Back to the place, back to the room where it all began + Emersen

Ce séjour marquait un peu la fin de leur première histoire pour démarrait une nouvelle, bien plus douce que la précédente. Ils s’étaient aimés dans ce pays, à l’abris des regards indiscrets et de leur proche. Même si elle avait douté pendant des mois et des mois, elle avait ressenti l’amour de Léo. Il ne pouvait pas autant bluffer. Ses regards le trahissait, ses gestes et ses doux mot également. Sauf qu’il avait fallu qu’une fin brutale achève l’idylle naissante entre les deux amants. Ils auraient pu s’arrêter là, ne jamais se revoir et ne rester qu’un doux souvenirs. Mais il y avait eu Jon. Ce petit blond bouclé, au regard merveilleux et à l’âme téméraire. Il avait été pendant un temps le seul lien d’ancrage entre Léo et Alba, la seule preuve qu’ils y avaient bien eut un eux pendant une période. Que c’était dur pour les deux parents de communiquer, même encor aujourd’hui, alors qu’ils avaient tout simplement décidé de s’aimer librement. Ils restaient meilleurs quand ils étaient cachés du monde, mais pourtant ils sortaient dehors. Se tenant parfois la main, ou quand Léo déposait sa bouche à la commissure des lèvres d’Alba. Tout le monde savait ce qui se passait pour eux deux, mais seulement, les deux acteurs étaient incapables de vraiment en parler entre eux. Léo avait eu peur qu’elle refuse. « Oui … mais ça ne veut pas dire que les autres n’ont plus leur place. » Que lui n’avait plus sa place. Peut-être que Jon passait avant tout, le tout premier dans les priorités d’Alba. Mais Léo, il avait cette place si particulière. Ce n’était pas une petite place, loin de là, c’était un espace considérable, une partie du cœur et de l’âme de la blonde. Combien de fois ces pensées s’étaient perdues pour lui ? Combien de fois en regardant son fils, elle voyait le père. Ils avaient le même regard. Il n’aurait pas pu le renier parce qu’involontairement la génétique avait rendu Jon plus proche de son père que de sa mère. Heureusement, il avait hérité de son petit caractère, de son sourire et de plusieurs autres petites choses. Le trajet avait été long, mais elle ne s’en plaignait pas Alba. Il faisait beau et chaud, Léo se tenait à côté d’elle. Rien ne pouvait assombrir ces deux semaines. A l’hôtel elle pouffait de rire et râlant tout de même un peu. Les vêtements choisis par le photographe n’étaient pas vraiment au goût de la blonde. Cette robe, elle ne l’avait pas porté depuis la grossesse. Et même si Alba était une belle femme, elle complexait tout de même. Elle riait à la remarque de son amant. « Et tu m’empêcherais de sortir pour que personne ne me voit nue, on se serait ennuyé dans cette chambre. » Ou peut-être pas. Il n’y avait rien de mal à imaginer deux semaines de discussion, d’amour, de tendresse et de caresse. Mais tout comme elle, Léo aimait bouger. C’était un voyageur dans l’âme, ils avaient ce même besoin que de découvrir les choses. Elle posait délicatement les pieds dans l’eau, posant sa tête sur l’épaule du jeune homme. Ainsi, tout était calme et paisible. Il n’y avait pas de tempête, à part celle qu’Alba s’apprêtait à démarrer. Ils allaient en parler à un moment donné, alors pourquoi fallait-elle qu’elle commence directement par ceci ? Mais cette question lui brûlait la langue depuis qu’il l’avait laissé dans cette chambre il y a quelques années. Elle sentir le corps de son amant se tendre. Avec tendresse, elle aurait pu le rassurer, mais de son côté elle essayait de taire les traitresses larmes. Elle ne s’attendait à rien, juste à quelques mots