#06 - hello new year ! (Tahlia)

Aujourd’hui, on était le 31 décembre. Et qui disait 31, disait soirée de nouvel an. Ces deux dernières années, j’avais préféré rester au fond de mon canapé, plutôt que de sortir fêter ça, mais cette fois-ci, j’en avais décidé autrement. Une de mes amie de longue date venait de revenir en ville et j’étais tellement content de la retrouver que j’avais eu envie de l’inviter, elle et sa fille, pour fêter ça ensemble.

Après une journée à nettoyer la maison et à faire quelques courses, je file sous la douche pour me préparer. Elles n’allaient pas tarder et je devais encore préparer le bois pour le feu de dehors. Non, on n’allait pas griller un poisson pour le repas. Même si je suis sûr, que ça aurait pu être délicieux !
Non, si je voulais faire un feu dehors, c’était pour Thaïs. La dernière fois, elle avait adoré tenir le bâton pour dorer les marshmallows et vu que j’adorais cette petite, j’avais vraiment envie de lui faire plaisir. Puis soyons honnête, quoi de mieux comme dessert et comme façon de terminer l’année que de griller un peu de guimauve au bord d’un feu sur la plage ?

Une fois terminé dehors, j’allume mon enceinte afin de mettre un peu de musique puis m’active en cuisine afin de préparer quelques petits plateaux apéro avant l’arrivée de ‘Lia. Pris dans l’ambiance et dos à l’entrée, je tartine les toasts tout en chantonnant et en me dandinant sur le rythme de la chanson. « … Keep on with the force don't stop. Don't stop 'til you get enough. OUH !!... » Je me lance dans un pas à la MJ puis continue ma préparation dans la bonne humeur.  

31 décembre 2021. Une année de plus qui se terminait. Une année à laquelle Tahlia n'était pas vraiment attachée - hormis ce qui concernait Thaïs. Mais c'était un renouveau qui s'offrait à elle en revenant à Bowen. Pour l'occasion, elle avait décidé de fêter cette fin d'année avec Thaïs et son ami, Sam. La brune s'était d'ailleurs lancée un défi pour cette soirée : devenir la Gordon Ramsay australienne (plus cool et moins vulgaire, ceci dit !). Les jours précédents, elle avait réfléchi au menu et c'était donc les mains chargés qu'elle arrivait ce jour, Thaïs et elle joliment apprêtées. Voulant d'abord déposer la petite chez Sam avant de faire des allers-retours pour amener les courses, Tahlia arriva devant la porte de chez Sam, tapant quelques coups, imités par la petite fille de bientôt deux ans, qui s'amusait à copier chaque geste de sa maman. Mais... pas de réponses. Tahlia tendit l'oreille. De la musique s'entendait pourtant dans la maison. Elle retapa encore une fois, en vain. Elle se permit donc d'ouvrir la porte, passant la tête pour interpeler son ami. Mais la scène qu'elle découvrit dessina un large sourire sur ses lèvres. Sam se trouvait dos à la porte, à danser énergiquement sur la chanson de Michael Jackson, dont il chantonnait les paroles. Tahlia ouvrit davantage la porte, restant silencieuse, se contentant de l'observer avec amusement. La situation était certes amusante, mais ce que Tahlia retenait, c'était la bonne humeur qui émanait de Sam. Et c'était beau de le voir s'amuser, lui qui avait aussi vécu une période terriblement dramatique. Quand la musique s'arrêta, Thaïs - dans les bras de Tahlia - se mit à rire joyeusement, tapant dans ses petites mains en lançant dans son charabia : "... 'avo 'Am !"  Tahlia jeta un regard amusé à Sam puis à Thaïs, répétant après elle : "Oui, bravo Sam !" Elle redressa de nouveau la tête vers le jeune homme : "Désolée d'avoir ouvert la porte. On a frappé. Mais tu n'as pas dû nous entendre." Son sourire s'élargit encore plus quand elle lâcha ensuite : "Tu m'avais caché ce déhanché, dis donc !"

J’étais à fond dans ma chanson et dans mes petits pas quand tout d’un coup, j’entends un petit clappement de main et une voix derrière moi. Ni une ni deux, je m’arrête net avec ma cuillère en bois puis me retourne tout doucement les joues légèrement rouges. Je faisais souvent le pitre, mais rarement en public. C’était plutôt le genre de scène réservée à ma sœur ou à l’époque, à Noa. J’étais donc un peu gêné que ‘Lia et la petite voient ça. « Je suis désolée que tu aies assisté à cette horrible scène » Je me pince les lèvres pour ne pas rire puis m’approche d’elle pour l’aider à se débarrasser. Une fois à leur hauteur, je dépose un baiser sur la tête de Thaïs puis un autre sur la joue de Tahlia « Oh désolée ! Je ne voulais pas vous faire poireauter. Mais tu as bien fait de ne pas attendre. Même si j’aurais préféré vous entendre pour m’arrêter à temps » Enfin bon, au moins elle avait le sourire aux lèvres. Donc même si j’allais en entendre parler pendant un moment, c’était un mal pour un bien. « Mettez-vous à votre aise, je vais aller chercher les sacs dans la voiture » Je lâche un petit sourire à la jeune femme puis m’éclipse, les laissant seules dans le salon.

