Being friend request a lot of patience (Leo)

Il n’arrivait pas Esras à s’enlever de la tête cette étrange conversation avec la serveuse du Elm Street. Leo. Elle avait réussi là où beaucoup avait échoué. Avec sa simplicité, son humour et sa douceur, elle avait donné confiance en Esras. Et il s’était confié. Ça lui avait dû bien, tel-lement du bien qu’il avait décidé de parler à April. Cette Leo était une magicienne. Il avait eu envie de la connaître un peu plus, alors il avait poussé la conversation. Il avait apprécié ce moment hors du temps, et il n’arrivait pas à s’enlever cette petite blonde de la tête. Mais étrangement il ne l’avait pas recontacté et il n’était pas revenu au Elm street. Il avait peur qu’elle arrive encore à le faire parler. Il était plutôt tard, le soleil se couchait. C’était le moment pour sortir. Il n’avait pas du tout écouter les récentes actualités, il ignorait Esras que des incendies faisaient rages près de Bowen. Il s’en foutait, lui il voulait juste sortir un peu et profiter de l’air avec Henry. Il y avait quelques personnes dehors et Esras décidait d’aller rejoindre la plage qui n’était qu’à quelques minutes de chez lui. Une fois sur la plage il lâchait Henry pour qu’il puisse courir et sauter dans l’eau. Il n’agresserait personne. Les mains dans les poches, il observait le ciel qui était bien orangé. Il regardait ensuite un peu autour de lui, et au loin il la vit Leo. Alors qu’il pensait à elle y’a quelques minutes, elle était à quelques mètres d’elle. Il souriait Esras, décidant d’aller la rejoindre. Il ne fit que quelques pas. « Tu profites aussi de la fraicheur du soir ? » Disait-il alors qu’elle était dos à lui. « Je ne voulais pas te faire peur. » Disait-il alors qu’il la vit sursauter.

Ça avait été une belle journée. Une journée comme elle n'en avait pas vécu depuis longtemps. Leo ne travaillait pas ce soir, et avait profité de son après-midi. Seule, à son habitude. Mais pas cette solitude qui vous détruit, cette solitude qui vous faisait profiter des choses simples. Elle s'était préparée un pique-nique (enfin elle avait acheté des sandwichs et des fraises), avait amené quelques bière (car elle restait Leo), avait amené un livre, son appareil photo, et ses écouteurs. Et elle était restée tout l'après-midi comme ça, à se faire bercer par le son des vagues, et laissant sa peau dorer au soleil. Elle ne bronzait pas, mais ça ne l'empêchait pas d'apprécier la douce caresse des rayons du soleil couchant. Elle s'étonnait à voir ses pensées s'envoler vers Esras. Leur conversation l'avait profondément troublée. Elle était à la fois heureuse de s'être fait un ami, d'avoir partagé quelque chose. Mais d'un côté c'était un danger. Elle en avait beaucoup trop dit, il en savait déjà trop après seulement une soirée. Et les gens disparaissent. Pour tout ce qu'on gagnait, on pouvait perdre. Il n'était pas revenu d'ailleurs. C'était en son bon droit, mais Leo ne pouvait s'empêcher d'avoir un léger pincement au coeur quand elle passait les clefs dans la serrure en fermant le bar, et que le brun ne s'était toujours pas montré. Elle détestait ressentir ça. L'attente, la déception.
Elle ne savait pas quoi en penser, et voulait arrêter d'y penser. Alors elle posa ses affaires et se jeta à l'eau, laissant la mer l'envelopper. Une fois revenue sur sa serviette, elle se leva et pris quelques photos du soleil couchant. Ses cheveux trempés mouillaient son pull trop grand, et son pantalon était trop recouvert de sable pour qu'elle le remette. Elle grelottait un peu, mais c'était agréable. Les feus faisaient rage en ce moment. Mais ce soir, tout était simple. Tout était calme, jusqu'à qu'une présence apparut derrière elle, la faisant sursauter. Esras. Elle avait du le regarder avec des grands yeux, comme si c'était un fantôme, comme si il n'avait été qu'une invention de sa propre tête. Mais cela fut presque immédiatement remplacé par un sourire.  
