I never thought the stars would look new again (alita)

Aisling avait accouché le 9 octobre dernier, ce qui donnait trois semaines à leur fille Harper. Isaiah était aux anges depuis son arrivée. Il avait peut-être douté de son envie d’être père, surtout parce qu’il trouvait que la Terre était déjà surpeuplée, mais aussi parce qu’il trouvait l’être humain bien trop inconscient et méchant pour avoir envie de mettre au monde des enfants qui grandiraient dans cet héritage-là. Pourtant, Aisling était tombée enceinte et tout d’un coup, les doutes s’étaient envolés. Isaiah apprendrait à sa fille à être une citoyenne ouverte, écolo, conscientisée sur les enjeux sociaux, impliquée, critique, bref, il ne la laisserait pas tomber aux mains des ignares nombrilistes.

Harper était dans sa poussette, bien emmitouflée dans sa petite couverture qu’il lui avait lui-même tricotée pendant la grossesse d’Aisling. Elle dormait paisiblement. Isaiah, lui, se baladait le long de la promenade de la plage. Il y avait cette section asphaltée qui longeait l’océan sur des kilomètres. Le jeune homme avait pris l’habitude de sortir marcher et de se balader avec sa fille le matin, avant que le soleil ne tape trop. Cela donnait un moment de répit à Aisling qui pouvait dormir un peu, reprendre des forces, et ça lui offrait à lui un moment privilégié avec Harper, du même coup.

Il en était presque à son point de retour, pour reprendre le chemin de la maison, quand la petite peluche préférée de Harper était tombée de la poussette. Isaiah ne s’en était cependant pas rendu compte et il continua à marcher, lentement, la tête tournée vers l’océan et les goélands qui tournoyaient au-dessus des poissons, attendant le moment opportun pour plonger vers leurs proies. Il jetait de temps en temps - souvent - des regards à sa fille pour s’assurer qu’elle était encore bien à l’ombre, qu’elle ne chignait pas et que son cou était bien positionné. Il n’avait cependant jamais remarqué la peluche tombée du carrosse.

Je me suis levé tôt, aujourd'hui, je ne travaillais pas. Je me suis lavé, habiller d'un débardeur et d'un pantalon noir. J'ai mi-dés basket, je prends mon téléphone avec mes écouteurs et je quitte mon appartement. Ce matin, j'allais faire un peu de footing, ça me changeait un peu les idées.

Je commençais à courir de chez moi jusqu'à la plage, j'aimais beaucoup la mer, les vagues surtout le silence qu'il y avait. J'étais un peu essoufflé, je marche dans le sable avant d'enlever mes chaussures. Je lis met pied dans l'eau, elle était tellement froide que j'en avais des frissons.

Je marchais au long de la plage quand j'aperçois une petite peluche pas loin, je m'avance pour ramasser la peluche. J'avais mon cœur qui s'accélérât en voyant la peluche, j'avais acheté la même pour mon petit bébé. J'avais les larmes qui commençaient à monter, il fallait que je reste forte. Je regarde autour de moi et je vois au loin un jeune homme avec une poussette. Ça ne peut être que lui, je commence à courir pour ne pas qu'il parte.

Excusez-moi, je crois que vous avez perdu...

Je pose mes yeux sur le bébé, elle est tellement magnifique. Je souris en coin avec les larmes aux yeux, j'aurais tellement voulu être à sa place.

Une voix se fit entendre derrière Isaiah. Une voix féminine, toute douce, comme si elle ne voulait pas le déranger. Et pourtant, elle avait la meilleure raison de le “déranger” - même si, dans sa gentillesse incommensurable, Isaiah était rarement dérangé par les autres, voire jamais. Elle avait ramassé la peluche de sa fille ! Harper aurait piqué une crise, en rentrant à la maison, lorsqu’elle aurait découvert que son toutou préféré n’était plus parmi les siens. Isaiah aurait été prêt à parcourir de nouveau tous les kilomètres de la promenade de la plage, rien que pour retrouver cette peluche qui avait été la toute première donnée à Harper, à sa sortie de l’hôpital. Il s’agissait d’un petit lapin rose et blanc, avec de grandes oreilles dont l’une était recourbée. La jeune femme la tendit au jeune papa. « Oh ! Tu viens de m’éviter une catastrophe naturelle. Wow, merci, merci beaucoup. J’l’ai jamais sentie tomber. » Et l’entendre, c’aurait été difficile, une peluche ne fait pas bien de bruit en atterrissant sur l’asphalte. Isaiah prit le petit lapin dans sa main. Le sol étant un peu sale, le poil tout blanc était maintenant grisâtre avec quelques grains de sable coincés par-ci par-là. Il l’essuya rapidement, mais la machine à laver allait certainement être de mise. Il releva les yeux vers la brunette afin de la remercier à nouveau, et remarqua les larmes qui lui montaient aux yeux alors qu’elle avait posé son regard sur Harper. Le regard d’Isaiah devint ému à son tour. « Tout va bien ? » Demanda-t-il, soucieux. Il était rare que l’ébéniste voit la tristesse chez les autres et qu’il décide de passer son chemin. Le jeune homme était armé de bienveillance, dans la vie, et si cette jeune femme qui venait de lui rendre un sacré service avait une boule dans le ventre, il veillerait à la laisser un peu plus légère … s’il le pouvait.

