Essayez de faire une omelette sans casser des E ft Charlie Keynes

La nouvelle fut vite répandue chez les Keynes, l’affreux père de Manwë est sorti de son incarcération. Charlie, soucieuse de son grand cousin, décida de lui faire une visite surprise dans sa boutique de luthier. Bonjour chantonna-t-elle de son accent français. Bien évidemment, elle ne vint pas les mains vides. Une douceur était toujours la bienvenue pour accompagner les mauvaises nouvelles. Le sourire aux lèvres, elle ne grimaça pas face à son air offensif. Manwë, elle le connaissait bien, et sa façade ne la trompait pas. Ouvres et tu verras bien lui dit-elle avec un air de défi. Il savait, qu’elle savait. Était-ce donc bien la peine de contourner le sujet ? Elle leva les yeux au ciel, signe qu’elle n’allait pas prendre des pincettes. Manwë… J’ai plus douze ans. Commença par dire la pâtissière en croisant les bras. J’ai su pour l’audience rajouta-t-elle pour en venir directement aux faits.  

Elle l’avait prédit, elle le savait, son cousin Manwë prétendait que tout allait bien et qu’il se fichait pas mal que son père soit sorti de prison. Soupirant, Charlie fit les gros yeux. La petite blondinette ne faisait pas bien peur, mais elle avait du répondant quand elle le voulait. Tête de brique, têtu, comme tous les Keynes ! soupira-t-elle exaspérée. Ça ne te fait vraiment rien ? insista-t-elle, avec plus de douceur cette fois. Peut-être qu’avec l’estomac un peu plus rempli, il sera plus apte à se confier à elle. Elle lui donna le paquet de gâteaux choisis spécialement pour lui dans les mains et le laissa se servir à sa guise. Conserve, c’est fait pour. C’était bon de voir un sourire sincère dessiner sur le visage de son cousin. C’est vrai que tu deviens vieux, tu commences à avoir des poils blancs dans le nez, c’est dégoûtant.  Je propose de te les épiler la prochaine fois Manwë et elle avaient moins de dix ans d’écart, ce qui ne les empêchaient pas de se taquiner et de très bien s’entendre.

Pour détendre l’atmosphère, Charlie taquinait son cousin plus âgé qu’elle. Elle savait qu’elle allait pouvoir décrocher un sourire, non pas sans une espiègle réponse. Beurk renchérit-t-elle lorsqu’il sous-entendant avoir des poils blancs ailleurs que dans les narines de son nez. Elle leva les yeux au ciel et le regarda engloutir / savourer le gâteau dont elle avait pâtissé plus tôt dans la matinée. Manwë n’avait pas l’attention de parler de son père, car une fois de plus, il détourna le sujet. Cela aurait été mal la connaitre de croire qu’elle laisserait aussi facilement tomber. Mais comme je suis ta cousine préférée, elle est plutôt agréable, n’est-ce-pas ? se risqua de répliquer Charlie d’une voix mélodieuse.

« Me remercie pas » assura Charlie qui était toujours flattée de ses talents culinaires mais qui restait intimidée par les compliments. Manwë appréciait sa visite et sa petite attentionnée et cela ne pouvait que lui faire grand plaisir.   Le petit malin arrivait à faire diversion en parlant de son ‘‘petit copain’’. Son cœur s’emballa. « Woody ! » corrigea-t-elle, les sourcils froncés. Heureusement qu’il n’était pas là pour entendre ça, il se ferait des idées et le prendra certainement mal. « Voilà pourquoi je te le présenterais jamais » lui dit-elle tout sourire. Elle appréhendait que Manwë soit du genre à le tester, à voir s’il serait un homme bien. Alors qu’en réalité, c’était elle qui avait merdé. Elle, qui l’avait trompé. Par ailleurs elle préférait être honnête avec son cousin, qu’il ne croit pas qu’elle était la fille parfaite.  « Disons que j’essaie de recoller les morceaux. J’ai fait une bêtise. J’ai embrassé un autre, et j’en suis pas fière » se précipita de rajouter Charlie. Elle regrettait tellement ce geste dont elle n’arrivait toujours pas à expliquer. Car elle aimait Woody. Il avait une emprise sur ses sentiments qu’elle trouvait effrayante.

