chasing that luck before I get old and looking back, oh, we had some fun (Concho)

Avec ton pote Concho, vous aviez décidé d’escalader la falaise pour profiter de la vue sur tout Bowen. Puis, t’avais envie de voir le phare de plus près. Tu faisais ça une fois tous les six mois pour te changer d’air, pour te donner un certain défi. « T’es prêt? » que tu lui demandais alors que tu te mettais à escalader lentement. T’en avais perdu, Hugo… Mais tu t’es finalement rendu au sommet dans le plus grand des silences. Tu soufflais et tu tendais la main à Concho pour l’aider sur la fin de la falaise. « Hey, je t’avais déjà dit que je voulais demander la main de Sara ici? » Tu ris doucement puis tu mets ta main devant ton visage. « Après, j’me suis souvenu que l’escalade, c’était tout sauf son truc. » Tu passais ta main dans tes cheveux. « J’peux te demander ton avis sur un truc? » Tu sortais ton téléphone de ta poche arrière et tu allais dans ton album photo pour lui montrer la photo d’une bague de fiançailles. « Qu’est-ce que t’en dis? J’sais qu’on est deux mecs, mais j’me sentirais moins con si tu me disais qu’elle était belle. » Surtout en sachant que tu l’avais achetée…

À trente-et-un an est-ce que j’avais encore l’âge d’escalader des falaises ? I mean, il y avait quand même une route de gravelle qui menait jusqu’en haut de la montagne et qui permettait à pas mal n’importe quelle sorte de voiture de s’y aventurer. Mon corps allait certainement me rappeler demain matin que je n’avais plus vingt ans. « Mouais euh prêt j’sais pas mais gmrhmhhh. » Grommelais-je en terminant d’attacher cordes, mousquetons, tout le jargon d’escalade. Je débutai la montée et Hugo me devança bien assez vite. Pas grave, ce n’était pas un défi. Et puis, il avait deux années de moins que moi quand même. Ça joue. Si près du sommet, j’attrapai volontiers la main tendue de Hugo qui m’aida à me hisser sur le dernier mètre. Je me laissai tomber sur le dos, les pieds en bord de falaise. J’écoutai Hugo en riant. « Vaut mieux pas lui demander sa main après une activité qui l’aura royalement fait chier alors. » Je me redressai sur mes coudes. « Mais c’est sérieux cette histoire de demande ? T’y penses pour vrai ? » Demandais-je, curieux. J’hochai la tête quand mon ami me demanda s’il pouvait me demander son avis. Je pris le téléphone d’une main afin de regarder la bague sélectionnée sur laquelle il désirait mon honnête opinion. « Non, elle est très belle, sérieux. T’as d’autres options en tête ? » Que je demandai en swipant machinalement dans sa galerie de photos, comme si j’allais y trouver les autres modèles en hésitation. À la place, je tombai sur une photo de Hugo et Sara, tout sourire, et je manquai de m’étouffer avec ma propre salive. Rassurez-vous, la photographie était décente. C'était la fille dessus qui venait de créer l'explosion de surprise.

Tu l’appréciais Concho, son sens de l’humour ressemblait un peu au tien et il ne se prenait pas trop au sérieux. Il était pas certain d’être prêt mais il ne tardait pas à escalader la falaise. L’homme se laissait tomber sur le dos après avoir terminé la montée. Tu pouffais de rire en le voyant crevé sur le dos. En même temps, t’avais eu un deux minutes de répit, ça t’avait bien suffit. Conchobáhr te rappelait un classique : ne pas demander sa main après une activité qui l’aura fait royalement chier. Tu t’esclaffais. « C’est bon, je tâcherai de ne pas oublier. » Il ne tardait pas à te questionner et tu hochais la tête positivement. « J’crois qu’on est prêts pour ça. Sara est plus distante ces temps-ci, mais j’imagine que ça s’explique par les tas de travaux qu’elle a à faire à la boutique. » Que tu disais, compatissant. Elle était très belle selon ses dires et tu secouais négativement la tête. « Non, j’crois qu’elle est prédestinée… » Ouais, tu croyais à ce genre de trucs débiles. T’avais un feeling. Le visage de ton pote changeait alors qu’il voyait une photo, tu n’aurais pas su dire laquelle. Tu te penchais pour voir et tu souriais. « Ouais, elle est belle, hein? » Que tu lui dis alors que tu vois dans son regard que quelque chose n’allait pas. « Ça va? T’as vu un fantôme? » Que tu demandes en passant ta main devant ses yeux pour enlever toute hallucination.

