| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| windswept and spun around, we are small (julian) | |
| | Auteur | Message |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4137 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: windswept and spun around, we are small (julian) Ven 29 Juil 2022 - 21:23 | |
| Il était sept heure trente, plus ou moins, la journée commençait à peine pour la plupart des gens qui rentraient dans le café avec les yeux encore à moitié fermés. Woody était déjà bien réveillé, il était debout depuis deux heures environ. Il avait avalé son petit-déjeuner avant de prendre la route vers les sentiers pédestres de la forêt de Bowen. Il s’y rendait quatre ou cinq fois par semaine, tôt le matin avant que les randonneurs du dimanche ne s’y rendent avec leurs conversations vides de sens. Il avait retrouvé son petit coin tranquille où il s’était installé pour pratiquer le yoga et faire une séance de méditation. Ce n’est que par la suite qu’il s’était rendu au Starbucks, au moment même où la ville s’éveillait doucement. Les marchands s’affairaient à l’ouverture de leurs commerces, les baristas se préparaient au rush matinal, les travailleurs prenaient leur dose de caféine avant d’affronter la journée. Woody avait lui aussi à se rendre à la clinique, mais son premier rendez-vous était à dix heures alors il avait largement le temps. Il commanda un café et, Starbucks étant fidèle à lui-même, on lui demanda son prénom pour qu’on l’inscrive de toutes les manières possibles sur la tasse. Il allait vraiment devoir songer à emmener sa tasse réutilisable, sans doute devraient-ils alors trouver une autre façon de lui remettre sa commande. La personne juste devant lui venait de recevoir la sienne, Julian, avait-on appelé. Distrait jusqu’alors, ce n’est qu’à ce moment que Woody posa le regard sur l’homme qui se tenait auparavant à côté de lui et qui se dirigeait maintenant vers le comptoir. Julian + ce regard, ce fut comme un flashback, vingt ans en arrière, quand il faisait du vélo dans les rues de la ville avant d’en faire dans les montagnes du monde entier. Woody fronça légèrement les sourcils. « Bratford, right ? » Demanda-t-il quand le Julian en question prit sa commande et tourna les talons, passant près de lui. « Woody Rutkowski. On était voisin y’a … très longtemps de ça. » Affirma-t-il avec un mince sourire. Généralement sauvage depuis quelques années, c’était peut-être sa thérapie ou bien ses fiançailles avec Charlie, mais en tout cas, il était un peu plus sociable que d’habitude. |
| | | Invité | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Ven 29 Juil 2022 - 22:18 | |
| Depuis tout petit, t'avais toujours eu une relation conflictuelle avec le sommeil, flirtant avec lui tout autant qu'avec l'insomnie. des idées plein la tète qui t'empêchaient de t'endormir, qui te réveillaient bien trop tôt et t'incitaient à te lever avant même que le jour ne poigne à l'horizon.
Ces nuits d'insomnies, t'avais su les mettre à profit, le nez dans les fourneaux dès que tu le pouvais, mais aujourd'hui, t'avais plus ça. T'avais plus que cette chambre d'hôtel qui te servait d'abri provisoire, et l'espoir de retrouver cette parcelle de ta vie dans un futur proche.
Alors, dès les premières lueurs du jour, tu t'étais retrouvé à tourner en rond, tel un lion en cage, des milliers de questions en tète, se répercutant les unes contre les autres, sans que tu ne puisses les chasser. t'étais juste pas le bon, qu'elle avait dit. des mots qui t'avaient été jetés au visage, pire qu'une insulte. une lame glacée ayant meurtrie une partie de toi. celle-là même qui avait gardée une part d'espoir. l'espoir d'une réponse. l'espoir d'une lueur qui expliquerait ce départ qui t'avait laissé démuni, des années en arrière. mais tu n'avais rien trouvé de cela. aucune réponse. aucune explication. rien que cette image d'un doigt orné d'un caillou, et ces quelques mots crachés vers toi, comme pour te brisé un peu plus. rien qu'un petit peu plus. comme si ces deux années à chercher à comprendre ce que tu avais bien pu faire, n'avaient pas été suffisantes comme pénitence pour un crime que tu n'avais pas commis.
Les questions tournoyaient encore. Les mêmes. Dansant avec d'autres, nouvelles, bien plus cruelles. Juste pas le bon. Toi le problème. Cet autre homme comme solution. Parce que t'étais pas assez bien pour elle, Julian.
