Down my arms, a thousand satellites, suddenly discover signs of life + Maxine

Si on pouvait affirmer une chose concernant Léo Emerson c'est qu'il n'avait en rien l'âme d'un professeur. Et pourtant il se trouvait là, face à cette classe de gamin d'à peine vingt ans, à leur expliquer les réglages d'un appareil photo, la profondeur de champ, l'ouverture, la vitesse d'obturation et autres termes barbares qui n'avaient aucun secrets pour lui. Il n'était pas mauvais dans l'idée, il parlait avec passion de ce métier qu'il aimait par dessus tout, il expliquait et répondait aux questions avec patience et un fond de pédagogie. Mais il était incapable de mettre les limites nécessaires. Il était arrivé dans la salle presque les mains dans les poches, avec son sourire charmeur, il avait demandé qu'on l'appelle Léo, parce que monsieur Emerson c'était juste impossible pour lui, qu'on le tutoie, même, si ça faisait plaisir aux élèves. Il s'asseyait sur le bureau et leur parlait comme à des potes. Il était en cours de récréation finalement ! Seulement il était là pour leur apprendre la photographie, avec des règles, un programme, une méthode et aussi une distance élève/professeur. Tout ce qu'il n'avait pas. Mais il s'en foutait, il remplaçait au pied levé l'un de ses amis, qui lui était réellement professeur à l'université pour le coup, le pauvre se faisait opérer d'une mauvaise chute, il en avait pour quelques semaines d'arrêt. Il lui avait bien donné son programme, il lui avait expliqué comment ça fonctionnait. Mais ceux qui connaissaient Léo savaient qu'il n'en avait rien à faire des règles, il faisait à sa manière et généralement ça passait très bien. Dans ce cour là tout s'était globalement bien passé, il avait juste reçu quelques remarques d'une gamine qui semblait en désaccord avec ce qu'il venait apprendre à la classe. Et alors qu'il rangeait ses affaires, les élèves quittaient la classe les-uns après les autres, il l'apostropha tandis qu'elle passait à côté de lui. Maxine ? C'est bien ça ? Tu as deux minutes ? Il ne comptait pas la réprimander, seulement il voulait comprendre si elle avait une dent contre lui ou bien si elle était juste une miss je-sais-tout.

@Maxine Gray

Depuis quelques jours maintenant, le professeur de photo avait changé. L’ancien était en arrêt suite à une chute. Le pauvre pensait Max, peut-être qu’il aurait dû enlever son nez de son appareil, peut-être aurait-il éviter la blessure. En attend, tous les élèves découvraient ce nouveau prof nonchalant et qui voulait faire le cool. Un vieux boomer. Il voulait donner une image de jeunesse et de modernité mais finalement il était de la veille école. Max n’avait pas hésité à aller scroller sur internet ce qu’elle pouvait trouver sur lui (du point de vue professionnelle). Ce n’était pas la petite minette à craque pour son prof. Tous le monde le trouvait canon, ce qui exaspérait Max. Ok, il n’était pas moche mais ce n’était pas un Dieu non plus. Puis il ne leur apprenait pas grand-chose à part de la technique pure. Mais qu’en était-il des sentiments, des ressentis quand on prenant une photo ? Max utilisait parfois les photos dans ses créations, rajoutant de la peinture et du fusain pour agrandir l’œuvre. En attendant Monsieur Emerson aka Léo restait assez traditionnel et plusieurs fois Max exprimait son désaccord. L’heure tournait et voilà, il était temps de changer de sortir de classe et espérer avoir quelque de plus constructif pour le reste de la journée. Ah bah non, le nouveau professeur lui demande de rester. « Tout à fait Monsieur Emerson ! » Disait-en en s’appliquant bien à articuler les deux derniers mots. Non, elle n’allait pas l’appeler Léo, ils n’avaient pas élevé les cochons ensemble. Et puis, elle ne l’avait pas autorisé à l’appeler Maxine non plus. Une fois que tout le monde était sorti de la salle, elle se retournait vers lui. « Oui ? » Elle faisait sa petite fière mais dans le fond elle stressait un peu d’avoir été un peu trop tatillonne en cours, au point de se faire engueuler par le professeur.