pour enfin répondre à cette question. Il avait dû partir, ça elle l’avait compris. Le deuil était quelque chose de long, quelque chose de douloureux. Mais pendant un instant, Alba avait eu la prétention de croire qu’elle aurait pu l’aider. Mais Léo n’en avait pas voulu de son aide. Les quelques semaines qui avaient suivi ce départ, elle avait espéré qu’il revienne, qu’il lui dise de le rejoindre à Bowen. Mais non, c’était silence radio. Leur retrouvaille avait été des plus horribles, prouvant à la jeune femme que cet amant n’avait pas envie de la revoir. La force des choses avaient décidé qu’ils soient liés par quelqu’un d’autre, mais qu’est-ce que ce fut dur pour qu’ils se retrouvent aujourd’hui dans les bras l’un de l’autre. La vérité de Léo lui fit aussi mal que bien. Finalement, elle n’avait pas imaginé. Finalement, il l’avait peut-être aimé, mais que le timing ne jouait pas en sa faveur. Puis il ne disait plus rien et Alba soupirait, regardant l’horizon en face d’elle. Ce n’est qu’après quelques minutes de silence qu’elle le brisait. « Comment je peux savoir que tu ne repartiras pas ? » Peut-être parce qu’il y avait Jon, mais ce n’était pas la réponse qu’elle voulait. « Parfois, je me dis que sans Jon, il n’y aurait rien eu de plus que cette année ici. » Concluait-elle en se retournant vers Léo les yeux brillants. Un petit sourire se dessinait sur sa bouche avant de déposer un doux et rapide baiser sur les lèvres de Léo.

Il l’avait follement aimé, plus que n’importe quelle autre femme, mieux que n’importe quelle autre femme aussi, jours après jours, mois après mois il s’était attaché à elle, accroché à elle. Elle avait été sa lumière, sa bouée, elle l’avait aidé plus que n’importe qui dans cette période si sombre de sa vie. Sauf que jamais il ne l’avait admis, jamais il ne l’avait dit, même du bout des lèvres. Il se l’était caché à lui-même et il le lui avait caché à elle, comme s’il avait eu honte de l’aimer autant. Simplement pour cette raison terrible, il avait refusé de s’autoriser ce bonheur-là. Il leur avait refusé l’amour et le leur avait arraché, violement, le jour où, sans un mot, il était reparti à Bowen. Il pouvait le dire aujourd’hui, plus de sept ans plus tard, il pouvait l’avouer, que oui, il avait aimé Alba et que cet amour était toujours resté dans un coin de sa tête, il avait empoigné son cœur malgré sa volonté de le rejeter. C’était la preuve que l’amour gagnait toujours, que quelque part il était toujours le plus fort, envers et contre tout. Et ce voyage le réconciliait avec cette vérité, il l’aidait à tourner la page des mensonges et des non-dits, pour écrire un nouveau chapitre de leur histoire, un chapitre qu’il voulait plus beau et heureux au grand jour. Parce qu’à présent il n’avait plus peur de ces sentiments trop forts qu’il éprouvait pour Jensen, il les avait apprivoisés. A présent il osait la prendre par la main dans la rue, l’emmener chez ses parents ou l’embrasser en public, même s’il n’était pas très démonstratif face aux autres, il ne l’avait jamais été de toute façon. Il sourit doucement, à présent il y avait leur fils qui passait avant tout. Les autres je m’en fous. Qu’il répliqua, avec cette pointe de jalousie qui le caractérisait, avec l’âge cette particularité, ce défaut même, se taisait un peu, mais il restait jaloux, possessif, un brin égocentrique. Mais Jon c’est normal, lui il a le droit de prendre toute la place. Qu’il ajouta avec douceur en espérant, au fond, que son fils n’ait pas hérité de ce trait de caractère qui n'était pas simple à porter tous les jours. Quand