life is a bitch • giulia

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Life is a bitch
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@giulia ricci & @aura luciano

Jour Off. Mister Brown, mon patron, avait tendance à m’en donner plus que d’habitude, je le savais de mèche avec Livio pour que je me repose au maximum. C’était mignon, en un sens, et je comprenais que cela les rassures que je ne puise pas dans mes réserves, mais je n’étais pas en sucre. Je commençais à éprouver des difficultés à nouer mes lacets, certes, mais j’étais encore capable de retaper les meubles à la boutique d’antiquité. Cet après-midi, j’avais décidé de m’accorder une petite sortie, après avoir passé la matinée à m’occuper de mes cheveux, puis à nager dans ma piscine. J’avais besoin de sortir, aussi me retrouvais-je rapidement au centre commercial, à flâner de boutique en boutique. Je tombais en amour devant un doudou. Il avait la forme d’un petit koala, typique de notre belle Australie, et ne résistai pas à passer en caisse. Mon petit paquet en main, et un sourire radieux sur le visage, j’empruntai l’ascenseur pour me rendre à l’un des étages supérieurs du centre commerciale, il y avait un petit salon de thé dans lequel j’avais envie de m’arrêter. J’entrai dans la cabine en verre, et appuyai sur le bouton l’étage qui m’intéressait, au moment où les portes se refermèrent, comme dans une comédie - de mauvais goût - une jeune femme passa de justesse, les bras chargé de sacs. Je la reconnus tout de suite, et maudit tout l’univers et Loki, le dieu de la malice tant qu’à faire, pour cette très très trèèèèèès mauvaise blague. Giulia, l’ex et meilleure amie de Livio, venait d’entrer dans la cabine avec moi. Si Livio m’avait mit au courant de sa présence à Bowen, je n’en avais pas moins envie de la rencontrer en chair et en os. Et voilà que je me retrouvais dans un espace confiné avec elle. Je me renfrognai et collai mon dos contre la paroi de l’ascenseur, priant pour que le trajet passe vite mais visiblement personne, là-haut, ne m’entendit puisque, après une légère secousse, l’ascenseur s’immobilisa en court de route.
— C’est pas possible, soupirai-je. Sérieusement ? C’est une blague ?

Bowen n'est pas Dubaï, ne se le cachons pas. Giulia avait plutôt l'habitude des boutiques de luxe et aujourd'hui elle devait faire avec ce qu'elle avait sur place. Tandis qu'elle avait réussie à convaincre son ex Livio de l'accompagner à leur dernière saison de téléréalité, Giulia commençait à regretter de devoir partir aussi vite. Une rencontre innattendue, des sentiments naissants innatendus, Gigi avait ressenti un réel coup de cœur pour Owen. Avec lui, elle avait la sensation d'être belle, d'être sécure, et surtout d'être elle-même. Il lui restait moins d'un mois pour profiter de sa présence, un délai court selon la jeune femme qui estimait que le temps passait trop vite lorsqu'elle se retrouvait auprès d'Owen. Cette après-midi elle occupa son temps libre à acheter la tenue sexy qui pourra le faire craquer. Enfin de compte, Gigi sortit de sa dernière boutique les bras chargés de sacs. Elle rattrapa l'ascenseur pour rejoindre le parking de justesse, bloquant la porte en claquant son talon aiguille. Malheureusement elle aurait mieux fait de se casser la jambe, car elle tomba nez à nez à Aura. La petite amie de Livio. En général les femmes n'aimaient pas beaucoup Giulia, mais étant l'ex de Livio elle se doutait bien qu'Aura ne devait pas du tout la porter dans son cœur. D'autant plus que Gigi, elle avait parfois ce regard hautain qu'elle ne contrôlait pas forcément. Que ce putain d'ascenseur s'arrête à son étage rapidement songea Giulia. Seulement la malchance semblait s'abattre sur elle(s). L'ascenseur s'immobilisa. Le sort s'acharnait. Dépitée Aura soupira, se demanda si il s'agissait d'une mauvaise blague. Gigi leva les yeux au ciel. Il n'y a pas mort d'homme, ça va redémarrer. lança t-elle d'une voix agacée.

La vie nous faisait parfois de drôle de blague…auxquelles on n’avait pas envie de rire. Pas du tout. Je n’aimais déjà pas beaucoup les endroits confiné, me retrouver coincé dans un ascenseur n’était clairement pas une partie de plaisir, loin de là. Ajoutons à cela que je me retrouvais en tête à tête forcé avec Giulia Ricci, ex de Livio et toujours sa meilleure amie, et en prime celle qui l’éloignait de moi pour faire cette émission de télé-réalité, autant dire que j’étais bien lotie. Dire que j’avais nourri l’espoir de passer une bonne journée. Instinctivement, j’attrapai mon téléphone et envoyai un texto à Livio pour l’informer de la situation. Quand je me mis à râler, Giulia répliqua avec un ton des plus hautain qu’il n’y avait pas mort d’homme.
— Qui sait…ça peut arriver lui renvoyais-je, agacée par sa reflexion.
Elle se fichait de moi ? Que voulait-elle ? Que je saute au plafond ? Livio tenta de m’appeler mais je lui raccrochai au nez en soupirant. Tout ça n’était clairement pas de sa faute, mais je n’avais pas envie de lui parler, pas maintenant, pas devant elle.
— Il faut appeler l’assistance, dis-je sèchement à la jeune femme, le bouton est derrière toi…

