Leurs os sont maintenus ensembles par leurs peurs et leurs cauchemars. ft Ruby Rosebury-Stawski

Sans s’y attendre, Theodore était revenu dans la vie de la brune. Alors qu’elle pensait passer une après-midi plutôt calme à l’hôpital, elle se retrouvait à courir en gérontologie pour trouver le perfect match avec Theodore. C’était un jeu stupide qu’elle allait gagner si Theodore revenait avec Josie. Elle était adorable, mais Ruby ne se voyait pas comme elle dans quelques années. Surtout que la grand-mère avait un caractère totalement de Ruby. Plutôt indépendante, Ruby savait mettre les distances avec les personnes ce qui n’était pas le cas de Josie. Il était fort Theodore. Ruby ne se méfiait pas assez pourtant elle était face à un grand illusionniste. Son pardon, elle pouvait toujours l’attendre, même s’il arriverait un peu plus tard. C’était étrange de le revoir. Sept ans que Ruby n’avait pas remit les pieds à Bowen, il y avait du monde qu’elle aurait pu croiser. Il fallait que ça tombe sur le magicien, le premier homme qui lui ait brisé le cœur et qui n’habitait même plus à Bowen. La vie était ironique quand elle le voulait. Depuis le temps, Ruby avait changé. Plus forte, elle savait répondre au magicien même s’il possédait de nombreux dons. Il arrivait à se faire passer pour le gentil auprès de Mandy et toutes les personnes âgés souriaient en le voyant. Ils animaient l’après-midi. Habituellement, il ne se passait pas grand chose, alors cette grande chasse au sosie de Theodore et de Ruby enchantaient les patients. Il faisait son spectacle alors que Ruby se remettait de ce bluff. Il n’avait pas du tout choisi Josie. Il l’avait induite en erreur et c’était fatal. Surtout qu’il était doué Theodore pour convaincre l’assemblée de voter pour sa Ruby. Sa Ruby riait et défilait pour aider son candidat. « Je te jure tu ne perds rien pour attendre. » Répondait-elle presque en boudant alors que Josh essayait de lui remontrer un peu le moral. Il expliquait les règles et en voyant le visage des patients, elle savait qu’elle avait perdu. Vint sont tour à elle de défendre Josh. Si Theodore avait joué sur les sentiments des patients et la beauté de Ruby, la gynécologue allait utiliser l’humour. « A mon tour de vous présenter Josh. » Josh heureux d’être le centre de t’attention pour une fois souriait, ce qui n’arrangeait pas Ruby. « Souvent bougon, il râle presque autant que Theodore, peut-être qu’avec le temps le magicien apprendra à contrôler ses nerfs. Je vous dis de voter pour Josh parce qu’ils sont identiques. Artistes incompris, râlant au quotidien, on ne peut pas faire plus ressemblant. » Elle priait qu’ils suivent son raisonnement. « Allez y, levez vos mains. » Malheureusement, elle n’eut pas assez de main et Josh riait de bon cœur. « Une prochaine fois Ruby. » Un sourire se dessinait sur ses lèvres avant de se tourner vers Theodore un peu défaitiste. « Bon tu as gagné ! Bravo maître de l’illusion. » Elle lui fit une révérences sous le regard des patients.

