keep me in the open (manny) (+18)

Manny me rendait fou, je gardai les yeux fixés sur lui, et le sentiment de satisfaction qui m’envahit lorsqu’il pencha la tête en arrière et que l’orgasme le choppa, me grisa. Un sourire aux lèvres, je le regardai, ne pouvant me détacher de ce spectacle magnifique. Il s’abandonnait totalement, et même si cela n’était que pour que quelques instants, c’était beau. Excité plus que jamais, je ne tardais pas à venir, moi aussi, quelques secondes après que mon amant ait reprit ses caresses. Je lâchai un profond soupir, et ma bouche s’écrasa contre celle de Manny. Je laissai la vague de plaisir redescendre peu à peu puis me détachai lentement du musicien, un sourire ne quittant pas mes lèvres.
— Je crois que rien que pour ça, ça vaut le coup de manger froid…

Tu te sentais complètement détendu mais tu essayais de garder tes esprits clairs pour continuer à faire plaisir à Elias pour que lui aussi puisse atteindre la jouissance. Ce fut le cas, quelques instants plus tard. Tu profitais de son baiser et du plaisir que son plaisir te procurait. Oui ça te faisait du bien de voir que tu étais capable de faire plaisir à un gars comme lui. Vous étiez tous les deux heureux de ce moment. Tu lâchas un rire lorsqu’il évoqua la nourriture qui vous attendait. Tu hochas la tête avant de te lever pour aller chercher quelques mouchoirs dans ta chambre. Même si ton canapé n’est pas tout jeune, à présent qu’il est réparé tu comptes le garder encore un peu alors tu aimerais éviter d’y voir apparaître des tâches suspectes. Tu tendis quelques mouchoirs au jeune homme pour qu’il puisse aussi s’essuyer. « Heureusement que j’ai un micro-onde. » finis-tu par répondre. Et même sans ça, tu préfères manger froid que de passer à côté d’un moment comme celui-ci.

J’attrapai le mouchoir que je tendais Manny et m’essuyai brièvement, avant de reporter mon attention sur le jeune homme qui assura que notre repas n’était pas foutu en mentionnant son four micro-ondes. Je souris. J’aurais très bien pu me résoudre à manger froid, moi aussi, pour profiter encore davantage de ce moment avec le musicien. Je me redressais, puis attrapai mes vêtements éparpillé pour les passer à nouveau. Je suivis Manny à la cuisine et me lavai les mains, tandis qu’il passait la nourriture au micro-ondes. Je m’adossais au plan de travail et observai Manny longuement.
— Je…
Je me raclai la gorge.
— Je suis désolé pour tout à l’heure, tu sais…quand j’ai…
peté un câble, suréagi ?
— Quand je me suis agacé, c’est…pas toi. Je suis impatient, et impulsif et j’ai mal interprété ta réaction.

Tu te sentais détendu après ce moment. Si ta première fois fut catastrophique et que tu te demandais si toutes les autres se passeraient ainsi, tu as découvert avec Elias que non, ça peut bien se passer. Même si tu n’es pas encore très à l’aise, tu arrives un peu mieux à profiter du moment, ça te rend heureux. Vous enfilez tous les deux à nouveau vos vêtements, tu n’es pas trop du genre à te balader tout nu de toute façon. Tu attrapes le sac de nourriture que tu avais laissé à côté de la porte pour l’emmener vers le micro-onde, histoire de mettre le tout à chauffer. Le jeune homme s’excuse de s’être énervé contre toi. De ton côté, ce moment était déjà loin dans ta mémoire. Tu oublies rapidement les choses, ton attention étant en général assez réduite. L’avantage c’est que tu oublies facilement les mauvais moments, l’inconvénient c’est que les bons aussi tu ne t’en souviens pas forcément ;, sauf s’ils sont marquants bien sûr. Mais les petites choses du quotidien passent à travers ta tête sans vraiment s’y fixer. « C’est pas grave. » le rassures-tu en mettant finalement en route le micro-onde. « J’ai du mal à dire les choses aussi...j’agace souvent les gens. » expliques-tu alors. Certains trouvent les types timides mignons et attachants, mais ce n’est pas la majorité.

