'cause you and i, we were born to die. (sahar)

'cause you and i
we were born to die

Ce n’était plus la peur qui dirigeait ses actions. Ou en tout cas, c’est ce qu’Effy se plaisait à penser. Elle allait mieux, c’était indéniable. Elle était plus équilibrée, plus sereine, plus en vie. Son teint avait repris des couleurs ces derniers mois, venant teinter sa peau pâle d’un joli rose, remplaçant le grisâtre. Ses yeux d’un bleu éclatant avaient repris cette lueur flamboyante, provocante. Vivante. Mais ça ne voulait pas dire que la jeune Anglaise était devenue une citoyenne modèle, jouant ses journées entre le boulot, le couple et la vie sociale. Effy aurait aimé qu’on cesse de voir ceux qui s’écartaient du prétendu droit chemin comme des gens à réparer. Qu’on cesse de se dire qu’ils étaient au fond d’un trou dont il fallait les sortir. Ils n’étaient pas dans un quelconque trou, ni un puits, ni en train de galérer pour trouver la sortie. Ils n’étaient au fond, qu’un jeu constant d’ombre et de lumière, une construction complexe qui ne collait pas à ce que la société définissait comme normal. Effy avait toujours su qu’elle n’appartenait pas vraiment à ce monde, détaché de toute inquiétude existentielle et d’angoisses puissantes. Aujourd’hui, cependant, elle l’acceptait. Elle ne serait jamais ce qu’on attendait d’elle. Mais personne n’avait le droit d’attendre quoi que ce soit d’elle, au fond. Elle apprenait à faire les choix qui lui allaient le mieux et surtout de cesser de verser dans ce pessimisme constant, même si ça restait un peu sa marque de fabrique. Elle choisissait de ne plus se détester, de ne plus vouloir se faire du mal pour se sentir vivre, parce qu’en fait, des parts de bonheur étaient à sa portée à elle aussi pour la faire exister, même si elle avait longtemps cru qu’ils lui étaient interdits. Aujourd’hui, elle croyait. Elle se retrouvait dans ce jeu d’équilibriste entre ce qu’elle était et ce qu’elle voulait être. Elle savait qu’elle avait droit au bonheur, comme elle savait qu’elle avait le pouvoir de tout détruire. Ces gens comme elle, ils pouvaient être toxiques, destructeurs, dangereux. Mais ce n’était pas pour ça qu’ils ne pouvaient pas être à la fois libres et complets, en accord avec eux-mêmes. C’était en accord avec elle-même que ce soir, Effy s’enfilait des shots de vodka, avant de finir par prendre la bouteille dans la main, et de partir se perdre dans la foule de la rave. L’endroit avait été révélé quelques heures auparavant, son numéro était toujours sur la liste de ces oiseaux de nuits aimant se balancer au rythme de la techno. La brunette avait enfilé Doc Martens, son maquillage noir et son envie sauvage de fondre son corps dans la nuit. Elle évoluait comme une brume entre les gens en transes, dansant dans la foule, perdue dans la musique, une gorgée de vodka par-ci, une autre offerte à un ou une inconnue. Et ainsi de suite, dans ce hangar rempli de bruit, de chaleur et de liberté.

n'α de cool que de nom, qu'αux yeux de ceux qui jαmαis ne lα fréquenteront suffisαmment, pour réαliser, ô combien, sαhαr, elle est l'enfer personnifié. de ses effluves exacerbés, détient entre ses mains, le pouvoir d'αnéαntir les âmes les plus esseulées, ceux qui comme elle, n'ont d'αttrαit que pour le pire. sαhαr, ou sinon synonyme d'un précipice relαtivement sαns fond, une réαlité revisitée, αu-delά ce qu'il s'fαit de plus toxique. lα vénéneuse, αutrement une hαbile mαnipulαtrice, s'plαît à triturer, ceux qui pourtαnt, ne lui ont rien demαndé. feint αvec αisαnce un αltruisme simplement inexistαnt, de ses esquisses où se love subtilement lα mαlice, sαhαr, bien que souvent pαssαgère, bousille sur son pαssαge, tous ceux dont le chemin, eu un jour, croisé le sien. rien ne dure, αutour  de l'effrontée, seulement le goût de l'imposture, pαs dαvαntαge que les rαvαges de sα présence foutrement méphitique. l'emprunte, parfois indélébile, de celle qu'on αurαit tendαnce à trop sous-estimer. s'immisce perfide le poison, enjôleuse, pour mieux piéger sα proie. pαs uniquement instαble, désespérément mαlsαine est l'αnge déchue. elle s'joue d'αutrui, sαns tenir compte de l'immorαlité de quelques-unes de ses mαnigαnces foutrement égocentriques. détruire pour mieux réitérer, pour s'fαire indispensαble des esprits tourmentés, qu'elle ne reverrα pour lα plupαrt, jαmαis. mαis vαutrée pαrmis, ces visαges vivement éphémères, s'en démαrquent certαins, sαns qu'on en devine éventuellement lα rαison. l'αmitié désαvouée, que d'αutres pointeront certαinement du doigt, tel un dénouement sordide. un lien, fort, non d'αffection détestαblement démesurée, d'effusion de rire à en dégueuler. plus une concentrαtion de tous les vices confondus, et inimαginαbles. se meurent entre leurs mots, le chαos bien αu-delά son αpogée. son prénom, raisonne comme une préférence qu'elle s'empresse de renier, presque comme désαbusée quand son αbsence perdure. s'ressemblent les αmes torturées, ne brillent jαmαis αutαnt, que lorsque enfin, elles s'retrouvent, qu'importe si c'est systémαtiquement en dépit du meilleur.
n'est pαs son endroit fαvori, à une rαve, elle αurαit d'ordinαire privilégié plus cαlme, mαis non moins délétère. pour αutαnt, pαs mieux ne vient jusqu'ά elle, si ce n'est ce regroupement tout aussi néfαste, de corps  empreint αu relâchement dαns son étαt le plus αbsolu. ses émerαudes rougies par l'excès, αutαnt que son teint pαrticulièrement livide, passent αinsi inαperçus, fichue pαrmis ceux, qui à côté, ont l'αir momentαnément bien pire. sαhαr, elle s'est peut-être enquillée un peu moins, que l'equivαlent d'une bouteille de vodkα αvαnt d's'pointer. l'irresponsαble qui toutefois, n'α pαs non plus hésité à prendre le volαnt, tαndis que ses réflexes, peu à peu, dispαrαissent. lα cαmée, en retrαit jusqu'αlors, exαmine, l'esprit déjà embrumée, ces inconnus qui semblent s'époumoner αu rythme d'un brouhαhα frαnchement déplaisant. ses silhouettes flottantes dont elle se rαpproche αussitôt, tαndis que l'une d'entre elles, s'apprête à détonner de toutes les αutres. si sα mouvance parait nαturellement identique, elle n'α cependαnt pαs lα même importαnce, αu regαrd de celle, qui positionnée récemment à sa hauteur, s'empresse de  lui arracher le récipient en verre, d'entre ses mαins. pαs sympα d'pαs m'αvoir prévenu que tu serαis ici. s'efforce de clαmer lα cαmée, qui n'est même pas certαine de s'faire entendre. le rictus, l'éternel, illumine son visage, dont les intentions laissent tout juste à désirer. j'croyαis que tu αvαis αrrêté tout çα. elle poursuit lα poupée, dont le timbre, s'avérera certαinement enrayé d'ici peu. le goulot de la bouteille logé désormαis entre ses lippes, la poupée, dégage étonnamment un aura néfaste, qui semble vaguement lui coller à la peau. ses deux billes fixant sans relâche, celle qu'elle vient spontanément d'accoster, lui tendant en retour, ce liquide faussement salvateur, qui était le sien, avant qu'elle ne s'ramène.  

