Les choses les plus attendues arrivent souvent par surprise ~ Roxie1

Je sortais de la chambre dans laquelle j'avais rejoins un riche homme d'affaire durant sa pause déjeuner. Schémas classique : Homme riche à la vie de famille bien remplit mais qui s'ennuis au pieu avec sa femme car il a un besoin maladif de dominer et contrôler. Vieil homme frustré qui a besoin de laisser sortir ses pulsions et qui paye donc pour déverser entre midi et deux sa frustration dans une femme qui se contentera d'encaisser et de se taire. Corps en pilotage automatique, esprit en mode veille. C'était devenu mon lot quotidien depuis que je m'étais retrouvé de force dans cette situation juste pour que mon ripoux de père adoptif, échappe à la prison.

Mes talons claque sur le sol marbré de l'hôtel de luxe et je me glisse dans les toilettes pour laisser sortir la nausée que je retenais depuis une heure puis me changer pour passer un peu plus inaperçu. Il ne manquerait plus que l'on remarque que je suis une prostituée dans la rue. Une prostituée, si Maman l'apprenait elle brûlerait tout les cierges de l'église pour essayer de purifier mon âme. Me voila débarrasser de ma robe dont le tissus si court s'arrêtait à la lisière de ma salle de jeu et de mes talons qui mériterait plutôt d'être nommé "échasses". Bonjour, jean slim noir, Doc Martens et sweat à capuche. Plus confortable à présent. Je quitte l'hôtel, après avoir enfiler mon manteau et vérifier mon reflet dans le miroir, reflet qui semble me crier "Au secours faites que ça s'arrête !"

Encore vide, comme anesthésier pour éteindre la mémoire du corps, je décide de passer par le parc pour rentrer chez moi. J'inspire un grand bol d'air frais tout en observant un peu atour de moi, ces mamans surveillant leurs progénitures qui s'amusent sur le toboggan ou le bac à sable, un peu envieuse de leur situation et de leur probable vie de famille. Le Tic Tac de l'horloge biologique ? Mon regard est attiré par une adorable petite fille, un petit bout d'un an qui rejoint un homme portant un bonnet. Mon coeur se serre un peu, tandis que ma tête pars sur un fond de musique romantique à grand coup de flashback de ma vie passée, celle que je vivait dans les bras d'Archie il y a encore quoi... Un an ? Peut être un peu plus maintenant. Comment cela peut-il me paraître aussi proche mais aussi éloigner à la fois ? Il me manques.

Sauf que plus j'approche et plus ce visage que je ne connais que trop bien deviens net. C'est lui... avec cette petite qui doit avoir quoi...? Un an et demi ? Putain de merde... Coup de Poignard. Si cette petite a quoi 1 an... et qu'on rajoute 9 mois de fabrication... Nous étions ensemble. Mon coeur et ma tête se mettent à se disputer bruyamment sur la marche à suivre. L'ignorer et rentrer chez moi, faire comme si de rien était et oublier tout ça ? Ou alors en avoir le cœur net et avoir une réponse au lieu de partir ruminer dans mon appartement ? Le cœur gagne et j'approche alors le palpitant tambourinant dans ma poitrine. - Oh waw... Archie c'est toi ? Et... ta progéniture je suppose ? Autant briser la glace tout de suite non ? Je mordille ma lèvre lui adressant un petit sourire. Jésus, fait qu'elle ne soit pas à lui je t'en supplie...

