earned it (asher)

Ça s’était mal fini la dernière fois que vous vous étiez parlés. Tu avais pris Cali dans tes bras et t’avais quitté la maison d’Asher plus en colère et confuse qu’auparavant. Tu trainais dans ta maison avec Cali qui demandait fréquemment Asher. Elle le demandait plus fréquemment que son père et tu te nourrissais de culpabilité à cet égard. Il fallait dire qu’il ne la réclamait pas plus souvent que ça… C’était très instable à ce niveau. Il la demandait une fois le week-end de temps à autres. Et toi, tu t’étais habituée parce que tu savais comment il était. Tu savais que Myles ne ferait pas de mal à Calista. C’était sa fille à lui aussi. Mais clairement, ta fille était plus proche de toi que de lui. Elle était plus proche d’Asher aussi que de son père… Tu regardes ta progéniture jouer dans le jardin avec son seau de sable, le regard un peu loin. Tu soupires, tu passes ta main dans tes cheveux. T’as jamais été aussi longtemps sans Asher, ça te fout la trouille. Tu sais pas comment agir. Tu ne sais pas pourquoi, ni comment. T’as besoin de lui pour vivre, tu sais pas comment vivre sans lui. Il est là depuis que t’as 16 ans. Il a été là suite au départ de ta mère, il a été là quand ton père prenait ses distances. Il était là quand tu étais enceinte et que t’avais l’air d’une baleine. Il était là aussi quand t’échappais des trucs sur le sol à 37 semaines de grossesse et que tu pleurais. Lui, il riait doucement et t’aidait toujours. Il a toujours fait parti du paysage, Asher.

Tu regardes une énième fois ton téléphone. Pas de textos ou d’appels ratés. Quelque part au fond de toi, t’as mal. Parce que normalement, il t’aurait déjà appelé pour connaître les plans de la journée. Il t’aurait envoyé un message au réveil pour te dire qu’il allait apporter une bavette de bœuf pour ce soir et qu’il allait la faire au barbecue chez toi. Ton barbecue, tu lui lances un regard triste. Il a pas été utilisé depuis quelques temps déjà. C’était normal, tu ne savais pas t’en servir et t’avais toujours peur que ça t’explose dessus. Ce barbecue, il était à Asher, il était pour Asher. Pas pour toi. T’en avais que faire de tout ça.

T’en avais marre, foutrement marre que tout te rappelle Asher. Tu te lèves, tu attrapes Cali qui gazouille au passage et tu décides que vous allez à la plage.  « Je vais à la plage avec Cali, si tu veux la voir. » Que tu envoies à Asher. S’il voulait la voir ou s’il voulait te voir toi… Si lui ne t’écrivais pas, toi tu allais lui écrire. T’étais suffisamment indépendante pour le faire. Tu mets Cali dans son parc et tu prépares deux sacs avec tout le nécessaire pour aller à la plage. Tu bondis dans la voiture avec ta fille et tu te rends au Horseshoe Bay. Dans le sable, tu lui laisses ses jouets alors que toi, tu t’installes sur une chaise non loin. Et t’espères profondément qu’il passe. T’espères.

Ma dernière rencontre avec Kara n'avait pas été un succès. Elle était partie avec Cali et je n'avais plus eu de nouvelles depuis. Pas de demande pour un babysitting, pas d'appel, pas de message, vraiment rien. J'avais traduit ce silence radio par un besoin de la brunette de ne plus rien avoir à faire avec moi et je m'étais contraint à cette nouvelle réalité à contre cœur.
C'était la première fois que j'étais en froid avec elle depuis que l'on se connaissait. Elle avait toujours été là pour moi d'une manière ou d'une autre et ne pas l'avoir à mes côtés me donnait l'impression d'avoir un vide abyssale dans le thorax. Elle me manquait, mais pas qu'elle, sa fille me manquait également. J'avais envie de les retrouver et plus d'une fois j'avais tapé un message avant de l'effacer pour ne pas aggraver la situation dans laquelle nous nous trouvions.

