Baby, I don't need dollar bills to have fun tonight | PV Concho

Ce sourire sincère, après des paroles aussi agréables à entendre, ça me fit sourire à mon tour, immanquablement. Pour les différentes dates avec Emilia, j’avais eu des réticences, moi qui partais toujours d’une amitié pour ensuite en venir à une relation amoureuse : la preuve avec Ally, avec Zelda, avec Freja. Je n’avais jamais eu un rendez-vous où il était bien clair que le but recherché était l’amour et pas l’amitié. C’aurait donc pu foirer, complètement, comme je l’appréhendais d’ailleurs. Enfin, le premier rendez-vous avait effectivement foiré, mais pas en raison d’un manque d’attraction. Un manque d’énergie ou d’quoi du genre, plutôt. Là, clairement, ça allait, le courant passait, et plus que ça encore. Je ne voyais pas d’autres issues possibles pour Emilia et moi que de laisser cette relation évoluer vers quelque chose de doux et de beau, et ça rendait déjà mes jambes un peu molles de me l’imaginer. « Ah ouais t’en fais pas à moins d’une catastrophe d’ici à la fin de la soirée, j’risque de te rappeler assez vite cette fois. » Je souris. La catastrophe, elle viendrait inévitablement de moi, pas d’elle, bien sûr. Emilia elle pourrait faire n’importe quoi de débile ce soir, je pense que c’était déjà gagné d’avance pour elle, j’étais sous son charme. Bref, on parla un peu de son job, puis un peu du mien forcément puisqu’on parlait de danse en général, et finalement on arriva à un endroit dans la foule qui semblait propice pour bien voir la scène. On s’arrêta, continuant cependant de parler en attendant le début du spectacle. « J’vois vraiment pas ce que je pourrais te reprocher. Pour le moment j’te cherche encore des défauts mais je trouve pas. » Admis-je avec un sourire gêné, à la fois parce que c’était complètement cliché de dire ça, à la fois parce que c’était quand même complètement vrai. Bon, pour le défaut, je pourrais bien dire qu’elle mettait beaucoup d’alcool dans ses cocktails, mais bien honnêtement on pourrait probablement me le reprocher à moi aussi ! « Exact, alors profite bien des quelques années qu’il te reste pour en profiter sans passer ton lendemain à t’sentir comme un vrai déchet. » C’est vrai que je ne pouvais clairement plus boire autant que dans mon début de vingtaine. Mon corps m’en voulait rapidement, quelques heures plus tard. Tout à coup les lumières de la scène changèrent et toute l’ambiance aussi. Je me rapprochai d’Emilia, on se criait dans les oreilles mais c’était pas grave, on confondait tous les hurlements autour. Sia rentra sur scène et débuta avec Chandelier, le classique. Je chantai chacune des chansons suivantes, démontrant mon level de fan. À un moment, je lançai à Emi : « Tu veux monter sur mes épaules ? » Proposais-je. Ça aussi, c’était un classique. Un classique de festival.

Il est vrai qu’après l’échec de sa précédente relation Emilia a quelque peur de l’engagement, malgré tout elle devait l’avouer le charme et le naturel que dégageait Concho lui plaisait énormément. Elle avait comme la sensation parfois de retrouver sa part d’insouciance, d’un monde où tout est beau tout est rose bien que ce ne soit pas forcément le cas. L’italienne sait qu’il y a des blessures profondes en elle sur lesquelles elle doit encore travailler pour s’épanouir pleinement mais a-t-elle trouvé en Concho les qualités qui pourrait peut-être l’aider à aller de l’avant, à avancer, à guérir ? Elle ne le savait pas, elle préférait donc laisser les choses se faire naturellement bien qu’elle lui fasse assez comprendre qu’elle n’était pas insensible à son charme. La jeune femme donc affiche un large sourire aux lèvres, vraiment heureuse de passer cette soirée avec lui et surtout d’entendre tout ce qu’il lui disait qui l’a rassuré énormément sur le fait qu’il était un homme bien. « Il y a intérêt Concho sinon je risque de mal le prendre à force si tu me rappelle pas » Elle ne peut s’empêcher de rire en lui disant ça. Il est vrai qu’elle avait eu peur à la suite de leur premier date qu’il ne la rappelle pas, bien que dans le fond elle pouvait comprendre qu’il s’est senti honteux d’avoir eu ce malaise, mais ce n’était en aucun de sa faute. Finissant par s’être trouvé une place convenable pour le concert du soir, les deux s’arrêtent de marcher mais continue tout de même leur discussion sur tout et à la fois rien, apprenant toujours à se connaître un peu plus. Emilie se mit alors à rougir légèrement quand il lui avoue chercher encore des défauts, rire un peu gêné alors s’échappe de sa bouche, voulant cacher son malaise du moment « Et pourtant si tu savais ce que je peux avoir comme défauts, tu fuirai en le découvrant je pense » Certes Emilia est le genre de fille joviale à souvent prendre le bon côté de la vie, mais malgré tout