/hot/ You can play your card, I'll hold onto mine (Damon)

Lincoln & Damon

You can play your card,
I'll hold onto mine

Le monde à travers le regard noisette de Lincoln est un monde plat, intérieurement labyrinthique, alambiqué et gothique mais extérieurement sans relief, à la fois opaque comme l’eau dormante et sale des mangroves et aussi transparent qu’un aquarium astiqué à la térébenthine. Les chefs-d’œuvre de la technologie contribuaient et vider les cervelles de leurs précieuses circonvolutions toutes en virages subtiles et riches arborescences ; lesquelles ne sont que le reflet de l’histoire compliquée des hommes et mériteraient à ce titre d’être jalousement entretenues par des exercices quotidiens. Lincoln est de ceux à avoir cette capacité d’observation, de constations, de descriptions, de toutes les choses qui peuvent le laisser vous conter le tableau du présent de ce monde avec toute l’authenticité qui en ressort. Mais en paradoxe, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid. Qu’il y ait des mots, des chômeurs, des fous, des tyrans, des artistes écorchés, des baleines échoués sur terre, des singes tombés du ciel...Ce n’était pas son problème. Dans l’histoire, Lincoln n’est que l’un de ses mecs qui n’a pour intérêt que sa personne, son business, son plaisir, son vice. Le reste ? Le reste n’existe pas.

Lincoln est l’homme que l’on peut détester, envier, peut-être même aimer, et quelques fois, on pouvait le remercier. Ces derniers temps, il en récoltait les « merci » par centaines. Il aimait bien lors sonorité, il aimait suivre les mouvements des lèvres lorsque ce mot est prononcé. Quel que soit l’individu qui le dit, tant que c’est à lui à qui il s’adressait. C’était un plaisir en soi, pour quelques grammes de poudres vendus, Lincoln était devenu le bon samaritain, des âmes vagabondes. Le plus souvent, ce n’était pas lui qui vendait, mais ses propres dealers. Les « merci » cependant, il les reçoit toujours, lorsqu’un client passe dans son bar, et lui souffle cela tout en demandant encore et encore plus. Pour vous dire, la vie est belle pour Linc’, elle est parfaite. Il ne manque de rien, il ne manque de personne non plus. Il ne demande rien de plus. La roue de la vie finit toujours par tourner, c’est une vérité que la réalité met en pratique souvent. Il s’avère que pour Lincoln, ce début de soirée signe comme un tour dans la roue, un tour qui pourrait venir gâcher un peu cette perfection qu’il semblait vivre en toute tranquillité. A peine venait-il d’ouvrir son bar, qu’il vit de loin une silhouette qu’il connaissait déjà. Ce mec et sa démarche ont déjà attiré son œil, attisé son intérêt pour ne lui laisser qu’une brise froide dont il n’avait pas digéré l’impact. Heureusement que ce dernier avait une belle gueule, Lincoln s'en voudrait de le lui amocher.

Il lui accorda le temps de s’installer, avant de ne s’empresser et de se diriger vers lui. Allait-il le reconnaitre ? Faut avouer que ça en donnera un coup à son égo si le cas contraire se manifeste.  Lorsqu’il arriva à sa hauteur, son regard se fit plus perçant alors qu’il détaillait Damon de la tête aux pieds. Pour finir par demander... « C’est la première fois que je te vois ici. Qu’est ce que je te sers ? »

La vie depuis qu'il avait pris ce parcours, elle n'était plus tellement la même. Beaucoup de choses avaient changé et surtout, il se battait plus souvent qu'il ne le voulait pour avoir une vie qui pourrait être juste normale. Damon avait pris le même parcours que son père, il avait décidé de devenir lui aussi un acteur et vivre de cette vie qui pouvait être magnifique pour certains, alors que c'était le contraire malheureusement. Enfin, il savait très bien que la plupart des gens étaient du genre à croire que les célébrités ne pouvaient pas avoir de problèmes dans leur vie, qu'ils avaient de l'argent et de la célébrité. Damon n'était pas celui qui allait se plaindre, il avait vécu sa vie comme on lui prenait, entre la perte de sa mère quand il était un adolescent mais surtout son coming out devant toute la planète terre… oui il avait quand même vu mieux dans sa vie. Mais ce n'était pas le moment de se plaindre, ce n'était pas non plus un moyen pour que les autres comprennent que la vie n'était pas facile pour tout le monde. 

Journée longue, journée craquante. Il avait passé sa journée sur un plateau de tournage non loin de Bowen et il avait envie de rentrer pour pouvoir souffler un peu. Il allait encore avoir une bonne journée la veille, enfin même s'il avait encore le temps pour se reposer et faire le chemin inverse de ce qu'il venait tout juste de faire. Est-ce qu'il avait vraiment envie de retourner chez lui directement ? C'était à se demander, surtout qu'il n'avait pas directement pris la direction de son appartement pour être honnête. Il avait envie de boire un verre, souffler un peu sur le coup en espérant ne pas tomber sur des personnes qui allaient le reconnaître dans sa quête d'avoir un bar pour l'accueillir. C'était peut-être tôt aussi, il n'avait pas regardé l'heure quand il avait trouvé une place dans le quartier pour être tranquille. Il avait posé sa casquette sur sa tête, assez pour qu'elle cache une partie de son visage et qu'il passe presque inaperçu dans les rues de la ville. C'était ça, le mauvais côté d'être une célébrité, la vie, elle n'était plus une vie de toute manière. Mais comment avait-il réussi à se retrouver dans le bar de cette personne ? « C’est la première fois que je te vois ici. Qu’est ce que je te sers ? », il l'avait reconnu après s'être assis dans un coin tranquille. Il se rappelait encore de ce mec qui avait été un peu forceur avec lui, il l'avait rembarré aussitôt. Il ne devait pas boire trop d'alcool. 