La pâtissière lança un regard en biais à son cousin et lui donna un léger coup de coude. « Non, c’est juste que je n’ai pas envie que tu l’appelles ‘‘Henry’’ ! Il va s’imaginer des trucs » protesta Charlie qui se voyait déjà célibataire dû au manque de tact de Manwë. Il pourrait croire qu’elle le trompe avec un autre, quelle horreur ! Elle avait fait suffisamment d’erreurs comme ça ces derniers temps et elle lui parla de ce fameux baiser avec Milo. Embarrassée, honteuse, elle le regardait à peine dans les yeux.  Pourtant Manwë tentait de minimiser son acte. « Ta copine embrasse un autre mec, tu ne dirais pas que ‘‘c’est pas si grave’’ » lui fit-elle remarquer. Aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir, Charlie n’avait jamais vu Manwë accompagné. Elle ne savait rien de ses relations amoureuse et parfois elle se demandait si ce n’était pas dû à cela que le cœur de son cher cousin était si aigri. Cependant un cœur aigri pouvait parfois être attendri. L’amour ne se contrôle pas, la preuve avec Woody elle ne s’était clairement pas attendue à ce qu’elle tombe amoureuse de lui. Et dire qu’à présent cela faisait déjà un an qu’ils se fréquentaient. Et dire aussi qu’elle était à deux doigts de le perdre. Cette pensée la bouleversait.  «  Je l’aurais mérité, Manwë. » finit-elle par dire en hochant les épaules. Il avait dit qu’il l’aimait, mais est-ce que cela suffisait pour qu’il lui pardonne ? « J’espère que tu as raison » lui dit Charlie, pleine d’espoir.

Mise à part son frère Devon, Woody n’avait rencontré personne de sa famille. Son père était souvent en voyage d’affaires et cela lui allait bien. Le père Keynes n’aurait été en rien chaleureux, et l’aurait sans doute bassiné de ses interminables discours politiques. Peut-être aurait-il apprécié Manwë, si il ne l’appellerait pas ‘‘Henry’’.

Son cousin ne se sentait nullement concerné ni intéressé par se mettre en couple.  « Ça te ferait pas de mal, ce n’est pas toujours compliqué, tu sais » Du moins c’est ce qu’elle pensait pour les autres. Elle, elle se compliquait trop la vie. Attirée par les histoires qui se finissent mal, à croire qu’elle le cherchait quelque part. Mais elle savait aussi que l’amour c’était aussi partager des moments doux, de tendresse et de simplicité. C’est ce qu’elle appréciait avec Woody, dans l’intimité, il n’était pas aussi froid ce que le monde entier semblait penser.

Elle n’eut pas le moindre sourire. Charlie acceptait difficilement les critiques de Woody « Il ne me fait pas galérer ! Il a besoin de temps : ce qui est normal. Et bien sûr que je n’ai pas été plus loin que ce baiser, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je l’explique pas. C’était juste… Je ne sais pas. » finit-elle par dire, impossible de justifier ce geste. Le sujet commençait à la mettre mal à l’aise et elle fut bien contente que Manwë décide par se laver les mains. Il la consigna à ne toucher à rien, le luthier tenait à sa boutique. « Promis je ne toucherais à rien » assura-t-elle avec un sourire.

Bien entendu Charlie s'était attendu à ce que son cousin lève les yeux au ciel. Lui qui se proclamait ne pas avoir besoin d'une compagne, il était le célibataire endurci dans toute sa splendeur. Elle était pourtant convaincue que l'amour n'était pas toujours compliqué pour certaines personnes. Peut-être Manwë n'avait tout simplement pas encore rencontré "la bonne". Quant à la situation de Charlie, elle n'avait rien d'exemplaire, elle avait clairement fichu en l'air 1 an de relation. Son cousin était bien trop clément avec elle, trop dur avec Woody et sûrement pas objectif. Il se dit désolé mais elle ne lui en voulait pas, son affection avait prit sa défense. Oui je sais, Manwë. assura-t-elle, pas du tout contrariée. Elle préférait dire des choses positives au sujet de Woody. Elle en avait assez d'entendre tout le contraire de ce qu'il reflétait à ses yeux. Les writers, ses connaissances,  peu importe qui, ne pouvait savoir comment il se comportait avec la pâtissière. Par ailleurs Manwë lui donna l'occasion de le décrire et ce fut un sourire aux lèvres qu'elle se confia. Oh t'as pas à t'énerver je t'assure. C'est quelqu'un de bien. Il est honnête et je tiens à souligner que c'est une qualité qui se fait rare! Il est attentionné... Enfin tout ce que tu dois savoir c'est qu'il me rend heureuse. Elle baissa la tête pour cacher son émotion. Quand ma mère est décédée, j'étais au plus mal. Et lui, il m'a vraiment aidé à ne pas sombrer. avoua Charlie tristement. Elle se sentit encore plus coupable d'avoir fauté. Il est vrai que Woody fut présent pour elle, au pire moment de sa vie. Le décès de sa mère mais aussi sa séparation avec Liam, l'avait profondément affecté. C'était grâce à lui qu'elle s'était relevée. Jamais elle n'aurait cru qu'elle parviendrait à guérir cette blessure et encore moins qu'elle tomberait amoureuse de Woody.