Elle ne s’attendait pas à le revoir Theodore. Il était ce genre d’homme qui avait marqué la brune. Un peu trop charmant, mystérieux et surtout drôle, il avait de suite plu à la Ruby lycéenne. Dans ses bras elle s’était sentie vivante et belle. Quel désespoir quand il la quittait avec des mots plutôt durs. Les années étaient passées et Theodore était une parenthèse bien fermée dans la vie de Ruby. Mais le revoir, après toutes ces année donnait à Ruby quelques ondes nostalgiques. Elle était froide et dure avec lui, bien plus qu’avant. Elle avait changé la maman, après avoir vécu des moments compliqués dans la vie, c’était une carapace en pierre qu’elle avait construite autour d’elle. Il en faisait les frais Theodore. L’ayant blessé dans le passé, elle se montrait moins agréable avec lui de peur de se brûler une nouvelle fois. Mais qu’est-ce qu’il était doué. En l’espace de dix minutes, il avait réussi à baisser les barrières de la maman, l’entraînant dans un jeu qui amusait autant les personnes âgés que les deux protagonistes. Le magicien avait bluffé la gynécologue, avec son tour de passe de passe, il avait gagné. Ruby la mauvaise joueuse était piquée dans son orgueil de voir aussi peu de mains se lever. Pourtant son Josh était convaincant pour un portrait caricaturiste de Theodore. Peut-être que ça blessait le magicien même s’il n’était pas vraiment comme ça. Pas bougon, il était trop joueur. Malheureusement, elle avait fantasmé un Théodore plus faux que la réalité. Après la rupture, il était plus facile pour Ruby d’imaginer un homme de mauvaise humeur plutôt que celui qui l’avait fait sourire. Artiste raté ce n’était pas le cas au vue de sa carrière. Mais pourquoi était-il revenu à Bowen alors qu’il vivait une vie parfaite de l’autre côté du pacifique ? Elle souriait Ruby, il avait animé cet après-midi. Habituellement, elle jouait avec eux, écoutant leurs anecdotes. Aujourd’hui, ils avaient bougé, ils avaient ri. Il avait gagné. « Tu es un vrai magicien, tu les as ensorcelé ! » Répondait-elle mais cette fois-ci sans aucune méchanceté. C’était une petite pique de mauvaise perdante, mais il n’avait pas acheté sa victoire. Voir ces patients avec ce sourire si éblouissant rendait Ruby émotive. « Merci à toi. Ils n’ont pas ri ainsi depuis des années. » C’était sincère. Elle riait légèrement quand Josie demandait à son prince de la ramener à sa chambre. Le retour à la réalité était brutal, mais c’était ainsi. « Ne fais pas attendre la reine Josie. Repose toi bien. » Concluait-elle à l’attention de la patiente qui lui gratifiait d’un beau sourire. Appelée par d’autres personnes, la brune se retournait. Papy Loup, comme l’appelait ses petits enfants voulait montrer à Ruby les dessins que ces derniers lui avaient fait. Elle passait le reste de l’après-midi avec eux, mais il était bientôt l’heure de les laisser se reposer et retourner à la dure réalité.
Elle le recroisait Theodore et il la regardait avec ce sourire narquois. « Un défi est un défi ! » Il lui offrait une porte de sortie. Quelques heures avant, elle aurait accepté, mais là c’était tout une autre question. « Je suis libre maintenant si tu veux. » Elle lui souriait timidement avant de prendre la direction vers la sortie de l’hôpital. « Au moins tu n’auras pas besoin de te perdre pour retrouver la sortie. » Elle riait avant de saluer les infirmières. Elle revenait demain. Il fallait qu’elle fasse un petit gâteau pour l’anniversaire d’une de ses collègues, ç’allait lui faire plaisir et elle avait promis de faire son fameux gâteau au chocolat. « Tu reviens mercredi prochain ou c’était juste un essai ? » Demandait-elle avec curiosité. Ça arrivait souvent qu’une personne ne vienne qu’une fois et au final décide de ne pas s’engager.

