too cool for school (esras)

Parfois, Esras se disait qu’il devait plus s’ouvrir. Il avait le monde à sa portée, une nouvelle vie à construire, loin de toute les règles McCoyienne. Il pouvait être qui il voulait, il pouvait être gentil ou méchant. Sauf qu’au fond être froid et méchant ne le rendait pas heureux. Alors il acceptait avec réticence de parler à cette jolie brune aux yeux malicieux. « Ouai je sais … Mais bon, s’ils entendent une étudiante dire mon prénom ils vont commencer à prendre la confiance. » Il pouffait de rire Esras. Il était un jeune professeur, même pas dans la trentaine avec des diplômes qui ne s’arrêtaient pas. C’était un problème qu’il avait souvent eut, être le plus jeune, mais aussi le plus insupportable. Elle avait un joli prénom, qu’il avait déjà lu dans ses bouquins sur l’astronomie. Encore une fois, le professeur avait besoin d’étaler sa science pour montrer qu’il était le plus intelligent de l’assemblée. « Oh je ne savais pas pour les origines arabes. » Bien fait pour lui, il n’était pas infaillible. « Tu tombes souvent, du genre maladroite ? » Il riait parce qu’il se doutait bien que derrière, il devait y avoir autre chose comme des chutes dans la vie. Mais ça, c’était un peu le quotidien pour tout le monde, non ?

Je pourrais embêter Esras l’appeler bien fort par son prénom juste pour que tous les gens qui le connaisse commencent à se poser des questions mais je ne suis pas si machiavélique. Et puis, mon but à la base n’était pas qu’il me déteste, au contraire. Il est plutôt mignon, il est prof certes mais ça je m’en fous et puis il est joueur, j’aime bien ce genre de caractère. « Tu as peur de ne pas savoir gérer un groupe d’étudiants qui t’appellent par ton prénom ? » je lui demande en riant. Je parle ensuite de mon prénom et de ses origines. S’il connaît l’origine scientifique, il ne connaît pas l’étymologie. J’aurais sûrement commencé à le regarder bizarrement sinon. Ok, il peut être très cultivé et intelligent mais l’étymologie des noms d’objets célestes ne rente pas vraiment dans le champ de compétences d’un prof. Il me demande d’ailleurs si je suis maladroite, puisqu’aigle tombant me va bien. Je ris. « J’avais pas pensé à tombant dans ce genre là ! Plus dans le sens où comme un aigle qui tombe sur sa proie, j’y vais pas par quatre chemins, comme quand je suis venue te parler. » Je suis peut être un peu maladroite aussi mais pas plus que la moyenne je pense. « Ça vient d’où Esras d’ailleurs ? »

Il aimait bien avoir cette réputation de sale professeur, méchant et imbus de lui-même. Dans le fond, il n’était pas vraiment comme ça, mais lui ça lui plaisait d’être un tyran face à ses élèves. « Non je n’ai juste pas envie d’être ami avec mes étudiants. » Il fallait entendre ami au sens large. Ce n’était pas facile d’avoir la confiance de l’irlandais. Mais la brune était intéressante et il la faisait un peu rire, même si elle l’énervait également. Il avait presque oublié qu’il parlait avec l’énervante étudiante, il discutait des origines des prénoms. Il ne pouvait s’empêcher de pouffer de rire quand elle se comparait à un aigle qui tombe d’un arbre. « Oh je dois avoir peur ? Tu me compares à un aigle ? » Il l’embêtait parce qu’évidement il avait compris ce qu’elle voulait dire. Cette jeune femme savait ce qu’elle voulait. Il lui offrit un sourire bref. « C’est irlandais. » Disait-il fièrement.

Je comprends qu’il n’ait pas envie de devenir amis avec ses étudiants, c’est pas trop le genre de truc à faire pour garder un minimum d’autorité sur eux. Mais moi tout va bien, je ne suis pas une de ses étudiantes. Enfin je ne suis pas sûre qu’il veuille quand même être amis, ou plus, avec moi parce que je fais tout de même parti de ce groupe maudit d’élèves. « Je fais un peu peur parfois mais toi tu serais plutôt la proie que j’attrape. » Je lui réponds avec un sourire. Subtilité/20 ! Je lui demande à mon tour d’où vient son prénom qui n’est pas franchement plus commun que le mien. Il me donne pas trop de détails dessus, seulement son origine. « Oh stylé ! J’me demande ce que donnerait mon prénom en irlandais. » Sans doute pas grand-chose puisque ce n’est pas vraiment un prénom. « Mais j’aime beaucoup l’accent irlandais. » ajoutais-je avec un sourire.