J’avais tellement hâte de me marier. C’est con, je ne partageais même pas ma vie avec quelqu’un, pas actuellement, mais j’aimais bien l’idée du mariage. J’aimais cette vision d’être avec la même personne pour le reste de mes jours et de lui faire savoir, par cette grande demande, que c’était ce que je désirais. Malheureusement, mes fiascos amoureux me laissaient croire que ce n’était pas près d’arriver. Ce n’était peut-être pas fait pour moi. J’étais néanmoins heureux d’entendre Hugo me dire que Sara et lui en étaient là. « Si elle a besoin d’un coup de main pour ses travaux tu peux lui dire de m’écrire, hein. On se connaît pas elle et moi mais ça me ferait plaisir d’aider au besoin. » J’avais bossé dans la construction, quand je m’étais exilé à Melbourne, alors je savais un peu ce que je faisais, quand même. Hugo me tendit son téléphone afin que je puisse lui donner mon avis sur la bague choisie. Je ne répondis rien à son commentaire sur le fait que cette bague-là était prédestinée, tout simplement parce que j’avais déjà passé à la prochaine photographie, et que sur celle-ci je reconnus assez facilement Sara. Sara qui n’était pas Sara, ou plutôt Sara qui n’avait pas été ma Sara, celle que je m’attendais à rencontrer ce soir-là aux arcades. « Euhm. » Je me râclai la gorge. « Ouais, elle est belle. » Elle l’était, belle. Mais elle était également menteuse. Et je réalisais en ce moment que l’homme de qui elle se foutait royalement en allant rencontrer d’autres personnes, en conversant pendant des heures avec des profils de Bowen Bow Tie, cet homme-là c’était Hugo. Ça me donnait mal au cœur pour lui. Et dire qu’il voulait la demander en mariage. « Non, pas de fantôme. Mais Sara, finalement, je la connais. » Admis-je, en essayant rapidement de faire le tri de ce qu’il avait besoin ou pas de connaître de toute cette histoire.

Tu savais que lorsque t’allais te marier, t’allais être sûr de ce que tu avançais. T’allais être sûr de tes sentiments et ceux de la personne en face de toi. Mais là, c’était plus exactement ça. Sara passait beaucoup de temps avec son entreprise, tu le savais, tu la connaissais. Mais elle passait aussi beaucoup de temps avec des amies et toi, tu trouvais le temps long. T’étais entièrement dédié à ton boulot… Concho se montrait gentil et offrait son aide à Sara. « C’est gentil de ta part, je lui ferai part de ton offre. » Que tu lui dis en hochant la tête. L’homme se raclait la gorge en disant qu’elle était belle. « J’suis un homme foutrement chanceux de l’avoir. » que tu lui dis en te rappelant toi-même à quel point c’était une femme fantastique. « Ah ouais, d’où tu la connais? » que tu lui demandes avec un grand sourire, heureux de voir que ton monde est également celui de Sara. T’as un petit bonheur avec toi, Hugo.

L’offre que je venais de faire à Hugo, d’aider Sara avec ses travaux, cette offre-là était actuellement bien loin dans ma tête. Je n’avais plus envie d’aider Sara. Je n’avais pas non plus envie de mentir à Hugo. Et tous les sentiments confus qui déferlaient actuellement en moi me faisaient mal au cœur pour lui. Tout ça parce que je venais de reconnaître cette putain de gueule d’ange sur la photographie suivant celle de la bague. Non, pas un ange. Un ange ne manipulerait pas autant les gens. Un ange ne ferait pas de mal à un homme aussi gentil qu’Hugo. Portant mon poing droit à ma bouche, je me raclai difficilement la gorge alors que mon ami me demandait d’où je la connaissais. J’évitais son regard depuis que mes yeux s’étaient posés sur la photo. « J’suis vraiment désolé, Hugo. J’déteste être le messager, particulièrement là. » J’inspirai discrètement et levai enfin les yeux vers mon ami. J’étais rouge mais ce n’était plus à cause de notre ascension de la falaise. J’étais rouge de honte, de gêne, de colère. Le sourire de mon ami s’était rapidement dissipé en voyant mon air. « J’l’ai rencontrée sur Bowen Bow Tie. Y’a pas longtemps de ça. » Ajoutais-je tout de suite pour qu’il ne pense pas que cette histoire-là remontait à avant eux. « C’était pas cette photo-là qu’elle utilisait. Enfin, j’veux dire … c’était même pas une photo d’elle. Mais je l’ai rencontrée en vrai et … » Je pointai le visage de Sara sur l’écran. « C’était elle. » Et je ne me trompais pas.