Comment faisaient-ils, les autres, les vrais profs, pour être intéressants tout en donnant les vraies clés de leur discipline ? Sans sacrifier la passion ? Léo se posait la question depuis qu’il avait commencé à donner ses cours et pour l’instant il n’y arrivait pas. Il essayait de se rappeler ses propres années étudiantes, lui-même assis à la place de ses élèves, que lui avait-on transmit à l’époque ? Qu’est ce qui lui avait donné envie de travailler ? En vérité rien, rien de ce que ses profs lui aient appris. Il s’ennuyait en cours, il rêvait d’explorer, il rêvait de pratiquer, de voyager, de découvrir le monde à travers son objectif de de se faire sa propre idée. Et c’est ce qu’il avait fait. Il n’avait pas appris la photo à l’école, ou du moins les bases, mais le reste il l’avait fait tout seul, avec l’expérience, il avait ajusté quelques règles qui ne lui plaisaient pas, contourné quelques principes pour se faire sa patte et il avait bossé, pris en photo le monde entier, il avait échoué un nombre incalculable de fois, avant de devenir le photographe qu’il était actuellement. Il tentait de la jouer cool avec ces gamins, seulement il n’arrivait pas à transmettre réellement sa passion et visiblement la jeune Gray l’avait bien remarqué. Elle s’approchait de lui avec cet air hautin qu’elle affichait, effrontée, à une époque il aurait adoré ça, mais face à lui ce jour-là, elle ne faisait que réveiller une pointe d’agacement. Il roula des yeux lorsqu’elle se borna à l’appeler par son nom, il avait l’impression d’être son père. Monsieur Parker m’avait dit beaucoup de bien de toi. Il parait que tu es brillante et très prometteuse. J’aimerais bien voir quelques-uns de tes travaux. Flatter l’ennemi pour se le mettre dans sa poche, est-ce que la méthode sera payante ?

Maxine était assez difficile comme personne. Très vite elle se faisait une idée de la personne et il était rare qu’elle d’avis. Léo Emerson était arrivé pour remplacer le prof avec une nonchalance désagréable. Il était en terrain conquis et ses copines adoraient aller au premier rang pour admirer ce physique parfait. Il le savait qu’il était beau, ça se voyait dans sa façon de parler. Un comportement agaçant qui n’avait pas donné envie à Maxine de lui laisser une chance. Comme tout bon élève, elle s’était renseignée sur ce que faisait cet homme et surtout son art. Les photos qu’il prenait était extraordinaires, surtout celle sur les terrains de guerre. Il arrivait à transmettre l’émotion, mais Maxine avait toujours eu du mal avec les belles photographies. Elle, elle aimait mélanger les arts, changer les perspectives. Le travail de Léo était trop net à son goût. Désinvolte dans son comportement, elle restait cette bonne élève, parfaite miss je sais tout qui écoutait quand même avec attention. La photographie ne sera pas son art de prédilection, préférant la peinture. Mais le mélange des styles et des genres étaient importants et parfois certains tableaux ressemblaient à des photographies. Il l’appela et restait jusqu’à la fin, non sans montrer son agacement. « Vraiment ? » Elle était assez surprise par ce retournement de situation. Elle pensait subir une remontrance du fait de son comportement et non des louanges. « Je fais surtout de la peinture où parfois j’incorpore des photographies. » C’était peut-être un sacrilège de gâcher des photos par des aplats de couleurs.

L’était-il, conscient que son physique attirait au premier rang les gamines qui, d’ordinaire, se calaient au fond de la classe pour papoter ensemble ? Oui, il l’était. Est-ce que ça lui plaisait ? Probablement un peu, ça flattait son égo c’était certain. Lui qui n’aimait pas l’idée de vieillir, il était évidemment agréable de se dire qu’il plaisait encore, même aux jeunes filles. Est-ce qu’il en jouait ? Non, du moins il ne pensait pas, malgré ce que pouvait penser Maxine, bien qu’il dégageait cet air sûr de lui et de ses atouts. Léo n’était pas ici pour trouver une fille qui réparerait son cœur détruit. Mais il n’avait pas non plus envie d’être jugé par cette gamine qui n’y connaissait rien à son art et qui n’appréciait simplement pas ses manières. S’il fallait qu’il badine avec son public pour qu’il s’intéresse à ses cours, alors il voulait bien jouer le jeu, de toute façon il était un piètre professeur alors autant jouer de ses ressources. Et s’il fallait qu’il séduise Gray d’une autre façon, plus subtile, plus intelligente, alors il n’hésiterait pas. La jeune fille lui parlait de peinture, heureusement pour elle, Léo s’intéressait à toute forme d’art, quand il était gamin il avait beaucoup dessiné, c’était d’ailleurs son premier amour, avant que sa mère ne lui offre son premier appareil jetable, une révélation. Il s’appuya sur le bureau, se détendant un peu. Je suis curieux de voir ce que tu fais, si tu veux bien me montrer, à l’occasion. Il lui adressa un sourire encourageant. Pourquoi tu prends des cours de photo, si c’est la peinture qui t’intéresse ? Dans un second temps il finirait peut-être par attaquer histoire de lui donner le fond de sa pensée mais pour l’instant il espérait gagner sa confiance. Et peut-être finalement qu'ils finiraient par s'entendre, sans passer par la confrontation.

