can you see through the fog? can you find the blue? (alexander)

Bordel qu’il te manquait, ce mec. Ce mec avec qui t’avais partagé des soirées géniales dans le temps que vous bossiez tous les deux au Wojna’s, lui comme barman, toi comme plongeur, encore et toujours. N’étant plus collègues, il était plus rare que vos chemins se croisent. Mais il te manquait, vraiment. C’est la pensée qui te traversa l’esprit quand tu vis Alexander par la fenêtre de ta cuisine, qui marchait vers le stationnement de Las Velas Pequeñas, accessoirement le parking de ton logement aussi, qui se situait juste au-dessus de ton école de voile. Tant qu’à acheter l’immeuble pour ton entreprise, aussi bien en faire ton habitation aussi. T’avais eu le bonheur que ça soit en règle pour les permis de la municipalité. Un loft avec vue sur la mer, avec le sable comme matière première pour tes pieds lorsque tu descendais les escaliers extérieurs, c’était quand même le rêve. Ton rêve.

Tu repris ta tasse de café dans ta main droite et tu sortis à l’extérieur, sur le balcon. T’étais encore en caleçon mais t’avais au moins un t-shirt blanc pour te couvrir. Pas que ça t’aurait dérangé, toi, mais on sait jamais pour les autres. « T’es de bon matin, toi ! » Lanças-tu à Alexander qui avait eu le temps de se rapprocher entre-temps. Tu lui souris. Tes amis savaient qu’ils pouvaient débarquer chez toi à l’improviste, même si t’étais un loup solitaire, ta porte n’était que rarement fermée. C’était entendu entre tes amis et toi que tu avais besoin de tes moments seuls, mais qu’à petite dose, tu acceptais la venue des autres avec plaisir. Il fallait de toute façon que tu l’acceptes, puisque de ton côté, il était assez rare que tu t’annonces avant de débarquer chez quelqu’un. Tu suivais tes envies, là où elles te menaient. Ce n’était pas tout le monde qui appréciait ça chez toi et tu faisais un effort pour certains, mais parfois, t’étais irrécupérable. De toute façon, ils n’avaient qu’à te dire que tu dérangeais, et tu partais. Comme tu te sentais tout à fait à l’aise de dire à quelqu’un que t’avais pas envie de compagnie, s’ils se pointaient chez toi à un mauvais moment.

« Monte, j’ai pas encore ouvert en bas ! » T’ouvrais rarement ton école de voile avant l’heure du lunch. Tu laissas entrer Alexander dans ton logement avant de laisser la porte se refermer derrière toi par elle-même. Un petit claquement de rien du tout. « J’te verse un café ? J’viens de le faire couler. » Tu levas ta propre tasse, preuve à l’appui. « Qu’est-ce qui t’amène ici à cette heure ? T’as de la chance, t’sais mieux que n’importe qui qu’il y avait un gros risque que je sois encore en train de dormir. » Puisque les soirées au Wojna’s ne se termineraient que très rarement à la fermeture de la rhumerie, pour les employés de la place.

Pourquoi pas faire d’une pierre deux coups ? Voir un ami, qu’il ne voit plus aussi souvent qu’il ne le voudrait puisque le boulot lui prends vraiment beaucoup de temps. Et puis lui faire part d’une idée qui lui est venue il n’y a pas très longtemps. D’ailleurs, il n’y pensait pas mais ça leur permettrait peut-être d’avoir l’occasion de revivre de bons moments ensemble sans devoir chercher un planning. Il s’en veut parfois de ne plus trouver de temps pour faire ce qu’il a envie, quand il en a envie. Mais avoir la responsabilité d’enfant sur les bras ce n’est pas rien. Il est sûr qu’Oskar peut le comprendre. Puis l’homme étant assez solitaire, ça ne doit pas le déranger tant que ça au final. Et il comprends aussi son état d’esprit et il l’a toujours accepté. Il apprécie l’homme comme il est, et peut-être plus encore pour cette particularité qui n’est pas si rare chez un homme.

