les étoiles vagabondes (les keynes)

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Dès qu'elle raccrocha de sa discussion au téléphone avec Jules, Charlie eut le pied (très) lourd sur l'accélérateur. Son cœur battait à toute vitesse et il lui semblait impossible de l'ignorer. En réalité, elle n'avait pas osé le dire à son frère, mais ce qu'il lui avait annoncé lui avait fait l'effet d'une bombe à retardement. Le médecin devait lui parler, mais pourquoi? Était-ce parce que la maladie progressait? Elle ne parvenait pas à se convaincre qu'il s'agissait d'une bonne nouvelle. La peur l'envahissait petit à petit, les larmes commencèrent aussi à couler. Il était hors de question que cela arrive maintenant, elle ne voulait pas l'imaginer, non. Elle ne pouvait pas le perdre. Jules était la personne la plus chère et la plus importante sur cette terre. Si il n'était plus là, elle n'existerait plus, non plus. Si il savait ce qu'elle se disait dans sa tête, il serait fou d'inquiétude aussi. Elle se souvint rapidement à quel point il lisait en elle comme un livre ouvert. Ce truc de jumeaux n'avait rien d'une légende. Alors quand elle stationna sa voiture sur le parking, la blone regarda son reflet pathétique dans le miroir et essuya ses larmes. Elle inspira et expira un bon coup puis s'aéra le visage à l'aide de ses mains. A plusieurs reprises elle se répèta à elle-même de rester calme et quand elle se sentit prête, elle se précipita à l'entrée de l'hôpital. Son frère lui avait avoué s'ennuyer et dans d'autres circonstances, elle lui aurait ramener des livres et d'autres choses pour l'occuper. Mais pour la rare et unique fois, elle vint les mains vides. Arrivée à la chambre, elle toqua à la porte et rentra.  Hey! Le médecin est revenu? demanda-t-elle d'une petite voix inquiète. @Jules Keynes

C’était un moment stressant pour toi mais il l’était tout autant pour ta soeur jumelle. Les sentiments étaient décuplés chez les jumeaux, et vous n’aviez jamais su pourquoi mais vous pouviez toujours lire en l’un ou en l’autre. Vous étiez connecté toujours ensemble et vous n’aviez pas besoin de parler pour transmettre votre douleur et votre peine. Même si tu essayais de cacher à ta soeur tes problèmes de santé, plus ils étaient grave, moins tu pouvais les dissimuler. Et là, ça devenait grave. Le médecin voulait te parler mais tu lui avais dis qu’il était hors de question de parler sans ta soeur. Même si c’était une mauvaise nouvelle, tu avais besoin qu’elle sache si elle devait s’attendre à ta disparition ou non. Après son appel, tu la voyais débouler dans ta chambre. Elle avait pleurer, tu le savais, tu n’étais pas dupe. « Non, il n’est pas encore revenu mais il devrait pas tarder » soufflas-tu avec un léger sourire. Tu ne voulais pas l’inquiéter mais tu étais autant terrifié qu’elle. L’idée de mourir, ça te brisait en mille morceaux mais le pire c’était de laisser Charlie seule face au monde.

Elle flippait grave, Charlie. Elle s'en voulait d'autant plus car Jules avait ce don inexplicable de lire en elle comme un livre ouvert.  Peut-être qu'il veut changer ton traitement suggéra Charlie qui ne croyait pas du tout à cette théorie. Mais il fallait bien trouver une quelconque raison pour se rassurer. Sur le trajet elle avait beau avoir essayé en vain, elle n'avait pas réussi à en trouver une seule. Tout ce qu'elle se disait, c'était ; pourvu que la maladie ne progresse pas. Intérieurement elle avait supplié la terre, le ciel, tous les Dieux, pour qu'on ne lui arrache pas son frère. Autant lui arracher un de ses poumons. Que ferait-elle sans lui? Elle le regarda tendrement et alors que l'émotion s'apprêtait à l'envahir, elle détourna le regard et plissa machinalement les draps de son lit. Ça va aller, Ju. T'inquiètes pas. lui disait-elle alors qu'elle essayait elle-même de se le convaincre. Autrement son instinct le lui aurait dit, ça par contre, elle en était certaine. Plusieurs fois, alors que Jules n'allait pas bien, elle le ressentait. C'était fou, et très peu pouvaient comprendre sauf peut-être son amie Aura qui avait avait un jumeau.