Sur la table basse était posés plusieurs jouets pour Thaïs. Je m’étais rendu compte que je n’avais rien ici pour elle et avais donc décidé, ce matin, de remédier à ça en passant dans un magasin de jouets. Après tout, elle aussi avait le droit de s’amuser un peu. Quelques minutes plus tard, je reviens avec les sacs de courses « Je ne sais pas ce que tu comptes nous cuisiner de bon mais en tout cas, on ne risque pas de mourir de faim » Je dépose les sacs sur l’îlot de la cuisine puis commence à les déballer pour mettre au frais les ingrédients « Tu veux boire quelque chose ? J'ai du vin, des bières, du rhum, du gin... de l'eau, du coca, ... ce que tu veux !»

Tahlia ne savait pas ce qui était le plus amusant : assister à ce moment où Sam se lâchait totalement ou la réaction qui suivit. Elle aurait plutôt tendance à dire que le voir se retourner vers elles, surpris, les joues rouges, était particulièrement mignon. « Horrible ? Tu es bien dur avec toi-même ! » rétorqua-t-elle directement. « Je suis sûre que Michael aurait adoré tout comme on a adoré ! » Elle garda son sourire amusé sur les lèvres, se disant que ce moment resterait bien gravée dans sa tête. Mais au fond, même si elle le taquinerait encore longtemps, elle appréciait voir cette fraîcheur émaner de lui. Elle ne le disait jamais à haute voix, Tahlia, mais elle s'était souvent inquiétée pour lui, à l'idée de ne pas le voir se relever. Alors ce genre de scène était une vraie bouffée d'air frais. Expliquant pourquoi elle était rentrée sans l'attendre, elle posa ses yeux sur lui, répliquant quand il lui avoua préférer s'arrêter à temps : « Et tu aurais continué à garder ce talent pour toi ? Hors de question ! » Elle rit de bon cœur, le laissant s'éclipser – ou fuir ? - pour aller chercher les courses. Tahlia déposa Thaïs qui trottina directement jusqu'aux jouets présents sur la table basse. En bonne maman, Tahlia avait amené le stock de jouets pour sa petite, mais évidemment, Thaïs semblait avoir jeté son dévolu sur ceux de Sam. Quand le jeune homme revint avec les différents sacs, Tahlia afficha une fausse mine désolée quand il remarqua tout ce qu'elle avait amené. « J'ai peut-être vu un peu grand, c'est vrai ! Mais je me devais d'être à la hauteur du défi ! » Elle y tenait à ce défi. Elle voulait cuisiner le meilleur repas pour Sam. Et forcément, cela justifiait tous les ingrédients. Gardant un œil sur Thaïs, elle vint aider le jeune homme en sortant les courses. « Du rhum et du gin ? Tu veux qu'à 20 heures, nous soyons déjà couchés ? » dit-elle en riant. « Je vais commencer par un coca, s'il te plaît. » Thaïs marcha jusqu'à eux, jouet en main qu'elle tendit à Sam. « C'est toi qui as pris ces jouets ? » demanda-t-elle en posant ses yeux sur lui. « Je crois que là, elle ne va pas te lâcher de la soirée. » Thaïs adorait Sam. Depuis toujours, elle avait accroché avec lui et c'était plaisant à voir.