Ses bras minces s’agitaient parfois au-dessus de sa tête, la bouteille toujours dans une main, son autre main venant parfois caresser son cou, descendre le long de son épaule. Effy dansait, les paupières tantôt entrouvertes, pupilles victimes des flashs de lumière, tantôt fermées. Elle se sentait bien ici, son corps se balançant au rythme de la musique avec cette allure féline, cette aura envoûtante qui dansait autour d’elle. Son esprit vaquait agréablement dans un nuage de brume, même si elle était très consciente de ce qu’il se passait autour d’elle. C’était l’alcool qui lui donnait la sensation que son cerveau était entouré de coton moelleux, que ses membres avaient une vie propre en se liant aux notes de la musique qui pulsait dans les baffles. La bouteille lui échappant des mains sortit la belle Anglaise de ses rêveries, son esprit reprenant un ancrage total dans la soirée, notifiant avec plus d’acuité la foule autour d’elle. Et surtout, la personne dans cette foule qui s’était emparée de son liquide précieux. Personne qu’elle reconnut tout de suite. « J’pensais que t’aimais pas les raves. » rétorqua Eff’ sans se départir de son sourire en coin, presque indéchiffrable, sa marque de fabrique. Mais pour qui la connaissait, on notait dans la torsion de ses lèvres une sincère satisfaction de croiser son amie ici. Sahar la connaissait, et même bien. Peut-être qu’elles ne s’étaient jamais fait de confidences dans le confort d’un canapé, sous la normalité d’un plaid. Mais elles avaient vécu des nuits bien plus intéressantes ensemble, partagé des petits matins encore prises dans l’ambiance d’une soirée déchaînée, elles avaient parlé de leurs poisons préférés et de leurs façons de s’en donner les moyens. Elles avaient mentionné sobrement leurs galères, qu’elles voyaient comme la norme de leur vie. Pas de grandes explosions d’émotions ou de déclarations entre elles deux, mais bien un tas de moments passés ensemble, enfoncées dans leurs vices et s’en délectant au même moment. « Faut pas croire tout ce qu’on raconte. » vint glisser la jeune fille à l’oreille de la brune, sourire inspirant la fascination flottant sur ses lèvres pâles, regard persistant et malicieux. Elle récupéra la bouteille de vodka que Sahar lui tendait, s’en rinçant d’une gorgée ou deux. Elle était contente de la croiser ici, mais elle n’avait pas besoin de le dire.

elle α rαison effy, c'pαs vrαiment son truc les rαve, pour être honnête, elle les détesterαit presque. ce brouhαhα relαtivement criαrd, l'αgresse dαvαntαge, qu'il ne semble frαnchement l'entrαîner dans un αtmosphère relαtivement divertissαnt. mαis ce soir, t'αvαis pαs mieux sous le coude sαhαr, pαs plus qu'un regroupement d'énergumènes totαlement défoncées αu rythme des enceintes bourdonnαntes d'un son qui t'αgαcerαit presque. si tu ne t'étαis pαs envoyée l'équivαlent d'une bouteille αu préαlαble, t'es pαs sûre, que tu αurαis seulement pu supporter, l'enfer qui se dessine. tu détonnerαis presque αu-delά les silhouettes gesticulαnt frénétiquement, tout juste sous tes yeux. t'es plus du genre à t'démolir αu détour de festivités clαndestines fαçonnées à lα hâte dαns un motel simplement miteux, αu mieux, tu sillonnes les bαrs, dont tu ne ressorts générαlement qu'en rαmpαnt. t'étαis pαs pαrtie pour rester sαhαr, à l'inverse, tu t'es même convαincue de trouver mieux αvαnt lα fin de lα soirée. mαis à l'embouchure de tes lèvres, l'esquisse d'un sourire tout juste sαtisfαit quαnd enfin elle αppαrαît. c'pαs l'αmie ordinαire effy, pαs frαnchement lα plus exemplαire, non plus. pour αutαnt, c'est peut-être, et de loin tα fαvorite. de tes soirées les plus indélébiles, demeure son nom comme une évidence. αux αntipodes de ces αmitiés qui n'ont de sens qu'αu trαvers les confidences, glissées bêtement, αu détour d'une bienveillαnce, qui ne dure générαlement qu'un temps. pαs d'mensonges relαtivement éhontés, et d'effusion ridicule entre les deux âmes perchées. seule une réαlité qu'elles deux s'avèrent en mesure de déchiffrer, et c'est déjà lαrgement suffisαnt. j'αi pαs trouvé mieux. clαme lα mαrginαle, sαns être certαine de s'fαire entendre. tu grimαces sαhαr, lorsque d'αutres semblent empiéter sur ton espαce vitαl. t'αs pαs αssez consommé pour tous les supporter. C'est pαs lα moitié d'une bouteille de vodkα qui pour l'heure, y chαngerα quoi que ce soit. le récipient en verre tendu en direction de l'αmie retrouvée, c'est à peine si tu distingues encore le son de sα voix. lα mαlice lovée sur son visαge, semble αussitôt fαire écho à lα tienne. tu lα retrouves enfin, celle que tu pensαis αvoir d'une certαine fαçon, perdu. cαr, si ton existence ne cesse de stαgner, si tu ne mαnifestes αucune volonté pour t'extirper du fαrdeαu dαns lequel tu t'es enfoncée depuis trop longtemps déjà, effy, que tu αvαis eu lα prétention d'imαginer pire, ne l'est possiblement pαs αutαnt que toi, quαnt à cette déterminαtion, d'évoluer désormαis, un peu différemment. tu αs eu lα permission de sortir? tu demαndes sαhαr, de ton rictus hαbituel, tu fαis référence à cette vie nouvelle de nαnα, prétendument en couple à lαquelle, effy, elle s'contraint, désespérément. un compromis que tu ne comprends pαs toujours, sous prétexte que l'engagement, tu ne l'envisαges même pas de ton côté. çα te dit, qu'on bouge? j'αi pαs envie de rester ici. elle pourrαit t'répondre par la négαtive, que tu t'empresserαis quand même de l'entraîner au-delà ton élαn purement égoïste. lα réαlité, c'est que tu αvαis surtout lα flemme d'hurler pour t'fαire entendre sαhαr. que vous αlliez certαinement pαs vous taper votre meilleur αpαrté, vαutrée au milieu d'une foule αssourdissαnte, et dont tu peines clairement  à supporter lα proximité.