"Bien sûr que si tu m'as fait peur. Regarde ta tête." fit-elle en riant. Il n'y avait rien de problématique avec le visage d'Esras, c'était même un plutôt bel homme. Mais elle aimait le faire tourner en bourrique. Elle était heureuse de le voir, et ça l'embêtait. Elle se sentait fragile. Elle ne savait pas quoi faire, lui hurler dessus de n'être jamais repassé la voir, ou juste profiter du moment. Elle choisit la deuxième option. "C'est une très belle soirée. Ça change de tout ce qu'il se passe à Bowen en ce moment. Un peu plus et j'aurais cru que tu avais brûlé en forêt. Ou que tu étais un fantôme. " Elle tourna son regard vers le chien d’Esras. Elle adorait les chiens. Elle aimait tous les animaux en général, mais son train de vie ne lui permettait pas vraiment de s’occuper d’un autre être humain. "Heureuse d’enfin rencontrer l’amour de ta vie. C’est quoi son prénom ?" fit-elle en s’accroupissant pour lui donner quelques caresses.

Leo. Il ne savait pas pourquoi il pensait à cette petite serveuse énervante. Il lui avait trop parlé, le whisky lui avait délié la langue plus que ce qu’il souhaitait. Pourtant, elle ne l’avait en rien juger, pensant même la réaction du paternel McCoy démesurée. Peut-être que dans le fond, il n’était pas le vilain petit canard. Peut-être qu’il aurait été un meilleur petit garçon et un meilleur fils s’il avait eu l’amour nécessaire. Au lieu des coups de ceinture, une réprimande aurait été plus adéquate. Il repensait à ce petit bout de femme qui portait déjà le poids d’une vie trop lourde sur ses épaule. Il avait presque eu envie de l’aider, ce qui changeait de son comportement habituel. Comme un lâche, il n’avait pas remis les pieds dans ce foutu bar, son quartier général. Il l’avait quitté dans la nuit noire de Bowen, comme un rêve étrange. Mais elle avait bien été réelle et leur conversation avait bien eu n impacte sur la vie du brun. Il avait osé parler à April, mettre au point ces années d’incompréhension. Il devait retourner voir cette serveuse. En plus il lui avait promis qu’il pourrait veiller sur sa consommation d’alcool. Pour une fois, il devait être une bonne personne Esras. Cette jeune femme faisait naître en lui des émotions qu’il n’avait jamais ressenti ou plus ressenti depuis un moment. La dernière personne qu’il voulait protéger, c’était April. Henry courait dans l’eau sous l’œil aguerri de son maitre. Il ne souhaitait pas que son chien se fasse prendre par le courant marin. Il était trop peureux pour aller plus loin. Il grattait le sable de sa truffe qu’il faudra nettoyer plus tard. Il la vit cette blonde avec son appareil à la main. Il riait quand elle sursauta. Sourire qui disparut quand elle se moquait de lui encore. « Elle est très bien ma tête ! » Disait-il en râlant. Il oubliait qu’à quelques kilomètres, le feu faisait rage. Là il était juste calme sur cette plage. Elle était douée Leo. Elle lui fit comprendre que son absence récente avait été remarquée. « Pardon ! » Disait-il en mettant les mains dans ses poches. Maintenant qu’il s’était excusé, ils pouvaient passer à autre chose. Mais il n’eut pas le temps de lancer un sujet, Henry arrivait pour demander des caresses, ce que Leo fit à cœur joie. « Henry. » Disait-il en soupirant. « Tu viens de te faire un ami pour la vie, il ne va plus te lâcher maintenant. » Il riait en voyant la joie du chien d’être caresser ainsi. Il s’asseyait à côté des affaires de la blonde sans demander son avis, et il vit les bières. « Je croyais que tu devais arrêter. » Il le regardait dans l’attente de son excuse.