Le discours de Manny me fit secouer la tête.
— Non, c’est faux, fis-je en m’approchant de lui.
Sa voix traduisait autre chose que de la timidité, je ressentais un manque énorme de confiance en lui. Il se dévalorisait carrément, pensant qu’il agaçait les autres, que c’était probablement sa faute, cela me fit bondir.
— C’est ma réaction qui est merdique, j’aurais…j’aurais dû comprendre que c’était ton tempérament, et pas penser que t’étais indifférent ou, j’sais pas…
J’approchai encore pour lui faire lever le menton vers moi et me regarder droit dans les yeux.
— T’as pas à t’excuser de ta façon d’être. Moi, je te trouve cool.

Tu t’en voulais toujours de ne pas être celui que les gens attendaient. Pourtant tu fais toujours tout pour te fondre dans la masse, pour ne pas faire de vagues. Tu es ce type moyen qui essaie de ne pas trop sortir de la moyenne pour ne pas se faire remarquer. Tu n’as pas envie que les gens te détestent alors tu essaies d’être comme eux et d’aimer les mêmes choses. Elias te rassure, même si tu te sens gêner de le regarder vraiment. Tu as du mal à garder ton regard dans le sien. « Mais c’est pas grave, vraiment. » Tu es comme tu es et il est comme il est, c’est tout. « Toi aussi t’es cool. » Mais ça il doit le savoir parce que lui, ça se voit vraiment qu’il est cool.

Je m’écartai légèrement de Manny, lui laissant de l’espace pour qu’il se sente plus à l’aise, mais je demeurai proche de lui et j’espérai lui communiquer la tendresse que je nourrissais pour lui. Ce sentiment était naissant, mais le musicien me touchait énormément, je le trouvais non seulement fascinant, de par les nombreux talents qu’il m’avait démontrer et dont il ne semblait pas avoir conscience, ou du moins, il n’avait pas conscience de l’effet qu’ils produisaient sur les autres, mais également d’une grande douceur et d’une bienveillance qui allait droit au coeur.
— C’est pas grave, mais c’est important, notai-je.
J’entendais par là que l’image qu’il avait de lui était important et qu’il n’était pas bon pour lui de se dénigrer ainsi ou de se placer au second plan. Il avait le droit d’être, tout autant que chaque être vivant qui foulait cette terre, dans toute sa complexité.
— T’es pas agaçant, t’es…déconcertant. Tu me pousses dans mes retranchements, tu m’intrigues…
Alors qu’un sourire en coin étirait mes lèvres, le regard rivé sur mon amant, le bip du micro-ondes me fit tourner la tête.
— Ah, je crois qu’on va pouvoir se remplir le ventre !

Même si Elias essayait de te rassurer, de te faire prendre confiance en toi, tu avais du mal à accepter ses remarques. Il n’est pas le premier à te les faire mais au moins avec lui tu doutes un peu moins de tes capacités de séduction. Parce que tes amis qui t’ont toujours qu’il ne fallait pas que tu t’en fasses pour l’amour, que ça allait arriver, eux ils ne t’ont jamais vu autrement que comme un ami. Même si tu te dis que tu ne dois pas franchement ressortir parmi les nombreux amants du jeune homme, au moins tu en fais parti. Il est là, chez toi et tu as bien vu que ce n’était pas seulement pour réparer ton canapé. Tu baisses la tête en rougissant lorsqu’il te dit que tu le déconcertes. Tu ne comprends pas trop pourquoi, peut-être parce que tu n’es pas très entreprenant, mais tu ne lui dis pas, tu sais très bien ce qu’il pourrait répondre face à ce manque de confiance en toi. Tu ne réponds rien, sauvé par le bip du micro-onde. Tu te retournes pour retirer les plats, à présent chauds. « Oui, j’ai beaucoup trop faim. » dis-tu avec un sourire avant de te diriger vers ta petite table. Les jours de réception, ce qui n’arrive jamais, elle peut accueillir 4 convives mais tu dois un peu pousser les autres meubles. En temps normal, elle est contre un mur avec deux chaises, alors que tu n’en utilises qu’une. Tu poses les deux plats sur la table avant de réaliser que tu as oublié les couverts, demi-tour vers la cuisine pour aller les récupérer.