Elle lui offrait une chance, celle d’aller voire un verre avec lui. C’était peut-être le seul moment où ils pourraient discuter, s’excuser et passer à autre chose. En fait, Ruby voulait juste qu’il admettre qu’il avait agi comme un con et qu’il l’avait blessé. Depuis, elle était passée à autre chose. Elle avait eu une chouette vie, puis elle avait Luke. Ruby avait bien vécu, même si le quelques années avec son mari avaient été trop courts. Ça l’avait un peu changé, même si elle restait très rancunière. Ce n’était jamais bin de blesser la brune, elle pouvait être une tigresse quand elle décidait de se venger de la personne. Ne vous attendez pas à des crasses, non Ruby préférait largement les piques cyniques et ironiques. Elle lui sourit, après tout il avait gagné et de manière très stratégique. Elle aurait ses excuses plus tard. Il avait un peu changé Theodore. En tout cas, il semblait plus ouvert. Evidemment, Ruby était obligée de lui rappeler à quel point elle était gentille de le guider dans l’hôpital. « Arrête de me flatter ainsi. Tu ne connais pas mes collègues. » Elle riait tout en déambulant dans l’hôpital. Elle savait bien que Theodore se serait débrouiller pour sortir du bâtiment, après tout, les sorties étaient indiquées. « Puis tu ferais un piètre magicien si tu n’arrivais pas à sortir. » Ce n’était pas des flatteries, mais la réalité. Il pouvait avoir des défauts, mais on ne pouvait lui enlever ses dons et ses talents en matière de magie. C’était fascinant cette dextérité. Il allait être adoré des enfants, Mandy était déjà sous le charme. Si seulement il revenait. Sa réponse l’étonnait et pourtant elle en était presque sûr. Dans son regard, il avait eu l’air d’apprécier ce geste et de compatir aux histoires des patients. Elle ouvrait la bouche pour répondre, mais il ne lui laissait pas le temps. Ça la faisait rire, Ruby, qu’il se critique lui-même ainsi. « Tu as changé. » Disait-elle simplement. Ils sortaient enfin de l’hôpital. « Avoue que tu as craqué dès que Mandy a dit que t’étais fort. » Elle en pouvait s’empêcher de sourire. Cette petite était une vile manipulatrice, elle arrivait à faire craquer plus d’un avec sa petite bouille. En marchant dehors, Ruby était à l’aise, regardant les passants avec sourire. C’était sa ville, elle connaissait chacun des pavés. Theodore à ses côtés n’était pas aussi à l’aise. Elle vit une petite terrasse, avec quelques personnes. « C’est joli ici, ça te va ? » Demandait-elle avec un sourire.