La routine avait tendance à s'installer dans sa vie comme une odeur persistante. Comme les moustiques qui ne décollent pas de la peau malgré tous les efforts fournis pour essayer de s'en débarrasser. Elle noyait le quotidien dans l'alcool, dans la travail, tout pour s'empêcher de réfléchir à quoi que ce soit. Pour ne pas réfléchir à sa solitude, et à ceux qui la brisaient, mais qu'elle était trop timide pour contacter. Esras. Il avait disparu aussi vite qu'il était apparu, sans doute pris des les tourbillons d'une vie qui devait être bien plus passionnante que la sienne. Il avait pourtant réussi à effacer en une soirée des années d'un voile gris qui recouvrait sa manière de voir le monde. Et malgré cette routine insipide, elle se surprenait à voir les choses avec des yeux plus légers. À sourire un peu plus. À grommeler un peu moins. À trouver de la joie dans les petites choses. Et pour ça, elle lui en serait sûrement éternellement reconnaissante. Même si il lui faudrait une distillerie entière pour l'avouer à Esras. Parfois, aider les autres, c'est s'aider soi-même.
"Mouais, j'ai vu mieux." fit-elle en déconnant en faussant un air de dégoût en dévisageant Esras. Au vu des cernes qu'elle se trimballait au quotidien, elle n'avait de leçons à donner à personne. Elle se détestait qu'il lui ai presque... manqué ? La vie avait été bien ennuyeuse récemment, et elle se réjouissait d'avoir quelqu'un avec qui partager la monotonie des journées australiennes. "Je devrais te prendre en photo un jour, tu verras que sous mon objectif tu seras vachement moins moche." fit-elle avec un clin d'œil. Elle baissa son regard pour se concentrer sur la boule de poils toute excitée à leurs pieds. "Henry ?" dit-elle en riant. "Même ton chien a un prénom d'aristocrate, c'est plus fort que toi ou quoi ?" Malgré tout, elle continua à gratouiller les oreilles de ce dernier. Elle aimait bien les chiens. Heureux, loyaux, doux. Tout ce qu'elle recherchait et ne trouvait que trop rarement chez les hommes. "Ca me dérange pas. Je l'aime déjà, je considère acheter une gamelle pour lui au Elm. Je pense pas que ça dérange Marcus." Elle se pencha et fit semblant de murmurer à l'oreille du toutou. "Hé, ça te dit qu'on laisse tomber cet imbécile et qu'on s'en aille tous les deux ? Je suis sûre qu'on s'amuserais bien plus qu'avec Monsieur-rabat-joie ici présent." Elle prétendit que le chien lui murmura en retour. "Tu m'aimes déjà plus que lui ? Super alors, meilleurs copains pour la vie." Fatiguée sa connerie, elle observa Esras s'asseoir sur son paréo, déjà bien plus à l'aise autour d'elle qui ne l'était la dernière fois. Ami. C'était le mot qui lui vint à la tête. Elle doutait d'elle même. Elle ne savait avoir des amis. Mais elle lui faisait étonnement confiance. Elle était incapable de comprendre le pourquoi du comment. Mais ils voyaient clairement à travers les mensonges de l'autre. Laissés au plus simple d'eux-mêmes, sans artifices, il y avait une simplicité ambiante qui était particulièrement reposante. Moins reposante d'un coup quand Esras la reconfronta sur sa consommation d'alcool. "J'ai jamais dit ça ?" fit-elle avec son regard le plus innocent. "C'est de la bière, ça a jamais tué personne. Ouvres-en toi une." Après quelques caresses supplémentaires, elle s'assis sur le paréo à côté d'Esras, et balança sa tête en arrière. Il y avait une odeur particulière dans l'air. La fumée des feux lointain, et la douceur de l'iode. Un contraste saisissant, comme le contraste de deux gens si différents mais qui semblaient apprécier la compagnie l'un de l'autre. "Alors, il s'est passé quoi dernièrement dans ta vie le fantôme ?"

