Ame tremblotante. {libre}

A la fin de l'adolescence, Shin perdit son père puis finit par perdre sa mère. Touts deux étant des êtres chers pour lui, ayant une relation fusionnelle avec eux par le passé, il n'avait fait qu'endurer cette douleur irrépressible dans la poitrine. Lorsque le décès de sa maman eût lieu, il devait y avoir un shooting en Australie peu de temps après. L'asiatique ne pouvait pas refuser quelque chose de si important au risque de mettre en péril sa futur carrière. Là il devait poser pour de simples affiches de publicités. Et cela ne devait pas être sa dernière venue en Australie parce qu'il était apprécié des personnes apparemment, car  plusieurs agences le voulaient avant-même qu'il n'arrive.
Après  le boulot, Shin aime de base se rendre dans des endroits calmes et tranquilles dans lesquels il peut paisiblement souffler. C'était le cas actuellement, la mort de sa mère l'avait totalement troublé et c'était seulement dans cet endroit paumé... Où la rivière coulée à flot et le bruit des quelques vagues claquant contre les rochers l'apaiser. Alors, accroupi là, loin de tous... Il se laissa aller et se pencha en avant pour prendre un peu de cette eau clair dans ses mains délicates pour finir par se frotter le visage avec. Il soupira longuement de bien-être et il resta-là. Il avait encore quelques longues minutes de pause avant de reprendre, pour une fois ! Et il se trouvait qu'à quelques secondes du centre-ville, là où il bossait... Donc cela lui permettait de prendre un peu de temps pour lui, car il ne devait pas montrer cette façade de lui.

hj:

Marchant d’un pas vif, mâchoires serrées, Charlie ruminait encore et encore, grommelant parfois à voix basse, profondément frustrée. Elle était partie en claquant la porte, chose qui arrivait encore régulièrement à la maison familiale. Elle adorait sa fratrie, mais y avait des jours où elle avait envie de tous les envoyer péter. Et même de les enfermer dans une petite bouteille, de fermer le bouchon et de la jeter au loin. Ou bien de les recouvrir de confiture de groseilles, et de les attacher à un arbre en forêt en attendant que les fourmis se ramènent. Un peu extrême comme idée peut-être, mais c’était tout ce que c’était : une idée, destinée à calmer ses nerfs. Oui, elle boudait, comme une enfant. Entre ses trois sœurs et son frère, c’était souvent folklorique, à la maison. Ils s’aimaient d’amour, c’était indéniable, mais ils savaient tout aussi bien se crier dessus et taper du pied. Et pour ce qu’il s’agissait de crise, Charlie était assez forte dans le domaine, émotive et impulsive comme elle l’était. Toutefois, elle estimait qu’elle avait eu une bonne réaction en décidant de partir prendre l’air, embarquant son appareil photo avec elle. Au moins, ça lui permettrait de redescendre dans son coin, et tout le monde aurait l’occasion de se calmer. Son pas avait enfin ralenti aux abords de la rivière, alors qu’elle fulminait déjà depuis vingt bonnes minutes. Le son agréable et fluide des clapotis de l’eau avait un pouvoir apaisant, parvenant à ses oreilles et l’aidant à ralentir sa respiration et son pas, détournant son attention de ses pensées. Petit à petit, la jeune fille retrouvait un semblant de calme, s’arrêtant pour un premier cliché, puis un deuxième, quelques mètres plus loin. Son esprit dérivait vers des zones sans remous, vers un ciel qui s’éclaircissait, au fil des photos et des arrêts pour capter la bonne lumière. Ce fut de cette façon qu’elle tomba sur un jeune homme, accroupi, plus loin. L’inspiration était lentement montée dans l’esprit de Charlie, remplaçant les nuages électriques de sa tête, alors qu’elle levait l’objectif pour saisir le jeu de l’eau entre les doigts du garçon. Elle s’amusait sur les mises au point, suivant ses mouvements, jouant avec eux, sans qu’il s’en aperçoive. Ou du moins au début.

Début d'automne 2012, dix-huit ans. 