Peut-être croyait-elle qu’il ne voyait pas ses tentatives de séduction. Est-ce que ça marchait ? Un peu, Esras aimait bien se faire séduire, être le centre de l’attention. Mais il savait aussi rester professionnel. Cette jeune femme aurait pu être son étudiante. Bon ce n’était pas le cas, mais si ça se trouve il devra peut-être un jour se retrouver devant elle, comme un conseil de discipline ou tout autre. Bon il espérait quand même qu’elle ne se retrouve jamais devant un conseil de discipline. Elle n’était pas subtile et ça le faisait rire Esras. « Je suis quel genre de proie alors si je suis facile à attraper ? » Demandait-il avec curiosité, croisant ses bras pour attendre sa réponse. Il ne craquerait pas, même si elle lui faisait une tête adorable. Elle n’avait pas remarqué son accent irlandais ? Esras était presque triste, il commençait peut-être à le perdre. « Sûrement Vega ! » Disait-elle en riant. Même si ce n’était pas un prénom irlandais, il serait prononcé un peu comme à l’australienne. « Tu aimes mais tu n’as pas remarqué le mien. » Il posait sa tête dans sa main avec un sourire. « T’as dragué combien de prof avant moi ? » Esras non plus ne faisait pas dans la subtilité.

Il ne m’envoie pas balader malgré mes remarques relativement peu subtiles. Je me dis que les choses ont un peu changées entre nous. Quand je suis arrivée pour discuter avec lui, il a bien essayé de me faire dégager mais a rapidement capitulé. Maintenant je me retrouve à le draguer sans aucune impunité. « J’ai pas dit que tu étais facile à attraper, c’est toi qui le dit ! Tu serai donc plus facile à convaincre que ce que tu prétends ? » Je continue à lui sourire parce que toute cette situation me fait sourire. Vu que mon prénom, officiel à présent vu que j’ai fait une demande pour le changer, n’est pas vraiment classique, j’imagine bien qu’une traduction irlandaise n’aurait pas de sens, ce qu’Esras semble penser aussi. Il me fait remarquer que je lui dis aimer l’accent irlandais sans même avoir remarqué le sien. « J’arrivais pas à l’identifier...mais peut être que je n’aime pas spécialement l’accent irlandais mais juste ta voix. » Je lui réponds avec un clin d’œil, ne manquant pas une occasion pour en rajouter une couche. Comme je ne suis absolument pas subtile, il me demande combien de profs j’ai dragué avant lui. Je ne peux pas m’empêcher de rire avant de lui répondre. « J’suis pas ce genre de personne bizarre qu’a un truc avec les profs. J’m’en fous que tu sois prof tu sais. Et puis je m’amuse pas à tenir des comptes. » Il y en a peut être eu d’autres mais je n’en sais rien.

Il mentirait Esras s’il disait qu’il n’aimait séduire et se faire séduire. Esras, il n’avait jamais caché son côté séducteur, déjà très jeune il séduisait les gens pour arriver à ses buts. En vieillissant, il ne manipulait plus autant, mais n’empêche qu’il restait une personne qui aimait le contact humain. Il riait à sa remarque. Il n’était pas facile à convaincre Esras quand il décidait le contraire. « Je ne prétends rien ! Je ne suis pas si facile. » Disait-il en riant. Oui il s’était radoucit, mais l’irlandais le savait, avec cette jeune femme il ne se passerait rien. Esras n’avait pas envie d’avoir de problème avec l’université quand bien même ils étaient tous les deux adultes et consentants. Vega en irlandais ne changeait pas beaucoup, ça restait Vega. Il paraissait presque outré Esras que la jeune femme ne sache pas d’où venait son accent. Il riait, elle ne faisait que le charmer mais c’était tellement gros que c’était un peu comique. « Je ne sais pas comment je dois le prendre. » Sa voix était évidemment somptueuse, mais l’accent irlandais était le plus beau ! « Il n’y a pas mieux que l’accent irlandais, tu n’imagines pas à quel point c’est dur d’écouter vos expressions australiennes. » C’était parfois une torture pour Esras, il y avait encore des mots qu’il ne comprenait pas. Il voulait savoir si Vega trouvait Esras particulièrement charmant ou juste parce qu’il était professeur. Son égo en prendrait un coup. « Oh tu sais, je ne jugerais pas. Je voulais juste savoir. » Disait-il en riant, rassuré qu’il ne s’agissait que de son charme.

