if it makes you happy (romy)

Tu n’avais pas beaucoup vu Romy depuis son accident. Tu passais chez elle surtout quand tu la savais absente à un rendez-vous pour faire un peu de ménage ou tenter de lui cuisiner quelques trucs. Tu faisais un maximum d’efforts pour l’aider… Mais qu’est-ce que tu n’avais pas de talent en cuisine. Ta fille n’avait aucune chance de s’en sortir avec toi comme mère… Au moins, Asher prenait la relève concernant le barbecue et ça te sécurisait. Tu lui avais demandé de faire quelques plats pour Romy et il l’avait fait avec plaisir. Toi, tu mettais tout ça dans le frigo en espérant que l’estomac sur pattes – Arthur l’adolescent - ne mange pas tout. T’étais dans la cuisine et tu regardais ta petite liste, faire la vaisselle, passer l’aspirateur, laver la salle de bain… Tout était fait jusqu’ici. Il ne restait plus qu’à nourrir les gros chiens qui te suivaient partout. Ils avaient fini par arrêter de vouloir te manger à force d’aboyer et ils t’avaient même appréciée lorsque tu leur donnais à manger avec quelques gourmandises de plus… La porte s’ouvrait au même moment. « Hey, mais t’arrives plus tôt que d’habitude de ton rendez-vous. » Que tu t’exclames en fronçant les sourcils alors que le comité d’accueil canin se précipitent sur sa maîtresse première. « C’est ça! La maître de la maison qui revient et moi j’passe en second plan! » Que tu t’exclames faussement indignée, mais franchement amusée. « Comment vas-tu? » que tu demandes à Romy.

Depuis sa sortie de l'hôpital, Romy courait partout à cause d'examens supplémentaires. Si physiquement, elle s'en sortait plutôt bien – si l'on oubliait l'énorme pansement sur la tête et les ecchymoses qui se laissaient encore voir – dans la tête, c'était autre chose. Aujourd'hui, en pleurs, elle avait avoué aux médecins qu'il lui arrivait d'oublier beaucoup de choses. Qu'elle avait des trous de mémoire et des trous noirs où elle se retrouvait dans une pièce sans savoir ce qu'elle faisait là. Elle avait préféré ne rien dire à son entourage, ne voulant pas leur causer plus d'inquiétude. Mais elle se faisait un sang d'encre. Son dernier rendez-vous ayant été reporté, elle s'empressa de rentrer chez elle. Elle ne faisait plus que cela : hôpital, maison, maison, hôpital. Heureusement, il y avait ce projet de week-end avec Thomas et Arthur qui la poussait à prendre le quotidien plus légèrement. Quand elle arriva devant sa porte, elle fut surprise de voir celle-ci ouverte. Avait-elle oublié de la fermer ? Très vite, ses chiens vinrent la saluer. Mais ce fut une voix féminine qui la fit sursauter. Elle posa une main sur sa cage thoracique, son cœur battant à mille à l'heure. « Kara ! Tu m'as fait peur ! » Mais elle se mit à rire ensuite quand cette dernière s'indigna du comité d'accueil que lui faisait ses chiens. Romy s'avança jusqu'à son amie, esquissant un léger sourire à sa question. « ça va et toi ? » répondit-elle, avant d'enchaîner. « Mais qu'est-ce que tu fais là ? » Elles avaient chacune les clés de leurs maisons respectives, en cas de souci. Mais en voyant le balai qui traînait à proximité de son amie, Romy s'interloqua : « Ne me dis pas que c'est toi qui passes en douce à la maison ? » Elle n'était pas bête, Romy. Elle avait bien vu les petits plats dans le frigo, la maison rangée et nettoyée. Mais elle n'avait pas su qui était l'âme bienveillante, ses soupçons s'arrêtant sur plusieurs personnes.

Tu voulais aider ta meilleure amie comme tu le pouvais et bien que tu ne pouvais pas toujours l’accompagner, au moins, tu pouvais l’aider dans son quotidien. La belle rousse ne t’avait pas tout dit. Tu la voyais sursauter et tu affichais une mine désolée. « Pardon, je ne voulais pas te faire peur. » Que tu lui dis avec un sourire désolé. Elle te répondait que ça allait rapidement et te retournait la question. Tu rougissais. « Je faisais un peu de ménage pour te donner un coup de main. » que tu lui disais gentiment. Après tout, elle n’allait pas t’attaquer, right? La rousse réalisait qu’elle passait en douce à la maison. Elle pouffait de rire. « Oui, ça m’arrive. Mais c’est juste pour te donner un coup de main… Pour pas que tu t’épuises et que tu en fasses trop. » Que tu lui dis avec un air bienveillant. « D’ailleurs, les plats, ça va? Y’en a que tu as préféré à d’autres? » Maintenant que le chat était hors du sac, tu pouvais bien lui poser quelques questions. « Je nous prépare de la limonade fraîche? » Suggérais-tu avec un sourire en espérant que Romy se décontracte un peu.

