Babe don't cry | Soraya

Ce matin, les nausées sont assez violentes, de quoi te mettre dans de sales états. C'est d'ailleurs pour cette raison que tu es levée aussi tôt ce matin, puisque tu espérais dormir encore un peu. A la place, tu es donc allée rejoindre ta tante qui était déjà levée également Vu sa question, tu te doutes que ton état doit l'inquiéter. Cependant, tu n'oses pas lui avouer ce qu'il se passe réellement. Pas tout de suite. Salut tata ! Je crois que j'ai juste une petite indigestion, ne t'en fais pas pour moi. Ça va passer. Lui dis-tu avec un léger sourire. Jamais tu n'as osé lui mentir avant, mais c'est surtout que tu as peur de lui parler de ce qu'il se passe réellement sans être allée à ton échographie au préalable. Si on t'annonce que tout se passe bien, tu lui en parleras ce soir sans faute. Sans retarder l'échéance, sans te chercher d'excuse. Ce soir.

Avant de partir, tu la serres dans tes bras avant de lui sourire. A plus tard, je t'aime ! Ces mots semblaient tellement naturels à lui dire, et tu les penses. Il est désormais temps pour toi de quitter ton domicile afin de rejoindre Jakob chez lui. Car oui, il t'accompagne à l'échographie comme il te l'as promis, de quoi t'apaiser un peu puisque tu avais aussi cette peur de devoir l'élever seule. Mais non, il sera là et l'avenir n'en décide pas autrement, vous allez garder ce bébé. Lors de ce rendez-vous, tu peux donc voir votre futur enfant qui est encore tout minuscule, mais il est bel et bien là. Forcément, ça te fait quelque chose, comme si ça rendait la situation plus réelle, plus concrète. Après avoir passé un peu de temps avec le futur père, tu es rentrée à la maison avec cette angoisse, cette peur qu'elle réagisse mal. Ta tante ne s'y attends pas donc forcément, ça va lui faire un choc. Hey ! Un peu mieux que ce matin oui, et toi alors ? Comment ça va ? Lui demandes-tu en t'approchant d'elle, t'installant ensuite non loin d'elle. Dis, j'aimerais te parler de quelque chose d'important... Plus de retour en arrière, il faut que tu le lui dises. C'est la femme la plus importante de ta vie et autant dire que même si tu es heureuse, tu flippes aussi...

Mentir à ta tante n'est certainement pas dans tes habitudes. Pire, tu détestes ça au plus haut point mais avant de lui dire ce qu'il se passe vraiment, tu souhaitais attendre cette échographie afin de t'assurer que tout aille bien pour l'enfant que tu attends. Inutile de la préparer à ça si, en réalité, ton bébé ne se porte pas bien. Un arrêt de croissance, un coeur qui ne bat pas, les motifs sont nombreux et une fausse couche n'est pas rare avant la fin du premier trimestre, surtout pas si tôt dans une grossesse. Pour autant, il coule de source que tu n'as pas l'intention de lui cacher indéfiniment, surtout que ce n'est pas le genre de secret qu'on garde pour soi sur le long terme. Son soutient est important et même si tu sais que la nouvelle est inattendue, tu oses espérer qu'elle sera là pour toi quoi qu'il arrive. Et pourtant, à l'intérieur, tu es tout simplement morte de trouille. Que ce soit vis à vis de sa réaction ou même de ce rendez-vous. Heureusement que Jakob t'y accompagne et que tu ne devras donc pas y assister seule.

Après avoir passé pas mal de temps hors de la maison, tu t'es donc décidée à rentrer afin d'avoir cette discussion tant redoutée. Visiblement, savoir que tu vas mieux la rassure, mais elle est tellement loin de se douter de la réalité... Rassures-toi, je ne souffre pas d'une maladie grave ou quoi que ce soit. Simplement que j'aimerais te parler d'un sujet qui me tient à coeur, et qui concerne mon état actuel... Ton but n'est pas de l'effrayer au point qu'elle puisse s'imaginer le pire. Certes, ça reste important mais tu n'es pas non plus à deux doigts de mourir. J'aimerais bien un thé, mais je peux me le faire si tu veux... D'ailleurs, tu ne tardes pas à venir l'aider pour préparer ce plateau ainsi que ta boisson. Plus les secondes s'écoulent et plus tu angoisses. Dès que le plateau est prêt, tu rejoins donc le salon, ton regard se posant sur ta tante, cette seconde mère pour toi. Je ne t'ai pas dis la vérité ce matin... Je suis désolée de t'avoir menti mais j'attendais quelque chose d'important avant d'oser t'en parler... Après avoir prononcé ces quelques mots, tu fouilles dans ton sac à main avant de lui tendre quelque chose. Plus exactement une échographie.

