Revelation can be more perilous than revolution / ft. Anna

Une journée de repos ne faisait pas de mal. T’en avais vraiment besoin. Après tout, tu bossais d’arrache pieds depuis quelques semaines. Tu ne pensais qu’à ta soeur. C’est bizarre, hein, de penser à quelqu’un qu’on ne connait pas ? Et pourtant c’est ce qui arrivait. Cette histoire te tournait dans la tête et tu avais choisi de partir travailler sans relâche plutôt que de penser à ça. Tu ne portais qu’un t-shirt et un short en jean aujourd’hui, posée devant la télévision avec ton chat sur les genoux. Jusqu’au moment où tu entendais frapper à la porte. Le chat te regardait et tu le regardais à son tour. « J’imagine que c’est pas pour toi » dis-tu avec un petit sourire à l’égard de Tsar. Il descendait de tes genoux et te suivait jusqu’à la porte. Tu attrapais tes clefs pour ouvrir. « Lyra, t’as encore oublié tes clefs ou … » demandas-tu alors que tu ouvrais la porte. Une jeune femme était devant toi et elle te semblait tellement familière. Tu arquais un sourcil mais tu n’avais pas le temps de lui demander qui elle était qu’elle répondait. T’étais sous le choc, sur le cul. « Ma… ma… ma soeur ? » demandas-tu pour être sûre. Ce moment était irréel. Hors du temps. Tu étais là devant cette inconnue, figée parce que tu ne savais pas quoi faire. « Pardon je… je suis impolie, rentres » dis-tu en bafouillant, t’écartant de la porte pour la laisser passer. Tu savais pas comment réagir, t’étais perdue. La main dan tes cheveux, tu clignais des yeux plusieurs fois pour savoir si c’était réel ou pas. « Comment tu m’as trouvé ? » demandas-tu curieusement. La question était plutôt : est-ce que c’est pas une blague ? A vrai dire, peu de gens savaient que tu partais à la recherche de ta famille, que tu avais essayé de contacter des gens qui portaient le même nom que toi. Alors ça pouvait n’être que vrai.

Tu ouvrais la porte en pensant que c’était ta colocataire qui avait oublié ses clefs avant d’aller travailler. Mais lorsque tu ouvrais la porte, tu voyais une jeune femme blonde devant toi. Elle te ressemblait un peu, tu restais bouche bée devant elle. Etait-ce ta soeur jumelle disparu depuis plus de 20 ans ? Il semblerait. C’est ce qu’elle te confirmait du moins. Elle te confirmait que c’était bien elle, ta soeur. Tu ne savais pas trop quoi faire, tu étais désemparée et tu en oubliais même tes politesses. Tu lui proposais d’entrer dans ton appartement mais tu sentais que tu n’étais pas sûr de toi dans tes gestes et dans ce que tu disais. C’est ensuite que tu lui demandais comment elle t’avait retrouvé que tu fermais la porte derrière elle. « Anastasia, enfin quand on était encore en Russie. Maintenant c’est juste Anna » confirmas-tu à la jeune femme. Vous vous dirigiez dans le salon et la blonde te proposait de vous assoir parce que vous avez pas mal de choses à échanger toutes les deux. « C’est une bonne idée » dis-tu en l’invitant à s’assoir sur le canapé. Tu te posais dans l’angle de ce dernier avant de reprendre. « Ça fait 6 ans que je te cherche, j’ai jamais réussi à trouver quelque chose sur nos adoptions… » dis-tu simplement à la jeune femme, toujours sous le choc. Tu n’avais pas de souvenirs de ta soeur, ou des souvenirs assez flous. Alors c’était vraiment déconcertant. « J’ai appris toute cette histoire avant d’arriver en Australie, y’a aussi 6 ans. J’ai toujours su que j’étais adopté mais pas dans ces circonstances, et encore moins que j’avais une soeur… jumelle » dis-tu simplement en soufflant.