il la regardait dans cette robe qui ne cachait quasiment rien de ses formes, Léo trouvait qu’Alba était belle, renversante même. Certes son corps avait changé avec la grossesse, mais elle n’avait aucun complexe à avoir, pour lui elle était toujours aussi attirante, peut-être même plus. D’ailleurs il sourit volontiers alors qu’elle râlait pour la forme. Est-ce qu’on se serait vraiment ennuyé ? Il l’embrassa dans le cou et ça aurait pu suffire à mettre le feu aux poudres, à attiser le désir toujours si présent. Mais après des heures de voyage ils étaient épuisés et puis c’était plus la tendresse qui était de mise ce soir, avec les confidences. Celles qu’ils n’avaient jamais vraiment osé faire, celles pour lesquelles ils étaient là. Alba lançait les hostilités, s’excusant presque d’avoir besoin de réponses. A une autre époque Léo aurait pu la rejeter, repousser ses questions et refuser d’y répondre, mais le temps était venu, s’ils voulaient avancer. S’il ne répondit pas vraiment à sa question première : Pourquoi, Il ne se défilait pas totalement et la blonde ne semblait pas vouloir gratte plus loin. Tous les deux l’un contre l’autre, à regarde l’horizon sans le voir, ils laissèrent le silence s’installer doucement, sans gêne, ils étaient tous les deux trop perdus dans leurs pensées. Une nouvelle fois ce fut Jensen qui brisa le calme, elle avait trop de questions qui lui brûlaient les lèvres. Et cette fois Léo la fixa un instant sans répondre, parce qu’il avait à son tour la gorge nouée par une peur qui grondait en lui depuis un moment. Rien. Qu’il articula difficilement avant de se racler la gorge. Mais qu’est ce qui me certifie que tu ne partiras pas, toi, cette fois ? Parce qu’il n’était pas idiot, il savait bien que l’instabilité de leur histoire n’était pas que de son fait à lui. Elle lui sortit cette vérité qui lui fit mal, parce qu’elle avait raison et la légèreté avec laquelle elle l’embrassa le laissa là, désarmé, incapable de savoir quoi faire. Et si rien de tout ça n’était vraiment sérieux ? Et si la réalité du quotidien n’était pas faite pour eux ? Lui n’avait plus envie de rire, il la dévisagea avec douceur, mais au fond de son regard brillait une flamme mélancolique. C’est vrai. Sans Jon on ne se serait jamais revu. Tu ne serais pas venu jusqu’à Bowen, parce que je t’ai fait trop de mal. Et moi j’aurais été trop têtu pour retraverser l’océan et venir te chercher. Un jour j’aurais réalisé à quel point j’ai été con de laisser filer une femme comme toi. Un jour j’aurais fini par comprendre que je t’aimais plus que je n’avais jamais aimé et à quel point j’étais heureux, ici, avec toi. Alors peut-être que ce jour là j’auras repris l’avion. Mais tu n’aurais pas été là et je me serais retrouvé seul et malheureux. Alors que toi tu aurais refait ta vie, tu serais heureuse avec un autre, avec un gamin désiré peut-être. Et tu m’aurais oublié. J’y ai pensé plein de fois tu sais, je l’ai imaginé ce scénario. Et je le déteste. Il s’arrêta pour reprendre le fil de ses idées, avouer enfin tout ce qu’il n’avait jamais osé dire, c’était quelque chose, c’était libérateur, pourtant il avait peur de sa réaction. Tu m’as demandé pourquoi je suis parti ? Parce j’ai pris peur de nous. Parce que j’estimais ne pas y avoir droit. Alors que j’avais fui mes responsabilités comme un lâche. J’ai préféré courir après un fantôme plutôt que d’affronter le bonheur. Et je m’en veux tellement, si tu savais. Alba découvrait ce soir un Léo mangé par ses remords, par des années de mensonge et de silence, qui osait enfin s’ouvrir à elle.