Mon cœur avait mal, je n'arrivais pas a mis faire malgré les années qui ont passer. Je voulais mon bébé avec moi, si j'aurais pu faire marche arrière vers le passer, je l'aurais fait et j'aurais protégé mon enfant. Je regardais le bébé dans la poussette, elle était tellement jolie. Je ne voulais pas pleurer devant le jeune homme, je devais tout garder en moi. J'allais exploser, mais il ne fallait pas. Je lui avais rendu la peluche, je souris toujours de les larmes aux yeux.

Heureusement que j'ai vu la peluche, sinon t'aurais dû refaire tout le trajet pour la retrouver.

Quand il me demandait si j'allais bien, mon cœur s'accélérât. J'avale difficilement ma salive avant de reprendre mes esprits. Toujours mon sourire sur le visage.

Oui, oui, je vais bien... Votre bébé, elle est tellement magnifique, elle s'appelle comment ?

Isaiah avait toujours la petite peluche de lapin, un peu sale en raison de sa chute sur l’asphalte de la promenade, alors qu’il remerciait sa sauveuse. La brunette avait certainement permis d’éviter une crise de la part de Harper et rien que pour ça, il lui était extrêmement redevable. Comme elle le disait elle-même, l’ébéniste aurait été forcé de refaire tout le trajet pour retrouver le toutou. « Totalement, et y’a peut-être quelqu’un qui l’aurait ramassé entre-temps … J’suis persuadé que ma petite se serait rendue compte du subterfuge si j’en avais acheté une autre à la place. » Admit-il en riant. Harper avait beau n’avoir que trois semaines, elle aurait su reconnaître l’odeur de sa peluche et elle n’aurait pas accepté le remplacement si facilement ! Le jeune homme posa le petit lapin sale dans le compartiment de rangement de la poussette. Il n’allait la redonner à sa fille qu’une fois la peluche lavée. C’est en se relevant qu’il remarqua l’émotion dans le regard de la brunette. Tout de suite inquiet, Isaiah lui demanda si tout allait bien. Elle sembla perturbée pendant quelques secondes, avant de redonner un sourire à son visage. Mais Isaiah n’était pas convaincu. Il reposa doucement les yeux sur sa fille quand sa sauveuse parla d’elle. Il faisait de doux allers-retours avec la poussette, en poussant et en tirant dessus, pour qu’elle reste endormie. « Elle s’appelle Harper. Elle a à peu près trois semaines. » Lui apprit-il. Il sourit. « Tu as des enfants ? » Demanda-t-il, étant arrivé à la conclusion qu’elle était émue peut-être parce que les souvenirs refaisaient surface, de l’époque où ses enfants étaient aussi jeunes. Peut-être, oui. Mais la réalité était toute autre, terrible …

Toujours en train de regarde la petite dans la poussette, ça me fessait énormément mal au cœur. Je n'est plus le choix que d'avancer dans la vie, je n'est plus d'enfant, je n'est plus rien à perdre à l'heure d'aujourd'hui et plus rien qui me retient quelque part. J'avais une envie de pleurer, je me retenais beaucoup. Mon bébé me manque tellement, j'aurais dû le protège malgré les coups de mon ex-mari. Je ne lui pardonnerai jamais ça, c'est sur il a tu mon enfant s'il reviens comme une fleur, je lui tire une balle dans la tête. 

Harper un joli prénom, elle est magnifique.

Je la couvre un peu, il fessait un peu froid. Quand il me demande si j'avais des enfants, j'avais les larmes aux yeux. Je dis non avec la tête. 

Non, j'en avais. Mais j'en ai plus...

Je regarde devant moi, je ferme cinq minutes les yeux avant de les réouvrir. Je pose mon regard sur la petite. 

Tu devrais rentrer, si elle se réveille, elle aura faim.

Harper était effectivement un joli prénom, Aisling et Isaiah avaient mis du temps à le choisir. Isaiah voulait absolument un prénom qui soit neutre, qui ne soit pas associé à un garçon ou à une fille obligatoirement. Oublions donc les classiques comme Mary, Agnes, Elizabeth, tout ça. Ils avaient épluché les listes de prénom qu’on pouvait entendre chez les deux sexes, et Harper avait finalement fait l’unanimité. Isaiah ne le regrettait pas du tout. Leur fille portait ce prénom à merveille. « Merci. J’suis assez d’accord mais bon, je ne suis pas très objectif. » Avoua Isaiah en riant. Elle était son premier enfant. Il avait beaucoup d’enfants dans son entourage mais c’était la première fois qu’il pouvait dire que c’était le sien, qu’il en était le papa. La jeune femme tendit la main pour recouvrir un peu mieux la nouvelle-née. Isaiah la regarda faire avec un sourire. Tout respirait la bienveillance chez cette femme alors il ne fut pas dérangé par le geste. Devant cet indéniable instinct de maternité, l’ébéniste lui demanda si elle avait des enfants. Son sourire s’estompa lentement en entendant la réponse. « Je suis désolé. » Dit-il en fronçant tout légèrement les sourcils. Il ne pouvait même pas imaginer la douleur de perdre un enfant. Il ne voulait pas se l’imaginer, cela ferait trop mal. « J’entamais le chemin du retour, oui. Je ne sais pas si tu t’en allais dans la direction opposée, mais ça me ferait plaisir que tu marches avec nous si jamais. » Il esquissa un sourire. « J’aimerais beaucoup que tu me parles de ton enfant, si tu le veux bien sûr … » Trop souvent les gens préféraient taire l’existence de l’enfant pour ne pas raviver la douleur, mais pour Isaiah, il était important de le mentionner, d’en parler, parce que cet enfant-là avait existé, même pour une courte durée. Il avait existé et il ne fallait pas le laisser dans l’oubli.