« Juste une bière. Ça sera assez. »

Il avait suffi d’un regard pour que Lincoln le reconnaisse. Même dissimulé sous cette casquette. S’il y avait bien une chose qu’il ne supportait pas, c’était bien qu’on le rejette, qu’on ne se plie pas à ses propres envies. Et cet homme avait un soir « osé » le faire, mais il ne releva pas ce bref passé. Sa réponse était si courte et vide de tout, que Lincoln la trouva un peu trop prévisible. Il lui lança un regard, il esquissa même un sourire absent et songea très sérieusement à la prise de tête que pouvait présager une conversation fournie et profonde auprès de lui. Il savait reconnaître les signes de manque. Du manque en tout genre, d’ailleurs. Et l’homme semblait dans un état particulièrement avancé. Il ne s’agissait pas du type de manque dont souffrait Lincoln ou ses clients, de temps à autres. C’était autre chose. Un manque de liberté, celle-là même qu’il semble tenter de retrouver ainsi caché sous son couvre tête. Il prit sa commande, une simple bière, et revient vers lui avec une bouteille en main. Sans un mot de plus, il la glissa sous le regard de l’homme dont il ignorait le nom…dont il ignorait tout, en réalité. « Pas que cela me regarde… » Lançait-il en se distançant de deux pas de là ou se trouvait le jeune homme, il pouvait aisément l’entendre car le bar étant encore peu peuplé, et seul Damon occupait le comptoir pour le moment. « Mais porter une casquette à l’intérieur d’un bar à l’éclairage assez tamisé indique généralement une chose : on n’a pas envie de se faire reconnaitre »

Lincoln n’avait pas la moindre idée de qui était Damon, mais en propriétaire, il se voyait obligé de préciser et de rassurer quant à certaines qualités de son établissement. « Ici, les clients n’en ont rien à cirer de qui tu es, ce que tu fais, ou ce que tu veux… Tu peux te détendre ! » Lui fait-il savoir, en lui lançant un regard rassurant. On pouvait reprocher bien des choses à Linc', mais en barman, il aimait que ses clients soient à l'aise ici.

Il en avait perdu l'habitude de vivre juste en tant que Damon, jeune homme de 25 ans vivant en Australie, passant son temps de temps à la plage pour faire quelques vagues. Ou juste ce jeune homme qui tente de faire comprendre qu'être gay n'était pas une foutue maladie... Enfin, même en tant qu'acteur, c'était toujours la même histoire, il finirait certainement par en avoir marre. Comme s'il se sentait tout le temps observé, une sorte d'anxiété qu'il avait rapidement développé, il n'avait pas été ce jeune homme qu'il était d'habitude, celui qui avait le sourire, ou même juste le regard bleuté assez perçant pour faire comprendre qu'il montrait de l'intérêt à quelque chose. Il était tout simplement fatigué, il avait besoin d'une pause dans sa carrière certainement. Ce qu'il avait demandé arriva devant lui, posant son regard sur la personne qui venait de le servir. Encore lui, s'il n'avait pas été le pire des forceurs cette fois-là, il aurait certainement accepté de se laisser dans les draps, pas que ce mec ne lui plaisait pas, au contraire. « Pas que cela me regarde… », il fronça doucement les sourcils, un rythme cardiaque plus que rapide quand Damon était en train de se demander ce qui allait se passer par la suite de cette phrase du bout des lèvres de l'asiatique en face de lui. « Mais porter une casquette à l’intérieur d’un bar à l’éclairage assez tamisé indique généralement une chose : on n’a pas envie de se faire reconnaitre », Damon tourna la tête pour voir les personnes qui étaient présentes, parce qu'il avait envie de retirer sa casquette, de lâcher ses cheveux certainement en bataille. Et puis merde, un juron dans sa tête alors qu'il posa son regard sur la personne en face de lui.

« Voilà l'une des options que j'aurai bien voulu éviter en faisant ce choix de carrière, me faire reconnaître partout où je peux me trouver. Si tu regardes Peaky Blinders, il y a une chance que tu comprennes qui je suis. »

Enfin, ce n'était qu'une supposition. Cette série l'avait aidé d'un sens, il n'aurait pas rêvé mieux dans sa carrière. Mais d'un autre côté, il aurait évité que sa carrière décolle si rapidement, juste le temps de profiter des derniers instants. « Ici, les clients n’en ont rien à cirer de qui tu es, ce que tu fais, ou ce que tu veux… Tu peux te détendre ! », après avoir bu une partie de sa bière, il lâcha un soupir. Damon enleva alors sa casquette et passa une main dans sa chevelure légèrement ondulée pour la remettre en place, il espérait tout simplement qu'on ne le remarque pas à présent. Enfin, il pouvait déjà entendre des chuchotements dans son dos.