Pendant plusieurs jours il voyait Leo comme un songe. La jeune femme n’avait été qu’une illusion, une petite boule de fraicheur. Mais depuis leur entrevue au Elm street tout avait changé pour Esras. En rentrant chez lui, il ne s’était pas assoupi comme il avait pu le pensé au préalable. Non, il avait réfléchit encore et encore jusqu’à arriver à cette conclusion. Il fallait que ça change. Fini les soirées seuls au bar à ruminer sur un passé lointain. Il était ce qu’il était. Sa vie était à présent en Australie et non en Irlande. Il n’allait pas oublier son pays natal et son premier amour mais il avait besoin d’avancer. Cette Leo avait mis une petite graine qui commençait à germer. D’abord, il avait repris contact avec April dans le but de se faire pardonner. Certes, il restait un amateur de bon whisky mais il en buvait moins. Il essayait d’être celui qu’il avait toujours été dans le fond. Un mec plutôt sympathique, intelligent et qui ne souhaitait pas faire de mal à qui que ce soit. Alors il était contente de la revoir cette petite blonde. Elle était exactement la même et dès le début elle commençait à l’embêter. Il la regardait faussement outré. « Tu mens ! Ma tête est la meilleure de toute celle que t’as vu récemment. » Disait-il. Il lui aurait presque tiré la langue. Elle portait autour du cou son appareil photo, découvrant une nouvelle facette d’elle. Esras était curieux de voir le monde sous son objectif, il était persuadé que ces photos seraient plus bavardes qu’elle. « Mouai …. Je sais que tu vas faire exprès de m’enlaidir. » Il riait. Sur le coup il avait envie de la prendre dans ses bras parce qu’elle lui avait manqué. Sa petite tête de fouineuse lui avait manqué. Au même moment Henry vint se présenter. Son chien était beaucoup trop social et il était contente de trouver une amie qui lui grattait les oreilles. « C’est le prénom de mon grand-père. » Disait-il en pouffant de rire. Il l’aimait bien son grand-père, mais il se disait que ça ferait mal à la famille McCoy de savoir qu’un chien portait le nom d’un des héritiers. « Par contre il est loin d’être un aristocrate ce chien. » Henry ne savait pas être calme mais c’était pour cette raison qu’Esras l’aimait tellement. Il n’avait jamais connu plu fidèle que lui. Leo essayait pourtant de le corrompre mais il savait Esras que ça ne marcherait pas, à la fin Henry repartirait avec lui. « Je t’interdis de retourner mon chien contre moi. » Disait-il en riant. Pour lui montrer que sa détermination était stupide, il reculait de plusieurs mètres, tournant le dos à la scène. Il comptait à trois dans sa tête et voilà qu’Henry se trouvait à côté lui abandonnant les douces caresses de la blonde. Il l’a regardait avec air prétentieux. Puis il riait avant de s’asseoir sur son paréo s’imposer à elle. Il vit l’alcool et il fronçait des sourcils. Leo n’allait pas changer du jour au lendemain. « Je n’ai pas respecté ma promesses, je ne suis pas venu tous les jours pour vérifier. » Disait-il en souriant. Il prit une bière qu’il ouvrait avant de la tendre à Léo puis une deuxième pour elle. « Profite c’est ta dernière en ma présence. » Disait-il. Il n’était pas forcément sérieux, ça dépendrait de la réaction de Leo. Il baissait les yeux un peu honteux. « Désolé, j’aurai dû revenir plus tôt. Mais y’a eu pas mal de chose à gérer. » Il lui raconterait tout temps et en heure mais avant il se retournait vers elle. « Et toi alors ? Comment tu vas ? » Il la savait sensible, et il espérait qu’elle aille mieux que lorsqu’ils s’étaient parlé au Elm. Dans le fond Esras adorait cette petite blonde.