Il ne fallait pas que je craque, je ne l'oublierais jamais mon enfant, mais il faut que j'avance. Il ou elle restera à jamais grave dans mon cœur, je souriais. Il avait vraiment une magnifique petite-fille, je pose mes yeux sur lui quand il me demande de lui raconter. Mon cœur commença a s'accélérerait, quand les personnes qui savaient pour mon bébé me demande de leur raconte jetait à fuir la discussion. Mais là, j'avais qu'une seule envie de raconter même si ce n'était pas une grande histoire. Je dis oui de la tête avant de lui répondre.

Oui, ça ne me dérange pas de faire le chemin ensemble.

On commence alors à marcher sur le chemin di route, je prends un grand souffle une bonne respiration avant de commencer à parler.

J'ai toujours vécu ici, j'étais en quelque sorte fiancé. J'étais prisonnière, je ne parlais a personne sinon monsieur allais se battre avec les personnes avec qui j'adressai la parole. Il me ferme à clef dans la maison quand il partait, un jour, j'ai su que j'étais enceinte, je pensais qu'il allait changer. J'avais fait a dîner, son plat préféré, j'aurais dû l'empoisonner avec ça bouffe... J'étais enceinte de deux mois et demi. J'étais la femme la plus heureuse et il m'a aussi enlevé mon enfant. Il m'a frappé jusqu'à ce que je perds mon bébé, je n'ai pas u vraiment de chance. J'ai quitté la ville ensuite, un an après même pas, j'ai rencontré un jeune homme, il était pire que mon ex-mari, il me battait, me humilier, je les larguer après deux ans de relation, il avait caché aussi son jeu. Et puis maintenant je me retrouve à nouveau ici, je me dis que je suis loin de mon enfant et de mes parents...

Mes yeux étaient noyés de larmes, j'aurais tellement voulu protéger encore plus mon enfant. Je n'ai pas su le protéger de ce monstre.

Isaiah hocha la tête, à son tour, quand la jeune femme accepta de faire le chemin du retour avec Harper et lui. Le jeune homme pivota donc la poussette, en faisant un petit cercle afin de se mettre dans la bonne direction. Côte à côte avec la brunette, l’ébéniste garda le silence, laissant le temps à la jeune femme de chercher ses mots. Elle avait une lourde histoire à raconter, il le savait. Nul besoin de connaître les détails ou de connaître l’autre pour comprendre que la perte d’un enfant, c’était une perte de laquelle on ne se remet jamais totalement. Un deuil unique, un deuil cruel, qui laisse une partie de soi s’envoler avec la petite âme montant au ciel. Isaiah n’était pas croyant, mais pour les enfants, il avait envie de croire en une certaine magie. La brunette se lança finalement, avec une grande inspiration de courage et d’aplomb. Isaiah l’écouta du début jusqu’à la fin d’une oreille douce et attentive, malgré la barbarie, l’inhumanité, de ce que la jeune femme avait vécu avec son ex-fiancé. Ses poings se resserraient par moment autour de la poussette mais il n’en laissa rien paraître d’autre. Quand elle eut fini, Isaiah garda un moment le silence. Aucune parole ne pouvait trouver justesse après de telles révélations. « Trop d’hommes ont cette idée terrible d’un rapport de force sur les femmes. Trop d’hommes … » Il s’arrêta, serrant la mâchoire. De telles confidences faisaient regretter à Isaiah d’en être un, homme. De tels aveux lui faisaient perdre espoir en l’humanité, lui qui voyait le bien dans tout le monde. Ces hommes-là ne méritaient aucun bénéfice du doute. Pas s’ils n’avaient pas cherché de l’aide plutôt que de commettre l’irréparable. « J’espère que tu trouveras la paix que tu cherches en revenant ici. J’espère que tu pourras renouer avec cet endroit. Avec la vie. Avec l’amour. » Lâcha Isaiah en regardant la jeune femme. « Comment tu te sens, là, d’être revenue ? » Demanda l’artiste. Parce qu’il avait beau lui souhaiter tout ça, sans doute que ça faisait également rejaillir de mauvais souvenirs.