« - Oh comme toujours. » Dit-il en souriant levant les yeux en sa direction. Bien que quand il a un jour de congé, il essaie de dormir un peu plus longtemps. Mais son corps est réglé comme une horloge et il se réveille toujours assez tôt. Mais il paraît que c’est une bonne chose, alors il ne s’en plaint pas. Il monte directement comme il le lui dit, avançant tranquillement dans l’appartement. « - Je ne dis jamais non à un café, avec plaisir. » Il laisse son regard posé sur Oz, avant de sourire en voyant sa tenue. La tenue du réveil bien évidemment. « - Oh tu sais, je me dis que peut-être qu’un jour j’aurai la chance de tomber sur toi à poile en venant si tôt. » Dit-il avant de se mettre à rire. Bien sûr il plaisante. D’autant plus que son ami est hétéro, il ne dit ça que pour l’embêter un peu. « - Mais ouais je sais désolé. Je ne sais pas si j’aurai eu le temps en venant plus tard. » Même si parfois, il aménage un peu son horaire comme il en a envie. Tant qu’il fait son travail ça ne dérange personne. Surtout pas le vieux qui lui sert de patron et avec qui il ne s’entend pas très bien.

Il récupère la tasse de café, adorant cette saveur, cette chaleur. Depuis qu’il a prit goût au café, il ne peut plus s’en passer. « - Je me suis dit que c’était une bonne idée de venir boire mon café ici plutôt qu’au bar à chat pour changer. Non seulement, tu me manques un peu. Mais en plus j’ai quelque chose à te proposer. Une idée qui m’est venue en me promenant le long de la plage l’autre jour. » Il laisse son regard aller vers la fenêtre donnant sur l’extérieur, avant de boire une gorgée de son café. « - Après, je ne t’en voudrais pas si tu me dis non Xander, tu es un petit con qui passe pas assez souvent me voir après tout, je comprendrai. »

Le comme toujours d’Alexander te fit sourire. « J’me souviens quand même de certains matins un peu moins faciles. » Fis-tu remarquer. Il est cependant vrai que lorsque vous sortiez, à l’époque, Alexander était quand même celui à se remettre debout le plus vite, café à la main comme si ce liquide avait le pouvoir d’effacer tous les lendemains de veille du monde. Ça n’avait malheureusement pas un effet aussi fort sur toi, et souvent il te fallait plusieurs heures avant de pouvoir vraiment bien fonctionner. Ceci expliquait pourquoi ton école de voile n’opérait généralement qu’en après-midi, à moins d’exceptions pour mieux accommoder l’horaire des élèves. Toi, si t’avais envie de prendre la mer le matin en voyant le vent se lever, tu n’hésitais pas à lever les voiles tout seul. C’était paisible et ça changeait le mal de place. Ça l’effaçait, en fait. T’avais toujours l’impression que tes maux s’envolaient dans le vent, quand tu faisais de la voile. Bref, Alexander entra dans ton loft et tu lui proposas tout de suite un café, sachant pertinemment qu’il en prendrait un. Tu lui en versas un dans l’une de tes tasses noires avec une bande dorée à la base, que tu lui tendis ensuite. « Si c’est tout ce que t’attends, t’avais qu’à demander plus tôt. » Lâchas-tu en portant tes mains à ton caleçon, faisant semblant de t’apprêter à l’enlever. Tu ris de bon cœur avant de reprendre ton café. Tu savais fort bien qu’Alexander aimait les hommes mais ça ne t’empêchait pas d’agir avec lui comme t’agirais avec n’importe qui. Zéro malaise, votre amitié était bien trop solide et définie pour ça. « Nah, t’excuses pas, hermano. Ça me fait plaisir de te voir. » Le premier visage que tu voyais en te levant, ce n’était pas rien ! Ça débuterait bien la journée. Tu souris quand il parla du bar à chats mais après, tu fronças légèrement les sourcils, intrigué, intéressé, quand il parla de sa proposition. « Si tu voulais mon attention c’est réussi, maintenant j’veux tout savoir ! » Lâchas-tu en te penchant sur l’îlot central qui séparait la salle à manger de la cuisine. Comme c’était pas mal à aire ouverte, le concept de ton logement, tu délimitais via les meubles. « T’sais que je dis rarement non, c’est peut-être pas toujours à mon avantage, mais j’pense que dans ce cas-ci ça mérite que j’écoute jusqu’au bout. Allez, accouche ! » T’étais impatient et trop curieux.