(#13) and often times we call a man cold when he is only sad (mileth)

Beth venait de poser Ivy dans son lit de grande fille de maintenant un an et des poussières. Sa longue journée à la garderie avait fatigué la gamine qui s'était fait sentir maussade en fin de soirée. Enfin, c'était ce que l'Anglaise imaginait pour justifier l'attitude de sa fille, mais en vérité, tous les changements de sa vie pouvaient en être la cause. Le départ de Zak, Milo et Azriel qui étaient moins à l'appartement, ainsi que le retour au travail de Beth étaient sans doute tous des facteurs aggravants le quotidien de la petite. Dix-neuf heures au compteur de la nuit, Ivy était lavée, bercée, bordée et endormie, ce qui laissait à Beth toute la soirée pour... Pour faire quoi, au juste? Depuis qu'elle n'était plus avec Zak, il lui semblait que les soirées étaient longues. Au terme des heures du jour, la belle brune ne ressentait pas toujours le manque de son ancien amant. Elle était occupée par le travail, par sa fille qu'elle devait élever, par les préoccupations de son quotidien. Mais une fois le soleil presque couché, il ne lui restait que ses pensées. Et pour s'empêcher de ressasser le passé douloureux, malheureusement, Beth se renfrognait dans le travail. Elle avait d'ailleurs laissé son ordinateur portable allumé sur le canapé, mais s'était levée pour l'instant de quelques secondes, juste le temps de se faire un bol de céréales en guise de dessert, quand la porte d'entrée se fit entendre. « Az? Milo? », demandait-elle, incertaine duquel de ses colocataires franchissait le pas de la porte.

Depuis quelques jours, tu avais évité l’appartement. Tu ne te sentais pas à l’aise d’y aller quand Azriel et Beth étaient là alors que tu leur mentais ouvertement. T’avais honte de leur dire ce qu’il s’était passé il y a quelques jours, et tu ne savais pas comment aborder le sujet. Les réunions des alcooliques anonymes avaient doublés, tu y allais beaucoup plus souvent. Et l’hôpital te suivait encore plus à cause de cette foutue rechute. Tu vagabondais entre le skate park et l’hôpital, rentrant le plus tard possible à chaque fois pour ne pas croiser tes colocataires et partir le plus tôt possible. Tu arrangeais tes shooting tôt le matin ou tard le soir, en ce moment. Même si tu ne travaillais plus avec autant d’énergie qu’avant, tu t’étais fais un emploi du temps un peu plus calme et raisonnable avec ce qu’il se passait dans ta tête. Mais aujourd’hui, fatigué autant physiquement que mentalement, tu étais rentré à l’appartement aux alentours de vingt heures. Tu entendais la voix de Beth dans l’appartement et ça te déchirait le coeur. « C’est Milo » dis-tu avec peu de conviction. Tu étais triste, ça se lisait sur ton visage. L’épuisement émotionnel se traduisait facilement dans tes expressions. Quand tu la voyais, tu esquissais un sourire avant de prendre un coca dans le frigo pour te réconforter. « Ivy dort ? » demandas-tu à ta meilleure amie, en parlant plus doucement pour ne pas réveiller la petite. Tu ouvrais la canette et tu pris quelques gorgées qui venaient te réconforter, mais très légèrement vu comment la soirée allait tourner entre vous deux.

C'était Milo. Un sourire se dessinait sur le visage de Beth. Pour une fois qu'il ne rentrait pas aux petites heures ou quand elle était déjà couchée, cela faisait plaisir à l'Anglaise. Il lui manquait, son Milo, son meilleur ami. Bien des choses les avaient éloignés durant la dernière année, mais ils avaient fini par mettre leurs différents de côté parce que vivre loin l'un de l'autre était impossible. Beth qui craignait l'abandon avait fini par mettre des mots sur ses peurs, par exprimer ses craintes et expliquer ses réactions alors que Milo avait réussi à la rassurer comme il savait si bien le faire et, ensemble, ils s'étaient fait la promesse de ne plus jamais être loin l'un de l'autre. Puis, il fallait aussi dire, l'accident de la brune avait accéléré le processus de guérison des deux amis, les forçant à enterrer la hache de guerre plus rapidement qu'en temps normal. Parce que dans une situation pareille, quand la vie ne tient qu'à un fil et qu'on croit avoir tout perdu, on oublie vite les rancoeurs. « Je suis dans la cuisine », fit-elle en posant son couteau dans l'évier. Milo entra dans la pièce, le regard presque fuyant, et attrapa une canette de coca au frais. « Oui, elle a eu une salle journée à la garderie... Elle a commencé à mordre, tu peux croire ça ? », fit-elle en riant, tentant de faire disparaître ce malaise. « Ça va !? Je te sens... Je sais pas... Pas bien. Tu veux que je partage ma tartine avec toi? »