Les heures s'étaient écoulées dans ta prison improvisée, et le soleil avait fini par se lever. Comme une délivrance, autorisation à sortir pour te mêler au reste de la population. Eviter l'affreux café de l'hôtel. Boire un vrai café, un nectar qui réveillerait le zombie auquel tu ressemblais. La commande passée, tu laisses ton esprit vagabonder, te demandant une fois de plus si t'avais vraiment bien fait de tout plaquer. Seconde d'hésitation. Comme une envie de tout rembobiner. Ton nom qu'on appelle, t'arrachant au semblant de regret qui commençait à poindre dans ton esprit. Tu peux déjà sentir le doux arome corsé venir te chatouiller les naseaux alors que tu fais volte face pour retourner à la rencontre de la lumière du jour. « Bratford, right ? » Tu poses les yeux sur cette silhouette relativement familière qui s'adresse à toi « Woody Rutkowski. On était voisin y’a … très longtemps de ça. » Lentement, un faible sourire se dessine sur tes traits fatigués. La silhouette familière prend soudain des traits que tu reconnais. Pas ceux qu'il arbore aujourd'hui, mais ceux d'avant. Le même regard bleuté. Et les souvenirs te reviennent à l'esprit tel un tsunami. Les courses à vélo à travers la rue. Les parties de foot. Les défis lancés les uns aux autres, surtout aux plus petits, dont lui faisait partie. T'en oubliais soudainement Charlie, bien trop heureux d'être rappelé à un temps où l'insouciance était le moteur de tes journées « Ouais, j'me souviens de toi. Le gamin qui disait à qui voulait bien l'écouter qu'il deviendrait champion du monde de vélo! Toujours à trainer à Bowen, du coup ? » @Woody Rutkowski |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4137 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Mer 3 Aoû 2022 - 21:14 | |
| Lentement mais sûrement, un sourire se dessina sur les lèvres du Julian qui remontait doucement dans les pensées de Woody, lui aussi, des bribes de souvenirs recomposant le casse-tête de son enfance. Il avait une assez bonne mémoire des événements mais pour les visages, c’était autre chose. Probablement que s’il n’avait pas entendu son prénom nommé par l’employée pour qu’il récupère son café, Woody l’aurait laissé passer à côté de lui, le voyant sans réellement le voir. Mais ce fut la combinaison de son prénom et de son regard, d’une couleur qu’on ne voit pas dans tous les yeux, qui fit un électrochoc dans la mémoire du trentenaire. Ils avaient changé, tous les deux, ils avaient évidemment vieillis. Le dessous de leurs yeux étaient cernés par la fatigue des trente quelques dernières années, eux ne s’étant connu que dans les premières, quand la vie n’a encore fait aucun ravage ou presque. Leurs traits étaient plus durs qu’avant, signe que la vie n’avait pas davantage épargné Julian. Mais quand même, dans ce regard, Woody revoyait les guerres de bombes à eau dans le jardin de ses parents, les courses à vélo qui se terminaient dans le rond-point au bout de la rue, les fêtes d’enfants dans le quartier, de celles qu’on ne voyait plus trop aujourd’hui, en tout cas pas dans son petit coin de la ville, le quartier ayant vieillit. Quand Julian se rappela que Woody se vantait si jeune déjà qu’il deviendrait champion mondial de vélo. Le physiothérapeute leva son doigt vers Julian, abaissant légèrement la tête, arquant un sourcil, le dévisageant avec un fier sourire en déclarant : « Et ce gamin avait raison de voir grand ! Trois années consécutives, en vélo de montagne. » Il sourit. « J’ai pris ma retraite y’a belle lurette par contre. » Il allait en taire les raisons, cependant. Il avait la chance de ne pas avoir à traîner sa canne partout où il allait, ces dernières semaines, n’étant pas dans une poussée de ses symptômes. S’il pouvait un peu encore taire sa maladie face à ceux qui n’étaient déjà pas au courant, Woody accueillerait volontiers la pause de sympathie. « À la place j’ai ouvert ma clinique de physiothérapie quelques années après, alors, ouais … toujours à traîner ici. » Expliqua-t-il en haussant les épaules. « Et toi alors ? T’as quitté la ville dès que t’as pu ? J’ai pas souvenir de t’avoir croisé depuis plusieurs années. » La caissière appela son nom, son café à lui aussi était prêt, alors il s’écarta juste pour aller récupérer sa tasse et revint vers Julian ensuite. |