Elle ne pensais pas découvrir cet homme là. A force de rancœur, elle avait crée une image de Theodore fausse. Agrémenter par les réseaux sociaux, elle s’était contentée de ce portrait peu flatteur. Mais là elle retrouvait le Theodore de son adolescence. Il avait changé, mais il restait aussi fermé qu’avant comme si ouvrir son cœur et ses pensées le rendait vulnérable. Alors que c’était le contraire pour Ruby. Parler de ses sentiments et de ses émotions la rendaient plus fortes, mais elle les taisait. Depuis la mort d’Antoni, cette part de libération s’était évanouie préférant la froideur qu’à la transparence. A l’hôpital c’était différent. Les enfants comme Mandy faisait ressortir le meilleur des adultes, comme s’ils acceptaient qu’une part de vulnérabilité et d’innocence entrent en eux. C’était une invitation que peu de privilégié avaient le droit. Elle lui souriait à Theodore. Peut-être qu’elle avait changé, mais elle ne savait pas si elle préférait la Ruby de dix sept ans ou de trente ans. Mandy était adorable oui. Elle l’avait bien vu dans les yeux de Theodore cette petite peine quand le retour à la réalité avait été brutale. Mandy finirait sûrement sa vie à l’hôpital et ce n’était pas juste. Rien n’était juste dans ce monde et Ruby l’avait appris à ses dépends. « Enfin parfois elle est très têtue. » Pouffait-elle. Combien de fois avait-elle dû sévir un peu avec la fillette pour qu’elle dorme. C’était sa préférée elle ne le niait pas. Même pendant ses gardes, elle venait la voir pour discuter un peu la petite fille. Elle riait Ruby. « Oh ça va ! Tu as apporté des bonbons, ça marche à chaque fois aussi. » Elle plaisantait. C’était une nouvelle ambiance. Se revoir après quatorze ans permettait de se redécouvrir, même si le caractère de Ruby refaisait surface. Ils marchaient dans la rue et elle ne remarquait pas l’angoisse de la foule que vivait Theodore. Pour elle, la célébrité était loin de ses préoccupations. Elle ignorait ce que c’était de marcher dans la rue et de se faire arrêter tous les deux mètres parce qu’on nous reconnaissait. L’anonymat était un cadeau précieux, on pouvait marcher librement sans se soucier de sa sécurité ou du regard des autres. Evidemment les dangers sévissaient mais ce n’était pas comme Theodore. Cette fois-ci, l’anonymat gagnait puisqu’ils arrivaient au bar sans que personne ne les dérange. Il lui tend la carte, mais à la place de lui laisser la liberté de choisir, il parle. Il dit ses mots qu’elle avait attendu. Finalement, il n’avait pas la même saveur parce que dans son cœur elle l’avait déjà un peu pardonné. Mais elle l’écoutait et ce qu’il lui disait la touchait, même plus que ce qu’elle pensait. C’étaient des paroles douces et vraies. Ces mots caressaient Ruby de la meilleure des manières et son sourire commençait à apparaître dévoilant ses dents blanches. Il concluait et elle lui répondait en haussant les épaules. Surement qu’elle lui aurait prit son cœur. Il lâchait la carte et sa main. La chaleur s’évanouissait un peu mais il avait donné à Ruby un précieux cadeau. « Merci ! » Répondait-elle avec honnêteté et reconnaissance. Elle pouvait prendre ce qu’elle voulait ? La brune haussait un sourcil avec d’afficher un petit rictus moqueur. « Dans ce cas là, je vais prendre une bouteille de champagne. » Un rire doux s’échappait de sa bouche avant de se concentrer une nouvelle fois sur le magicien. « Tes mots m’ont touché. Je pense que tu es tout à fait pardonné. » Elle était rancunière certes, mais elle savait pardonné quand les excuses étaient faites avec sincérité.

Ruby pensait qu’on ne pouvait pas être un bon étudiant en médecine sans un esprit compétiteur. Déjà, dès le début des études il fallait se battre avec tous un tas d’étudiants pour arriver à avoir sa place et ensuite, il fallait continuer à se battre pour avoir les meilleurs cas. Cet esprit, elle l’avait Ruby tout en essayant de rester humble. Mais elle était mauvaise joueuse et clairement Theodore avait gagné grâce aux bonbons et à elle. L’utiliser pour gagner des points auprès des patients étaient petits, surtout que Ruby avait un super lien avec eux, prenant sur son temps libre pour faire des jeux ou avoir des discussions. Mais elle avait perdu et elle acceptait la sentence. Il y avait pire quand même. Aller boire un verre Theodore n’était pas une tâche ingrate non plus. Il y a quelques heures, elle lui aurait clairement dit non, mais il montrait un visage inconnu. Jamais elle n’aurait parié à ce que le magicien vienne sur son temps libre pour apporter un peu de joie dans l’hôpital. Avec ses tours de magie il allait bientôt la détrôner. Il fallait qu’elle trouve des idées pour garder cette place ultime dans le cœur des patients. Ils marchaient l’un à côté de l’autre, et sans s’y attendre il s’excusait. C’était des paroles sincères, des mots qu’elle ne pensait pas que Theodore pouvait sortir. En quatorze ans il avait changé et elle commençait à bien l’aimer ce magicien de Las Vegas. Elle ne remarquait pas forcément qu’il était mal à l’aise en public comme si en un instant un passant allait lui sauter dessus. Ils rentrèrent dans un des premiers bars qu’ils trouvèrent. Quel idiot de lui laisser le choix, Ruby et sa fourberie décidait pour rire de prendre la boisson la plus chère. « Tu vas oser boire mon champagne ? » Disait-elle faussement outrée. « Bon d’accord j’accepte de partager même autre chose que du champagne. » Elle lui souriait avec ce rouge au joue. Elle se sentait bien, comme si elle retrouvait un ancien ami. Tout ce temps et cette rancune pour finalement avoir des retrouvailles aussi douces que drôles. Elle lui avait pardonné, aussi facilement parce que finalement Ruby voulait juste qu’il admette qu’il avait eu tort. C’était immature mais au moins il avait reconnu ses torts. « Tu vois j’ai finis par avoir raison. » Disait-elle malicieusement. « Champagne ? » Elle riait alors que la serveuse arrivait pour prendre commande. C’était la fête ce soir et pas que pour Theodore et Ruby. Le bar allait vendre sûrement la première bouteille du mois ou voir de l’année. Mais son sourire s’assombrissait lorsqu’il voulait connaître un peu plus Ruby. Plus tôt, elle l’avait jugé sur le fait qu’il ne connaissait rien d’elle, alors c’était légitime qu’il veuille plus en connaître. « Te vanter, rien que ça. » Elle riait avant de reprendre sa respiration. « J’ai été mariée, j’ai bientôt fini mes études et je serais gynécologue dans quelques mois. » Elle montrait l’anneau à son doigt pour décrire ses mots, cette bague elle n’arrivait pas à l’enlever, ça lui rappelait qu’Antoni avait bien existé.