Tu voyais son hésitation, tu voyais son malaise à 100 kilomètres. Pourtant, tu n’aurais pas su dire ce qui le perturbait autant dans cette équation. Tu soufflais alors qu’il s’avérait être le messager. Tu le regardais, intrigué. Tu le voyais pédaler d’une façon que tu n’avais jamais vu ton ami le faire. Tu déglutis alors que tu le vois rougir et soudainement, t’as un éclair, tu te doutes de ce qu’il va t’annoncer. Enfin, pas exactement. « Explique-moi. » Que tu lui dis sagement. Il l’avait rencontré sur Bowen Bow Tie. Le réseau social de l’amour de Bowen? Quand il disait que ça ne datait pas de bien longtemps, tu échappais d’un souffle « Oh… » Tu savais ce que ça voulait dire. Tu savais que Sara était retournée sur le marché des célibataires sans toi. Concho t’avouait que ce n’était pas cette photo qu’elle utilisait et tu soufflais. Ton monde venait de s’écrouler. Tu passais ta main dans les cheveux et tu commençais à faire les cent pas. C’était même pas une photo d’elle… « Tu saurais me remontrer le profil? » que tu demandes un peu en te brisant le cœur. C’était elle. T’échappes quelques jurons. « J’voulais la marier, bordel. » T’aurais voulu frapper. Mais frapper quoi? Tes sentiments? Sara? Tu ne le savais pas trop… T’étais pas violent de nature, Hugo. Peut-être que t’aurais préféré te faire violence à toi et à tes émotions. Tu tentais de chasser tes sentiments pour une semi-blague : « Ça te dérange si on change les travaux d’entretien pour un déménagement? » T’as un rictus amer.

J’avais souvent pédalé, dans ma vie. J’étais le roi du pédalage, du patinage pour contourner les obstacles quand je trouvais qu’ils ne valaient pas la peine d’être vécu, quand je cherchais des détours pour fuir mon anxiété. Je n’avais jamais autant pédalé que face à Hugo. Je savais que je détenais la vérité qui allait lui briser le cœur. C’était difficile de décider de le faire. C’était pourtant le mieux pour lui. Qu’il le sache. Lorsque la bombe tomba, mon ami eut du mal à trouver les mots, pour commencer. De mon côté, je le regardais faire les cent pas, impuissant. « J’suis désolé, Hugo. » Désolé de le lui apprendre, désolé d’avoir eu un rendez-vous – foiré – avec sa copine, désolé qu’elle ait créé ce profil dans son dos. Ce profil, Hugo me demanda à le voir. « Euh, ouais, je devrais … il devrait être encore là … » J’ouvris rapidement l’application, manquant d’échapper mon téléphone dans mon mouvement. C’aurait été le summum, que mon téléphone tombe en bas de la falaise. Je retrouvai le profil de la fausse Sara et le tendis à Hugo. « Cette rousse habite aussi Bowen. J’ai trouvé le vrai profil de cette fille-là plus tard. J’sais pas si elles se connaissent. J’sais pas si tu sais qui c’est. » Et moi j’avais encore la paranoïa qui me guettait, même devant la vraie belle rousse. Hugo s’exclama dans un soupir qu’il avait voulu marier Sara. Je grimaçai de chagrin pour lui. Le jeune homme parla ensuite de déménagement. « Parle-lui, Hugo. Ça crève les yeux que tu l’aimes. Y’a peut-être quelque chose à rattraper entre vous si vous prenez le temps de communiquer ce qui va pas, ce qui s’est passé … » Je pensai à Ally qui était partie sans qu’on puisse s’expliquer, sans que je sache vraiment ce qui s’était brisé entre nous. À partir de là tout s’était envenimé, mais ça aurait peut-être pu être différent. « Crois-moi y’a rien de pire qu’une histoire qui a un goût d’inachevé. » Il avait au moins besoin de cette conversation pour obtenir le closure qu’il n’aurait pas en foutant le camp trop vite.