elle avait un tempérament où elle ne se laissait clairement pas marcher sur les pieds, un avantage certainement d’avoir été élevé avec deux grands frères. Et puis même si elle ne montre rien concernant son ex petit ami, elle savait dans le fond que cette histoire avait détruit certaine partie d’elle dont elle avait grandement besoin de réparer. « Mon dieu je n’ai clairement pas hâte d’avoir 30 ans alors » Riant de plus belle elle finit par ranger sa bouteille, juste à temps avant que le concert de Sia ne commence. Directement pris dans l’ambiance, les deux se mettent à hurler leur joie, accompagnant tout le monde autour d’eux. Chandelier se lance alors et la jeune femme se met à chanter en chœur avec la chanteuse ainsi que Concho et la majorité des festivaliers présents ce soir. Des tubes elle en avait et elle faisait la démonstration à tout le monde d’à quel point ses chansons tout le monde les connaissait. Les musiques s’enchainent, Emilia chante et danse en allant s’amusant en même temps avec son cavalier du soir. Ce dernier fini par lui proposer de la prendre sur ses épaules. « Euhhh ouais ok pourquoi pas ! J’espère pas être trop lourde » Riant légèrement, il est vrai qu’il était un peu plus grand qu’elle et que de cette façon elle allait bien mieux voir la scène et les moindres détails du concert. S’approchant de lui, un sourire amusé aux lèvres la jeune femme attend qu’il s’abaisse avant de grimper sur ses épaules. Peu rassurée les premières secondes, elle sent les mains de Concho contre ses jambes la maintenir comme il faut pour qu’elle ne tombe pas.

Je ris en hochant la tête en même temps. C’est clair que si je laissais encore plusieurs semaines passer cette fois, Emilia allait aller voir ailleurs. Je la comprendrais totalement, d’ailleurs. Et je ne voulais pas que ça arrive. Je ne voulais pas qu’elle passe au prochain numéro. J’avais vraiment envie de voir où tout cela pouvait nous mener, pour une fois qu’une de mes relations débutait d’une manière plutôt normale – si on oublie le fait que j’avais perdu connaissance à notre premier rendez-vous. Je parle plutôt du fait d’y aller étape par étape, une rencontre d’abord entourés de tous nos partenaires de la Fête de la mangue, et ensuite quelques messages échangés sur les réseaux sociaux, pour finalement nous décider à nous voir rien que tous les deux. C’était une évolution douce et normale, et j’avais envie que ça évolue encore plus, vers du plus beau encore. « Ouais j’t’en tiendrais pas rigueur, de mal le prendre. Je serais carrément idiot. » Je souris, puisqu’elle en riait elle aussi. Je me doutais quand même qu’Emilia n’en rirait pas autant si je la ghostais réellement dans les prochains jours. Ça n’arriverait pas. Ce n’était pas mon genre. Mon genre, c’était plut d’être celui qu’on ghostait ou qu’on friendzonait. On se positionna finalement stratégiquement face à la scène, après nous être frayé un chemin jusque-là. Puisque le concert n’était pas encore débuté, on continua à discuter de tout et de rien, et moi à la couvrir de compliments – comme si ce n’était pas déjà assez clair, à présent, que j’étais intéressé. « Ah, tu crois ? J’suis intrigué du coup, quel genre de défaut tu penses assez gros pour me faire fuir ? J’suis assez patient et compréhensif, tu sais. Ça m’en prend beaucoup pour me faire peur. » Je ris. « En matière de défaut seulement, cela dit. Sinon, n’importe quoi peut me faire peur. » Ajoutais-je parce que j’étais effectivement un grand peureux qui sursautait à chaque occasion devant un film d’horreur. Je bus quelques gorgées de cette vodka-jus d’orange avec une forte concentration d’alcool, ce qui nous lança sur le sujet des effets dévastateurs de la boisson plus on prenait de l’âge. J’étais le parfait témoin de ce changement dans un corps. « Non, profite de ta jeunesse ! » Comme si trente ans, ce n’était plus jeune. C’était moins jeune, c’est tout. Je ne me pensais pas non plus très vieux. Si c’était le cas, je n’étais clairement pas là où je m’imaginais être lorsque je serais vieux. Bref, le spectacle commença enfin et sur chaque tube de la chanteuse, on se trémoussait, on chantait à s’en faire exploser les poumons, on riait à gorge déployée. C’était un moment magique. Je proposai à Emilia de monter sur mes épaules. « Tu rigoles ! T’es un poids plume ! » Je ne l’avais jamais soulevée mais il n’y avait qu’à la regarder pour le voir. Et puis, j’avais quand même une bonne force dans les bras, les jambes et les abdominaux. Je m’agenouillai pour la laisser grimper sur mes épaules et je me relevai avec prudence et stabilité, posant mes mains sur les cuisses de la blonde pour la maintenir bien en place. Je ris en l’entendant crier au-dessus de ma tête, visiblement heureuse, elle aussi, de ce moment unique qu’on partageait.