« Damon. C'est mon prénom. »

Que possédait cet homme de si particulier pour que Lincoln ait envie de lui consacrer du temps ? Franchement, ce n’était pas dans ses habitudes de revenir vers quelqu’un qui n’avait pas quelque chose à lui donner en retour. Et pourtant, il était bien ici, face à lui, à tenter de calmer cette méfiance que semblait avoir son vis-à-vis, et son propre intérêt qu'il aurait voulu enterrer six pieds sous terre. L’espace d’un moment, tout juste quelques petites secondes, il s’était demandé s’il allait lui répondre ou tout simplement l'ignorer. La possibilité était tout à fait envisageable, bien que lui-même n’avait jamais escompté lui laisser le loisir de se montrer indifférent à sa présence. Était-ce une question qu’il lui avait posée ? Non, bien sûr que non. A partir du moment où les mots s’étaient détachés de ses lèvres, il avait déjà choisi à sa place. Alors quoi qu’il puisse dire pour se dérober, il le suivrait, au final, parce que c’était comme ça que Lincoln entendait voir se dérouler les choses. Il ne pouvait pas nier, néanmoins, que la perspective de le voir s’esquiver lui paraissait tout à fait alléchante. Parce qu’il ne saurait pas quoi faire pour le retenir ensuite et que cet inconnu-là lui semblait séduisant...

Il n’avait pas pu s’empêcher de le regarder de plus près, de s’attarder un peu sur lui lorsqu’il ôta sa casquette. Il était en présence d’une célébrité ? Lincoln devrait peut-être regarder un plus souvent la télé. Mine de rien, Linc avait beau avoir le meilleur des téléviseurs installé chez lui, il ne l’allumait que si peu. Tout ce qui importait pour lui étaient son business et son bar. Parce que ces deux éléments à eux seuls demandent un dévouement monstre au cas où cela ne se verrait pas. Qui sont-ils au fond ? Si ce n’est les produits avariés nés d’un siècle vaurien. Que les sous-merdes d’un mode de vie devenu une obsession. Des mecs banales qui se croyaient plus forts que Dieu, plus puissants que le Diable, qui pensaient pouvoir tout surmonter du moment qu’ils faisaient partie de l’engrenage qui soutenait ce monde. C’était ridicule et pittoresque. « Lincoln » venait-il de prononcer en tendant sa main vers le jeune homme. Contact formel, loin du Lincoln de l’autre soir. « Raconte-moi un peu… » Disait-il alors qu’il se servait tout juste un verre de whisky, le regard remontant doucement vers le jeune homme. « De quoi parle Peaky Blinders ? Le nom me dit quelque chose, mais je passe peu de temps devant l’écran… » D’un geste de la main, il fit signe à un homme d’à peu prés son âge, assit à la table près de la porte d’entrée, de se lever et de s’occuper des autres clients. Il avait décidé pour sa part, qu’il n’en aura qu’un seul, ce soir. « Tu joues quel rôle ? » Ce n’était pas tous les jours que l’on se retrouvait devant une célébrité. Ce serait une excellente pub pour son bar. Sauf que là, Lincoln ne pensait pas comme ça. Il voulait juste que ce mec se détende, il voulait juste en savoir plus sur lui. « Enfin, si tu ne veux pas parler de ça, on parle d’autre chose » Lança-t-il avant de prendre sa première gorgée d’alcool.

S'il ne faisait pas gaffe, Dahlia allait certainement lui envoyer un message pour savoir pourquoi il n'était pas encore à la maison. Damon, il aimait ce qu'il faisait, c'était comme une énorme partie de lui quand il faisait ses scènes en tant qu'acteur, mais ce n'était pas non plus facile de vivre en tant qu'homme dans un monde comme celui-ci. Pire encore, il se faisait mettre des étiquettes sur le dos quand il avait envie de vivre sa vie normalement. Les tabloïds, c'était bien leur délire de foutre le gros n'importe quoi dans la vie de quelqu'un. Au moins, il avait sa jumelle, elle était tout aussi connue mais quand il rentrait chez lui, c'était juste elle et lui, des faux jumeaux qui passaient leur temps à se prendre la tête mais aussi à se soutenir dans des moments difficiles. Il aurait peut-être dû faire carrière dans la cuisine comme sa mère, il cuisinait bien d'après ses proches, les mêmes techniques que sa feu mère. Il avait appris d'elle d'un sens, comment ne pouvait-il pas faire la même chose qu'elle ? Son esprit était en train de divaguer alors qu'il tenait cette bière entre les mains et qu'il avait visiblement l'une des personnes qui bosse dans ce bar juste pour lui, l'entendre se plaindre et finir par voir des rumeurs un peu partout s'il était comme d'autres personnes. 