@Archie Hartwig

Le temps était long, incroyablement long. Depuis le matin, tu n’avais pas arrêté de tourner en rond, encore et encore. A te regarder, on aurait probablement pu en attraper le tournis. D’ailleurs… ton frère l’avait peut-être eu ? Ça valait en tous cas le coup de se poser la question. Car si tes pas répétitifs de lion dans une cage n’avaient pas encore usé le sol à en faire une tranchée nette, il était venu t’arrêter dans ta course, de guerre lasse : t’avais du l’avoir à l’usure. Et le pire dans tout ça… c’était probablement que pour une fois, tu ne cherchais pas à l’exaspérer : t’étais enfermé dans ta tête, et ce putain de manque d’inspiration allait bientôt te rendre fou. Agacé, tu relevais ton regard vers lui, soupirant « quoi ?! » avais-tu attaqué avant qu’il ne se lance dans des contrées bien trop périlleuses pour lui. Mais avant qu’il ne dise quoi que ce soit, t’avais lancé, voulant te défendre : « j’arrive pas à me concentrer. Tout ce que je fais est naze. J’te jure, même Rori ferait probablement mieux que mes croûtes ! Putain, pourquoi j’ai quitté la police ! Là bas au moins, j’me posais pas la question de la composition d’une putain de toile ! » tu rageais, rangeant ton matos de dessin : ce ne serait définitivement pas pour aujourd’hui. Une fois tout à sa place, tu prenais une grande inspiration, et proposais à ton frère : « ok. T’as du taff toi non ? Ça te dit que je prenne Rori ? J’vais… l’emmener au Parc. J’ai besoin de prendre l’air. » et puis avec un peu de chance, ça te donnerait enfin cette inspiration qui ne venait pas.

Une fois Rori préparée, tu avais filé, pensif ; mettre à bien le programme que tu avais énuméré à ton frère. Tout ça… la façon dont tu t’occupais d’Aurora, et dont tu la dévorais des yeux, c’était bien la preuve que finalement, tu ne serais pas un si mauvais père. Mais tu préférais te cacher derrière ces certitudes que tu t’étais foutues dans la tête : c’était tellement plus facile. Et puis, rester le tonton cool, c’était déjà un taff à part entière !

Cela faisait maintenant une bonne demi heure que tu jouais avec Rori, que tu remettais dans sa poussette, derrière laquelle tu te mettais pour fumer ta cigarette : tu trainais avec tellement de non-fumeurs, que t’étais devenu un pro pour trouver rapidement le sens du vent et ainsi ne pas flinguer les poumons de tes congénaires : tout le monde n’avait pas envie de mourir d’un cancer des poumons, et il était peu probable que ton frère ne soit très heureux d’apprendre que sa gamine aurait pu finir fumeuse passive lors de votre virée. Alors autant que tu le pouvais, tu faisais gaffe. Ta cigarette allumée, tu jetais un œil à Rori, rêvassant. Tu profitais du calme. Mieux encore, tu commençais à te détendre. Là, tu faisais quelques pas. Mais pas les mêmes que chez vous : tu te contentais de regarder autour de toi. Aucune pensée à l’esprit. Enfin, t’avais réussi à te débarasser de ces putains de blocages qui te rendaient ouf depuis que t’étais levé. C’est une voix qui te fit relever la tête. Une voix que tu ne connaissais que trop bien. T’aurais pu t’étouffer avec ta clope – c’était d’ailleurs ce que tu te serais attendu à faire. Mais à la place, tu es resté calme. Étrangement calme. Tu secouais la tête à sa question, avant de jeter ta cigarette : « Roxie ?? qu’est ce que tu fais là ??! » t’avais l’impression de ne plus l’avoir vue depuis une éternité. Dans ta tête, une explosion. Dans ton coeur, le même tambourinement qu’à chaque fois que tu la voyais, qui te trahissait. Mordillant ta lèvre inférieure, tu prenais Rori que tu sortais de nouveau de sa poussette comme pour la lui faire voir de plus près « j’me doute très fortement des calculs que t’es en train de faire Rox. Rassure toi. C’est la fille de mon frère. J’t’ai toujours dit ne pas vouloir de gosse, c’est pas demain la veille que tu me verra pouponner un autre gamin que ma nièce. » tu adressais un sourire à la jeune femme, t’asseyant de nouveau, et tu reposais ton regard sur elle, « qu’est ce que tu deviens ?? » avais tu demandé en donnant son biberon à Rori qui commençait à s’agacer : c’était l’heure du goûter. On aurait dit que t’avais fait ça toute ta vie.

