to pee or not to pee, that is never the question. pee ! (lys)

Elle n'avait rien voulu de toutes ces choses que les femmes enceintes font. Pas de grande fête pour l'arrivée de June. Pas de photos de maternité. Pas de livre de grossesse. Après tous ces mois de grossesse, à porter leur petite fille, Violet ne regrettait pas son choix de vivre une grossesse plutôt discrète. Seulement, il lui manquait un souvenir pour la vie. Ce n'était pas elle, l'attention d'un photographe, les photos dans des poses inconfortables.

Ce qu'il lui fallait, c'était quelque chose qui lui ressemblait. Et our y parvenir, Violet avait tout de suite pensé à son amie Lys. Cela faisait un moment qu'elles ne s'étaient pas vues, la belle artiste avait été occupé cers derniers mois avec la convalescence de sa meilleure amie. Mais elle avait tout de suite accepter de peindre un portrait de la futur maman, quelque chose de ne pas trop de mauvais goût.

Des vagues, les cheveux mouillés, la plage, c'était tout à fait l'essence de Violet. Lys avait vu juste. « J'ai hâte de voir ce que tu es en train de faire », fit-elle avec entrain. « Lys, j'ai quelque chose d'important à te dire... »

Cela faisait plusieurs semaines que je n’avais pas peint, fait assez rare pour être noté. Je n’avais simplement pas eu la tête à prendre mes pinceaux, ni vraiment le temps en réalité. Ma nièce Ivy avait accaparé tout mon temps, chamboulée mon quotidien et ma vision des choses. J’avais eu sa garde pendant près d’un mois, le temps que Beth se réveille de son coma, et si la petite m’avait déjà complètement charmé auparavant, elle avait, cette fois, fait éclore dans mon coeur des bourgeons nouveaux. Du genre qui prenaient de la place, petit à petit, tout doucement, insidieusement. Du genre que je n’avais pas vu venir. Quand mon amie Violet m’avait demander de faire un portrait d’elle pour immortalisé sa grossesse, j’avais sentie ses bourgeon prendre encore plus de place. C’était totalement inédit pour moi, cette tendresse pour la maternité. Et pourtant, cela commençait sérieusement à faire son chemin.
Songeuse, je passai de la couleur sur ma toile, à l’endroit du ventre rond que j’avais représenté, et n’entendis que d’une oreille Violet me parler. Je levai le nez, distraite.
— Hm ? Pardon, je…j’étais ailleurs.
Je lâchai un petit rire.
— Tu me disais quoi ?

Il était évident que Lys était celle à qui Violet aurait demandé d'immortaliser les souvenirs de sa grossesse. D'autant plus que la jeune artiste connaissait la surfeuse et son style. Violet était tout sauf centrée sur elle. Elle ne voulait pas d'un portrait qui la mettait au centre d'une scène entourée de luxure. Elle était simple, modeste, et avait surtout attendu à la fin de sa grossesse parce que cela avait été la moindre de ses inquiétudes. Puis, une fois le reste passé, elle s'était finalement posée sur la question, pensant qu'il serait regrettable de ne pas avoir de souvenir de sa grossesse. Soyons francs, elle serait la seule que Violet vivrait, elle était d'ailleurs déjà miraculeuse. Lys saurait refléter exactement ce que Violet cherchait dans sa demande particulière, pas de flaflas et de fioritures qui ne servaient à rien, simple, neutre, brute. Pas d'artifices et d'exagérations. Violet s'enthousiasmait déjà, d'ailleurs, de ce que la brune peignait, concentrée sur son art. Si concentrée, d'ailleurs, qu'elle ne répondait pas à son amie. « Lys ? », dit-elle un peu plus fort pour la sortir de la lune. « J'ai quelque chose d'important à te dire », répétait-elle, prenant une pause de pause. « Tu sais que tu es ce qui est de plus près d'une soeur pour moi, ici », soufflait-elle en lui souriant.