Avant de lui confier ce secret qui va changer ta vie à tout jamais, tu voulais t'assurer que tout aille bien. Inutile de l'inquiéter si, en réalité, le bébé avait simplement arrêté de grandir ou que sais-je. Après tout, ça aurait pu arriver, bien que ce n'est pas ce que tu souhaitais ! Lors de cette échographie, il s'est avéré que l'enfant se porte à merveille. Il poursuit une évolution normale et tu as même pu avoir des scans de cette progéniture encore toute minuscule. C'est là que tu sais qu'il va effectivement être temps d'en parler à ta tante. Après tout, c'est chez elle que tu vis. C'est son quotidien que tu risques de bousculer si tu ne déménages pas avant l'arrivée du bébé... Puis, tu es proche d'elle. Très proche même ! Il est donc normale de lui dire, même si tu as un peu peur de sa réaction. N'ayant que vingt-deux ans, tu comprendrais totalement qu'elle puisse s'inquiéter, qu'elle te trouve trop jeune ou autre...

Lorsque tu rentres enfin chez toi, ta tante est déjà là. Ou plutôt, elle ne semble pas être partie ? Quoi qu'il en soit, elle est présente. Ayant peur de ressentir le soudain besoin de te défiler, tu préfères rentrer directement dans le tas en lui confiant qu'effectivement, tu as besoin de lui parler d'un sujet important. Ou plutôt bouleversant. Elle t'assure même qu'elle s'occupe de tout. Tu t'installes donc en étant totalement flippée. D'ailleurs, tu montres quelques signes de stress. La seule chose que tu espères, c'est que ça se calme au plus vite et ça, ça n'arriveras pas avant d'avoir sa réaction. Bien-sûr... Elle ne tarde pas à s'en saisir afin de savoir enfin le fin mot de l'histoire, ce qu'il se passe réellement. Vu sa réaction, tu ne sais absolument pas quoi en déduire. Le choc, ça c'est certain. Mais est-ce qu'elle est déçue ? Est-ce qu'elle va avoir envie de te jeter dehors ? Tu ne penses pas, mais bon... Non, pas commun en effet... J'ai voulu attendre le rendez-vous pour t'en parler... J'avais pas envie de t'inquiéter sans savoir que tout allait bien...

Ta tante se défile par l'humour mais, à sa place, tu aurais probablement fait la même chose qu'elle donc tu ne peux pas lui en tenir rigueur. Ayant les larmes aux yeux, tu te blottis contre elle sans en demander plus. Ne t'en fais pas, j'ai bien conscience que c'était inattendu... Comment aurait-elle pu se préparer à une telle annonce en même temps ? C'était impossible. Je suis heureuse, oui... J'ai eu peur, j'ai eu des doutes aussi... Je crois que j'aurais toujours des doutes, à savoir si je vais y arriver mais... Le père veut assumer. Jakob veut être présent pour toi comme pour son enfant et déjà là, ça te rassurais aussi. Être seule aurait été un sacré coup dur pour toi, même si tu t'en serais relevé. Comme d'habitude. Je peux rester ici, hein...? Si seulement elle pouvait voir à quel point tu as besoin d'elle, de sa présence et de son soutient... Plus que jamais, cette nécessité de l'avoir à tes côtés est présente.

Étant donné que ce n'était rien de réellement sérieux au premier abord, tu n'as pas évoqué cette aventure à ta tante. Autant l'épargner lorsqu'il s'agit des détails de ta vie sexuelle. Pas que ça pourrait la choquer, mais parce que c'est assez gênant d'en discuter avec un membre de la famille. Elle ne pouvait donc pas savoir ce qu'il s'est passé. Mais les choses sont devenues bien plus sérieuses que tu ne pouvais l'imaginer. Quoi de plus sérieux que les responsabilités engrangées par une grossesse ? Ta tante se montre tout simplement extraordinaire, te soutenant malgré l'immense surprise que ça peut lui faire. Au fond de moi, je sais que tu aurais été là si ça avait fini en fausse couche, mais j'avais besoin d'en être sure. Je pense que j'avais surtout du mal à y croire moi-même... En même temps, elle ne peut pas savoir pourquoi tu doutes tant. Et honnêtement, il serait temps de lui expliquer. De lui faire part de tout ce que tu as pu vivre et dont elle n'était pas au courant... En espérant tout simplement ne pas la décevoir. Tu te souviens, quand j'ai découvert que mon ex petit ami me trompait ? Il y a quelques années ? J'étais tombée enceinte... Et vu que je n'ai pas de bébé dans les bras, tu te doutes bien que j'ai pris la décision que j'estimais juste... Et j'ai eu peur d'une retombée de mauvais karma... Après tout, certaines choses arrivent parfois pour une raison, et il existe des moments où tu n'es pas forcément prête à assumer tout ce que ça implique. En même temps, tu étais tellement jeune. Tu avais quoi ? Seize ans? Nul doute qu'elle s'en rappelle, vu comment elle t'as ramassée à la petite cuillère. Faut dire que tu as voulu vivre ça seule, comme si c'était ton vilain petit secret. Ça ne va pas être nécessaire, range le taille haie. Un fin sourire aux lèvres, elle n'a pas du tout à s'inquiéter face aux attentions de Jakob. S'il ne voulait pas assumer cet enfant, il te l'aurait dit. Surtout que tu n'as pas cherché à le forcer non plus. Simplement que tu voulais savoir à quoi t'attendre et il ne t'as pas déçue. Franc comme il est, il n'aurait pas hésité à te le dire s'il n'en voulait pas. Tu as au moins dû le croiser, je pense. C'est Jakob, mais il faudrait que tu le rencontres vraiment, effectivement. Elle ne tarde pas à te rassurer sur le fait que non, elle n'a pas l'intention de te mettre dehors. Jamais. En gros, si tu pars, ça sera ta décision. Quand le moment sera opportun. Mais jamais elle ne te mettra dehors et ça t'apaise réellement. Je t'en remercie... Tu n'imagines pas comme j'avais besoin de l'entendre... Enfin, vu cette question, elle doit quand même s'en douter maintenant. Sans ça, tu ne lui aurait probablement pas posé cette question. Lorsqu'elle te demande à quel stade tu en es, tu lui souris. Elle s'y intéresse réellement et ça te touche. Six semaines*... Je devrais accoucher dans les environs du 23 mars. L'enfant que tu étais a bien grandit, c'est un constat indéniable maintenant.

