Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: crying wolves (sacha) Jeu 18 Fév 2021 - 19:56
Une sacrée soirée de merde pour Endre. Il avait de la colère jusqu’au bord des lèvres. Rien de véritable ne s’était passé, mais il s’était levé du mauvais pied. Enervé, énervé de tout, de sa vie qu’il haïssait, de la passivité de cette ville où tout semble heureux et calme alors lui bouillonnait de de l’intérieur. Il avait couru 10 bornes ce matin, était allé en cours, et rien n’avait réussi à le calmer. Toute journée, sa jambe n’avait pas arrêté de trembler, et il avait eu envie de frapper quelque chose. A défaut de pouvoir passer sa colère sur quelqu’un, il s’était contenté d’aller en boîte avec des potes. Il avait bu, dansé et dragué une jolie brune de son cours d’économie internationale. Rien n’avait réussi à vraiment le distraire. Endre était habitué aux grandes envolées lyriques. Voler une bagnole pour aller rouler dans la campagne norvégienne, voler le rhum de son père pour aller faire flamber des trucs en forêt. Il n’était pas habitué à cette vie si rangée, ou rien ne réussissait à le défouler. Sinon, il aurait pu se contenter d’être un adulte normal et confronter ses traumatismes et sa maladie. Mais ça aurait trop facile non ? Il devait être aux alentours de 3 heures du matin, et Endre fumait une cigarette en dehors de la boîte. Il était censé rentrer rejoindre ses potes à l’intérieur, mais songeait plutôt sérieusement à rentrer chez lui. Il se sentait irritable et n’avait pas envie de faire subir son tempérament aux autres. Il faisait déjà assez subir ses proches comme ça. Endre profitait de l’air ‘frais’ de la soirée. Frais c’était un euphémisme, la chaleur collante de Bowen étant une omniprésence. Mais c’était tout de même plus agréable que l’intérieur transpirant de l’Adam & Yves. Il venait de finir la clope et s’apprêtait à marcher jusqu’à chez lui quand il failli tomber par terre. Une figure venait de le bousculer, plutôt fort même, à deux doigts de l’envoyer à terre. Drittsekk. Endre tenta de prendre une grande respiration.Il aurait dû tendre l'autre joue et faire comme si de rien était. Échec. Il trotta derrière la silhouette tatouée, qui s'enfonçait dans une ruelle sombre, les bruits de la boîte de nuit commençant à s'évanouir derrière eux. Endre avait beau être jeune, il n'était pas assez stupide pour s'embrouiller avec quelqu'un en face de videurs prêt à appeler la police à la moindre altercation. « Hey connard ! C’est quoi ton problème ? Jamais entendu parler de la politesse ? » Quand l’homme se retourna, les sourcils froncés, Endre réalisa qu’il allait sûrement passer un sale quart d’heure.
Journée de merde. De toute façon, y’a que des journées de merde. Hier, aujourd’hui, cette nuit, demain, jusqu’à la fin. A quoi ça sert de faire des efforts puisque dans tous les cas, il va crever, haï par cette foutue ville ? Brooke ? Elle peut bien faire la gueule, il en a rien à foutre. Plus rien à faire de ses yeux doux et de son cul à se damner. Il devrait pas penser ça. Y’a plus que ça chez elle, pas que deux seins sur deux pieds, mais une tête bien faite, avec un tempérament de feu. Il la rejoindra plus tard. Là, il sort juste du boulot, foutu boulot de merde qui l’épuise. Et son père, fraîchement sorti de taule, qui lui donne envie de débarquer pour le buter. Il aurait dû le faire plus tôt. Pressé, il se change, il quitte le cabaret. Petite chemise noire à manches courtes, jean déchiré, l’air sombre, il a juste l’air d’un mec qui a envie de tuer, et c’est le cas. Pas après pas, les rues s’enchaînent et ça lui donne pas satisfaction pour autant. Il tourne encore. Vie de merde. Il passe devant des bars, fume clope sur clope, bouscule des gonzesses un peu trop saoules qui le trouvent canon. Il s’en fout, de toutes celles là, il n’en veut qu’une. Et puis, c’est quoi leur problème ? Lui, son problème, c’est le monde entier qui tourne pas rond, c’est le bruit des voitures qui klaxonnent des putes, c’est les crachats des machos qui polluent le sol, les gens qui bougent pas sur son passage. Qui viendrait l’emmerder de toute façon ? Il fait peur, il aime faire peur. Il ne cache même pas le manche de son couteau replié dans la poche arrière de son jean, rajoutant une menace dans l’atmosphère. Il bouscule un gamin et s’en rend à peine compte. Y’a trop de bruit dans sa tête et il devient fou. Il veut juste être seul, avoir du calme, et pourquoi pas se tailler les veines en paix. Mais d’abord, les médicaments. Il aurait dû les prendre, il est en manque et il en tremble. Il tourne encore. Ses oreilles repèrent un bruit et il ralentit, grimace quand il se fait gueuler dessus. Il se retourne, le nez retroussé par l’agacement. « Ты сам сукин сын. » Il le regarde, mais il le reconnaît pas. Il fait un pas en avant vers ce mioche qui a visiblement envie de voir le Diable, ce soir. « T’as un problème, morveux ? » Il en faut peu à Sacha pour s’énerver, mais là, le petit a dépassé les bornes. On ose pas insulter le russe, jamais, sinon c’est comme se foutre la mafia aux trousses, surtout ce soir. Il l’attrape par le col pour l’empêcher de s’enfuir, menaçant. Il a envie de taper, mais est-ce que ça vaut vraiment le coup ?