Rien n'aurait pu me préparer pour le message que je reçus en fin d'après midi ce jour là. Kara allait à la plage avec sa fille et me permettait de les rejoindre pour que je puisse passer un moment avec cette dernière. Il n'y avait ni smileys, ni mots affectueux, juste des faits pour me permettre de prendre une décision. C'était un message assez froid, mais ça ne m'arrêta en rien, car si la brunette et moi n'étions pas en super termes, je ne voulais pas que Cali puisse en pâtir. C'était l'occasion rêvé de passer un peu de temps avec elle. Alors sans réfléchir plus de dix secondes je me mis en route, attrapant mon sac de plage qui était toujours prêt au passage. J'en oubliais même mon téléphone.

J'avais rejoins la plage en marchant - d'un pas rapide - et il ne m'avait pas fallut longtemps pour les repérer. Le sable tiède avait un effet apaisant sur mon stress qui était à son taux maximum depuis que j'avais lu le message. Mais tout fut oublié quand mon regard croisa celui de Cali et qu'elle se mit à courir dans ma direction en criant mon prénom. Je lâchais tout pour l'accueillir dans mes bras et lui faire un câlin bien mérité. L'amour que j'avais pour cette petite était incompréhensible, ce n'était pas la mienne, mais je l'aimais tout comme... Peut être parce que j'aurais aimé qu'elle soit de moi. Je repris mon sac tout en la gardant perchée sur un de mes bras et j'avançais enfin vers Kara. L'accueil ne fut pas le même et mon regard se planta rapidement ailleurs pendant que j'installais mes affaires à côté d'elle. « Hey. Merci pour l'invitation. » Cali voulait que j'aille jouer avec elle, mais je ressentais le besoin de rester près de sa mère. C'était mon amie, la femme que j'aimais et pourtant il semblait ne plus rien avoir entre nous. Un regard d'une tristesse absolue courut le long de son corps avant qu'il ne se pose à nouveau sur l'enfant de 2 ans. « Va commencer ton château, j'arrive. » Je me sentais impuissant, et plutôt que de dire quoi que se soit, je partis rejoindre Cali à quelques mètres de là. Je l'aidais avec sa construction de manière assez distraite, parce que je regardais Kara qui était sur sa chaise de plage. Est ce que les choses allaient s'arranger entre nous un jour ? Je l'espérais sincèrement.

« Vous m'avez manqué. » Dis-je en reprenant Cali contre moi pour un bisou bruyant sur sa joue. C'était plus simple de lui dire à elle qu'à sa mère.

T’étais partie en trombe suite à une dispute avec Asher. Vous ne vous disputiez quasiment jamais et chaque fois, ça rendait les choses encore plus difficiles. Il ne t’avait pas écrit et tu ne lui avais pas écrit. Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Il n’y avait pas beaucoup de monde sur la plage et tu te demandais si tu allais le voir, lui, grand et beau. En le voyant au loin, t’avais l’impression que ton cœur avait raté un battement, voir même deux. Il fallait dire que Cali t’avait aussi mis sur la piste en criant le nom du brun avec les bras dans les airs et une démarche chancelante. Il l’étreignait et tu esquissais un sourire de les voir tous les deux. Si seulement elle avait pu être de lui, Cali. Si seulement, tu avais pu prendre des décisions raisonnables dans ta jeunesse, mais non. Tu t’étais mariée à Myles et t’avais crée Cali avec lui. C’est ce que tu as toujours pensé. Tu le regardais se dessiner à tes côtés alors que ta fille gazouillait gaiement. À ses mots, tu ne peux retenir un sourire. « Ça fait plaisir. » Dis-tu plus par gentillesse que parce que tu le penses vraiment. Quelque part, tu gardes pas rancune mais tu te questionnes un peu sur tout ça.

