#17 - KO (lucie)

S’il fait des vidéos sur Youtube depuis des années, Perry n’a pas vraiment changé sa manière de faire. Contrairement à beaucoup d’autres youtubeurs qui montent et qui ont ensuite un studio dédié, de la prod, etc, lui n’a rien de tout ça. Il pourrait largement avoir les moyens de se faire un petit studio en ville, de payer des gens pour l’aider, lui trouver des partenariats. Mais il préfère faire les choses à l’ancienne quitte à ce que son compteur d’abonnés ne monte pas de manière exponentielle. Il a une bonne petite communauté qui aime ses vidéos naturelles, sans prises de tête et avec des concepts plutôt débiles. Pour cette fois il a décidé de jouer à Smash contre une pro, une amie de Zelda. Il sait bien qu’il va se faire éclater mais ça ne le dérange pas, il trouve ça plutôt marrant comme concept. Il profite aussi de la vidéo pour poser quelques questions à Lucie sur sa vie, savoir ce qu’elle aime dans le jeu vidéo, comment elle en est arrivée là, etc. Après un peu plus d’une heure de tournage, il met sur pause la vidéo et vient se rasseoir dans le canapé. « Ça t’a plu ? » demanda-t-il à la jeune femme avec un sourire. Lui s’est bien amusé à tourner cette vidéo, comme toujours. C’est le principal truc qui le motive, faire des vidéos spontanées, qu’il veut faire, même si le concept n’est pas toujours vendeur. Après tout c’est grâce à l’une de ses vidéos qu’il a rencontré Freja. S’il n’avait pas tenté de la draguer comme un nul pour une de ses vidéos, elle ne serait peut-être jamais devenue leur coloc et ne serait jamais sortie avec Concho, comme quoi il suffit d’un rien.

Perry était toujours content de tourner de nouvelles vidéos avec des gens. Il est rare qu’il soit vraiment tout seul de toute façon. Il trouve souvent le moyen d’avoir d’autres personnes pour tourner avec lui, même à distance. Sinon il va dans la rue, dehors, pour filmer avec des inconnus. Il est bien trop sociable pour rester enfermé chez lui à parler seul à sa caméra, même si ça lui arrive. Après s’être fait explosé à Smash et avoir demandé à Lucie si le tournage lui avait plu, celle-ci lui répondit, visiblement contente. Elle le remercia de son invitation, espérant que la vidéo plairait au public. « De toute façon la prise de tête c’est pas trop mon truc ! Faudra la monter, j’t’enverrai le résultat quand ça sera fait, tu m’diras si ça te va. » lui répondit-il en souriant. Il est content qu’elle ait apprécié le tournage. Si ça n’avait pas été le cas, ça se serait vu au montage. Sur le moment on ne voit pas forcément que la personne n’est pas vraiment dedans mais en voyant les rush, ce n’est pas trop dur de voir si la personne s’amuse vraiment ou non. Il visualise déjà la miniature avec leurs tête en train de rire en gros plan, une image de Smash et une phrase aguicheuse pour attirer les gens. Le titre serait quelque chose du genre : je me fais exploser sur smash, elle n’a aucune pitié ! Il verrait ça plus tard car autant continuer un peu à discuter avec Lucie tant qu’elle est là. Il rit en l’entendant lui poser des questions à son tour. Il est vrai que dans cette vidéo il n’a pas beaucoup parlé de lui. Il le fait suffisamment dans les autres et dans la vie de tous les jours pour s’abstenir de temps en temps. Elle lui demanda ce qu’il fait dans la vie et quel a été son parcours. On ne peut pas dire qu’il ait un parcours classique, ça non ! « J’ai pas fait d’études, ça a jamais été mon truc. Donc j’ai pas bossé avant genre y’a cinq ans. Là mon père a voulu me responsabiliser en me faisant diriger une partie de sa boîte. Du coup maintenant je dirige les bureaux de Jeffrey’s ici. On est spécialisé dans les énergies renouvelables. » expliqua-t-il simplement. Les gens connaissent surtout son entreprise de nom car c’est un gros bâtiment situé aux abords du centre-ville et qu’elle sponsorise une bonne partie des activités de la ville.