C'était d'un calme presque utopique. On n'entendait pas grand chose, même sa présence s'était presque effacée, on pouvait seulement entendre les chants de la nature et cette eau qui s'écoulait, c'était une agréable sensation. Et toutes les couleurs de l'automne, ces couleurs orangées, rougeâtres, c'était vraiment le pied à voir. Cela aurait pu être l'endroit parfait pour un simple shooting. Mais malheureusement, il se retrouvait dans un endroit où il se sentait étouffé. Son regard vacilla un peu, il ne savait pas trop quoi faire actuellement. Cela ne lui donnait pas envie de revenir à son lieu de travail, mais il n'avait pas le choix, il avait encore quelques minutes de pause, donc il voulait en profiter et ne voir personne. Alors qu'il releva la tête, il entendit de léger pas non-loin de lui et un bruit d'appareil photo, comme si à l'instant, il venait d'être photographié. A ce moment-là, l'asiatique se releva soudainement cherchant alors la personne qui était à l'origine de ça. Il espérait que ce ne soit pas un fan , il avait souvent du mal à gérer cela. Ses pas décidés arrivait en direction d'une jeune fille, elle avait sûrement son âge. Son regard le toisa de peu, il était vraiment pas d'humeur à jouer au chat et à la souris. « Je peux savoir ce que vous faîtes? » Lâcha-t-il soudainement, d'une voix rauque et grave, avec un fort accent Coréen. Shin apprenait la langue depuis quelques temps mais son accent était toujours fortement présent.

Même si la jeune femme ne l'avait pas forcément pris pour cible, Shin était souvent impulsif et les nerfs à vifs, puis ce qu'il faisait ça n'arrangeait pas non plus son caractère. Même si elle n'avait rien à se reprocher, il trouvait cela bizarre qu'elle s'était presque cachée et qu'elle était accroupie au beau milieu de nulle part. « Etes-vous une sorte d'harceleuse? » Shin ne la lâcha pas du regard une seule seconde, la scrutant de la tête aux pieds sans scrupule. Il attendait une réponse claire. 

Spoiler:

Si elle ne sursauta pas, Charlie sentit son cœur se figer à l'intérieur de sa poitrine quand le brun croisa son regard à travers l'objectif, chose à laquelle elle ne s'attendait pas, concentrée sur ses photos. Du haut de ses dix-sept ans, la jeune fille ne faisait pas trop la maligne devant l'air désapprobateur du garçon qui l'apostrophait sèchement. « Euh, ben en fait je, euh... » commença-t-elle, prête à s'expliquer de façon totalement transparente, mais il l'avait tellement saisie et semblait si mécontent qu'elle trébucha immédiatement sur ses mots. Le regard du garçon la transperçait de part en part et elle se sentait comme une gamine prise en faute. Son accusation la pris néanmoins encore plus au dépourvu, ce qui eu pour effet de lui faire reprendre la capacité à former une phrase. « Hein, what ? Mais nan, pas du tout ! » se défendit-elle en se relevant à son tour d'un mouvement vif, tout à coup plus assurée. Une harceleuse, mais de quoi il parlait, lui ? Elle faisait juste des photos, qu'elle voulait et espérait artistiques, c'était tout. On voyait même pas vraiment son visage sur les clichés, d'ailleurs. « J'faisais des photos dans le coin et c'était joli, l'eau sur vos mains, voilà ! On voit pas votre tête, et j'publie pas mes photos, c'est juste pour moi, donc j'ai rien fait de mal. » continua Charlie, sourcils froncés, plus à même d'affronter le garçon sans trop savoir pourquoi. En plus, c'était un ado, comme elle, alors elle avait l'impression d'avoir plus de poids que face à un vrai adulte. Mais elle restait un peu incertaine de ce qu'elle avançait, pas du tout experte en droit à l'image. Pour elle, comme elle ne montrait ses photos à presque personne et ne les mettait pas en ligne, son geste était tout à fait ok. D'autant plus que c'était pas vraiment lui qu'elle avait voulu prendre en photo, c'était surtout l'eau. Et l'eau allait pas demander son droit à l'image, elle.