Tu lui rendais son regard triste que tu partageais. Deux âmes tristes partagées. Tu te réinstalles dans sa chaise et tu affiches une mine triste. T’as jamais aimé la dispute. Tu te lèves doucement et tu vas l’étreindre. « À moi aussi. » lui dis-tu alors que tu es dans ses bras. « Pourquoi tu cherches tant à t’éloigner? » Que tu lui demandes avec les yeux dignes d’un cocker. T’as une boule dans la gorge parce que t’arrives pas à le comprendre. « J’ai besoin de toi près de moi. Et Cali aussi, elle a besoin de toi. » Que tu lui dis pour renforcer ton point. « T’es ce qui se rapproche le plus d’un père pour elle. » C’était vrai. Son propre père devait la voir une ou deux fois par mois tout au plus. Il ne l’avait jamais réellement désirée comme toi tu l’avais désirée. Tu n’arrivais pas à t’imaginer une vie sans Asher.

L'ambiance entre Kara et moi était très étrange, nos regards tristes traduisaient la détresse de notre réalité. Nous étions incapable de communiquer comme avant et la situation s'enlisait. Pour être tout à fait honnête, c'était en grande partie de ma faute car je faisais tout pour la tenir à distance. Notre dernier point d'accroche était Cali et tout l'amour que nous lui portions.
C'était d'ailleurs vers cette dernière que je m'étais automatiquement installé. Je me concentrais sur la petite fille, la couvrant d'un regard protecteur, profitant parfois de sa proximité pour la prendre dans mes bras et l'embrasser sur la joue. Je l'aimais comme si elle avait été mienne. J'avais plus de facilité à lui dire les choses que lorsqu'il fallait le faire face à sa mère.

Kara me surpris en venant m'éteindre, je ne m'y attendais pas, mais il ne me fallut pas longtemps avant d'avoir mes bras autour d'elle. Nous nous serrions fort, nous en avions tous les deux besoin. Alors quand elle se recula un peu pour me poser cette question fatidique, je ne pus lui répondre qu'avec beaucoup d'humilité. « J'ai peur de ne pas être à la hauteur. De te perdre. De perdre Cali. » Les mots qui suivirent me touchèrent profondément. Heureusement que la petite ne nous calculait pas, car sinon elle aurait pu voir les quelques larmes de joie qui s'était installées dans mes yeux. « Je l'aime. » J'aimais aussi la brunette, mais ce n'était pas aussi simple de lui avouer.

Le silence s'était installé, mais elle n'avait pas bougé pour autant. Toujours dans mes bras, je sentais son souffle chaud dans mon cou, du bout des doigts je caressais le bas de son dos... Elle était parfaite à tout point de vue. Mes lèvres se posèrent une première fois sur sa crinière brune, puis d'une main je lui fis relever le visage. Je la regardais avec une tendresse infinie et je fis ce que j'aurais du faire depuis longtemps. Un baiser tendre sur ses lèvres, lourd de significations. Après ça j'eus du mal à lui redonner de l'espace et mon font vint se poser contre le sien. « Je veux passer ma vie avec toi et Cali. »

Incapables de vivre l’un sans l’autre. C’était comme ça entre eux. Il lui manquait et elle devait lui manquer tout autant. Asher avait toujours été très instinctif avec Cali, parfois plus que toi. Tu jalousais un peu ça parce que c’était ta fille, pas la sienne. C’était celle de Myles aussi. Il pouvait bien se remettre en question comme paternel… Puis après, Calista lui rendait bien tout l’amour qu’il lui portait. C’était comme s’ils étaient faits pour être ensemble. Son étreinte te faisait du bien, Kara. T’avais besoin de lui plus que de toi-même. Tu lui lances un regard empreint d’empathie. « Tu sais, c’est ce que je me dis tous les jours de ma vie. » Et si plus tard, Cali disait que tu étais une mauvaise mère? Qu’elle partait pour vivre sa vie avec quelqu’un d’autre? Qu’on te retirerait sa garde. Tu pouvais pas supporter ces idées. Tu hochais la tête. « Alors, tu seras à la hauteur pour elle. » Confiais-tu simplement. C’était bien comme ça que tu faisais toi… T’étais pas la mère modèle non plus. Ta voiture te lâchait plus souvent qu’autrement. Tu sortais le soir et la nuit pour chanter, pour travailler. Tu envisageais même prendre des cours du soir pour pouvoir faire autre chose de ta vie, pour voir davantage ta fille.