C’était les vacances dont ils avaient besoin. Coupés de leur monde, ce retour en Thaïlande était une nécessité pour la suite de leur relation. Tout avait commencé ici, le bien comme le mal, la passion comme le manque de communication, l’amour comme la tristesse. C’était à cet endroit qu’Alba avait pu envisager une vie qu’avec lui. Léo. Il avait été le seul à cette époque à lui donner envie d’être qu’avec lui. A cette époque, Alba était si libre qu’elle ne voulait pas s’attacher à une personne mais s’attacher à tout le monde. Léo a été le seul qui lui avait fait perdre cette envie et tout l’amour qu’elle voulait porter aux autres, finalement ne fut que pour Léo. Six ans éloignaient ce moment-là et leur rencontre. Ils avaient été jeunes et insouciants, se laissant porter par la passion qui les animait. Aujourd’hui, c’était toujours le cas, mais une part de rationalité les avait conquis. Alba pensait à présent à Jon. Dans chacune de ses décisions, elle estimait si ce choix allait avoir des conséquences sur son fils. Avec Léo, c’était un amour fou, celui qui broie de l’intérieur. Jonah c’était un amour viscéral, partagé avec Léo. Elle ne voyait pas de plus belles images. Léo et elle, en plus de s’aimer partagent quelque chose de plus fort. L’amour qu’elle et lui portent à Jonah. Et le petit bouclé passait avant tout le monde. Alba soupirait souriant malgré elle à la jalousie de Léo. « La jalousie ne te sied pas. » Elle riait légèrement. Par les autres, elle entendait tous ses proches, de Léo à ses pères, de Charlie à Edd et ainsi de suite. Léo à part durant leur année en Thaïlande n’a jamais été la priorité d’Alba parce que Jon était venu bien vite se mêler à leur histoire. Elle souriait attendrie par les paroles du brun. « C’est vrai qu’entre toi et Jon, il ne reste plus beaucoup de place. » Disait-elle en souriant, voulant faire comprendre à Léo que cette place il l’avait, depuis longtemps même. Elle voulait lui faire comprendre qu’elle l’aimait lui mais Alba manquait de courage pour lui annoncer cela. Cette peur dévastatrice qui tétanisait Alba à chaque fois qu’elle devait parler de ses sentiments. Elle remettait souvent la faute sur Léo concernant leur relation. C’était plus simple, comme ça elle n’avait pas à se demander si elle aurait pu saccager cette relation. Mais peut-être que si elle lui avait dit à Léo ce qu’elle ressentait à l’époque, les choses auraient été plus simple. Il y avait eu beaucoup de rancœur et pendant des années, la jolie blonde en avait voulu à Léo. Ce départ précipité et ce rejet l’avait blessé, beaucoup plus que ce qu’elle voulait lui faire croire. Il n’était pas bête Léo, il avait bien vu les blessures et le profond attachement qu’elle avait vis-à-vis de lui. Tout doucement, elle guérissait de cette histoire passée. Léo lui apportait que du bien, il était doux et attentionné. Chaque nuit et chaque journée avec lui était un délice, même dans les moments compliqués où têtus ils n’arrivaient pas à trouver un terrain d’entente. Sauf que la peur d’Alba était toujours là. Combien de fois s’était-elle réveillée sentant le lit vide. A chaque fois, la pensée que Léo ait pu de nouveau fuir lui traversait l’esprit. Heureusement, il était toujours là, et n’avait pas encore fuit. L’un contre l’autre, ils fixaient l’horizon et Alba le sentait qu’ils étaient à un moment important de leur relation. Elle avait envie de lui poser des tonnes de question à Léo. Comment savoir s’il ne partirait pas par exemple. La réponse de Léo était limpide. Rien. Il lui retournait la même question. « Rien. » Répondait-elle. Alba savait qu’elle pouvait faire partie de ses personnes qui pouvaient partir. Elle