Alors que tu venais juste de passer la porte en essayant de faire le peu de bruit possible, Beth avait entendu et avait demandé qui venait de rentrer. Doucement, tu t’étais présentée pour ne pas qu’elle s’inquiète. Elle était dans la cuisine et c’est justement là où tu allais ensuite. Un petit sourire sur ton visage, tu étais quand même content de la voir. Tu embrassais sa joue pour la saluer avant de te baisser vers le frigo pour aller chercher une canette de coca et commencer à la boire. Tu demandais en suivant si la petite dormait. « Elle est devenue un vampire » dis-tu en riant doucement. Tu n’étais pas dans ton état normal, elle le voyait et même dans tes paroles ça s’entendait. Rapidement, elle avais remarqué que ça n’allait pas et elle te le signalait. Tu soufflais, parce que tu savais que ça allait être compliqué. « Merci, t’es mignonne mais j’ai pas faim » dis-tu avec un mince sourire en sortant de la cuisine. Tu n’allais pas bien, c’était certain. Mais tu irais encore moins bien après les révélations que tu devais faire à ta meilleure amie. « Faut que j’te parle d’un truc » dis-tu en te retournant vers elle, encore dans la cuisine. Tu t’assis sur un des tabouret de bar et tu regardais l’anglaise encore entrain de manger sa tartine. « J’suis désolé » dis-tu alors que ta voix commençait à se serrer. Les larmes commençaient à monter à tes yeux alors que tu n’avais pas encore parler sérieusement.

La garderie, c'était difficile pour Ivy, mais aussi pour Beth. Elle avait eu son bébé à la maison, avec elle, durant presque un an. Beth avait choisi, volontairement, un congé plutôt long, prenant que par moments de petits contrats de traduction ici et là. Elle avait choisi d'être là, pour sa fille, le plus qu'elle le pouvait, elle qui n'avait pas de père de sang dans les parages. La séparation se faisait difficilement, mais elles devaient le faire. C'était bon pour le petite de se retrouver dans un milieu où elle prenait contact avec d'autres enfants. Et pour Beth, cela lui donnait l'occasion de reprendre du poil de la bête, professionnellement parlant et de sortir de ce monde de couche et de balbutiement dans lequel elle était depuis l'arrivée de la gamine.

Mais, difficile, ce ne l'était pas seulement pour l'attachement. Ivy réagissait aux changements dans sa vie, bien malgré elle, et parfois ce n'était pas drôle. Comme cette morsure à un camarade de crèche que Beth n'endossait pas. « T'as une cure contre les vampires ? On a de l'ail ? Parce que j'avoue que le visage de l'éducatrice m'a foutu la trouille quand elle m'a dit, de sa grosse voix « C'est très alarmant, madame Ellington ». Madame Ellington en plus... », souffla Beth sur un ton pseudo-dramatique avant de rire devant le ridicule de la chose. Mais, Milo, il n'avait pas le coeur à rire et cela paraissait. Beth le questionna sans tarder, lui proposant même de partager sa tartine. Mais il refusa. Il devait tout de même parler. Et ces mots, ils faisaient peur. « Me parler ? Tu me fais peur, Milo », fit la brune en s'approchant de lui. La faim lui était dès lors passée. « Désolé de quoi ? Je comprends pas... Parle-moi », fit-elle, paniquée.