Elle se sentait presque humaine ces derniers temps. Si on lui avait demandé un jour que sa vie à Bowen prendrait cette tournure, elle n’y aurait jamais cru. Elle commençait à connaître du monde. A se sentir à sa place. Elle ne savait pas encore si ‘heureuse’ était le mot approprié. Mais ‘à l’aise’ était un début. Pouvoir parler sans réfléchir à deux fois à chacun de ses mots. Voir Esras sans se poser de questions. Juste une personne qu’elle était heureuse de voir, et avec qui elle pouvait parler plutôt librement d’elle-même. Sans jugement. Et elle pouvait l'écouter avec intérêt. Ils étaient une paire particulière. Ils n’avaient que deux ans d’écart, mais des vies si différentes. Et pourtant, beaucoup de points communs. Elle était presque à deux doigts de lui faire confiance. Elle avait encore beaucoup de démons à surmonter, et n’était même pas sûre d’y arriver. Mais au moins elle n’était plus complètement seule.  « Probablement en fait. T’es plus soigné que la plupart de mes clients. » Ce n’était pas vraiment pour le complimenter, mais la pure vérité. Son coté vaniteux paraissait tout de même encore dans ses vêtements et sa barbe taillée. Même si il était bien lui d’être l’homme qu’elle croyait qu’il était à leur première rencontre. « Jamais. C’est pas le but de la photo. A moins que tu me provoques. » Elle était encore loin d’oser montrer à qui que ce soit ce qu’elle prenait. C’était quelque chose d’intimement personnel, et surtout elle ne sentait pas vraiment si douée que ça. Elle avait dû économiser des mois pour cet objectif, et elle en était presque gênée. (inspiration photo). Elle sentait qu’il y avait des choses qu’ils ne se disaient pas encore. Mais ce n’était pas gênant. Juste deux personnes qui apprenaient lentement à se connaître, et qui prenaient leur temps. Le temps passaient lentement entre eux. Mais pas d’une manière ennuyeuse, mais plutôt ce genre de conversation qui vous laisse penseur, avec un petit sourire aux lèvres, tout en se demandant si c’était véritablement réel. « Honnêtement je trouve ça plutôt pas mal. Être réincarné en chien n’est pas une mauvaise manière de finir ses jours. » De tradition protestante, elle n'était pas censée vraiment croire en la réincarnation. Mais elle aimait croire à ce qui la rendait heureuse. Que ça ait du sens ou non. « Je cherche pas à le retourner contre toi. » fit-elle avec un sourire narquois. « On va dire que je souffle l’idée à l’oreille, c’est tout. » En voyant qu’Henry rejoignait d’un pas heureux son maître, elle fit la moue. « Tu essaye de me briser le cœur c’est ça ? » Elle aimait bien leurs piques, jamais méchantes, juste assez piquantes pour que l’atmosphère soit détendue sans être trop grave et sentimentale. Je n’ai pas respecté ma promesse, je ne suis pas venu tous les jours pour vérifier. « Je m’en doutais. » Sa réponse sonnait plus tremblante qu’elle ne l'aurait aimé. Elle se sentait si enfantine, à rechercher la compagnie et l’affection de tout le monde. C’était sûrement le traumatisme des enfants qui n’ont pas vraiment été aimés. Elle criait à tout le monde que c’était une solitaire dans le sang. C’était absolument faux, elle n’avait juste pas le choix. Son enfance froide et stérile l’avait rendue incapable de donner de l’amour, et de croire que des gens pouvaient l’apprécier juste pour ce qu’elle était. C’était peut-être pour ça qu’elle faisait si peu d’efforts pour être sympathique. Comme ça elle avait une excuse quand les gens s’éloignaient d’elle. Esras semblait y être imperméable pourtant. Elle ne comprenait pas pourquoi. Il avait sûrement été habitué à des gens comme elle. Des