Max elle n’aimait pas trop les changements. Même si son prof titulaire de photographie n’était pas le meilleur selon elle, ce changement l’avait un peu perturbé. Surtout que ce nouveau prof, il était un peu pédant et trop sûr de lui. Il ne devrait pas, parce que Max n’avait jamais entendu parler de lui auparavant. Emerson, non rien. Son père lui disait souvent que son insolence allait lui jouer des tours. Déjà toute petite, ses professeurs n’appréciaient pas le répondant de la petite brune. Elle avait toujours le dernier mot et si elle ne l’avait pas elle le trouvait. Aujourd’hui, ça ne loupait pas, le professeur lui demandait de rester. Sauf que Max avait encore beaucoup de chose à apprendre et face au professeur Emerson elle n’était qu’une enfant. La flatterie ça fonctionnait, surtout quand il s’agissait de ses peintures. Max manquait de confiance en elle sur le côté artistique, voyant des personnes beaucoup plus talentueuse qu’elle faire des trucs de dingue. Alors elle lui expliquait un peu sa technique avec les photos. « Heu.. d’accord pourquoi pas. » Elle lui amènerait peut-être un ou deux petits tableaux. Mais elle se demandait pourquoi d’un seul coup il était si attentif. Peut-être qu’il l’avait toujours été mais têtue elle n’avait pas remarqué. « Je prends aussi des cours de peinture. » Répondait-elle vivement. Et aussi d’histoire mais ça il n’avait pas besoin de le savoir. « Mais je me dis qu’il faut savoir regarder ailleurs pour trouver l’inspiration. » Max n’avait pas d’apprendre les techniques en peinture, elle en maitrisait déjà pas mal. Elle avait surtout besoin d’inspiration, de voir un peu tout ce qu’il l’entourait.

Emerson n'était pas de ces grands reporters dont le nom faisait l'histoire, il n'avait rien inventé, il avait du talent, certes, mais il n'était pas le seul. Et il n'avait surtout pas la prétention d'être meilleur que tout le monde. Seulement il était bon dans ce qu'il faisait, assez pour en faire son métier, assez pour que de grands magazines lui fassent confiance et le créditent régulièrement, ce n'était qu'un nom en tout petit, en bas de l'image, même pas le sien, puisqu'il se faisait appeler Charles pour tous ses crédits et même sur les divers médias sociaux. Charles, ça le libérait, en tant que photographe il n'était pas le fils de son père, il n'avait rien à prouver, il était lui-même. Il aimait son métier, c'était sa passion, peu de personnes pouvaient se venter de vivre de leur passion finalement, alors c'était ce qui comptait le plus. Une petite merdeuse comme Maxine n'avait rien en dire, il se moquait bien de son opinion. Et en même temps elle était jeune, cette fille, elle avait l'insolence de son âge, celle qui la rendait invincible, celle qui lui faisait croire qu'elle savait tout et qu'un homme comme lui n'avait rien à lui apprendre. Il avait eu le même âge, la même fougue, il ne lui en tiendrait pas rigueur, à la fin. Mais il pouvait au moins lui donner une leçon, après tout, c'était lui le professeur, il devait se montrer plus malin qu'elle. Oui, tu as raison, il faut prendre toutes les inspirations possible, te nourrir de l'art, de toute forme, même celle que tu n'aimes pas de prime abord. Les goûts changent, surtout quand on est jeune. Il la fixa alors avec amusement, elle ne le croirait sûrement pas mais il avait raison, on pouvait changer d'avis, se tromper, recommencer. Et pourquoi tu n'aimes pas mes cours alors ? Qu'il questionna finalement, avec un petit sourire en coin.