Tu étais immobile dans tes bras, comme si ça te réconfortait. L’homme caressait ton dos et tu relevais finalement le visage. Il t’embrassait. T’avais des papillons dans l’estomac. Vos fronts se déposaient l’un contre l’autre. Tu te reculais après quelques instants, malgré ses aveux. Tu passais ta main dans ta chevelure, un peu mal à l’aise de tout ça. « Tu dois passer ta vie avec nous. » concluais-tu alors que tu regardais autour de toi couleur pivoine. Tu cherchais un échappatoire. Ça pouvait pas se faire comme ça Asher et toi… Pas sur le coup de la dispute. Doucement, tu lui déclares : « Ça ne doit plus arriver, Ash. » Que tu lui dis. Tu refusais que ce soit comme une réconciliation mal placée. Tu tremblais doucement. Il pouvait pas jouer avec tes sentiments comme ça, pas aussi facilement. T’allais le supplier pour qu’il ne te fasse pas de fausses illusions, mais même ça, ce serait de t’en créer de fausses illusions. Tu te tournes vers Cali. « On fait un château? » que tu demandes avec un faux air enthousiaste en tentant d’essuyer discrètement une larme.

J'en rêvais depuis longtemps de ce baiser et il fut à la hauteur de mes espérances... Par contre le revirement de situation effectué par Kara juste après me mit KO. Je devais être là, mais je ne pouvais plus l'embrasser ? Je ne comprenais plus rien. La brunette jouait avec sa fille pour me fuir, m'empêchant totalement de lui parler de ce qu'il venait de se passer. J'aurais surement lâcher l'affaire en temps normal, seulement cette fois c'était le coup de trop pour mon cœur. « C'est si dur pour toi d'accepter ce que je ressens ? » Dis-je brutalement sans lui laisser le choix que de m'entendre. Je ne vis qu'après la larme au coin de son œil. Je me sentis bête, surtout quand Cali demanda pourquoi j'étais en colère contre elles. « Pour rien ma belle. Pour rien du tout... » Je n'aurais jamais du l'embrasser, j'avais mal interprété son étreinte et à présent nous étions de nouveau sur la case départ. « Je pensais que c'était réciproque. »

« Je vais aller à l'eau. » Murmurais-je en attrapant ma planche de body board. Je ne pouvais pas rester près d'elles quand j'avais envie d'hurler toute ma peine au monde entier. Je pouvais sentir la déception dans le regard de Kara... Alors que j'allais m'éloigner, Cali décida qu'elle voulait venir avec moi - c'était quelque chose que l'on faisait souvent ensemble -. Elle devait sentir que depuis quelques temps les choses avaient évoluées pour le pire entre sa mère et son tonton de cœur, mais elle jouait la carte de l'ignorance pour nous épargner. « Ta maman veut que tu construises un château de sable avec elle. Peut être une prochaine fois. » Lui dis-je sans grande conviction. A moins d'un miracle, il n'y aurait plus de prochaine fois. J'avais scellé mon destin avec ce baiser maladroit.