Il lui payait du champagne, heureusement que Ruby allait partager. Même si dans ses plus mauvais jours elle aurait pu tout boire pour elle. Après tout, il fallait fêter leur retrouvaille, même si elles n’avaient pas été des plus joyeuses au départ. Elle riait, après tout il s’était excusé et Ruby avait encore eu ce qu’elle désirait. « J’espère qu’il est bon sinon on demande le remboursement. » Ce n’était pas la boisson la plus vendue notamment en raison de son prix. Mais il fallait quand même qu’il le soit bon, après tout Theodore allait y mettre de l’argent dans ce pot de retrouvaille. Il y avait cette nouveauté entre eux. Même s’ils s’étaient connus et qu’ils avaient partagé de jolies choses, ils avaient été jeune. Ruby n’était encore qu’au lycée, aujourd’hui c’était une tout autre personne. Ils allaient apprendre à se connaître ou enfin à se reconnaître. Theodore avait peut-être changé aussi, ce n’était sûrement plus ce lâche qui avait rompu brutalement avec la brune. Et elle, maintenant, elle ne donnait plus de coup de poing. Seul Theodore avait eu le privilège de connaître son arme fatale et de pouvoir l’appeler Ruby la boxeuse. Les premières confessions commencèrent, celle du mariage aussi doux que douloureux. « Merci ! » Répondait-elle simplement en regard l’anneau à son doigt. Elle n’arrivait pas à l’enlever parce qu’ils ne s’étaient pas séparés Antoni et elle. Elle riait aux remarques de Theodore, touchée au cœur par ses derniers mots. « Il est décédé … » C’était triste et pourtant elle ne voulait pas apporter des larmes à ces retrouvailles, alors elle sortait ce qui lui passait par la tête. « Rassure toi, t’es encore le seul qui m’a largué comme ça ! » Disait-elle en pouffant légèrement de rire suivi d’un petit clin d’œil. C’était de bonne guerre, mais c’était derrière eux maintenant. « Comment ça ?! Je n’ai pas dis que je payerais mon champagne ! » Elle riait, surtout que ç’allait vite arriver, plus que quelques mois avant qu’elle ne soit officiellement un médecin. « J’invite mes patients, tu sais ce qu’il te reste à faire si tu veux une invitation. » Elle pouffait de rire, comme si Theodore avait besoin de voir une gynécologue. Pour l’instant, elle ne savait pas si elle allait l’inviter, mais dans quelques mois il ferait évidemment partie des invités. Elle prit une gorgée de son champagne, alors qu’il rappelait les vieux souvenirs. Elle riait. « Ah oui je m’en souviens ! Le pire c’est que je l’avais adoré cette carte ! » Elle se souvenait de tout, du jour où il lui avait donné et de l’obsession de l’adolescence qui l’avait relu des jours et des jours. « Je crois même qu’elle doit être quelque part dans les cartons de chez mes parents. » Explosait-elle de rire. « Tu étais un romantique à l’époque quand même ! » C’était simple ces retrouvailles, ils parlaient d’un bon vieux temps qui semblait les rattraper un peu.