La relation que j’entretenais avec Violet avait quelque chose de très particulier pour moi. Elle était légèrement plus âgée et nous avions commencé à nous fréquenter au moment où j’avais, moi, commencé à exposer, très jeune, donc. Ma première expo datant de mon entrée à l’université. Violet avait toujours plus ou moins baigné dans ce domaine là et nous avions accroché tout de suite toutes les deux. J’avais grandi seule, avec mon père, sans ainé pour partager des délires ou des moments doux. Je n’avais jamais vraiment souffert de ma position de fille unique, j’avais plutôt aimé au contraire cette relation très fusionelle que j’avais crée avec mon père, mais quand Violet était arrivé dans ma vie, avec sa douceur et sa bienveillance, j’avais vu en elle la grande soeur que la vie ne m’avait jamais offerte. Alors, en l’entendant me dire qu’elle me considérait comme un soeur, elle aussi, me toucha au fond du coeur.
— Oui, tu l’es aussi pour moi, dis-je en levant mon pinceau.
Mon amie avait quelque chose d’important à me dire, et je me doutais bien que cela demanderait toute mon attention. Je retournerais sans doute plus tard, à mon tableau.
— Je t’écoute.

Lys et Violet se connaissaient depuis trop longtemps pour que la commerçante ne compte les années. Et, à vrai dire, cette relation si forte entre les deux donnait l'impression à la brune qu'elles se connaissaient depuis toujours. Comme si leur amitié était d'une évidence. Violet avait baigné dans le monde des arts. Ses parents en étaient des adeptes, en avaient même fait leur métier. Sensible à cette discipline, elle avait aussi été sensible à ce que Lys avait à apporter avec son propre coeur, lorsqu'elle s'exprimait avec ses pinceaux. Elle avait même fait l'honneur à Cox de lui peindre un tableau sur-mesure pour sa maison. Mais au delà de ça, je ne pense pas qu'elles aient un jour parler de ce qu'elles représentaient l'une pour l'autre, tant ça s'était fait de façon si naturelle. « Je t'aime à un point infini », poursuivait-elle. C'était sans doute les hormones qui parlaient, rarement elle se laissait être aussi niais. « Je sais que tu es déjà la gardienne légale de Ivy », précisait Violet, connaissant un peu la situation de Lys et le rôle qu'elle avait auprès de la petite de sa meilleure amie. « Je ne te demanderais jamais d'ajouter à ta tâche un autre rôle de ce genre. » Ça ne se faisait tout simplement pas. D'une part, s'il arrivait quelque chose à Beth et à Violet en même temps, Lys ne pourrait pas assurer la vie de deux bébés. Mais, d'une autre, parce que Terrence avait de la famille ici, en Australie, et cela leur donnerait un prétexte pour les revoir. « Mais, j'aimerais savoir si tu accepterais quand même d'être la tata numéro un de mon bébé? » À ce stade, Violet ignorait qu'elle portait dans son ventre une petite fille qu'ils nommeraient Jude.

Mes copines avaient toutes des bébés à tour de rôle. C’était sans doute notre lot, lorsque nous approchions des trente ans. Il y avait eu Beth et Tahlia d’abord, et puis Violet à présent. Si j’avais toujours eu un rapport assez lointain avec la maternité, celle-ci semblait s’immiscer doucement dans ma vie, sans que je n’y prenne garde, et cela n’avait rien d’aussi désagréable que je l’avais cru. Comme le mentionnait Violet, j’étais la gardienne d’Ivy, et il fallait avouer que la fille de Beth avait bousculer ma vie d’une si adorable façon, depuis le jour de sa naissance. Cette petite m’avait ouvert les portes d’un monde que je n’aurais jamais osé explorer moi-même et elle avait un sourire si doux, qu’il fallait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel pour lui rendre toute sa beauté. Alors, quand Violet me demanda d’être la tata de sa fille à naitre, mes yeux s’emplir d’une émotion vive. Les larmes coulèrent toutes seules sur mes joues et je ne pus agir autrement qu’en prenant mon amie dans mes bras.
— Bien sûr que je veux être sa tata, dis-je en serrant Violet tout contre moi, le coeur gonflé à bloc.