Vous étiez là à rire de cette situation du fait qu'il ne t'avait pas rappeler et tu ne mentais pas en lui disant que tu ne lui en voulais pas, c'était sincère. Après il est vrai que s'il venait à ne pas te rappeler tu finirai par mal le prendre, vexée certainement un peu comme si il t'avait casé dans la catégorie friendzone alors que dans le fond oui il te plaisait Concho. Tu avais encore du mal à vraiment l'exprimer car au final il est l'un des premiers garçons avec qui tu as osé en rendez-vous depuis ton arrivée à Bowen, depuis ton ex-petit-ami. Alors oui dans le fond tu t'inquiétais mais de tout ce que tu as vu jusqu'à aujourd'hui de l'australien, rien ne te donnais envie de fuir. "Oh oui, vraiment idiot, tu passerai à côté de la meilleure personne qui pourrait inclure ta vie sinon" Tu continues de rire avec lui, parce que dans le fond, tu ventais tes mérites mais tu avais du mal à réellement penser ce que tu disais. Tu avais été détruite dans le fond mais comme tu n'aimais pas paraître faible aux yeux des gens tu préfères ne rien montrer et rester la jeune femme la plus solaire toujours de bonne humeur qui prend la vie du bon côté. Ayant réussi à vous frayer un chemin à travers la file, Concho et toi continuais de discuter, d'apprendre à mieux vous connaître et puis aussi dans le fond vous rapprocher un peu plus. Tu lui avoues que tu n'avais pas que des qualités, puisqu'il t'avait fait rougir en disant qu'il avait du mal à te trouver des points négatifs pour le moment. Alors oui tu avais été un petit peu mal à l'aise face à ces compliments mais ça te touchait tout de même énormément qu'un homme puisse penser en positif de toi. Tu n'avais plus l'habitude, Milo, ton ex, t'ayant fait ressortir les aspects négatifs de ta vie. "Oh je suis italienne donc déjà j'ai un caractère où faut pas trop me chercher... Et puis j'ai deux grands frères donc ça n'a clairement pas aidé pour mon caractère en grandissant" Tu te mets à rire alors en disant ça, car oui grandir dans une famille italienne et avec deux grands frères ça aide pas mal pour avoir un caractère assez forte "Et puis... Je suis têtue, peut-être un peu trop ce qui fait que quand j'ai quelque chose en tête en général c'est très difficile de me faire changer d'avis" Tu lui souris en lui avouant ces choses sur toi, même si au final tu es restée assez soft sur ces révélations, si il y a plus que de l'amitié entre vous, il verra bien assez vite que tu n'as pas un caractère simple et encore plus compliqué depuis ta dernière histoire. "Et du coup toi t'es du genre froussard alors?" Tu souris de manière à le taquiner, regard rempli de malice, non pas que tu voulais lui faire peur, mais dans le fond tu trouvais ça mignon qu'il t'avoue ça. "Promis, je te protégerai avec mes gros bras bien musclé" Tu montres alors tes biscotos en lui disant ça, amusée par la situation. Avant que vous ne vous décidiez de vous désaltérer, tu as donc sortie cette bouteille pleine de vodka orange, tu n'étais pas choquée par la quantité contrairement à Concho qui semble moins apprécier. Même s'il est à peine plus âgé que toi, tu ne peux t'empêcher de le taquiner sur le sujet. Non pas qu'il était beaucoup plus vieux que toi, mais il avait passé la trentaine alors que toi non du coup tu t'inquiètes sur si c'était ce qui t'attendais une fois les trente ans passés. Et il ne te rassure pas en te disant que oui, passé trente ans les choses ne vont guère en amélioration. "Promis je vais en profiter à fond, je veux pas finir comme toi" Tu lui tires la langue amusée avant de rire et de ranger la bouteille dans ton sac. Puis à cet instant le concert commence enfin, vous aurez donc un peu plus de mal pour communiquer ensemble, alors vous restez juste l'un à côté de l'autre à chanter, hurler plutôt les chansons, tentant de danser du mieux que vous le pouvez également. A fond dans l'ambiance, vous vous éclatiez comme de vrais gosses et t'adorais cette sensation de légèreté que t'insufflais Concho dans la vie. Puis sans même savoir