| | | Invité | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Lun 8 Aoû 2022 - 23:05 | |
| « Et ce gamin avait raison de voir grand ! Trois années consécutives, en vélo de montagne. J’ai pris ma retraite y’a belle lurette par contre. » La gestuelle mêlée à la pointe de fierté sur son visage t'incitèrent à sourire, bien malgré toi. comme si, d'une certaine façon, toi aussi tu étais fier, de ce petit gamin du quartier qui avait réalisé son rêve. t'as envie de demander pourquoi, envie de savoir pourquoi il ne vit plus de sa passion. et puis, tu te souviens. toi non plus, tu ne vis plus de la tienne. toi aussi, tu as tourné le dos à tes rêves pour revenir ici. comme si bowen n'était rien d'autre qu'un aimant qui vous rappelait à elle. mais soudain, tu t'en fiches, étrangement heureux d'être brutalement renvoyé en arrière. avant ces rencontres qui avaient fait basculer ta vie. avant tous ces mauvais choix que tu avais pu faire. woody, tu l'avais perdu de vue bien avant tout ça. quand tu avais grandis, quand tu avais préféré draguer les filles plutôt que de continuer à faire du vélo dans les rues. tu l'avais oublié quand tu avais commencé à trainer avec les mecs cool de l'école, quand tu n'en avais plus rien à faire de trainer avec les gamins du quartier. quand tu pensais que ta réputation valait bien plus qu'une sincère amitié entre gamins.
Mais, tu restes là, à le dévisager, à détailler le moindre trait de son visage avec une certaine fierté, comme avec l'envie de dire que t'avait été là quand il avait écumé ses premiers kilomètres de goudron. avant de ne plus avoir été là. « Dire que j'ai loupé ça. Bon, en même temps, ça n'a jamais été un secret pour personne que je n'étais pas un as du vélo, et encore moins des cotes... » tu esquisses un large sourire tout en portant ton gobelet encore fumant à tes lèvres.
« À la place j’ai ouvert ma clinique de physiothérapie quelques années après, alors, ouais … toujours à traîner ici. » de nouveau, t'esquisses un air mi perplexe, mi fier. tu ne relèves pas, bien trop concentré sur le liquide couleur ténèbres qui glisse le long de ta gorge. « Et toi alors ? T’as quitté la ville dès que t’as pu ? J’ai pas souvenir de t’avoir croisé depuis plusieurs années. » Tu manques d'avaler de travers, soudainement rattrapé par la réalité, par le présent. « Y'a onze ans » que tu réponds, d'un air songeur, comme si tu cherchais à te souvenir de ton état d'esprit, des années en arrière, quand tu avais pris cette décision, qui s'était révélé être l'une des meilleures que tu aies un jour prise. « J'ai eu envie de tout recommencer à zéro dans une grande ville. » tu laisses volontairement les détails en dehors de la conversation. le mariage. le divorce. ton père. l'envie de fuir. d'oublier. de tout recommencer. de ne plus jamais revenir. « J'ai fini mon apprentissage en pâtisserie et j'ai ouvert une boutique dans le centre ville de Sydney, un salon de thé qui a eu un petit succès... Mais faut croire qu'on fini tous par revenir à Bowen! » Triste conclusion, des mots ajoutés sans vraiment t'en rendre compte, comme murmurés à toi même, bien trop conscient de tes propres regrets à être revenu ici. les retrouvailles que tu regrettais déjà, que tu aurais aimé pouvoir éviter... |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4137 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Jeu 11 Aoû 2022 - 2:09 | |
| Il était content, Woody, de pouvoir ramener ses victoires de vélo de montagne. Ça faisait longtemps qu’on ne lui en parlait plus. Presqu’aussi longtemps qu’il ne le pratiquait plus. C’est comme si du jour au lendemain, il était passé de star de la ville à rien du tout. C’était un gros coup sur l’orgueil, ça, surtout pour Rutkowski qui avait un égo surdimensionné. De pouvoir faire revivre ces années-là, cette fierté-là, ne serait-ce que pour une minute, ça réveillait en lui quelque chose d’à la fois beau et triste. C’est ça, la nostalgie. Julian ne commenta pas tout de suite cette réussite du gamin que Woody avait un jour été, mais il n’eut pas besoin