Ivy semblait avoir du mal à la garderie, ce qui rendait ta meilleure amie encore plus inquiète que jamais. La petite avait mordu un de ses camarades dans la journée, et alors que d’habitude tu aurais une centaines de vannes là dessus, tu te contentais d’une simple et brèce, le visage à demi souriant. C’est peut-être ça qui était le plus inquiétant. « Ca va aller, ça passera avec le temps » dis-tu simplement en posant ta planche dans l’entrée. Tu avais fais le tour de la cuisine pour te retrouver face à l’anglaise qui était encore à l’intérieur, alors que toi tu t’étais assis sur un des tabourets de bar. L’air miné et désolé, tu avouas à la brune qu’il fallait que vous parliez ce soir. Et tu savais que ça n’avait rien de bon. Tu savais que dès cette conversation terminée, tu allais devoir fuir cet appartement pour laisser du temps à Beth de comprendre tes maux. « J’suis désolé… » dis-tu une deuxième fois. Elle s’approchait de toi et tu la repoussais, parce que tu savais comment elle allait réagir et c’était mieux que ça commence ainsi. « Beth, je… enfin j’ai… » bafouillas-tu quelques instants, les larmes aux yeux. C’était le plus difficile, de dire la vérité à ses proches, et ça te faisait mal rien que d’y penser. Mais c’était une des règles fondamentales aux alcooliques anonymes, d’arrêter de se cacher derrière des mensonges et de dire la vérité. Tu soufflais pour te donner du courage et tu levais les yeux, embués par les larmes, vers elle. « J’ai bu » dis-tu dans une simple phrase courte et concise. Tu ne pouvais pas dire seulement ces quelques mots mais c’était la seule chose qui était sortie. « J’ai fais une rechute, après plus de 600 jours de sobriété. Qu’une seule fois. Mais je sais que j’te déçois, et que tu vas vouloir que je m’éloigne de la petite » dis-tu alors que ta gorge se serrait encore plus. Elle t’avait prévenu, quelques mois auparavant, que ça serait ainsi si tu replongeais. Même pour une fois, comme le soir dernier.

Elle sait se défendre, ma nièce ou même encore Ça c'est ma championne. Madame Ellington, faut accepter de vieillir ma grande. C'était le genre de commentaires qu'aurait pu faire Milo. Ça et bien d'autres, en effet. Mais il n'en était rien de tout ça. Il était vague, l'air pas trop dans son assiette. « Oui, ça passera avec le temps... » C'était presque froid entre les deux meilleurs amis alors qu'ils avaient mis leurs différents de côté, il y a de ça un moment déjà. L'ambiance donnait à Beth des airs de souvenirs des derniers mois. Et elle n'aimait pas du tout ce sentiment. Si seulement elle savait ce qui se tramait réellement derrière la distance de Milo. « Ça va vraiment pas, toi », lui lâchait-elle alors qu'il la laissait raconter son délire sans se moquer d'elle ou de la situation.

En effet, ça n'allait pas. Assis sur son tabouret, Milo demandait pardon pour la seconde fois. Beth ne comprenait pas. Qu'avait-il fait ? Elle s'était approchée de son meilleur ami, prête à poser ses mains sur ses épaules, à le prendre dans ses bras alors que les yeux de Milo perlaient déjà de larmes. Mais il la repoussait, laissant Beth avec un visage plein d'incompréhension et des larmes dans les yeux. Depuis quand le repoussait-elle ainsi ? Depuis quand il ne la laissait pas s'approcher de lui dans cette proximité qui était la leur ? Mais qu'avait-il fait de si grave au point de refuser l'affection de la femme qui l'aimait le plus sur cette terre ? Et c'est ainsi qu'il lui avoua. Il avait bu.

Beth recula d'un pas, bouche ouverte. Puis, d'un autre. Il avait bu, ok. Ce n'était pas si grave, en soi. C'était une erreur de parcours. Mais Beth se sentait trahi, quelque part. Parce qu'elle avait été là, pour le supporter, dans les moments difficiles. Et cette fois, s'il s'était rendu à boire, c'était qu'il allait mal, Milo, et il ne lui en avait pas fait part. Il avait préféré faire une bêtise seul et de gâcher son travail sur lui-même que de venir chercher de l'aide auprès de sa meilleure amie. Sa meilleure amie. « Pourquoi ? », demandait-elle sèchement. « Pourquoi t'as bu ? Pourquoi t'es pas venu me voir? »

