it's now or never (elias)

fin janvier...

Comment dire non à une invitation aussi aguichante que celle d’Elias ? Pour un type comme Perry, c’est compliqué. Et puis, comme ils se le sont dit par sms, cela fait un moment qu’ils ne se sont pas vus, ils ont des choses à se raconter tous les deux. Entre le voyage au ski, Jackson et le mariage de Fede, ce ne sont pas les sujets de discussion qui manquent. Et s’ils n’ont plus rien à se dire, ils sauront très bien comment occuper le temps. En général ils commencent la soirée en discutant, devant un film parfois et plus ou moins rapidement ils finissent par se taire pour laisser parler leurs corps. Et comme Elias quitte très prochainement son appartement, l’excuse est toute trouvée pour passer une nuit torride. Après avoir laissé Penny et ses colocs pour la soirée, le jeune homme prend la direction de l’appartement de son ami, en skate. En arrivant, il sonne à l’interphone avant de monter vers cet appartement qu’il verra peut-être pour la dernière fois. « Salut ! » dit-il, tout sourire, lorsqu’Elias lui ouvre la porte. « J’ai pris quelques trucs à manger. » dit-il en retirant son sac de derrière son dos. Évidemment il n’a pas pris des légumes à croquer ou ce genre de choses mais plutôt des chips et tout un assortiment de gâteaux apéritifs pas franchement équilibrés.

Le déménagement arrivait vite, presque trop vite. Ca se chamboulaient un peu et je ne savais plus où donner de la tête. Cela faisait plusieurs semaines déjà que ma propriétaire avait évoqué l’idée de retrouver son appartement, elle n’avait pas souhaité me presser mais je me sentais de trop. Il m’avait fallu trouver rapidement une solution. C’était un coup de bol que j’ai trouvé cette coloc, dont mon collègue et ami Azriel faisait partie, et qui me permettait d’y voir un peu plus clair. J’allais pouvoir intégrer ce nouvel appart d’ici une petite semaine et ainsi libéré le logement que ma proprio actuelle réclamait. J’avais donc tout naturellement envoyé un sms à Perry, pour lui proposer de fêter dignement ce nouveau départ, et (re)baptisé les pièces de cet appart où j’avais vécu déjà quelques années avant de devoir le laisser derrière moi. Quand l’interphone sonna, un sourire se colla immédiatement sur mes lèvres. Les soirées avec mon ami étaient loin d’être désagréable, lui et moi étions parfaitement clairs, depuis le départ, sur la nature de notre relation. Notre amitié était sans prise de tête, ponctué de moments charnels sans aucune promesse et cela nous allait très bien, à l’un comme à l’autre. J’allais donc lui ouvrir.
— Salut ! Cool, j’ai pris de quoi boire, fis-je en souriant.
Je me décalai légèrement pour le laisser entrer puis refermé la porte derrière lui. Je me dirigeai automatiquement vers la cuisine pour sortir deux bières du frigo et en proposai une à Perry.
— Alors ? Qu’est-ce qui t’as tenu occupé tout ce temps ?

En général ils se voyaient chez Elias, c’était plus simple. Il n’était pas en coloc alors ils étaient plutôt tranquille, pas de risque que quelqu’un ne vienne les déranger si jamais la situation devient un peu plus chaude. Mais à présent qu’il va déménager, ça ne sera pas aussi simple de faire leurs petites soirées amicales et plus si affinités. Ce sera tout de même plus simple chez le brun qui ne va sans doute pas vivre dans une coloc de quatre adultes et plus ou moins cinq enfants qui risquent de surgir à chaque instant. Elias annonce que lui a de quoi boire, tout pour une bonne soirée. Le jeune homme entra chez son ami, dans cet appart qu’il connaissait bien. Celui-ci lui demanda ce qu’il a fait pendant tout le temps où ils ne se sont pas vu, ce qui remonte à début décembre à présent. Il attrapa la bière qu’Elias lui tendit avant de poser son sac et répondre « Y’a eu les fêtes, avec le voyage à Chamonix aussi, auquel tu as décidé de ne pas aller ! Et puis après j’ai eu le mariage de mon meilleur ami et là j’en ai un autre bientôt où je répet’ comme un dingue pour une choré, histoire de pas avoir trop l’air con. » Il riait en repensant à ses talents médiocres de danseur qu’il tentait tant bien que mal d’améliorer. Il n’évoqua pas Jackson qui prenait aussi une partie de son temps depuis le retour de Chamonix. Il en avait parlé brièvement par sms à son ami, sans lui donner trop de détails, lui-même ne sachant pas trop comment décrire les choses.