l’avait déjà quittant Bowen pour Brisbane. Mais aujourd’hui, il était inconcevable qu’elle éloigne père et fils. « Je ne partirais pas Léo … » Disait-elle avec certitude. Peut-être que sans Jon, elle serait partie. Elle n’en savait rien, et parfois elle ne voulait pas imaginer ce qu’il aurait pu se passer. Elle était quand même consciente que sans Jon, elle ne serait pas là à parler à cœur ouvert à Léo. Un léger baiser pour conclure cette pensée fugace. Elle ne s’attendait pas à cette suite. Chaque mot prononcé par Léo était une violente caresse. Ce scénario elle le détestait aussi. Puis il était faux, elle n’aurait pas eu d’enfant désiré et elle n’aurait jamais pu l’oublier. Les larmes montaient doucement, submergée par les émotions. Il l’aimait. Aujourd’hui il l’aimait mais il y a cinq ans également. « Je ne t’ai pas détesté ce jour-là. Quand t’es parti, je crois qu’au fond de moi je m’y attendais. Je t’ai détesté quand je suis venue te voir enceinte. Je t’aimais tellement que ça me faisait si mal que tu ne veuilles pas de moi et de Jon. Mais ton scénario est faux, peut-être que j’aurai refait ma vie mais jamais je t’aurais oublié. Je ne pouvais pas t’oublier Léo, t’es la seule personne que j’ai aimé à ce point, la seule personne qui me donne envie d’être meilleure un peu plus chaque jour. Jamais je n’aurai pu t’oublier et je ne veux même pas imaginer une vie sans toi. » Ils avaient souvent eu du mal à communiquer et à exprimer leur sentiment. A cet instant loin de tous les regards ils parlaient enfin. Il s’en voulait et cette culpabilité qu’il avait faisait mal à Alba. Il était partie il y a six ans, mais aujourd’hui il était là. « Je ne changerais rien de notre histoire. Je ne veux rien changer parce que j’ai un merveilleux petit garçon avec l’homme que j’ai aimé et que j’aime. Je suis dans un des plus beaux endroits du monde avec toi. » Elle s’approchait de son amant le forçant à la regarder. « Je ne veux pas d’une autre histoire ou d’un autre scénario. Je te veux toi, avec tes fuites, tes peurs, tes joies et ta jalousie. » Alba était amoureuse de cet homme depuis longtemps, mais pour la première fois elle avait mis quelques mots dessus.

La jalousie lui allait parfaitement bien. Et pour cause, elle faisait partie intégrante de sa personnalité, de pair avec la possessivité. Ce n’était pas, à proprement parlé, une qualité chez lui, au contraire même, ça témoignait surtout de son profond besoin d’affection, de celle qui lui avait manqué étant enfant, de celle dont il n’était jamais repu comme s’il doutait qu’on puisse l’aimait sincèrement. Personne ne pouvait imaginer combien Léo doutait de lui, il n’avait pas réellement confiance en lui. Peut-être qu’Alba avait fini par le comprendre, du moins elle l’acceptait plus, elle le rassurait volontiers sur la place qu’était la sienne, sur l’importance qu’il avait pour elle. La jeune femme l’acceptait, tout simplement, avec ses qualités mais aussi ses défauts qu’elle avait appris à apprivoiser, depuis le temps. Elle avait appris mais les peurs étaient toujours là, les leurs à tous les deux, elles prenaient trop de place, depuis trop longtemps. Léo avait espoir qu’avec ce séjour sur les traces de leur passé ils arriveraient à repartir à zéro, sur des bases plus saines, il espérait enfin réussir à lui parler, à cœur ouvert, sans détours, pour la première fois, parce qu’il savait que c’était son plus gros problème, le manque de communication, i lui était jusque là impossible d’avouer ce qu’il pensait réellement, positif ou négatif, il avait peur de trop se livrer, que trop en dire briserait leur lien si particulier. Seulement le photographe n’était pas aveugle, il