Tu n’aurais jamais imaginé pouvoir un jour la retrouver autrement qu’en la croisant. Bonjour furtif, un « comment ça va de politesse ». Petit accro dans vos quotidiens respectifs pour reprendre vos vies là où vous les aviez laissées, quelques minutes plus tard. Une interaction de la sorte, bien évidemment, t’aurait bouleversé . Il en était ainsi avec Rox : tu en avais toujours voulu plus. Et puis ça s’était arrêté brutalement. Plus violemment que tu n’aurais pu l’imaginer, et surtout, pas de votre fait. Il avait suffi de rien. D’un putain d’accident, pour que vous soyez séparés à tout jamais. Quand t’y pensais, ça te faisait un mal de chien, alors la majeure partie du temps, tu faisais comme si ça n’avait jamais existé. Histoire de ne pas souffrir inutilement. En fait, il n’y avait qu’avec ton frère, que tu acceptais d’évoquer le sujet sans que ça ne te coûte de trop : tu savais pourquoi ton frère t’en faisait parler, et tu n’étais pas contre. Parce que dans le fond, évoquer, c’était faire exister. Et ressasser ces vieux souvenirs, ça te permettait de dire que tout ça avait bien été réel, un jour.Le coeur serré, tu mourrais d’envie de l’embrasser et de la garder contre toi comme autre fois.

T’en mourrais d’envie, mais ça n’a pas suffi. Vous restiez assis, l’un à côté de l’autre, comme de vieux amis, et tu souriais au compliment qu’elle portait à ta nièce « elle s’appelle Aurora. Mais tout le monde l’appelle Rori. Enfin tout le monde : son père et moi. Les autres ont pas le droit de s’en approcher sans qu’on ait décidé qu’il ou elle en vaille le coup ! » un sourire malin sur le visage, tu riais légèrement : vous ? Trop protecteur avec elle ? Peut-être bien. Mais l’avantage d’avoir été un petit con plus jeune… c’est encore de savoir pertinemment ce dont les autres pourraient être capables : très peu pour toi. Tu voulais éviter à Rori ce que tu avais pu faire vivre à de pauvres gens qui n’avaient rien demandé. Quant à ton frère, la question ne se posait même pas : tout ce qui l’intéressait, c’était de protéger sa fille.

Tu donnais son biberon à la petite du mieux que tu pouvais, continuant la discussion. Oh ,t’avais bien remarqué son hésitation, mais tu n’as rien dit. Tu supposais que c’était l’hésitation de tout individu à qui cette question débile et attendue serait posée. On savait qu’elle allait tomber, mais en fin de compte, on était jamais prêt à y répondre. Tu hochais la tête à sa réponse, et souriais, inexplicablement soulagé de l’entendre affirmer qu’elle vivait seule. Alors comme ça, elle n’avait pas refait sa vie après votre séparation ? D’un sens, ça t’attristait pour elle : elle ne méritait pas de finir seule, au contraire : elle était tellement jolie et extraordinaire, qu’il était étonnant de voir qu’elle avait éconduit ses prétendants éventuels… Tu souriais, lui adressant un sourire compatissant et bienveillant : « c’est cool que tu n’aies pas lâché. T’avais du talent ! Tu vis où maintenant ? » dans le fond, t’espérais presque qu’elle te réponde qu’elle vivait dans le quartier. Au moins, ça te garantirait de la revoir. A sa question, tu hochais la tête : « ouais. C’était plus possible pour moi tout ça. L’idée de revenir au poste me faisait gerber et mon frère a perdu sa femme la même année où il a perdu son frère. Tu comprendras qu’on ait pensé à un peu plus de calme pour le moment. Du coup… j’l’aide un peu avec sa fille. Et moi… ça m’aide de penser à autre chose qu’à ce métier qui était toute ma vie. » tu lui adressais un sourire, faisant faire son rot à Rori que tu gardais contre toi et tu repris « Tu sais que Sash est dessinateur. Alors… pendant ma convalescence, il m’a encouragé à reprendre tout ça. J’avais laissé de côté, pour pouvoir exercer mon métier. Ca m’a aidé. Mais ce que j’avais pas prévu, c’était de retomber autant dedans ! » tu te mis à rire, et continuais « il m’a montré la sérigraphie. J’ai adoré. Et… tu vois l’atelier là-bas ? » tu lui montrais une devanture de l’autre côté du parc avant de conclure « c’est le mien ! Tu as devant toi le nouveau sérigraphe de Bowen! » et un peu pensif, tu concluais : « au passage… j’habite juste au dessus de l’atel’, avec Sash’. Si un jour tu veux passer... » Tentative à peine dissimulée, tu espérais vraiment pouvoir la revoir : tu l’avais laissée filer une fois, mais pas deux.