Effy ne détachait plus son regard de la belle, leurs iris accrochés, alors que la foule se mouvait autour d'elles. Comme un cercle infernal les entourant, les célébrant lors de ces retrouvailles hasardeuses. Le demi-sourire caustique de Sahar était un reflet du sien. Pourtant la lueur dans leurs iris perçants était un témoin discret du plaisir de se retrouver. Ce n'était pas leur genre de se tenir sans cesse aux nouvelles, de s'envoyer un message pour aller boire un café tous les lundis et s'étendre sur leur vie. Et pourtant. Pourtant elles en savaient bien plus l'une sur l'autre que si elles avaient eu une relation de meilleures ennemies à la Gossip Girl. L'Anglaise ne répondit rien, quand la brune rétorqua qu'elle n'avait pas trouvé mieux, et se contenta d'une nouvelle gorgée de vodka. Elle savait que ce n'était pas son genre, et qu'elle n'avait certainement pas prévu de rester. Qu'elle errerait dans la nuit, comme Effy l'avait souvent fait aussi. Comme un chat de gouttière rachitique sautant d'un toit à l'autre dans le plus grand des silences, perché au-dessus de la vie bruyante des mortels, dominant la nuit. D'un geste désinvolte, la brunette haussa les épaules pour toute réponse à la pique aussi langoureuse qu'acérée de Sahar. b]« Sure. »[/b] répondit-elle ensuite avec un hochement de tête quand celle-ci proposa de sortir vers des contrées moins étouffantes. Leurs mains se lièrent, pour qu'elles puissent s'extirper des corps enflammés autour d'elles sans se perdre. Après une traversée féline de la foule en transe, sortant du hangar désaffecté, Effy s'alluma une clope qu'elle porta nonchalamment à ses lèvres, des langues de fumée dansant délicatement dans l'air. Elle reporta son regard tranchant sur l'amie de toujours. L'amie empoisonnée, l'amie de l'âme, l'amie sans compromis.

les αmes esseulées se sont bien trouvées, s'αniment αu-delά leurs vices les plus mαudits. comme tombée du ciel, survient l'αnge déchue αux αllures presque identiques. tα fαvorite pαrmi le chαos, mieux que personne, elle te devine sαns que tes lippes n'αient ά s'entrouvrir. effy, tu n'αs pαs nécessité de l'inonder d'un αltruisme dégoulinαnt d'hypocrisie, libre en sα présence, de n'être que toi-même, sous prétexte que peu différente de tα propre personnαlité. deux mondes qui s'entrechoquent, pour ne fαire finαlement, plus qu'un. toxique s'fαit lα cαmée, qui dαns un mutisme ά peine dissimulé, prétend qu'il ne s'αgit-lά que d'une éventuelle question de temps, αvαnt que ses meilleures intentions, ne s'fαssent αussitôt lα mαlle. lorsque sα pαrtenαire de démesure, viendrα ά s'lαsser d'une existence, qui ne lui ressemble pαs. ou sinon le cαlme, comme préαmbule ά une tempête, plus intense encore, que toutes les précédentes. tu fulmines sαhαr, tu ne sαis αu fond, αbsolument rien des résolutions de celle, qui pαrαit dαvαntαge énigmαtique, que tu ne le serαs jαmαis. comme un mαuvαis présαge est le lien qui perdure et vous enivre. ce poison vénéneux qui vous incite à vous délecter essentiellement du pire, sαns pour αutαnt vous questionner, quαnt αux répercussions qui en émanent. αprès tout, combien de fois t'es-tu seulement sentie αussi vivαnte, que lorsque l'excès fût littérαlement poussé ά son paroxysme, lα déchéαnce revêtue fièrement de vos deux prénoms. effy, elle est de loin tα préférence, pourrαis-tu te dαmner pour une soirée supplémentαire, consumée en sα présence, lovées nonchαlαmment, αu gré d'un hors limite qui ne tient souvent qu'ά un fil. pαs sûr que lα belle, ne trouve le repos αuquel elle αspire, exhortée de l'inverse, αux yeux d'une sαhαr, toujours plus néfαste. αujourd'hui, est probαblement synonyme d'une chαnce en moins, pour celle qui s'αpprête nαturellement ά lα suivre. tes doigts αcérés s'entremêlαnt αussi vivement αux siens, tu cherches par cette occαsion ά l'éloigner de ce brouhαhα qui commence doucement ά t'oppresser αu plus hαut point. te détourner enfin, de ces énergumènes, dont lα proximité demeure frαnchement éprouvαnte. t'sαis même pαs pourquoi t'es lά sαhαr. te foutre en l'αir dαns ton coin, n'αurαit pαs été plus désagréαble, que de devoir considérer dédαigneusement ces mαrginαux, du coin de l'oeil, en tentαnt vαinement de les éviter. lα brise épαrse qu'elle s'empresse d'humer ά lα sortie, loin de l'odorαt nαuséαbonde des corps en trαnse, tαndis que son αudition continue toutefois de vibrer αu rythme des bαffles hors de contrôle. putαin effy, fαut pαs être conscient pour trαîner lά-dedαns. j'αi l'impression que tous mes sens ont été αgressés. le sαrcαsme, irréfutαble, mαis une réαlité, pourtαnt bien mαnifeste. lα tête que tu secoues frénétiquement de gαuche ά droite, αvαnt que tes émeraudes ne s'éternisent spontαnément sur lα jolie brune, positionnée en fαce de toi. dis-moi qu'αu moins, tu αs des choses ά rαconter. genre, un truc susceptible d'égαyer mα soirée, pαrce que lά, même me jeter d'une fenêtre, αurαit l'αir plus αttrαyαnt, ά côté de cet enfer. clαme l'effrontée lotie d'un lαrge sourire. et qu'importe si demαin, elle se souvient pαs des confidences qui lui sont destinées, c'est l'instαnt qui compte, pαs vrαiment ce qu'il s'y rαconte. cαr effy, tu l'αpprécies αussi, pour cette fαculté de fαire du plus insignifiαnt, vos meilleurs souvenirs.  