Tu en rêvais toi aussi de ce baiser. T’aurais préféré un autre contexte où t’aurais été plus sûre de toi. Plus en contrôle de tes moyens et surtout, certaine de l’issue que tu convoitais. Parce qu’après tout, est-ce que t’étais réellement prête à laisser cette amitié précieuse de côté pour aller dans une relation? Ton cœur se torturait lui-même. L’homme te questionnait en parlant d’accepter ce qu’il ressent. Tu rougis et tu bafouilles quelques mots inaudibles. « Et moi, ce que je ressens, on s’en fout ? » Que tu lui demandes à ton tour. T’as les yeux remplis d’eau, t’as rêvé de ce moment presque toute ta vie et là, t’es en train de tout gâcher. Cali questionne avec douceur, tu prends ta fille dans tes bras et tu la caresses avec douceur alors qu’Asher disait qu’il ne se fâchait pour rien. T’aurais voulu lever les yeux au ciel, mais ils étaient plein d’eau. Tu t’abstiens donc de mettre de l’huile sur le feu. Tu relèves ton regard alors qu’il te confiait ce qu’il pensait : que c’était réciproque. Ce l’était.

T’as pas eu le temps de répondre qu’il disait qu’il irait à l’eau. Après tout, qu’est-ce que tu pouvais bien répondre à ça? Il n’avait pas tord. Tu lui lances un regard triste, impuissante. Cali avançait vers Asher et quelque part, tu te disais qu’elle avait déjà choisit son clan. Tu soupires avec douceur. « Emmène-la avec toi, Ash. » que tu lui demandais alors que tu jugeais toi-même du pourquoi il l’emmènerait. T’avais besoin de réfléchir. T’avais besoin de penser vers où tout ça te mènerait. Une conversation claire allait devoir s’imposer, mais tu n’étais pas bien certaine d’être prête à ça.

Ce n'était pas nous, ça ne nous ressemblait pas de nous déchirer comme ça. J'avais envie - besoin - de retrouver Kara comme avant. Ma meilleure amie me manquait, notre complicité et la tendresse si simple qui nous unissait auparavant... C'était bien trop compliqué, chaque pas que je faisais vers elle était hasardeux et le plus souvent une erreur monumentale. Peut être que nous n'étions pas fait pour s'aimer, que notre histoire devait s'arrêter à une belle amitié. Non... Parce que si j'étais sincère avec moi même, je savais que j'aimais cette brunette et qu'il me serait impossible de revenir en arrière maintenant que j'avais ouvert les yeux sur mes sentiments.

« Tu sais bien que non. » Elle était au bord des larmes, ma voie était rauque, et au milieu de tout ça Cali gardait son innocence. Je finis par me lever pour aller vers l'océan, mais la petite voulut me suivre. Ce n'était pas dans mon intention de la ravir à sa mère, surtout après tout ce qu'il venait de se passer. « Tu es sure ? » Je compris en croisant son regard qu'elle avait besoin de temps pour se recomposer et j'étais prêt à lui accorder ça. Je pris donc la petite avec moi pour aller jouer dans l'eau. Ce n'était pas facile de sourire devant elle quand j'aurais voulu moi aussi m'enfuir loin de cette situation toxique.

Cali avait bien joué dans l'eau. Elle m'avait demandé de l'emmener assez loin pour pouvoir glisser sur les vagues. Son rire d'enfant avait réussi à me redonner un peu le sourire et ça m'avait fait du bien. L'avoir pour moi avait toujours cet effet, elle était un petit rayon de soleil. Il était cependant grand temps de la ramener à sa mère, car elle commençait à avoir froid. Je la pris donc par la main pour retourner vers Kara qui nous attendait. « Elle va bientôt nager, elle a fait beaucoup de progrès. » Dis-je pour nous permettre de communiquer à nouveau sur un terrain neutre. Car si ma réflexion m'avait fait comprendre quelque chose, c'était que nous n'étions pas du tout prêt pour ce que nous ressentions.

