Un ecchymose dans mon cœur (charlo)

Il est plus facile de noyer ses problèmes dans l'oubli que de les affronter. Depuis sa fausse-couche, Charlie ne savait plus comment se relever. Certes ses proches répondaient présents et elle leur en était extrêmement reconnaissante, mais ce mal-être, personne n'arrivait à le comprendre aussi bien qu'elle. Elle n'en avait pas encore parlé à Tahlia et elle ne se sentait pas encore prête de le faire. D'autre part, elle attendait toujours et désespérément, un signe de vie de Woody. Elle vivait son abandon plutôt comme un rejet d'elle et de leur histoire. Inutile de dire qu'elle était au bout du rouleau. Si Charlie arrivait parfois à étouffer ses pensées lors de ses journées de boulot, il en était tout autrement la nuit tombée. Certains soirs elle se contentait de boire une bouteille de vin, juste pour s'assommer dans un profond sommeil. D'autres fois, comme ce soir, la bouteille de Gin n'avait pas suffit à l'endormir. Alors elle arpentait la ville à la recherche d'une autre bouteille dans la plus propre épicerie du coin. Titubant, elle ne réalisait pas le moindre du monde qu'elle était déjà suffisamment éméchée, jusqu'à ce qu'une violente nausée écourte sa "balade". Sans savoir où elle s'était retrouvé, Charlie s'arrêta brusquement et s'appuya contre le mur.

@Milo Putskowski  

En général, tu ne dormais pas la nuit. Tu faisais constamment des insomnies, surtout depuis ta rechute l’été dernier. Là, c’était le pire. Alors pour passer le temps, tu sortais et tu allais faire du skate. T’aurai bien fait de la musique mais quand Azriel était là, tu évitais pour ne pas le réveiller. Et c’était le cas ce soir. Il était aux alentours de 23h quand tu sortais de chez toi pour aller te défouler. Et pendant 3 bonnes heures, tu avais ridé au skatepark histoire de trouver le sommeil. Mais rien ne venait. Alors tu continuais ta session, mais il fallait quand même que tu rentres, il était tard. Alors tu prenais le chemin de la maison. Sur le retour, tu étais un peu la tête dans les nuages, avec tes écouteurs dans les oreilles. Alors tu ne faisais pas attention aux alentours. Jusqu’au moment où une silhouette t’interpellait. « Charlie ? » demandas-tu en passant devant elle. Tu t’arrêtais un peu plus loin et tu revenais sur tes pas en enlevant tes écouteurs en panique. En effet, c’était bien ton amie qui était posée contre le mur, désemparée. « Charlie ? Tu as un problème ? Tu veux que j’appelle les secours ? » demandas-tu paniqué en t’agenouillant devant elle. Tu ne savais pas vraiment ce qu’elle avait, vous n’aviez pas pris des nouvelles de l’un et de l’autre depuis des semaines. Et tu te sentais un peu coupable de ça.

Fausse couche était un terme laid qui ne définissait pas assez bien ce que traversait une femme lorsqu'elle perdait son bébé. Peu importe le stade de la grossesse, c'était un réel traumatisme. Charlie avait cette horrible sensation qu'elle ne s'en remettrait jamais. A côté de ça elle devait endurer l'abandon de Woody, qui ne donnait plus aucun signe de vie. Alors oui c'était la facilité de céder, parfois, à une bouteille de vin. Mais la pâtissière était arrivé à un stade où elle n'avait clairement plus envie de faire les bons choix.

Ce soir-là, perdue et éméchée, elle s'était demandé pourquoi elle s'était arrêté dans ce coin de rue. Un passant l'avait remarqué et Charlie crut se liquidifier sur place en reconnaissant les traits bienveillants de son ex et ami Milo. Il y avait comme un déjà vu dans l'air : il y a plusieurs mois c'était elle qui était venue à sa rescousse quand Milo avait replongé de ses vieux demons. Mais cette fois elle, ne voulait pas être sauvée. Appelle-les secours et c'est sur tes chaussures que je vomis. répondit Charlie qui fut prise d'un haut le cœur.

T’as virée de nuit avait été de courte durée. Enfin, tu avais décidé de rentrer pour aller dormir ou du moins essayer. Sur la route du retour, tu avais tes écouteurs dans les oreilles et tu ne faisais pas attention à ce qu’il se passait autour. Jusque’à ce que tu croises quelqu’un. Mais ce n’était pas n’importe quel quelqu’un. C’était Charlie. Enfin, tu l’avais deviné de loin. Après avoir enlevé tes écouteurs et pris ton skate sous le bras, tu allais voir la femme adossée au mur. C’était bien elle. « Evite de vomir sur mes chaussures, ça m’arrangerait » dis-tu avec un léger rire. Il y a quelques mois, la situation avait été inversé. C’est la blonde qui t’avait sauvé de tes vieux démons. Tu sentais l’alcool qui émanait de la jeune femme et tu ne comprenais pas trop pourquoi elle s’était mise dans cet état. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demandas-tu sur un ton un peu plus doux. Tu avais très envie de boire en sentant l’odeur de l’alcool, tu prenais sur toi mais qu’est-ce que c’était encore difficile.