Je laissai entrer Perry et lui proposai à boire, et, tandis que je décapsulai nos bières, il en profita pour énumérer ce qui s’était passé depuis que nous nous étions vu, la dernière fois. Un sourire se flanqua immanquablement sur mon visage.
— J’ai pas décidé de pas y aller, je bossais, ricanai-je pour rectifier la pique de Perry, pendant que vous faisiez les clowns sur la neige française, il fallait bien que d’autres fassent tourner Bowen. Et puis je préfère largement le surf sur l’eau !
Je l’écoutai me raconter son début d’année qui, visiblement, avait été chargé. J’arquai un sourcil au mot « choré »
— Je donnerais cher pour voir ça, tu sais ? Si jamais t’as envie de répété quelques morceaux, là…ne te gêne pas. Je loupe rarement une occasion de regarder ton p’tit cul se dandiner…

Pour Perry ce n’est pas forcément simple à comprendre que même si le coût du voyage n’est pas élevé grâce aux aides de la ville et au partenariat, tout le monde ne puisse pas s’absenter de son travail comme lui a pu le faire. Il est son propre patron et celui de pas mal de monde alors il n’a pas vraiment de comptes à rendre, à part à son père et au conseil d’administration qui à présent n’essaie plus de le mettre dehors comme ça a pu être le cas au début. « Ouais ouais trouve toi des excuses ! » répondit-il en souriant. Il évoqua ensuite la chorégraphie qu’il devait apprendre pour le mariage de Livio et Aura. Ils se retrouvent régulièrement avec les autres garçons d’honneur pour répéter et être parfaits le jour J malgré leur talent en danse limité. Elias semblait très intéressé par le fait de le voir performer, en partie pour pouvoir mater ses fesses. Le jeune homme en profita pour les secouer un peu en riant avant de répondre « Si t’es invité tu pourras me voir mais sinon tant pis, ça sera juste dans tes rêves ! Pas de reveal avant le jour J ! » Il n’a même pas parlé de cette surprise à Jackson qui doit se demander pourquoi il est si souvent absent. Il a envie qu’il découvre ça lors du mariage, auquel il compte l’inviter sans avoir osé le faire.

Perry était parfois un peu en dehors de la réalité, en ce qui concernait le travail. Je ne voulais pas dire par là qu’il se tournait les pouces, loin de là, mais il ne vivait pas comme le commun des mortels avec des horaires, des supérieurs au dessus de sa tête et une angoisse de bouclé les fins de mois. Au moment où le voyage à Chamonix avait été proposé aux habitants de Bowen, j’étais déjà sur un gros chantiers et même si des aides avaient été proposé, je n’avais pas eu le budget à mettre dans ces vacances, sachant que je devrais bientôt quitté mon appart et donc engagé des frais. Je pouffai face à la remarque de Perry puis portai ma bière à mes lèvres pour en prendre une gorgée.
— Ne sous-estime pas le pouvoir de mon imagination, Peach…il se pourrait que tu te retrouves à poil bien plus rapidement que prévu, le taquinai-je avec un regard explicite.

Il n’a jamais vraiment eu peur du ridicule. Bien sûr se taper la honte fait toujours mal à l’ego mais quand on en a un démesuré comme celui de Perry, on se remet souvent de ces petites hontes. Et puis avec sa chaîne youtube il a eu plus d’une fois l’occasion de se ridiculiser devant la caméra, prenant toujours les choses à la rigolade, alors il n’a pas peur de le faire devant tous les amis de Livio et Aura. Seulement il n’a pas envie que Livio ait honte de lui et qu’il fasse foirer toute la chorégraphie, il a envie que son ami puisse avoir un beau mariage. « Si je suis tout nu c’est un autre genre de danse auquel tu auras droit. » répondit-il avec un sourire charmeur avant de rire. Il but une gorgée de sa bière avant d’ajouter « Au mariage je serai habillé de toute façon….à moins qu’il y ait une petite surprise à la fin. » Il n’est pas prévu que les garçons d’honneurs finissent par faire un strip-tease à la fin de la choré, même si Perry ne serait pas le dernier pour ça, n’étant pas vraiment du genre pudique ou honteux de son corps, bien au contraire. Ça le faisait rire de taquiner Elias à propos des choses qui pourraient se passer pendant ce fameux futur mariage.