Il y avait encore beaucoup de chemin à faire avec Manny, et c’était normal, au fond, que des années de manque de confiance, que toute une construction physique basé autour d’un image terne de lui-même ne se déconstruise pas en un jour, mais il valait la peine. Avec lui, j’avais la sensation d’être tombé sur un coquillage, et il me faudrait usé de patiente et de douceur pour découvrir enfin la perle qu’il abritait en lui. Et la lui montrer surtout, pour qu’il comprenne sa valeur. Visiblement, Manny n’était pas encore prêt à entendre tout ça, je voyais bien que mes propos faisaient leur petit chemin, mais, en même temps, Manny en éprouvait une certaine gêne, aussi je n’insistais pas.
Je le suivis donc jusqu’à la petite table où il déposa mon plat. Je m’installai donc sur la chaise qu’il m’indiqua et commençai à manger.
— Putain ça fait du bien, lâchai-je après avoir avaler une bouché. Et t’as bien fait de me recommander l’indien. J’en avais pas mangé depuis une éternité.
J’avalai une nouvelle bouchée et savourait mon plat, gardant le silence un moment, jusqu’à entamer la moitié de mon curry.
— Du coup…tu m’as pas dis ce que tu faisais dans la vie, à part des cocktails dans un bar. Ou alors, j’ai zappé.

Tu te demandes parfois si tu pourras être un jour comme les gens normaux, enfin ceux que tu vois comme normaux. Les gens qui n’ont pas peur de parler aux autres, pas peur d’être eux-mêmes, un peu comme Elias. S’il était comme toi, il ne serait même pas là aujourd’hui. Vous ne vous seriez peut-être même pas vu, aucun n’osant faire un pas vers l’autre. Tu as besoin d’être guidé et il sait parfaitement le faire. Après ce début de soirée riche en émotions, ton estomac crie famine, le repas arrive donc à point nommé. Après être revenu avec les couverts, tu t’installes pour manger. Tu souris devant la réaction du jeune homme, prenant toi aussi une bouchée. « Oui, ça change un peu. » Même si pour toi c’est plutôt habituel comme type de repas. En général tu cuisines mais il arrive que tu n’aies pas le courage, surtout quand tu finis tard, alors dans ces moments là tu commandes et ton choix se porte régulièrement sur des spécialités indiennes. Vous continuez à manger en silence et toi ça te va. Elias te demande ce que tu fais dans la vie, à part faire des cocktails. Il a peut-être oublié mais c’est pas toi qui va te souvenir si tu lui en as parlé ou pas. « Je bosse à mi-temps au Chiki Boom du coup et l’autre moitié du temps dans un labo à l’université...en fait je suis micro-biologiste. » C’est ça ton métier principal, celui pour lequel tu as fait des études. Mais tu aimes être barman alors tu as décidé de conserver les deux activités. Peut-être que si un poste à plein temps s’ouvre à l’université, tu réfléchiras à le prendre. « Et toi du coup ? C’est quoi ton vrai métier ? » Tu sais qu’il est plutôt bricoleur mais tu ne sais pas vraiment en quoi consiste son travail.

Je me rendis compte, en posant la question, que je savais peu de chose de Manny, ou du moins, j’ignorai toutes les choses qui ne pouvait se deviner en l’écoutant parler, en le regardant agir ou en plongeant dans son regard. Je soulignai que je connaissais son talent pour les cocktails et le fait qu’il travaillait au Chiki Boom quelques soirs, mais je ne savais pas ce qu’il faisait le reste du temps. Quand il m’apprit son métier, je hochai la tête avec un sourire. Ca lui allait bien d’être biologiste, ça collait à son tempérament discret et observateur ou bien à son allure de nerd qui me faisait craquer. Et après ça, il osait dire qu’il n’était pas cool !
— Woaw, micro-biologiste…je trouve ça très sexy, je vais pouvoir t’imaginer en blouse blanche maintenant, fis-je avec un clin d’oeil tandis que je prélevai une autre portion de mon curry avec ma fourchette.
— Je travaille dans le bâtiment, je bosse sur les chantiers, et je fais quelques petits bricolages, ou de la mécanique par ci, par là, pour boucler les fins de mois