Se déchirer, c’était le terme. Tu soupirais avec douceur en passant ta main maladroitement dans tes cheveux. Ça compliquait tellement la donne tous ces sentiments. Des sentiments amoureux, des sentiments amicaux, des sentiments d’attachement profond en plus du désir de rester amis. Tu pouvais pas le supporter qu’Asher s’éloigne. T’avais besoin de lui dans ta vie. Il assurait pourtant ne pas se foutre de tes sentiments et pourtant, c’était bien ce que tu avais l’impression à ce moment précis. Mais Asher n’était pas égoïste et tu le savais mieux que quiconque. T’avais besoin de cette amitié, Kara. T’avais besoin qu’elle ne déroge pas que pour un temps. Tu hochais la tête alors qu’il te demandait si tu étais certaine. Puis, t’étais sûre qu’Asher allait se radoucir avec la présence de Cali.

L’enfant s’était amusée et tu la regardais au loin, ton cœur de maman comblée. T’avais de la chance d’avoir Asher dans ta vie, mais Cali en avait encore plus. Ton cœur se serrait davantage. Ça t’en faisait presque mal. Lorsque tu la retrouvais, elle grelotait. Tu attrapais sa serviette de plage pour l’entourer et la frotter pour lui redonner de la chaleur. « Oh dis donc, t’as fait ça comme une grande! » que tu t’exclames alors que l’enfant ne cesse de rire. Une enfant des vagues. Tu hoches la tête devant Asher qui te dit qu’elle nagera bientôt. « T’as entendu, Cali? Tu vas nager bientôt. » Tu lui laisses sa serviette sur son corps et le capuchon sur sa tête. Tu attrapes ton sac de plage et tu en sors une collation que tu ouvres et que tu tends à ta fille qui va la dévorer comme jamais. « Ash, j’ai besoin que tu sois là pour moi et pour Cali aussi. » que tu lui dis finalement une fois que l’enfant se concentre sur la nourriture. « J’ai besoin que tu me laisses le temps qu’il faut pour… process tout ça. Mais j’ai pas envie de te perdre et j’ai pas envie que Cali perde ce qui ressemble le plus à un père pour elle. » Que tu admets. T’étais même prête à faire la garde partagée s’il fallait. Tu passes une main sur la tête de la petite. Tu rajoutes une serviette autour d’elle pour l’empêcher de grelotter puis t’en tends une à Asher. « Je sais ce que tu ressens, Ash. Je sais ce que je ressens aussi… Mais entre les deux, il y a un monde. » Que tu soupires finalement, le regard vers le sol, gênée. Tu venais tout juste de te sortir des papiers de divorce... T'avais un peu besoin de souffler. T'avais pas besoin d'un rebound.

Être avec Cali au milieu des vagues avaient eu effet apaisant sur moi. Je ne comprenais toujours pas ce qu'il m'arrivait quand j'étais avec Kara, mais j'étais au moins plus calme que tout à l'heure. Je revins même avec le sourire près de la brunette, lui expliquant avec fierté que la petite était à deux doigts de nager. J'avais appris à la mère à nager et c'était au tour de la fille, peut être qu'un jour je ferais de même avec les enfants de cette dernière.

Kara enroula sa fille dans une serviette avant de lui donner le gouter, elle la félicitait et je pouvais voir la complicité entre ces deux là. Elles étaient parfaites en tout point. Une fois fini, la jeune femme revint vers moi avec un air sérieux et pendant une seconde j'eus un peu peur de ce qu'elle allait m'annoncer. Elle ne passa pas par quatre chemins, elle mettait les choses à plat afin que nous arrêtions de nous prendre tout le temps la tête. Elle n'était pas prête, tout simplement, elle voulait juste que nous restions comme avant pour le moment. Je pouvais faire ça pour elle. « Ok. Je suis désolé pour tout ce que je t'ai fait. Je ne voulais pas qu'on se déchire ainsi. » Lui avouais-je en attrapant la serviette qu'elle me tendait. « Je serais toujours là pour vous. Quoi qu'il arrive je serais là... » Dis-je en regardant Cali, puis Kara. Elles faisaient parties de ma vie, je ne pouvais pas les abandonner, ce n'était même pas une option. « Souris. C'est finit. » Nous avions été deux grands idiots et pour l'aider à oublier sa gêne je la pris dans mes bras - sans aucun malentendu cette fois -.