« Je ne suis pas aussi convaincu que toi. Moi, je pense que le pauvre, il a dû se retourner dans sa tombe » Je me mets à rire puis laisse la cuisine pour m'approcher d’elles. C’était peut-être bizarre pour certains de me voir comme ça, mais quand ‘Lia était dans les parages, j’étais plus calme. Plus détendu. Plus le moi-même d’autre fois et moins le gars renfermé d’aujourd’hui. Et croyez-moi, la liste des gens ayant cet effet sur moi est très courte. Très très courte « Oui c’est ça. Vas-y moque-toi de moi seulement. N’empêche qu'après manger, ce sera ton tour ! Il n’y a pas de raison que je sois le seul à me taper l’affiche dans cette maison. Donc j’espère que tu as bien regardé, car plus tard, faudra faire pareil. Et surtout parce que je ne suis pas près de recommencer » Je ri avec elle puis m’en vais quelques instants chercher les courses dans la voiture. « Ah bah là, clairement, avec tout ce que tu as pris, si tu ne réussis pas au moins un plat… C’est que c’est pire que ce que je pensais » Je mets à rire, taquin, puis hausse les épaules l’air innocent « Quoi ?! Pas du tout. J’essaye juste d’être un bon hôte et d’avoir tout ce qu’il faut pour combler tes envies » Je me dirige ensuite vers le frigo et sors la bouteille de coca pour lui servir un verre. « Oui. Je suis passé au magasin ce matin pour lui acheter quelques trucs. Je ne voulais pas qu’elle s’ennuie, la pauvre. J’espère que ça ne te dérange pas » Je jette vite un coup d’œil à la petite puis souris tendrement en la voyant. « Moi ça me va. Tu sais que j’adore cette petite donc si elle ne me lâche pas, je suis l’homme le plus heureux du monde » Je dépose le verre devant elle, puis prend à mon tour une bière dans le frigo

« Je trouve que tu as une bien piètre image de toi. » dit-elle, en hochant vigoureusement la tête. Si Sam était plutôt gêné qu'elle ait assisté à cette scène, Tahlia, elle, était agréablement surprise. Cela faisait un bien fou de le voir ainsi. Détendu. Serein. Cela lui donnait le sourire, à Tahlia... et une raison de le taquiner, évidemment. Quand il lui affirma qu'il n'était pas prêt de recommencer, la jeune femme fit une moue. « Moi qui m'apprêtais à te demander un show entier. » commença-t-elle avant de sortir la carte des négociations. « Mais ok, je ne veux pas que tu sois le seul à t'afficher.Après manger, je laisserai sortir la Beyoncé en moi, tu vas être blu-ffé ! » Elle insista bien sur le dernier mot, en décortiquant les syllabes de façon à montrer qu'elle n'avait rien de Beyoncé. « ça te rassurera et on pourra se faire un duo comme ça ! » Oui, clairement, elle tentait le coup. Rangeant ensuite les courses, Sam lui fit remarquer qu'elle avait pris beaucoup de choses. Mais elle mettait les petits plats dans les grands. Mais quand il remit en doute ses talents de cuisinière, elle reporta rapidement son regard sur lui, ouvrant la bouche, réprobatrice  : « Comme tu es horrible avec moi ! » Oui elle en  faisait des tonnes ! « ça va finir au Mcdo à ce rythme-là. Je vais faire la grève. » Elle tenta d'être crédible avant d'éclater de rire. En tout cas, Sam était un bon hôte, prêt à lui proposer n'importe quelle boisson. « Combler mes envies ?! Franchement, il faudrait plus d'hommes comme toi sur cette planète. » Même si elle avait ce sourire malicieux sur les lèvres, le compliment était sincère. Sam, c'était le genre d'homme auprès de qui on se sentait bien. Il était bon, gentil, sage. C'était une bouffée d'air frais pour la brune. Et cela continua avec ces jouets qu'il avait acheté pour Thaïs. La brune reposa un regard sur lui, demandant : « C'est vrai ? » On voyait qu'elle était émue. « Non, ça ne me dérange pas. Au contraire, ça me touche. » ça la touchait qu'il pense à la petite. Petite qui n'avait d'yeux que pour Sam, d'ailleurs. Tahlia savait d'avance qu'elle ne le lâchera pas de la soirée. La jeune femme esquissa un sourire aux mots de son ami, s'amusant ensuite : « On verra si tu diras la même chose après avoir chanté la comptine de l'escargot... 15 fois de suite. » Sa fille s'était prise d'amour pour cette comptine. Il fallait donc la chanter, la rechanter, la rerechanter. Le remerciant pour le coca, dont elle but une gorgée, Tahlia posa un regard attendri sur sa fille puis tapa dans ses mains, avec engouement : « Bon, passons aux choses sérieuses. Faut que je commence à cuisiner. Il y a des plats qui prennent du temps. » Elle attacha ses longs cheveux bruns et regarda Sam : « Tu m'aides ? Promis, je serai plus cool que Gordon Ramsay. Enfin, peut-être. »