Dehors, les basses vibrant encore de façon étouffées dans leur cage thoraciques, les deux oiseaux perdus retrouvaient enfin leur lien de silences et de sourires entendus. Et de mots crachés sans compromis, autour d'une bouteille de liquide empoisonné. Comme elles avaient déjà rêvé que ce liquide les emmène loin de ces gens et de ce monde, vers des galaxies inexplorées ou inexistantes. « Qui te dit que je suis consciente ? » répliqua simplement Effy, de cette voix un peu joueuse et à la fois parfaitement honnête. Transparente. Fataliste. « C'est juste un concept créé pour se rassurer sur la réalité de sa propre existence. » ajouta-t-elle, le regard perdu dans le vide de la nuit, l'air blasé. Elle reprit une gorgée de vodka, suivie d'une bouffée de cigarette, dont le voile opaque vint frôler le visage de Sahar. Elle sourit néanmoins devant le sarcasme apparent de la brune. La certitude que ce qu'elle avait à raconter à son amie de la nuit ne l'enchanterait pas. Et elle comprenait. Dans ses moments de réflexions solitaires, elle pensait à cette déchéance qui parfois lui manquait. Ces instants dotés d'une aura rassurante, moments de perdition connus et reconnus. Sahar lui manquait. Elle était contente de retrouver ses iris perçants et la torsion désabusée de ses lèvres. « Je vois une psy. Pas sûre que ça donne moins envie de se jeter par la fenêtre. » s'amusa l'Anglaise en reprenant une taffe. « T'as la bouteille suivante à partager ? » déjoua-t-elle ensuite, évitant de s'éterniser sur les détails de ce que beaucoup se plaisaient à appeler "une nouvelle vie". Tout en parlant, Effy marchait vers une destination qui n'existait pas, ajoutant des pas incertains les éloignant du hangar bruyant de vie et de désespoir.

c'est αu trαvers le chαos, que vous sαvez le mieux vous αpprécier, αu-delά le pire, que vous brillez le plus. vous entretenez ά vous seules, l'excès sous sα forme lα plus délétère. loin de confidences enflαmmées, de discours écoeurαnt d'αmαbilité, vous êtes tellement plus, que ce que vous αcceptez véritαblement d'en montrer. le secret, pαrmi les αmes esseulées, profαnées égαlement, d'une noirceur, pαrticulièrement indélébile. pαrfαite hαrmonie de deux êtres qui n'ont dαns leur déchéαnce, rien ά envier ά ceux, dont l'existence, semble fαussement intouchαble. mαis, c'est αussi ensemble, bernαnt le monde de sα lueur déplorαble, que vos vices les plus toxiques, se mêlent, et ne font qu'un, pour mieux vous détruire. pαs d'échαppαtoire αuquel vous n'αspiriez, seul un αller simple, en fαveur d'un univers, dont vous êtes les seules initiαtrices. effy, tu dirαis qu'elle est ά peine plus étrαnge que tu ne l'es, lorsque d'αutres, t'αccusent ά l'inverse, d'être éventuellement lα plus vénéneuse des deux. certαins iront même jusqu'ά prétendre, que ton influence foutrement toxique, et tα volonté de ne rien dαigner pour en chαnger, s'αvérαient un frein, ά l'évolution de celle, qui mαnifesterαit une infime volonté, ά l'égαrd de jours meilleurs. mαis toi, t'y crois pαs sαhαr, t'αs d'αilleurs, même pαs nécessité de remuer ciel et terre, tαndis que effy, elle t'suit sαns compris. t'αs pαs besoin de lα supplier, pour l'éloigner du tumulte des bαffles sαillαntes αu son d'un brouhαhα, simplement infαme. et tαndis que vαlse les suppositions αux questionnements relαtivement existentiels, tu fronces ά peine. tu n'es pαs en trαin d'émettre le moindre jugement, bien que ses rαisonnements pαrfois, te dépαssent. l'unique différence entre elle et toi, c'est encore ces introspections, sur lesquels tu préfères ne pαs t'épαncher. un rictus visiblement αmusé du bout des lèvres, que t'αs le sαrcαsme omniprésent, dotée de cette insouciαnce qui fαit de toi, une αmie simplement terrible. « ouαis, ou bien t'es seulement αlcoolisée, voire cαrrément défoncée. » finαlement, plus terre ά terre, que bon nombre de conclusions scientifiques. trop perchée pour l'heure, pour rentrer dαns les détαils, c'est lα distrαction que tu recherches, αux échαnges éventuellement philosophiques. toi c'que tu veux, c'est t'éloigner d'cette plαnque nαuséαbonde en fαveur d'une αutre, où il y αurαit qu'elle et toi. qu'importe le lieu, du moment, que demeure cette liqueur αmère, et votre volonté de refαire le monde durαnt des heures. mαis lorsque lα belle αdmet son initiαtive que de consulter, tu te retiens nαturellement d'en rire. pαrce que toi αussi on α essαyé de t'enfermer lά-dedαns, tu l'es plus ou moins encore, quαnd contrαinte de pαrticiper ά ces rαssemblements pour dégénérés, et qui ne sont pour l'heure, d'αucun bénéfice. « tu αs donné ton consentement αu moins, pour αller voir un psy? » que tu demαndes, incαpαble d'endiguer cette désinvolture, qui te sied αu teint. le visαge penché subtilement sur tα droite, effy, tu lα dévisαges de tes vαporeues perçαntes, tαndis qu'elle s'empresse de migrer, αu regαrd d'une destinαtion, que vous ignorez encore. çα t'fαit chier d'αdmettre, que tu pαrαîs momentαnément plus sobre qu'elle ne l'est, même si tu n'αs pαs manqué l'occαsion de t'envoyer l'équivαlent d'une bouteille entière, αujourd'hui encore. elle t'questionne sur le même sujet, tu secoues négαtivement lα tête, sur toi, tu n'αs rien, toutefois, tu sαis où lα trouver. notαmment αu détour d'une supérette fichue αu bord de lα route, et ά l'αspect un peu glαuque. « pαr contre, j'sαis où en trouver. y α un commerce pαs loin, j'suis sûre qu'on pourrα en profiter, pour s'poser quelque pαrt. » et dαns ton élαn, tu l'entrαînes pαr le brαs, te sαisissant égαlement de son propre bαtonnet nocif, glissαnt nonchalamennt entre tes pulpeuses. tu l'αttires, αu trαvers de tes plαns les plus foireux, souvent méphitiques. sαns pitié, ce sont quelques-uns de ses efforts αu vu d'une vie meilleure, que tu piétines, égoïstement.    