pourquoi, il te demande si tu veux monter sur ses épaules, tu l'avoues, tu as hésité quelques instants. Tu ne voulais pas lui imposer ton poids sur ses épaules, mais tu finis par accepter, simplement pour avoir un certain rapprochement, une proximité entre vous. "Tu verras que je suis pas si légère que tu ne le penses" Tu ris alors avant qu'il ne s'abaisse et que tu t'installes sur ses épaules. Si au départ tu n'es pas forcément rassurait, tu sentais les mains fermes du jeune homme sur tes cuisses qui te maintenant au final bien en place "Wouhouuuuu" te mets-tu alors à crier, constatant que tu n'étais donc pas la seule à être sur les épaules de son compagnon de la soirée. Par peur de tomber, tu ne peux t'empêcher tout de même de te maintenir à l'une de ses mains qui maintenais tes cuisses, simplement un geste de sécurité pour toi, mais pourtant ce simple contact te rassure. Vous étiez donc ainsi de longues minutes, une ou deux chansons tout au plus à vrai dire, mais tu ne voulais pas non plus abuser de lui, il voulait peut-être aussi profiter pour danser, alors tu tentes de lui faire comprendre que tu souhaites descendre. Un peu plus rassurée par sa force, il n'a pas vraiment besoin de s'abaisser pour que tu descendes. Tu étais là bien plus proche à cet instant et tu ne sais pas pourquoi, une pulsion, une envie, alors que tu croises son regard quelques instants tu viens coller tes lèvres contre les siennes.

Spoiler:

Emilia me faisait de plus en plus penser à Perry, et ça me faisait sourire. Si ça devenait plus sérieux entre elle et moi et que je devais à la fois entendre mon meilleur ami se vanter et Emi se couvrir de compliments à la journée longue, franchement je deviendrais fou. Et ils s’encourageraient là-dedans ensemble, sans doute. Ou alors ils se rendraient compte en entendant l’autre que c’était abusé, leur truc. Au choix. Mais je ne voulais pas les changer, ni l’un ni l’autre. C’était un trait de personnalité qui me faisait rire et qui ne devait pas me déranger tant que ça au fond, si j’endurais Perry depuis toutes ces années. Je me contentai de rire en penchant la tête vers l’arrière avant de la regarder en poussant un soupir exagéré. J’entendis finalement Emilia me parler de ses défauts et ça ne me fit pas trop peur, niveau caractère j’avais eu des copines assez fortes de ce côté. Évidemment, je pensais surtout à Ally. « Oh tu sais, on m’en a déjà fait voir de toutes les couleurs, même si j’déteste les disputes j’crois que je suis maintenant un pro pour les réconciliations après. » Je ne spécifiai pas quel genre de réconciliation, mais on pouvait s’en douter tous les deux. Emilia ajouta, comme pour me convaincre qu’elle n’était pas parfaite, qu’elle était aussi très têtue. « Au moins j’aurais jamais besoin de me battre pour que ce soit toi qui choisisses à quel restaurant on va. » Avec son caractère et son entêtement, je pourrais la laisser prendre toutes les décisions et moi je me porterais bien mieux, en grand indécis que j’étais. La blonde avait évidemment relevé un extrait de ma phrase d’avant, dans laquelle je parlais de mes frousses faciles. « Ouais bah disons que les maisons hantées et les trucs du genre, c’est pas ce que je préfère. » Admis-je dans un léger rire. J’aimais bien la fête de Halloween pour le principe de se déguiser, mais je ne me faisais pas des marathons de films d’horreur durant cette période. Ni à aucune autre période de l’année d’ailleurs. Je ris lorsqu’Emilia me montra ses bras – à côté des miens on aurait dit des bras d’un croquis de bonhomme allumette. « Je me sens rassuré à 100%. » Plaisantais-je. La jeune femme sortit finalement sa bouteille de vodka-orange et s’en suivit une conversation sur nos âges et ma vieillesse. « Ouais j’te le souhaite pas. » Dis-je à propos de finir comme moi. Je me moquais de moi-même, en vrai j’étais très en forme et pas du tout en déclin sur ce plan-là alors je ne m’inquiétais pas trop pour la quarantaine non plus. Le spectacle débuta quelques minutes plus tard