avait bien remarqué que sa compagne avait besoin de plus que sa belle gueule et ses baisers brûlants, plus que ses cadeaux et ses mais sur son corps. Elle voulait être sûr de l’homme qui partageait sa vie, sûre qu’il n’en choisirait pas une autre cette fois encore, qu’il ne renoncerait pas à elle alors qu’elle acceptait à nouveau de lui accorder sa confiance, elle voulait être rassurée. Et lui aussi, même si ce n’était pas sur le même terrain. Léo avait une confiance aveugle en Alba, il savait que des deux il était celui qui était le moins fiable. Lui il avait peur de lui-même, de son passé qui pesait lourd, de ses failles et de son inconstance, il était effrayé à l’idée qu’Alba n’arrive jamais à surmonter le fait qu’il l’ait déjà quitté par deux fois et le sentiment de rejet qui allait avec. Ce voyage c’était une parenthèse dans leur quotidien, un cadeau qu’il lui faisait, mais Emerson était conscient qu’au-delà de ça, si Alba n’était pas rassurée sur les intentions de son amant en rentrant, leur histoire ne pourrait pas fonctionner, alors, mine de rien, il jouait gros en la ramenant dans leur paradis. Alors il se prêtait à l’exercice, aussi difficile soit-il, pour un homme qui n’en avait pas l’habitude, il parlait, il ouvrait son cœur avec pudeur. Ils jouaient l’honnêteté tous les deux, rien ne leur garantirait jamais, ni à l’un ni à l’autre, qu’ils ne partiraient pas. Et quelque part ça rassurait Léo d’entendre Alba lui répondre la même chose, ils étaient faits du même type de bois, ils partageaient cette soif trop grande de liberté, ils étaient des oiseaux sauvages, bien qu’ils aient besoin d’être ensemble. Il préférait cette femme qui pouvait lui échapper à tout moment, plutôt que celle qui l’attendrait éperdument toute une vie. Elle ne partirait pas, il apprendrait bien assez tôt qu’elle disait la vérité, mais que ça ne l’empêcherait pas de le quitter, il apprendrait alors la douleur vive que cela faisait d’être trahi, mais on n’en était pas encore là. Alors son visage se fendit d’un demi sourire et il hocha la tête. Avant de se laisser gagner par la mélancolie de pensée qui le hantaient et dont il fit part à la blonde, ce scénario qu’il avait imaginé trop de fois, si elle n’était pas tombée enceinte, si elle n’était jamais venue le retrouver à Bowen. Il vit les yeux d’Alba s’emplir de larmes mais il continua, maintenant que les vannes étaient ouvertes, il devait continuer. Ses yeux à lui aussi devinrent humides alors qu’elle lui donnait sa version de l’histoire, si… il prenait réellement conscience de tout ce qu’il avait gâché, de ces sentiments si purs piétinés, de leur destin brisé, de cet amour qu’il ne pensait pas mériter et qu’il avait rejeté. Les larmes ne débordèrent pas mais elle pouvait lire toute l’émotion qu’il ressentait à ce moment-là. Elle l’aimait, il le savait, depuis longtemps, mais jamais elle ne l’avait vraiment dit. Il esquissa un sourire, le plus bel endroit au monde. Il avait si souvent eu envie de ne jamais le quitter, à l’époque. Et parfois lorsqu’il pensait à cette période de sa vie, avec elle, il se disait qu’une grosse partie de son cœur y était resté, quelque part entre la ferveur de Bangkok et les eaux translucides du lagon de Koh Tao. Il la laissa s’approcher d’elle et déposa un baiser dans son cou. Tu me prends vraiment, avec tout le package ? Avec toutes les valises ? Il lui demandait sincèrement, comme s’il doutait encore qu’elle ait compris combien tout ça pesait lourd. Je t’aime Alba. Excuse-moi d’en avoir eu peur aussi longtemps, alors que c’était si évident. C’était là, elle était là, devant lui, tout ce temps, sans qu’il arrive à lui formuler ses sentiments..