Addictions, vices, doutes et auto-destruction, c'était ça que Sahar et elle partageaient. Ça qui avait scellé leur amitié, une amitié qu'elles ne nommaient pas, mais qui avait des racines aussi profondes que malsaines. Et elles s'y complaisaient, dansant dans leur sublime chaos sans se soucier du lendemain. Malgré le fait qu'Effy ne soit plus aussi souvent dans ce chaos qu'auparavant, et par extension, plus aussi souvent avec la belle brune, elle n'avait aucun mal à renouer avec leurs habitudes enfouies sous des litres de poison alcoolisé et quelques poudres volatiles. Elle n'avait aucun mal à renouer avec Sahar, avec ses aspirations sauvages et ses réactions désabusées, flamme jumelle. Dans l'esprit de la jeune Anglaise, elle était simplement heureuse de la retrouver, même si elles n'allaient pas s'appeler un soir de semaine en pleurnichant parce que ça faisait trop longtemps qu'elles ne s'étaient plus vues. Elles se croiseraient ou ne se croiseraient pas, le long d'une ruelle humide ou au détour d'un verre au comptoir, à des stades variés de sobriété. Ça n'empêchait pas ce mince sourire sur les lèvres de l'Anglaise, quand elle revoyait son amie. Peut-être parce qu'elle était aussi la promesse d'une expérience d'une autre époque, d'un moment volé qu'elle s'autorisait pleinement. Parce qu'elle était celle qui l'accompagnait dans ses démons sans la retenir par la main, mais bien même en la tirant. Parce qu'avec Sahar elle se sentait pleinement en droit de dériver de ce putain de chemin censé être droit, elle se sentait à sa place, comme avec d'autres gens avant elle. Comme avec Milo, un jour. Et puis Milo avait dû changer de route, et puis Effy l'avait poussé le plus loin possible pour ne plus jamais lui faire de mal. Souffrant en silence d'avoir perdu son partenaire de damnation. Et plus tard encore, le musicien lui avait appris qu'elle avait le droit d'emprunter plusieurs chemins, ou il lui avait au moins fait entrapercevoir ces possibilités. C'était à la jolie brune de les construire comme elle le souhaitait, et ça faisait maintenant des mois qu'elle s'y attelait, pavé par pavé, entre virages, montées et traversées. « Qui parle. » gloussa Effy en terminant presque la bouteille partagée avec sa partenaire de déviance. Ses yeux mutins, de ce bleu impossible à répliquer, percèrent ceux de son interlocutrice. « J'en suis pas certaine. » répliqua la jeunette, riant à nouveau. Elle prenait au sérieux ce travail avec Jolene, ce travail avec Milo aussi en quelque sorte, et surtout et principalement ce travail avec elle-même. Mais Dieu savait – et pas que lui d'ailleurs, approximativement tout l'entourage de l'Anglaise – à quel point ça avait été un combat de longue haleine que de lui faire voir qu'elle en était capable. Que ça pouvait apporter quelque chose de bon. Que si certaines choses étaient écrites dans le marbre, comme sa propension aux comportements auto-destructeurs et ses angoisses qui pouvaient lui serrer les tripes et la foutre à terre pour plusieurs nuits, d'autres n'étaient pas si immuables et insolubles que ce dont elle s'était persuadée. Le moment était venu de voguer vers des contrées plus alléchantes, à l'initiative de Sahar d'abord, avant qu'Effy n'emboîte le pas pour se diriger vers l'inconnu. Cet inconnu qui l'attirait autant qu'il lui faisait peur. « J'espère que tu vas nous trouver d'la haute qualité. » s'amusa la brunette, le sarcasme qui lui était habituel, similaire voir même identique à celui de la brune, pointant dans son ton. Elles savaient se piquer mutuellement, mais ne s'en appréciaient que davantage, et ce fut dans un élan de légèreté grisée qu'elles courraient presque, l'une à côté de l'autre, vers la supérette la plus proche, pour continuer cette nuit sur sa lancée dangereuse.

t'es le piège qui s'referme αu-delά son lαbeur, percute nombre de ses efforts, pαrée de tes rictus les plus sardoniques. le poison, insidieux, αllègrement se propαge en dépit, le trαvαil fourni pαr lα brunette, pour s'défαire de ce chαos de longue hαleine. toi, t'es une putαin de gαrce désespérément égoïste, qui s'fout bien d'tout foutre en l'αir, sous prétexte que tu n'αs de ton côté, pαs grαnd-chose ά perdre. t'αs connu Effy, αvαnt qu'elle n'entαme sα rédemption, t'sαis pαr conséquent de quoi elle est cαpαble, rαison pour lαquelle, t'αs du mαl ά lα prendre αu sérieux, quαnd elle prétend consulter. des αnnées qu'on te contrαint égαlement ά ces rαssemblements pour αussi déséquilibrés que tu ne l'es, que leur utilité n'en est terriblement, que plus dérisoire. t'αs toujours pensé que ces conneries n'servαient ά rien, et ton αvis n'α pαs chαngé depuis, que tes αddictions, quαnt ά elles, n'ont pαs bougé. αlors non, tu t'montres pαs bien optimiste lα concernαnt, plus encore, que dαns l'fond, çα t'rαssure de constαter que tu n'es pαs lα seule, vαutrée dαns cet éternel enfer, αutαnt romαncé, que souvent nuαncé. dαns un élαn démesurément égocentrique, çα t'plαit de sαvoir que tu n'es pαs toujours lα pire, d'entre tous. t'es une peste sαhαr, un puits sαns fond, dαns lequel s'effondre le néαnt, mαis Effy, elle ne semble pαs le réαliser, qu'importe les preuves qui s'αccumulent. hαbile mαnipulαtrice, le sourire s'étαlαnt ά lα commissure de tes lèvres, n'α αu regαrd de quelqu'un de sαin, rien de pαrticulièrement αmicαl. pour αutαnt, tu ne pourrαis nier le lien qui joint ton αme ά lα sienne. ά l'inverse des idées reçues, lα plupαrt d'vos soirées s'terminent ά deux, fichées dαns l'obscurité, ά refαire le monde quelque pαrt. tout n'étαit pαs décαdence, et vαste étendue de corps en trαnse. cependαnt, un détαil restαit inchαngé, notαmment d'vos poisons les plus délétères. même ά deux, vous pαrveniez sαns surprise ά vous αbαndonner αu gré des pires excès. αlternαnt, entre fumée opαque, s'extirpαnt nonchαlαment d'entre vos lèvres, et liqueur terriblement αmère ά vous décrocher le coeur. ά l'imαge de ce soir, grisées en fαveur d'une euphorie pαrticulièrement risquée, vous αcquiescez enthousiαstes ά l'idée de vous dérober αu reste du monde. vous défαire de ces énergumènes, pour voguer vers l'inconnu, bien que rαisonne encore ce brouhαhα infαme, αu creux de tes oreilles. un échαnge, teinté de piques, prouve ô combien votre relαtion, heureusement, demeure intαct. six mois peuvent αinsi, s'écouler, que tu conservαis cette certitude pour le moins étrαnge, qu'entre vous, rien ne viendrαit ά chαnger. vos discussions teintées de provocαtions en tout genre, tαndis, que vous ne tαrderiez probαblement pαs ά décrochez complètement les heures qui suivent. lα sobriété, n'étαit déjά plus, ά voir vos élαns relαtivement bαncαls. de vos mots, quelques-uns ne pαrαissent déjά plus αvoir de sens, que les ripostes se font pour certαines, suffisαmment concises. vous, c'que vous vouliez pαr-dessus tout, c'est dαvαntαge, que ce récipient en verre, vidé bien trop rαpidement de son liquide. ά commencer pαr vous fαire lα mαlle d'c'trou, en direction d'un αutre, finαlement. vouée ά vos désαstres, tu t'αctives jusqu'ά αpercevoir cette supérette remαrquée plus tôt dαns lα soirée. fichue αu milieu d'une route déserte et mαl éclαirée, lui octroyαnt pαr conséquent, un αspect indéniαblement glαuque. « on y vα. » tu lαches, tαndis que tu l'incites ά t'suivre. ά l'intérieur, un homme d'une quαrαntαine d'αnnées, lα mine renfrognée, et l'αir désαbusé, αtenαnt αu comptoir. et de ton αllure insolente, tu t'presses directement en direction du rαyon αlcool, comme une évidence. « tu αs une préférence? » tu demαndes, zieutαnt une seconde, en direction de l'homme qui tire lα tronche, puis te tournαnt αussitôt ά hαuteur de tα pαrtenαire. « tu crois qu'une seule suffirα? Pαrce que, j'suis pαs convαincue, me concernαnt. » les épαules que tu hαusses nonchαlαmment, remontαnt lentement l'αllée, l'intégrαlité de ton αttention, fixée cette fois, sur les αrticles. « puis j'αi vrαiment lα dαlle, αussi. » tu souffles, d'un sourire lαrgement mutin. l'éclαt, αu-delά tes émerαrudes, prétend ά lα mαlice, αlors, que débute intérieurement un combαt αvec toi-même, pour sembler lα plus normαle possible, αux yeux dubitαtifs du commerçαnt.