Perry n’a aucun mal à parler de son argent, de ses responsabilités tombées du ciel. Même s’il a mis du temps à se sentir légitime dans son boulot, il ne le cachait pas, tout comme son moyen d’obtention qui ne laissait pas vraiment de doute. Les gens qui ne le connaissent pas vraiment s’imaginent sans doute qu’il est juste un gosse de riche qui a comme pire malheur dans sa vie de ne pas avoir eu la PS5 le jour de sa sortie. Ce n’est pas vraiment le cas. S’il a été imbuvable durant son adolescence, il s’est arrangé ensuite. Il ne dépense pas son argent dans tous les sens et ne mène pas une vie de grand luxe. Il pourrait sans aucun doute, il ne se prive pas mais vivre dans une grande maison et posséder des voitures qui valent une fortune, ça ne le fait pas rêver. Il préfère davantage financer les projets de ses amis, gâter ses filles, voyager. Il n’est pas modeste pour autant et peut se montrer parfois arrogant et trop sûr de lui, mais ça n’a pas grand-chose à voir avec son compte en banque. Le jeune homme a connu des malheurs dans sa vie alors on pourrait dire que l’argent est une récompense de tout ça, des épreuves qu’il a géré, plus ou moins bien et dont il s’est toujours sorti. Il a tendance à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, très souvent plein d’optimisme et ne se laissant pas abattre par les événements malheureux de sa vie. Il lui ait bien arrivé de se laisser abattre et de tomber au plus bas mais il s’est promis de ne plus recommencer. Du coup Lucie a raison de dire qu’il s’en sort plutôt bien. Ce qu’elle dit ensuite fait froncer les sourcils du jeune homme, même s’il imagine bien qu’elle ne gagne pas sa vie aussi bien que lui. Elle enchaîne directement en lui proposant une nouvelle partie. « Si tu veux, sinon on peut jouer à autre chose s’tu veux, comme ça j’pourrais p’t’être avoir ma chance ! » dit-il en souriant avant de demander « Ça paie pas bien les streams ? » Il connaît l’univers de youtube pour faire régulièrement des vidéos dessus mais le monde du stream et de l’e-sport lui est assez inconnu, bien qu’il regarde de temps en temps des streamers.

Avec Perry, l’argent n’est pas tabou. Il n’est pas gêné d’en parler, pas gêné du fait qu’il soit riche et sans problèmes financiers. Il sait bien que ce n’est pas le cas de tout le monde mais il met tout de même les deux pieds dans le plat avec Lucie. Elle lui explique que l’argent gagné par ses lives ne couvrent pas toutes ses dépenses, pareil pour les tournois, car elle n’en gagne pas assez. Il hoche la tête avant de répondre « T’as pas des sponsors pour t’aider ? » Sur Youtube il y a les placements de produits alors il doit bien avoir un peu la même chose pour le streaming. Lui n’en fait pas beaucoup. Il n’a pas besoin de ça pour gagner de l’argent et il fait des vidéos uniquement pour s’amuser. Il a régulièrement des marques qui le contactent pour des partenariats mais à moins qu’il trouve le produit vraiment sympa et qu’il veuille le faire connaître, il refuse. En plus de ça, ses vidéos ne demandent pas beaucoup de budgets, les concepts sont assez simple. La jeune femme accepte de jouer à un autre jeu, expliquant que c’est un automatisme pour elle de proposer le jeu auquel elle joue toute la journée. « On peut faire du Mario Kart si tu veux. » répond-il alors. Il y joue un peu plus qu’Ultimate et a un niveau beaucoup plus correct. Après ce n’est pas dit pour autant qu’il gagne.