gens incapable d’exprimer ce qu’ils pensaient. Et la nature curieuse et têtue du brun lui permettait d’assumer presque tout ce qu’il disait. Un homme étonnement multi-facettes. « Roh t’exagères. T’aime les bonnes choses autant que moi. Tu crois vraiment qu’on va aller boire un latté glacé ensemble. Beurk. » fit-elle en tirant la langue avec un sourire. Elle n'avait rien contre les boissons sucrées. Mais des années de liqueurs et de bière l’avaient habituée à l’amertume. « T'inquiètes pas, je comprends en vrai. La vie a tendance à faire ça. Ais-je droit à quelques détails très cher ? » Ils étaient certains moins bavards quand ils n’étaient pas éméchés, mais elle savait qu'elle pouvait lui tirer les vers du nez. Elle était humaine, des potins sont des potins. C’était l’avantage d’avoir une relation isolée. Elle ne connaissait pas l’entourage d’Esras, et Esras ne connaissait pas le sien (enfin, il était surtout très limité). Il n’y avait donc aucune pression. Ils ne se jugeaient pas, et leurs confessions ne risquaient pas de sortir de leur petit monde. C’était rafraichissant. Aucun risque que les secrets s’échappent. Une petite séance de thérapie amicale, adoucie par les bruits de la mer, le doux soleil, et une simple petite bière. Quelque chose qu’elle appréciait énormément. Rien ne les inquiétait. « Oh pas grand-chose. Je pense que Marcus est un peu sur mon dos à cause de mes bêtises. J’ai rencontré pas mal de gens. T’arrives à y croire ? »

Pendant des années, Esras s’était enfermé dans l’espoir de ne plus s’attacher aux personnes. Il paraissait froid et distant mais au final il était loin de l’être. Son père et son frère étaient doués pour ça, et parfois Esras se demandait si son père aimait réellement quelqu’un à part lui-même. Il avait réussi à ne pas trop s’attacher depuis April. Puis il y a eu Leo. Cette petite bouille d’ange au passé sombre qui avait son humour et sa peine avait attendri le cœur de pierre d’Esras. En lui parlant dans ce bar, il avait compris des choses sur lui et ça l’avait forcé à s’ouvrir. Il avait reparlé à April et il commençait à être plus agréable. Leo était la seule qui arrivait à lui envoyer des petites piques sans qu’il ne le prenne mal. Pour le reste du monde il se refrognait, n’acceptant pas du tout qu’on le rabaisse même pour rire. Mais avec Leo il prenait les choses avec rire et avec presque une tendresse retrouvée. « Que la plupart ? » Disait-il faussement outré. « Avoue que je suis le plus classe de tout tes clients. » Ce n’était pas non plus dur. Esras prenait soin de lui et de son image sans en faire trop. Il n’aimait pas les photos et il s’imaginait grimacer sur celle prise par la blonde. « Promis je ne vais pas te provoquer, je n’ai pas envie que tu me défigures. » Il riait en la taquinant un peu. Il aimerait bien les voir les photos de Leo, mais il sentait qu’il n’en avait pas le droit. Ce n’était pas encore le moment. Tel deux bêtes, ils s’apprivoisaient encore, même si la relation de confiance commençait à bien s’installer. Henry, témoin de la scène décidait de montrer sa présence. Sans hésiter, il demandait des caresses à Leo qu’elle lui donnait sans hésiter. Evidemment, elle essayait de rallier Henry à sa cause, se moquant allègrement de son nom. « Oui ! Surtout comme Henry qui passe sa vie à avoir des caresses et à dormir. » Disait-il en pouffant un peu. Il avait de la chance d’avoir ce chien, il était son meilleur allié même s’il lui faisait faire des choses qu’Esras ne souhaitait pas. « Mouai … Je te garde à l’œil ! C’est mon Henry. » Disait-il en riant. Et comme pour confirmer les propos de son