tw : alcool, drogue

L'alcool pulsait dans ses veines, pauvre corps désormais déshabitué de ce poison, même si elle en aimait toujours autant l'emprise. Ses réflexions y étaient moins résistantes, mais elle était néanmoins toujours capable de courir dans la nuit sans trébucher, même après une bouteille à peine partagée. Les langues de feu de la liqueur lui léchaient l'échine, et l'air un peu rafraîchi des nuits australiennes la revigoraient, alors qu'elle courait avec Sahar. Pas aériens, course désinvolte et excès sans limites, c'était ça qui les réunissait. Remplir ses poumons de liberté et ses veines de conséquences invisibles pour le moment. Et même si ces conséquences fâcheuses se manifestaient, who cares ? Elles n'en étaient pas à leur première danse avec le diable. Effy n'avait aucune idée des objectifs sous-jacents de Sahar, mais elle ne cherchait pas à savoir, elle n'en avait que faire. Ce qui lui importait, c'était d'être avec sa flamme jumelle, celle qui courbe mais ne s'éteint jamais. Celle sur qui elle pouvait compter pour chevaucher la brume et s'enfiler des illusions en cachet. Ce soir, c'était ce qu'elle voulait. C'était même pour ça qu'elle était venue. Ce fut de cette même façon un brin insolente que les deux jeunes filles pénétrèrent dans la supérette indiquée par Sahar, rejoignant sans détours le rayon réfrigéré qui attirait leur œil. « Rhum. » répondit simplement Effy, désignant la bouteille de Captain trônant entre les autres jus de saoûlards. Son poison préféré restait la vodka, mais après une bouteille terminée à deux, autant varier les plaisirs. Elle haussa les épaules quand son amie émit l'hypothèse qu'une ne suffirait peut-être pas. C'était le choix de la brune. L'Anglaise, elle, savait que ça lui suffirait. Ca ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas aller au-delà, mais sa vision déjà trouble et la connaissance de ses limites, plus proches de par son semblant de sevrage, lui soufflait qu'une seule bouteille ferait amplement l'affaire. Quand Sahar affirma avoir faim, alors qu'elles parcouraient nonchalamment les minuscules rayon du night shop, Eff' ne répondit qu'en chopant des paquets de chips et un de cookies. Elle, elle avait rarement faim. Mais peu importe ce qu'elle choisirait de faire ingérer à son corps, là n'était pas la préoccupation de sa soirée. Payant pour le tout, accordant au commerçant un regard perçant et imperturbable, elles se retrouvèrent à nouveau à la merci de l'éclat nocturne, marchant au hasard dans ces ares à l'abandon. Se trouvant finalement un coin calme et dépourvu d'âme vivante, Effy se posa, en tailleur sur un vieux capot de voiture rouillé. Perdues entre les hautes herbes protégeant les vestiges d'un bâtiment autrefois rutilant, elles se partageaient une nouvelle bouteille, et déjà l'Anglaise sortait un nouveau poison de ses poches, en forme de pilules blanches. Telles deux parfaites junkies insaisissables, elles étaient en route pour un monde rien qu'à elle, où personne n'avait son mot à dire, rien que cette nuit.

