchir mais elle voit bien que sa décision est prise, elle voit que c'est pour la... taquiner ? Les rôles commencent-ils donc à s'inverser ou du moins, à s'équilibrer un peu ? « Si tu promets de ne pas enfoncer tes ongles dans ma chair au moindre bruits suspects… c’est d’accord, je t’accompagnerai » Elle darde sur lui un sourire mesquin et espiègle. Mais, fidèle à son habitude de réinstaurer une certaine hiérarchie qui pourtant, n'a plus lieu d'être, elle murmure : « Je te promets rien du tout, c'est à prendre ou à laisser. » S'il change d'avis, ça sera bien fait pour toi, madame je veux avoir le contrôle sur tout. Elle ignore ses propres pensées. Justement, elle a l'impression de ne plus rien contrôler du tout. Elle se lève d'un coup, son sourire étant devenu ravi et détendu. « Bon alors c'est d'accord ! » Avant qu'il ne change d'avis. « J'ai quelques trucs à faire avant... Tu passes me prendre vers vingt-heures ? » Et les papiers ? « Tu sais où j'habite maintenant... » Pandore, les papiers ? Mais quels papiers ? Bon sang, tout ça c'est bien loin à présent. Elle s'approche de lui, hésitant quant au fait si elle doit lui faire la bise, ne pas lui faire, ... elle n'en sait trop rien. Finalement, elle s'avance pour la lui faire, attrapant son bras en même temps, par habitude. Finalement, elle se dirige vers la porte en récupérant son sac et sa veste. Il faut qu'elle extériorise tout ça, et surtout la soirée à venir, et vite. Juste avant de passer la porte, elle se retourne d'un seul coup pourtant, murmurant un : « Et merci pour le café. » en l'embrassant d'un regard tendre. Oui oui, un regard tendre, allez savoir ce qu'il se passe dans sa petite tête. Puis, elle dévale les escaliers avec un drôle de sourire sur les lèvres. Mission ? Rentrer chez elle, rester calme, trouver comment s'habiller ce soir, rester calme, tuer le temps jusqu'à huit heures du soir. Rester calme.