Theodore savait qu’il allait retomber sur bien des personnes de son passé dans cette ville, Ruby n’était clairement pas parmi ceux avec qui il espérait un peu reprendre contact. Il se doutait bien qu’elle lui en voudrait, même après toutes ces années, de là à faire des excuses… Il doit avouer que ce n’était pas évident pour lui, quinze ans plus tard, il y a prescription ! Ceci dit c’était plus facile pour de lui de s’excuser pour une maladresse d’ado que ces erreurs actuelles. Il n’avait pas tant changé, mais il savait mieux jouer ses cartes pour s’en tirer dans un coup de poing dans le museau…

Cependant, ça l’amuse assez de fêter ces retrouvaille avec du champagne, comme s’ils avaient attendu ça toute leur vie…  À méditer…

Leur conversation prit une tournure plus sérieuse et sombre, c’est exactement le genre de conversation que Theodore fuit en général. Mais cette fois-ci il tente de réellement s’investir dans cet échange pour le moins… Malaisant. “ C’est tout un art de larguer comme j’ai pu le faire. “ Reconnaissant qu’elle lui tende la perche pour plaisanter. Même s’il a ce petit regard glissé vers elle, celui qui lui dit qu’il a vraiment écouté. La mort, c’est pas un sujet qu’il aime, il a toujours fuit les enterrements depuis celui de son père alors qu’il n’avait que sept ans. Le temps n’a pas arrangé son rapport avec la mort.

“ Ah… C’est embêtant ça, parce que je n’ai même pas de petite amie à mettre enceinte pour qu’on devienne patients ! “ Il sourit amusé, parce qu’on a pas forcément besoin d’être en couple avec quelqu’un pour faire un gamin, mais c’est quand même le schéma idéal. Dixit le type qui a été en couple, mis enceinte sa copine et s’est barré sans la prendre au sérieux… “ Oh eh bien si tu l’as tant apprécié, je me ferait un plaisir de t’en faire une autre. “ Il rit de bon cœur, bien que son rire se tut dès lors qu’elle annonce l’avoir peut-être encore quelque part, il grimace avant de répondre “ Oh je suis sûr qu’elle se plait très bien chez tes parents… Pas la peine de la déranger… “ Bien tenté n’est-ce pas ? Il se cache le visage dans une main, chose qu’il ne fait plus trop souvent parce qu’il est bien rarement embarrassé avant de pouffer de rire “ Romantique ? Non… Non, j’ai toujours été nul, tout le monde sait ça ! “ La réalité est tout autre, un Theodore amoureux, aussi rare que cela puisse être, sait se donner du mal.