maître, Henry le rejoignait. Et Esras arborait un sourire très satisfait sur son visage. « Je reste son premier amour. » Disait-il en s’esclaffant. Une dernière caresse et Henry décidait de découvrir la plage. Il en profitait pour s’excuser d’avoir failli à sa promesse. Il l’aimait bien et il devait faire en sorte qu’elle boive moins. Leo était si jeune pour être addict à cette merde d’alcool. Certes, ils aimaient les bonnes choses mais il fallait de la modération. Il connaissait les addictions ayant travaillé dessus. Esras faisait gaffe parce qu’il savait qu’il buvait également trop. Alors parfois il se faisait des cures et pendant un ou deux mois il ne buvait pas. La plupart du temps l’alcool ne lui manquait pas. De toute façon, ce n’était pas aujourd’hui que Leo arrêterait, alors il lui promettait une dernière bière. Il riait à sa remarque. « Je ne parlais pas forcément de latté mais de café. » Ou autre chose. Il ne savait pas pourquoi, mais il voulait l’aider et si elle n buvait pas avec lui ça serait déjà une petite victoire. Il s’excusait de nouveau pour son absence mais les choses étaient allées vite ces derniers jours. « Mmmmh je ne sais pas si t’as le droit. » Disait-il avec un air faussement concentré. Il prit une gorgée de sa bière, prêt à se confesser un peu auprès de son amie. « J’ai parlé à mon ex … c’était compliqué mais ç’a fait du bien. » Surtout qu’elle était prête à lui laisser une seconde chance. Avec Leo il savait qu’il pouvait parler, tout Bowen n’allait pas être au courant. Lui aussi il voulait des nouvelles de la vie de sa nouvelle protégée. « Tu as fais de nouvelles bêtises ? » Demandait-il. Il avait l’impression qu’elle était comme lui, toujours un peu borderline. « Sérieux ? Tu as rencontré qui ? Où ? Comment ? » Il voulait tout savoir le brun.

Il y avait une sorte de tendresse dans l'air. Quelque chose de calme, reposé. Presque sain. Etranger mais si familier. "Peut-être le plus classe mais le plus relou surtout." fit-elle en riant. Ses habituelles piques ne semblaient plus être dues à sa carapace, mais juste un moyen de discuter posément. Elle avait l'impression de le connaître depuis un temps, comme si c'était un client régulier, un vieil ami, une permanence dans sa vie. Mais c'était juste Esras McCoy, un irlandais légèrement insupportable qu'elle avait rencontré ce mois ci. Les gens vont et viennent Leo, se dit-elle. Les amis, c'est pas ton style. "Je suis sûre que je pourrais te battre en plus." Elle lui fit un clin d'oeil. Et elle ne mentait pas, mais ça c'était une histoire pour un autre soir et une autre cuite. Henry semblait parfaitement étranger à tout leurs problèmes, noyé dans sa fourrure et dans ce bonheur tranquille caractérisquement canin. "On devrait tous vivre comme Henry." Elle ne se souvenait ni des derniers caresses qu'elle avait reçu, ni de la dernière bonne nuit de sommeil qu'elle passé. Elle n'était pas le doux chien, mais le chat galeux. Henry rejoignait son maître avec aisance. Elle se doutait qu'elle n'allait pas réussir à le soudoyer aussi vite, mais elle avait bien plus d'un tour dans son sac. "Un bon café." soupira t-elle en regardant les nuages. "Je tuerais pour un bon café. Tu sais ce qui est si chiant avec l'Australie ? C'est beaucoup plus dur d'apprécier un bon café chaud avec cette chaleur permanente. La café ça doit être plus sympathique en Irlande." Elle s'y imaginait bien là bas en Irlande, loin de tout. Peut-être qu'elle se sentirait plus chez elle au milieu des falaises qu'au milieu des plages. Faute de grand vents et de vagues déferlantes, elle s'assit lentement dans le sable tiède.