Il s’excusait, mais toi, tu ne le voyais pas coupable. Tu le voyais messager et tu lui faisais signe d’oublier ça avec son bras. Tu découvres le faux profil de Sara alors que Concho te file son portable. T’as le cœur qui débat et menace de sortir de ta poitrine. Comme si tout était surréel. Tu entends Concho sans vraiment l’entendre… Tu hausses les épaules. T’esquisses un sourire et tu relèves le regard vers lui « T’as un truc avec les rousses, toi… » Mais c’était le cadet de tes soucis. C’était peut-être une façon de lui signifier que tu allais bien en dépit de la nouvelle. Il te disait de lui parler. « C’est elle qui est allée voir ailleurs, pas moi. » Comme si ça changeait tout. Comme si elle, elle devait s’expliquer et pas toi. « Est-ce qu’on peut vraiment catégoriser ça comme inachevé? » que tu lui demandes, un peu perdu dans tout ça. T'avais envie de tirer la bague au bout de tes bras, tant la colère que tu ressens est forte.

D'un geste de la main, Hugo me fit comprendre que je n'avais pas à être désolé. J'avais beau n'être que le messager, je me sentais quand même atrocement coupable d'être ce porteur de mauvaises nouvelles. Si je n'avais pas été sur cette date avec Sara, je n'aurais rien su de tout ça, et je ne serais pas en train de faire souffrir mon ami. En même temps ... Sara aurait continué à se foutre de sa gueule dans son dos. Je préférais quand même qu'il soit mis au courant, finalement. J'esquissai un sourire quand Hugo me parla de mon faible pour les rousses. D'une petite voix, je répondis : « J'essaie avec les blondes, maintenant. J'ai espoir qu'il y ait moins de drama. » Ce n'était même pas une blague, mais t'allais pas te lancer dans les explications. Ce n'était pas vraiment le moment et tu savais que Hugo n'avait dit ça que pour détendre l'atmosphère. « Mais là, elle sait pas que tu sais. Tu compterais laisser ça aller longtemps ? » Clairement, Sara n'était pas partie pour confesser ses péchés à son copain.  Elle menait son petit jeu à côté et ne semblait pas troublée par ses mensonges.  Hugo ne pourrait pas faire semblant ou éviter le sujet. « Tu le catégoriserais comment ? » Demandais-je Hugo, ne sachant pas où il se situait dans tout ça. Il ne le savait peut-être pas encore lui-même.  

Il t’arrachait un sourire, il essayait avec les blondes maintenant… Moins de drama. « Les brunes, dude : les brunes! » Que tu t’exclames en réalisant soudainement que Sara était brune et qu’elle ne t’épargnait pas dans le moment. Mais vous aviez passé de nombreuses années heureux ensemble… Pourquoi pas alors? Et puis maintenant, les brunes étaient histoire du passé avec Sara de ce que tu comprenais toi-même. Ton ami te demande si tu comptes laisser aller les choses longtemps. Tu ébouriffes tes cheveux d’une main. « J’sais pas… Peut-être au moins 24 heures, le temps d’y penser et de rassembler mes mots et faire un truc avec? » Que tu demandes en ayant l’impression de ne pas être très clair. En même temps, difficile de l’être quand tu ne sais pas toi-même de quoi il en retourne. « Je suis obligé de catégoriser ça maintenant? » Que tu demandes, les sourcils froncés, un peu confus. Ce n’était pas la joie dans le moment. C’était de la confusion. « Sara use lies. It’s super effective! » Tu t’assois sur le sol et tu mets ta main dans ton visage. « J’peux pas y croire. » Que tu dis en riant jaune.

Je ris quand Hugo essaya de me convertir aux brunes. Je secouai la tête. « J’en ai aimée une, une brune, et elle aussi m’a brisé le cœur, sans même le vouloir en plus cette fois, alors … les brunes, c’est non. Elles se rendent même pas compte du mal qu’elles font. » Je parlais comme si toutes les brunes étaient dans le même panier, évidemment c’était faux, mais on aurait dit que dans le cas de Freja comme de Sara, ça correspondait plutôt bien. Je ne voulais pas démoniser Sara au point de croire qu’elle faisait tout cela dans le seul but de blesser Hugo. Elle ne se rendait peut-être pas compte que ses –mauvaises- décisions pouvaient avoir un impact si grand et destructeur sur son petit ami. Elle ne pensait peut-être pas qu’elle se ferait dénoncer aussi vite. Si elle avait su que j’étais l’un des plus grands amis de Hugo, clairement, jamais elle ne m’aurait donné rendez-vous. « Ouais, ouais, bien sûr, désolé, j’me sens con, t’as même pas eu le temps de digérer la nouvelle que je te bombarde questions … » À sa place, j’aurais besoin de bien plus de vingt-quatre heures pour comprendre ce qui venait de se passer. Surtout, j’aurais besoin d’une longue conversation avec la principale concernée. Mon ami se laissa tomber sur le sol en lançant une attaque Pokémon, enfin, plutôt Sara qui en lançait une à travers ses paroles. En temps normal j’aurais vraiment ri mais je me gardai une gêne. « Hugo uses Quick Gard. Hugo protected himself! » Répondis-je plutôt, tournant la tête vers lui, esquissant un bien faible sourire. « Je sais que c’est difficile à encaisser. Je sais que tu te projetais avec elle. Mais c’est peut-être mieux finalement que ça éclate maintenant, avant que le mensonge ne se poursuivre … dans votre mariage ? » Je grimaçai.