Ton adoption, ça avait toujours été secret pour toi. Jamais tu n’aurai pu imaginer que les Brodie avaient payés pour t’adopter enfin t’arracher à ta famille. T’avais trouvé ça horrible. Et encore plus horrible qu’on te sépare de ta soeur jumelle. Quelle idée de faire ça ? C’est pour ça que t’étais partie de Londres, c’est pour ça que t’avait décidé de t’enfuir pour vivre ailleurs. T’avais besoin d’être seule pour digérer la nouvelle. Mais elle était là, aujourd’hui, devant toi en chair et en os. Aleksandrina, ta soeur jumelle. Vous ne vous ressemblez pas tant que ça, mais ça c’est toi qui le trouvait. Même si vous aviez pas mal de traits en communs. « Merci » soufflais-je simplement. « Aleksandrina c’est joli aussi » ajoutas-tu avec un sourire. Tu ne savais pas vraiment comment aborder cette rencontre, c’était assez inopiné comme première visite de la part de ta soeur jumelle. Elle avait été aidé par des amis journalistes pour te retrouver, mais toi tu n’avais pas eu d’aide. C’est pour ça que pendant 6 ans tu avais énormément eu de galères pendant tes recherches. « Oh, je vois » dis-tu simplement alors qu’elle t’expliquait tout ça. « En effet, ça fait longtemps » ajoutas-tu dans un rire un peu timide et étouffé. Elle savait que tu existais depuis que vous aviez 15 ans, c’est dingue ça ! Mais elle n’avait pas eu envie d’en savoir plus, chose que tu peux aisément comprendre. C’est dur à digérer quand on est déjà adolescente qu’on a une soeur jumelle qui existe dans ce monde. « Je comprends totalement… Moi c’était à mes 18 ans que je l’ai su. Et j’ai essayé de chercher mais en vain, j’avais pas énormément de ressources et je savais pas vraiment qui ou quoi chercher » dis-tu en haussant les épaules pour lui expliquer ton point de vue. C’était délicat, t’avais déjà pensé à ce que tu allais lui dire à Aleksa, mais t’avait tout oublié. « A vrai dire, j’y ai pensé aussi mais moi aussi j’ai tout oublié » dis-tu dans un rire nerveux à ton tour. « La seule chose dont je me souviens c’est le froid… » dis-tu en réfléchissant un peu. Mais toi non plus tu n’avais pas de souvenirs de Novossibirsk.

Ton adoption n’avait jamais été un secret. Mais la façon dont tu avais été adopté l’était. Apprendre ça quelques jours après ton dix-neuvième anniversaire, ça t’avait déchirer le coeur. C’est pour ça que tu avais pris la fuite ici, à Bowen. T’avais décidé de te reconstruire une famille ici, et tu avais quasiment réussi. Mais il te manquait encore quelque chose, et maintenant qu’elle était à côté de toi, tu comprendrais vite que c’était Aleksa qui manquait dans ta vie. Elle était toute mignonne, douce, le contraire de toi qui fait plus brutale et vulgaire. Mais elle t’apportait une certaine confiance. C’est peut-être ça, la magie gémellaire ? Le fait de se sentir en confiance avec quelqu’un, sans dire un mot. « Je suis contente qu’on t’ai aidé alors » dis-tu timidement avec un sourire. Sans l’aide de ses collègues journalistes, elle ne serait pas là à l’heure qu’il est. Et tu es bien contente qu’elle t’ai trouvé. Tu n’avais pas eu les moyens dont elle a disposé, et t’étais tellement en colère que tu n’arrivais pas à avancer dans tes recherches. Les Brodie, les Kovaleski, t’avait l’impression que tout le monde te mettait des bâtons dans les roues. « Belle » dis-tu simplement, dans un souffle. « J’ai été adopté par une famille en Angleterre, j’ai vécu à Londres la plupart de ma vie. Mais quand j’ai appris que l’adoption n’avait pas été faite dans les règles, j’ai pété les plombs et j’suis partie » ajoutas-tu en baissant les yeux. Ta vie n’avait pas été aussi mauvaise que ça, tu avais vécu pas mal de bons moments lorsque tu vivais à Londres. « Et toi alors ? Tu as eu une belle vie jusque là ? » demandas-tu à ton tour, en levant les yeux vers Aleksa, un petit sourire aux lèvres.