Romy avait bien remarqué que la ménage de la maison était fait et bien fait, que de bonnes gamelles se trouvaient dans son réfrigérateur mais elle ignorait encore l'identité du bienfaiteur. Ce qu'elle savait, c'était que cela lui faisait un bien fou, lui donnant les heures nécessaires afin de se remettre en forme. Toutefois, quand elle rentra de son dernier rendez-vous, elle ne s'attendit nullement à voir quelqu'un au beau milieu de son salon. Aussi sursauta-t-elle, menant directement sa main vers sa cage thoracique où son cœur battait à mille à l'heure. Kara. Elle avait désormais sa bienfaitrice, son ange gardien. Quand son amie confirma que c'était bien elle qui venait faire le ménage, se justifiant aussitôt, Romy esquissa un large sourire, touchée. « T'es un ange. » dit-elle avec émotion. « Moi qui croyais que c'était mon ado, j'aurais dû me douter que je ne le verrais jamais avec un balai en main. » enchaîna-t-elle en riant. Quand Kara lui demanda ce qu'elle avait aimé davantage, la blonde garda son sourire sur les lèvres. « Si je dis tout, ça fonctionne ? C'était tellement bon. Je me suis régalée. Même Arthur a dévoré les légumes. » Et Kara savait que c'était loin d'être gagné. Sereine, Romy avança jusqu'à son amie, hochant doucement la tête quand elle lui suggéra une limonade fraîche. « Je veux bien, oui. » Mais avant que son amie ne s'éloigne, Romy l'arrêta, s'avança jusqu'à elle et l'étreignit avec émotion.  « Merci. Merci mille fois. » souffla-t-elle en la relâchant. Armée de ses citrons et de son couteau afin d'aider à l'élaboration de cette limonade, la blonde redressa la tête vers la jeune femme. « Qu'est-ce que tu me racontes de beau ? » La dernière fois qu'elles s'étaient vues, Romy était très fatiguée. La discussion avait donc été très courte, à son grand dam.

Tu savais que ce que tu faisais pour Romy, elle te rendrait la pareille si elle en avait la chance. Tu espérais que ça l’aide dans sa remise en forme, dans tout ce qu’elle faisait à dire vrai. Elle te catégorisait comme un ange et tu secouais la tête négativement avec un geste de main pour lui faire signe d’oublier ça. « Je crois que tu peux faire ton deuil pour quelques années, encore. » Que tu lui souffles en riant. Après tout, ta frénésie du ménage s’était gagnée dans la vingtaine, pas avant. Il avait bien le temps, Arthur avant de faire du ménage. « Oh tant mieux, je suis contente! Je passerai le message à Asher. » Que tu lui dis avec un grand sourire en lui adressant un clin d’œil concernant son fils. « Il va tellement avoir la grosse tête qu’il ne passera plus dans les cadres de porte! » Que tu dis en riant. Asher pouvait se montrer un peu vaniteux à ses heures, mais tu ne l’appréciais que davantage. Alors que tu allais t’occuper de la limonade, ton amie t’étreignait doucement et tu lui rendais son étreinte. « Arrête, c’est la moindre des choses. Si je peux en faire plus, fais-moi signe. » que tu lui dis avec un sourire. Tu coupais les citrons un à un que tu tordais peu de temps après. Tu soupirais en réfléchissant. Est-ce que tu le disais à Romy? Tu te mordillais la lèvre, hésitante. « Heum… En faiiiit, pas grand-chose. Cali va bien, elle va au jardin d’enfants, ça se passe bien. Elle est calme ces temps-ci. » Que tu lui dis, songeuse. Ça te faisait du bien qu’elle soit aussi calme, en fait. Puis y’avait autre chose, tu rougissais et Romy devait bien se douter de ce qui se tramait… « Et Asher et moi… On… » Tu rougis et tu cherches les mots pour aller de l’avant sans trop choquer les oreilles de la blonde. « On a… couché ensemble. On était ivre. » Tu aurais pu lui dire que vous aviez fait l’amour plus d’une fois, mais t’allais pas tout dire ça d’un coup, si? « Oh et tu te souviens de l’opossum dans mon jardin? J’avais tellement peur pour Cali qu’un homme est venu l’abattre. Et j’me sens un peu coupable, parce qu’il devait avoir une famille, des amis… Peut-être des enfants, j’en sais rien. » Tout ça pour bien dévier la conversation, mais elle n’était pas dupe, Romy. Elle allait revenir sur le sujet et avec raison. « Toi, avec Thomas? » Que tu lui demandes, curieuse. T’avais pas fait de l’équitation depuis un moment, tu n’avais pas beaucoup de nouvelles… Mais tu l’aimais bien, Thomas.