Endre en avait rien à foutre de l’apparence du mec. Avec ses artifices, son style de rocker. Il avait pas le temps de se faire marcher sur les pieds par un prétendu ganster. On lui avait manqué de respect trop de fois dans sa vie. Il n’avait pas vraiment peur, et c’était peut-être un problème. Il se mettait souvent dans des situations de merde, car il manquait cruellement d’instinct de préservation. C’était peut-être un besoin de se faire du mal, disait sa psychiatre, et elle avait sûrement raison. Mais c’était pas comme si il faisait quoi que ce soit pour changer. Il avait trop de colère à expulser, trop de traumatismes. Un rancœur avec la vie qui lui avait pris tant de choses. Envers sa tête qui n’était pas foutue de fonctionner correctement. Il y a un léger sifflement dans ses oreilles. Il sentait des figures derrière lui. Il ne faut absolument pas qu’il se concentre dessus. Putain, c’est pas le moment, pas le moment. Il fallait qu’il garde les pieds sur terre. Si il se mettait à halluciner, il allait finir au poste. Et c’était la dernière chose dont il avait besoin. Le grand blond platine l’insulta en russe. Endre ne parlait pas russe, mais au vu de la manière dont il avait sifflé les mots, le regard hargneux, il se doutait bien qu’il ne venait pas de l’inviter à aller regarder un coucher de soleil. Il pouvait faire ça aussi, l’insulter dans sa langue natale. Mais il préférait assumer, bien qu’une tirade en norvégien lui aurait fait le plus grand bien. La Norvège lui manquait terriblement et son esprit se mit à dériver, à penser aux collines, à la neige et aux rivières. Il aurait pu en frissonner. Mais à nouveau, c’était pas le moment. Réalité, réalité, la vie est une jungle qu’il doit traverser en permanence. Endre réhaussa les épaules et bomba le torse. Il était certes plus petit, mais bien plus large que l’autre homme. Il était déjà entrain de calculer si il était capable de l’envoyer au sol. « Je sais pas bouffon. Tu me dis si on a un problème. » dit il en s’approchant légèrement. Il était des opposés parfaits. L’homme, recouvert de tatouages, habillé de noir, et Endre avec son tee-shirt blanc, sa dégaine d’angelot et ses boucles blondes. Il savait qu’on ne le prenait jamais au sérieux, et ça lui donnait envie de casser des trucs. Mais l’avantages d’être sous-estimé en permanence, c’est que ça créait des surprises. « T’as jamais appris à marcher droit ? Tu tiens pas ton alcool ? » cracha-il en le toisant de haut en bas, les dents serrées. Bon. Il y avait être offusqué à raison, et il y avait chercher la merde. On était définitivement dans le deuxième cas.