« Un show en entier ? Ouais… à voir ! Je n'ai pas répété et je ne voudrais pas que tu sois déçue. Il y a des pas vachement techniques » Jeu dangereux ? Peut-être, mais ça en valait la peine. Après tout, elle était quand même prête à danser avec moi. Je prends quelques gorgées de mon verre, quand voilà qu’elle me parle de la Beyoncé en elle. Ni une, ni deux, j’avale de travers et me mets à éclater de rire. Je ne voulais pas me moquer d’elle, mais la manière dont elle avait dit ça et l’image qui venait d’apparaître devant mes yeux… « Alors ça, je donnerais tout pour voir ce show ! Je suis sûr que t’assures en Beyoncé ! » Je me remets à rire puis imagine MJ avec la célèbre chanteuse et secoue la tête amusée « Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens prêt à voir ça, mais si tu te lances, je me lance avec toi » Ca faisait du bien de rire de la sorte. De rire avec elle. Comme quoi, elle m’avait vraiment manqué pendant tous ces mois à l’autre bout de la planète. « Moi ?! Horrible ?!! Pas du tout. J’essaye juste de… me préparer ! Psychologiquement et physiquement » Je tire discrètement un menu de restaurant sur l'îlot puis la regarde amusé. Je ne comptais clairement pas commander ce soir, mais je trouvais ça plutôt amusant de la taquiner un peu. « Tout ça parce que je veux combler tes envies d’apéro ? Tu n’es pas si difficile à satisfaire Mademoiselle Wates » Bizarrement, le sourire que j’avais aux lèvres depuis qu’elle avait franchi la porte ne voulait pas disparaître. A tel point, que je commençais limite à avoir mal aux joues. « La comptine de l’escargot ? Je ne la connais pas celle-là. Mais promis, d’ici ce soir, je l’apprends par cœur. Comme ça, le jour où t’en as marre de la chanter, je prends la relève » Je souris tendrement en regardant la petite puis sors les planches à découper ainsi que deux trois autres petits trucs pour commencer à cuisiner. Je me place à côté d’elle et me tourne légèrement en posant mes mains sur le comptoir « Je suis prêt. Tu donnes les ordres et j’exécute mini Ramsay » Je la regarde puis attend, curieux, ses premières instructions.

« Comme si je pouvais être déçue ! Ceci dit, évitons les pas trop techniques, ça serait bête de finir avec un claquage. » Mais pour le reste, elle comptait clairement en redemander, quitte à négocier. Elle savait qu'en abattant la carte Beyoncé, elle allait marquer droit au but. Pas manqué. Sam éclata de rire en manquant de s'étouffer avec son verre d'eau. « Je savais que ça ferait sensation ! » Et alors qu'il lui confia être persuadé qu'elle assurait en Beyoncé, Tahlia fit la célèbre rotation de main de Single Ladies, chantonnant le oh-oh-oh du refrain, sourire en coin sur le bout des lèvres. Mais ça marchait. « Depuis le temps que je dis qu'on fait un bon duo ! On ira loin et la foule nous acclamera. » Elle grimaça puis ajouta : « Bon, ok.. Thaïs nous acclamera. » Son rire se joignit à celui de Sam. Ça faisait du bien de le voir rire. Et ce n'était que le début de la soirée. Allant dans la cuisine, Tahlia joua la femme outrée, blessée quand il sortit malicieusement un menu de restaurant, qui servirait de plan B si elle se loupait. « Traître. » siffla-t-elle, faisant mine d'être touchée en plein dans son égo. Mais elle ne put retenir son sourire en coin, secouant la tête, amusée. Elle aimait beaucoup quand il la taquinait de la sorte. C'était un juste retour des choses. Alors qu'il s'apprêta à leur servir l'apéro, Tahlia haussa les épaules, nonchalamment, à sa réponse : « Bah oui, je ne suis pas difficile à satisfaire. Ce sont les autres qui croient que je le suis ! » Elle ne demandait jamais la lune, Tahlia, elle était au contraire d'une simplicité déconcertante. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour la rendre heureuse. Regardant Thaïs qui s'amusait gentiment, la jeune mère évoqua la fameuse comptine de l'escargot. « Tu ne la connais pas ?! Ne t'inquiète pas, d'ici ce soir, tu la connaîtras par cœur. Et elle te poursuivra... sans cesse... en boucle... sans répit. » C'était à se demander si elle parlait d'une comptine ou d'une espèce de monstre dans un film d'horreur. « Tu peux encore fuir si tu veux. » Elle hocha la tête pour approuver ses mots avant de rire. Mais il était temps d'être sérieux – enfin, s'ils le pouvaient !- et de commencer à cuisiner. Elle laissa Sam sortir les ustensiles alors qu'elle s'occupa des premiers ingrédients. « Mini Ramsay. » répéta-t-elle en riant. « Mais très bien ! Vous allez m'ouvrir ces coquilles St-Jacques... et que ça saute, Wellington ! » dit-elle faussement autoritaire, avant de lui lancer un regard malicieux. Quant à elle, elle s'occupa d'abord de la crème parfumée qui accompagnerait les noix de St-Jacques. S'attelant à la tâche avec minutie, coupant finement la ciboulette, elle releva ensuite le regard vers Sam : « Et au fait, j'ai oublié de te demander, tu vas au mariage de Fede ? »