Léo était un mélange de nouveauté et d’habitude. Tout les faits et gestes de cet homme passait au radar d’Alba, désirant connaître tout de cet homme mystérieux. Elle ne se surprenait plus d’une crise de jalousie bien qu’elle continuait à s’agacer de ce comportement. Parfois, il pouvait être dur dans ses mots Léo quand ce vil défaut prenait le dessus. Il était la nouveauté, chaque jour à ses côtés était une nouvelle aventure. Chaque matin, elle ne savait si elle allait avoir le Léo fuyard ou le courageux. Elle ne savait pas si elle aurait le bougon ou l’amoureux. Ces derniers mois, elle ne voyait de lui que le beau, le Léo de Bangkok, celui qui l’avait rendu folle amoureuse. Chaque matin était un nouveau délice à ses côtés, marchant pas à pas vers une relation plus stable et plus réelle. Ça lui fichait la trouille à Alba, peureuse de redécouvrir cette phase idyllique avec lui. Peut-être finirait-il par lui briser le cœur encore une fois. Elle voulait essayer. Le regard de son amant semblait si sincère et ce voyage dans les lieux du commencement donnait de l’espoir à Alba. L’eau transparente venait caresser la plante du pied de la blonde alors qu’elle se livrait à son amant. Oui, elle avait peur. Il devait le savoir. Elle ne s’attendait pas à tant de vérité de la part du photographe. Ils partageaient cette même peur. L’engagement n’était pas facile, il y avait trop de risque de souffrir in fine. Pourtant que c’était bon d’aimer et d’être aimée. Il n’y avait rien de plus délicieux que les baisers matinaux de Léo dans le cou chaud de la blonde. Depuis toujours, ils étaient compatibles physiquement mais elle le savait Alba que ça ne suffirait pas. Un jour, leur corps seront plus fatigués et moins désirables. Ce jour-là, il leur faudrait une autre force. Il lui fallait égoïstement plus. La Thaïlande pourrait être le témoin de cet amour. Il y a quelques années, il n'y avait que la façade de ce potentiel amour. Aujourd’hui, sur ce ponton face à la mer, ils étaient en train de mettre les fondations. Cela passait par une discussion à cœur ouvert, un point final sur les rancœurs du passé. Léo, elle le connaissait. Il avait des peurs enfouies, qui quand elles remontaient, déclenchaient une tempête. Alba ne voulait pas croire à ce scénario alternatif, rempli de regret et de tristesse. Il était inconcevable qu’un jour elle puisse oublier cet homme. Il avait gravé son empreinte sur elle. Il y avait des histoires qu’on ne pouvait oublier. Dans le pire des scénarios, Alba aurait eu une vie rangée avec des enfants et un partenaire simple. Il n’aurait pas eu de jalousie et pas de passion. Elle aurait été heureuse quatre-vingt dix pourcents du temps. Mais certains soirs, face à l’océan pacifique, elle aurait pensé à son lui, Léo, son amant maudit. Parfois en faisant tomber un peu de liquide vaisselle, elle se serait perdue dans les souvenirs de cet appartement où Léo et Alba avait commencé cette bataille de mousse. Il aurait toujours été là quelque part dans les moments les plus banals de son quotidien. Ç’aurait été son plus grand regret et son plus grand manque. Il ne comprenait pas Léo à quel point les dix mois en Thaïlande avait marqué Alba pour toute une vie. Elle n’en voulait pas un autre ou une autre, elle avait essayé … C’était Léo et seulement lui depuis cette rencontre étrange à Bangkok. « Oui Léo, je te prends avec tout. » C’était ce package qui le rendait si unique et si lui. «[color=#cc6633] Ses deux mains encerclaient le visage du brun, les yeux humides. Il l’aimait. Il les prononçait pour la première fois. « Je t’aime Léo. » Ils se disaient ces mots pour la première fois, comme une délivrance de tant de sentiment enfouie depuis trop longtemps. Elle posait sa tête contre son épaule, savourant cet instant. Puis elle relevait la tête pour plonger dans le regard de son amant. « Faites moi l’amour Mr Emerson ! » Disait-elle avec un léger sourire avant de plonger ses lèvres sur les siennes.