Elle prit un air faussement outré, et posa la main sur sa poitrine. "Moi ? Pas avoir le droit ? Après tout ce qu'on a partagé ensemble ?" Elle fit couler une larme sur son visage et le regarda avec des yeux de chiens battu. Pleurer sur commande était un talent qui lui avait grandement servi dans la vie. Pas toujours à des fins très raisonnables, mais ça restait toujours utile. "Dis donc. Qui aurait que tu étais un bavard dans l'âme. Je te croyais plus homme des cavernes moi." Derrière ses airs de gentleman qui pesait le moindre de ses mots, Esras pouvait être étonnement bavard. "Je ne fais jamais de bêtises moi. Je vis juste au jour le jour, c'est tout." Elle sourit. "En soit rien d'incroyable. J'essaie juste de rencontrer du monde. Y'a des têtes que je commence à reconnaître. Je me suis retrouvée à faire une soirée chez étudiants aussi. Un bordel monstre." Elle pris une poignée de sable entre ses mains et fit glisser les grains le long de sa peau. "Mais au fond je pense que ça reste toujours un peu pareil tu vois ? Des gens que je risque peut être pas de recroiser. Les rencontres, c'est pas le plus dur. Le plus dur, c'est de garder les gens." Et là dessus, Esras s'y connaissait autant qu'elle.

Spoiler:

Il ne comprenait Esras pourquoi il s’était prit autant d’affection pour cette petite blonde. Elle ne souriait pas, elle était têtue et par-dessus tout elle adorait se moquer de lui. Pourtant, dans son regard, il y avait cette chose qui avait touché Esras dans ce bar. Depuis il ne l’avait pas revu mais il avait souvent pensé à elle. Offusqué, il la regardait avec un air sévère. « Relou moi ? Tu bois bien trop pendant tes services si tu me trouves relou. » Il croisait les bras, boudant un peu qu’elle ose dire ça de lui. Mais il la regardait avant de lui offrir un sourire. « Allez je te pardonne quand même ! » Elle avait de la repartie Leo, ce qui faisait rire l’irlandais. Aucun doute qu’elle la battrait, Esras fuyait la violence. Et les quelques coups qui s’étaient pris l’avait marqué. « Là y’a aucun doute ! » Mais il trouverait bien un domaine où il pourrait la battre, comme l’escrime. Esras savait manier le fer. Henry au milieu des deux vivait sa meilleur vie. Ils se battaient pour lui et lui faisaient des caresses. C’était une drôle de vie la vie de chien, pas forcément la plus intense mais il y avait beaucoup d’amour. Cette chose qui manquait dans la vie de Leo et dans celle d’Esras. « Tu veux dire que t’aimerais vivre avec un con d’Irlandais qui broie du noir tout en lisant des livres sur les serial killers ? » Il la regardait avec un sourcil haussé amusé de sa description de lui-même. S’asseyant à ses côtés, il avait envie de la prendre dans ses bras mais il se retenait, ne comprenant pas d’où venait cet élan tendre. Elle voulait un café ! Pas ces café latte au goût sucré, mais celui d’un bon café noir. Peut-être que si elle devenait accro à cette boisson ça l’empêcherait de boire de l’alcool. « Je ne crois pas que ce soit une question de chaleur. En Italie ils font du bon café et il fait chaud. En Irlande le café n’est pas fou. On est meilleur en whisky et bière. » Il ne put s’empêcher de rire à sa remarque. Quoi qu’il arrive, Esras avait besoin de toujours tout ramener à l’alcool, comme quoi lui aussi était accro. Vint enfin le moment où ils parlaient d’eux. Avec Leo c’était simple de parler alors qu’il ne la connaissait presque pas. Pour rire il refusait de lui parler. « On n’a partagé un bière ! Ce n’est rien ! » Disait-il en riant avant de lui donner tendrement un coup dans l’épaule. Il lui avouait quand même pour April, parce que c’était important. Il riait. « Je ne suis homme des cavernes qu’avec des femmes de caverne. » Autant dire qu’il ne parlait que de Leo. Mais la blonde avait raison, c’était un homme des cavernes et paradoxalement c’était elle qui avait réussi à lui faire décrocher ses premières confessions après tant d’année. Attentif, il écoutait les mots de son ami, elle qui avait une tendance à s’auto-dénigrer. « Tu te mets trop de pression ! » Disait-il dans un souffle. « Tu pourrais garder ces personnes si tu le voulais. » Il lui suffisait d’un petit effort, celui de prendre des nouvelles.