Est-ce que la micro-biologie c’est sexy ? Tu en doute, étudier des germes et des bactéries toute la journée, ce n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler de sexy. Mais tu sais que parfois les gens aiment les gens intelligents, tu ne penses pas vraiment faire partie de cette catégorie même si tu as obtenu ton diplôme sans rattrapages et que tu as étudié cinq ans la micro-biologie. Oui, il y a encore beaucoup de chemin à faire avant que tu ne te rendes compte de ta valeur. Tu souris, gêné, en rougissant un peu, comme à chaque compliment et chaque remarque qu’Elias te fait. « Je pense que ton imagination est mieux que la réalité. » Tout simplement parce que ta blouse blanche n’est pas vraiment immaculée. Il y a quelques tâches, un trou aussi que tu dois réparer un jour, causé par de l’acide que tu as fait tomber dessus. Rien de glamour comme le jeune homme pourrait l’imaginer. Tu hoches la tête lorsqu’il te parle à son tour de son métier. Tu essaies de retenir les informations. « Ah oui, du coup tu changes souvent d’endroit ? » demandes-tu en continuant à manger ton plat.

Je n’avais pas réellement conscience de ce qu’était la micro-biologie en détails, dans ma tête, cela impliquait une blouse blanche, des éprouvettes et un globalement, j’aimais l’aura des scientifique que j’assimilai, dans ma tête, au héros de mon enfance, aka Peter Parker. J’étais certain que le lycra bleu et rouge irait à merveille à Manny et lui ferait un cul encore plus moulé que dans son jeans Sors-toi cette idée du crâne, Elias, c’est pas le moment. Et à nouveau, Manny n’avait pas conscience du tout de l’image qu’il renvoyait et de l’effet qu’il avait sur moi.
— Je suis sûr que non, d’ailleurs…si t’as une blouse ici, je suis partant pour qu’on vérifie tout de suite. Mais je garanti pas que je te laisserai la garder longtemps…
Sur mes lèvres, je gardai un sourire en coin évocateur, jusqu’à ce que Manny me demande ce que je faisais, moi, dans la vie.
— Ouais, je bouge pas mal, ça dépend des chantiers. Mais ça me plait, j’ai besoin que ça bouge, je ne m’ennuie jamais comme ça.

Tu devais bien t’attendre qu’Elias ne laisserait pas filer ta réponse comme ça. Tu ne le connais pas encore beaucoup mais tu vois bien qu’il ne laisse pas filer une occasion pour que tu prennes un peu plus confiance en toi, même s’il s’agit uniquement par rapport à ta blouse. Toujours gêné, tu lui répondis « Je dois en avoir une quelque part. » Et ça vous faisait un bon prétexte pour vous rapprocher à nouveau, tu ne disais pas non mais tu ne te voyais pas prendre ce genre d’initiative. Bon par contre, il faudra retrouver cette blouse dans ton bazar et il ne faut pas compter sur ta mémoire pour te souvenir de son emplacement. Ton appartement n’est pas très grand donc si tu te mets en quête, tu finiras bien par trouver. Mais en attendant tu t’intéresses au métier du jeune homme. « Je comprends, je suis pareil. Faut pas que tous les jours se ressemblent. » Tu aimes avoir une certaine routine, comme par exemple la musique que tu pratiques tous les jours, mais tu aimes la diversité, la surprise malgré le stress qu’elle peut occasionner. « Tu fais un peu tout sur les chantiers ? »

Ce serait mentir que de prétendre que l’image de Manny, en blouse blanche avec rien en dessous, n’avait pas popé dans ma tête au moment où il m’annonça qu’il devait en avoir une chez lui. Mes lèvres s’élargirent en un sourire, mais je ne dis rien, nous laissant à la suite de la conversation. Manny était un homme curieux, comme je l’étais et qui détestais s’ennuyer visiblement. Cela nous faisait un point commun.
— Je fais…beaucoup de chose, j’aime bien toucher à tout, mais on est rarement seul sur un chantier alors chacun à son poste et ses spécificités. C’est pas mon métier de base, mais ça m’arrive de dépanner pour l’élec, j’aime bien.
Je terminai mon plat, avec une agréable sensation de satiété. Je gardai le silence un moment, me calant sur ma chaise pour profiter de l’instant, puis observant Manny un moment, je finis par lui sourire largement.
— Et pour le dessert, t’as prévu un deuxième round ? Parce que…je suis très curieux de te voir en blouse, maintenant…