Shin n'en démordait aucunement et il était persuadait que la jeune femme l'avait suivie jusqu'ici afin de le prendre en photo personnellement et de les publier à son insu. Même si c'était le cas assez souvent, Shin désapprouvé totalement cette manie de ne pas demander. Alors, il resta bloqué sur son idée de départ. « Je ne vous crois pas. » lança-t-il totalement désintéressé et glacial, se trouvant en face de la fille qui semblait être impuissante face à cette situation peu anodine.
« Vous êtes sûre de vous? Si vous ne me dîtes pas la vérité, vous allez le regretter. »
Il gardait cet air totalement impassible et sans aucune pitié ; puis sa grandeur, sa manière d'être, son visage, le tout pour être plus précis, le faisait paraître comme un adulte alors qu'il n'était encore qu'un adolescent qui allait bientôt atteindre sa majorité.
« Bien, je suis heureux voir même enchanté de ces aveux. Alors, vous me preniez quand même bien en photo. » il n'avait pas mâché ses mots, il était un brun vulgaire et il avait gardé cette intonation de voix étrangement raide, froide, à en faire frissonner quiconque de peur.
« Mais bon, je ne vais pas en faire tout un plat, vous avez l'air d'avoir un an de moins que moi. Je suppose qu'à cet âge, on a tous plus ou moins des envies. » Il haussa les épaules et ne chercha pas plus que ça. Ses remarques étaient sûrement déplacées, mais sa lassitude se faisait voir sur son visage. Il était entrain de vivre un passage très douloureux donc son humeur cinglante avait tendance à reprendre le dessus de temps en temps, pis comme il était encore jeune, il jouait de temps à autre le rebelle pour se croire intéressant. Shin regarda à nouveau cette demoiselle, mais cette fois-ci d'une manière un peu plus douce. Il soupira longuement en se rendant compte qu'il s'était sûrement un peu trop emporté et que cette dernière était gênée par ce comportement peu maniéré et brut.
« Je peux voir les photos, tout de même? » Disait-il sans réelle conviction mais la curiosité l'emportait. Il voulait se détendre un petit peu avant la reprise et voir autre chose que sa tête sur les photos serait un réel plaisir. Il avait manqué de lâcher un léger sourire de gêne à cause de cette situation, mais il se garda toutefois de ne montrer que cet air impassible. Venant s'accroupir à coté de la jeune demoiselle, toujours en l'observant de ses iris aux reflets miel.

Ah, il la croyait pas. Ben super, ça faisait bien avancer le débat, ça. Charlie avait mis en place son expression de warrior, c'est-à-dire celle de "j'en mène pas large mais j'ai pas du tout envie de le montrer surtout si tu m'agresses pour rien là, ho". « Mais c'est la vérité ! Pourquoi j'mentirais ?! » s'emballa la jeunette, toujours frustrée qu'on soit prête à l'exécuter sur la place publique alors qu'elle n'avait rien fait de grave. Exaspérée alors qu'il continuait dans son délire, elle leva les yeux au ciel en soufflant fort. « Pas VOUS, non, vos MAINS. » rétorqua Charlie en appuyant bien sur les mots, histoire d'être sûre qu'il faisait la différence. Différence cruciale, à ses yeux, ça aurait pu être les mains de n'importe qui, c'était pas comme si on pouvait les reconnaître. Y a beaucoup de mains dans le monde. « Attends... Pardon ? » reprit Charlie avec des yeux ronds, alors que le brun enchaînait, avec cet air supérieur et implacable qui lui faisait autant peur que ça ne la mettait hors d'elle. Mais il était sérieux celui-là ? Pas en faire tout un plat, alors qu'il lui aboyait dessus pour que dalle depuis deux minutes ? Et puis, comment il pouvait savoir son âge, il a cru qu'il était mentaliste ? Et des envies ? Mais putain, de quoi il parlait ? « Mais putain, de quoi vous parlez ? » s'insurgea-t-elle. Voilà, pas de filtres. Ses pensées traversaient l'air à l'aide de ses cordes vocales, voilà tout. Mais franchement, là, il poussait le bouchon trop loin, ce Maurice. Le type la traitait comme une criminelle, puis la rabaissait avec une condescendance à baffer. Non, Charlie, la violence ne résout rien, descends de ton poney, s'il te plaît. De toute façon, tu fais pas le poids. Mais, le meilleur était encore à venir, dans cette altercation dont elle se serait bien passé. Parce que le garçon eut ensuite le culot de lui demander à voir les photos, comme si ça l'intéressait, soudainement passé de coq de combat à maman chat bienveillante. Enfin, plus ou moins. Ah parce que c'était comme ça que ça se passait. Charlie ne savait même pas quoi répondre, tellement elle était révoltée. Oui, elle n'avait jamais été dotée d'une grande maîtrise d'elle-même, et ne le serait probablement jamais.