T’aurai pu sortir tout ton catalogue de vanne sur les vampires ou lui faire comprendre que ce n’était plus un bébé, ta nièce. Mais non, tu avais choisi de te taire et de blaguer l’espace d’une minute avec l’histoire d’Ivy. T’étais dans un autre monde ce soir, dans une autre dimension. C’était le moment de cracher le morceau. Elle remarquait que quelque chose n’allait pas. « Non, ça va vraiment pas » dis-tu en soufflant. En réalité, t’avais l’impression d’être spectateur de cette conversation, comme si ton âme flottait au dessus de toi et essayer de te donner le courage de faire cette déclaration. Tu venais de tout balancer, les larmes aux yeux et la gorge serrée. T’avais bu, t’avais brisé tes 600 jours de sobriété comme ça, pour de la merde en plus. Et tu le voyais dans les yeux de Beth, que ça avait tout changé. Tu étais là, assis dans le silence à ne plus savoir quoi dire. Tes pensées étaient toutes chamboulées. Et puis elle s’est mise à poser des questions. Pourquoi ? Pourquoi tu n’étais pas allé la voir, elle ? C’était des questions auxquelles tu n’avais pas de réponse. « J’ai… j’ai trouvé une bouteille dans le placard » dis-tu en montrant le placard du doigt. Son ton était sec, c’était encore pire et ça faisait encore plus mal. Tu tremblais, tu te sentais vraiment pas bien. Tu enlevais ta casquette qui était posée sur ta tête et tu la posais sur le comptoir. « J’voulais pas que tu me vois comme ça, j’étais misérable » dis-tu en baissant les yeux, les mains sur ton couvre-chef. Les larmes coulaient sur tes joues, tu n’avais pas été aussi vulnérable depuis longtemps. Mais il fallait parler de cette vérité, par dessus tout.

Elle n'était peut-être qu'à Bowen depuis presque deux ans, Beth connaissait Milo par coeur. C'était comme si elle l'avait tricoté. Quand il avait mangé la dernière part de gâteau, quand il n'avait pas changé le rouleau de papier de toilette, quand il avait brisé un verre, Beth le savait. Elle ressentait ce genre de choses, elle qui avait les sens aiguisés d'une maman. Ce n'était pas pour rien, c'est qu'elle l'était, maman. Et, parfois, c'est vrai qu'elle avait plutôt l'impression d'être la maman d'un bébé et de deux grands enfants, lorsque Milo et Azriel se mettaient à faire des folies. Mais ce soir, ce n'était pas du tout d'actualité. Milo n'était pas d'humeur à faire des folies, ni à se moquer de Beth, ce qui était, pourtant, son sport favoris. Il était vide de tout pétillement. Il était à des années lumières du Milo d'ordinaire. « Parle-moi », s'affolait Beth. Elle s'attendait au pire - enfin, non, pas vraiment, mais c'est ce qu'elle croyait - elle s'imaginait qu'il avait perdu son emploi ou même que Effy avait à nouveau quitté la ville sans le lui dire. Mais ce n'était pas ça. C'était même loin d'être ça.

Beth fixait Milo sans rien dire, d'abord. Elle processait l'information, d'abord. Mais, aussi, elle digérait les émotions multiples qui passaient. La déception, la colère, mais, surtout, la trahison. Milo pointait le placard. Et le pire, dans l'histoire, c'est que c'était sans doute l'une des bouteilles de Beth, une qu'elle avait ramené de chez Lys après une soirée à tenter d'oublier Zak. « Mais pourquoi ? », demandait-elle de nouveau. « Alors t'as préféré boire tout seul plutôt que de venir chercher de l'aide !? », demandait l'Anglaise. « Et la prochaine fois, ça sera quoi.. ? »