Dernière édition par Endre Valtersen le Dim 11 Avr 2021 - 22:35, édité 1 fois
Dans une situation normale, dans un monde normal, avec des personnes normales, il ne se serait rien passé de plus. Le petit blond aurait peut-être râlé un peu puis se serait barré en insultant le monde de con mais il ne l'aurait pas suivi, et Sacha aurait très vite oublié cet incident puisque de toute façon, y'a pas de risque de se retrouver vu les millions d'habitants de l'Australie. Sauf qu'aucu des deux n'est vraiment normal. Le Norvégien s'est mis à suivre le Russe en lançant une guerre qu'ils n'ont jamais demandé. Ils viennent tous les deux d'un pays froid, est-ce que les clichés auraient pu leur donner raison en les traitant de personnes au sang froid ? Sûrement pas. Poussant un soupir, Sacha roula des yeux, tentant d'oublier toute la colère qu'il retient au fond de lui. Il y a l'alcool, le manque, la tristesse, mais la hargne est toujours plus forte que les autres, c'est celle qui envoie tout bouler sur son passage. Il va le défoncer, il va pas avoir le choix, même s'il en a pas forcément envie. A défaut de passer ses nerfs sur son père, il passera ses nerfs sur un pauvre gamin des rues. « On a pas qu'un problème, là. » Réplique-t-il en fronçant les sourcils, créant une barre de rides sur son front. Trente ans et déjà des rides comme s'il en avait quarante, surtout ce soir. Non seulement gamin l'emmerde mais en plus il lui cherche véritablement les poux. Puis il y a des mimiques que personne ne verrait et que lui remarque du premier coup d'œil. Le lanceur de couteaux déglutit, le relâche en le repoussant pour le secouer un peu. Qu'il se jette sur lui, il rendra coup pour coup. Œil pour œil, dent pour dent et ce depuis la nuit des temps. La folie, qui coule aussi bien dans le cerveau pour s'introduire ensuite dans chacune de leur veine. Le mélange de l'alcool qui lui donne autant le tournis que les médicaments qu'il avale pour faire plaisir à tous ces psychiatres qui pensent que de toute façon, c'est un cas perdu, qu'il se foutra en l'air pour n'importe quel nana. C'est pas faux, mais il leur a quand même donné tort. Il a essayé, il y a pensé, mais l'idée de se rater et de retourner en camisole le rend mauvais. Brooke. « Et toi, personne t'a appris à fermer ta gueule ? » Il crache presque par terre et il se fout bien que des postillons volent de partout. Il fait un pas de plus vers le petit et il le pousse volontairement et brutalement en direction du mur. Il va pas sortir le couteau tout de suite. Il veut lui remettre les idées en place mais la flemme de commettre un meurtre pour si peu. Ouais, grosse flemme. Une chance pour le vrai blond. « T'as un problème, y'a quelqu'un qui te suit ? T'as envie que j'te bute avant lui ? Suffit de demander, j'te balance dans la benne la plus proche quand t'veux... Gamin. » C'est un sourire de psychopathe qui nait sur le visage du faux blond alors qu'il crache un beau mollard aux pieds du Norvégien un peu fou. Fou. Il est sûr d'avoir trouvé le problème et ça l'amuse de voir jusqu'où il ira pour péter les plombs. Il planquera son arme blanche à ce moment-là, juste au cas-où.
Sujet: Re: crying wolves (sacha) Mer 24 Mar 2021 - 21:49
Endre ne savait pas expliquer pourquoi il était si énervé. Il aurait pu être mature, tendre l’autre joue. Il aurait pu partir, finir sa clope et rentrer chez ses colocs, elles qui avaient le regard si doux, si éloignés de ses démons intérieur. Il aurait faire beaucoup de choses au lieu de se mettre dans ce bourbier. Etonnement, il voyait l’étranger comme un égal. Il sentait la colère émaner du russe, une colère qui ne venait pas forcément de leur altercation, mais de quelque chose de plus profond. Il avait envie de lui coller un pain, de montrer au monde qu’il n’était pas qu’un gamin, qu’il avait vécu, qu’il avait subi, et qu’il savait se défendre. Et c’était pas un pauvre russe avec des tatouages qui allait lui faire peur. C’était une démarche presque masochiste. Envie d’avoir mal, envie de faire mal. « Oui on a un problème mec. Tu te crois intimidant avec ta dégaine mais t'es plus ridicule qu'autre chose » L’homme le poussa en avant. Il aurait du s’y attendre. Mais c’est bel et bien ce qu’il attendait. Il le poussa en retour. On commençait doucement, mais il savait que ça allait vite dégénérer. Il n’avait aucune idée de pourquoi il faisait ça. Pour une fois, il n’était pas paralysé. Pas paralysé par la colère de son père, pas paralysé par les voix dans sa propre tête. Ça, s’était réel, c’était certain, et c’était un moyen de se rappeler qu’il était vivant. Qu’il existait. Qu’importe le