« Quelques années, si on m’avait dit qu’on serait entrain de boire du champagne à 17h de l’après-midi je n’y aurai jamais cru. » Avouait-elle. La dernière qu’ils s’étaient vus, Theodore avait fini avec un nez en moins et Ruby avec un mal à la main. C’était avec haine qu’elle avait lâché ce coup hurlant qu’il n’existerait plus pour elle. Ah sacré Ruby de dix-huit ans, elle avait cette fougue et cette confiance. Aujourd’hui ça n’avait pas disparu mais elle contrôlait mieux ses excès de tout. Puis, il s’était excusé et c’ était tout ce qu’elle voulait. Pourquoi en vouloir à un homme de l’avoir largué presque quinze ans plus tôt ? Entre temps, il y avait eu des changements et des évolutions. Theodore était devenu un star à Las Vegas, alors que Ruby avait appris à être maman et gynécologue. Ils avaient chacun vécu des moments de joie et des moments plus tristes. Elle osait s’ouvrir comme à un vieil ami. Antoni faisait partie d’elle, et son alliance qu’elle ne quittait montrait qu’il existait toujours auprès d’elle. Ce n’était pas inconnu, c’était son mari à elle. C’était triste, mais la vie continuait et elle riait avec Theodore. Il avait le monopole de la pire rupture. « C’est sur et tout un art de se prendre un coup aussi violent ! » Il n’allait pas prendre tout les mérites non plus. Pour larguer il fallait quelqu’un qui le soit et dans ce rôle Ruby avait été parfaite. Ils parlaient de sa vie à elle et si jamais il voulait venir à la remise des diplômes, il fallait être son patient. « Ah dans ce cas-là je ne peux rien faire pour toi. » Les hommes pour tout ce qui nécessitait un contrôle par rapport à leur sexe, ils allaient voir un urologue et non Ruby. Les souvenirs communs devenaient le centre de la conversation. Comment oublier cette carte d’amour que Theodore lui avait envoyé. C’était romantique à l’époque. « C’est vrai ?! J’en veux une avec des paillettes. » Elle riait de bon cœur alors qu’elle goûtait ce champagne. Cette carte, elle l’avait encore dans son bazar d’adolescente qu’elle avait laissé chez ses parents. « T’es sûr ? J’en suis sûr que si je la revends à Vegas j’en retirais pas mal. » Ruby n’était pas comme ça, surtout que c’était un cadeau qu’il avait fait avec amour quand il était plus jeune. Ce n’était pas chouette de dévoiler une intimité aux yeux du monde entier. « Tu l’es oui, mais toutes mes copines avaient été jalouses, elle voulait toute une carte de leur amoureux grâce à toi. » Elle s’en souvenait, c’était de chouettes souvenirs, une période où ils étaient encore un peu insouciants.

“ Et en ma compagnie, tu t’en serais peut-être même vexée ! “ Il ne devrait sans doute pas en remettre une couche, mais on peut dire qu’en règle général, Teddy est du genre assez téméraire quand il est question d’humour !

Ils parlent de l’ex-mari de la brune, enfin, le défunt mari. Il ne l’avait pas trop vu venir, il ne sait pas vraiment où se mettre et malgré tout met un point d’honneur à se défiler lorsqu’elle met en évidence le fait qu’il n’est pas à l’aise face à ce genre de chose. Il est d’autan moins à l’aise que l’on pointe ainsi ce qu’il considère comme un défaut, une faille, une faiblesse. “ Oh ça va, ce n’était pas si violent ! T’es pas si musclée ! “ Mauvaise foi ? Complètement. Il lui adresse un sourire espiègle, bien qu’il n’ait pas du tout envie de s’aventurer à tester à nouveau si son coup de poing est puissant ou pas, car il s’en souvient très bien, ça a fait très mal. D’autant plus que Theodore n’a jamais été un bagarreur, il laissait ça à ses frères.

“ C’est vrai que tu pourrais peut-être la vendre à bon prix… “ Il a déjà vu circuler sur e-bay des objets et accessoire de magie censé lui avoir appartenu. Pure fraude, mais il a été assez flatté de voir le montant des enchères. “ Mais je ne suis pas certain d’avoir encore un public de jeunes adolescentes que ça pourrait émoustiller, je crois que le public à vieilli avec moi… Je me rassure en me disant que je ne suis pas encore rendu à remplir des salles entières de personnes âgées. “ Bien qu’il est persuadé de faire un tabac en service de gériatrie à l’avenir au sein de cette association.