Tu apprivoisais l’eau depuis que tu étais en Australie, au point tel où ton corps te réclamait une baignade quotidienne. Tu te rendais compte que ta fille aussi était comme ça. Principalement avec Asher, mais avec toi aussi. Les soirs de bains étaient toujours merveilleux et calmes, comme l’eau avait un impact sur nous. Tu n’imaginais pas encore ta fille avoir des enfants, elle était toute petite dans ta tête. Elle n’arrivait même pas à aller à la salle de bain toute seule et tu changeais toujours ses couches. C’était un monde de différence.

Il s’excusait pour ce qu’il avait fait. Tu secouais la tête. « Je sais, t’en fais pas. C’est normal. » Que tu lui dis. T’as toujours été forte, t’as toujours mis les points sur les i et les barres sur les t. Tu allais le faire toute ta vie, ce n’était pas ton meilleur ami qui allait te faire faire le contraire. L’homme confirmait qu’il serait toujours là pour nous deux et cette fois, tu le retrouvais vraiment. Tu l’enlaçais, une nouvelle fois et tu le serrais très très fort. T’avais besoin de lui. « J’ai besoin que tu sois là. La vie serait pas la même sans toi. » Que tu lui dis honnêtement. Asher te demandait de sourire, c’était terminé. La tempête était terminé et la température était redevenue calme. Tu soufflais doucement, ça te faisait du bien. « Tu veux des morceaux d’ananas et de melon d’eau? J’en ai dans mon sac. » Que tu lui dis de tout sourire en t’installant de nouveau sur la couverture où était Cali qui gazouillait en tapant des mains avec son melon d’eau. Tu ris doucement et tu vas chercher le plat que tu tends à Asher. « T’as envie qu’on mange ensemble, ce soir? J’serais partante pour un barbecue moi… »

Kara avait été claire. Elle n'était pas prête, alors j'allais arrêter de l'embêter avec mes sentiments et attendre. Ça n'allait pas être simple parce que mon regard sur elle avait changé. J'acceptais enfin ce que je ressentais, il était temps en même temps. Depuis le lycée nous étions collés l'un à l'autre, nous avions vécu bien des choses ensembles... Puis maintenant il y avait Cali et nous n'avions pas le droit de nous déchirer devant elle. Je n'étais peut être pas son père, mais je faisais parti de sa vie - et inversement -, j'avais une certaine conduite à tenir.

Le calme était revenue et nous avions retrouvés un sujet qui nous plaisait à tous : la nourriture. La grande brunette nous proposait à manger et nous ne pouvions pas lui refuser ça, alors dès qu'elle ouvrit la boite Cali et moi en prirent. « Trop bon ! » Dis-je en léchant mes doigts pour rattraper tout le jus qui y avait coulé. De nouveau joyeux, les évènements d'avant oubliés, je prenais Cali entre mes jambes pour la câliner pendant ce gouter agréable. « Je ne peux pas ce soir, je dois finir une commande importante; Mais si tu veux on se fait ça en fin de semaine prochaine. » C'était la folie en ce moment à l'atelier, et si je m'étais accordé une pause cet après midi, c'était en me promettant de bosser toute la nuit pour rattraper mon retard. Je bossais tellement que j'en oubliais de nourrir mes réseaux sociaux, à tel point que je recevais des centaines de messages privés chaque jour me demandant des nouvelles.