prix. Un dent, un nez cassé, il en avait rien à foutre. Il serrait les dents, et ses ongles s’étaient enfoncés dans sa peau à en laisser des traces. Il sentait quelque chose derrière lui. Il n’y avait rien. Concentre toi, concentre toi. Il hausse les épaules, essaye de se faire grand, bien que le russe ait quelque centimètres de plus que lui. Mais Endre était bien plus épais. L'homme avait le visage fatigué, presque meurtri, bien éloigné de la jeunesse fougueuse mais torturée d'Endre. Il devait avoir beaucoup vécu. Ça aurait pu l'intéresser si ils n'étaient pas dans une allée sombre, prêts à se faire saigner. « C’est la première fois qu’on crache à la gueule ? A jouer le serial killer ? Montre toi à quel point t’as les couilles de passer vingt ans en taule. » fit-il en se rapprochant de plus en plus. La remarque du russe sur ses voix lui fit du mal. Plus mal que n’importe quel coup. Il pensait qu’il était meilleur à camoufler que ça. Mais il n’était pas non plus stupide. Le mec sentait, non, il puait l’alcool. Les pupilles dilatées. La démarche assurée, mais un léger titubement. « Tu veux te battre mais t’es à deux doigts de t’effondrer comme un junkie. » Ils avaient trop attendu. Il avaient trop parlé. Le dos contre le mur, Endre pétait un câble. Il ne supportait pas de se sentir coincé. Avec l’envie profonde d’effacer le sourire narquois du tatoué, Endre serra le poing. Et lui envoya dans la gueule.
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Sujet: Re: crying wolves (sacha) Dim 23 Mai 2021 - 15:23
crying wolves
Il avait surtout été ridicule dans sa jeunesse, quand il courait à poil dans les rues de Moscou avant de se faire choper par les flics, ridicule quand il s'était fait dépuceler par une prostituée, ridicule quand il se laissait abattre par les coups de son père, pire encore quand les gamins étaient nés, ou quand il avait demandé Brooke en mariage quand ils faisaient l'amour. Mais ridicule par son apparence ? Ca ne lui était jamais venu à l'esprit. Sourcils froncés, son regard se porte sur son corps en s'interrogeant sur ce qui ne va pas aujourd'hui. La faute au slim qui lui serre trop les couilles et le poireau ? Non. Par ses tatouages qui racontent sa vie ? Non, il n'arrive pas à savoir, c'est bizarre, c'est flou dans sa tête là. Il se remet sérieusement en question. Quand il le pousse, la raison, elle est pas là, et pourtant, ses paroles le font revenir à la réalité en plus de lui rappeler les mauvais souvenirs. Son corps se crispe, revivant mentalement chacun des coups reçus. Toujours cachés sur le corps. Dans le dos, sur le ventre, les cuisses, c'était horrible. Et le prétexte de son père qui voulait à tout prix s'occuper de son bain pour pas que la mère s'en rende compte, forçant le gamin à dire qu'il était tombé à l'école, quitte à laisser croire à la famille qu'il se faisait maltraiter ses camarades. Il aurait pu brûler la maison pour en finir, mais seul son père devait crever, pas maman, ni Alek, ni Nastya. « J'irais en taule seulement quand je l'aurais saigné comme un lapin ! » Sa voix résonne entre les murs de la ruelle et se brise alors qu'il sent les larmes monter. L'enfant en lui souffre encore de toutes ces peines et c'est affreux à revivre. Ce petit blond en face, il ne se rend pas compte de la douleur qu'il lui procure à dire tout ça. Il veut le défoncer juste pour le faire taire. Il tente de jouer sur la corde sensible, dernier espoir avant de sortir les poings. Comme toujours, ça lui revient droit dans la gueule. Un junkie, de pire en pire. « Je suis pas... » Pas le temps de finir la phrase, le coup part tout seul, en plein dans sa mâchoire. Du crachat s'échappe de ses lèvres, se colle au visage de son adversaire alors que le russe titube et recule, relâchant l'emprise. Il s'essuie le menton du revers de sa main poisseuse, puis observe ses doigts se refermer entre eux. Il a pas la force. « Je suis armé. » qu'il grogne le regard sombre posé sur le gamin. Il recule encore, puis il revient à la charge pour lui rendre coup pour coup, tentant d'atteindre à son tour le visage. Mais il se rate à plusieurs reprises, pestant contre l'alcool dans son sang et la folie dans son crâne. Il veut lui faire peur, mais c'est lui qui a peur. Pour lui-même, de finir en taule, mais pour ce petit qui risque la même chose. Brutalement, il s'approche et cette fois, il lui fout un coup de pied dans le tibia pour le déséquilibrer. C'est pas grand chose et lent, mais cette fois, il arrive au moins à le toucher et à tester ses défenses. Pourvu qu'il doive pas lui exploser le crâne contre le béton pour s'en sortir indemne.