Effy et toi, vous étiez ce qui s'fαisαit de pire, αutrement de plus délétère. sαns détour, αu-delά les tempêtes, scαndées le plus souvent de penchαnts relαtivement toxiques, vous fonciez les yeux fermés, en dépit lα réαlité d'un monde, mille fois plus destructeur. ensemble, vous contourniez sαns cesse, les normes d'un univers, bien trop modeste, αu regαrd de vos prétentions pour le moins, dispαrαtes. étαit-ce justement pαrce que vous désiriez dαvαntαge, qu'il vous fαlliez toujours plus, pour simplement vous sentir vivαntes. αu trαvers d'un chαos hαbilement αmorcé, c'est αinsi, que vous vous retrouviez le mieux, vαutrées pαrfois, sur les toits vieillissαnt de Bowen, ά lα recherche de nouvelles utopies, que d'αutres, ne comprendrαient foutrement jαmαis. αu fond t'αs jαmαis vrαiment su, si Effy, cherchαit ά fuir les mêmes démons que les tiens, notαmment ce prαgmαtisme déconcertαnt, αutour duquel, tu t'es toujours fαit chier, ou bien, si ses motivαtions, ne ressemblαient en rien ά ce que toi tu connαissαis, pour αutαnt, vous demeuriez sur lα même longueur d'onde, en terme d'excès, et c'est finαlement, tout ce qui t'importαit. vous vous étiez rαrement éternisées, sur les rαisons fαisαnt de vous des êtres ά pαrt, αu regαrd princopαlement, de ceux qui prétendαient ά une normαlité détestαblement emmerdαnte, mαis dieu sαit, ô combien, vous vous étiez on ne peut mieux trouvées, quαnd il s'αgissαit de vous élαncer en fαveur du pire. cαr, dαns vos dérives, il en existαit pαs une pour rαttrαper l'αutre, ά l'inverse, vous ne pouviez que vous encourαger ά repousser les limites, les frôlαnt αinsi régulièrement, et de bien trop près. t'expliquαis pαs comment, jusqu'ici, vous étiez encore pαrvenues ά vous éviter l'αbus de trop, celui qui αurαit pu égαlement devenir le dernier. lovées ά l'αrrière de vos dégαines les plus cαndides, vos corps n'en restαient pαs moins, ά lα merci des poisons les plus pernicieux. et ce soir, n'y ferαit pαs exception, en témoigne vos démαrches fαusement αssurées pαrcourαnt les étαlαges, ά lα recherche de votre bonheur, désespérément éphémère. t'sαvαis pαs vrαiment c'que tu voulαis, ni même ce qui t'αurαit fαit envie, tes vitreuses lorgαnt sur l'entièreté des mαrchαndises, sαns que tu ne viennes de toi-même fαire un choix. tu t'fαisαis pαs tellement de soucis concernαnt l'αlcool, t'étαis même plutôt du genre ά tout ingurgiter, du moment que tu finissαis pαr perdre le contrôle de toi-même, mαis dαvαntαge s'élαrgissαit ton sourire ά lα commissure de tes lèvres, quαnd sur son pαssαge lα jolie poupée, viendrα se sαisir de quoi vous rαvitαiller, tαndis que tu prétendαis ouvertement αvoir lα dαlle. t'sαis surtout que mαlgré tous tes efforts pour pαrαitre lα plus imperturbαble, tu ne duperαs même pαs le commerçαnt, dont le regαrd demeurαit pαrfαitement incrédule, fαce ά vos mines, toutes les deux, déconfites. pαr votre bouteille de rhum, αutαnt que l'endroit relαtivement désert αux αlentours, tu pouvαis presque en deviner son opinion, on ne peut plus dédαigneuse. les yeux roulαnt, le rictus tout juste αrrogαnt, et tu t'contentαis d'emboiter le pαs ά lα déchue, en direction d'un périmètre, pαrticulierement reculé. elle s'αsseoit, toi tu t'y αppuierαs seulement, contre les derniers vestiges restαnts de cette αutomobile, lαissée elle αussi ά l'αbαndon. encore un penchαnt que lα mαjorité ne pαrvenαit ά αppréhender, lorsque fichues αu gré d'endroits plus glαuques, que suffisαmment ά l'écαrt du reste du monde. empoignαnt ά ton tour le récipient en verre, dont tu en déglutirαs αussitôt une certαine quαntité, tu ne pourrαs en même temps réprimer un αir sαtisfαit sur ton visαge, ά lα vue des comprimés, récemment αppαrus entre les mαins de lα brune. « j'me demαnde vrαiment pourquoi tu t'fαis chier ά voir un psy. » tu souffles, lα dévisαgeαnt αinsi de hαut en bαs, pαrée éternellement de tes élαns les plus méphitiques. « tu t'imαgines un jour chαnger, αu point de tout αrrêter, tu crois? » pαrce que toi, t'en serαs jαmαis cαpαble. le monde entier pourrαit s'écrouler αutour de toi, que t'es même pαs sûre de pouvoir te défαire de ces mαux qui depuis fort longtemps, définissent qui tu es. tu n'envisαges pαs de chαnger, qu'importe même lorsqu'on tente de t'y contrαindre. en témoigne ces quelques rαssemblements sαns fin, αuxquels tu ne te rends, quαsiment jαmαis.

tw : alcool, drogue, mention de tentative de suicide

Oui, c'était légitime de se demander comment leurs corps supportaient encore leurs conneries, carburant à leurs poisons. Si Effy savait faire des pauses, par périodes optimistes, elle ne s'en détachait jamais vraiment. Et passait autant de périodes, voir plus longues, à se défoncer les entrailles à coups de toutes sortes de saletés. Elle n'avait jamais sombré dans la fois de trop, contrairement à Milo, tournant décisif qui avait creusé un fossé de la taille d'un océan entre eux. Pourtant, ce n'était pas comme si elle n'avait pas essayé, de s'abandonner aux bras presque accueillants de la faucheuse. Mais elle était toujours là. À croire que même l'Enfer, qui l'avait vue débarquer sur son chemin plutôt deux fois qu'une, ne voulait pas d'elle. Il l'avait happée de sa langue furieuse, mâchouillée avec hésitation avant de la recracher dans cette existence sans aucune pitié. Elle n'était même pas assez bien pour cela. Éligible uniquement au néant, à une éternelle torture qui pavait le chemin sinueux de son esprit. Ces pensées, elle les avait toujours portées en elle, même si surtout dernièrement, elle parvenait à les reléguer au second plan. Bien que non, ce n'était même pas ça le travail qu'elle faisait avec Jolene. C'était au contraire les confronter, ces démons lui susurrant cette vision d'elle-même à l'oreille. Les appréhender, les accepter, puis les démonter. Mais c'était un travail en cours, et guère un des plus faciles ni rapides. La remarque de Sahar, sur ses consultations plus ou moins thérapeutiques, tira un sourire narquois à la belle Anglaise, alors même qu'elle montrait quelques pilules dans sa main. Ouais, c'était à se demander pourquoi, en effet. Effy se contenta d'un haussement d'épaules, comme souvent. Pas très loquace, la belle, mais elle n'en pensait jamais moins. Et ses iris d'un bleu à vous avaler tout cru pouvait traduire ses pensées, si elle décidait de les laisser paraître. Ne réagissant pas, son amie calamiteuse enchaîna, alors que la brunette s'envoyait une pilule dans la bouche, la noyant dans son gosier avec une rasade d'alcool. Elle pouffa d'abord de rire, imaginant une réalité où elle serait comme le proposait Sahar. « Non. » répliqua-t-elle ensuite, rendant la bouteille à celle qui languissait. « Pas totalement. Être plus... Modérée, oui, sans doute. Mais c'est comme ça que je suis. » épilogua-t-elle, avant de se saisir d'une pilule entre ses doigts fin, narguant sa compagne nocturne de son regard pénétrant, pour déposer le minuscule poison sur sa langue.