Perry continuait de me narguer avec cette danse, qui n’avait rien d’un strip-tease, contrairement à ce que j’aimais m’imaginer. Il souhaitait garder le suspens intact, et une chose était sûre, j’allais carrément me rincer l’oeil lors du mariage de Livio et Aura, quand bien même la danse ne m’était pas destiné.
— Tu sais que je suis capable de faire preuve de patience…
C’était faux, c’était même le contraire de mon tempérament. Je détestais les secrets, ne pas savoir, les mystères…ce n’était pas mon truc. J’avais ce besoin de savoir les choses, tout de suite. Je détestais quand quelque chose m’échappait, même quelque chose d’aussi futile qu’une danse. Perry le savait, et en jouait très bien.
— Mais je sais comme t’avoir à l’usure aussi…, fis-je en le détaillant du regard de manière explicite.

Il ne put s’empêcher de rire lorsqu’Elias assura qu’il serait patient. S’il y a bien quelqu’un qui est encore moins patient que Perry, c’est lui. Sur ce point ils se ressemblent un peu, ils n’y vont pas par quatre chemins et ne cachent pas vraiment leurs intentions. « C’est faux ! » répondit-il toujours en riant. IL le taquinait, il ne voulait pas lui donner la primeur de cette danse, à la fois pour l’embêter et parce que tout seul il aurait vraiment l’air ridicule, le tout rend mieux avec quelques personnes, c’est une danse de groupe. « Je suis pas très difficile à convaincre. » dit-il avec un sourire charmeur. Lorsqu’il s’agit de certaines choses, il ne faut pas beaucoup se donner de mal avec Perry.

Perry et moi avions cela ne commun en effet. Nous étions impatients et directs, il était rare de nous voir passer par des détours, au contraire. On nous voyait plus souvent aller droit au but. Je ris avec lui, il me connaissait bien. Bon…ok….clairement, la patiente n’était pas mon truc, mais, comme je le soulignais, j’avais aussi de quoi faire flancher mon ami, je connaissais ses faiblesses et ses petites sensibilité. En général, il ne me résistait pas longtemps, mais j’avais comme l’impression, en écoutant le ton charmeur de Perry, que la danse était à présent le dernier de nos soucis. Je bus une gorgée de ma bière puis la reposait doucement sur le comptoir du bar entre nous.
— Bon…et si on arrêtait de tourner autour du pot ?
J’ancrai mon regard dans celui de Perry, et d’un ton malicieux, j’ajoutai :
— On baise ?

Ils ne sont pas vraiment du genre à se trouver des prétextes pour se voir et faire comme s’il n’y avait pas du sexe derrière tout ça. Ils sont amis, c’est sûr mais ils aiment aussi coucher ensemble de temps à autre, ça ne fait de mal à personne. Les sous-entendus ne durent pas bien longtemps entre eux puisque rapidement Elias lui demande s’ils passent aux choses sérieuses. Perry ne peut s’empêcher de sourire face au ton direct de son ami. Si seulement tout le monde pouvait aller aussi droit au but, ça lui éviterait de passer du temps à draguer sans qu’il ne se passe rien au final. « Je sais bien que tu ne peux pas résister à mon charme dévastateur. » répond-il avec un sourire charmeur tout en se rapprochant. Lui non plus n’est pas vraiment très doué lorsqu’il s’agit de résister.