Il m'assure qu'il n'est pas si facile à avoir et je veux bien le croire vu comment il a été difficile à approcher. Si je n'avais pas creusé un peu, notre conversation se serait terminée bien rapidement. Je me rattrape ensuite comme je peux sur son accent, disant que c'est peut être sa voix que j'aime bien au final. Esras défend ses origines, il aurait sûrement préféré que j'aime son accent plutôt que sa voix. Quand il évoque les expressions australiennes je tique un peu. « Ah donc tu crois que je suis une australienne pure souche c'est ça ? » Je lui demande en riant. Je n'ai pas spécialement un accent australien, en tout cas pas celui de la campagne. Je n'ai pas un accent aussi net que le sien. J'ai pris celui canadien de mes parents mais je me suis pas mal fondu dans l'australien étant donné que j'habite en Australie depuis pas mal d'années et que c'est surtout là que j'ai fréquenté le plus d'anglophones. Je le rassure ensuite, je ne passe pas ma vie à draguer les profs. « Par contre les mecs un peu borné et chiant ça c'est mon truc. » Je lui dis pour le taquiner, prête à ce qu'il s'agace un peu de cette remarque. En fait je n'ai pas vraiment de type je crois. Il faut seulement que la personne partage un peu les mêmes idées que moi, surtout si notre relation se poursuit un peu plus qu'une simple nuit. Je n'aime pas non plus les gens qui disent rien et qui gardent tout pour eux.

Il avait toujours un peu de mal Esras avec certains accents et surtout expressions australiennes. Cette jeune femme en avait un qu’elle comprenait. Il était plutôt amusé à présent par sa détermination à draguer Esras. Il savait qu’il avait une belle gueule, mais pas au point de tant de volonté de la part de l’étudiante. « Bah oui tu a quelques intonations bien australienne, ou sinon je confond tous les accents. » Cela ne serait pas étonnant de la part d’Esras qui pendant longtemps, avait eu peu de considération pour les personnes qui n’étaient pas irlandaises. Il avait bien changé mais parfois son ancienne nature reprenait le dessus. Elle avait l’air d’aimer les profs, c’était peut-être l’autorité ou l’interdit qui lui faisait aimer ça. Bon, elle disait le contraire, mais Esras n’était pas encore bien convaincu. Il aurait pu mal le prendre, sa petite remarque. Il sa savait borné Esras. « Ah ? Essaye de voir à la table d’à côté alors. Tu as dû te tromper de personne. » Disait-il avec ironie. Ces propos ne le touchaient, il lui offrit quand même un sourire amusé.

Je ris lorsqu’il maintient le fait que je suis Australienne, sans aucun doute, à cause de mon accent. Depuis le temps j’ai peut-être fini par le prendre, j’ai la nationalité australienne aussi, mais je ne viens pas du tout d’ici. « Je crois que tu sais surtout reconnaître l’accent irlandais. » Parce que j’ai bien compris que pour lui c’est sacré. « Parce que je suis pas australienne...à la base. Je suis canadienne ! » Je n’ai jamais vécu là-bas mais mes deux parents en sont originaires et c’est surtout d’eux que je tiens mon accent, qui a changé avec le temps pour se fondre un peu plus dans la masse des accents australiens. Même si à Bowen on croise de tout alors le mien ne ferait pas forcément tâche. J’assure à Esras que je suis pas le genre de personne bizarre qui a un truc avec les profs, seulement avec les gens bornés. Ce qui est pas totalement faux, je suis moi-même assez bornée alors faut croire que ça m’attire même si ça créé des tensions. « Non je crois que je suis plutôt bien tombée. » Je lui assure avec un sourire. « En parlant de table, tu voudrais pas aller boire un verre, un peu plus tard ? »

Il riait à sa phrase. Peut-être qu’il était doué pour reconnaître l’accent irlandais. Enfin, le non-accent du coup. Pour lui, tout ce qui n’était pas irlandais avait un accent. « Oh je me sui bien trompée. Mais je t’assure tu as des expressions australiennes. » Expressions qu’il avait mit du temps à comprendre, tellement bornée. C’était un trait bien présent chez Esras, toujours là pour râler et rester sur ses positions. Par contre, il affichait une petite grimace quand elle lui disait qu’elle aimait les gens bornés. Etait-il si prévisible que ça ? Peut-être, en même temps Esras n’était pas la personne qui transmettait le plus de joie. Il levait les yeux au ciel. « Y’a toujours plus borné que moi j’en suis sûr. » Peut-être, mais bon elle n’allait pas s’auto-draguer. Par contre, il ne s’attendait à sa proposition. L’irlandais avait des défauts, mais il comptait respecter les quelques règles qu’il s’était imposé. Et l’une d’entre elle était de ne jamais rien faire avec une étudiante ou un étudiant (s’il le savait parce qu’il n’était pas devin). « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée … » Disait-il tout un coup un peu mal à l’aise.