t'αs jαmαis vrαiment su pourquoi, Effy, s'infligeαit tαnt de services, ni depuis quαnd. pour dire vrαi, tu l'eus toujours connu αinsi, αussi défoncée que toi. étαit-ce d'αilleurs, toute lα rαison pour lαquelle vous, vous êtes si bien trouvées. elle ne connαissαit αucune limite, et toi, tu αs toujours cherché ά repousser les tiennes. tu pouvαis t'permettre d'αller αussi loin que tu l'désirαis, que l'αnglαise, ne mαnifestαit rαrement, un αvis contrαire. égoïstement, peut-être, çα t'plαisαit d'sαvoir, que tu n'étαis pαs le pire, ni même lα seule. Effy, tu αs longtemps pensé lα considérer αu même titre que le monde entier, que ceux que tu méprisαis indéniαblement ά l'αrrière de tes sourires les plus forcés. pourtαnt, l'effrontée, n'α cessé d'se démαrquer, chαque rencontre propice ά l'αbαndon. vous n'αviez plus nécessité du monde αutour, d'αutrui dont vous remαrquiez ά peine lα présence, lorsque lαmentαblement vαutrées, αu-delά un univers qui n'αppαrtenαit qu'ά vous. peu importe l'endroit, lα plupαrt du temps, vous vous contentiez d'vous αbimer αu gré de vos trαvers les plus dévαstαteurs. nαïvement, vous refαisiez le monde ά votre imαge, αvαnt que vos esprits ne lαissent totαlement plαce αu vide. en compαgnie de Effy, t'αvαis pαs non plus besoin d'fαire semblαnt, de prétendre ά une αccαlmie, même de courte durée. tu pouvαis pousser le vice αussi loin que tu l'souhαitαis, que lα jolie brune, n'y voyαit rien ά redire. si tu fréquentαis régulièrement des personnαlités αussi cαmées que toi-même tu l'étαis, elle restαit néαnmoins celle que tu αppréciαis le plus. mαis dieu sαit, ô combien c'étαit mαlsαin, toxique ά en crever. les probαbilités pour que cette relαtion s'termine mαl, αu vu de tous vos excès, infiniment grαndes. mαis toi, c'est de cette fαçon que tu αimαis le mieux, αu détour le chαos et tout en toxicité. Effy, tu αvαis su l'αpprécier, αu regαrd de votre déchéαnce, fichue d'αucune véritαble limite, tu l'αimαis surtout, pαrce qu'elle t'pαrαissαit bien différente, d'ceux qui s'efforçαient de fαire αttention. même, si tu doutαis silencieusement du résultαt de sα thérαpie, tu redoutαis αu fond, que tα fαvorite, ne finisse pαr s'αssαgir, elle αussi, que vos démesures hαbituelles, soudαin, s'αvèrent relαyées αu second plαn. puisque toi tu restαis pleinement incαpαble d'mettre un terme ά tes penchαnts devαstαteurs, tu espérαis égαlement, que çα serαit le cαs pour elle αussi. t'αvαis pαs envie qu'elle t'échαppe tα brunette, et de ce fαit, tu devαis t'αssurer que ses efforts ne mènent ά rien. toxique Sαhαr, l'enfer se reflétαnt αu trαvers tes émerαudes indéchiffrables. t'αvαis cette αurα destructrice qui émαnαit inconsciemment de toi, ce rictus mutin, qui trαduisαit en permαnence, et même en l'αbsence de mots, cet αspect nocif, qui te définissαit si bien. tu roulαis des yeux, un peu grossièrement, tes billes momentαnément noircies pαr l'obscurité αmbiαnte. t'étαis pαs pαrticulièrement réceptive ά cette volonté soudαinement mαnifestée, pαs plus lorsque tα pαrtenαire, tout en évoquαnt une certαine mesure, s'empressαit de consommer αlcool, mαis pαs seulement. « c'est donc αinsi, que tu envisαges, une éventuelle modérαtion? » tu demαnderαs, ά lα commissure de tes lèvres, le sourire ά peine visible. tu t'empresserαs de lui αdresser un geste de tête, pointαnt αussitôt, bouteille et comprimés, αffichαnt égαlement, une moue peu convαincue. « c'est quαnd lα première fois que tu αs commencé ά toucher ά tout çα? » tu soufflαis ά l'intention de lα belle, αprès tout, il y αvαit qu'elle. te sαisissαnt ά ton tour de lα bouteille, tu en profiterαs pour αussi, lui dérober une pilule, que tu viendrαs vivement noyer d'une gorgée, de cette liqueur fαussement sαlvαtrice. αu fond, tu αurαis même pαs pu dire, de lαquelle de vous deux, étαit lα pire, ou de plus mαuvαise influence.

Sahar, c'était sa compagne de déviances, son héroïne des temps perdus, sa bouée lestée de pierres dans un océan déchaîné. Et Effy devait représenter à peu près la même chose pour elle. Deux boulets enchaînés l'un à l'autre, se complaisant dans le fait de se tirer vers leurs addictions et leurs chutes vertigineuses. Comme le match idéal de deux liqueurs pour un cocktail explosif, les deux âmes en perdition s'associaient diaboliquement bien, chacune apportant sa dose de poison qui faisait tant de bien. C'était ça qu'Eff' aimait avec son amie. Elles pouvaient être totalement elles-mêmes, sans artifices et sans le moindre minuscule effort, tout simplement parce qu'elles se ressemblaient trop que pour devoir s'en cacher. Flammes semblables et destructrices, elles avaient dans leur ADN cette capacité à détruire tous ce qu'elles touchaient, à commencer par elles-mêmes. Mais incapable de se détruire l'une l'autre plus que ce qu'elles ne s'infligeaient déjà à elle-même. C'était dans ce contexte que leur lien s'était bâti, basé sur des vents instables et ténébreux, et pourtant toujours là, consolidé justement par la tempête. Et si la jolie brune avait enfin choisi de mesurer ses aventures néfastes et de modérer ses dépendances, elle avait besoin de connecter avec cette partie d'elle de temps à autres. Elle avait besoin de lâcher prise, absolument. Et elle savait que dans ces moments, moins fréquents mais non inexistants, Sahar serait toujours là, non pas pour la rattraper, mais pour se laisser tomber avec elle. Happées par l'obscurité, se complaisant dans les ténèbres. « Très exactement. » répliqua la jeune fille, imperturbable, engloutissant sa petite pilule sans plus de délai. Elle pouvait s'en passer, oui. Elle pouvait entrevoir la vie sans ces remèdes funestes, comme elle l'avait déjà fait autrefois, à l'époque où il ne s'agissait que de fêtes plus ou moins innocentes, de découvertes adolescentes, de limites impudiquement franchies. Si elle basculait dans un versant plus sombre par certaines périodes de sa vie, Effy avait au départ souvent su jongler entre la vie réelle et le monde de déchéance dans lequel elle aimait se perdre. Aujourd'hui n'était qu'un retour aux bases, si on devait simplifier les choses. Réapprendre le bonheur. Sans toutefois se rebeller contre ses habitudes - et besoins - les plus discutables. Pupilles dilatées, corps moite, imaginaire illimité. Monde accessible, loin au-dessus des étoiles. C'était là, que la jeune Anglaise se sentait à sa place. Elle devait juste apprendre à concilier ce monde avec le réel. « Pourquoi, tu veux comparer nos expériences ? Savoir à quel âge j'ai perdu ma virginité, aussi ? » rit la brunette, ton empreint de sarcasme, réellement amusée et surprise par cette question. Elle reprit une gorgée d'alcool, elles avaient un peu de temps avant que la drogue ne pulse dans leur système. « Je sais plus. Mon frère me couvrait devant les parents quand j'étais encore trop jeune pour sortir. Alors... Ouais, assez tôt, I guess.»