L’argent n’a jamais été un problème pour Perry. Il n’a jamais eu à se plaindre et à toujours pu profiter de l’argent familial presque sans limite. En contre-partie il a dû accepter de bosser pour son père et faire un boulot auquel il ne connaissait rien. Il aurait pu faire complètement couler la boîte avec son manque d’expérience mais elle a tenu bon. A présent il se détache même des activités de la maison mère et fait une entreprise correspondant à ses valeurs. Il essaie également de diversifier les activités, ayant ouvert une branche événementielle au sein de l’entreprise, il y a quelques années. Cette dernière reste encore discrète et ne rapporte pas beaucoup mais il a bon espoir que cela change. Il essaie de comprendre ce que la jeune femme peut vivre même si les fins de mois difficiles font parties de la fiction pour lui. Malgré tout, il a des amis qui ne roulent pas sur l’or et il voit bien que ce n’est pas toujours facile pour remplir le frigo ou se faire plaisir. Comme il ne peut jamais être totalement sérieux, il propose en parallèle de lancer un Mario Kart, histoire de changer de Smash mais de rester chez Nintendo. Et puis dans Mario Kart il y a plus d’aléatoire et de possibilité de finir premier quand on a fait deux tours derniers. La jeune femme accepte, choisissant son personnage dans la foulée. « T’inquiète, j’joue plutôt Bébé Mario en général. On peut faire une coupe, comme ça on n’a pas à choisir à chaque circuit. » dit-il avant de choisir son personnage et son kart, puis de sélection, au hasard, une coupe. Il vérifie que tout est bon et Lucie lui répond à propos des sponsors. Elle lui explique qu’elle n’a pas un assez bon niveau pour pouvoir faire partie d’une équipe et que sinon elle doit accepter des sponsors pas vraiment en accord avec ses valeurs. « Ah ouais je vois, c’est pas dingue. J’ai jamais sponso de l’e-sport, ça pourrait être une première. » dit-il avant un sourire avant de lancer la course. Au début il s’en sort plutôt bien mais forcément il a des items pas super alors il se prend carapace sur carapace ce qui le fait dégringoler dans le classement. L’avantage c’est qu’il peut à présent espérer avoir des items plus forts pour remonter.

Si parfois il peut se montrer mauvais perdant, Perry n’est pas vraiment un grand compétiteur. Il préfère davantage que tout le monde s’amuse plutôt que d’avoir la première place. Bien sûr s’il finit par gagner il fanfaronnera en se ventant de son talent inné à gagner mais il ne fera pas de coups bas à ses adversaires. Il n’a pas donc parlé de sponsoriser Lucie pour qu’elle soit déstabilisée et qu’il puisse passer devant elle. De toute façon il n’aurait pas l’intelligence de monter un coup aussi tordu. Il arrive à remonter dans la course tandis qu’elle perd des places, lui répondant que ce n’est pas sympa de plaisanter sur le sujet. Elle n’imagine pas qu’il puisse être sérieux car il parle toujours de tout sur un ton léger. Il pourrait proposer à quelqu’un de lui prêter des milliers de dollars tout en continuant à manger des gâteaux apéro, comme si c’était un truc banal pour lui. En réalité c’est assez banal pour lui ce genre de choses. Ce sponsor ne devrait pas représenter des sommes gigantesques et s’il veut que la branche événementielle de son entreprise se fasse remarquer, c’est un moyen assez correct d’y arriver. « Je plaisante pas ! Oui j’serai prêt à te sponsoriser. Enfin pas moi, mon entreprise. Enfin, si elle fait pas partie des entreprises nulles pour lesquelles tu veux pas faire de pub. » répond-il en riant. De base Jeffrey’s n’a pas bonne réputation auprès des associations écologistes mais les changements effectués par Perry au cours des années ont considérablement changé la réputation de l’entreprise en Australie. La maison mère continue d’exploiter du pétrole au États-Unis mais pour la partie australienne, que le jeune homme dirige, la transition vers les énergies renouvelables est quasiment terminée.