« Lincoln », au moins il avait le nom de celui qu'il avait retenu comme forceur. Il lui serra la main quand il la tendit devant ses yeux, autant être quand même respectueux et poli. « Raconte-moi un peu… », lui raconter quoi ? Est-ce qu'il devenait curieux, lui aussi ? Il n'avait pas trop envie d'étaler sa vie, déjà que sa sexualité était par moment la meilleure des discussions dès qu'on le voyait proche d'un quelconque homme, il n'avait pas envie de déballer sa vie à un inconnu. « De quoi parle Peaky Blinders ? Le nom me dit quelque chose, mais je passe peu de temps devant l’écran… », il ne connaissait pas ? Bien, au moins il n'avait pas quelqu'un qui connaissait son travail, une chance de mettre en avant le Damon derrière l'écran. « Tu joues quel rôle ? », il n'avait pas trop envie d'en discuter, même si ce n'était pas de ce tournage dont il venait. « Enfin, si tu ne veux pas parler de ça, on parle d’autre chose », il le regarda prendre une gorgée d'un verre qu'il venait de se servir, ce mec était haut placé dans ce bar pour pouvoir faire ça, c'était ce que l'américain était en train de se dire. 

« Je vais faire court. Ça se passe après la première guerre mondiale, Birmingham qui est une ville en Angleterre. Ça parle d'une famille du nom des Shelby, les patrons de la ville, tu les vois dans toute une histoire de business et autres. Mon rôle est Michael Gray, on me voit que dans la saison 2, je passe du gamin qui est censé être disparu et pas dans le business familial à un homme d'affaire. »

Il n'avait pas trop envie non plus de trop dire sur son propre rôle, trop de gens curieux pouvaient être non loin pour tout écouter. 

« C'est en faisant ce rôle que les magazines People ont lâché comme quoi un gay ne pouvait pas faire des rôles hétéro. Je pense que les femmes ont peur que je pique leur mari visiblement. »

Il se peut que Lincoln soit le seul dans cette ville à ne pas connaitre l’identité de Damon. Cela s’explique par le fait que rien n’a d’intérêt. Certains en ont très vite conclu que Lincoln n’en avait tout simplement rien à faire de ce qui l’entourait. Qu’il préfère de loin s’occuper de son business, de ses plaisirs, et rien d’autre ne pouvait compter. Pourtant, cela n’était pas dans une vision narcissique de soi. Demandez-lui à quoi il ressemble et Lincoln vous répondra qu’il n’en sait rien. Tout au plus il n’a de sa personne qu’une vision globale regroupant ses deux yeux, ses deux bras, ses deux jambes et son cerveau. Parce que le monde n’a pas d’intérêt, il ne souffre pas de la solitude, il s’en fiche. Tout lui est d’une indifférence la plus totale. Brute et corrosive. Il ne juge pas les gens, il ne prend, bien souvent, pas la peine de les connaître. Un peu de sexe, un peu de drogue suffisent à le faire planer encore plus haut qu’il ne l’est déjà. Cependant, il serait le premier à vous assurer qu’il ne fait pas bon trainer à ses côtés. Que sa réputation se tient parfaitement, et qu’il est préférable de ne jamais tenter de le chercher. Parce que Lincoln n’est pas un angelot de basse catégorie. Linc’ déchire, mord, brûle, détruit, anéanti, annihile, torture, tous ceux qui s’opposent à lui parce qu’il n’est plus assez con pour se faire avoir par des cons, justement. Parce qu’il a attrapé Dieu et qu’il l’a balancé sur la Terre et que, s’il va au confessionnal, c’est seulement pour se foutre de la gueule du prêtre. Sa messe à lui, sa grande messe noire et coruscante, il l’a dit tout bas. Pourtant, il pouvait se montrer attentif, amical et solidaire lorsqu’il le faut. Si ce n’est une attirance physique, Damon ne représentait rien pour lui, il l’écoutait pourtant, compatissant même avec ce qu’il venait de lui dire. « Une transition qui me parle un peu…j’y jeterai un œil à ta série » En effet, s’il prenait un air volontairement mystérieux sur sa première partie de réponse, mais l’évolution du personnage de Damon, ressemblait un peu à la sienne, du moins, dite ainsi. Lincoln laissa échapper un léger rire la suite des propos de l’acteur. Secouant un peu de la tête avant de répondre en reportant son regard sur lui. « Te laisse pas faire par des torchons que des écervelés lisent. Même si, je peux comprendre les craintes de ces femmes … » Il lui lança un regard équivoque, sourire indéchiffrable aux bords des lèvres. « Tu sais que tu me plais, n’est-ce pas ? » Il n’a jamais été le genre à tourner autour du pot. S’il ne mentionnait pas directement leur première rencontre, bien fâcheuse pour lui. Il préférait pourtant lui faire savoir, qu’il avait toujours cet intérêt pour lui.

Qui aurait cru qu'il finirait dans le bar de celui avec qui il aurait pu finir une nuit ? Enfin, la seule chose qu'il avait retenu de cette personne, en dehors des paroles qu'il lui avait certainement dites, c'était certainement son comportement un peu trop forceur. Bien qu'il n'était pas du genre à être gêné, voilà qu'il s'était quand même retrouvé avec un lourd devant lui. Il aurait pu ne pas faire ça et Damon aurait certainement laissé son envie sur cette personne... sauf qu'il n'avait pas réussi. Enfin, en tout cas, Damon ne l'avait pas oublié non plus. « Une transition qui me parle un peu…j’y jeterai un œil à ta série », au moins il aurait quelqu'un d'autre devant la télévision et surtout devant son jeu d'acteur. D'un sens, il n'avait pas envie de parler ou même de penser à son boulot, inconsciemment il avait certainement besoin d'attention sur le coup pour essayer d'oublier sa journée beaucoup trop longue à ses yeux. « Te laisse pas faire par des torchons que des écervelés lisent. Même si, je peux comprendre les craintes de ces femmes … », alors qu'il prenait encore une gorgée de sa boisson, il se mit doucement à rire en entendant ce que le jeune homme lui disait en face de lui.