de le faire. Son sourire disait tout et le physiothérapeute ne demandait rien de plus. Quand même, son aîné de deux ans répliqua qu’il avait loupé ça, mais qu’il n’avait de toute façon jamais été un pro du vélo. Woody rit tout légèrement, presque en silence – puisqu’éclater de rire, il y avait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. « Tu te souviens de la côte de Roddy Hughes Road ? Ah, celle-là … Je ne pourrais plus l’affronter aujourd’hui. » Gamins ils s’y étaient risqués, plus tard Woody s’y était entraîné, et aujourd’hui, en raison de sa maladie, c’était hors de question. Face au court silence qui suivit, le trentenaire ajouta quand même que maintenant, il avait sa clinique de physiothérapie en ville. C’était une fierté, ça aussi, même s’il la voyait plutôt comme un deuxième choix. Cette fois, Julian ne releva pas du tout, et Woody chassa le malaise que cela créait en lui. En faisait-il trop pour se remonter son estime, lui qui aujourd’hui avait l’impression d’être un échec ? Un peu plus et il ajoutait qu’il était maintenant fiancé à l’une des plus belles filles de la ville, mais il se retint. Ce serait pour plus tard, au pire. Là, il se concentra sur Julian – pour une rare fois qu’il se sortait la tête du nombril. « Onze ans … Bordel … » Woody secoua la tête en portant son café chaud à ses lèvres. Le temps passait si vite. Onze ans, c’était à peu près au moment où il commençait à être connu, justement, en vélo de montagne. Julian était parti juste avant qu’il ne soit sur la première page de tous les journaux locaux de l’époque. « Je comprends l’idée. Bowen ça peut parfois être … restreint ? » Dans les possibilités. Dans les rêves. Dans les rencontres. Woody haussa les sourcils en hochant la tête, impressionné d’apprendre que Julian était devenu propriétaire d’un salon de thé réputé à Sydney. « Je suis surpris que tu sois revenu, alors. T’as fermé ton salon de thé ? Tu comptes te lancer en affaires ici, plutôt ? » Mais pourquoi ? Se demanda Woody, qui parfois aurait préféré avoir fait ce choix-là, lui aussi, il y a onze ans. De partir dans une grande ville où ne savait rien de lui et où il pourrait rapidement être oublié sans qu’on vienne le chercher. |
| | | Invité | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Sam 13 Aoû 2022 - 19:29 | |
| « Tu te souviens de la côte de Roddy Hughes Road ? Ah, celle-là … Je ne pourrais plus l’affronter aujourd’hui. » les souvenirs qui te reviennent en mémoire alors que le café continue de glisser le long de ta gorge. les défis que vous vous lanciez, gamins. à celui qui réussirait à la grimper le premier. un gage donné au dernier. un sourire amusé qui vient se glisser sur tes lèvres. tout à coup, t'as l'impression de n'être jamais parti. l'impression que bowen est toujours la même petite ville où tout le monde se connait, où tu as toujours ta place. mais ces souvenirs appartenaient à une autre vie, à une vie sur laquelle tu avais tiré un trait quand tu était parti.
la nostalgie qui te prend aux tripes. t'avais jamais aimé perdre. t'avais jamais aimé arriver le dernier. t'avais pas apprécié ce jour où woody t'était passé devant à Roddy Hughes Road. le sentiment de jalousie qui t'avait étreint, et qui avait eu du mal à te quitter par la suite. t'as envie de demander pourquoi il avait arrêté tout ça, arrêté de vivre son rêve. pourquoi il avait tourné la page. mais aussi pourquoi il affirmé ne plus en être capable aujourd'hui. un voile d'inquiétude et d'incompréhension qui couvre tes traits fatigués alors que le gobelet quitte tes lèvres. la question qui ne veut pas se formuler. les mots qui ne s'échappent pas de ton esprit. l'un comme l'autre, vous étiez encore jeunes. encore capables de faire bien des choses, même si ce matin vous parliez comme deux vieillards qui se remémoraient leur lointain passé. les mots ne se forment pas et tu restes là, comme un idiot, à le dévisager, un silence gênant s'installant bientôt. Jusqu'à ce que la conversation glisse jusqu'à toi et ton départ de bowen. Aussitôt que tu le dis, tu réalises. dix longues années s'étaient écoulées. Dix années loin de bowen, loin de tout ce que tu avais tant cherché à fuir.