C'était Kara, son ange gardien. Avec l'accident, Romy s'était sentie diminuée. Même si c'était gênant de ne pas être totalement capable de gérer maison, bouffe et enfant, il fallait avouer que l'aide de Kara avait permis à Romy de penser à son rétablissement. Elle lui était redevable, même si Romy aurait été la première à faire la même chose si Kara avait été dans ce cas de figure. Quand son amie évoqua Asher, comme l'as des fourneaux, Romy afficha un léger sourire en coin entendu. "Asher ? Tu le remercieras chaleureusement, hein..." Elle avait insisté sur le chaleureusement, sachant très bien qu'il y avait quelque chose de fort entre les deux loustics. Mais ni l'un ni l'autre ne l'acceptaient... enfin presque... Alors qu'elles s'attelaient à la préparation de leur citronnade, Romy chercha à connaître les derniers potins dans la vie de Kara. Son regard se fit attendri quand elle évoqua Cali. "Ma petite puce." dit-elle avec douceur. "La prochaine fois, amène-la, elle me manque trop !" Romy était complètement gaga de cette petite. Mais elle n'eut pas le temps d'en savoir davantage que Kara balança une bombe, toute intimidée. Brusquement, Romy redressa la tête et regarda son amie, interloquée quand elle apprit que Kara avait couché à Asher. Mais Kara fit du grand Kara en détournant la conversation, parlant de l'opossum qui vivait dans son jardin. "Ah oui... l'opossum." dit-elle en faisant mine de s'intéresser. Mais voyant que cela ne prenait pas, Kara sortit sa dernière carte en demandant où Romy en était avec Thomas. "Avec Thomas ? ça va. Il va bien." Une lueur malicieuse se laissa entrevoir dans son regard vert. Elle ne répondait pas à la question et elle le savait pertinemment. Romy n'allait pas se laisser avoir aussi facilement. Elle laissa tomber le citron qu'elle était en train de couper, posant le couteau à côté et lâcha du tac-au-tac, grand sourire sur les lèvres et haussements de sourcils appuyés. "Alors... Asher et toi ? C'était bien ?" Elle poussa même le vice en s'appuyant sur le comptoir, sa main tenant sa joue, confortablement installée pour les confidences. "Dommage qu'il ait fallu attendre que vous soyez ivres pour vous sauter dessus..."

Tu ne faisais rien de mal consciemment, tu voulais simplement aider ta meilleure amie d’une certaine façon. Tu ne savais pas comment, mais t’avais simplement déduit qu’elle aurait besoin d’aide pour le ménage et toi, ça te faisait du bien de pouvoir l’aider. Romy insistait bien sur le chaleureusement et tu levais les yeux au ciel. « Oui oui, promis. » que tu lui promettais presque trop sagement. Romy demandait que pour la prochaine fois, tu l’emmènes. « Je saiiiiis, elle adore trop sa marraine. Elle serait fâchée d’ailleurs que j’sois ici sans elle. » Mais le ménage était plus productif sans la petite chipie qui courrait derrière les chiens et qui semait la pagaille derrière son passage. C’était plus optimal. En attendant, Romy avait soudainement pris de l’intérêt lorsque tu mentionnais la présence d’Asher dans ta vie, que celle-ci avait pris une nouvelle nature. Pas même l’opossum ou Thomas n’arrivait à détourner la conversation.