“ J’comprend mieux pourquoi ils me faisaient la tête après ça, j’ai cru tout ce temps que c’était parce que j’étais bien meilleur qu’eux ! “ Il abuse encore de fausse modestie, il n’en pense pas un mot. Il a beau être compétiteur, il pense que tout le monde a son domaine à lui de prédilection. Lui, ce n’était clairement pas le football par exemple… “ Mais je tiens à souligner que toi aussi tu m’as fait de superbes cadeaux à l’époque, ils sont probablement chez ma mère aussi, elle garde tout… ” Parce qu’elle se sent seule sans aucun doute depuis quinze ans, depuis que le petit dernier a quitté la maison. Elle aussi aimait bien Ruby, tout le monde apprécie Ruby ça n’est pas difficile.

Oui elle se serait vexée, surtout qu’elle en avait été amoureuse de Kelly. Il était l’un de ses premiers amours, alors la séparation brutale l’avait blessé. A l’époque, elle avait feint, se montrant plus agressive que triste, mais les larmes avaient coulé dans son lit le soir rentré. C’était de l’histoire ancienne, un amour d’adolescent qui s’était aussitôt arrêté. Pourtant, elle lui en avait voulu. Aujourd’hui, c’était une nouvelle chance de se redécouvrir et elle aimait bien ce mature Theodore. Ruby était plutôt discrète sur sa vie privée et pourtant elle lui parlait succinctement d’Antoni. Ils n’en parlaient pas plus, mais l’information avait été dites. C’était déjà un soulagement pour Ruby d’en parler, elle arrêtait de faire comme si rien ne s’était passé. La jeune maman était encore en plein deuil, même si plus les jours passaient plus elle allait mieux. Au départ, elle parlait très peu d’Antoni comme s’il n’avait été qu’un amant parmi tant d’autres. Sauf que non, il avait été son mari. Heureusement que Théodore étai là pour la divertir et reparler de coup de poing légendaire. Elle haussait un sourcils alors qu’il parlait de sa force. « Merde … la prochaine j’irai plus fort. » Disait-elle en riant avant de prendre une gorgée de ce champagne bien mérité. Ils reparlaient de leur enfance, de cette amourette d’adolescent. La carte qu’avait écrit Theodore pour Ruby avait fait beaucoup parlé d’elle. Evidemment que la brune l’avait gardé, ça restait un bon souvenirs. De toute façon Ruby n’était pas le genre de personne à balancer les affaires des autres pour tenter d’oublier. C’était tout le contraire, il ne fallait pas oublier, ça aidait à forger le caractère. « Je vais y songer, tu crois que je peux en avoir pour combien ? » Disait-elle en plaisantant. Ruby ne comptait pas la vendre, c’était un cadeau à elle. Et même si ça avait de la valeur, c’était quelque chose qu’elle n’avait pas forcément envie de partager. « Fais gaffe, ça va vite arriver. Déjà, tu as passé plus de deux heures en gériatrie. » Elle riait de bon cœur tout en buvant sa boisson alcoolisée. Elle s’amusait la jeune maman à se remémorer des vieux souvenirs. « Aaah mon pauvre Teddy, tu as toujours cru que t’étais meilleur que les autres même quand ce n’était pas le cas. » Disait-elle en plaisantant. Même s’il s’était mal comporté, Ruby avait toujours apprécié chez lui cette maturité et ce décalage avec les autres qui le rendait singulier. « Ah oui ! C’est vrai que j’ai été gâtée ! » Elle avait les yeux brillants de nostalgie. Mais les minutes passaient et Ruby allait devoir récupérer Luke chez ses parents. Elle se levait pour quitter le lieu et Teddy sans oublier de le remercier évidemment. « On pourrait se revoir ? Enfin si ça te dit, hors de l’hôpital. » Disait-elle avec un sourire rassurant.