« Je comprends l’idée. Bowen ça peut parfois être … restreint ? » et pourtant... un sourire songeur se dessine sur tes lèvres. t'avais eu beau fuir bowen, bowen t'avait rattrapé, là-bas, dans la grande ville. charlie. elle, tout comme toi, originaire de bowen. elle qui était devenu ton monde tout entier durant plus de six mois de ta vie là-bas. elle que tu n'avais jamais réussi à oublier. elle que tu avais retrouvée, ici. comme si le destin vous avez réunis. A croire que c'était le monde, qui était trop petit. Trop restreint.
« Je suis surpris que tu sois revenu, alors. T’as fermé ton salon de thé ? Tu comptes te lancer en affaires ici, plutôt ? » Surpris, t'était le premier à l'être. Déçu aussi. Le cœur lourd, brisé d'un rêve auquel tu avais dû renoncer. Tes lèvres tremblent légèrement en cherchant la réponse à la question. Mais, une fois encore, les mots ne te viennent pas. Esquiver la question ? Ou y répondre sincèrement. « Ouais, j'ai dû vendre rapidement. » T'hausses les épaules comme si il n'y avait rien à ajouter. Rien à dire de plus. Alors que, d'une certaine façon, tu te sentais soudain proche de woody. après tout, vous aviez tous deux renoncé à vos rêves, perdu tout ce à quoi vous aviez travaillé durant des années. « Y'a déjà pas mal de salons de thé et de pâtisseries à bowen. J'suis pas sur qu'en ouvrir un de plus soit une réelle bonne idée... Mais, j'ai déposé des CV au tea'rese et a Imogen... Tu connais ? » |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4137 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Jeu 18 Aoû 2022 - 22:21 | |
| Les souvenirs qu’avait Woody de Julian étaient vagues, il n’arrivait à en saisir que quelques bribes, ils étaient jeunes à l’époque et en vieillissant ils s’étaient perdu de vue, deux années d’écart c’était grand à l’adolescence. Trop grand pour que Julian ait pu continuer de s’intéresser à un gamin comme Woody, qui de toute façon de son côté s’était à ce moment-là lié d’amitié avec Léo et le reste de leurs potes de l’époque. Il n’avait pas souvenir cependant d’un homme aussi peu bavard, peut-être était-ce les années gagnées ou la distance prise par rapport à Bowen. Ils se regardaient, tous les deux bien moins expressifs qu’à l’époque. Il était rare que Woody soit celui à parler le plus, ça n’arrivait plus jamais, et pourtant le voilà qui avait discouru sur le passé face à l’absence de paroles de Julian. Il faut dire que parler de son jeune temps, c’était rassurant, bien plus confortable que de parler de son présent ou pire, de son avenir, quasi inexistant à ses yeux. Le silence gênant obligea Woody à se sortir la tête du nombril et à relancer Julian sur sa propre vie depuis que leurs chemins s’étaient séparés. « Il s’est passé quelque chose ici avec ta famille ? » Avait demandé Woody, intrigué qu’il ait dû vendre rapidement. Il ne voyait pas d’autres raisons qu’un retour forcé à Bowen, pour des raisons familiales ou personnelles. Sans doute posait-il trop de questions, il aurait dû le comprendre aux hésitations de Julian, mais il n’était pas du genre à remarquer le tremblement des lèvres des autres. S’il faisait un effort pour parler à quelqu’un d’autre, il n’allait pas non plus, tout d’un coup, devenir habile et à l’aise dans une conversation. « C’est vrai que ça pousse un peu partout. » Admit le jeune homme qui n’allait pas faire miroiter de faux espoirs à Julian. Surtout que le Imogen ouvrait de nouvelles boutiques un peu partout en ville. D’ailleurs, le pâtissier mentionna y avoir porté son curriculum vitae. « Bien sûr que je connais. Ma petite amie, enfin … je devrais maintenant plutôt dire ma fiancée … Elle y est cheffe pâtissière. » Woody esquissa un autre petit sourire fier. Ça lui faisait bizarre de pouvoir se vanter à quelqu’un, d’avoir été champion de vélo, d’être propriétaire d’une clinique de physiothérapie, d’être fiancé. On aurait presque pu croire qu’il avait réussi sa vie, Woody, et pourtant en-dedans de lui c’était encore, parfois, le noir complet. De pouvoir en plus vanter la nouvelle position de Charlie chez Imogen, c’était un bonus. |