L’ascenseur s’arrêta brusquement, le hasard ayant joué un mauvais tour aux deux femmes qui ne s’aimaient pas cordialement. L’une était le passé de Livio, l’autre son présent. Gigi roula des yeux d’un air agacé. Elle espérait que l’ascenseur redémarre rapidement et bien entendu elle aurait appuyé sur le bouton d’assistance. Mais Aura perdit vite patience. Elle parla sèchement à Giulia, ce qui fit montrer directement en pression l’italienne. Il n’était pas question de sang chaud, il n’était pas question de caractère. Si Giulia réagissait si durement, c’était dû à un passé fragile. Grandir sans parents, cela l’avait forgé. Mais ça, Aura ne le savait pas. Redescend déjà, tu me parles pas comme ça. Elle s’écarta du bouton. Vas-y appuie je pense qu’entre nous deux c’est à toi que ça fout plus les boules. D’être coincée avec moi. Sarcastique, elle eut un large et faux sourire.

La présence de Giulia à Bowen me fragilisait, même avant que je ne tombe nez à nez avec elle, coincée dans cette ascensseur, j’avais vu sa venue en Australie comme une menace. Pas pour mon couple à proprement parlé. J’aimais Livio et je savais qu’il m’aimait avec toute la sincérité de son coeur. Nous en avions longuement discuté et je savais que jamais Livio ne me tromperait, pas même avec Giulia avec qui il avait eu une intimité. Mais elle représentait tout de même celle qui était arrivé à me l’enlever, celle qui l’emportait loin de moi. Restée coincée avec elle dans cet ascenseur faisait monter une angoisse en moi et me faisait réagir sur la défensive. Je levai les yeux au ciel face à la remarque de Giulia.
— Genre t’es à l’aise avec l’idée d’être coincée, ici !
Je soupirai, décroisé les bras, puis avançai, ventre en avant vers le bouton. J’appuyai et l’assistance décrocha. J’expliquai la situation et on nous assurant qu’une équipe technique allait venir nous libérer d’ici une vingtaine de minutes. Vingt minutes…cela sonnait comme des heures.
— Y’a plus qu’à attendre maintenant, déclairai-je en m’adossant à la paroi.
C’est à ce moment là que mon enfant décida de me labourer les intestins de coup. Je grimaçai en posant une main sur mon ventre.
— Putain, c’est pas le moment…

La colère de Gigi se réveilla en un temps record. Le ton sec d'Aura lui avait déplut et il était hors de question qu'elle reste là sans rien dire. Impulsive, elle exigea aussitôt qu'elle lui parle autrement. Enceinte ou pas enceinte, elle n'allait pas faire de cadeau à la petite amie de Livio. Elle se décala du bouton de l'ascenseur et l'invita elle à l'appuyer. Ce n'est pas sans l'ombre d'un soupir que la jeune femme s'exécuta, appelant l'assistance technique.   Il y a bien pire insista Giulia d’un air agacé. Bien entendu, elle aurait préféré se trouver ailleurs ou au mieux être coincée avec quelqu’un d’autre que la copine de son ex. Néanmoins Gigi avait l’habitude des conflits. Elle vivait avec depuis môme, elle avait vécu des situations bien plus pénibles que celle-ci. De plus, savoir sa rivale si agacée la satisfaisait au plus haut point. Elle trainait un sourire mauvais sur son visage et reporta sur son attention sur son téléphone. Quitte à passer vingt fichus minutes dans cet ascenseur avec elle, elle préférait les passer à l'ignorer. Elles allaient donc devoir passer un long moment embarrassant.

Je ne la connaissais pas. Pas vraiment en tout cas, je n’avais d’elle que l’image qu’elle renvoyait et les quelques piques échangées par écrans interposés, pourtant elle parvenait à me faire sortir de mes gonds, et si vite en plus de ça ! J’aurais aimé être plus calme, j’aurais aimé pouvoir montrer qu’elle ne m’atteignait pas, mais je n’y parvenais pas. Elle avait complètement un pouvoir sur moi et cela me tuait de le comprendre. Je détestais ça. Aussi quand elle me répondit avec condescendance, j’y allais, moi aussi, du même ton.
— Il y a surtout mieux ! balançai-je d’un ton sec.
Je soupirai bruyamment, impatiente et agacée. Je n’aimais pas l’imprévu, encore moins lorsqu’il impliquait de me retrouver seule, enfermée dans un ascenseur avec l’ex de mon petit ami. Nous gardâmes le silence un moment, rongeant notre frein chacune dans notre coin. Puis, à un moment, je lâchai un nouveau soupir.
— T’as gagné hein ? Tu dois être contente…
Oui, elle avait gagné. Livio partait avec elle pour Rio. Elle était venu à Bowen pour ça, elle avait, autrement dit, bien réussi son coup.