« Comme si j'allais me laisser faire par ce genre de personnes. Je ne vais jamais me gêner d'embrasser ou de me taper un mec parce que quelqu'un me dit de faire le contraire. Et puis quoi encore. »

Il finit alors la boisson qu'il avait pris, d'un seul coup, lâchant alors un soupir. Il n'allait pas avoir une belle gueule pour demain, enfin, c'était surtout parce qu'il n'avait pas envie de rentrer chez lui. Il allait finir par envoyer un message à Dalhia pour la prévenir de son retard. « Tu sais que tu me plais, n’est-ce pas ? », un rire passa la barrière des lèvres en entendant les paroles de Lincoln, il se redressa doucement pour se mettre en face de lui malgré le bar qui était entre eux. Comme s'il ne l'avait pas remarqué. Son regard bleu se posa dans celui foncé de Lincoln avant qu'il ne se mette à rire encore une fois.

« Comme si je ne l'avais pas compris la dernière fois. Enfin, sauf si tu comptes être encore une fois trop lourd. Autant faire en sorte que je ne fuis pas à nouveau. »

Il se remit sur le siège, c'était son moment, autant qu'il ne se rate pas et qu'il ne fasse pas partir à nouveau l'américain. Ça serait peut-être aussi un moyen de lâcher ses pensées de son boulot pour Damon, pas comme si cette attirance n'était pas réciproque.

Le regard de Lincoln pétillait d’une lueur toute particulière lorsqu’il fut témoin de la réaction de Damon. Rien de plus séduisant pour lui qu’un homme qui s’assume, qui se tient les épaules droites et qui s’en fout éperdument de ceux que les autres peuvent bien raconter derrière son dos. Il avait donc eu bien raison de le repérer ce soir-là. Si seulement il avait fait preuve de plus de subtilités à son égard, cet homme serait déjà à lui à l’heure qu’il est. Mais, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et rien de ce qu’il veuille ne lui échappe bien longtemps. Il le vit finir son breuvage d’une traite, alors qu’il commentait sa réponse. « J’aime ta façon de considérer les choses… » Depuis toujours, Lincoln était suffisant et sûr de lui. Pour lui, rien ni personne ne pouvait lui résister. Lorsqu’il voulait quelque chose, il l’obtenait, peu importe la façon d’y parvenir. Voilà pourquoi il était obstiné. Il le fallait bien… que seraient devenus son important trafic, autrement ? Il aurait abandonné depuis bien longtemps. Pour lui, tout était une question de persévérance et d’autres nombreuses qualités qu’il était persuadé de posséder. Aussi lorsqu’il jetait son dévolu sur quelqu’un, il finissait toujours par l’avoir et assouvir ses envies. Damon se redressa et se rapprocha, lui offrit quelques mots alléchants pour réponse. Cette proximité était une torture pour Linc’. Comment résister ? Comment ne pas lui arracher un violent baiser à l’image du désir qu’il avait éveillé en lui et qu’il entretenait depuis tout déjà ce début de soirée sans même le vouloir. Il en mourrait d’envie. Mais il ne pouvait pas se laisser aller à ses pulsions au risque de le voir se braquer pour de bon et ne plus le laisser l’approcher du tout.

« J’apprends toujours de mes erreurs, et je n’ai pas la moindre envie que tu m’échappes à nouveau » Répondit-il avec assurance. Sa main déposa son propre verre de whisky pour récupérer la bouteille vide de Damon. « C’est ta première visite dans mon bar, laisse-moi te préparer quelque chose de plus particulier qu’une bière… » Et sans même attendre une réponse de la part de Damon, Lincoln s’éloignait avec l’intention de préparer l’un de ses cocktails, l’une de ses propres créations. C’était un risque, le jeune homme risquait d’en profiter pour se sauver, mais il avait vu cette lueur dans ce regard bleu. Ce soir, contrairement au premier, il avait su attirer son intérêt. Il plongea ses mains habiles dans la préparation non pas d’un, mais de deux cocktails, deux dérivés. La base était la même pour chacun, du gin, légère et puissante à la fois, en remplaçant l’orange par l’abricot et la grenadine par un doigt de liqueur de cassis, plus prononcée mais moins lourde que la crème du Belmar. Sans rajouter de citron, Linc’ versa quelques gouttes de jus d’ananas, et apporta les verres au jeune homme. « J’aimerais savoir lequel t’auras satisfait le plus en bouche, une fois que tu auras pris le temps de déguster l’un et l’autre… » Et autant vous dire qu’il n’avait pas l’intention de le saouler, un mec bourré tuait toute la magie d’une séduction pour lui. Un cocktail offert est sa façon de faire plaisir, et de rattraper son erreur passée.