et on se mit rapidement dans l’ambiance. Après plusieurs chansons je proposai même à ma partenaire de la soirée de monter sur mes épaules, ce qu’elle accepta malgré une hésitation par rapport au poids que ça représentait sur mes épaules. Je ne me faisais pas de soucis. Pendant deux chansons complètes j’étais là, Emilia sur moi, nos deux mains serrées ensemble, et je me sentais bien. Juste bien. Le temps semblait s’être arrêté et pourtant le show poursuivait son tempo. La blonde me tira de mes pensées en me tapant quelques coups sur la main, signifiant qu’elle voulait descendre. Sans trop m’abaisser elle parvint à retrouver la terre ferme. Nos regards se plongèrent l’un dans l’autre, on souriait de contentement, de bonheur, de légèreté. Et nos lèvres se rapprochèrent pour finalement se sceller. La foule autour de nous n’existait plus et pourtant la chaleur et le bruit étaient bien là. J’embrassai Emilia avec le cœur en feux d’artifices, les confettis n’étaient plus sur la scène mais dans ma poitrine.

T'avais aucune idée de ce que cette soirée allait donner. Toi t'étais partie dans une optique d'apprendre toujours plus à le connaître, de voir si ce match sur BBT était aussi bien dans la réalité que sur l'appli de rencontre. Jusqu'à maintenant en tout cas tu n'es pas déçue, bien au contraire. Vous semblez bien vous entendre, à rire de tout et n'importe quoi sans vous prendre réellement la tête faisant tout de même référence à une possible envie de plus qu'une amitié entre vous. Ca te stressais dans le fond de te lancer à nouveau dans une histoire après celle que tu venais de vivre en Italie, celle qui t'avais poussé à arriver ici à Bowen. Pourtant Concho t'inspirait confiance, il avait cette aura qu'il dégageait qui te donnait envie de lui faire confiance. "On sait tous qu'il n'y a rien de mieux que les réconciliations en général" dis-tu alors sourire amusée aux lèvres, ayant bien compris de quoi il voulait parler. Ce n'était pas difficile de comprendre de quel type de réconciliation il voulait parler, vous étiez adultes, vous aviez déjà vécu des histoires dans le passé, vous savez donc forcément tous les deux de quoi il s'agissait. "J'aime bien qu'on me tienne tête quand même tu sais" Tu plisses un peu les yeux en lui disant cela, amusée par la situation, par ces mots employés tel que le "on" ou le "nous", présageant peut-être quelque chose de sincère dans le futur entre vous. Puis il te fait la confidence qu'il était un peu du genre froussard et tu trouvais ça plutôt mignon d'apprendre ça d'un grand gaillard comme lui. Comme quoi, le physique et l'apparence ne voulait pas dire grand chose, il était grand, costaud et pourtant les maisons hantées ou les films d'horreur c'était pas forcément son kiff. Tu en rigoles alors légèrement, montrant tes bras lui disant alors que tu serai là pour le protéger s'il en avait besoin. T'étais de toute façon pas du genre à avoir peur facilement, il faut dire qu'avec deux frères aînés, ils t'avaient souvent entraînés à regarder des films d'horreur avec eux quand vous étiez plus jeune. Vous vous mettez ensuite à rire sur l'alcool et le fait de vieillir, et même si à peine quelques années vous séparaient, tu le charriais sur le fait qu'il était plus vieux que toi et qu'en vieillissant il semblait ne plus supportait l'alcool comme avant. Les minutes passent et vous vous parlez encore, vous riez ensemble, un peu comme des vieux amis de longues dates, mais c'était pourtant bien plus que ça à cet instant tu le savais. Tu flirtais carrément avec lui, montrant ta personnalité joviale qui rigole facilement, qui a toujours le sourire aux lèvres, cachant du mieux que tu pouvais tes blessures profondes. Puis le concert commence et vous vous mettez en chœur avec les personnes autour à chanter, danser, crier avant que tu ne prennes place sur ses épaules pour le temps de quelques chansons. Tu n'avais pas osés au début, peur en quelque sortes de l'écraser, mais il ne semblait pas vraiment souffrir de ton poids sur lui. Tu