Quelle poisse de se retrouver coincée avec la petite amie de son ex! Habituellement, Giulia ne se serait pas privée de faire des remarques provocantes mais par amitié pour Livio elle s'abstint. Là, elle n'était pas en tournage. Et bien que Gigi connaissait les conflits et les vivait depuis toujours, elle ne les appréciait pas pour autant.

Cependant, contre toute attente,  c'était Aura qui la titillait. Si cela ne tenait qu'à elle, Gigi serait rester silencieuse jusqu'à ce que les intervenants arrivent. Sans doute aurait-elle juste soupirer, lever les yeux au ciel et rien de plus. Ce fut lorsque Aura lui balança  "t'as gagné", qu'elle vrila. Gagner quoi? demanda-t-elle sur un ton de défi. À présent elle semblait perdre son sang froid. Le visage fermé et distant de Giulia se figea de colère. Gagner? Alors qu'elle, elle allait avoir ce bébé avec Livio. Bien au contraire, Gigi avait perdu bien plus dans cette histoire d'amour.  Ce n'était pas Livio qu'elle regrettait tant même si elle éprouvait et éprouverait toujours une affection immense pour lui... Elle avait surtout perdu son bébé avec cet homme. Pour Giulia, Aura lui renvoyait cet échec.Hé, moi tu ne me connais pas. Depuis tout à l'heure tu t'agites pour rien. Me cherchr pas, reste à ta place. lui dit-elle, le regard méprisant, agitant sa tête et sa main qui n'était pas prise de sacs.

C’était plus fort que moi, Giulia représentait tout ce que je ne me sentais pas capable d’être pour Livio. Elle incarnait tout un pans de sa vie que je ne maitrisais pas et cela me plaçait dans une position d’inconfort qui venait titiller le manque de confiance en moi, qui me faisait déjà défaut en temps normal. Cela se traduisait par des mots acerbe et une attitude offensive qui ne me ressemblait pas. Giulia avait le don de me faire sortir de mes gonds et si je devais être 100% ca n’était pas entièrement de sa faute. C’était moi qui ne savait pas me maitriser sur le sujet et cela m’agaçait encore plus. Mais je n’étais pas la seule à être sur la défensive. Giulia me le rendait bien.
— Tu débarques et une semaine après, Livio accepte de faire cette putain d’émission à des milliers de kilomètre de nous…et je devrais garder le sourire et dire merci en prime ?
Je soupirai, puis croiser les bras, m’adossant à la paroi.
— Tu sais quoi ? On va s’ignorer et basta !

Si au départ Giulia était venue dans l’intention de convaincre Livio de participer au prochain tournage, elle avait eu aussi secrètement l’espoir de le reconquérir. Mais tout ça, c’était avant d’avoir rencontré Owen. L’ironie, c’est que Gigi ne se sentait certainement pas triomphante dans cette situation. Après tout, c’est auprès d’Aura que Livio refaisait sa vie. Il avait emménagé avec elle, et il allait même avoir un enfant avec elle! Depuis qu’il était avec Aura, elle se sentait clairement mise de côté. Jusqu’à présent elle avait mis de côté toute sa rancœur mais cela devenait de plus en plus insupportable face au comportement d’Aura. A son tour, Gigi sortit de ses gonds. La reine des conflits derrière l’écran savait toujours appuyer où ça faisait mal. Allez, redescend ! Livio est assez grand pour prendre ses décisions tout seul. Si il accepte de faire un dernier tournage, c’est parce qu’il en a envie insista Gigi en articulant ses derniers mots avec un air sournois. Elle haussa les sourcils et dégagea son regard sur le côté avec le sourire aux lèvres. Ouais c’est ça, t’as raison, ignore-moi.

Je n’avais jamais aimé les conflits. Je les avais, au contraire, toujours fuit, autant que possible. Ils me mettaient mal à l’aise. C’était mon frère qui avait un tempérament plus offensif, j’aspirais, moi, à plus de calme dans ma vie et en général, je me démerdais à faire en sorte qu’on ne me remarque pas trop. Sauf qu’avec Giulia, les choses étaient différentes. Elle jouait avec ma corde sensible et me faisait sortir de mes gonds avec une facilité qui me déplaisait fortement. Quand elle insista sur le fait que Livio avait accepté de tourner la dernière saison à Rio parce qu’il en avait envie, je ne me pus m’empêcher de sentir une pointe me traverser le coeur. Je savais qu’elle avait raison, Livio avait besoin de cette ultime tournage au moins pour fermer une porte et marquer un tournant de sa vie. J’étais parfaitement à l’aise avec cette idée. Malgré tout, j’appréhendais ces journées que j’allais passer sans lui, enceinte de huit mois, alors qu’il serait à l’autre bout du monde. Il allait me manquer, terriblement, et s’ajoutait à cela une peur de ne pas savoir gérer seule. Je ne répondis rien à la pique de Giulia, me contenant de serrer les dents. Enfin, nous conclûmes toutes les deux qu’il valait mieux que nous nous ignorions et c’est ce que nous fîmes jusqu’à ce que l’ascenseur, quelques minutes de silence plus tard, soit débloqué.

on clôture ?