Il avait du mal à reconnaître son erreur Esras et même si je ne le connais que depuis cinq minutes, ça ne m’étonne pas vraiment. Je le vois bien être le genre de typer trop fier pour admettre qu’il a tord et trouver un moyen détourner de le dire sans vraiment l’admettre. Beaucoup font ça, moi aussi, parce que des fois ça fait du mal de reconnaître qu’on s’est planté en beauté, surtout lorsqu’on pense maîtriser le sujet. « Ça doit être parce que je vis ici depuis un moment. » Je lui réponds alors. J’ai passé mon enfance au Japon mais ensuite je suis arrivée en Australie, autant dire que ce ne sont pas les expressions canadiennes que je connais le mieux, même si ma mère en utilise souvent. Il essaie de me faire croire qu’il n’est pas borné mais ça ne marche pas trop, vu ce qu’il m’a montré, je pense que je ne me trompe pas trop. Esras se justifie en disant qu’il y a sans doute pire que lui. « Ton double maléfique peut-être. » Je lui réponds en riant pour l’embêter avant de lui proposer d’aller boire un verre, après sa journée. Qui ne tente rien n’a rien non ? Je sens que ma proposition ne le met pas très à l’aise. « Pourquoi ? Parce que je suis étudiante ou parce que l’idée d’un verre avec moi te révulse au plus haut point ? » Je préférerais qu’il choisisse la première option.

Esras n’avait jamais tort et quand c’était le cas, ce n’était pas de sa faute. Soit on lui avait donné la mauvaise information soit c’était l’autre qui se trompait. Mais là, il confessait son erreur. Elle était canadienne. Bah bravo Esras, il serait temps que tu retravailles sur tes accents. Ha ! Finalement, il avait tort mais pas tellement. « Voilà pourquoi ! Je ne me suis trompée qu’un tout petit peu. » Disait-il en souriait avec prétention. Du Esras tout craché. Il n’assumait pas non plus son côté borné, parce qu’encore une fois s’il devait insister ce n’était pas de sa faute. Mais cette jeune femme avait du répondant, quelque chose qui manquait à ses étudiants à lui. Son double maléfique. Il riait. « Oui sûrement … » Il était mal barré. Il était déjà sacrément con alors son double maléfique qu’est-ce que ça devait être. Il refusait néanmoins le verre parce que l’irlandais campait avec entêtement sur ses principes. Il fut interloqué de l’audace de la jolie brune. « Parce que tu es étudiante. » Il avait plein de défaut mais on ne pouvait lui enlever son honnêteté.

Je lève les yeux lorsqu’il admet s’être trompé mais seulement un petit peu puisque bien qu’étant canadienne de nationalité, et australienne aussi depuis quelques années, cela fait un paquet d’années que je vis en Australie et j’ai dû en choper l’accent à force. « Pas qu’un tout petit peu ! » Je lui rétorque alors. Il a beau essayer de se convaincre qu’il n’a pas fait, d’erreur, il ne m’enlèvera pas la vérité qui est qu’il s’est franchement planté. Je n’hésite pas à lui dire les choses franchement, tant pis s’il est un peu susceptible, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes d’y aller en finesse et avec diplomatie. Sans doute la raison qui me pousse de plus en plus à abandonner mes études. Les sciences politiques, ce n’est pas pour moi. Je lui demande honnêtement pourquoi il ne veut pas qu’on aille boire un verre. Il a bien sûr le droit de refuser, c’est pas moi qui vais aller le blâmer pour ça alors que je me bats pour le consentement. Je comprends la raison de son refus, éthiquement ça peut être bof pour un prof de se retrouver à boire un verre avec une élève, même si ce n’est pas la sienne. « Donc si je l’étais pas tu aurais dit oui ? » Parce qu’il pourrait ne pas vouloir pour plusieurs raisons.