| | | Invité | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Dim 21 Aoû 2022 - 22:51 | |
| « Il s’est passé quelque chose ici avec ta famille ? » t'en aurais presque avalé de travers. woody n'était pas le premier que tu croisais depuis ton retour en ville. pas le plus proche ami que tu aies un jour eu, non plus. pourtant, il était le premier à avoir osé poser la question, le premier à chercher à savoir, à essayer de comprendre. c'est surement pour ça que les mots te manquent et que tu te contente de le regarder d'un air à la fois vide et sérieux, ton gobelet immobilisé devant ton visage. comme si l'instant s'était figé. lentement, ton bras éloigne le gobelet de tes lèvres. tu n'as plus vraiment ni le gout, ni l'envie de profiter de ce café dont le gout est soudain étrangement amer. Sans vraiment t'en rendre compte, t'as commencé à hocher de la tète, très légèrement, comme si tu ne voulais pas vraiment répondre à la question, comme si t'avais peur de la donner, cette réponse, comme si formuler les choses les encore rendraient plus réelles, comme si en éludant les choses, tout ça finirait par disparaitre. « Ma mère. Elle a un... un... » que tu te surprends à répondre avec un léger trémolos dans la voix, comme si t'avais tellement eu besoin de le formuler que les mots étaient sortis d'eux même. « Cancer... » Le gobelet que tu portes à nouveau à tes lèvres, le liquide que tu laisses glisser à travers ta trachée. Comme si le café pourrait suffire à effacer ces mots que tu venais te prononcer. Comme si le liquide brulant allait apaiser la sécheresse qui naissait dans ta bouche et faire taire ce sale gout amer.
T'avais jamais été un grand bavard. Loin de là. De toute façon, qu'y avait-il à ajouter d'autre? Aucun mot ne suffisait. Aucun ne pourrait jamais être assez. Pourtant, prononcer ce simple mot, plutôt que de se l'entendre dire, ça avait un impact tout autre. Comme un poids qui s'arrachait à tes épaules... Le regard de Woody que tu évites, concentré sur ton gobelet, à présent quasiment vide. T'as pas envie qu'on te dise ces banalités qu'on dit à chaque fois. Parce que les mots ne sont jamais assez. Parce que rien ne suffirait jamais.
T'as besoin de parler d'autres choses, besoin de légèreté, de ne plus y penser. De juste évoquer un éventail de banalités. Bowen. Cette ville dans laquelle vous aviez grandi et qui devenait autre chose, plus grande, plus développée, des magasins poussant partout comme des champignons. T'évoques y avoir postulé, dans une de ces pâtisseries. Imogen. Une banalité parmi tant d'autres. Pas vraiment, en réalité. Le visage de Charlie qui te revient en mémoire. Elle. La revoir. Jalouser sa réussite alors que toi, tu n'as plus rien. Elle. Et cette pierre à son doigt qu'elle avait exposé avec fierté pour te blesser. Pour te rappeler que toi, tu n'avais pas été le bon. « Bien sûr que je connais. » La voix de Woody qui te ramène à la réalité de l'instant. Bien sur qu'il connaissait. T'avais vu plus d'une ces boutiques en ville. Peut-être que tu l'avais vu deux ou trois fois cette saleté d'enseigne. « Ma petite amie, enfin … je devrais maintenant plutôt dire ma fiancée … Elle y est cheffe pâtissière. » Cette fois, le gobelet n'est plus immobile devant ton visage. Ta main tremble bien assez pour que ta gène soit visible. Répercussion de cette douleur dans ta poitrine. Cette douleur qui, dans ton corps tout entier, irradie. Cette fois, tu crois bien l'avoir avalé de travers ce putain de café. Pourtant, tu te surprends à esquisser un sourire. Il n'a pas besoin de préciser. Il y avait beau y avoir plusieurs boutiques affichant cette enseigne, ton être tout entier te criait que c'était lui. Lui qui lui avait offert cette pierre. Lui, celui qui lui avait offert ce que tu n'avais jamais pu lui donner.