Max avait grandi dans un monde sans difficulté. Ses parents lui avaient donné tout l’amour qu’ils disposaient, il n’y avait pas eu de drame à surmonter à part celui de l’adolescence. Son père qui avait été élevé par l’état lui avait appris à profiter de ce que la vie lui donnait. Et c’est ce qu’elle faisait Max, brillante dans ses études et sauvage durant les soirées. Elle surfait sur une vague de jeunesse insouciante. Elle se savait intelligente mais restait humble dans ce qui était l’apprentissage. Il y avait juste dans l’art qu’elle avait de avis tranchés, puisque c’était subjectif. Elle faisait partie de cette génération d’insoumis, toujours critique et à la pointe des dernières tendances, enfin de certains tendances. Le cours du professeur Emerson n’était pas nul, mais il manquait d’innovation. Mais Léo savait s’y prendre, charmeur et charmant. Il ne draguait pas Max, mais il avait réussi à toucher un point sensible. Son travail. Oui Max aimait s’inspirer de différents mouvements, moments et périodes. La technique de la photographie lui avait inspirer des tableaux, comme le jeu d’ombre qui n’était pas facile à retranscrire à l’aide de la peinture. « Et vous ? Vous inspirez de quoi ? » Chaque artiste avait des inspirations, l’imaginaire, l’œil critique se construisait et n’était pas inné. Elle commençait à se détendre, mais très vite elle fronçait les sourcils, se rendant compte qu’elle s’était fait avoir. Max était honnête, elle n’avait pas la langue dans sa poche même si elle savait se contrôler en fonction des personnes. Et Emerson restait son professeur. « Je trouve que vous avez un regard un peu vieux. » Osait-elle, rougissant légèrement de son culot.

Il avait été précipité dans l’arène, prêt à se faire manger tout cru par les lions, sans bouclier ou glaive pour au moins se défendre. Voilà la vérité, Léo était sans défenses, depuis quelques semaines, face à ces gamins qui n’y connaissaient certes pas grand-chose en photo, mais qui avaient l’arrogance de leur âge et la critique facile, celle de cette génération qui avait accès à tout le savoir possible et qui se pensait puissant, alors qu’en vérité elle ne savait pas comment l’utiliser, ce savoir, ce pouvoir. Lui, Léo, il arrivait, avec ses connaissances, son art qu’il aimait plus que tout, qu’il maitrisait, mais aucune méthode pour le transmettre, autre que celle du cœur. Son ami lui avait dit que ça irait, c’était facile, il avait vingt ans d’expérience dans les amphis. Pourtant jusqu’ici il avait eu de la chance, le photographe, sa matière, c’était un cours sympa auquel les jeunes étaient contents d’assister, il charmait les gamines, il laissait les autres tranquille. Il ne donnait quasiment pas de devoirs, il suggérait simplement d’explorer, de pratiquer au maximum. Peut-être qu’il était trop laxiste. Jusque-là il n’avait reçu aucune critique, ça ne voulait pas dire que les élèves ne disaient rien une fois le cours terminé, mais au moins il n’en savait rien. Finalement la seule qui se montrait critique, c’était Maxine et en vérité ça l’emmerdait, parce qu’il n'aimait pas sa façon d’agir. Il espérait qu’en discutant un peu avec elle, les choses se tasseraient, ou en se montrant plus intelligent qu’elle. Seulement elle était maligne et elle avait toujours le mot pour faire grincer des dents. Et bien je… il réfléchit un instant, passant sa main dans sa barbe. J’me laisse porter, pour être honnête je n’ai pas vraiment de plan, je cherche continuellement de beaux sujets, des lieux exceptionnels, la scène inédite, un regard capté au bon moment. C’est une affaire de chance parfois, c’est surtout la recherche continuelle d’authenticité. Il finit par poser cette question qui lui brûlait les lèvres depuis le début. Et la réponse fut à la hauteur de ses espérances. Il éclata de rire, touché coulé. Elle le traitait de vieux, il n’avait même pas quarante ans, oui, ça faisait mal à son égo. Tu sais que je ne suis pas professeur ? Je ne montre que ce qu’il faut que je vous montre, j'apprends en même temps que vous. Mais si tu me présentes ton travail, je te présenterais ce que je fais vraiment, ce qui me fait vibrer. Il espérait au moins éveiller un peu de sa curiosité, finalement elle le défiait aussi, avec son culot mal placé. Il se redressa, attrapant sa pochette d’ordinateur. En attendant, arrête de ricaner durant mes présentations, tu veux bien ? Tu peux penser ce que tu veux, c’est ton droit, c’est bien même, mais j’attends un minimum de respect. Il lui sourit, cherchant à se montrer ferme mais sans vouloir plus la froisser.