Tu riais doucement à l’entendre. Actuellement, tu étais d’accord parce qu’une brune avait brisé ton cœur en allant ailleurs. L’homme s’excusait de te bombarder de questions. Tu faisais un signe de main dans le vent. « T’en fais pas. » Que tu dis plus par réflexe que parce que tu ne voulais qu’il s’en fasse. « J’ai pas l’impression d’analyser, encore… » Que tu tentes d’expliquer. En attendant, il t’imite en te lançant une attaque défensive. Votre côté geek ressortait et ça t’arrachait un sourire. « I guess. » que tu dis simplement par rapport à ces attaques simulées. Il te dit que c’était mieux maintenant que plus tard… il avait raison. Il avait raison, tu ne pouvais rien dire contre ça. Il parlait de mariage et tu secouais la tête. « J’peux pas croire que je pensais l’épouser. » que tu souffles finalement. Tu commençais doucement à le réaliser. « J’suis bien con, hein? » Que tu lances.

Hugo me déculpabilisait de son signe de main dans les airs. Je laissai mon regard fuir vers l’horizon, un moment, comme en suivant dans les airs ce que mon ami venait de laisser s’envoler dans le vent. Ça lui prendrait du temps, accepter une telle bombe que je venais de lui larguer. Il avait encore mal, il était évident que l’analyse ne serait pas faite tout de suite. Je répondis à sa réplique geek par une autre réplique geek. Ça donnait presque envie de ressortir l’app de Pokémon Go des bas-fonds de mon téléphone portable. Je tournai la tête vers Hugo en fronçant les sourcils alors qu’il se dénigrait. « Hey. Personne n’aurait pu voir ça venir, Hugo. Personne. T’es pas con. Elle nous a tous eus. » Moi y compris, ouais, parce que j’étais laissé entourlouper par Sara, moi aussi. Elle m’avait bien fait croire à tous les artifices. J’étais presque tombé amoureux d’une personne qui n’existait même pas, pensant à elle même lorsqu’elle ne m’écrivait pas. « Qu’est-ce qui te ferait du bien, là ? Crier en haut de la falaise comme deux tarés ? Aller boire une bière ? Enchaîner les activités sportives pour la journée ? Name it, bro. Je te suis. » Dis-je. Sauf s’il déclarait avoir besoin d’être seul. Là, seulement là, je ne le suivrais pas.

Il tentait de te rassurer en te disant que personne ne l’avait vue venir... Un peu comme une agent double mesquine. Quelque part, ça te faisait plus mal que tu ne voulais te l’avouer. Tu soupires et tu te sens moins seul quand Concho rappelle qu’elle vous a tous eu. Il te demandait ce qui te ferait du bien en ce moment… T’avais pas envie de t’époumoner en ce moment. Boire une bière? Est-ce que l’alcool était réellement la solution? Activités sportives? Tu ne penserais pas… Tu gardais le silence. « J’sais pas ce que j’ai besoin. » Les larmes coulaient par elles-mêmes. Tu détournes le regard et tu les enlèves avec ton pouce. La seule chose que t’avais envie en ce moment, c’était de descendre, chercher la bague, remonter ici et la tirer du plus fort que t’en étais capable, mais ce n’était pas raisonnable. Ce n’était pas ça réagir comme un adulte… Tu te sentais comme un enfant insatisfait en ce moment. Un enfant avec la rage de vivre, la rage de la trahison. Pourtant, malgré tout, tu n’arrivais pas à en vouloir à Sara concernant son geste, tu lui en voulais d’avoir tout gâché par contre. Tu inspires puis tu expires. « Ça fait mal. » que tu finis par déclarer patiemment.