On passait rarement par quatre chemins avec Perry, on ne voyait pas l’intérêt de se compliquer la vie alors que ces choses-là, avec consentement mutuel et respect, pouvait être si simples. Un sourire large étirait mes lèvres alors que mon amant se rapprochait. Je hochai la tête.
— J’aimerais te dire que je suis en parfait contrôle, mais…il faut rendre à César ce qui est à César, je suis incapable de te résister en effet…
Entrant tout de suite dans son jeu, je pris un instant pour le bouffer du regard, avant de passer une main à l’arrière de sa nuque pour l’attirer à moi. J’embrasse ses lèvres avec gourmandise, retrouvant leur goût familier. Je tire alors légèrement sur son t-shirt pour l’embarquer avec moi. Marchant à reculons, je guide Perry jusqu’à buter contre un mur que je n’ai pas tout à fait prévu sur mon passage mais qui fera parfaitement l’affaire. Je souris, espiègle, entre deux baisers.

Perry n’est jamais contre le fait que les choses sérieuses commencent vite. S’il aime aussi la phase de drague, parfois il aimerait éviter cette partie inutile lorsque les deux personnes ont déjà la même chose en tête. L’avantage avec Elias, c’est qu’il n’a pas non plus envie de discuter pendant mille ans alors qu’il y a des choses plus intéressantes à faire. Un sourire satisfait illumine le visage de Perry à la réponse de son ami, les compliments ça lui fait toujours beaucoup d’effet. « C’est ce qu’ils pensent tous. » ne peut-il s’empêcher de répondre avant que finalement leurs lèvres ne se rencontrent pour un premier biaiser, puis un autre. Les choses s’enchaînent mais le jeune homme sent que par rapport à d’habitude, quelque chose cloche. Dans sa tête il ne pense pas à Elias, non, il n’a que Jackson dans la tête et malgré les baisers qu’il est en train d’échanger avec Elias, il n’arrive pas à se le retirer de la tête. Est-ce qu’il en a vraiment envie en fait ? Entre deux baisers, il se recule, soufflant un coup, posant ses mains sur le torse d’Elias. « Je...j’pensais pas dire ça un jour mais...j’peux pas. » Et ça lui fait franchement tout drôle de dire et penser ça.

Il est vrai que je n’ai jamais su resister à Perry, et je ne connais personne capable de ça. Mon sex-friend sait y faire, et en général, une pensée lubrique n’est jamais loin de sa tête. Lui non plus ne résiste jamais. Je l’attire à moi pour l’embrasser. On échange quelques baisers pressés, ma hâte de retrouver son corps grimpe dans mon ventre. J’ai envie de lui. Si fort que je ne distingue pas tout de suite que quelque chose cloche. Je lache un hoquet de surprise lorsque Perry se sépare brusquement de moi, déboussolé au point de m’avouer qu’il ne peut pas continuer. Je fronce d’abord les sourcils, abasourdi. Je le détail, puis soupire.
— Putain…t’es amoureux, je devine.
Il n’y a aucun reproche dans ma voix, juste un constat.  

Perry n’a jamais connu ça, il ne l’aurait pas cru si on lui avait dit que ça lui arriverait un jour. Sur le papier tout est bon, Elias est attirant, il l’attire il n’y a pas de doute là-dessus, lui aussi est attiré par lui, il n’y a jamais eu de problèmes entre eux, tout s’est toujours bien passé et pourtant, cette fois, il bloque. Et ce n’est pas à cause de son partenaire, mais à cause de lui et du brun qui occupe un peu trop ses pensées depuis Chamonix. Il ne pensait pas que ça puisse l’empêcher de coucher avec d’autres personnes, mais il faut croire que si. Le jeune homme n’a évoqué que brièvement Jackson à son ami, sans franchement rentrer dans les détails puisque lui même ne saurait dire exactement ce qu’ils sont. Pourtant Elias lâche immédiatement ce que Perry n’arrive pas à s’avouer depuis bien trop longtemps. « Non ! » C’est la première réaction qui lui vient. Comme si c’était totalement impossible qu’il le soit, parce que ce n’est pas pour lui ces choses-là, parce qu’il n’y a pas de raisons que ça arrive maintenant. « Je sais pas. » lâche-t-il finalement. « Désolé petit appartement, tu ne verras pas mes fesses une dernière fois. » Dit-il en regardant le plafond. Même si ça ce n’est pas totalement sûr puisqu’il pourrait bien se retrouver à poil pour d’autres raisons ou tout simplement qu’il pourrait finir par se laisser convaincre par Elias de dire adieu à son appartement comme il se doit.