Endre n'était que bluff. C'était comme ça qu'il avait tenu la vie, la passant à bluffer, à faire semblant à jouer tapis sans même une paire dans sa main. Cette fois, il croyait qu'il allait perdre le deal, perdre la partie, rentrer chez lui sans un seul jeton. Il devrait cesser le poker et se mettre à la roulette russe. Une roulette russe qui lui crachait du venin au visage, un bras de fer qui devait être physique mais se retrouvait mental. Endre n'aurait pas pu dire lequel des deux allait craquer en premier. Ils allaient faire quoi ensuite ? S'effondrer dans les bras l'un de l'autre et se raconter leurs traumatismes infantiles autour d'un thé ? Jamais. Freja ne savait pas, Eve et Nova ne savaient pas. Gretchen s'en doutait sûrement un peu, mais au fond, elle ne savait pas. Par contre, ce qu'Endre savait, c'était que les boîtes oranges de médicaments étaient restées pleines depuis des semaines. Et que ça allait finir par le rattraper. Te saigner comme un lapin. Endre aurait du avoir peur de ce sale type. Mais il jette un regard à ses propres mains et le sang coule déjà, sa chemise est rouge et ensanglantée et il cligne des yeux fort, très fort, avant qu'elle retrouve sa couleur albâtre. C'est comme ça que tu vas crever, c'est comme ça que tu vas crever, on l'a envoyé ici pour te faire crever. Le type en face de lui a la rage, la bave au bord des lèvres, des yeux qui pleurent du sang et bordel Endre, remets les pieds sur terre. Il ne sait pas ce qui arrivera si il termine encore à l'hosto, si cette fois ils le laisseront partir sans qu'il frise la lobotomie. Mais au final, est-ce lui qui choisit ? Il déglutit et ne réponds rien. Il ne sait pas ce qui sortirait de ses lèvres. Le brun ne semble pas non en mener large. Ils devraient se voir dans un miroir, deux cadavres encore debout, vieilles âmes à peine vivantes. Ils ne savent pas parler alors les poings le font pour eux. Les coups, au moins, sont vrais. Ca le fait redescendre sur terre, les bleus qui se forment sous sa peau sont réels, et la douleur du lendemain sera réelle. Si lendemain il y a. Il sait que l'homme est armé, et il sait qu'il lui fera mal sans une once d'hésitation. Endre non plus. Il ne sait pas vraiment contre qui il se bat au fond. Ce vieux type, il en a rien à carrer, c'est un loser, un moins que rien, un mec traumatisé avec teint couleur mazout. Endre c'est l'ange déchu, un déchet sauvé par une belle gueule. Un bel homme avec une laide âme. Un sinistre personnage. Deux loups qui titubent. Et le contact du bitume le sort de ses envolées lyriques, le ramène durement à la réalité. Il tousse fort, un peu trop fort à son goût, et heureusement qu'il a maintenu sa tête haute ou cette fois il serait parti pour de bon. Etonnement, c'est un sourire qui se dessine sur ses lèvres. Et un rire qui s'échappe de sa bouche nicotinée. "Et moi qui pensait que t'étais un mec fair play." La rue avait ses codes. Même si aucun des deux ne semblaient les respecter. "Jte laisse te barrer avant que je me lève t'en coller une autre. Moi, je suis fatigué."Il ne savait pas si il allait le sentir s'éloigner, ou bien si il allait se recevoir une botte dans la gueule. Il prit une grande inspiration, posa sa tête doucement contre le sol, et ferma les yeux.