Max n’appréciait pas forcément la photographie. Elle trouvait que c’était un art facile, un art de flemmard. Il suffisait d’un bon objectif et d’un bon œil pour faire quelque chose de jolie. Même les plus grands reporters, il faisait du beau avec ce qui existait déjà. Oui, il y avait de belles photos, mais sans quelque chose à photographier il n’y aura pas d’art. C’est vrai quoi, sans un modèle il n’y aurait rien. Alors que les autres arts, c’était une vraie création. Oui Emerson prenait de belles photos, mais c’est aussi parce qu’il y avait matière à faire de belles photos. Il avait du talent pour savoir ce qu’il fallait photographier mais où était le côté artistique de tout ça ? Max s’inspirait de la photo pour les lumières, pour pouvoir essayer de faire avec de la peinture, des feutre ou du fusain une image de la réalité. Elle prenait bien plus de temps qu’un simple clic sur un appareil. Ce professeur, elle ne l’aimait pas spécialement parce que d’un seul coup, toutes les femmes étaient attentives. Ok, il était beau mais pas au point de s’extasier. Puis cette nonchalance, ça ne lui plaisait pas à Max, comme s’il fallait être soit complètement déconnecté du monde ou nonchalant pour être un artiste. Il s’inspirait de beaucoup de chose, au moins il avait l’honnêteté de parler de chance. Ça confortait les aprioris qu’avait Max. La photographie était un art de flemmard. Max c’était la sincérité à l’état brute. Elle ne mâchait pas ses mots et préférait une vérité blessante qu’un mensonge. Elle trouvait qu’il avait une vision vieille, pas qu’il était vieux. Mais qu’il était resté aux années de sa jeunesse et qu’il n’avait pas forcément su évoluer avec son temps. Il riait, d’un rire peut-être un peu froid, mais au moins il riait. Ouf Max pourrait quand même rester au cours. Elle en avait besoin pour valider son année et Max c’était une bonne élève après tout. Ça faisait deux fois qu’il voulait voir son travail, peut-être devrait-elle lâcher son insta, son tik tok, ou son tumblr. Enfin, peut-être que son instagram, pas sûr qu’il connaisse Tumblr et Tik Tok. « Si vous voulez, je met pas mal de truc sur insta, ça sera plus simple que de débarquer avec mes tableaux. » Max elle n’était qu’un bébé artiste, n’ayant que très peu de visibilité dans les galeries d’art. Son réseau, elle se le faisait sur internet. Bon finalement, il avait peut-être mal prit sa remarque. « Je ne ricane pas devant vos présentations. » Répondait-elle un peu outrée. Enfin peut-être parfois que si, mais elle ricanait surtout des commentaires des autres. « J’ai dû mal à ne pas montrer d’expression quand je suis en désaccord mais je ne me moque pas. » Elle n’allait quand même pas lui dire qu’elle se moquait de ses camarades.

Il ne pouvait pas se faire aimer par tout le monde, Léo, il le savait bien, il avait beau sortir ses plus beaux atouts, ça en agaçait certains, ça faisait rire les autres, il n’avait pas attendu d’être face à ces gamins pour le savoir, c’était l’histoire de sa vie ! Généralement il était un bon pote, il se liait facilement d’amitié et les amis qu’il avait il comptait avec depuis son enfance. Lorsqu’il parcourait le monde il était facile pour lui de nouer des liens. Quant aux femmes, elles n’étaient généralement pas difficiles à convaincre. Il n’était pas très à l’aise avec les enfants, enfin c’était ce qu’il pensait, mais en vérité il ne s’en sortait pas si mal. Léo était facile à vivre, en général, sauf quand on vivait avec lui, sauf quand on était amoureuse de lui. Mais il y avait toujours les exceptions à la règle, ceux qui n’appréciaient pas son humour, sa façon d’être, de se comporter, ceux qui lui en voulaient pour telle ou telle chose, ou simplement ceux avec qui ça ne matchait pas, point. Et onc il y avait Maxine, celle qui lui faisait grandement douter de ses talents de professeur et de sa pédagogie toute relative. Mais pas de son œil de photographe, ça, il lui en faudrait bien plus que les critiques d’une jeune insolente pour se démonter sur ce sujet. Elle semblait hésiter pour lui montrer son travail, il se demandait bien pourquoi, elle qui avait l’air si sûre d’elle ! Va pour insta alors, je peux jeter un œil oui, si tu es d’accord, je ne veux pas pénétrer dans ton espace privé. Lui il se servait beaucoup d’Instagram comme vitrine pour son travail, mais on pouvait aussi voir des photos de lui sur la plage ou de son fils alors il n’irait pas le donner à n’importe qui, quoi que n’importe qui puisse le trouver s’il savait chercher. Je ne dis pas forcément que tu te moques de moi, je ne dis même pas que tu te moques, en fait. Tu peux bien rire d’une vidéo Tik Tok, ce serait la même chose, j’attends un minimum d’attention. Oui, il connaissait Tik Tok. Il hocha la tête. A demain Maxine. Elle devait être attendue dans une autre salle et lui avait hâte de quitter l’université.