« J’aime ta façon de considérer les choses… », c'était comme ça qu'il voyait surtout les choses. Depuis qu'il avait compris sa différence et le fait que les femmes n'étaient pas son attirance, il avait su avoir son propre discours, mais surtout sa propre manière de voir les choses. Son coming out avait été quelque chose quand il l'avait fait à ses parents en pensant qu'ils allaient le prendre mal, mais il avait quand même fini par avoir un père qui venait parfois à la pride avec ses enfants. Puis celui qu'il avait fait devant tout le monde fut certainement le plus mémorable, il en avait reçu des menaces dans ses DM instagram qu'il avait fini par ne plus en prendre compte et à envoyer chier toute la population qui était contre sa vie comme il le souhaitait. Il haussa doucement les épaules, maintenant ce n'était pas de ça qu'il avait envie de parler, ou même envie d'y penser... C'était autre chose qu'il avait en tête. Il avait vu le regard de Lincoln et il avait vite compris qu'il n'allait pas partir d'ici si rapidement, ou surtout qu'il n'allait pas rentrer à son appartement qu'il avait avec sa sœur.

« J’apprends toujours de mes erreurs, et je n’ai pas la moindre envie que tu m’échappes à nouveau », c'était ce que tout le monde disait et la plupart des personnes étaient du genre... à faire la même chose, mais en pire. Bien qu'il eût conscience qu'il ne pouvait pas non plus toujours le repousser, il se disait qu'il devait peut-être jouer avec ce qu'il avait dans le ventre pour ensuite certainement passer une bonne soirée. « C’est ta première visite dans mon bar, laisse-moi te préparer quelque chose de plus particulier qu’une bière… », comment ça ?

« Ouh là, pas d'alcool. »

Enfin, il n'avait certainement pas entendu ses paroles parce que l'asiatique venait carrément de partir dans un autre coin pour pouvoir faire ce qu'il avait visiblement en tête pour Damon. Au moins, il avait quand même une bonne occasion de regarder tranquillement Lincoln. Il ne pouvait pas cacher le fait que physiquement, il était attirant, vraiment séduisant aux yeux de Damon. Il aurait pu se laisser tenter la dernière fois s'il n'avait pas eu un comportement pas très glorieux. Pensée frivole, s'il avait bien eu l'envie de rentrer chez lui en revenant sur Bowen, à présent, c'était bien autre part qu'il avait envie de terminer. Il finirait certainement avec des mains baladeuses dans la soirée, et comme à son habitude, une aventure simple, mais surtout d'une nuit. Il n'avait pas connu plus, comme si quelqu'un comme lui pouvait. « J’aimerais savoir lequel t’auras satisfait le plus en bouche, une fois que tu auras pris le temps de déguster l’un et l’autre… », il avait regardé le jeune homme pendant un instant et puis il posa son regard sur les deux verres qu'il avait en face de lui. Pourquoi pas, si ça pouvait lui faire passer le temps. Il attrapa alors la première paille pour la mettre entre ses lèvres et prendre une gorgée, de l'orange et de la grenadine ? Enfin, il avait bien compris que les fruits rouges étaient certainement dedans. Il passa alors la deuxième boisson, et c'était bien mieux parce qu'il avait senti le goût de l'un de ses fruits préférés. Il repoussa alors légèrement la première boisson sans aucune hésitation.

« L'abricot est mon fruit préféré, donc je préfère celui-ci. »

Il attrapa à nouveau la paille entre ses lèvres pour pouvoir continuer à boire le cocktail, sans jamais lâcher l'asiatique du regard. C'était le jeu maintenant, non ?

Comme toute tentative de séduction et de manipulation digne de ce nom, Lincoln devait implicitement accepter les règles du jeu : il peut tout gagner, comme il peut tout perdre ! Certes, la défaite est amère et il ne supporte pas de devoir y être confronté… Mais elle était une piste on ne peut plus envisageable ! D’autant plus depuis l’épisode de leur première rencontre. C’est à partir de la réaction même de Damon face à ses cocktails que Lincoln s’est rendu compte qu’une réussite ne serait peut-être pas aussi ardue. Cela n’était pas une question de ce qu’il pourrait faire, bien du contraire. La suite des choses reposait désormais et en grande partie, sur Damon et son feedback. L’acteur se montra réceptif et gouta aux deux verres soigneusement préparés par Lincoln. Ce dernier ne le quitta pas ses yeux, suivit son regard, puis le mouvement de ses lèvres qui agrippèrent cette paille. Plus Lincoln s’attardait sur lui, plus il avait envie de prolonger l’instant. La soirée ne faisait peut-être que commencer, pour eux. « J’en appends des choses… » Dit-il sur un sourire satisfait. Tout en s’occupant à ramener l’autre cocktail vers lui, sirotant à son tour quelques gorgées. « Et à part ton métier, les hommes et l’abricot…Qu’est-ce que t’aimes d’autres ? » Sur ces mots, Lincoln dérapa négligemment sa main, qui vint heurter très malencontreusement celle de Damon. Le barman prit un air désolé qui n’avait rien de désolé, mais peut-être que l’ambiance et l’alcool le convaincrait bien que cet acte était totalement involontaire … Même s’il était parfaitement calculé. Il aurait pu y aller plus fort, mais cette distance entre les deux hommes ne devait pas se réduire trop vite, et puis Lincoln avait besoin de constater l’état de Damon avant de passer à autre chose. Après tout, nombreux sont les gens qui ne se libèrent qu’avec l’aide de la boisson, étant trop timides ou moralisateurs ou tout simplement trop chiants pour se lâcher autrement.