« Elle te ressemble beaucoup » Murmurais-je après un long moment de silence que j'avais passé à observer les deux femmes que j'avais avec moi. « Elle a de plus en plus ton visage et tes mimiques. »

Le regard qu’il posait sur toi avait changé avec les années, avec le temps, mais surtout compte tenu des circonstances. Tu le regardais comme ça, toi aussi. Seulement, t’étais pas prête à l’admettre. Tu sortais d’un divorce houleux et t’avais envie d’être seule un petit moment. Juste pour te retrouver toi. Retrouver tout ce que t’avais perdu dans ce mariage échoué. D’ici là, l’homme sautait dans les fruits frais et toi, t’étais tout sourire. L’homme te confiait qu’il avait une commande importante à terminer. Tu comprenais. Il n’était pas toujours là sur demande. Il devait travailler. Tu hoches la tête à sa proposition avec un grand sourire. « Excellente idée! Bon courage avec cette commande, c’est pour qui? » Que tu lui demandes gentiment pour faire la conversation, mais aussi par curiosité véritable. T’étais consciente que tu en demandais beaucoup à Asher. L’homme change de sujet et tu te mets à rire doucement : c’est ta fille après tout. « Je crois que le fait que son père ne la prenne pas beaucoup doit forcément aider à tout ça. » Tu lui adresses un clin d’œil et tu caresses le dos de ta progéniture sagement. Celle-ci continuant de s’empiffrer de melon.

« C'est pour un restaurant à Brisbane. » Répondis-je avant de mettre un nouveau morceau de fruit dans ma bouche. Il y a quelques années de ça encore, je ne vendais que très localement mes pièces, mais depuis que j'avais percé sur les réseaux, les demandes arrivaient de partout. Brisbane, Cairns, j'avais même la chance de faire la vaisselle pour le restaurant de l'Opéra à Sydney, une dinguerie ! Plus de clients voulait également dire plus de travail et je le ressentais au quotidien. Il m'arrivait de travailler des nuits entières pour finir des projets... Et en même temps n'ayant pas de vie personnelle ça ne posait pas vraiment problèmes.

Cali ressemblait à sa mère, elle avait une grâce naturelle, un beau sourire, ses yeux étaient toujours pétillants... Mais quand elle mangeait je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle me ressemblait un peu. Il ne fallait pas s'interposer entre elle et son assiette et on aurait dit un petit monstre affamé. « Y a que quand elle mange qu'elle me ressemble un peu. » Je n'étais pas son père, mais j'étais plus présent que ce dernier, alors j'avais bien droit de m'accaparer certains de ses traits, non ? Physiquement elle ressemblait à sa mère, de beaux yeux clairs, une peau légèrement halée, des fossettes adorable... J'aimais cette petite depuis le jour où j'avais appris son existence.

« Je vais retourner bosser les filles. Ne faites pas trop de bêtises quand je ne suis pas là ! » Je plaquais un baiser sur la joue de Kara, puis de Cali avant de me relever avec mes affaires. J'étais resté avec elles, 2 petites heures mais ça m'avait fait du bien. Les choses étaient finalement claires entre la brunette et moi et je n'avais plus à me prendre la tête sur ce détail. « Bisous mes beautés. »

Un restaurant de Brisbane aurait l’occasion d’avoir les créations de Asher dans celui-ci. Tes yeux brillaient pour lui.  « Waouh. » que tu souffles avec un sourire. Tu sais tout ce qu’il fait, mais tu sais surtout qu’il met beaucoup d’amour dans ce qu’il fait. L’homme t’évoquait la ressemblance de ta fille à lui-même lorsqu’il mange… Tu fronces les sourcils. Tu te l’es suffisamment fait reprocher et ça s’est soldé par un divorce, clairement, t’as pas envie d’en rajouter. Il se relevait rapidement en nous disant qu’il allait bosser. Tu hochais la tête, compréhensive. Tu le saluais de la main pour que Cali en fasse autant. « Allez bisous, on se retrouve plus tard. »