L’ours est de service, grognon d’avoir été tiré du lit en pleine nuit, même si c’est pour la bonne cause : alerte enlèvement. Un suspect décrit pas plusieurs témoins, après s’être arraché les cheveux, Manwë avait enfin pu réaliser un portrait qui mit d’accord les différents témoins. Il aurait pu rentrer chez lui, mais au fond de lui, derrière sa tronche décrépie par le manque de sommeil, il avait réellement envie de savoir s’ils allaient retrouver ce gamin en vie. Après avoir fait passer un sale quart d’heure à la machine à café, celle-ci avait fini par refonctionner et la caféine permit de mettre en éveil son système. Trainer au poste de police est l’une de ses activités phares lorsqu’il sait qu’il ne trouvera pas le sommeil. Il observe en silence, jase peu mais reste poli avec ses confrères. Man’ est un peu comme une plante que personne ne calcule trop, lui reste juste là, s’imprégnant de l’atmosphère, observant ce qu’il aurait pu être et ne sera jamais. C’est un peu comme regarder ce que l’on ne peut avoir, d’y être résolu, mais ne pouvoir s’empêcher d’observer…
Son regard est malgré tout plus sombre que d’ordinaire, la libération récente de son père obscurcit ses pensées. La relève de jour arrive, Manwë assiste à cet échange, le môme n’a pas encore été retrouvé, lui envisage de décamper ici au bout de seulement deux heures, ça ne lui ressemble pas et pourtant, son retour devant la machine à café. Un dernier gobelet avant de se poster devant le bâtiment, clope au bec, l’air débraillé (cheveux en pétard, chemise à carreaux bleue délavée toute froissée), il a davantage l’air de sortir de garde à vue que de travailler là. Il énumère dans sa petite tête la liste des choses qu’il doit effectuer d’ici la fin de journée, quand déboule devant lui trois flics soulagés que leur nuit soit terminé, ils jettent un regard noir vers la porte de service avant de s’éloigner. Manwë ne pu s’empêcher de regarder ce qui avait value de tels regards… Et il en eut la réponse : Tahlia.
Il exhale un nuage de fumée toxique, masquant ainsi un soupir. Il n’a pas particulièrement cherché à l’ignorer depuis son retour, mais il l’a volontairement ignoré à tel point qu’il ne se souvient même pas l’avoir croisé à l’intérieur. Sa rancune l’empêche de revenir vers elle, d’accepter que l’on puisse parfois faire de mauvais choix. Il l’a mauvaise qu’elle ait tout gâché, elle qui a eut la chance de réussir là où il a lamentablement échoué trois fois. Manwë sait pourtant se battre, il est malin et tenace, il aurait été sans aucun doute un très bon flic… Le stress l’a affaibli, sa pathologie ne lui a pas rendu service, il se console en se disant qu’il n’était juste pas fait pour ça, qu’il aurait été nul, qu’il doit rester à sa place.
“ Salut… “ dit-il sentant le poids de son regard, sans réelle envie de communiquer avec elle, ni pour faire des efforts ou se disputer. La disparition de cet enfant met tout le monde sur les nerfs, ce sont des situations qui bouleversent n’importe qui en tant qu’être humain normalement constitué. Man’ a conscience de ce fait et il n’a pas vraiment le cœur à se montrer désagréable avant la preuve sous les yeux qu’il y a plus grave dans la vie que sa petite rancune envers Wates.
“ T’en veux une ? “ Bâton de nicotine de la paix ou simple politesse ? Il est probablement trop fatigué pour avoir un avis tranché sur son propre geste.
(c) AMIANTE