Il était en train de se dire qu'il avait eu la bonne idée de venir ici, finalement. Ça lui faisait passer le temps, et puis il pouvait peut-être voir autre chose qu'un lourd devant lui, après sa première rencontre avec Lincoln. En attendant, l'acteur était bien concentré à siroter son cocktail mais aussi à regarder l'asiatique qui était en train de retenir tout ce qu'il pouvait sortir de sa bouche sur sa propre personne. C'était intéressant. « J’en apprends des choses… », et il avait l'air de s'y intéresser, plus que de poser des questions sur le côté célébrité, Damon avait l'impression de parler au nom de l'homme et pas de l'acteur. Ça faisait parfois du bien ce genre de discussion, même s'il savait que les choses étaient quand même à son avantage à présent. « Et à part ton métier, les hommes et l’abricot…Qu’est-ce que t’aimes d’autres ? », il lâcha la paille qui était entre ses lèvres après avoir entendu la question de Lincoln. Il était bien curieux ce petit. Il se mit doucement à sourire en coin à ce moment précis, surtout quand il sentit la main du barman contre la sienne. 

« Qu'est-ce que j'aime d'autres…? »

Il faisait mine de réfléchir un instant alors qu'il s'était amusé à faire des ronds du bout de son index sur le dos de la main de Lincoln. Il y en avait des choses, et puis d'autres qu'il n'allait pas dire sur tous les toits… Ou peut-être que si ? 

« Des trucs basiques de la vie comme le sport, les chiens, etc. Mais je sais qu'il y a quelque chose que j'aime énormément. », il prit une pause pendant un instant avant de rapprocher son visage vers celui de Lincoln, certainement pour ne pas se faire entendre, « Le sexe. » 

Il avait repris sa paille entre ses lèvres après avoir fait son annonce, au moins il était franc avec la personne en face de lui. Comme s'il allait cacher ce genre de chose ? Bien que c'était assez triste en ce moment dans cette partie de sa vie, difficile quand on reconnaissait facilement son visage dans la rue, pour pouvoir trouver quelqu'un. 

Le regard de Lincoln tomba sur sa main, observant les doigts de Damon effectuaient des rotations dessus. Il aimait comment l’atmosphère entre eux s’est graduellement détendue pour n’en devenir que plus intéressante. Son regard se dirigea vers le jeune homme, et ce sourire qui ne cessait d’aiguisait l’envie de Lincoln. A ses dernières paroles, le barman sentit quelque chose s’allumer en lui. C’est sans doute là que Lincoln se rendit compte qu’il n’avait plus envie de Damon pour s’amuser. Les choses sérieuses allaient commencer, puisque même lui ne pouvait pas résister longtemps à une vision aussi attirante, à cette fraicheur délicatement souillée par les pensées que le barman projetait sur Damon. Ce n’était plus un jeu, et bien que recevoir les réactions de son compagnon allait lui faire excessivement plaisir, c’était le désir qui prenait place dans le corps et l’esprit de Lincoln. Cet homme qu’il désirait. Qu’il voulait étreindre, là tout de suite maintenant.

Pendant quelques secondes, le jeune homme eut du mal à calmer ses pensées et à contenir ses pulsions. Il ne fallait pas tout gâcher maintenant, bien que son corps le pousse à accélérer la cadence. Cette vision qui s’approchait de lui, fit plus d’effet à Lincoln niveau chaleur que les verres qu’il avait descendu. Calme-toi Lincoln, calme-toi. Il contint donc un rire, puis décida de porter son pouce vers le visage de Damon, plus exactement ses lèvres qui venaient tout juste de quitter leur emprise sur cette paille. Toujours silencieux, Lincoln caressa les lèvres de Damon de son pouce, délicatement, tout en lui murmurant. « J’aime ta bouche… » Déclara-t-il, son regard se détachant doucement de sa bouche pour aller à la rencontre de ses yeux bleus. Lincoln se penchait alors, s’approchait de son oreille, et lui confia dans une espèce de souffle dés plus tendancieux et dans lequel il prenait réellement du plaisir. « Le bar commence à se remplir de plus en plus. On peut s’éclipser vers une table au fond…ou rejoindre l’étage, là où j’habite » Il se détache de son oreille avec un sourire satisfait. Il l’observa en lui adressant un petit clin d’œil. Récupéra la casquette de Damon et la porte sur la tête de ce dernier comme pour le protéger des regards à présent que plus de personnes poussent les portes du bar. « A toi de décider » Concluait-il.