« Alors… Asher et toi? C’était bien? » Tu levais les yeux au ciel et tu soupirais. « C’était trop bien, justement. Tu sais à quel point il me plait, mais à quel point je ne veux pas gâcher notre amitié pour un truc bref… Puis, il serait le copain idéal, il connait déjà Cali, il aime mon cercle social… Bref. » Tu soupires en passant ta main dans tes cheveux et tu ramasses le citron qu’elle avait fait tomber quelques instants plus tôt. « Je savais que ça allait être bien avec Asher. Ça l’avait déjà été y’a quelques années, mais là… c’était magique, Romy. » Que tu lui disais avec émotion. « Pourquoi c’est toujours quand on est ivres que ça arrive. Toi, avec Thomas, ça te faisait pas ça, genre te faire perdre la tête et toute notion du raisonnable, si? » que tu lui demandais sans trop savoir dans quoi tu t’embarquais. C’était tellement différent avec Asher… T’étais pas certaine si t’étais prête à admettre tous ces sentiments.

« Je ne te balancerai pas à Cali, alors. » lâcha-t-elle, avant d'ajouter : « Mais la prochaine fois, vous passez la soirée avec moi. » Sans ménage, sans aides, juste pour une soirée entre filles, avec cette petite princesse qui savait remettre du baume au cœur de Romy. Mais là, Kara aussi arrivait à lui changer les idées. Son amie venait avec des potins. Des potins très croustillants. Asher et Kara avaient remis le couvert.Et si elle croyait qu'un opossum ou Thomas allaient dévier son attention, c'était raté. L'oeil malicieux, Romy attendit les détails, s'installant pour montrer qu'elle avait toute sa concentration. La blonde ne put retenir son sourire quand Kara affirma que c'était bien, trop bien même. Mais elle tiqua sur quelques mots. « Un truc bref ? » Elle croyait vraiment qu'eux deux, ça pouvait être un truc bref ? Les compliments que Kara lâcha ensuite montrait tellement qu'il y avait plus entre eux. Elle qualifiait même leur relation de 'magique'. « Tu as des sentiments pour lui... pas vrai ? » demanda-t-elle, avec douceur, constatant toute l'émotion qui émanait de la jolie brune. Face à sa dernière question, Romy esquissa un sourire : « J'ai quitté l'Australie, fait un enfant et je me suis mariée alors que j'avais tout juste 18 ans. Avec Thomas, j'avais oublié toute la notion du raisonnable, oui. » dit-elle d'abord. « On m'avait dit que j'avais perdu la tête mais je m'en fichais. Avec lui, j'étais prête à sauter dans le vide. C'était risqué, oui, mais on a bien fait. Il m'a fait vivre les plus belles années de ma vie. » Elle marqua un temps d'arrêt, nostalgique, avant de regarder son amie : « Tu réfléchis trop, Kara. Si tu sens que c'est le bon, fonce. Il y a quelque chose entre vous, c'est indéniable. Vous êtes peut-être en train de perdre du temps et des moments précieux avec tous ces non-dits... »

Elle ne te dénoncerait pas à ta fille chérie, en même temps vu votre relation, elle n’allait jamais t’en vouloir bien longtemps. Vous étiez une sorte de Lorelai et Rory des temps modernes. Enfin, avec une meilleure alimentation et ta petite Rory était âgée d’à peine quelques années. Tu voyais bien l’évolution de votre relation un peu plus tard. « Promis. » Rajoutais-tu à l’attention de la blonde. « Un truc bref, une fausse relation, un plan cul un… j’sais pas, une relation qui échoue? Un truc bref. » que tu répètes alors calmement Lorsque la blonde te demandait si tu avais des sentiments pour lui tu rougissais vivement. « Je crois que oui… » Disais-tu à mi-voix. C’était la première fois que tu te l’admettais et que tu l’admettais à quelqu’un. Tu l’écoutais te partager une partie de sa vie. Elle avait déjà oublié la notion du raisonnable… Le saut dans le vide, tu ressentais des papillons s’agiter dans ton estomac. « C’est tellement mignon dit comme ça, mais avec Asher, on n’a plus 16 ans, 18 ans… Puis, j’ai Cali maintenant. » Comme si ton enfant allait t’empêcher de quoi que ce soit avec l’homme le plus merveilleux qui soit. Romy te disait que tu réfléchissais trop. Elle avait sans doute raison. « Pourquoi est-ce qu’on pense au bon comme un prince charmant? » La blonde te disait qu’il y avait quelque chose entre vous deux et que c’était indéniable. Tes joues prennent une première teinte de rose, puis une deuxième plus intense lorsqu’elle te dit que vous perdez du temps. Tu soupires et tu passes une main dans tes cheveux. Tu gémis : « Mais j’ai pas non plus envie de courir le risque de perdre mon meilleur ami et que ce soit awkward. » ouais voilà, c’était ça que tu ne voulais pas.