#8 - country roads, take me home. (danielaj)

country roads, take me home

Les choses semblaient être revenues à la normale depuis son retour, ou du moins, c’était ce qu’il se disait. Dans sa tête, ses disparitions et réapparitions soudaines ne dérangeaient personne et il n’avait pas à se sentir coupable ou se justifier de quoi que ce soit. Y avait juste Ash qui avait un peu pété un câble, mais bon. Venant d’elle, c’était une simple formalité, c’était surtout son moyen de communication principal avec lui. Rien d’alarmant. C’était donc tout naturellement que l’Islandais avait recontacté Daniella. Enfin, naturellement, c’était ce qu’il faisait croire. Au fond, il avait besoin de lui parler. C’était une des seules à connaître ce qu’il gardait caché à la face des autres. Sa malformation cardiaque, ses hospitalisations : elle savait tout. Elle savait même beaucoup de choses sur lui, peu pouvaient se vanter d’avoir cet avantage sur lui. Parce que Niko, il aimait pas dévoiler ses failles et ses faiblesses, même si elles n’étaient que physique : il se sentait en position de faiblesse, en manque de contrôle, et ça, ça plaisait pas à son ego. C’était plus facile de se la jouer je-m’en-foutiste et de rabaisser les autres pour les détourner de ses propres incapacités. Note, il avait joué à ce jeu avec Daniella aussi, mais elle n’avait jamais été dupe. Et malgré tout ce qu’il lui avait fait endurer à l’époque où ils étaient ensemble, elle était toujours là. Comme amie, désormais, mais ça relevait de l’exploit, quand on savait comment se comportait l’Islandais en couple. Il avait pas été différent avec elle qu’avec une autre. En revanche, il lui avait laissé un accès sans limite à tout ce qu’elle pouvait trouver au fond de lui. Tout ce qu’il cachait. Il avait été malhonnête sur plein de choses, mais pas sur qui il était profondément. Et en retour, il s’était laissé s’attacher à elle d’une façon dont il était peu souvent capable. Cette affection était restée entre eux, ce lien indéfectible, malgré tout le poison qui avait un jour circulé entre eux. Peu de personnes disposaient d’un tel pouvoir sur Niko, des personnes comme Ash ou Noa. Et encore, dans ces deux cas, la relation était totalement différente. Pas moins puissante, mais différente. Ash, il avait pas peur de la briser, de lui faire mal, parce qu’elle était indestructible cette meuf, et s’il lui en faisait voir de toutes les couleurs, elle le lui rendait bien. Elle avait cette capacité à le rendre dingue tout en le conservant toujours dans un coin de sa poche, après autant d’années et de coups de pute. Et Noa, Noa c’était l’inverse, il n’avait pas envie de l’abîmer avec ses parties toxiques, il ne voulait lui montrer que la meilleure partie de lui-même, parce que c’était ce qu’elle faisait ressortir en lui. Daniella se situait dans un parfait entre-deux de ces relations, dans un attachement qui était inexplicable pour l’un comme pour l’autre. Mais c’était comme ça, et cette après-midi, assis au bord de l’immense piscine de la villa, Niko l’attendait. Il avait envie de la voir, envie de lui parler. Et il avait pas souvent envie de parler, le brun, en tout cas pas de ces choses-là.

Cet après-midi, j’avais rendez-vous avec Nikolaj. Il était revenu de voyage et m’avait proposé de passer le voir. Contrairement à d’autres ex, Niko était devenu un ami et je n’avais donc pas hésité une seule seconde avant d’accepter. Bon, il est vrai que quand on analysait notre relation, elle était assez particulière, mais j’aimais croire que ça faisait partie de notre charme. Il y avait eu énormément de disputes, de cris, de désaccords, mais bizarrement, très peu de mensonges. On avait toujours été sincère l’un avec l’autre, même si c’était blessant et je pense que c’est grâce à ça qu’on pouvait être amis aujourd’hui. Puis, malgré tout ce drama, c’était quelqu’un avec qui je n’avais aucune difficulté à me confier - enfin, la plupart du temps – et ça je ne pouvais pas l’ignorer. Après tout, on ne pouvait pas faire ça avec tout le monde, n’est-ce pas ? J’avais donc décidé de m’accrocher à lui et de ne pas le lâcher.

Arrivée devant sa porte, je toque, histoire de, puis entre sans attendre qu’il vienne m’ouvrir. Pas très poli me diriez-vous, mais on avait toujours fait comme ça. Que ce soit chez lui ou chez moi, si on avait prévu de se voir, on rentrait sans attendre. « Niko ? » Je le cherche rapidement dans les différentes pièces de la maison puis souris en le voyant près de la piscine « Salut le baroudeur » Je retire mes chaussures, m’installe près de lui, puis lui donne un petit coup de poing sur le bras « Ca c’est pour être parti sans avoir donné de nouvelles ! Et ça… » Je pose mes lèvres sur sa joue « C’est parce que je suis contente de te voir » Je ne lui en voulais pas vraiment, car au fond, je pouvais comprendre, mais je m’étais quand même légèrement inquiété. Je m’autorisais donc à lui faire savoir par ce petit geste pas très méchant.

Sans surprise, Dani était rentrée sans même s’annoncer, comme ils le faisaient toujours entre eux. Enfin en fait, pas mal de filles dans la vie du brun débarquaient chez lui de cette façon. Pote, copine ou meuf d’un soir, elles avaient une fâcheuse tendance à ouvrir les portes sans la moindre gêne, entraînant parfois par la suite des situations… moins joviales. Comme quand la meuf de la veille tombait sur celle du lendemain, par exemple. Ou des petites choses embarrassantes du genre. Disons que la plupart de ses connaissances avaient déjà dû le voir à poil, à force de rentrer et sortir à tout va. Mais Niko il s’en foutait dans le fond, ça le faisait même marrer. Son ego n’était jamais loin pour se délecter de ces situations cocasses. « Yup ! » cria-t-il à Daniella pour lui signaler sa présence près de la piscine. « Salut l’ensorceleuse. » la salua le garçon en lui jetant un coup d’œil appréciateur. Ils avaient beau être amis – fait rare pour quelqu’un comme Niko -, il ne se retenait jamais de la complimenter – pouvait-on vraiment appeler ça comme ça ? – sur son pouvoir de séduction et son apparence. C’était une fille incroyablement belle, personne ne pouvait le nier. Il se contentait juste de le souligner, voilà tout. Il ne voyait pas ce qui pouvait y avoir de problématique là-dedans. « Ah, c’est salut la boxeuse, en fait ? T’as fait de la muscu pendant mon absence ? » lança-t-il, les traits amusés, en regardant son biceps après le coup de poing qu’elle lui avait envoyé dans l’épaule. « Moi aussi j’suis content de t’voir, babes. » reprit-il avec un air adouci qu’on lui connaissait peu, même si toujours animé d’un air espiègle. Il entoura ses épaules de son bras pour déposer un rapide bisou sur sa tempe, avant de plonger ses iris clairs dans les siens. « Tu vas bien ? » Dans cette question, on percevait une réelle sincérité, qu’on n’entendait pas souvent de sa bouche.