Pour Perry c’est naturel d’être généreux, de partager son argent avec les autres. Il offre volontiers de bons cadeaux à ses amis et fixe un loyer pas trop élevé pour l’appartement où il vit, pour qu’il soit accessible aux personnes qui n’ont pas forcément trop de moyens. De toute façon son appartement n’est pas si exceptionnel, à juste le voir on ne soupçonne pas tout l’argent que le jeune homme peut avoir sur son compte. Il peut se permettre quelques extravagances parfois tant il n’a pas un train de vie démesuré. Parfois il songe à acheter une maison au bord de la plage parce qu’il adore l’océan et qu’avoir un jardin ça serait le rêve pour ces filles mais il n’arrive pas à s’éloigner du 17, de la coloc. Il ne s’imagine pas vivre seul juste avec ses filles. Peut-être qu’il aimerait bien quelqu’un pour partager sa vie, après toutes ces années sans chercher l’amour mais il ne sait pas vraiment comment faire et il ne sait pas vraiment s’il en a envie non plus. En attendant il reste dans son appart adoré, peuplé d’enfants et d’adultes pas plus matures.

Il a proposé à Lucie de la sponsoriser. Elle avait l’air de galérer et Perry ne voulait pas qu’elle abandonne son rêve car elle n’avait pas les moyens de continuer. Pour lui, et pour Jeffrey’s, ça ne représente pas grand-chose et il est persuadé que l’entreprise pourra en retirer des avantages. Si au début il n’avait pas la confiance de ses collaborateurs, il comprend pourquoi, lui le fils du patron qui n’y connaît rien et qui n’a jamais bossé de sa vie, il s’est retrouvé à la tête de personnes ayant fait de longues et prestigieuses études. Mais à présent, il a réussi à faire des bons choix, risqués certes, qui ont permis à l’entreprise de se renouveler et de miser sur le futur. Au pire ils se diront que le sponsoring n’est qu’une idée de plus et si ça foire, ça ne fera pas perdre beaucoup d’argent. La jeune femme est euphorique face à la proposition de Perry, ce qui le fait rire. Rapidement elle se calme et s’excuse, lui demandant si sa proposition tient toujours. « T’inquiète pas ! J’sais pas trop ce qu’il faut, faut que j’vois avec les gens de ma boîte. Y’a sûrement des avocats ou ce genre de trucs qui vont venir vers toi. Mais j’vais essayer que ça soit assez rapide. » explique-t-il tandis que leur partie de Mario Kart continue dans le fond, eux deux n’avançant plus.

L’administratif ce n’est pas trop pour Perry, lui il gère la com, les grandes lignes de l’entreprise mais dès qu’il s’agit de faire des papiers, il y a tout un tas de personnes qui font ça pour lui. Lui n’a plus qu’à signer à la fin, faisant une confiance aveugle à ceux qui rédigent les documents. Il en profite parfois pour leur demander de faire des papiers perso pour lui. En général c’est pour les services de l’immigration qui ont toujours besoin de justificatifs pour ne pas l’éjecter du pays. Il pourrait demander la nationalité australienne pour ne plus avoir de problèmes mais ça voudrait dire encore plus de papiers. La jeune femme est très heureuse de la proposition de Perry, même si pour l’instant rien n’est signé. Ils devraient se revoir sous peu pour un vrai contrat béton rédigé par une armée de juristes. Mais Lucie n’en oublie pas la course, qui les laisse en queue de peloton. Le jeune homme récupère également sa manette, espérant ne pas finir bon dernier. « J’espérais que mon plan allait réussir à te faire perdre mais non ! » dit-il en riant, comme si sa proposition n’était qu’un moyen de la déstabiliser pour qu’il gagne. Au final il ne réussit à remonter qu’un peu grâce à une fusée mais ils finissent tous les deux à la fin du classement. La jeune femme lui propose d’aller boire un verre pour fêter la nouvelle. D’ordinaire lorsqu’il se retrouve à boire un verre avec quelqu’un ce n’est pas vraiment dans le but de fêter un contrat mais plutôt dans le but de finir dans le même lit, de quoi changer un peu même si l’un n’empêche pas l’autre. « J’ai rien de prévu pendant encore quelques heures. » explique-t-il alors. Il faudra qu’il aille chercher les filles à l’école à un moment mais il a encore un peu de temps devant lui. « Je dis jamais non à un verre ! »