Elle était là, prête à entendre les bêtises que tu avais à lui dire. Et toi, tu n’arrivais pas à avouer. Pourtant, il le fallait, tu te devais de le faire. Elle s’affolait, tu le voyais et surtout elle était inquiète, Beth. Il y avait de quoi, tu allais lui annoncer la pire connerie de toute ta vie et tu étais rempli de honte. Mais voilà, les mots étaient sortis, tu avais dis ce que tu avais sur le coeur. « J’vais pas bien, okay ? » dis-tu un peu sur un ton trop élevé. « J’vais pas bien » répétas-tu dans un murmure, les larmes qui montaient rapidement à tes yeux. Elle te balançait plein de question et ton cerveau était entrain de bouillir. Tu savais pas quoi répondre, juste les larmes qui étaient là, sous tes yeux en abondance. « J’ai tellement lutté, je… j’sais pas ce qu’il m’a prit » répétas-tu dans un souffle. Les mains de part et d’autre de ton visage, tu cherchais des réponses que tu n’avais pas. Tu savais que cette conversation allait mal se terminer, mais il fallait que tu l’es avec elle. « Je sais que t’es déçue, j’suis désolé de te décevoir à chaque fois » dis-tu en baissant les yeux. C’était pas la première fois que tu la décevais et c’était peut-être pas la dernière. T’avais pas envie d’avoir une leçon de morale mais peut-être que tu en avais besoin pour te remettre les idées en place. Il ne fallait juste pas que ta meilleure amie sache que tu avais appelé quelqu’un d’autre pour t’aider. T’avais été trop honteux pour l’appeler elle, et qu’elle vienne à ton secours.

Son coeur de maman ne savait faire la différente entre la façon d'aimer Ivy et d'aimer les autres personnes qui entraient dans sa vie. Milo en faisait partie. Peut-être le maternait-elle trop. Peut-être devait-elle lui laisser un peu plus d'air. Peut-être devait-elle travailler sur elle. Seulement, lorsqu'ils s'étaient rencontrés, tous les deux au plus bas, ils s'étaient promis de ne jamais se lâcher. Et Beth tenait trop à cette promesse. Elle s'affolait, en attente des aveux de son meilleur ami et une fois qu'ils étaient arrivés, ces aveux, elle ne savait plus comment se comporter. Poser des millions de questions ne l'aidait pas, ça en était une évidence. Et pourtant, Beth ne savait rien faire d'autre. Pourquoi? Pourquoi avait-il rechuté? Mais, surtout, pourquoi l'avoir fait et affronté seul. Elle avait peur, Beth. Peur de le perdre, d'une part. Mais peur aussi que sa place dans la vie du guitariste ne soit que temporaire, parce qu'il semblait vouloir trouver de l'aide et du réconfort dans les bras de tous les autres, excepté elle. Mais ils étaient meilleurs amis..

Milo haussait la voix. C'était l'excès de sentiments. Beth le savait et pourtant, elle continuait à le pousser à bout. « Ok, ok », répétait-elle alors qu'il lui disait ne pas aller bien. « Ça va, c'est pas grave d'avoir chuté », tentait-elle de le rassurer. « Mais tu peux pas rester seul dans tout ça. On est des meilleurs amis Milo, c'est pas pour rien. J'sers à quoi, moi, si tu n'oses même pas venir chercher de l'aide auprès de moi? » C'était ça, qui la décevait le plus. Elle pourrait faire tout pour lui. Lui faire la leçon de morale sur la consommation, l'accompagner aux rencontres des A.A, tout ce qu'il voulait, mais pourquoi l'avoir mis à l'écart?

Tu savais que tu allais la décevoir, tu savais que c’était le point qu’il ne fallait pas atteindre. Mais bon, tu devais être honnête. Tu avais promis à Charlie de ne rien dire sur cette nuit là, mais tu devais absolument parler de ta rechute. C’était important, elle avait le droit de savoir puisqu’elle t’avait aidé à sortir de cette tornade infernale. T’étais un peu violent dans tes propos, tu parlais fort mais tu n’arrivais pas à te contrôler. Entre la colère et la tristesse, rien n’allait. « Si c’est grave, c’est la pire des choses je crois » dis-tu en balayant des larmes qui coulaient le long de tes joues. Même si elle essayait de te rassurer, ça ne marchait pas. « Beth… » dis-tu en soufflant, et en sanglotant. « J’avais honte, c’est tout. J’étais bourré, et honteux. Je pense que tu peux pas comprendre l’état dans lequel j’étais » dis-tu en secourant la tête. Tu avais beau aimer Beth de tout ton être, cette sensation elle ne la connaitra jamais. Et même toi tu te demandais encore pourquoi tu n’avais pas fais appel à elle lors de ta rechute. « J’suis vraiment désolé » dis-tu d’une voix un peu plus basse. C’était vrai, c’était sincère. T’étais désolé et t’avais honte de tout ça. D’avoir ignorer son aide, d’avoir rechuté et d’avoir surtout menti pendant ces quelques jours.