finis quand même par prendre la décision de descendre de ses épaules, voulant qu'il profite aussi du concert et puisse bouger comme il le veut, chose compliquée avec toi sur lui. Et sans vraiment te rendre compte de ton geste, tu finis par coller tes lèvres aux siennes. Tu ne savais pas trop comment il allait réagir mais tu finis par sentir qu'il répond à ton baiser. Le temps semble s'arrêter à ce moment là, tes lèvres contre les siennes, ton coeur battant un peu plus que de raison. Tu passes alors tes bras autour de lui, approfondissant ce baiser, oubliant presque que vous vous trouviez au milieu de la foule, Sia à quelques mètres de vous faisant le show. Tu finis par écarter tes lèvres des siennes au bout de quelques instants, gardant tes bras autour de sa nuque, ton regard finissant dans le sien et tu affiches un sourire un peu gêné d'avoir pris cette décision de l'embrasser "Je suis désolée je.... J'en avais envie"

On me parlait souvent de cette aura, de cette bienveillance qui semblait émaner de moi. Le grand gentil, quoi, un peu naïf peut-être, même. Ce n’était pas totalement faux. Mais j’avais également un côté de moi qu’on éclipsait souvent en raison de cette douceur dans mon regard. J’étais loin d’être parfait et mon petit cœur d’artichaut avait fait mal à plusieurs personnes. Je ne prenais pas toujours les bonnes décisions. Je ne disais pas toujours ce qu’il fallait, j’étais maladroit. On me pardonnait toutefois rapidement, plus rapidement que moi je me pardonnais à moi-même. Je souris et hochai la tête quand Emilia affirma qu’il n’y avait rien de mieux que les réconciliations. On savait très bien elle et moi à quoi nous faisions référence. Les réconciliations sous les draps impliquaient tout un lot d’émotions intenses alors forcément, la relation sexuelle était incroyable. On parla ensuite des défauts d’Emilia, ceux que j’avais tenté d’imaginer. Elle avait du caractère, ça, ça se voyait, mais je ne le considérais pas tant comme un défaut. Au contraire, pour un mec indécis comme moi, c’était parfois apprécié. Sauf qu’elle m’avoua aimer qu’on lui tienne tête. « D’accord, quand j’aurai envie de chinois et toi d’italien, je vais pas lâcher le morceau. » Je ris. On parlait du futur comme si c’était déjà écrit dans le ciel qu’on aurait encore plusieurs rendez-vous l’un à la suite de l’autre. Probablement parce que ça coulait tout naturellement, entre nous deux. Je ne pouvais pas concevoir qu’on ne se revoit pas après ce soir. Et la prochaine fois serait notre troisième date, c’était quand même une grosse étape à franchir, peut-être que ça se terminerait de façon plus intime, même. Et à partir de là, on le sait, ça passe ou ça casse. Bref, c’était à suivre, mais j’avais un bon feeling avec Emilia, pour une fois que ça se déroulait de façon saine et normale dans un balbutiement de relation pour moi. On continua de discuter, de se charrier, d’apprendre à se connaître. Puis, le spectacle débuta, les chansons s’enchainèrent, Emilia monta sur mes épaules pour en redescendre deux chansons plus tard. C’était magique, ce moment. Probablement le plus beau festival de ma vie. Et ce fut encore mieux lorsqu’après nous être dévisagés un moment, seuls pourtant dans une foule noire de monde, on s’embrassa. Nous avions une chanteuse de renommée mondiale juste là devant nous, qu’on adorait en plus, et pourtant à cet instant rien d’autre qu’Emilia n’existait pour moi. Nos lèvres se détachèrent et je souris, bêtement, alors que la blonde se confondait en excuses. « T’excuses pas. » Je la regardai un moment, le sourire toujours aux lèvres, avant de l’embrasser de nouveau. En m’éloignant d’elle, je lui dis à mon tour : « J’en avais encore envie, faut croire. » Je ris. Après un moment, on reporta notre attention sur le spectacle, je me faufilai derrière elle, passant mes bras autour de ses épaules pour la serrer contre mon torse, c’était doux, c’était beau, et jamais je n’aurais pensé être aussi facilement mis de côté que quelques semaines plus tard.