Elle était inquiète et toi aussi tu l’étais. Quand elle te disait que c’était peut-être pour changer tes médicaments, tu hochais la tête. « Si tu le dis, ou peut-être que c’est pas une bonne nouvelle » dis-tu ensuite en essayant de pas trop l’inquiéter. Pourtant, inquiet, tu l’étais beaucoup. Tu avais si peur que ça se lisait dans tes yeux qui étaient peu expressifs, au contraire de d’habitude. Cette souffrance était telle que tu la voyais aussi dans les yeux de ta soeur. Quand elle te disait que tout irait bien, tu essayais de ne pas pleurer et de ne pas lui montrer que tu étais mort de trouille. Le médecin entrait dans la chambre d’hôpital avec une infirmière et tu t’asseyais un peu plus convenablement dans ton lit. « Mes chers Keynes, nous vous apportons une bonne nouvelle » dit le médecin avec un grand sourire sur le visage. Ok, c’est pas du tout à ce que tu t’attendais… Mais pourtant, ça semblait être réel. « Nous vous avons trouvé un donneur pour des poumons, vous allez pouvoir recevoir ne greffe » dit-il avec ce mêmesourire. Les larmes montèrent à tes yeux et tu n’en revenais pas. « Des… des nouveaux poumons ? » demandas-tu en bégayant, ne sachant pas trop quoi dire ou quoi faire. Tu affichais un sourire sous ces larmes, et tu espérais que Charlie ait le même sourire.

Dans une tentative inespérée de s'occuper les mains et l'esprit, Charlie plissait les draps de son frère avant que le médecin ne rentre dans la chambre. Jules se redressa et elle, s'approcha à sa hauteur pour passer une main sur le dos de son frère. Ce contact physique lui était nécessaire pour se rassurer l'un et l'autre que tout irait bien. À son grand soulagement il ne les laissa pas longtemps dans le doute et leur annonca qu'il avait une bonne nouvelle à leur apporter. Jules paraissait au bord des larmes et Charlie s'efforça de ne pas l'imiter. Il allait enfin pouvoir recevoir une greffe de poumons.  Des nouveaux poumons, Ju! répéta-t-elle avec joie avant de fondre dans les bras de son frère et le serrer de sa toute petite force. Elle se sentait beaucoup plus rassurée à présent. Radieuse, elle se tourna vers le médecin. Quand est-ce que l'opération pourra se faire? Et combien de temps devra t-il rester à l'hôpital? demanda la blonde, qui voulait s'assurer d'avoir bien plus d'informations.

Elle était tout aussi stressée que toi, ta soeur. En même temps, les médecins avaient une nouvelle à vous annoncer et ça vous foutait la trouille à tous les deux. Il ne te restait que quelques jours, peut-être ? C’était la seule chose à laquelle tu pensais. Mais quand il vous annonçait que la nouvelle était qu’il y avait enfin un donneur compatible et des nouveaux poumons tout neuf pour toi, tu ne pouvais pas t’empêcher de verser des larmes à torrent. « Des nouveaux poumons ! » soufflas-tu en écho aux paroles de ta soeur. Elle se jetait dans tes bras et tu serrais fort son étreinte. La question maintenant était de savoir quand ça allait être possible. « Dans les plus brefs délais, on va vous faire une batterie de test et ça devrait se faire dans les jours à venir, le temps que les poumons arrivent jusqu’ici. Ça va être une convalescence assez longue, mais promis, après vous ne nous verrez plus aussi souvent » avait précisé le médecin. Tu n’avais rien à redire, tu étais tellement heureux. Maintenant, il ne manquait plus que l’opération soit un succès pour que tu sois heureux pleinement.