T’en croyais pas tes yeux et pourtant. Elle était bien là, face à toi. Ce rêve à la con, digne des téléfilms de nunuches devant lesquels ton frère et toi vous étiez plus d’une fois surpris à rester lors de lendemains de cuites un peu trop violentes, tu l’avais fait plus d’une fois. Mais jusqu’ici, il était resté ce qu’il devait rester : un putain de rêve. Alors qu’il devienne réalité, là, y’avait de quoi rester sceptique. D’abord, t’étais resté sur la réserve. Comme à ton habitude. Déformation professionnelle du flic qui devient par habitude, ce type observateur. C’était comme une deuxième nature. Peut-être pour ça, d’ailleurs, que dans sa voix, tu avais ressenti quelque chose. T’avais un mauvais pressentiment. Mais dans ce qu’elle semblait t’assurer, il n’y avait pas matière à s’alarmer. Pas d’autre choix, donc, que celui d’attendre. Et puis, après tout, tu n’étais plus qu’un simple civil. Alors ton super-pouvoir de connard omniscient, il était sans doute pété depuis le temps. Tu n’étais pas devin, encore moins docteur Strange, il était peut-être temps de se calmer : les gros Bill n’existaient que dans les superproductions hollywoodiennes, et t’en avais ni le talent ni la carrure… Alors plutôt que de chercher des signes là où il n’y en avait probablement pas, tu te contentais de lui poser quelques questions. Pas comme un interrogatoire. Plutôt comme.. des nouvelles que l’on prend, lorsque l’on s’est éloigné. C’était déjà un bon début, non ?

Tu grimaçais à sa question et haussais les épaules, l’air triste en pensant à la souffrance de ton jumeau. Putain. Tu avais beau souvent ressentir ce que lui aussi ressentait, sans doute à cause de votre connexion si particulière, mais tu étais certain que sur ce coup, tu n’avais pas ressenti le tiers de ce qu’il avait pu connaître. Et ça te faisait mal. « c’est arrivé la même année que mon accident. Autant te dire que cette année a été assez rude pour lui. Perdre sa femme et manquer de perdre son jumeau dans un laps de temps aussi court même le plus fort des mecs péterait un câble. Alors… j’suis resté avec lui. D’abord, parce que je voulais lui filer un coup de main et prendre soin de lui. Et puis… ça m’arrangeait un peu je dois dire. J’me voyais pas reprendre un appart seul après tout ça. Et faut dire que nos vies d’ados célibataires un peu teubés marchent ensemble à merveille ! » avais-tu avoué en riant légèrement, déposant un baiser sur la joue de Rory. « J’sais ce que tu dois te dire, concernant la petite ». Avais-tu lancé avant de hausser les épaules, et tu poursuivais «  en fait… y’a qu’avec elle que j’ai réussi à faire un effort. J’suis toujours au même stade, simplement… elle avait déjà perdu sa maman dès son arrivée, alors si son oncle la repoussait… » tu soupirais « y’a quand même des débuts de vie plus tendres, tu crois pas ? » tu souriais à Rory, lui faisant une grimace, avant de demander à Rox : « ça te dit de la prendre ? »

A ses félicitations, tu lui adressais un sourire sincère et la remerciais : ça te touchait, qu’elle puisse être aussi concernée par tes projets. Après tout… Elle n’était pas obligée de s’impliquer autant. Tu lui adressais un sourire et hochais la tête, sans cacher tes intentions, ou du moins, tu les dissimulais à peine : « peut-être ? À toi de voir. J’dis juste que… j’habite à côté… que mon atelier est à l’étage du dessous alors… tu sais que tu peux toujours me trouver là : aucune excuse pour ne pas me trouver quand tu le souhaite. » avais tu lancé en riant légèrement. Et ta main se posant sur son épaule, tu avouais, ton regard fuyant le sien « et puis… pour être honnête… tu me manques beaucoup, tu sais… ? » un sourire vague sur ton visage, tu rangeais les affaires de Rory. Trop nerveux à l’idée d’une réponse, quelle qu’elle fut, tu préférais te donner une contenance. Ou du moins… essayer.