Tu te forces à sourire, malgré ton envie de gerber. Parce que, malgré tout, c'est ce gamin que tu vois devant toi. Ce gamin sur son vélo dont les grands yeux verts sont emplis d'espoir et d'innocence. Ce gamin en qui t'avais eu assez confiance pour révéler quelque chose dont tu n'avais encore jamais parlé à personne, le cancer de ta mère. Tu souries, mais c'est autre chose que transmettent tes yeux. La tristesse. La jalousie. Et ce putain de gout amer dans ta bouche. « Félicitations!! » que tu finies par lâcher, à contre cœur.
Y'a comme une boule en travers de ta gorge, comme quelque chose qui enserre ton estomac. Comme quelque chose qui te bouffe de l'intérieur. « J'ai eu une apprentie dans ma boutique à Sydney, elle est justement Cheffe pâtissière à Imogen aujourd'hui, et récemment fiancée... Charlie Keynes... On ne parlerait pas de la même personne par hasard ?! » Tu feins un mélange d'amusement et de curiosité, pas vraiment sur de vraiment donner le change. T'as juste besoin de savoir. Besoin d'être sur. Besoin qu'un vieil ami te balance une bouée de sauvetage... |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4137 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: windswept and spun around, we are small (julian) Ven 26 Aoû 2022 - 19:45 | |
| La surprise sur le regard de Julian s’immobilisa, pendant de longues secondes ils se fixèrent, les deux hommes, comme tous les deux étonnés que cette question-là soit sortie d’entre ses lèvres et qu’elle crée un tel émoi. Woody aurait dû comprendre qu’une raison triste et profonde se cachait derrière le départ précipité de Julian. Et comme le trentenaire n’aimait pas particulièrement réconforter les autres ou se retrouver dans une situation de confidences, lui qui ne savait jamais gérer ses propres émotions alors encore moins celles des autres, il aurait plutôt été du genre à éviter à tout prix de rentrer dans ce sujet-là. Mais Woody était imprévisible et visiblement, ce matin, il s’était décidé à sortir de sa tanière alors plus rien ne l’arrêtait, pas même lui-même. Julian hochait lentement de la tête, déphasé, et le physiothérapeute s’apprêtait à dire quelque chose pour briser ce malaise, pour lui permettre de trouver une issue de secours, mais avant qu’il ne formule une phrase son ami d’enfance annonça que sa mère avait un cancer. Sa voix tremblait, se cassait, on sentait tout le chagrin qui l’habitait. Comme si c’était la première fois qu’il le disait à haute voix et que tout d’un coup, la maladie de sa mère se matérialisait devant lui. Woody avala sa salive, sa pomme d’Adam se relevant, témoignant de l’inconfort de l’homme. « Désolé. » Il ne dirait rien de plus que ça, Woody. Il savait que les mots ne servaient à rien, pas même ce maigre désolé. Les rares fois où il avait annoncé sa propre maladie aux autres, Woody en avait entendu toutes sortes, de réponses préfabriquées ou vides de sens. Il n’avait pas envie d’être de ceux-là. À la place ils parlèrent des plans de Julian pour la pâtisserie, ici à Bowen. Rapidement le nom Imogen fut évoqué, parce que c’était certainement les boutiques les plus populaires en ville. Woody confia donc connaître la cheffe pâtissière de l’une de ces boutiques, puisqu’il s’y était fiancé. Tout chez Julian changea, encore une fois, comme si tous les sujets que le physiothérapeute se décidait à aborder ce matin, plongeaient le jeune homme dans un second état. Ou peut-être était-ce Woody qui avait vraiment perdu la main avec les relations sociales, c’était peut-être lui-même qui était déconnecté, en fait. Puis, il comprit. Julian connaissait Charlie. Julian avait rencontré Charlie à Sydney, dans cette autre vie dont Woody ignorait à peu près tout. Et il sentait qu’il y avait tant à connaître. « Oui, c’est bien elle. » Le sourire du trentenaire n’était plus ce qu’il était, lui non plus. Il se souvenait de certaines conversations plutôt vagues avec Charlie, à propos de son mentor en pâtisserie. Julian, donc. « Tu l’as revue, alors, hein ? Comme tu sais déjà les grandes nouvelles de sa vie. Ou alors t’as toujours gardé contact avec elle ? » Demanda Woody avant de prendre une gorgée de son café, voulant chasser le trouble en le ravalant en même temps. |
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