HJ:

Jamais tu n'aurais imaginé avoir cette discussion si tôt dans ta vie. Dans cinq ans, peut-être mais pas en étant si jeune. Et pourtant, c'est une réalité à laquelle tu ne peux pas échapper : Tu es enceinte et tu ne vas pas pouvoir le cacher indéfiniment non plus. Pour Tamara, la discussion doit être difficile aussi puisque tu sais qu'elle te voyait encore comme si tu avais six ans. Mais c'est loin d'être le cas. Non, tu n'es plus une enfant et oui, tu vas devenir maman d'ici quelques mois. Contre toute attente, ta tante reste plutôt calme malgré l'effet de surprise provoquée par cette annonce. En même temps, comment aurait-elle pu s'imaginer qu'une telle annonce allait lui tomber dessus ?

Lorsque tu as vu ces deux barres sur un test de grossesse, tu as tellement flippé. Ta mère n'était plus là pour te conseiller et t'épauler, mais ta seconde mère, elle, est là. Lorsque tu as perdu tes deux parents, c'est elle qui a été là pour toi et même si elle ne pourra pas te donner de réels conseils sur la grossesse et l'accouchement, tu sais qu'elle fera toujours au mieux pour toi et sa réaction te le démontre largement. Mieux que mille mots, elle a privilégier les gestes aux paroles et c'est tout ce dont tu avais besoin. Venant d'elle, tu réalises bien qu'il ne s'agit pas d'une obligation mais d'une réalité.

Tu n'imagines pas comme ça me rassure, et ça m'enlève un poids énorme des épaules... Il était temps pour toi de lui dire toute la vérité sur ton vécu, et ce détail dont elle n'avait jamais été au courant : cette première grossesse où tu as choisi l'avortement en jugeant que c'était la meilleure chose à faire. Seule, jeune, immature et en incapacité totale de penser à un autre être en sachant que tu étais totalement brisée, tu as pris la décision qui semblait juste même si c'était difficile. Dans l'équation, tu avais pensé à cet enfant en priorité. Aujourd'hui, les choses sont différentes et ta tante ne se gêne pas pour te le rappeler. Moins brisée, aussi, je pense. Et je ne suis pas seule dans cette situation. Déjà parce que tu es là, mais aussi parce que le papa veut s'investir auprès de cet enfant et auprès de moi... Nul doute qu'elle lui ferait passer un sale quart d'heure s'il ose te briser le coeur, mais en réalité, c'est le cadet de tes soucis pour l'instant. Tu veux simplement profiter de cet instant. D'ici peu, il faudra qu'elle rencontre Jakob et qu'ils fassent un peu connaissance. Sa requête semble plus que légitime. Après tout, jusqu'à présent, il n'y avait plus que vous deux. Entre filles quoi ! Il me semble qu'il est libre et moi aussi ! Je lui proposerais. Lui dis-tu en souriant, restant plutôt détendue. En même temps, Jakob aura bien plus de raison d'être stressé que toi face à cette rencontre. Alors que ta tante entame cette discussion sérieuse, tu serres doucement sa main. Je sais que tu ne cherches pas à la remplacer. Mais tu m'as accueillie, tu m'as acceptée comme si j'étais la tienne et tu as quitté ton pays pour moi... Tu es ma deuxième mère. J'ai eu cette crainte totalement stupide avec le stress, mais je sais que tu es là et que tu seras toujours là. Je t'aime, tu sais... Ces quelques mots sont venus avec toute la sincérité du monde. Pas d'obligation, simplement un besoin plus qu'autre chose. Je te le promets. J'aurais pas dû te mentir ce matin... Tu regrettes énormément de ne pas lui avoir dit la vérité, si elle savait à quel point…