Tu ne sais pas comment aborder le sujet de ton adoption, à vrai dire tu n’as jamais réussi. Enfin c’est depuis que tu as appris cette terrible nouvelle, qui avait été l’illégalité de l’adoption de ta soeur jumelle et toi. D’ailleurs, tu avais appris l’existence de ta soeur seulement il y a 6 ans, quand tu avais appris ce qu’il s’était passé dans ton enfance. Avant, tu étais totalement dans l’ignorance. C’est pour ça que te retrouver devant elle c’était déstabilisant. Elle était contente d’être là et de te rencontrer enfin, toi aussi dans un sens. Mais c’était quand même très bizarre comme situation, et tu ne savais pas trop quoi lui dire. En quelques mots, tu lui expliquais ta vie, celle que tu avais vécu en étant adopté par les Brodie à Londres. T’avais été heureuse, en soi. T’avais eu un merveilleux petit ami pendant quelques temps, des amis en or et des parents aimants. Mais tu les avais détesté au moment où la vérité avait éclaté. « Oui c’est une ville magnifique » commenças-tu avec un petit sourire. « J’l’ai… j’l’ai mal pris qu’il ne me l’ai jamais dis et qu’ils aient attendu mes 19 ans pour me le dire, je ne leur ai pas reparlé depuis » dis-tu simplement en te pinçant les lèvres. Ça faisait 6 ans que tu ignorais tes parents adoptifs. Ça te faisait mal mais tu étais une bonne tête de mule. La dernière fois que vous vous êtes parlé, tu venais de changer ton nom de famille et tu allais monter dans l’avion pour Bowen. La blonde te racontait à son tour son enfance aux Etats-Unis. « Los Angeles, whoa » soufflas-tu stupéfaite. C’était un peut ton rêve les Etats-Unis et tu n’y es jamais allé. « Oh d’accord, je vois » dis-tu simplement quand elle t’expliquait les raisons de sa recherche vers toi. Tu étais assise sur le canapé, tu prenais tes genoux entre tes bras et tu te renfermais un peu comme une huître. « J’avoue que… que c’est un peu bizarre mais j’suis vraiment contente de te rencontrer » dis-tu avec un léger sourire. « Mais je crois que je vais avoir besoin de temps… » ajoutas-tu en te mordant la lèvre inférieure.

Non pas que tu n’étais pas heureuse de rencontrer Aleksandrina aujourd’hui, mais tu étais très perturbée. En effet, c’était étrange de rencontrer sa soeur jumelle que tu es sensée connaître depuis toujours et dont tu ne sais rien. Elle comprenait pourquoi tu avais été aussi dure avec tes parents, et surtout pourquoi tu l’es toujours. Cette rancoeur est toujours ancrée au plus profond de toi et plus les jours passent, plus ça ne change rien. Tu expliquais donc à la blonde que tu avais besoin de temps pour assimiler les choses, que même si tu avais cherché à la rencontré, tu avais besoin d’un moment pour te remettre de tes émotions. « Merci » soufflas-tu simplement, un mince sourire sur les lèvres. Tu la voyais chercher quelque chose dans son sac et elle en sortait un papier et un crayon. Lorsqu’elle avait écris son numéro de téléphone dessus, elle te le tendait et tu le prenais. D’une manière très douce, tu lui souris. « J’hésiterai pas » dis-tu avec ton sourire. T’avais juste envie de prendre du recul et de te dire qu’elle était là, bien en vie, et en plus à Bowen. Tu t’étais fais tellement de film sur cette personne que tu étais finalement heureuse de voir qu’elle avait bien réussis dans la vie. Vous vous leviez du canapé en même temps et tu l’escortais vers la porte pour qu’elle puisse partir. En tenant la porte qui était ouverte, tu voulais lui dire quelque chose avant qu’elle passe le pas de cette dernière. « Je suis vraiment contente de t’avoir rencontré, Aleksa, vraiment » dis-tu avec un sourire. Tu lui avais même raccourci son prénom, ça prouvait que tu l’aimais bien. « Promis, à bientôt » dis-tu avec un sourire. Une fois la porte fermée, tu prenais une grande respiration et tu te laissais glisser sur le sol. Assise par terre, tu repensais encore à cette rencontre avec ta « nouvelle » soeur.

FIN DU SUJET.