Il n'avait plus envie de perdre du temps au fur et à mesure que les minutes pouvaient passer et qu'il avait Lincoln en face de lui. Il avait les cartes en main, il le savait, et il avait envie d'affection. Il n'allait pas cacher la vérité à quelqu'un qui était en train de s'intéresser à lui de toute manière, mais il avait vu la réaction qu'il venait de lui donner, assez pour qu'il comprenne que les choses avaient changé en quelques secondes, juste par quelques paroles venant de l'acteur. Il n'aurait certainement pas le temps de dire quelque chose à sa sœur, il trouverait une excuse quand il aurait le temps, son attention était plus sur l'asiatique en face de lui. Il en avait oublié le regard des gens sur lui, peut-être parce qu'ils étaient curieux de l'environnement, ou juste parce qu'il avait l'air de ressembler à quelqu'un. Il en lâcha sa paille quand il observa la main de Lincoln venir vers lui, vers son visage, mais surtout son pouce venir à ses lèvres. Là, c'était à son tour de ressentir plus brusquement cette fièvre qui pouvait toucher Lincoln. Il le voulait. « J’aime ta bouche… », il se retenait bien de faire quelque chose, mais il sentait que du monde était en train de venir dans le bar… Ce n'était pas le meilleur endroit pour se montrer trop. « Le bar commence à se remplir de plus en plus. On peut s’éclipser vers une table au fond…ou rejoindre l’étage, là où j’habite », en l'écoutant, Damon se mit à se mordre la lèvre inférieure. Bien sûr qu'il allait choisir l'étage. Il le laissa faire pour la casquette, il regarda alors rapidement pour voir le monde qui était en train de venir, ce n'était pas un bon endroit pour un acteur malheureusement. « A toi de décider », il était hors de question qu'il ne goûte pas à cette fièvre qui était en train de lui monter à la tête. Même s'il lui avait dit que les gens ne prendraient pas en compte sa personne, il les voyait chuchoter en regardant dans sa direction. 

« Je suppose que je dois prendre la porte qui indique une interdiction aux clients d'y pénétrer ? »

Sinon, ce n'était pas pratique pour y aller, dans son appartement. Il se leva alors de son siège, vissant un peu plus sa casquette sur son visage pour mieux se cacher avant de poser son regard sur l'asiatique. Il fouilla dans sa poche pour en sortir quelques billets, certainement trop pour ce qu'il avait consommé, mais il s'en foutait. Il les posa devant lui avant de commencer à avancer tranquillement, assez lentement aussi pour que Lincoln le rattrape et l'emporte avec lui à l'étage. C'était bien mieux que la dernière fois en tout cas. 

Il hocha positivement de la tête face à la question de Damon, ajoutant un « Vas-y », lui indiquant que cela était bien le bon chemin pour accéder à l’appartement de Lincoln, se trouvant à l’étage. Lincoln avait acheté ce petit immeuble dés son arrivé en ville, un investissement qu’il ne regrette aucunement. Il inspira profondément en voyant les billets laissés par Damon sur le comptoir, dire qu’il voulait lui offrir ce cocktail. Mais pas de temps à perdre, il récupéra ses derniers et les plaça dans la caisse avant de ne jeter quelques mots à son employé pour lui faire savoir qu’il devait gérer le bar. Il chercha Damon du regard, le trouva, et se pressa à se diriger vers la porte menant à l’étage et dont il était le seul à avoir accès. Il ouvrit celle-ci, tout en la laissant entrouverte pour que Damon puisse y pénétrer. Lincoln lui, ne perdra pas de temps à monter les escaliers menant à son appartement, attendant avec impatience que Damon puisse être à sa hauteur. Il était là. Avec ses grands yeux bleus, son air certain, et ses lèvres palpitantes mais si lointaines. La main de Lincoln alla agripper son haut pour le tirer vers lui et à l’intérieur de l’appartement. La porte se refermant d’elle-même, il n y avait plus qu’eux à présent.

Le regard de Lincoln en disant long. Ardeur d’une envie, d’un désir impulsif, familier, primitif, qu’on refrène pour ne pas risquer de gâcher ces instants suspendus. Fierté d’avoir tenue la distance pendant ledit temps qui nous a paru des lustres. Supplice de devoir garder ses distances afin de ne pas l’effrayer. « J’ai tellement envie de toi… » Soufflait-il. Ses doigts allèrent toucher sa joue, sa mâchoire, en suivant le galbe pour atteindre ses lèvres. La respiration de Lincoln se faisait saccadée, profonde, empreinte d’une certaine sensualité. Comme l’envie de se foutre en l’air avec Damon. A cause de Damon. La casquette de l’acteur s’envola. Sa main quittait ses lèvres et glissait alors sur sa nuque, il promenait tendrement ses doigts dans sa chevelure, pendant que son regard cherchait le sien. Lincoln le contemplait un instant, le scintillement de ses yeux, avant d'étreindre complaisamment ses lèvres contre les siennes. Elles étaient à la fois douces et brûlantes et il désirait tant les sentir s’empresser de répondre à ses pressions onduleuses. Lincoln offrit d’abord des baisers un peu timides et mielleux, frôlant sensuellement ou mordillant délicatement ses lèvres joueuses et sensibles. Mais le contact électrisant de leurs bouches accolées ne tarda pas à l'enflammer d’une passion plus turbulente. Linc’ promena alors sa large main le long de son dos et invita Damon lascivement à plaquer son buste contre le sien afin d’en éprouver le feu exubérant, pendant que ses lèvres pleines et exaltées happèrent allègrement les siennes. Sa langue serpenta bientôt perfidement dans la fente de ses parties charnues et prit langoureusement possession de sa bouche qui se laissa fouiller dans un abandon exquis. Lincoln voulait tant l'étreindre avec plus de passion. Ses larges bras le ceinturèrent intimement, tandis que son corps imposant s’accola étroitement au sien. Sa bouche, refusait de quitter la sienne...Il en voulait plus, tellement plus.